Le Monde de L'Écriture

Sous le soleil des topics => Discussions => Le petit salon => Discussion démarrée par: Marygold le 29 janvier 2007 à 17:42:42

Titre: Citations
Posté par: Marygold le 29 janvier 2007 à 17:42:42
Revoilà, notre sujet chéri... que j'inaugure avec :


Oscar Wilde :

Chaque fois que l’on produit un effet, on se donne un ennemi
Il faut être médiocre pour être populaire.
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 12 février 2007 à 22:31:12
Bon, ça n'attire pas les foules... pourtant vous l'adoriez dans notre regretté forum !

Reconnaître la liberté d’un autre c’est lui donner une raison contre sa propre souffrance. La liberté que tu me reconnais,  c’est la tienne. La liberté de faire ce qu’il TE plaît.

Malraux, la condition humaine
Titre: Re : Citations
Posté par: Syane le 13 février 2007 à 09:47:25
Tout le monde veut sauver la planète mais y a jamais personne pour sortir les poubelles...

Jean Yanne


j'avais rien de plus intelligent à dire là tout de suite maintenant...
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 15 février 2007 à 13:29:15
Entre les

charbons ardents du marchand de marrons


G.

Apollinaire

Il s'agit d'un vers que j'ai

trouvé exceptionnel.

Il n'y a de

résurrections que là où il y a des tombeaux.


F.

Nietzsche
Titre: Re : Citations
Posté par: Istaria le 17 février 2007 à 22:04:57
"tous ceux qui errent ne sont pas perdus" (J.R.R Tolkien)
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 22 février 2007 à 13:40:56
"Je demeurais longtemps errant dans Césarée" (Racine,

repris dans "Aurélien" d'Aragon)
Titre: Re : Citations
Posté par: Plume d'argent le 24 février 2007 à 21:02:48
"J'ai tiré une flèche au dessus

de la maison
Et j'ai blessé mon frère."
William

Shakespeare, Hamlet
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 24 février 2007 à 21:05:27
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,

/>Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer,

routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et

brutal.


J.-M. de HEREDIA, Les Trophées


/>
  :o  :)
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 24 février 2007 à 23:37:16
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi

plus tranquille…

Baudelaire
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 25 février 2007 à 00:11:22
Quelques vers de Racine qui sont parmi ses

plu sublimes... même s'ils sont tous sublimes...


/>Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus?

/>Dois-je oublier Hector privé de funérailles,
Et traîné sans

honneur autour de nos murailles?
Dois-je oublier son père à mes

pieds renversé,
Ensanglantant l'autel qu'il tenait

embrassé?
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut

pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les

yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,

/>Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout

couvert échauffant le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs,

songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer

expirants.
Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue :

/>Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue;
Voilà par quels

exploits il sut se couronner;
Enfin voilà l'époux que tu me

veux donner.


*Loredan incrédule, stupéfait, sourire aux

lèvres, rêveur*
Titre: Re : Citations
Posté par: Istaria le 25 février 2007 à 12:28:34
désolée je change de registre... "un soir, j'ai assis la

Beauté sur mes genoux. Et je l'ai trouvée amère. Et je l'ai

injuriée" Rimb'.
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 25 février 2007 à 18:51:47
Ah, Loredan, j'adore Andromaque

!!  :)


Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur

d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous

attendre,
Et mon cœur n'était que vos pas.
(extrait de

Les pas, Valéry)
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 09 mars 2007 à 16:39:43


Citer
Ça y est. Ça recommence. Y'a ma libido qui me chatouille. J’arrive plus à bosser. Coucher, baiser, sauter, y a plus que ça qui compte, je n’arrête pas.
Samedi, j’étais tellement obsédé que j’ai sauté deux repas, j’ai baisé le fisc, et j’ai même couché avec allégresse quelques alexandrins sublimes sur le déclin de la rose.
 
Citer
Je suis un peu obsédé. Remarquez, j'ai de qui tenir. Mon père est bisexuel. Ma mère est trisexuelle. J'ai un oncle octosexuel. Et mon chat a neuf queues. C'est énorme. Même ma sœur qui est militante lecanuettiste ne pense qu'au sexe. Cela ne prouve-t-il pas, à l'évidence, que l'on peut être à la fois marginale ET clitoridienne.

P. Desproges
 
Titre: Re : Citations
Posté par: DarkMarius le 09 mars 2007 à 17:42:10
No comment  :-\
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 09 mars 2007 à 17:44:36
lol, choqué ? ou c'est de l'ironie ? :p
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 09 mars 2007 à 18:23:49
:) c'est peut-être un peu provocateur, Wind... Mais j'aime beaucoup la première !

Tu voles le maintenant de ma vie quand tu crains que je disparaisse demain. Ta peur a des griffes glacées qui m’enserrent et me dépouillent du plaisir que je tire de la chaleur du jour. Robin Hobb
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: DarkMarius le 09 mars 2007 à 18:50:06
lol, choqué ? ou c'est de l'ironie ? :p

Moi non mais il existe des plus jeunes  :-°
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 10 mars 2007 à 09:35:56
c'est pas moi qui l'ai dit :p moi je trouve ces citations "gentillettes". Mais sinon tu peux les spoiler.
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: DarkMarius le 10 mars 2007 à 09:37:26
c'est pas moi qui l'ai dit :p moi je trouve ces citations "gentillettes". Mais sinon tu peux les spoiler.

JUstement hier avec loup on parlait d'un avertissement devant le message si c'est un peu osé. Comme ça tu pourras te déchainer Wind  ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 10 mars 2007 à 11:22:37
Je ne crains pas les ordinateurs, je crains leur pénurie.

(I. Asimov)
Titre: Re : Citations
Posté par: Syane le 21 mars 2007 à 01:05:03
j'adore les citations... et les gens qui me connaissent le savent, ils m'en envoient régulièrement... du coup j'ai un certain stock^^ en vla quelques unes que j'aime particulièrement :

Que deviendraient les hommes sans les femmes?
Rares... de plus en plus rares...
Mark Twain

La souris est un animal qui, tué en quantité suffisantes et dans des conditions soigneusement contrôlées, produit une thèse de doctorat.
Anonyme

Un critique c'est quelqu'un qui connait le chemin mais qui ne sait pas conduire
Kenneth Tynan

J'ai été élevé dans la religion catholique et j'ai communié avec le corps et le sang du Christ, jusqu'au jour où je suis devenu végétarien
Joe Queenan


bon ben j'en ai d'autres mais je vais pas monopoliser toute la place...
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 25 mars 2007 à 13:10:29
L'art de l'écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu'il emploie des mots. (Bergson)
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 29 mars 2007 à 13:09:53
Il arrive que l’écrivain ait envie tout simplement d’« écrire » ; et il arrive aussi qu’il ait envie tout bonnement de communiquer quelque chose : une remarque, une sensation, une expérience à laquelle il entend plier les mots.
Julien Gracq - En lisant en écrivant
Titre: Re : Citations
Posté par: Windreaver le 23 avril 2007 à 20:01:08
« Mon présent n'est pas le passé défini de ce qui fut puisqu'il n'est plus, ni même le parfait de ce qui a été dans ce que je suis, mais le futur antérieur de ce que j'aurai été pour ce que je suis en train de devenir. »

Jacques Lacan
Titre: Re : Citations
Posté par: Leia Tortoise le 10 mai 2007 à 23:18:59
La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité.

Malheureusement j'ai complètement oublié de qui c'est, peut-être Balzac, mais alors pas sûre du tout... :-[
Titre: Re : Citations
Posté par: martlet le 10 mai 2007 à 23:23:59
oui joli citation, c'est d'Alfred de Musset.
Titre: Re : Citations
Posté par: minouche le 11 mai 2007 à 21:56:04
j'aime à lire toutes ces citations =D
moi malheureusement j'ai de moins en moins de temps pour en trouver de nouvelle!

mais bien tôt peut-être..... ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Leia Tortoise le 13 mai 2007 à 21:38:48
Citer
oui joli citation, c'est d'Alfred de Musset.
Ah oui, voilà, je savais bien que c'était pas Balzac...

En voici une qui m'a énormément marquée quand j'étais au lycée:

Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux.

Henri Michaux, La nuit remue, "La Paresse"
Titre: Re : Citations
Posté par: martlet le 14 mai 2007 à 00:07:26
Je viens de retrouver un fichier où je notais les citations que j'aimais. Il y en a en français et anglais, des drôles et des moins drôles, je mets tout en vrac :

"Travailler dur n'a jamais tué personne, mais pourquoi prendre le risque?" --Edgar Bergen

"L'esprit, c'est comme un parachute, ça marche mieux ouvert" --Julien Charlebois

"Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt."
 -- Victor Hugo

"Aussi longtemps que les miséreux ne sont pas retirés de la misère, les problèmes de la cité ne se posent pas ; retirer de la misère les miséreux, sans aucune exception, constitue le devoir social avant l'accomplissement duquel on ne peut pas même examiner quel est le premier devoir social […] Nous devons le résoudre et nous n'avons pas à discuter si nous devons le résoudre […] Une cité assurée de tous les côtés moins un n'est pas une cité ; un véritable malheur individuel, une véritable misère individuelle empoisonne toute une cité ; une cité n'est pas fondée tant qu'elle admet une misère individuelle, quand même l'individu intéressé y consentirait."
(Péguy, De Jean Coste, 1902)


"I never let schooling interfere with my education." --Mark Twain

"If you are having trouble getting started, look out the window. The whole world is a story, and every moment is a miracle."
-Bruce Taylor, UWEC Professor of Creative Writing

"Twenty years from now you will be more disappointed by the things that you didn't do
than by the ones you did do. So throw off the bowlines. Sail away from the safe harbor.....Explore.
Dream. Discover." -- Mark Twain

Ah oui, je suis un fan d'Einstein :

"If you want your children to be intelligent, read them fairy tales. If you want them to be more intelligent, read them more fairy tales." -- Albert Einstein.

"When I examine myself and my methods of thought, I come to the conclusion that the gift of fantasy has meant more to me than my talent for absorbing positive knowledge." -- Albert Einstein

"Everything that is really great and inspiring is created by the individual who can labor in freedom."
--Albert Enstein

"Any allegiance to a deity or concept or universal principle which put obedience above decent behavior toward an innocent human being is evil." -- Dan Simmons, dans Hyperion
Titre: Re : Citations
Posté par: Ambrena le 14 mai 2007 à 22:47:46
Ah, moi aussi, je collectionne les citations! J'ai un petit carnet où j'en ai déjà noté pas mal...En voilà quelques-unes!

"Je hais les choses qui ne sont que fiction...Il devrait toujours y avoir un fond de vérité." Lord Byron"

"Ceux qui rêvent éveillés, ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis." Edgar Allan Poe

"Prenez garde à la tristesse, c'est un vice." Gustave Flaubert

"Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n'en lisent qu'une page." Saint-Augustin

"Ce que nous ressentons n'est écrit nulle part." Nathalie Sarraute

"Par rapport aux dieux, nous, les hommes, ne sommes que des mouches pour des garçons capricieux." William Shakespeare

"Ce qui est crée par l'esprit est plus fort que la matière." Charles Baudelaire

"Je ne puis affirmer que la réalité dépasse la fiction, pour la simple raison que je n'ai jamais connu l'une ou l'autre." Charles Fort

"Ecrire, c'est une respiration." J. Green

"Chanter, c'est honorer l'oxygène." Björk

"Nous sommes faits pour nous déployer." Guy Corneau

"La littérature ne permet pas de marcher, mais elle permet de respirer." Roland Barthes





Titre: Re : Citations
Posté par: Alhena le 02 août 2007 à 21:41:24
À mon tour, j'en ai pas mal aussi:

"Le solitaire a toujours raison" Ionesco

"Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants" St Exupéry

" Nous avons des idées bien arrêtées dès que nous cessons de réfléchir" Ernest Renan

" Les mamans ça pardonne toujours, c'est venu au monde pour ça" Alexandre Dumas

" Il y a des gens qui ne savent pas perdre leur temps tout seul, ils sont le fléau des gens occupés" Louis de Bonald (celle-là, je la trouve tellement juste  :P)

"L'amour n'a d'unique raison que les raisons de son amour" Pascal

"Un classique est un livre que tout le monde veut avoir lu mais que personne ne veut lire" Twain

"Parce que, si rien n'est jamais ce qu'il paraît dans la parade des ombres, il appartient à chacun d'entre nous de le changer" Mireille Calmel
Titre: Re : Citations
Posté par: Leia Tortoise le 05 août 2007 à 22:15:09
Une phrase absolument magnifique de mon dumbledore adoré:

"Of course it is happening inside your head, but why on earth should that mean that it is not real?"
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 05 août 2007 à 22:22:09
Je la trouve aussi très belle
J'ajouterai aussi : Where your treasure is, there will your heart be also, mais c'est pas vraiment de lui ! ;)

Sinon, un extrait d'un poème : They that love beyond the world cannot be separated by it (William Penn)
Titre: Re : Citations
Posté par: Rain le 13 décembre 2007 à 22:16:46
2 citations qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre :

"Ne pas agir, c'est déjà prendre position." Le Fou.


« Voilà ! Vois en moi l’image d’un humble vétéran de vaudeville distribué vicieusement dans les rôles de victime et de vilain par les vicissitudes de la vie. Ce visage, plus qu’un vil vernis de vanité, est un vestige de la vox populi aujourd’hui vacante, évanouie. Cependant cette vaillante visite d’une vexation passée se retrouve vivifiée et a fait voeu de vaincre cette vénale et virulente vermine vantant le vice et versant dans la vicieusement violente et vorace violation de la volition.

Un seul verdict, la vengeance, une vendetta telle une offrande votive mais pas en vain car sa valeur et sa véracité viendront un jour faire valoir le vigilant et le vertueux.

En vérité ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux, alors laisse moi simplement ajouter que c’est un véritable honneur que de te rencontrer. Appelle moi V. » V


J'adore ce genre de chose ^^ Et vivent les allitérations et vive V
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 10 février 2008 à 20:43:06
Je remonte ce fil, parce que je viens de repenser à Hugo, Hugo et sa Légende des siècles, Hugo et sa Fin de Satan... Hugo dans toute sa splendeur ^^


Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme.

Il n'avait pas encor pu saisir une cime,
Ni lever une fois son front démesuré.
Il s'enfonçait dans l'ombre et la brume, effaré,
Seul, et derrière lui, dans les nuits éternelles,
Tombaient plus lentement les plumes de ses ailes.
Il tombait foudroyé, morne, silencieux,
Triste, la bouche ouverte et les pieds vers les cieux,
L'horreur du gouffre empreinte à sa face livide.
Il cria : Mort ! - les poings tendus vers l'ombre vide.
Ce mot plus tard fut homme et s'appela Caïn.

[...]

Un souffle qui passait le fit tomber plus bas...


**

 :) :)
Titre: Re : Citations
Posté par: Leia Tortoise le 27 avril 2008 à 11:34:49
J'ai trouvé une très bonne phrase dans le bouche de Lourd, avant-dernier tome de l'Assassin Royal/Tawny Man:

"L'aventure, c'est des pièces d'or, de la magie, des jolies filles qu'on embrasse, ce n'est pas dégobiller tout le temps!"

 :P J'adore
Titre: Re : Citations
Posté par: Milora le 18 mai 2008 à 18:36:20
Tiens, j'ai trouvé cette citation en regardant les sujets de culture générale (même les plus grands malheurs ont des aspects positifs xD), j'aime bien :

"Le meilleur style est celui qui se fait oublier" (Stendhal)
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 29 mai 2008 à 23:15:51
Tu m'as fait pensé à une citation, Milora : je croyais que c'était aussi du Stendhal, mais non... (et en plus ça n'a rien à voir, sinon que c'est en rapport avec la création artistique)

"L’idéal n’est fécond que lorsqu’on y fait tout rentrer. C’est un travail d’amour et non d’exclusion. " (G. Flaubert)
Titre: Re : Citations
Posté par: Rain le 14 juin 2008 à 22:38:47
Le poème de Kingdom Hearts que je trouve joli.



"Je pense à toi où que tu sois.
Que nos soucis s'envolent et que nos cœurs fusionnent.
Le moment est venu de réaliser ce vœu.
Et qui sait? L'aventure ne sera peut-être pas si périlleuse.
Sans doute a-t-elle déjà commencé.
Nous ne vivons pas dans le même monde, mais nous sommes sous le même ciel.
Un seul ciel, une seule destinée."
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 24 juin 2008 à 16:03:43

Deux citations de la première moitié de Royal Assassin :

'Do not be the Fool, Fitz. That is my role.'
'We are here, Fitz, you and I, to change the future and the world.'
4

 :coeur:
Titre: Re : Citations
Posté par: Rain le 11 septembre 2008 à 23:09:50
"L'amitié sans confiance, c'est une fleur sans parfum."  (je sais plus de qui c'est)

"La clémence ne se commande pas. Elle tombe du ciel comme une pluie douce sur le lieu qu'elle domine." William Shakespeare

"There is nothing either good or bad, but thinking makes it so." William Shakespeare
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 11 septembre 2008 à 23:11:49

La Fontaine ;) (Wiki est mon ami)
Titre: Re : Citations
Posté par: Plume d'argent le 28 janvier 2009 à 15:54:08
Remontage en règle!

Je cite de mémoire, un passage de la Horde:

"Vis chaque instant comme si c’était le dernier.
Vis chaque instant comme si c’était le premier."

Et une citation de "La Huitième Couleur" de Pratchett:

" Pittoresque. Un mot nouveau pour le mage Rincevent(diplôme de magie, Université de l'Invisible[recalé]). Un parmi tous ceux qu'il avait appris depuis son départ des décombres calcinés d'Ankh-Morpork. «Désuet» en était un autre. «Pittoresque» voulait dire - avait-il conclu après une observation minutieuse du paysage qui poussait Deuxfleurs à employer cet adjectif - que le coin était horriblement vertigineux. «Désuet», employé pour qualifier un village qu'il leur arriver de traverser, voulait dire ravagé par les fièvres et en ruines.
Deuxfleurs était un touriste. Le premier jamais vu sur le Disque-monde. «Touriste», avait conclu Rincevent, voulait dire idiot. "

Titre: Re : Citations
Posté par: Nolan Llyss le 14 mars 2009 à 19:00:34
Rien à voir mais voilà ma citation préférée de toute l'histoire du cinéma je pense :

"And now if any of you sons of bitches has anything else to say, now's the fucking time!!!!!!"

(Lucy Liu, alias Oren Ishii dans Kill Bill vol. 1)


J'adore  :-[
Titre: Re : Citations
Posté par: Andylan le 18 mars 2009 à 17:20:41
Ah oui cette scène est géniale !

Sinon :

- Les trois plus grands niais de la Terre ont été Jésus-Christ, Don Quichotte et moi. (Bolivar)

- C'est vrai que ça ne veut pas dire grand chose "Il met de la magie mine de rien dans tout ce qu'il fait", mais du coup ça veut tout dire.
C'est la force de la poésie, cette grande dilution des idées.
Une entourloupe bien comme il en faut en somme.
Comme un manteau géant dans lequel on mettrait tout l'humanité.
Mieux que St Martin, non ? (Hervé Cristiani)

- Une larme, tombée sur la plume, glissa, hésita, y resta suspendue comme une goutte de rosée. (Vercors)

- L'embêtant avec la résurrection c'est qu'il faut mourir avant.
-On nous dit souvent qu'au bout d'un certain temps, la passion devient "autre chose", de plus solide et plus beau. Que cette "autre chose", c'est l'Amour avec une grand "A", un sentiment certes moins excitant, mais aussi moins immature. J'aimerais être bien clair : cette "autre chose" m'emmerde, et si c'est cela l'Amour, alors je laisse l'Amour aux paresseux, aux découragés, aux gens "mûrs" qui se sont engoncés dans leur confort sentimental. Moi, mon amour il a un petit "a" mais de grandes envolées ; il ne dure pas très longtemps mais au moins, quand il est là on le sent passer. Leur "autre chose" en quoi ils voudraient transformer l'amour ressemble à une théorie inventée pour pouvoir se contenter de peu, et se rassurer en clamant qu'il n'y a rien de mieux. Ils me font penser aux jaloux qui rayent les portes des voitures de luxe parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'en offrir une. (les deux sont de Beigbeder)
Titre: Re : Citations
Posté par: Leia Tortoise le 19 mars 2009 à 16:23:11
Je crois que quelqu'un en avait déjà parlé, les "Conseils à un jeune écrivain" du dernier livre de Jean d'Ormesson, "Qu'ai-je donc fait?".
Je n'ai pu que le feuilleter mais je suis tombée en arrêt devant ces petites lignes, ça m'a rappelé les Droits du Lecteur de "comme un roman"de Pennac.

Extraits:

*
Ne gâche pas ton temps. En apparence, si lent, si long, inépuisable, sans fond, le temps passe très vite. Un jour, tu te retournes et tu découvres qu'il n'y en a plus.
*
Ne t'occupe pas trop de la vie littéraire. Lis des livres, et écris-en.
*
Chacun est ce qu'il mange, ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il respire. Un écrivain est ce qu'il lit.
*
Ne lis pas n'importe quoi. Lis plutôt les grands livres dont tout le monde parle sans jamais les lire.
*
Lis surtout ce qui te plaît. Un bon livre est un livre qui te plaît. Et si tu as mauvais goût en lisant ou en écrivant, c'est que tu n'es pas fait pour la littérature.
*
Qu'est-ce que la littérature? est la question que se posent ceux qui ne l'aiment pas beaucoup.
Titre: Re : Citations
Posté par: Cocoa le 14 avril 2009 à 19:01:05
Citer
L'embêtant avec la résurrection c'est qu'il faut mourir avant.
J'adore celle-là, elle est... "vous êtes cons" ^^

Autrement, moi, je vais donner celles qui sont dans ma signature (c'est normal, c'est celles que je préfère  :) ) :

"Les hommes sont extrêmement portés à espérer et à craindre, et une religion qui n'aurait ni enfer ni paradis ne saurait guère leur plaire.", Montesquieu

"La vraie sagesse est de ne pas sembler sage.", Eschyle

"Savoir se contenter de ce que l'on a : c'est être riche.", Lao-Tseu


Bon, ok... Elles sont très anti-société-d-aujourd-hui...  :-X
Titre: Re : Citations
Posté par: Andylan le 29 août 2009 à 21:45:46
Il lui disait : - Vos chants sont tristes. Qu'avez-vous ? Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ? Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle, Comme un jonc que le vent a ployé d'un coup d'aile, Pencher votre beau front assombri par instants ? Il faut vous réjouir, car voici le printemps, Avril, saison dorée, où, parmi les zéphires, Les parfums, les chansons, les baisers, les sourires, Et les charmants propos qu'on dit à demi-voix, L'amour revient aux coeurs comme la feuille aux bois ! - Elle lui répondit de sa voix grave et douce : - Ami, vous êtes fort. Sûr du Dieu qui vous pousse, L'oeil fixé sur un but, vous marchez droit et fier, Sans la peur de demain, sans le souci d'hier, Et rien ne peut troubler, pour votre âme ravie, La belle vision qui vous cache la vie. Mais moi je pleure ! - Morne, attachée à vos pas, Atteinte à tous ces coups que vous ne sentez pas, Coeur fait, moins l'espérance, à l'image du vôtre, Je souffre dans ce monde et vous chantez dans l'autre. Tout m'attriste, avenir que je vois à faux jour, Aigreur de la raison qui querelle l'amour, Et l'âcre jalousie alors qu'une autre femme Veut tirer de vos yeux un regard de votre âme, Et le sort qui nous frappe et qui n'est jamais las. Plus le soleil reluit, plus je suis sombre, hélas ! Vous allez, moi je suis, vous marchez, moi je tremble, Et tandis que, formant mille projets ensemble, Vous semblez ignorer, passant robuste et doux, Tous les angles que fait le monde autour de nous, Je me traîne après vous, pauvre femme blessée. D'un corps resté debout l'ombre est parfois brisée.

(Victor Hugo)

Je trouve ce texte absolument divin.
Titre: Re : Citations
Posté par: Zephyr le 29 août 2009 à 23:13:00
La plupart des citation, je les ai trouvé dans l'agenda d'une amie. Je les ai toutes notés pour ne pas les oublier ! Ils n'y a que celles de Racine et Anouilh que je connais par cœur !

- Souffrez que de vos coeurs rapprochant les liens,
Je me cache à vos yeux, et me dérobe aux siens.
Ma fuite arrêtera vos discordes fatales ;
Seigneur, j'irai remplir le nombre des Vestales.

Junie dans Britanicus (Racine)

- J'aimais, Seigneur, j'aimais : je voulais être aimée.

Bérénice dans la pièce éponyme (Racine)

Antigone - Papa n'est devenu beau qu'après, quand il a été bien sûr, enfin, qu'il avait tué son père que c'était bien avec sa mère qu'il avait couché, et que rien, plus rien ne pouvait le sauver. Alors, il s'est calmé, tout d'un coup, il a eu comme un sourire, et il est devenu beau. C'était fini. Il n'a plus eu qu'à fermer les yeux pour ne plus vous voir ! Ah ! vos têtes, vos pauvres têtes de candidats au bonheur ! C'est vous qui êtes laids, même les plus beaux. Vous avez tous quelque chose de lais dans le coin de l 'œil ou de la bouche. Tu l'a bien dit Créon, la cuisine. Vous avez des têtes de cuisiniers !

Créon - Je t'ordonne de te taire maintenant, tu entends ?

Antigone - Tu m'ordonnes, cuisinier ? Tu crois que tu peux m'ordonner quelque chose ?

Antigone (Anouilh)

- Il est des silences, parfois, qui blessent plus sûrement qu'une injure.

Philippe Basson

- Le propre du génie est de fournir des idées aux crétins une vaingtaine d'année plus tard.

Louis Aragon

- La culture, c'est comme la confiture : moins on en a, plus on l'étale.

Françoise Sagnan

- Il n'y a que deux choses infinies : l'univers et la bétise humaine. Mais je ne suis pas sûr de la première.

Albert Einstein

- Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur.

Albert Camus
Titre: Re : Citations
Posté par: Kei le 31 août 2009 à 00:12:53
"Il nous reste quelques heures à tuer. Micum, que dirais-tu de donner à mon jeune apprenti quelques leçons d'escrime? Il tirera bénéfice de tes leçons aussi bien que des miennes."
Micum fit un clin d'oeil à Alec. "Ce qu'il veut dire par là c'est que mes méthodes ne sont pas aussi délicates que les siennes, mais que je ne me débrouille pas trop mal."
"Allons, mon vieil ami," riposta Seregil, "je serais bien en peine si je devais te faire face une arme à la main."
" C'est vrai - mais ce serait du moment où je ne te ferais pas face dont je m'inquièterais! Allez, Alec, je vais te montrer les méthodes à utiliser au grand jour."

¤
¤   ¤

"Tu vois? Il était en colère contre toi," dit Alec, de toute évidence content de ne pas avoir été l'objet de son déplaisir.
"En colère? Seregil jeta un dernier regard inquiet sur la parque avant de refermer les lacets de sa chemise. "Il n'était pas en colère. lorsque Valerius se met en colère, les meubles  prennent feu, ou les murs s'écroulent. Ca se voit quand il est énervé."
"Eh bien, il n'était pas non plus tout à fait content de toi non plus."
"Il l'est rarement."

Luck in the Shadows
, Livre premier de Nightrunner, par Lynn Flewelling
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 12 septembre 2009 à 14:49:53


« - Tout ça me paraît très mal organisé. Je veux déposer une réclamation. Je paye mes impôts, après tout.
- JE SUIS LA MORT, PAS LES IMPÔTS. MOI, JE N'ARRIVE QU'UNE SEULE FOIS. »


Pratchett :huhu:

[edit : je sais pas dans quel tome, c'est la citation du week-end sur Elbakin]
Titre: Re : Citations
Posté par: Leia Tortoise le 12 septembre 2009 à 19:06:03
(hey, je me souvenais pas de celle-là? c'est dans quel tome? ça me rappelle le "il n'y a pas de justice, il n'y a que moi" mais je ne sais plus dans lequel il dit ça...)
Titre: Re : Citations
Posté par: nasnas29 le 02 octobre 2010 à 17:39:41
Chateaubriand dans les mémoires d'outre-tombe:
" on ne vient aux affaires que par ce que l'on a de médiocre, on n'y reste que par ce que l'on a de superieur. "
j'ai relevé cette phrase il ya des années et je l'ai toujours gardé dans ma mémoire vive....
Titre: Re : Citations
Posté par: Ambrena le 03 octobre 2010 à 15:55:02
La citation de Lo', elle est dans Le Guet, je viens de le finir... :)
Titre: Re : Citations
Posté par: nasnas29 le 29 octobre 2010 à 13:25:32
" Ne me secouez pas, je suis plein de larmes! " henri Callet.
Titre: Re : Citations
Posté par: Milora le 29 octobre 2010 à 13:57:39
Vu sur un marque page  ^^ :

"Un mot si joli qu'on le voudrait avec des joues pour l'embrasser" (Jules Renard)

J'ai trouvé la phrase mimi.
Titre: Re : Citations
Posté par: Minyu le 29 octobre 2010 à 14:39:42
Ah, les citations... J'en ai toute une réserve dans ma clef USB  :) Parmi mes préférées :

"Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant." [Victor Hugo]
"Lire, c'est boire et manger. L'esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas." [Encore le grand homme]
"Sans doute, ce que vous dites là est vrai ; et parfaitement faux, comme tout au monde." [Alfred de Musset, in Lorenzaccio]

Et puis celles de ma signature...
Titre: Re : Citations
Posté par: Scorpnix le 29 octobre 2010 à 16:15:33
Lue aujourd'hui :

"Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple."
(Jacques Prévert)
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Nocturnal.Rose le 28 décembre 2010 à 13:23:32

"Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple."
(Jacques Prévert)

Astucieux!
Une que l'on m'a fait découvrir l'an dernier, qui m'a beaucoup marqué:

"Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n’avais pas vécu."
On peut l'entendre dans le Cercle des Poètes Disparus.

Titre: Re : Citations
Posté par: Alisher le 15 janvier 2011 à 03:17:30
"Anywhere you want, any time you want, one condition: it has to be amazing"
Probablement la plus belle de DW  :coeur:

"Hey, a life. A life, Jimmy, you know what that is? It's the shit that happens while you're waiting for moments that never come."
ça c'est du The Wire et ça passe toujours bien en conversation^^

une de Gaiman forcément...
"It's all imaginary anyway. That's why it's important. People only fight over imaginary things."

"Il faut qu'il y ait des trolls sous les ponts. Autrement, à quoi sert ce monde?"
'Pratchett

Et une d'Asp parce que voilà quoi, Asp  :D
"L'excellente qualité de votre travail ne doit pourtant pas nous faire oublier que vous êtes affligé d'une tête qui ne nous revient pas et d'une voix irritante, voici pourquoi je suis au regret de mettre un terme à notre collaboration."
Titre: Citations
Posté par: ManonS le 02 mai 2013 à 21:59:45
Bonjour ! Je suis pas sure si l'endroit est le bon pour posté ce sujet...

Je voulais vous demander vos citations/proverbes préférés, qu'ils soient français ou étrangers, tant que l'auteur est précisé :D
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 02 mai 2013 à 22:15:30
Yop,

J'ai decouvert celle là y'a pas longtemps qui m'a bien plu:

Citer
« J’aime tous les hommes dans leur humanité et pour ce qu’ils devraient être, mais je les méprise pour ce qu’ils sont. »
De Emile Henry, anarchiste condamné à mort pour ses attentats au XIXem

ou sinon en rapport avec l'écriture:

Citer
« Si j’écrivais un livre que tout le monde aimerait ou comprendrait, je ne dirais rien de nouveau »
D'Arthur C. Clarke Citation de l’auteur de 2001 l’odyssée de l’espace

Ou en proverde j'aime bien le "Tout est relatif", qui est la plus grosse des généralités et peut clouer une discussion, ou justement la lancer sous un angle interressant!

Oh pis dans les proverbes c'est le gratin, on pourrait en citer des tas  :mrgreen:
Préférées par contre hum...  :\?
Titre: Re : Citations
Posté par: Baptiste le 02 mai 2013 à 22:36:46
Youhou
Perso je suis à fond de citation
notamment
Citer
Les citations, c'est de la pensée en conserve :
c'est pas cher, c'est pas toujours très bon, mais tout le monde en mange." (Nicolas Meyer)

Mais allez dans la foulée, les quelques que j'ai en tête
- "La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe."
(Jacques Prévert / 1900-1977)
- O sainte Marie, vous qui conçûtes sans pécher, permets que nous péchassions sans concevoir (Colette)
- La foi soulève des montagnes, oui : des montagnes d'absurdité. (André Gide)
et une de la part d'un copain
- Que ceux qui n'ont rien à perdre se rassure, on peut leur faire crédit

voilà
Titre: Re : Citations
Posté par: Marygold le 02 mai 2013 à 23:12:58
J'ai fusionné ce nouveau fil avec un vieux sujet qu'on avait déjà ;)
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 03 mai 2013 à 04:22:55

Citer
Les citations, c'est de la pensée en conserve :
c'est pas cher, c'est pas toujours très bon, mais tout le monde en mange." (Nicolas Meyer)
Oh une citation sur les citations, un régal! J'aime bien les autres aussi!

D'ailleurs j'aimais beaucoup une que j'ai j'ai vu de toi  :
Citer
Au comptoir comme en poésie, un seul vers ne rime à rien
  ^^

Sinon j'en ai des originales:
Citer
"Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne ri!sen au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin" Henry Ford ...
Le pere du fordisme...

Ou une autre, mais c'est plutot une histoire:
Il paraitrait qu'à la sortie d'un entretien avec un astrophysicien, le pape feu Jean-Paul 2 aurait dit:
Citer
"Alors monsieur le physicien on est d'accord, tout ce qui c'est passé avant le bigbang c'est pour nous, et tout ce qui c'est passé apres c'est pour vous."
(Je serai curieux de savoir la discussion qu'ils ont eu  ^^ )

Ahh ce topic
Titre: Re : Citations
Posté par: Baptiste le 03 mai 2013 à 10:06:31
Allez quelques unes pour la routes
"L'immensité des flots et la connerie militaires sont les deux seules choses qui peuvent nous donner une idée de l'infini" (auteur inconnu, cité par Fred Vargas
"Nous sommes ici-bas pour rire.
Nous ne le pourrons plus au purgatoire ou en enfer. Et, au paradis, ce ne serait pas convenable."
(Jules Renard)
"Mon Dieu, que votre volonté soit fête!"
(Frédéric Dard / 1921-2000)

Pour les proverbes euh
Qu'importe le flocon, pourvu qu'on ait l'Everest
Titre: Re : Citations
Posté par: Meilhac le 04 mai 2013 à 14:01:17
"On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu'on n'oserait confier à personne" (Cioran).
Titre: Re : Citations
Posté par: ManonS le 04 mai 2013 à 21:14:09
Étant une fan inconditionnelle de Guillaume Musso, je me dois d'en citer quelques unes ;)

- Et dans un dernier souffle, je comprends tout: que le temps n'existe pas, que la vie est notre seul bien, qu'il ne faut pas la mépriser, que nous sommes tous liés, et que l'essentiel nous échappera toujours.

- Et si nous étions tous à la poursuite de quelque chose que nous possédons déjà?

- Jusqu'où faut-il s'enfuir pour guérir une absence? Jusqu'où faut-il s'enfuir pour échapper à sa douleur, à son ombre, à sa vie?

- Chacun court dans son coin sans s'occuper du voisin. Les gens sont écrasés les uns contre les autres et pourtant si seuls.

- Ils vivaient désormais chaque minute dans un sentiment d'urgence, déterminées à profiter pleinement de cette saloperie de vie qui vous fait prendre conscience de sa valeur juste au moment où il faut la quitter.

- Je ne sais pas où est le bien, je ne sais pas où est le mal. Je ne crois pas en Dieu, je ne crois pas au destin non plus. Je crois seulement que ma place est ici, derrière ce flingue, et que je dois appuyer sur la détente.

- Ne jamais se poser, ne jamais arrêter de battre des ailes, quitte à s'épuiser, quitte à se brûler.

- Le destin, ça n'existe pas. Le destin, c'est l'excuse de ceux qui ne veulent pas être responsable de leur vie. La vérité, c'est qu'on ne récolte que ce qu'on a semé.
Titre: Re : Citations
Posté par: Aphone le 05 mai 2013 à 08:32:48
"L'écriture est l'abysse dans laquelle mes idées se noient. Et elles y retournent"
Titre: Re : Citations
Posté par: Baptiste le 12 juin 2013 à 20:14:20
Celle au début du Déchronologue est juste trop cool.
" L'homme n'est pas tout à fait coupable puisqu'il n'a pas commencé l'histoire mais n'est pas totalement innocent puisqu'il la continue" A.Camus
Et puis tant qu'a faire
" Tu rêvais d'être libre et je te continue " P. Eluard
" Les gens veulent de la nouveauté. Mais c'est vieux comme le monde, la nouveauté" Prévert dans Les enfants du Paradis
Titre: Re : Citations
Posté par: Aphone le 12 juin 2013 à 22:38:15
J'aime beaucoup celle-ci, de Cocteau (je sais plus si elle a déjà été proposée) :

"Il est aussi difficile à un poète de parler poésie qu'à une plante de parler horticulture."
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 12 juin 2013 à 22:52:36
"Chaque fois qu'une lumiere brule deux fois plus elle brule deux fois moins longtemps, et vous avez brulé on ne peut plus brillament"

Ca vient de total recall  :D N'empeche que c'est super interressant et beau comme phrase (au dela de la portée de repartie aha), et souvent malheureusement vrai
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Baptiste le 13 juin 2013 à 08:41:03
"Chaque fois qu'une lumiere brule deux fois plus elle brule deux fois moins longtemps, et vous avez brulé on ne peut plus brillament"

Ca vient de total recall  :D N'empeche que c'est super interressant et beau comme phrase (au dela de la portée de repartie aha), et souvent malheureusement vrai
C'est grave la classe (En plus c'est Total Recall)
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 13 juin 2013 à 14:32:55
(encore plus la classe vu que c'est pas du tout ce film, mais Blade Runner  >< >< >< )
Titre: Re : Citations
Posté par: tim gab le 18 juin 2013 à 15:51:06
j'ai retenu celle-ci qu'un illustre inconnu avait marqué sur une table dans notre salle de perm au lycée

l'alcool et la vitesse tue buvez lentement.
Titre: Citations
Posté par: Plume-Argentée le 19 août 2014 à 02:31:04
Voilà j'ouvre un nouveau sujet "citations" vue que l'ancien est tombé dans l'oublis.  :D
N'hésitez pas à poster vos citations préférés ou vos propre citations !

- Bien, j'ouvre ce sujet avec l'une de mes créations :

Celui qui, un jour, regarda un animal souffrant sans verser de larmes sait aujourd'hui qu'il n'assistait qu'à l'agonie de son propre cœur.

De :
- Jonas Mebold - Plume argentée -
Titre: Re : Citations
Posté par: Meilhac le 31 août 2014 à 11:25:51
Entre pouce et index on est autrement mieux
(Beckett, Molloy)
Titre: Re : Citations
Posté par: Aphone le 31 août 2014 à 20:58:53
"L'éternité c'est long. Surtout sur la fin"

Woody Allen.

Citation que j'utilisais dans un texte de vampires  :D
Titre: Re : Citations
Posté par: Cauzart le 16 octobre 2014 à 19:48:21

"Tu es pressé d'écrire, comme si tu étais en retard sur la vie."
René Char

"Au commencement était la fable, elle y sera toujours."
Paul Valery

"Malheur à l'époque où l'art ne fait pas vaciller la Terre et où, devant l'abime qui sépare l'artiste de l'être humain, c'est l'artiste qui est pris de vertige et non l'être humain."
Karl Kraus

"Etre bien tranquille chez soi est le plus atroce de tous les supplices ; je ne comprends pas qu'on ne l'ait pas mis en enfer. Comment Dante n'a t-il pas pensé à nous montrer un homme en robe de chambre, au cinquième cercle de l'enfer, assis au coin de son feu, dans un fauteuil, les pieds dans ses pantoufles."
Alfred de Musset

"La superstition est la poésie de la vie, c'est pourquoi il n'est pas mal que le poète soit superstitieux."
Goethe

"Un écrivain de génie aujourd'hui a tout à faire. Il n'est pas beaucoup plus avancé qu'Homère."
Marcel Proust

"La poésie est une religion sans espoir. Le poète s'y épuise en sachant que le chef d'oeuvre n'est, après tout, qu'un numéro de chien savant sur une terre peu solide."
Jean Cocteau
Titre: Re : Citations
Posté par: nevizhed le 06 février 2015 à 21:10:32
Tiens ! Il me plaît bien ce petit sujet de conversation. Moi aussi j'en ai un bon stock ! (Je ne sais pas si elles ont déjà été dites.)

Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.

De Albert Einstein.

Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis

D'Edgar Allan Poe

Est-il imaginable que Dieu ait pu, par rancune, créer l'homme à son image dans le seul but de le rendre fou ?

D'Edgar Allan Poe.

Le progrès technique est comme une hache qu'on aurait mis dans les mains d'un psychopathe.

De Albert Einstein.

Tous les deux sont des Dieux de la pensée ;) !
Titre: Re : Citations
Posté par: Kerena le 07 février 2015 à 10:58:27
De Einstein, j'aime beaucoup aussi :

« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »

« La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi ! »

« La science sans religion est boiteuse, la religion sans science est aveugle. »

« Tout le monde est un génie, seulement si tu juges un poisson sur ses capacités à monter à un arbre, alors il passera sa vie a croire qu'il est stupide »
Titre: Re : Citations
Posté par: nina-carli le 19 février 2015 à 06:13:54
je suis moi aussi fan de citations, en voici quelques unes:
 "On finit tous par mourir, notre but n'est pas d'être immortel, notre but est de créer quelque chose qui nous survivra.”
 Chuck Palahniuk


“Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles sembles êtres, donc on se laisse tromper par les apparences. Rares sont ceux qui ont l'intelligence de voir ce qui se cache derrière le masque."
Phaedre
"Disons nous que nous sommes tous fou, cela expliquera bien des mystères humains, cela ressouderas bien des énigmes.”
 Mark Twain.
"Les hommes réunissent toutes les erreurs de leur vie et créer un monstre qu'ils appellent le destin. John Hobles."
"Stephen King a écrit: Les monstres sont réels, les fantômes le sont aussi, ils vivent à l'intérieur de nous. Et parfois... ils gagnent."
"Albert Einstein disait; une question parfois me laisse perplexe: est-ce moi, ou les autres qui sont fou?"
"Tout ce que nous voyons ou croyons n'est qu'un rêve dans un rêve" - Edgar Allan Poe
«Notre vie est un livre qui s’écrit tout seul. Nous sommes des personnages de roman qui ne comprennent pas toujours bien ce que veut l’auteur» – Julien Green
Titre: Re : Citations
Posté par: RipleyRunner le 25 février 2015 à 18:08:06
"A vouloir mettre sa vie en musique, on en oublie parfois de vivre."
Thiefaine.
Titre: Re : Citations
Posté par: Nûmensuad le 27 février 2015 à 22:45:09
L'enfant ne détruit pas son jouet, il le démonte.
   [Piratissimo]

«Le véritable remède contre le chômage est qu’il n’y ait plus de travail pour personne, mais pour chacun une place dans la société.»
   [Albert Jacquard]

Pourquoi leur faudrait-il manger leurs soixante acres, quand l’homme est condamné à ne manger que son picotin d'ordures ? […] Suivant un apparent destin communément appelé nécessité, ils s'emploient, comme il est dit dans un vieux livre, à amasser des trésors que les vers et la rouille gâteront et que les larrons perceront ou déroberont. […] se rendant malades, pour mettre de côté quelque chose en prévision d'un jour de maladie […]. Nul plaisir en eux, car celui-ci vient après le travail. […]
   [Henry David Thoreau]

 « Je ne vois pas pourquoi les gens attendent d'une œuvre d'art qu'elle veuille dire quelque chose alors qu'ils acceptent que leur vie à eux ne rime à rien. »
   [David Lynch]
Titre: Re : Citations
Posté par: Megadonut le 19 septembre 2015 à 14:34:08
Ah, voilà le sujet qu'il me faut ! Pour ne pas vous faire une avalanche de citations, voici mes préférées :

"Un bon livre, c'est celui qui sème à foison des points d'interrogations"  Jean Cocteau
"Le bac, c'est comme la lessive : on mouille, on sèche... et on repasse !" Henri Troyat
"Je déteste les discussions, elles vous font parfois changer d'avis" Oscar Wilde
"L'homme est la seule créature qui refuse d'être ce qu'elle est." Albert Camus
"Que deviennent les larmes si l'on ne les verse pas ? " Jules Renard
"La première victime d'une guerre, c'est la vérité." Rudyard Kipling
Et enfin, la bien connue d'Antoine de St Exupéry : "L'essentiel est invisible pour les yeux. On ne voit bien qu'avec le cœur."
Titre: Re : Citations
Posté par: Seb le 12 mars 2016 à 15:53:18
"Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien et qui vous aime quand même."
Hervé Lauwick
Titre: Re : Citations
Posté par: JigoKu Kokoro le 12 mars 2016 à 15:54:29
 :D
Titre: Re : Citations
Posté par: Quaedam le 14 mars 2016 à 21:44:12
Citer
Mes homicides mains promptes à me venger
Dans le sang innocent brûlent de se plonger.
Phèdre - Racine.

Cette citation m'a tellement marqué en prépa >.> Je crois que c'est là seule qui soit restée gravée^^
Titre: Re : Citations
Posté par: M.Aèh le 17 mars 2016 à 20:18:32
Bon je peux pas ne pas poster une de mes citations préférées de mon cher Arthur Schopenhauer  >:D

"« Tout état amoureux, si éthéré qu’il se présente, a son unique racine dans l’instinct sexuel » "
( Le monde comme volonté et comme représentation)

M'enfin je pourrai citer tout son livre mais voilà ...  >:D
Titre: Re : Citations
Posté par: Kerena le 17 mars 2016 à 20:25:07
Une sur la carte postale envoyée par mes parents :

Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir.
Confusius
Titre: Re : Citations
Posté par: Ned Leztneik le 18 mars 2016 à 10:43:52
"La mise au pas des individus, même avec les meilleures intentions du monde, va à l’encontre de la nature et ne conduit pas à la paix et à la sérénité, mais au fanatisme et à la guerre"

Hermann Hesse
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 18 mars 2016 à 12:29:44
"A l'écoute du silence, le génie est l'oubli de son ego."
Anonyme.

Je n'ai pas retrouvé qui a dit ça, mais je l'ai vu sur un mur à Ajaccio, alors vive ce street artiste inspiré.
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Angarth le 19 mars 2016 à 19:34:19
"« Tout état amoureux, si éthéré qu’il se présente, a son unique racine dans l’instinct sexuel » "
Que faut il en conclure? L instinct sexuel comme une simple condition? Ou bien, tout n est que profit ou illusions, ça ne vaut pas le coup et nous sommes irrémédiablement seuls?
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 23 mars 2016 à 13:58:49
Je crois que c'est une explication au sentiment amoureux comme faisant le fruit d'une necessité sexuelle, c'est à dire, que l'animal cherche le meilleur profil pour s'accoupler et donc préserver son patrimoine génétique, et donc que l'amour n'est qu'une intellectualisation (mélange pensée/ pulsion = sentiment) de ce principe
Mais bon les interprétations sont multiples à mon avis, sorti de son contexte et du propos de l'auteur  ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Megadonut le 08 avril 2016 à 13:41:02
Un jour, Bilbon m'a dit que les grandes histoires ne finissaient jamais  ^^
J.R.R. Tolkien
Titre: Re : Citations
Posté par: Seb le 12 mai 2016 à 14:57:43
"L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui !"
Pierre Desproges
Titre: Re : Citations
Posté par: Patrick35 le 27 mai 2016 à 04:35:27
Je n'ai pas vu celle-ci passer, je l'ai souvent utilisée:

Sachons rester économe de notre mépris
Vu le nombre croissant des nécessiteux

   F.R. Chateaubriand
Titre: Re : Citations
Posté par: Patrick35 le 27 mai 2016 à 04:36:59
hey dad ?  c'est quoi élitiste?
C'est comme raciste mais avec les cons.

Patrick 35
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: MillaNox le 29 mai 2016 à 10:44:42
Je n'ai pas vu celle-ci passer, je l'ai souvent utilisée:

Sachons rester économe de notre mépris
Vu le nombre croissant des nécessiteux

   F.R. Chateaubriand
+
hey dad ?  c'est quoi élitiste?
C'est comme raciste mais avec les cons.

Patrick 35
:???:
dans la première je comprends qu'il faudra du mépris pour les précaires, dans la seconde je comprends qu'il y a d'un côté les élites et de l'autre le reste du monde qui serait con (et que pour pas être raciste faut savoir rester tolérant avec ce tas de sous-merde)  :???: :???: :???:

je comprends mal je suppose ?  |-|
Titre: Re : Citations
Posté par: milena-owein le 29 mai 2016 à 10:50:04
Moi j'ai compris :

Je n'ai pas vu celle-ci passer, je l'ai souvent utilisée:

Sachons rester économe de notre mépris
Vu le nombre croissant des nécessiteux

   F.R. Chateaubriand
Economisons notre mépris vue le nombre croissant de personnes qui le mérite


hey dad ?  c'est quoi élitiste?
C'est comme raciste mais avec les cons.

Patrick 35
Le racisme c'est venter la supériorité de certains humains sur d'autre humains et l'élitisme se serait venter le mérite de certains cons sur d'autres cons.

Mais je sais pas  :???:
C'est vrai que le second prête vachement à confusions quand même :/
(on dirait que ça dit un peu : "se serait bien d'être raciste avec les con" et juste bof quoi ><)
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 29 mai 2016 à 16:18:17
Citer
Sachons rester économe de notre mépris
Vu le nombre croissant des nécessiteux

   F.R. Chateaubriand
Je crois que vous interpretez mal  :???:
De plus en plus de gens ont besoin 'aide, alors il faut garder son mépris de côté pour d'autres. Je pense pas que les nécessiteux soient désignés que ceux qui nécessitent du mépris  :neutre:
Titre: Re : Citations
Posté par: Servanne le 29 mai 2016 à 16:21:42
C'est exactement le sens de cette citation, Ben G.
Titre: Re : Citations
Posté par: milena-owein le 29 mai 2016 à 16:31:47
Quelqu'un a une source pour cette sitation ? je ne la retrouve pas.

Citer
Sachons rester économe de notre mépris
Vu le nombre croissant des nécessiteux

   F.R. Chateaubriand
Je crois que vous interpretez mal  :???:
De plus en plus de gens ont besoin 'aide, alors il faut garder son mépris de côté pour d'autres. Je pense pas que les nécessiteux soient désignés que ceux qui nécessitent du mépris  :neutre:
C'est justement sur "necessiteur" que j'ai un problème parce que aujourd'hui on est d'accord ça veut dire "les gens dans le besoin" mais en moyen français je sais pas si c'était le cas  :\?
Moi je l'avais compris comme "il faut grader son mépris pour ceux qui le méritent"
Le DMF me donne le même sens qu'aujourd'hui.

Du coup cette phrase est nulle en fait  :???:
Titre: Re : Citations
Posté par: Servanne le 29 mai 2016 à 16:37:57
Milena, Chateaubriand a publié ses œuvres après 1800, il ne rentre pas spécialement dans ce qu'on appelle - de manière curieuse -  le moyen français. Après qe vous trouviez sa formule 'nulle" ma foi, c'est une autre affaire  :D
Titre: Re : Citations
Posté par: barnacle le 29 mai 2016 à 16:39:52
D'accord avec Milena. Pour moi, ça n'a clairement rien à voir avec la pauvreté, le sens de nécessiteux est à lier à l'idée du mépris comme une richesse qui se distribue.
Il faut être économe de son mépris parce qu'il y a plein de gens digne d'être méprisés, basiquement.
(et j'ai cherché rapidement pour une origine, ça semble très cité, avec beaucoup de variantes, mais jamais sourcé - mais vu l'attribution à Chateaubriand, l'idée que ça veuille dire "faut pas mépriser" me semble un contre-sens.)
Titre: Re : Citations
Posté par: MillaNox le 29 mai 2016 à 16:41:54
Mouais, je sais pas trop quel sens donner à ces citations pour ma part, et je trouve que c'est un peu toujours le problème avec le fait de sortir des phrases de leur contexte pour les isoler en fait.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Titre: Re : Citations
Posté par: Baptiste le 29 mai 2016 à 16:53:25
Citer
Quelqu'un a une source pour cette sitation ? je ne la retrouve pas.
C'est dans les mémoires d'outre tombes, trois partie livre trois. (http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-101350&M=tdm)

quand au contexte de la phrase, le paragraphe dit :
"Se représente-t-on l'empereur lisant le document officiel à Fontainebleau ? Que devait-il penser de ce qu'il avait fait, et des hommes qu'il avait appelés à la complicité de son oppression de nos libertés ? Quand je publiai ma brochure De Bonaparte et des Bourbons pouvais-je m'attendre à la voir amplifiée et convertie en décret de déchéance par le Sénat ? Qui empêcha ces législateurs, aux jours de la prospérité, de découvrir les maux dont ils reprochaient à Bonaparte d'être l'auteur, de s'apercevoir que la constitution avait été violée ? Quel zèle saisissait tout à coup ces muets pour la liberté de la presse ? Ceux qui avaient accablé Napoléon d'adulations au retour de chacune de ses guerres, comment trouvaient-ils maintenant qu'il ne les avait entreprises que dans l ' intérêt de son ambition démesurée ? Ceux qui lui avaient jeté tant de conscrits à dévorer, comment s'attendrissaient-ils soudain sur des soldats blessés, abandonnés sans secours, sans pansement, sans subsistances ? Il y a des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux : je le leur plains pour cette heure, parce qu'ils en auront encore besoin pendant et après les Cent-Jours."

C'est vachement éclairant non ? :D (du coup, je la comprenais comme milena et Barnacle, mais en fait, c'est sans doute ben.g et servanne qui ont la bonne façon de le comprendre)

(sinon c'est pas le sujet, mais ça avait pas l'air d'être un marrant Chateaubriand)

et pour rester dans le thème du fil, j'ai repensé (je sais pas pourquoi) à cette citation de Georges Arnaud dans le salaire de la peur qui m'a toujours beaucoup plu :
"L'exactitude géographique n'est jamais qu'un leurre. Le Guatemala, par exemple, n’existe pas. je le sais : j'y ai vécu."
Titre: Re : Citations
Posté par: barnacle le 29 mai 2016 à 17:06:31
La citation complète me confirme dans mon idée. Il décrit des gens qui tournent leur chemise et la tourneront encore : "je le leur plains pour cette heure, parce qu'ils en auront encore besoin pendant et après les Cent-Jours" = je ne leur donne pas mon plein mépris là tout de suite, parce qu'il y a encore les Cent Jours (retour de Napoléon) et Waterloo (retour de la Restauration) après.
Titre: Re : Citations
Posté par: Baptiste le 29 mai 2016 à 17:08:37
ah oui ça fais sens remarque.
Et "je le leur plains" je comprends pas
ça désigne quoi le "le"
Titre: Re : Citations
Posté par: barnacle le 29 mai 2016 à 17:12:53
Tlfi pour plaindre (quitte à tous apprendre ensemble ^^) :
b) Employer, donner quelque chose à regret, avec parcimonie. Cette lenteur (...) peut fatiguer des ames vives et légères, dont la curiosité impatiente plaint le temps qu'elle donne à ce qui l'intéresse, veut savoir au plus vîte ce qui l'attend, jouir d'une émotion rapide et fugitive, et aussitôt changer d'objet (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p.339). Jamais brossée, jamais lavée. On me plaint le cambouis de mes essieux (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p.105).
Ne pas plaindre (l'argent, la dépense). Ne pas regarder à (l'argent, la dépense). S'il était question de cela, de bon coeur, j'y consentirais et voterais ce qu'on voudrait, dût-il m'en coûter ma meilleure coupe de sainfoin: il ne faudrait pas plaindre cette dépense; il y va de tout pour nous (COURIER, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.78).

Donc le "le" reprend "le mépris".
Titre: Re : Citations
Posté par: Baptiste le 29 mai 2016 à 17:15:24
Ah ok, je comprends mieux. Du coup, oui je comprends la citation comme toi
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 01 août 2016 à 15:38:14
Bon vu que j'ai changé je la laisse ici

"Lorsque tu seras au bout de ce que tu dois savoir
Tu seras au début de ce que tu dois ressentir"

Khalil Gibran
Titre: Re : Citations
Posté par: Kwak' le 01 août 2016 à 16:48:05
Et pour illustrer la phrase de BenG, j'ai envie de foutre ça ici plutôt que dans le GIFland :
(https://66.media.tumblr.com/3586eea86c00338f66959c3bf9711d3b/tumblr_oaxsn9E7ju1v8ucgmo1_500.gif)
Titre: Re : Citations
Posté par: Chouc le 12 décembre 2016 à 20:15:31
Citer
If you have a good idea, get it out there. For every idea I've realized, I have ten I sat on for a decade till someone else did it first. Write it. Shoot it. Publish it. Crochet it, sauté it, whatever. MAKE.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Titre: Re : Citations
Posté par: Nocte le 12 décembre 2016 à 20:57:40
Une que j'avais bien kiffé :
"A well designed world could tell it's story in silence."
Titre: Re : Citations
Posté par: Meilhac le 02 janvier 2017 à 14:35:03
"La gravité est le bouclier des sots." (Montesquieu)



"Lorsque tu seras au bout de ce que tu dois savoir
Tu seras au début de ce que tu dois ressentir"

Khalil Gibran

celle ci est troublante, telle quelle… d'habitude on a plutôt des citations du genre "si tu veux ressentir des choses fortes, ne passe pas ton temps à apprendre bêtement" (cf. "je forge mon esprit plutôt que de le meubler", Montaigne) ; mais là, cette notion du "bout de ce que tu dois savoir", c'est hyper troublant. :)
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 02 janvier 2017 à 14:55:17
C'est un peu comme la , apprendre comment elle fonctionnne pour pouvoir s'y exprimer pleinement soi-même ensuite  :)
On m'avait parlé d'une citation d'un philosophe indien dont j'ai totalement oublié le nom, qui disait -en parlant à base de chiffres - que contrairement à ce qu'on croit, on ne vient pas du vide (0) pour arriver au 1 (la réalisation de soi) et retourner au 0 (ou tendre vers un paradis 2 et donc surpasser sa condition de 1 etc)
Mais qu'en existant on est déjà à 1, tous, que certain y resteront, qu'avec la connaissance et l'expérience on arrive à un 2 mais qu'elle n'est pas un but final, car ensuite tout le but de la vie c'est de revenir à ce 1.

(c'est un peu brouillon à l'écrit haha mais on peut l'interpreter de plein de façon et ça fait bien écho à Gibran aussi)

Titre: Re : Citations
Posté par: Nocte le 02 janvier 2017 à 15:11:22
Khalili ya khalil, na na na ~ ~♥
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 12 mars 2017 à 14:49:05
Je me sentais si fort, que n'ai-je désiré ?
Pour chaque rêve, hélas ! une fosse était prête.

Christo Botev, extrait de A ma mère


(Je crois que j'ouvrirai un fil bientôt sur Botev, quand j'en aurai lu plus, peut être intéressant)
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 01 août 2017 à 08:12:18
L’art de la citation est l’art de ceux qui ne savent pas réfléchir par eux-même.
Voltaire
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 03 août 2017 à 11:15:44
Autant que la littérature, la musique peut déterminer un bouleversement, un renversement émotif, une tristesse ou une extase absolue ; autant que la littérature, la peinture peut générer un émerveillement, un regard neuf porté sur le monde. Mais seule la littérature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit, avec l’intégralité de cet esprit, ses faiblesses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idées fixes, ses croyances ; avec tout ce qui l’émeut, l’intéresse, l’excite ou lui répugne. Seule la littérature peut vous permettre d’entrer en contact avec l’esprit d’un mort, de manière plus directe, plus complète et plus profonde que ne le ferait même la conversation avec un ami – aussi profonde, aussi durable que soit une amitié, jamais on ne se livre, dans une conversation aussi complètement qu’on ne le fait devant une feuille vide, s’adressant à un destinataire inconnu.

Michel Houellebecq - Soumission

Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 09 août 2017 à 19:15:15
Le voyageur ne connait pas plus le voyage
Que l'amant
Les lèvres de l'aimée

Mathias Enard



Cette obscurité est pure, entière et sans images ni visions, cette obscurité n'a pas de fin, pas de frontières, cette obscurité est l'infini que chacun de nous porte en soi.
Milan Kundera
Titre: Re : Citations
Posté par: LeMargoulin le 17 septembre 2017 à 13:06:51
L'Homme, c'est un animal qui s'empêche.

Michel Onfray
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 17 septembre 2017 à 14:04:55
Je crois que la bonne citation, c'est :"Un homme, ça s'empêche" . Elle est d'Albert Camus, qui l'a reprise de son père. Onfray a dû la citer sans nommer son auteur.
Titre: Re : Citations
Posté par: LeMargoulin le 17 septembre 2017 à 14:26:33
Si, si, il a bien nommé l'auteur (que j'ai d'ailleurs oublié de mentionné, ma faute), puis il a complété la phrase du père de Camus avec celle que j'ai cité plus haut (dans une conférence sur la tauromachie et, plus généralement, la violence humaine).
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 17 septembre 2017 à 14:36:07
Mon présent n’est pas le passé défini de ce qui fut puisqu’il n’est plus, ni même le parfait de ce qui a été dans ce que je suis, mais le futur antérieur de ce que j’aurai été pour ce que je suis en train de devenir.

Jacques Lacan

Y a-t-il un lacanien dans la salle ?

Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 03 octobre 2017 à 08:24:45
"Souvent il est fatal de vivre trop longtemps"

Louis Racine (le fils idiot de Jean)
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 04 novembre 2017 à 10:19:31
Réactionnaire ou conservateur ?

(…) il faut s’entendre sur le sens des mots. Un réactionnaire est quelqu’un qui estime préférable un état antérieur de l’organisation sociale, possible d’y revenir, et qui milite dans ce sens.
Or s’il y a une idée, une seul, qui traverse tous mes romans, jusqu’à la hantise parfois, c’est bien celle de l’irréversibilité absolue de tout processus de dégradation, une fois entamé. Que cette dégradation concerne une amitié, une famille, couple, un groupement social plus important, une société entière ; dans mes romans il n’y a pas de pardon, de retour en arrière, de deuxième chance : tout ce qui est perdu est bel et bien, et à jamais, perdu. C’est plus qu’organique, c’est comme une loi universelle, s’appliquant aussi bien aux objets inertes ; c’est littéralement, entropique. À quelqu’un qui est à ce point persuadé du caractère inéluctable de tout déclin, de toute perte, l’idée de réaction ne peut même pas venir. Si un tel individu ne sera jamais réactionnaire et tout naturellement, conservateur, il considérera toujours qu’il vaut mieux conserver ce qui existe, et qui fonctionne tant bien que mal, plutôt que se lancer dans une expérience nouvelle. Plus sensible aux dangers qu’à l’espérance il sera pessimiste, d’un naturel triste, et en général facile à vivre.

M.Houellebecq – Ennemis publics – 2008
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 11 novembre 2017 à 21:26:16
Rabelais, à propos de Gargantua.

Concernant les préjugés sur l'humour et la légèreté de ton de l'auteur.

« À quel propos, à votre avis, tend ce prélude et coup d'essai ? Parce que vous, mes bons disciples, et quelques autres fous qui n'ont rien à faire, en lisant les joyeux titres de notre invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fessepinte, La Dignité des braguettes, Des pois au lard avec un commentaire, etc., vous jugez trop facilement qu'ils ne traitent à l'intérieur que moqueries, folâtreries, et mensonges joyeux, puisque l'enseigne extérieure (c'est le titre), si on ne cherche pas plus loin, est communément reçue à dérision et rigolade. Mais il ne faut pas juger si légèrement les œuvres des humains. Car vous-mêmes vous dites que l'habit ne fait pas le moine, tel est vêtu d'habit monacaux qui au-dedans n'est rien moins que moine ; et est vêtu d'une cape à l'espagnole, qui dans son cœur n'appartient nullement à l'Espagne. C'est pourquoi il faut ouvrir le livre, et soigneusement peser ce qui y est raconté. Alors vous connaîtrez que la drogue qu'il contient est de bien autre valeur que ne le promettait la boîte. C'est-à-dire que les matières traitées ici ne sont pas si folâtres que le titre dessus le prétendait. »

Ne nous laissons pas penser que celles & ceux qui pratiquent l'humour seraient dénués de sagesse.
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 06 mars 2018 à 21:47:16
J'avais du génie et fort peu de talent. Mon esprit allait d'instinct à la pointe, mais ne savait pas épointer.
La difficulté d'être - Cocteau
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 06 mars 2018 à 22:10:57
Le pied qui est en arrière ne doit abandonner le contact avec le sol que lorsque celui qui est devant  y a déjà pris appui.

Bulletin des armées – La marche sportive – 7 mars 1917
Titre: Re : Citations
Posté par: mercurielle le 07 mars 2018 à 09:34:09
"Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change" (Mallarmé à propos d'Edgar Poe)
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 07 mars 2018 à 10:13:00

Belle sonorité, bel alexandrin, mais peu compréhensible quand on n'a pas le contexte.
Titre: Re : Citations
Posté par: mercurielle le 07 mars 2018 à 17:45:41
C'est le premier vers de son poème "Le Tombeau d'Edgar Poe". Mallarmé (comme Baudelaire) admire notre maître ès-fantastique.
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 08 mars 2018 à 10:44:34
D'accord, mais pris isolément, le vers n'a toujours pas de sens. Reste la musique ...et pour cela préfère l'impair...
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 08 mars 2018 à 10:45:34
MARSEILLE AU BON VIEUX TEMPS
Acerbat eum ab inlecebris peccantium praeter ipsius bonam integramque naturam, quod statim paruulus sedem ac magistram studiorum Massiliam habuit, locum Gracca comitate et prouinciali parsimonia mixtum ac bene compositum.
Cornelii Tacitii - De vita Iulii Agricolae

Pour ceux qui ont vendu leur Gaffiot, voici la traduction :

Il était préservé des séductions du vice par son naturel foncièrement bon et pur, mais aussi par le fait qu'il eut, dès son premier âge, pour résidence et pour institutrice, Marseille, endroit qui allie, dans une heureuse harmonie, la politesse grecque et la simplicité provinciale.
Tacite - Vie d'Agricola- Livre IV

Titre: Re : Citations
Posté par: Eveil le 22 mars 2018 à 21:33:32
"Toute la nuit j’écris pour chercher qui me cherche."

Alejandra Pizarnik
Titre: Re : Citations
Posté par: sergent le 22 mars 2018 à 22:39:42

Oui je crois que c'est toujours d'actualité:

Les maximes des Empereurs, tu crois que nous les ignorons ? Inflexibles pour nous, indulgents pour eux-mêmes, Le droit de faillir à leur devoir leur tient de droits suprêmes, Et qui franchit comme eux les bornes du pouvoir leur semblent faire outrage à leur souverain pouvoir !

Auteur inconnu mais repris dans Domina. 
Titre: Re : Citations
Posté par: mercurielle le 23 mars 2018 à 07:48:32
"Le bonheur est une idée neuve en Europe." (Saint-Just)
Titre: Re : Citations
Posté par: sergent le 23 mars 2018 à 23:02:14
Quand on sait comment finit St just il me vient une citation.
    Guillotine : petite lucarne donnant sur l'éternité.

(Adrien Decourcelle)
Titre: Re : Citations
Posté par: Claudius le 23 mars 2018 à 23:04:53
   

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
On dispose de tout ce qu'il faut lorsque l'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder.


Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
Lire nous confirme que la solitude est un trésor. Un livre peut changer une vie. Et dire qu'il n'y a aucune mise en garde d'inscrite sur la couverture !
Titre: Re : Citations
Posté par: LeMargoulin le 31 mars 2018 à 20:11:04
Je lis Ébauches de vertige de Cioran, un recueil d'aphorismes et c'est tout bonnement génial (même si tout lire d'un coup doit être indigeste).

"Ma mission est de tuer le temps et la sienne de me tuer à son tour. On est tout à fait à l'aise entre assassins"

"Chaque individu qui disparaît entraîne l'univers avec soi : du même coup tout est supprimé, tout. Justice suprême qui légitime et réhabilite la mort. Partons donc sans regret, puisque rien ne nous survit, notre conscience étant la seule et l'unique réalité : elle abolie, tout est aboli, même si nous savons que cela n'est pas vrai objectivement et qu'en fait rien ne consent à nous suivre, rien ne daigne s'évanouir avec nous."
Titre: Re : Citations
Posté par: Miromensil le 31 mars 2018 à 20:37:19
Je lis Ébauches de vertige de Cioran, un recueil d'aphorismes et c'est tout bonnement génial (même si tout lire d'un coup doit être indigeste).
Lu aussi il y a quelques temps (comment tu veux ne pas être attiré par ce titre). Je me souviens de l'aphorisme sur le suicide ahu, dans lequel tu voyais bien qu'il avait été influencé par Nietzsche (je sais plus dans quelle mesure)
Titre: Re : Citations
Posté par: LeMargoulin le 31 mars 2018 à 20:54:19
Citer
Je me souviens de l'aphorisme sur le suicide ahu, dans lequel tu voyais bien qu'il avait été influencé par Nietzsche (je sais plus dans quelle mesure)
:\? Y'en a pas mal sur le sujet, ce serait pas "Le suicide, seul acte vraiment normal, par quelle aberration est-il devenu l'apanage des tarés ?" ? Ou bien "Le plus grand exploit de ma vie est d'être encore en vie" ?
Titre: Re : Citations
Posté par: Miromensil le 31 mars 2018 à 21:08:45
Citer
Y'en a pas mal sur le sujet, ce serait pas "Le suicide, seul acte vraiment normal, par quelle aberration est-il devenu l'apanage des tarés ?" ?
celle-là même. j'ai beau l'avoir lue il y a plusieurs années, elle me revient de temps en temps en mémoire.. je la trouve terrible (elle me fait penser à "Par-delà bien et mal", si ça te dit de prolonger)
Titre: Re : Citations
Posté par: LeMargoulin le 31 mars 2018 à 21:16:25
Merci du conseil, je le rajoute sur ma liste de livres pour cette été.  :huhu:



Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Y'en a plein dautres  :coeur:[/spoiler]
Titre: Re : Citations
Posté par: mercurielle le 01 avril 2018 à 09:43:24
Le Comte

Es-tu si las de vivre ?

Rodrigue

As-tu peur de mourir ?

(Le Cid, Acte II, scène 3)
Titre: La littérature du temps perdu
Posté par: Champdefaye le 20 avril 2018 à 09:37:55
Après Marcel Proust, voici Alexandre Vialatte qui reconnait l’importance du temps perdu.

Le temps perdu se retrouve toujours. On dit qu’il ne se rattrape jamais. C’est bien possible. Un grand professeur de Normale disait à ses élèves : « Lisez, mais au hasard. Lisez sans nul programme. C’est le seul moyen de féconder l’esprit. » On ne peut savoir qu’après coup si le temps est perdu ou non. Sans le temps perdu, qu’est-ce qui existerait ? La pomme de Newton est fille du temps perdu. C’est le temps qui invente, qui crée,  et il y a deux littératures, celle du temps perdu, qui a donné Don Quichotte, et celle du temps utilisé, qui a donné les feuilletonistes. Celle du temps perdu est la bonne. Le temps perdu se retrouve toujours, cent ans après.

On croit que l’intérêt mène les hommes. Ce n’est pas vrai. Ce sont les passions, et la passion, c’est le rêve et le rêve c’est le temps perdu. Le temps perdu mène le monde. L’homme l’a si bien senti qu’il s’en est fait un but. Le progrès industriel vise à faire de sa vie une période de loisir sans fin et c’est là qu’il se trompe : le temps perdu exprès cesse d’être fécond.

Alexandre Vialatte – Chronique du temps qu’on dit perdu – 2 juillet 1957
Titre: Re : Citations
Posté par: Loïc le 09 mai 2018 à 17:13:38
"Si les clichés deviennent des clichés, c'est qu'ils sont les marteaux et les tournevis dans la boite à outils de la communication."

Terry Pratchett, Au guet, trad. P. Couton.
Titre: Re : Citations
Posté par: Espérance le 09 mai 2018 à 19:07:38
« Ce n’est pas un signe de bonne santé que d’être bien adapté à une société profondément malade. »

Jiddu Krishnamurti,
Philosophe d’origine indienne, 1895-1986.

Cette citation me parle fort.
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 23 mai 2018 à 15:01:17
 :o Bon, vous voulez un argumentaire digne de ce nom ??

Je suis allé chercher un véritable et très honorifique argumentaire qui vous enseignera les plus humbles bases de l'illumination. Rabelais aurait été très d'accord avec moi, d'ailleurs, et Louis XIV aussi !

Gargantua a pissé – oui, je dis bien : pissé – sur les Parisiens dans son incontournable malice ; puis dans un second temps, il a piqué les cloches de Notre-Dame (oui, il a bel et bien commis ce vol, c'est une vérité intrinsèque à l'histoire), Maître Janotus de Bragmardo, très éminent docteur de la faculté de théologie, est envoyé auprès de Gargantua pour lui faire un oratoire d'excellence et reprendre les cloches.

Je vous laisse le plaisir de découvrir la complexité de cet argumentaire expressif :


CHAPITRE XIX (http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm#Chap19)
La harangue que Maître Janotus de Bragmardo
fit à Gargantua pour récupérer les cloches


« Euh, hum, hum ! B'jour, Monsieur, b'jour et à vous aussi, Messieurs. Ce ne pourrait qu'être bon que vous nous rendissiez nos cloches, car elles nous font bien faute. Hum, hum, atch ! Autrefois nous en avions bel et bien refusé une belle somme à ceux de Londres près Cahors, et pareillement à ceux de Bordeaux en Brie, qui voulaient les acheter pour la substantifique qualité de la complexion élémentaire qui est intronifiquée en la terrestérité de leur nature intrinsèque, pour écarter les brumes et les tourbillons de nos vignes (à vrai dire, non pas les nôtres, mais celles qui sont tout près d'ici), car si nous perdons le vin, nous perdons tout, sens et loi.
« Si vous nous les rendez sur ma requête, j'y gagnerai six empans de saucisses et une bonne paire de chausses, qui me feront grand bien à mes jambes, à moins que ces gens ne tiennent pas leur promesse. Oh ! pardieu, Seigneur, une paire de chausses est une bonne chose et point ne la méprisera le sage. Ah ! ah ! N'a pas une paire de chausses qui veut, je le sais bien pour ma part ! Écoutez, Seigneur, il y a dix-huit jours que je suis à élucubrer cette belle harangue : rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Ici gît le lièvre...
« Par ma foi, Seigneur, si vous voulez souper avec moi, dans ma chambre d'aumône, cordieu, nous ferons bonne chère (ubin). Moi, j'ai tué un porc et moi avoir bonus vino; mais de bon vin on ne peut faire mauvais latin.
« Alors, de par Dieu, donnez-nous nos cloches. Tenez, je vous donne au nom de la Faculté un recueil des Sermons d'Udine, qui vous sermonne de nous octroyer nos cloches. Voulez-vous aussi des pardons ? Pardieu ! vous les aurez et ne les paierez point.
« Oh ! Monsieur, Seigneur, clochidonnaminez-nous ! Vraiment c'est le bien de la ville. Tout le monde s'en sert. Si votre jument s'en trouve bien, notre Faculté aussi, laquelle a été comparée aux juments sans esprit et faite semblable à celles-ci. C'est dans je ne sais plus quel psaume... Je l'avais pourtant bien noté sur mon papier, et l'argument massue c'est le fin du fin. Hum, hum, euh, atch !
« Là ! je vous prouve que vous devez me les donner. Voici ma thèse : Toute cloche clochable clochant dans un clocher, en clochant fait clocher par le clochatif ceux qui clochent clochablement. À Paris, il y a des cloches. Par conséquent CQFD, etc.
« Ah ! ah ! ah ! c'est parlé, cela ! C'est dans la troisième section de la première partie, en Darius ou ailleurs. Par mon âme, j'ai vu le temps où je faisais monts et merveilles en argumentant, mais à présent je ne fais plus que radoter, et il ne me faut plus désormais que bon vin, bon lit, le dos au feu, le ventre contre la table avec une écuelle bien profonde.
« Ah ! Seigneur, je vous en prie, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen, rendez-nous nos cloches, et Dieu vous garde de mal et Notre-Dame de Santé, qui vit et règne dans tous les siècles des siècles, amen. Hum atch, euh-atch, greuh-hum-atch !
« Mais en vérité, attendu que, sans doute par Pollux, or, ni, car, puisque, en effet, mon Dieu, ma foi, une ville sans cloches est comme un aveugle sans bâton, un âne sans croupière et une vache sans clochettes. Jusqu'à ce que vous nous les ayez rendues nous ne cesserons de crier après vous, comme un aveugle qui a perdu son bâton, de braire comme un âne sans croupière et de beugler comme une vache sans clarines.
« Un quidam latiniste, demeurant près de l'Hôtel-Dieu, a dit un jour, alléguant l'autorité d'un certain Tampon, je me trompe, je voulais dire Pontan, poète profane, qu'il aurait voulu qu'elles fussent en plume avec pour battant une queue de renard, parce qu'elles lui donnaient la colique aux tripes du cerveau quand il composait ses vers carminiformes. Mais, nac petitin petetac, ticque, torche, lorgne, on l'a déclaré hérétique : nous les façonnons comme pantins de cire. Le déposant n'a plus rien à ajouter. La pièce est jouée. Achevé d'imprimer. »

La Vie très horrificque du grand Gargantua père de Pantagruel (1534) source (http://ldm.phm.free.fr/Oeuvres/GargantuaFM.htm#Entete) français modernisé
Titre: Re : Citations
Posté par: mercurielle le 25 juin 2018 à 20:54:47
« Je sçay que la gloire d’une femme consiste à ne faire point parler d’elle » écrit Hortense Mancini dans ses Mémoires, en 1675.
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 25 juin 2018 à 21:06:34
(Rabelais ! :bonpublic:)


"Les grandes afflictions et les passions violentes, repartit M. de Nemours, font de grands changements dans l’esprit ; et, pour moi, je ne me reconnais pas depuis que je suis revenu de Flandre. Beaucoup de gens ont remarqué ce changement, et même madame la dauphine m’en parlait encore hier.
Il est vrai, repartit madame de Clèves, qu’elle l’a remarqué, et je crois lui en avoir ouï dire quelque chose.
Je ne suis pas fâché, madame, répliqua M. de Nemours, qu’elle s’en soit aperçue ; mais je voudrais qu’elle ne fût pas seule à s’en apercevoir. Il y a des personnes à qui on n’ose donner d’autres marques de la passion qu’on a pour elles, que par les choses qui ne les regardent point ; et, n’osant leur faire paraître qu’on les aime, on voudrait du moins qu’elles vissent que l’on ne veut être aimé de personne. L’on voudrait qu’elles sussent qu’il n’y a point de beauté, dans quelque rang qu’elle pût être, que l’on ne regardât avec indifférence, et qu’il n’y a point de couronne que l’on voulût acheter au prix de ne les voir jamais."


La Princesse de Clèves c'est tellement coeurcoeurcoeur il n'y a pas de smiley pour l'exprimer.
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 26 juin 2018 à 11:33:51
11 septembre 1721
Paris

En Suède, on prétend que les noyés ne sont pas réellement morts ; lorsqu’on en retire de l’eau, on les met dans une barrique, dans une chambre bien chauffée, et on roule la barrique en tous sens jusqu’à ce que le noyé ait rendu, par haut et par bas, toute l’eau qui est entrée dans son corps. Quand il s’en est délivré et qu’il a été réchauffé, il revient à lui ; mais il faut qu’aucun de ses parents ne se trouve parmi les assistants, autrement il ne peut guérir. Si un de ses parents vient à entrer dans la chambre, le sang coule par le nez, les oreilles et la bouche du patient. Des personnes qui ont vu tout cela me l’ont assuré.
 Elisabeth-Charlotte du Palatinat, duchesse d’Orléans, belle-soeur du roi Louis XIV

Titre: Re : Citations
Posté par: mercurielle le 26 juin 2018 à 11:47:18
Champdefaye, si la Palatine t'intéresse, lis donc ça (extraits de ses Lettres) :

http://www.ecrivaines17et18.com/pages/17e-siecle/intellectuelles/palatine/

Femme remarquable, qui ne mâchait pas ses mots.
Titre: Re : Citations
Posté par: Gwynplaine__ le 28 juin 2018 à 00:04:25
Oh, un topic de citations ! Je sens que je vais l'aimer lui !

Je poste ici un extrait d'un discours de Roosevelt à la Sorbonne 🇫🇷 que j'aime beaucoup :

It is not the critic who counts; not the man who points out how the strong man stumbles, or where the doer of deeds could have done them better. The credit belongs to the man who is actually in the arena, whose face is marred by dust and sweat and blood; who strives valiantly; who errs, who comes short again and again, because there is no effort without error and shortcoming; but who does actually strive to do the deeds; who knows great enthusiasms, the great devotions; who spends himself in a worthy cause; who at the best knows in the end the triumph of high achievement, and who at the worst, if he fails, at least fails while daring greatly, so that his place shall never be with those cold and timid souls who neither know victory nor defeat.

>
Extrait de "Citizenship In A Republic"
23 avril 1910


Et pour l'anecdote cet extrait a inspiré The Arena (https://youtu.be/4MCjU-Du3eI) , un titre de Lindsay Stirling, violoniste, qui vaut vraiment le détour.
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 30 juin 2018 à 21:05:07
"Un jour je serais poète
Et l’eau se soumettra à ma clairvoyance.
Métaphore de la métaphore que ma langue
Car je ne dis ni n’indique
Un lieu. Et le lieu est mon péché et mon alibi.
Je suis de là-bas.
Mon ici bondit de mes pas vers mon imagination …
Je suis qui je fus, qui je serai
Et l’espace infini me façonne, puis me tue."

Mahmoud Darwich, Murale, 2003, (traduit de l’arabe par Elias Sanbar).
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 02 octobre 2018 à 23:15:35

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Meilhac le 10 octobre 2018 à 23:21:40

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


 :D j'adore



"ma paroisse est une paroisse comme les autres"

(bernanos)



j'adore cet incipit (journal d'un curé de campagne) que je trouve hyper profond
Titre: Re : Citations
Posté par: Loïc le 10 octobre 2018 à 23:42:53
Pas une citation d'auteur, mais de comptoir, littéralement, mais qui m'a marqué et que je pense réutiliser :

"J'ai pas besoin d'avoir la tourista pour dire que j'ai découvert le monde"
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 11 octobre 2018 à 00:28:14
Owi les citations de bar  :coeur:

Y'en a une que j'avais trouvé magique :

" Tu reprends une bière ?
- Non je peux plus avec ce que j'ai..
- Ah merde, qu'est-ce que t'as ?
- J'ai qu'un euro... "
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 29 octobre 2018 à 14:38:26
Pas une citation d'auteur, mais de comptoir, littéralement, mais qui m'a marqué et que je pense réutiliser :

"J'ai pas besoin d'avoir la tourista pour dire que j'ai découvert le monde"
<3
Et je me l'approprierais bien en :
C'est pas parce qu'on a eu la tourista qu'on a découvert le monde
ou
Je ne crois pas que voyager nous révèle à nous-mêmes, mais c'est vrai qu'après quatre ans j'ai acquis un grand détachement à l'égard de mes diarrhées


Je venais sur ce fil parce qu'un truc en lisant m'a fait penser à Cyamme (via la manière dont elle est dépeinte dans Dixit). J'ai hésité à créer un fil "Citations qui nous font penser au forum" mais je sais pas si c'est très pertinent, alors je suis juste venu le recopier ici :

Citation de: Fred Vargas, "L'Armée furieuse", Éd. Viviane Hamy, 2011, p. 70
Ici, un oiseau ne peut pas pondre un oeuf sans que je le sache ou que je le sente. Tenez, vous pouvez être sûr que, cette nuit, un renard a croqué une poule à la ferme de Deveneux. Il n'a plus que trois pattes et un moignon de queue.
   — Le fermier ?
   — Le renard, j'ai vu ses crottes. Mais croyez-moi, il se débrouille. L'année passée, une mésange charbonnière s'est entichée de lui. Première fois que je voyais ça. Elle habitait sur son dos et il ne l'a jamais mangée. Elle et pas une autre, attention.
Titre: Re : Citations
Posté par: Eveil le 23 janvier 2019 à 16:10:59
Donc Malherbe.

"Je ne trouve la paix qu'à me faire la guerre ;
Et si l'enfer est fable au centre de la terre,
Il est vrai dans mon sein"

on dirait du rap
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Meilhac le 23 janvier 2019 à 16:23:16
"Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée, c'est d'avoir une pensée toute faite"



Charles Péguy,
La Morale et la grâce



Owi les citations de bar  :coeur:

Y'en a une que j'avais trouvé magique :

" Tu reprends une bière ?
- Non je peux plus avec ce que j'ai..
- Ah merde, qu'est-ce que t'as ?
- J'ai qu'un euro... "

 :D  :D  :D 
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Doctor Grimm le 23 janvier 2019 à 18:17:38
Donc Malherbe.

"Je ne trouve la paix qu'à me faire la guerre ;
Et si l'enfer est fable au centre de la terre,
Il est vrai dans mon sein"

on dirait du rap
c'est beau  :coeur:
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 24 janvier 2019 à 18:42:42
Je me fends de cette sentence formidable, entendue dans un (mauvais) docu (https://www.youtube.com/watch?v=oTgWVuT2zXI) sur Churchill :

"L'alcool et l'écriture l'empêchent de sombrer."

 :\?
Titre: Re : Citations
Posté par: Eveil le 25 janvier 2019 à 06:55:20
« J'ai appris de mes erreurs
à faire des erreurs avec plus de style. »

Canio Mancuso
Titre: Re : Citations
Posté par: Doctor Grimm le 26 janvier 2019 à 10:20:12
"ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n'ai que haine"


Aimé Césaire
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 27 janvier 2019 à 15:40:58
« Notre vie en tiers est une ydée quon a pas pensé on sait pas nonplus ce que c’est. Tu parles d’une vie. C’est pour ça que final ment j’en suis venu à écrire tout ça. Pour penser à ce que l’ydée de nous purait être. Pour penser à cette chose qu’est en nous ban donnée et seulitaire et ivrée à elle-même. »

(Russell Hoban, Enig Marcheur)
Titre: Re : Citations
Posté par: Eveil le 29 janvier 2019 à 09:20:56
"Jusqu'à ce que Dieu ait brûlé le temps"

Yeats
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 28 février 2019 à 18:03:19
Il y a bien des choses que l'on peut mettre dans une morale, pourtant il est bien difficile de faire un choix qui puisse correspondre à la nature du conte. Je me référais aujourd'hui au conte de Cendrillon ou La Petite Pantoufle de verre pour bien orienter mes inspirations sur ce qui s'est fait par le passé ; vous savez, c'est le conte dans lequel la Marraine de Cendrillon, une fée, lui donne un coup de baguette magique pour l'aider à aller au Bal.

Et voici ce qu'en dit la morale :
« C'est sans doute un grand avantage,
 D'avoir de l'esprit, du courage,
De la naissance, du bon sens,
Et d'autres semblables talents,
Qu'on reçoit du Ciel en partage ;
Mais vous aurez beau les avoir,
Pour votre avancement ce seront choses vaines,
Si vous n'avez pas, pour les faire valoir,
Ou des parrains ou des marraines. »

Je trouve cela très vrai, rien ne vient sans la bienveillance d'un entourage impliqué. Il y a des soutiens de poids qu'il faut savoir prendre à leur juste valeur.
Titre: Re : Citations
Posté par: Amor Fati le 10 mars 2019 à 16:20:14
[...]J'ai toujours été en route
Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe toujours sur toutes ses roues
"Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre ?"
 Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept jours
Tu es loin de Montmartre, de la Butte qui t'a nourrie, du Sacré Cœur contre lequel tu t'es blottie
Paris a disparu et son énorme flambée
Il n'y a plus que les cendres continues
La pluie qui tombe
La tourbe qui se gonfle
La Sibérie qui tourne
Les lourdes nappes de neige qui remontent
Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l'air bleui
Le train palpite au cœur des horizons plombés
Et ton chagrin ricane... "Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ?" Les inquiétudes
Oublie les inquiétudes
Toutes les gares lézardées obliques sur la route
Les files télégraphiques auxquelles elles pendent
Les poteaux grimaçant qui gesticulent et les étranglent
Le monde s'étire s'allonge et se retire comme un accordéon qu'une main sadique tourmente
Dans les déchirures du ciel les locomotives en folie s'enfuient
Et dans les trous
Les roues vertigineuses les bouches les voies
Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses
Les démons sont déchaînés
Ferrailles
Tout est un faux accord
Le broun-roun-roun des roues
Chocs
Rebondissements
Nous sommes un orage sous le crâne d'un sourd..." La Prose du Transsibérien, Blaise Cendrars
Titre: Re : Citations
Posté par: Meilhac le 13 mars 2019 à 16:06:29
"Il est extrêmement rare que la montagne soit abrupte de tous côtés." gide
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 21 mars 2019 à 01:01:28
Comme un air de printemps...

    « Mais regardez donc ce qui se passe en Russie ; regardez le grand parti nihiliste, voyez ses membres qui savent si hardiment et si glorieusement mourir ! Que ne faites-vous comme eux ? Manque-t-il donc de pioches pour creuser des souterrains, de dynamite pour faire sauter Paris, de pétrole pour tout incendier ?
      Imitez les nihilistes, et je serai à votre tête ; alors seulement nous serons dignes de la liberté, nous pourrons la conquérir ; sur les débris d'une société pourrie qui craque de toutes parts et dont tout bon citoyen doit se débarrasser par le fer et le feu, nous établirons le nouveau monde social. »  Louise Michel
Titre: Re : Citations
Posté par: Amor Fati le 21 mars 2019 à 19:55:00
« La vie des gens sans moyens n'est qu'un long refus dans un long délire et on ne connaît vraiment bien, on se délivre aussi que de ce qu'on possède. J'en avais pour mon compte, à force d'en prendre et d'en laisser des rêves, la conscience en courants d'air, toute fissurée de mille lézardes et détraquée de façon répugnante. » Voyage au bout de la nuit, Céline
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 22 mars 2019 à 14:51:06
Ah ! Cette citation de Céline me rappelle aussi un passage des Essais qui est très à propos ; aussi faut-il se donner le temps de prendre en compte certaines nuances que Montaigne laisse transparaître, je serais bien en mal de savoir les expliquer moi-même...

 :bouquine:

Chap. 40 (https://www.ebooksgratuits.com/html/montaigne_essais_traduction_1.html#_Toc192969954) : Le Bien et le Mal dépendent surtout de l’idée que nous nous en faisons

« 45.          Que notre opinion donne leur prix aux choses, on le voit par le grand nombre de celles que nous ne regardons pas seulement pour leur valeur, mais en pensant à nous. Nous ne nous occupons ni de leurs qualités ni de leur utilité, mais seulement du prix qu’il nous en coûtera pour les posséder, comme si cela constituait une partie de leur substance. Et ce que nous appelons leur valeur, ce n’est pas ce qu’elles nous apportent, mais ce que nous y apportons. Et sur ce je m’avise que nous sommes très regardants à nos dépenses. Leur utilité est fonction de leur importance, et nous ne les laissons jamais enfler inutilement. C’est l’achat qui donne sa valeur au diamant, la difficulté à la vertu, la douleur à la dévotion, l’amertume au médicament.

46.          Il en est un qui, pour parvenir à la pauvreté, jeta ses écus dans la mer que tant d’autres fouillent en tous sens pour y pêcher des richesses. Épicure a dit que le fait d’être riche n’apporte pas un soulagement, mais un changement de soucis. Et c’est vrai que ce n’est pas la disette, mais plutôt l’abondance qui génère l’avarice. Je vais raconter l’expérience que j’ai sur ce sujet.

47.          J’ai connu trois situations différentes depuis que je suis sorti de l’enfance. La première période, qui a duré près de vingt ans, je l’ai passée sans autres moyens que fortuits, dépendant des dispositions prises par d’autres pour me secourir, sans revenu assuré et sans tenir de comptes. Je dépensais d’autant plus allègrement et avec d’autant moins de souci que ma fortune dépendait entièrement du hasard. Je ne fus jamais plus heureux. Je n’ai jamais trouvé close la bourse de mes amis : m’étant donné pour règle absolue de ne jamais faillir à rembourser au terme que j’avais fixé, ils l’ont maintes fois repoussé quand ils voyaient l’effort que je faisais pour satisfaire à mes engagements. De sorte que j’affichais, en retour, une loyauté économe et quelque peu tricheuse. Je ressens naturellement quelque plaisir à payer : c’est comme si je déchargeais mes épaules d’un fardeau ennuyeux, et de l’image de la servitude que constitue la dette. De même qu’il y a quelque contentement qui me chatouille quand je fais quelque chose de juste et qui fait le bonheur d’autrui.

48.         Je mets à part les paiements pour lesquels il faut venir marchander et compter ; car si je ne trouve quelqu’un pour s’en charger, je les fuis de façon honteuse et injurieuse tant que je peux, craignant cette discussion, avec laquelle mon humeur et ma façon de parler sont tout à fait incompatibles. Il n’est rien que je haïsse autant que de marchander : c’est là une relation de pure tricherie et d’impudence. Après avoir débattu et barguigné une heure durant, l’un ou l’autre abandonne sa parole et ses serments pour cinq sous obtenus. C’est pourquoi j’empruntais à mon désavantage, car n’ayant pas le courage de réclamer en présence de l’autre, je reportais cela à plus tard au hasard d’une lettre, ce qui n’a pas grande efficacité et qui facilite plutôt le refus. Je m’en remettais donc plutôt, pour la conduite de mes affaires, aux astres, et plus librement que je ne l’ai jamais fait depuis, à la providence et à mon flair.

49.          La plupart de ceux qui savent gérer leurs affaires estiment horrible de vivre ainsi dans l’incertitude. Mais ils ne se rendent pas compte, d’abord, que la plupart des gens vivent ainsi. Combien d’honnêtes gens n’ont-ils pas abandonné toutes leurs certitudes, combien le font chaque jour, pour rechercher la faveur des rois et courir la chance ? César s’endetta d’un million en or au-delà de ce qu’il possédait pour devenir César. Et combien de marchand commencent leurs affaires par la vente de leur métairie, qu’ils envoient aux Indes

à travers tant de mers déchaînées. [Catulle, IV, 18]

Et par un temps si peu fertile en dévotions que le nôtre, nous voyons mille et mille congrégations qui coulent une vie paisible, attendant chaque jour de la libéralité du Ciel ce dont ils ont besoin pour dîner.

Et deuxièmement, ils ne se rendent pas compte que cette certitude sur laquelle ils se fondent n’est guère moins incertaine et hasardeuse que le hasard lui-même. Je vois d’aussi près la misère au-delà de deux mille écus de rente que si elle était toute proche de moi. Car le hasard est capable d’ouvrir cent brèches à la pauvreté à travers nos richesses, et il n’y a souvent qu’un pas de la fortune la plus extrême au quasi dénuement.

La fortune est de verre, et quand brille, elle se brise.[Publius Syrus, in Juste Lipse, Politiques]

Et elle peut envoyer cul par dessus tête toutes nos précautions et nos défenses.

50.          Je trouve que pour diverses raisons, on voit plus souvent l’indigence chez ceux qui ont du bien que chez ceux qui n’en ont pas ; et qu’elle est peut-être moins pénible quand elle vient seule que quand elle apparaît au milieu des richesses, qui proviennent plutôt d’une bonne gestion que de recettes véritables : « Chacun est l’artisan de sa propre fortune » [Salluste, de rep. ordin. I, 1]. Et un riche qui n’est plus à son aise, mais pressé par la nécessité et les ennuis d’argent me semble plus misérable que celui qui est simplement pauvre. « L’indigence au sein de la richesse est la pire des pauvretés. » [Sénèque, Épîtres, LXXIV] Les plus grands princes et les plus riches, sont généralement amenés, par la pauvreté et le besoin, à l’extrême nécessité. Car en est-il de plus extrême que celle qui conduit à devenir les tyrans et injustes usurpateurs des biens de leurs sujets ?

51.            Ma deuxième situation fut d’avoir de l’argent. M’y étant attaché, j’en fis bien vite des réserves non négligeables en fonction de ma condition sociale. J’estimais que l’on ne dispose vraiment que de ce qui excède les dépenses ordinaires, et qu’on ne peut être sûr d’un bien qui ne représente qu’une espérance de recette, si évidente qu’elle paraisse. Car je me disais : et s’il m’arrivait tel ou tel fâcheux événement ? Et à cause de ces vaines et pernicieuses pensées, je m’ingéniais à parer à tous les inconvénients possibles grâce à cette réserve superflue. Et à celui qui m’alléguait que le nombre des événements possibles était infini je trouvais encore le moyen de répondre que cette réserve, si elle ne pouvait être prévue pour tous les cas, l’était tout de même au moins pour bon nombre d’entre eux. Mais cela n’allait pas sans douloureuse inquiétude. J’en faisais un secret. Et moi qui ose tant parler de moi, je ne parlais de mon argent que par des mensonges, comme font ceux qui, riches, se font passer pour pauvres, et pauvres jouent les riches, sans que jamais leur conscience ne témoigne sincèrement de ce qu’ils ont vraiment. Ridicule et honteuse prudence !

52.          Allais-je en voyage ? Il me semblait toujours que je n’avais pas emporté assez d’argent. Et plus je m’étais chargé de monnaie plus je m’étais aussi chargé de craintes : à propos de l’insécurité des chemins, ou de la fidélité de ceux qui transportaient mes bagages, dont je ne parvenais à m’assurer vraiment – comme bien des gens que je connais – que si je les avais devant les yeux. Laissais-je ma cassette chez moi ? Ce n’étaient que soupçons et pensées lancinantes, et qui pis est, incommunicables ! Mon esprit en était obsédé. Tout bien pesé, il est encore plus difficile de garder de l’argent que d’en gagner. Si je n’en faisais pas tout à fait autant que je le dis, du moins me coûtait-il de m’empêcher de le faire. Quant à la commodité, j’en profitais peu ou pas du tout : si j’avais plus de facilité à faire des dépenses, celles-ci ne m’ennuyaient pas moins ; car comme disait Bion, le chevelu se fâche autant que le chauve si on lui arrache les cheveux. Et dès que vous vous êtes habitué, que vous vous êtes représenté en esprit un certain tas d’or, vous n’en disposez déjà plus, car vous n’oseriez même plus l’écorner… C’est un édifice qui, vous semble-t-il, s’écroulera tout entier si vous y touchez : il faut vraiment que la nécessité vous prenne à la gorge pour vous résoudre à l’entamer. Et avant d’en arriver là, j’engageais mes hardes, je vendais un cheval, avec bien moins de contrainte et moins de regret que lorsque je devais faire une brèche dans cette bourse privilégiée et tenue à part. Mais le danger est alors celui-ci : il est malaisé d’établir des bornes à ce désir d’accumulation (il est toujours difficile d’en trouver parmi les choses que l’on croit bonnes), et donc de fixer une limite à son épargne : on va toujours grossissant cet amas, l’augmentant d’un chiffre à un autre, jusqu’à se priver bêtement de la jouissance de ses propres biens, pour jouir simplement de leur conservation, et ne point en user.

53.          Et c’est pourquoi, selon cette façon de voir les choses, ce sont les gens les plus fortunés qui ont en charge la garde des portes et des murs d’une ville. À mon avis, tout homme riche est avare. Platon classe ainsi les biens corporels et humains : la santé, la beauté, la force, la richesse ; et la richesse n’est pas aveugle, dit-il, mais très clairvoyante au contraire quand elle est illuminée par la sagesse. Denys le Jeune fit preuve à ce propos d’un beau geste. Ayant été averti qu’un Syracusain avait caché en terre un trésor, il lui fit dire de le lui apporter. L’autre s’exécuta, mais s’en réserva toutefois en secret une partie, avec laquelle il s’en alla dans une autre ville où, ayant perdu son habitude de thésauriser, il se mit à vivre à son aise. Apprenant cela, Denys lui fit rendre le reste de son trésor, disant que puisqu’il avait appris à s’en servir il le lui rendait volontiers.

54.          Je vécus quelques années obsédé par l’argent, jusqu’à ce qu’un démon favorable me fasse sortir de cet état, comme le Syracusain, et dépenser ce que j’avais amassé : le plaisir d’un voyage très coûteux fut l’occasion de jeter à bas cette stupide conception. Je suis donc de ce fait tombé dans une troisième sorte de vie, qui (je le dis comme je le sens), est certes plus plaisante et plus réglée, car maintenant je règle ma dépense sur ma recette. Tantôt l’une est en avance, tantôt c’est l’autre, mais elles sont toujours proches sur les talons l’une de l’autre. Je vis au jour le jour, et me contente de pouvoir subvenir à mes besoins présents et ordinaires : toutes les économies du monde ne sauraient suffire aux besoins extraordinaires ! Et c’est folie d’attendre du hasard qu’il nous prémunisse contre lui-même. C’est avec nos propres armes qu’il faut le combattre, car celles que fournit le hasard peuvent toujours nous trahir au moment crucial. Si je mets de l’argent de côté, ce n’est que dans l’idée de l’employer bientôt. Non pour acheter des terres – dont je n’ai que faire – mais pour acheter des plaisirs. « Ne pas être cupide est une richesse, et c’est un revenu que ne pas avoir la manie d’acheter. » [Cicéron, Paradoxes, VI, 3]. Je n’ai pas peur de manquer ni le désir d’augmenter mon bien. « C’est dans l’abondance qu’on trouve le fruit des richesses, et c’est la satisfaction qui est le critère de l’abondance. » [Cicéron, Paradoxes, IV, 2] Et combien je me félicite de ce que cette disposition d’esprit me soit venue à un âge naturellement enclin à l’avarice ! Ainsi je suis épargné par cette folie si courante chez les vieux, et la plus ridicule de toutes les folies humaines.

55.           Phéraulas, dans la Cyropédie de Xénophon, était passé par les deux premières situations que j’ai évoquées, et avait trouvé que l’accroissement des biens n’augmentait pas son appétit pour boire, manger, dormir et embrasser sa femme. D’autre part il sentait comme moi peser sur ses épaules l’inconvénient d’avoir à s’occuper de ses biens. Alors il décida de faire le bonheur d’un jeune homme pauvre qui était son ami fidèle et qui courait après la fortune, et lui fit présent de la sienne qui était grande, et même de celle qu’il était encore en train d’accumuler jour après jour grâce à la libéralité de son bon maître Cyrus, et grâce à la guerre. La seule condition était que le bénéficiaire s’engage à le nourrir et à subvenir honnêtement à ses besoins, comme étant son hôte et son ami. À partir de ce moment, ils vécurent ainsi très heureusement, et satisfaits l’un et l’autre du changement de leur condition. Voilà quelque chose que j’aimerais beaucoup imiter.

56.          J’admire grandement aussi le sort d’un vieux prélat, dont j’ai pu constater qu’il s’était tout bonnement démis de sa bourse, de ses revenus, et de sa garde-robe, tantôt au profit d’un serviteur qu’il avait choisi, tantôt d’un autre, et qui a coulé ainsi de longues années, ignorant de ses affaires, comme s’il y était étranger. Faire confiance à la bonté d’autrui n’est pas un faible témoignage de sa propre bonté, et par conséquent, Dieu favorise volontiers cette attitude. Et quant au prélat dont j’ai parlé, je ne vois nulle part de maison plus dignement ni plus régulièrement gérée que la sienne. Heureux celui qui a ainsi réglé à leur juste mesure ses besoins, de façon à ce que sa fortune puisse y suffire sans qu’il s’en préoccupe et sans être dans la gêne, et sans que leur répartition ou acquisition vienne à troubler ses autres occupations, plus convenables, plus tranquilles, et selon son cœur.

57.           L’aisance ou l’indigence dépendent donc de l’opinion de chacun, et ni la richesse, ni la gloire, ni la santé, n’apportent autant de beauté et de plaisir que ce que leur prête celui qui les possède. Chacun de nous est bien ou mal selon qu’il se trouve ainsi. Est content non celui qu’on croit, mais celui qui en est lui-même persuadé. En cela seulement, la croyance devient vérité et réalité. »
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 23 mars 2019 à 01:12:00
"L’aisance ou l’indigence dépendent donc de l’opinion de chacun"

Je trouve que c'est parler beaucoup pour ne pas dire grand chose...

Suivant la raison stoïcienne, en effet la richesse ou l'indigence (entre autres choses) n'affectent finalement ego qu'en fonction de la perception qu'ego s'en fait.

Mais la perception qu'ego s'en fait est à mettre en relation avec son environnement social et matériel. Avec ses conditions objectives d'existence en rapport à ses semblables. Quel être humain pour faire fi de ses semblables ?

Il faut vraiment admettre que « Chacun est l’artisan de sa propre fortune » pour se satisfaire d’inéquités renflouées par une autodiscipline de la perception. Ou alors sombrer dans un renoncement mystique à la lutte contre Tout.

Tout cela est plutôt très contestable, non ? Voire immédiatement réfutable tenant compte de toutes les formes de déterminisme et d'exploitation. La "fortune" d'un homme est toujours le produit du travail des Hommes. Non seulement de son artisanat, soit-il réel ou spirituel.

Alors la question qui doit se poser selon moi devant la richesse et l'indigence, devant tant d'inéquités et devant les sentiments qu'elles provoquent est, plutôt que celle de la perception, de la résignation et de la croyance ; celle de la justice. Le collectif, la société ne doivent pas abandonner la justice au cœur des individus. 

Ainsi, "Chacun de nous est bien ou mal selon qu’il se trouve ainsi" est plus facile à croire et accepter pour certains que pour d'autres, en certains contextes qu'en d'autres contextes, en des temps et des lieux plutôt qu'en d'autres.

Est juste non ce qu’on se persuade, mais celui qui offre droit à l'équité. En cela seulement, la justice devient vérité et réalité.

Après, quand on a les moyens, on est pas tenu de chercher la justice...

ps :  merci pour le lien vers la source
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 23 mars 2019 à 01:29:27
ps :  merci pour le lien vers la source

Yep, c'est une traduction en français moderne, j'ai eu le sentiment qu'elle retranscrivait bien la pensée de Montaigne.

En fait, le passage que je cite est relatif au rapport individuel à l'argent, il parle de cupidité, d'obsession et de manque ; il invite à la modération et à la mesure (donc à l'équilibre...). On est effectivement proche d'un questionnement spirituel ou psychologique avec la question de l'ego, du « moi », même si cela reste une position sceptique de l'ordre de l'opinion et du doute plutôt que de l'ordre de la connaissance réelle. Il n'y a aucune dimension politique dans ce chapitre en particulier si ce n'est celle du mécénat : tu l'auras compris, le mécénat est le fruit d'une générosité réelle (elle s'adresse aux possesseurs de richesses). L'invitation au mécénat est indéniablement une invitation au partage des richesses (ce n'est pas un regard guerrier, mais une pensée philosophique).

Ce n'est pas non plus une façon de dire que tu serais hors-sujet, je le précise, mais c'est effectivement une façon d'opposer à la médiocrité supposée de la misère une médiocrité de l'avarice et de l'endettement.

Tu peux éventuellement faire l'analogie avec l'écologie si tu cherches des pistes de compréhension : ne pas dépenser plus que ce que notre planète peut nous offrir est bien plus vertueux que de délaisser les générations futures.
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 23 mars 2019 à 13:43:24
Bon je pense qu'on ne s'entendra pas sur la présence de la dimension politique, comme tu dis. Dès lors que tu parles de richesse et d'indigence, pour moi tu es dans le politique. Et si ton discours se prétend apolitique,"gentil", "tuto bien-être" ou que sais-je, c'est encore un parti pris politique conscient ou inconscient, machiavélique ou naïf.

Citer
"le mécénat est le fruit d'une générosité réelle (elle s'adresse aux possesseurs de richesses)"

Déjà croire à la générosité réelle, c'est audacieux. Ça peut se défendre mais c'est audacieux. Mais croire à la générosité des riches..!? Ha ha ha. S'il étaient réellement généreux (et donc humbles), ils ne seraient pas riches.

Quant au mécénat, il n'est pas du tout le fruit d'une générosité. C'est un jeu social entre la bourgeoisie qui ne sait plus quoi faire de ses richesses, toujours soucieuse de se démarquer et d'étendre son prestige social, et les artistes qui se complaisent dans un jeu de cour, de mendicité/séduction/dépendance/soumission à cette bourgeoisie.

Citer
"Tu peux éventuellement faire l'analogie avec l'écologie si tu cherches des pistes de compréhension : ne pas dépenser plus que ce que notre planète peut nous offrir est bien plus vertueux que de délaisser les générations futures."

Là encore, s'il fallait tout ça pour dire ça ...

Évacuer le politique conduit à ce niveau d'inconsistance. Réintroduire du politique permet de penser les contradictions et les paradoxes. Tout discours recèle une dimension politique avouée ou inavouée, consciente ou inconsciente.  Pourquoi (presque) tout le monde est d'accord avec l'idée qu'on ne peut pas exploiter à ce rythme indéfiniment la planète, et pourtant la situation ne cesse d'empirer ?
On trouve dans l'analyse des rapports de pouvoir, des intérêts, des dominations et des exploitations des clefs bien plus nombreuses et pertinentes pour penser le réel, le changement social, la conflictualité, le paradoxal et faire le lien entre le sujet (non réduit à l'état d'individu) et la société.

Savoir pourquoi/comment ne pas être trop dépensier ou apprendre à paraître généreux en se délestant d'un peu de son terrible trésors quand on est un petit bourgeois... :-¬?
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 23 mars 2019 à 15:08:51
Alors, je dois admettre que je t'ai connu beaucoup plus rigoureux dans tes références, Loup-Taciturne, ici j'ai l'impression que tu établis des principes juste parce que tu y crois sans référence ni base idéologique ou intellectuelle.

 :moderation:

J'admets que je respecte tout à fait ton opinion sur la chose, mais je me demande si tu ne proposes pas une vision absolutiste qui établirait un « pour ou contre » sans discernement (aussi possible que cela puisse être).

Face à cette impression, j'aimerais réfléchir à la distinction entre un comportement individuel et un comportement politique (qui a trait à la société).

En parlant de rigueur dans les mots employés, tu sembles démontrer ton attachement à la justice et à l'égalité, ce qui sont des valeurs fortes et parlantes dans les thématiques politiques, j'en conviens. Pour faire le pont entre une certaine idée du mécénat (effectivement tournée vers l'individu) et la philosophie de la justice, je suis allé te chercher une citation qui peut-être corresponde mieux à tes attentes (relatives à la politique).

Je dois dire que c'est une forme d'ouverture qui s'oriente plus volontairement vers le thème que tu abordes, cela amène donc le sujet sur ton terrain à toi, celui que tu as introduit toi-même (c'est un geste vers tes centres de préoccupation).

J'aurais pu revenir vers Montaigne, qui aborde ces thématiques également, mais j'ai préféré aller chercher un philosophe qui se rapproche de tes préoccupations avec un facteur majeur en plus : la rigueur.

Aristote reste indéniablement le philosophe de l'exactitude, il donne à voir ce que l'on a pu retenir de son époque en aspirant le plus possible à la relation entre les choses et les distinction entre des valeurs logiques et propres à la raison.

Vois ce chapitre sur la justice dans l'Éthique de Nicomaque (traduction Pascale-Dominique Nau) (https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89thique_%C3%A0_Nicomaque_(Nau)/Livre_V) d'Aristote :

« [1129a] Au sujet de la justice et de l’injustice, nous devons examiner sur quelles sortes d’actions elles portent en fait, quelle sorte de juste milieu est la justice, et de quels extrêmes le juste est un moyen. Notre examen suivra la même marche que nos précédentes recherches.

Nous observons que tout le monde entend signifier par justice cette sorte de disposition qui rend les hommes aptes à accomplir les actions justes, et qui les fait agir justement et vouloir les choses justes de la même manière, l’injustice est cette disposition qui fait les hommes agir injustement et vouloir les choses injustes. Posons donc, nous aussi, cette définition comme point de départ, à titre de simple esquisse. Il n’en est pas, en effet, pour les dispositions du caractère comme il en est pour les sciences et les potentialités : car il n’y a, semble-t-il, qu’une seule et même puissance, une seule et même science, pour les contraires, tandis qu’une disposition qui produit un certain effet ne peut pas produire aussi les effets contraires : par exemple, en partant de la santé on ne produit pas les choses contraires à la santé, mais seulement les choses saines, car nous disons qu’un homme marche sainement quand il marche comme le ferait l’homme en bonne santé.

Souvent la disposition contraire est connue par son contraire et souvent les dispositions sont connues au moyen des sujets qui les possèdent : si, en effet, le bon état du corps nous apparaît clairement, le mauvais état nous devient également clair ; et nous connaissons le bon état aussi, au moyen des choses qui sont en bon état et les choses qui sont en bon état, par le bon état. Supposons par exemple que le bon état en question soit une fermeté de chair : il faut nécessairement, d’une part, que le mauvais état soit une flaccidité de chair, et, d’autre part, que le facteur productif du bon état soit ce qui produit la fermeté dans la chair. Et il s’ensuit la plupart du temps que si une paire de termes est prise en plusieurs sens, l’autre paire aussi sera prise en plusieurs sens : par exemple, si le terme juste est pris en plusieurs sens, injuste et injustice le seront aussi.

Or, semble-t-il bien, la justice est prise en plusieurs sens, et l’injustice aussi, mais du fait que ces différentes significations sont voisines, leur homonymie échappe, et il n’en est pas comme pour les notions éloignées l’une de l’autre où l’homonymie est plus visible par exemple (car la différence est considérable quand elle porte sur la forme extérieure), on appelle (χλεϊς) en un sens homonyme, à la fois la clavicule des animaux et l’instrument qui sert à fermer les portes. − Comprenons donc en combien de sens se dit l’homme injuste. On considère généralement comme étant injuste à la fois celui qui viole la loi, celui qui prend plus que son dû, et enfin celui qui manque à l’égalité de sorte que de toute évidence l’homme juste sera à la fois celui qui observe la loi et celui qui respecte l’égalité. Le juste donc, est ce qui est conforme à la loi et ce qui respecte l’égalité, et l’injuste [1129b] ce qui est contraire à la loi et ce qui manque à l’égalité.

Et puisque l’homme injuste est celui qui prend au-delà de son dû, il sera injuste en ce qui a rapport aux biens, non pas tous les biens mais seulement ceux qui intéressent prospérité ou adversité et qui, tout en étant toujours des biens au sens absolu, ne le sont pas toujours pour une personne déterminée. Ce sont cependant ces biens-là que les hommes demandent dans leurs prières et poursuivent, quoi qu’ils ne dussent pas le faire, mais au contraire prier que les biens au sens absolu soient aussi des biens pour eux, et choisir les biens qui sont des biens pour eux. Mais l’homme injuste ne choisit pas toujours plus, il choisit aussi moins dans le cas des choses qui sont mauvaises au sens absolu ; néanmoins, du fait que le mal moins mauvais semble être en un certain sens un bien, et que l’avidité a le bien pour objet, pour cette raison l’homme injuste semble être un homme qui prend plus que son dû. Il manque aussi à l’égalité, car l’inégalité est une notion qui enveloppe les deux choses à la fois et leur est commune.

Puisque, disions-nous celui qui viole la loi est un homme injuste, et celui qui l’observe un homme juste, il est évident que toutes les actions prescrites par la loi sont, en un sens justes : en effet, les actions définies par la loi positive sont légales, et chacune d’elles est juste disons-nous. Or, les lois prononcent sur toutes sortes de choses, et elles ont en vue l’utilité commune, soit de tous les citoyens, [soit des meilleurs], soit seulement des chefs désignés en raison de leur valeur ou de quelque autre critère analogue ; par conséquent, d’une certaine manière nous appelons actions justes toutes celles qui tendent à produire ou à conserver le bonheur avec les éléments qui le composent, pour la communauté politique. − Mais la loi nous commande aussi d’accomplir les actes de l’homme courageux (par exemple, ne pas abandonner son poste, ne pas prendre la fuite, ne pas jeter ses armes), ceux de l’homme tempérant (par exemple, ne pas commettre d’adultère, ne pas être insolent), et ceux de l’homme de caractère agréable (comme de ne pas porter des coups et de ne pas médire des autres), et ainsi de suite pour les autres formes de vertus ou de vices, prescrivant les unes et interdisant les autres, tout cela correctement si la loi a été elle-même correctement établie, ou d’une façon critiquable, si elle a été faite à la hâte.

Cette forme de justice, alors, est une vertu complète, non pas cependant au sens absolu, mais dans nos rapports avec autrui. Voilà pourquoi souvent on considère la justice comme la plus parfaite des vertus, et ni l’étoile du soir, ni l’étoile du matin ne sont ainsi admirables. Nous avons encore l’expression proverbiale :

Dans la justice est en somme toute vertu

Et elle est une vertu complète au plus haut point, parce qu’elle est usage de la vertu complète, et elle est complète parce que l’homme en possession de cette vertu est capable d’en user aussi à l’égard des autres et non seulement pour lui-même : si, en effet, beaucoup de gens sont capables de pratiquer la vertu dans leurs affaires personnelles, dans celles qui, au contraire, intéressent les autres ils en demeurent incapables. [1130a] Aussi doit-on approuver la parole de BIAS que le commandement révélera l’homme, car celui qui commande est en rapport avec d’autres hommes, et dès lors est membre d’une communauté. C’est encore pour cette même raison que la justice, seule de toutes les vertus, est considérée comme étant un bien étranger parce qu’elle a rapport à autrui : elle accomplit ce qui est avantageux à un autre, soit à un chef, soit à un membre de la communauté. Et ainsi l’homme le pire de tous est l’homme qui fait usage de sa méchanceté à la fois envers lui-même et envers ses amis ; et l’homme le plus parfait n’est pas l’homme qui exerce sa vertu seulement envers lui-même, mais celui qui la pratique aussi à l’égard d’autrui, car c’est là une œuvre difficile.

Cette forme de justice, alors, n’est pas une partie de la vertu, mais la vertu tout entière, et son contraire, l’injustice, n’est pas non plus une partie du vice, mais le vice tout entier. (Quant à la différence existant entre la vertu et la justice ainsi comprise, elle résulte clairement de ce que nous avons dit : la justice est identique à la vertu, mais sa quiddité n’est pas la même : en tant que concernant nos rapports avec autrui, elle est justice, et en tant que telle sorte de disposition pure et simple, elle est vertu). »

À partir de la base de réflexion ci-dessus, j'estime que la justice est politique en cela quelle se régule en fonction d'autrui. Cependant, pour que cette justice puisse être appliquée, elle repose nécessairement sur des comportements individuels : il faut bien être juste pour appliquer la justice.

Raison pour laquelle je n'entends pas exclure la question de l'individualité y compris dans un sujet relatif à la justice (que j'admets bien évidemment politique).

Le mécénat étant relatif à un comportement individuel.
Titre: La Petite Madeleine
Posté par: Champdefaye le 29 mars 2019 à 08:56:06
C’est très curieux la madeleine de Proust : tout le monde en a entendu parler, presque tout le monde a une idée de ce qu’elle représente, mais bien peu de monde a véritablement lu ce passage emblématique de la Recherche du temps perdu.
Vous me direz que c’est pareil pour le reste du roman : monumental chef d’œuvre reconnu dans le monde entier, respecté, vénéré, cité, étudié, analysé, interprété, disséqué... mais aussi chef d’œuvre craint, tenu à distance, entamé, rarement achevé, oublié...
Quand vous leur posez la question, comme pour la plupart des classiques, la plupart des gens ne lisent pas la Recherche, ils la relisent. Ne vous y trompez pas : c’est souvent un mensonge. Au mieux, c’est un projet, une vague intention, pour l’été prochain. Certains, plus honnêtes et plus rares, avouent qu’ils ont tenté le coup, il y a longtemps, mais que vraiment, ces phrases interminables...
(https://monde-ecriture.com/forum/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fwww.leblogdescoutheillas.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2019%2F01%2Fdownload-150x150.jpg&hash=613604eb272a4d5df858d949af2f6fa95b9efc15)

Mais revenons à la madeleine. Voici le morceau : mille cinq cents mots à savourer lentement, tout en appréciant la précision de la description et la finesse de l’analyse des sentiments que fait naitre chez le narrateur cette « gorgée mêlées des miettes du gâteau ». Vous avez tout le temps : on n'est qu'en 2019. Et puis, souvenez-vous, vous aussi : vous aviez toujours voulu le lire, cet extrait ! Grâce à moi, vous n’aurez même pas à le chercher.

Extrait
(... Notre passé) est caché hors de son domaine et de sa portée, en quelque objet matériel (en la sensation que nous donnerait cet objet matériel), que nous ne soupçonnons pas. Cet objet, il dépend du hasard que nous le rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencontrions pas.
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ?  Que signifiait-elle ?  Où l’appréhender ?   Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité.  Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ?  Pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n’apportait aucune preuve logique, mais l’évidence de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s’évanouissaient. Je veux essayer de le faire réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s’enfuit. Et pour que rien ne brise l’élan dont il va tâcher de la ressaisir, j’écarte tout obstacle, toute idée étrangère, j’abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine. Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever, quelque chose qu’on aurait désancré, à une grande profondeur; je ne sais ce que c’est, mais cela monte lentement; j’éprouve la résistance et j’entends la rumeur des distances traversées.
Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l’image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu’à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément ; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l’insaisissable tourbillon des couleurs remuées ; mais je ne puis distinguer la forme, lui demander comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m’apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s’agit.
Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être ; qui sait s’il remontera jamais de sa nuit ? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute œuvre important, m’a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d’aujourd’hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine.
Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé; les formes,—et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot—s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.
Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu’on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j’avais revu jusque-là); et avec la maison, la ville, la Place où on m’envoyait avant déjeuner, les rues où j’allais faire des courses depuis le matin jusqu’au soir et par tous les temps, les chemins qu’on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout Combray et ses environs, tout cela que prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.


Marcel Proust - Du côté de chez Swann

Titre: Re : Citations
Posté par: Amor Fati le 07 avril 2019 à 14:53:43
Tout le monde en a entendu parler... en effet ! merci pour cette lecture !!!


Valéry Larbaud, "L'innommable",

Quand je serai mort, quand je serai de nos chère morts (Au moins, me donnerez-vous votre souvenir, passants
Qui m'avez coudoyé si souvent dans vos rues?)
Restera-t-il dans ces poèmes quelques images
De tant de pays, de tant de regards, et de tous ces visages
Entrevus brusquement dans la foule mouvante?
J'ai marché parmi vous, me garant des voitures
Comme vous, et m'arrêtant comme vous aux devantures.
J'ai fait avec mes yeux des compliments aux
Dames;
J'ai marché, joyeux, vers les plaisirs et vers la gloire,
Croyant dans mon cher cœur que c'était arrivé;
J'ai marché dans le troupeau avec délices,
Car nous sommes du troupeau, moi et mes aspirations.
Et si je suis un peu différent, hélas, de vous tous,
C'est parce que je vois,

Ici, au milieu de vous, comme une apparition divine,
Au-devant de laquelle je m'élance pour en être frôlé,
Honnie, méconnue, exilée,
Dix fois mystérieuse,
La
Beauté
Invisible.
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 16 avril 2019 à 01:27:09
Je vous propose aujourd'hui un passage très intéressant de la vie de Camille racontée par Plutarque. Camille fut un général romain confronté au pillage de Rome par les Gaulois. Il y a certaines imprécisions au cours du récit, or Plutarque ne manque de nous alerter sur les dangers de la guerre et d'évoquer l'influence des croyances sur la perception des événements, de parler de la volonté de reconstruire une ville en ruine, ce qui mérite une attention particulière.

La force de Plutarque serait plutôt celle de la narration, il a une capacité à diriger l'attention sur des thèmes d'histoire ; la vie de Camille est une lecture que je vous conseille si vous souhaitez vous questionner sur des sujets d'histoire, mais aussi sur la mémoire antique (à prendre avec une certaine distance ou une lecture mesurée, il s'agit aussi de la pensée d'une époque lointaine).

Et voici pour une présentation de ce long passage en citation :


« [30] C'est ainsi que Rome, après avoir été prise d'une manière si surprenante, fut sauvée d'une manière plus surprenante encore. Elle était restée sept mois entiers au pouvoir des Barbares; ils y étaient entrés peu de jours après les ides de juillet, et ils en furent chassés vers les ides de février. XXXIX. Camille rentra triomphant dans Rome; triomphe bien dû à un général qui avait arraché sa patrie des mains des ennemis, et qui ramenait Rome dans Rome même. En effet, les citoyens qui en étaient sortis avec leurs femmes et leurs enfants y rentraient à la suite du triomphateur; et ceux qui, assiégés dans le Capitole, s'étaient vus sur le point de mourir de faim, allaient au-devant d'eux. Ils s'embrassaient les uns les autres; ils versaient des larmes de joie, et osaient à peine croire à un bonheur si inespéré. Les prêtres des dieux et les ministres des temples, portant les choses sacrées qu'ils avaient ou enterrées avant de prendre la fuite, ou emportées avec eux, offraient aux Romains le spectacle le plus touchant, et qu'ils avaient le plus désiré; ils éprouvaient autant de plaisir que si les dieux eux-mêmes fussent rentrés dans Rome pour la seconde fois. Camille, après avoir offert des sacrifices et purifié la ville, avec les cérémonies dont des hommes versés dans la connaissance des rites religieux lui dictaient les formules, rétablit les anciens temples, et en bâtit un nouveau au dieu Aiüs Locutius, au lieu même où Marcus Céditius avait entendu la nuit cette voix divine qui lui annonçait l'arrivée des Barbares.

[31] Ce ne fut pas sans peine et sans fatigue que l'on retrouva les emplacements des anciens temples; il ne fallut pas moins, pour y parvenir, que la constance de Camille et les recherches laborieuses des prêtres. XL. Mais quand il fut question de rebâtir la ville, qui était entièrement détruite, le découragement s'empara de tous les esprits. Comme les citoyens manquaient de toutes les choses nécessaires pour cette entreprise, ils différaient de jour en jour à commencer l'ouvrage. Après tous les maux qu'ils venaient d'éprouver, sans force et sans moyens, ils avaient bien plus besoin de prendre du repos que de se fatiguer et s'épuiser encore par ce nouveau travail. Ils recommencèrent donc à tourner insensiblement leurs pensées vers la ville de Véies, qui subsistait tout entière et était pourvue de tout en abondance; par là ils fournirent à leurs démagogues, accoutumés à les flatter, une nouvelle occasion de les haranguer, et de tenir contre Camille les propos les plus séditieux. C'était, à les entendre, pour son ambition et pour sa gloire personnelle qu'il leur enviait le séjour d'une ville toute prête à les recevoir, et qu'il les forçait d'habiter les ruines, de relever de vastes monceaux de cendres, afin d'être appelé, non seulement le chef et le général des Romains, mais encore le fondateur de Rome, et d'enlever ce titre à Romulus. Le sénat, qui craignait une sédition, dérogeant à l'usage où avaient été jusqu'alors tous les dictateurs de ne pas rester en charge plus de six mois, s'opposa au désir qu'avait Camille de se démettre de la dictature, et ne voulut pas qu'il la quittât avant la fin de l'année. Cependant les sénateurs travaillaient à adoucir et à consoler les citoyens, à les ramener par la persuasion et par les caresses. Ils leur montraient les monuments et les tombeaux de leurs ancêtres ; ils leur rappelaient ces temples et ces lieux saints que Romulus, que Numa, que tous les autres rois avaient consacrés, et dont ils leur avaient transmis le dépôt. Mais, entre les divers objets de leur culte religieux, ils leur représentaient surtout cette tête humaine qu'on avait trouvée encore toute fraîche en creusant les fondements du Capitole, et qui promettait de la part des destins, à la ville qui serait bâtie dans ce lieu-là, d'être un jour la capitale de toute l'Italie. Ils leur parlaient aussi de ce feu sacré qui, après la guerre, avait été rallumé par les vestales, et qu'ils allaient laisser éteindre une seconde fois, s'ils abandonnaient une ville qu'ils auraient la honte ou de voir habitée par un peuple étranger, ou demeurer déserte et servir de pâturage aux troupeaux. Telles étaient les représentations touchantes qu'ils adressaient au peuple en public et en particulier; mais, de leur côté, ils étaient vivement émus par les gémissements de ce peuple, qui déplorait son indigence, qui les conjurait de ne pas exiger que, dans l'état de dénuement et de pauvreté où l'avait réduit le naufrage dont il venait d'échapper, il relevât les ruines d'une ville détruite, tandis qu'il en avait une autre toute prête à habiter.

[32] XLI. Camille fut d'avis d'assembler de nouveau le sénat : il y parla lui-même longtemps pour l'intérêt de la patrie; et tous les sénateurs qui voulurent parler furent aussi écoutés. Enfin, quand il fallut prendre les avis, il commença par Lucius Lucrétius, qui, en qualité de prince du sénat, le donnait toujours le premier, et il dit aux autres d'opiner après lui chacun à son rang. Il se fit un grand silence; et Lucrétius prenait la parole, lorsque le centurion qui relevait la garde du jour, passant par hasard avec sa troupe devant le lieu du conseil, cria d'une voix forte à son premier enseigne de s'arrêter et de planter là son étendard; que c'était la meilleure place qu'ils pussent choisir. Cette parole, si analogue à la circonstance, à la matière qui était en délibération, et à l'incertitude où étaient tous les esprits, n'eut pas été plutôt prononcée, que Lucrétius, après avoir adoré les dieux, dit qu'il conformait son opinion à l'oracle qu'il venait d'entendre. Tous les autres sénateurs suivirent son avis; et aussitôt il se fit dans le peuple un changement si merveilleux, que, s'exhortant et s'animant les uns les autres à commencer l'ouvrage, sans attendre qu'on marquât les divisions des rues, ni qu'on donnât un ordre d'alignements, chacun se mit à bâtir dans l'endroit qu'il trouva le plus tôt prêt, ou qui lui parut le plus agréable. XLII. On y mit tant d'ardeur et de précipitation, qu'il ne fut gardé aucun ordre dans la distribution des rues et l'assiette des édifices. Aussi dit-on que la ville fut reconstruite dans l'espace d'un an, depuis les murailles jusqu'aux dernières maisons des particuliers. Ceux que Camille avait chargés de chercher, au milieu de ce chaos, les emplacements qu'occupaient les lieux sacrés, et d'en déterminer les bornes, après avoir fait le tour du Palatium et être arrivés à la chapelle de Mars, la trouvèrent, comme toutes les autres, brûlée et détruite par les Barbares. En fouillant et nettoyant la place, ils découvrirent, sous un monceau de cendres, le bâton augural de Romulus. Ce bâton est recourbé par un des bouts, et s'appelle « lituus ». Quand les augures se sont assis pour observer le vol des oiseaux, il leur sert à marquer les régions du ciel. Romulus, fort instruit dans la divination, l'employait à cet usage. Lorsque ce prince eut disparu, les prêtres prirent le « lituus », et le gardèrent religieusement, comme une des choses sacrées qu'il n'était pas permis de toucher. L'ayant retrouvé alors sans qu'il eût été endommagé par le feu qui avait consumé tout le reste, ils en eurent une grande joie, et en conçurent d'heureuses espérances : ils le regardèrent comme un signe qui présageait à Rome une durée éternelle. »

Plutarque, Vie des Hommes illustres, traduction Dominique Ricard (1802) (http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/camille.htm)
Titre: Re : Citations
Posté par: Amor Fati le 02 juin 2019 à 17:28:18
Ce poème est si bon à lire, et si beau.

« Que la vie en vaut la peine », Louis Aragon

C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indifférent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri

Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 12 juin 2019 à 22:01:02
DYLAN THOMAS, 1951


N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit
 

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit,

La vieillesse devrait s’embraser, se déchaîner face au jour qui s’achève ;

Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
 

Même si sur sa fin l’homme sage sait que l’obscurité est méritée,

Parce que ses mots n’ont fendu nul éclair il

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
 

L’homme bon, près de la vague ultime, pleurant

Sur ses frêles exploits dont l’éclat aurait dansé sur une verte baie,

Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
 

L’homme insoumis qui s’empare du soleil en plein vol et le chante,

Apprenant, trop tard, qu’il l’a peiné dans sa course,

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.
 

L’homme grave, qui, agonisant, voit, vision aveuglante

Que l’œil aveugle pourrait flamboyer tel un météore et se réjouir,

Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.
 

Et toi, mon père, là-bas sur ce triste promontoire,

Maudis-moi, bénis-moi maintenant de tes larmes de colère, je t’en supplie.

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit.

Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.

 

Ou, une bien meilleure traduction, d’Alain Suied Dylan Thomas Vision et prière Gallimard COLL. POÉSIE


N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,

Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;

Rager, s’enrager contre la mort de la lumière.

Bien que les hommes sages à leur fin sachent que l’obscur est mérité,

Parce que leurs paroles n’ont fourché nul éclair ils

N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes bons, passée la dernière vague, criant combien clairs

Leurs actes frêles auraient pu danser en un verre baie

Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Les hommes violents qui prient et chantèrent le soleil en plein vol,

Et apprenant, trop tard, qu’ils l’ont affligé dans sa course,

N’entrent pas sans violence dans cette bonne nuit.

Les hommes graves, près de mourir, qui voient de vue aveuglante

Que leurs yeux aveugles pourraient briller comme météores et s’égayer,

Ragent, s’enragent contre la mort de la lumière.

Et toi, mon père, ici sur la triste élévation

Maudis, bénis-moi à présent avec tes larmes violentes, je t’en prie.

N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit.

Rage, enrage contre la mort de la lumière.


Do not go gentle into that good night


Do not go gentle into that good night,

Old age should burn and rave at close of day ;

Rage, rage against the dying of the light.
 

Though wise men at their end know dark is right,

Because their words had forked no lightning they

Do not go gentle into that good night.
 

Good men, the last wave by, crying how bright

Their frail deeds might have danced in a green bay,

Rage, rage against the dying of the light.

Wild men who caught and sang the sun in flight,

And learn, too late, they grieve it on its way,

Do not go gentle into that good night.
 

Grave men, near death, who see with blinding sight

Blind eyes could blaze like meteors and be gay

Rage, rage against the dying of the light.


And you, my father, there on the sad height,

Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray.

Do not go gentle into that good night.

Rage, rage against the dying of the light.

 


https://www.youtube.com/watch?v=maISWZ8Tpsc par John Cale

https://www.youtube.com/watch?v=4eRTkP7LQKc, INTERSTELLAR

Titre: Re : Citations
Posté par: Eveil le 14 juin 2019 à 00:15:27
"On prétend qu'on est moins malheureux quand on ne l'est pas seul ; mais, selon Zoroastre, ce n'est pas par malignité, c'est par besoin. On se sent alors entraîné vers un infortuné comme vers son semblable. La joie d'un homme heureux serait une insulte ; mais deux malheureux sont comme deux arbrisseaux faibles qui, s'appuyant l'un sur l'autre, se fortifient contre l'orage."
Zadig, Voltaire

"mais il n'y a point de hasard : tout est épreuve, ou punition, ou récompense, ou prévoyance."
Titre: Le beau nom grave de tristesse
Posté par: Champdefaye le 06 juillet 2019 à 08:13:15
« Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. C’est un sentiment si complet, si égoïste que j’en ai presque honte alors que la tristesse m’a toujours paru honorable. Je ne la connaissais pas, elle, mais l’ennui, le regret, plus rarement le remords. Aujourd’hui, quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres.

Cet été-là j’avais dix-sept ans et j’étais parfaitement heureuse. Les « autres » étaient mon père et Elsa, sa maîtresse. Il me faut tout de suite expliquer cette situation qui peut paraître fausse. Mon père avait quarante ans (…) »

En ce début d’été, replongez-vous de toute urgence dans ce roman écrit par une jeune fille de dix-sept ans, dans cette tragédie douce et sophistiquée, cette comédie grave et amère, ce style pur et clair, replongez-vous dans « Bonjour tristesse » dont vous venez de relire l’incipit.
Titre: Re : Le style
Posté par: Champdefaye le 12 juillet 2019 à 07:31:46
La première qualité du style, c’est la clarté. (...)
Alcimadas a ce défaut. (...) Il ne se contente pas de dire la “sueur”, il ajoute : l’humide sueur. Il ne dit pas “les jeux de l'Isthme”, mais “la solennité des jeux de l'Isthme”. Dire “les lois” serait trop peu pour lui ; il ajoute : les lois, reines de états. (...) Jamais il ne dira “le chagrin”, mais : le triste chagrin de l'esprit. (...) S’il faut dire : il cacha telle chose sous des branches d’arbres ; il ajoute : sous des branches d’arbres de la forêt.
Aristote
Titre: Re : Citations
Posté par: extasy le 12 juillet 2019 à 11:00:43
Je pensais presque à un contemporain et je vois Aristote !
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 13 juillet 2019 à 08:40:20
En voici deux autres, du même genre. A apprendre par coeur :

L’art n’est pas d’aligner des mots, mais d’en enlever. 

Paul Morand


La règle, c’est qu’il faut laisser refroidir son premier jet, jusqu’à ce que le texte vous en redevienne étranger. On reprend ensuite ses phrases ; on rature, on biffe, on allège, on résume, on essaye de concentrer sa pensée dans le moins de mots possibles. La page est-elle noire, recopiez-là, c’est l’essentiel. Une fois recopiée, elle vous paraîtra tout autre. [...]   Recommencez le même travail.
Antoine Albalat

Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 13 juillet 2019 à 16:29:52
En voici deux autres, du même genre. A apprendre par coeur :

L’art n’est pas d’aligner des mots, mais d’en enlever. 

Paul Morand


La règle, c’est qu’il faut laisser refroidir son premier jet, jusqu’à ce que le texte vous en redevienne étranger. On reprend ensuite ses phrases ; on rature, on biffe, on allège, on résume, on essaye de concentrer sa pensée dans le moins de mots possibles. La page est-elle noire, recopiez-là, c’est l’essentiel. Une fois recopiée, elle vous paraîtra tout autre. [...]   Recommencez le même travail.
Antoine Albalat

Le propos de Morand est tout à fait pertinent, et malgré Hécate,ce sublime chef-d'oeuvre, l'homme m'est insupportable.
Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 13 juillet 2019 à 16:36:27
« Et écrire, ce désir à chaque fois de réparer l’imperceptible accroc ? De recueillir dans un léger tissage des paroles ces figures éparses du devenir et les rendre un instant solidaires. De telle sorte que recouvert, effacé par l’afflux de mots, le monde finirait par venir y renaître, surgissant de ce mouvement même qui d’abord l’a annulé et qui, maintenant, lui offre cette vivacité dont jusque-là il paraissait privé. Oui, écrire ce serait d’abord cela : s’asseoir pour voir se lever le monde dans le jour du langage. Et, d’une voix presque muette — d’un souffle engendré par les mots et qui les porte —, ne cesser de célébrer cette beauté, répétant comme une prière muette cette phrase si simple de Beckett : « Je regarde passer le temps et c’est si beau » ( Un homme assis et qui regarde).

Jacques Ancet, l'un de nos derniers grands poètes français,traducteur de poésie espagnole, notamment de celle de Luis Cernuda.
Titre: Re : Citations
Posté par: Eveil le 20 juillet 2019 à 17:51:24
"Rembrandt n'aimait pas qu'on regardât sa peinture de près. Il repoussait les gens du coude et disait : Un tableau n'est pas fait pour être flairé."
Journal de ce que j'apprends chaque jour, Hugo
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 23 juillet 2019 à 15:05:48
Je crois qu'il est temps pour moi de citer ce magnifique poème d'Apollinaire ; moi qui le gardai si longtemps en mes « citations préférées », lui qui m'accompagne encore aujourd'hui dans mes rêveries, je ne pouvais pas louper une opportunité pareille !

Nuit rhénane

« Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n’entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été

Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire »

Guillaume Apollinaire, Rhénanes, Alcools, 1913
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 23 juillet 2019 à 15:30:00
 Voici les premières lignes de la préface de Bret Easton Ellis pour son dernier livre, "WHITE". J'aurais pu les écrire.

Quelque part au cours de ces dernières années — et je ne peux pas définir quand exactement — une irritation vague, mais presque insurmontable, irrationnelle, a commencé à me démanger, peut-être une douzaine de fois par jour. Cette irritation concernait des choses apparemment mineures, vraiment, bien en dehors de mon domaine de référence, au point que j'étais surpris par le fait d'avoir à respirer à fond pour anéantir cette frustration et ce dégout entièrement provoqués par la stupidité des gens : adultes, connaissances et inconnus sur les réseaux sociaux qui toujours présentaient leurs opinions et leur jugements inconsidérés, leurs préoccupations insensées, avec la certitude inébranlable d'avoir raison. Une attitude toxique semblait émaner de chaque post ou commentaire, ou tweet, qu'elle ait été réellement présente ou pas. (...)

WHITE- Bret Easton Ellis – 2019 – Robert Laffont – 290 pages – 21,50€

(https://monde-ecriture.com/forum/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fwww.leblogdescoutheillas.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2019%2F07%2Fdownload-2.jpg&hash=eb994095d6aee6b0c4921221cdae90928ea4180f)
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 24 juillet 2019 à 14:41:04
Voici les premières lignes de la préface de Bret Easton Ellis pour son dernier livre, "WHITE". J'aurais pu les écrire.

Quelque part au cours de ces dernières années — et je ne peux pas définir quand exactement — une irritation vague, mais presque insurmontable, irrationnelle, a commencé à me démanger, peut-être une douzaine de fois par jour. Cette irritation concernait des choses apparemment mineures, vraiment, bien en dehors de mon domaine de référence, au point que j'étais surpris par le fait d'avoir à respirer à fond pour anéantir cette frustration et ce dégout entièrement provoqués par la stupidité des gens : adultes, connaissances et inconnus sur les réseaux sociaux qui toujours présentaient leurs opinions et leur jugements inconsidérés, leurs préoccupations insensées, avec la certitude inébranlable d'avoir raison. Une attitude toxique semblait émaner de chaque post ou commentaire, ou tweet, qu'elle ait été réellement présente ou pas. (...)

WHITE- Bret Easton Ellis – 2019 – Robert Laffont – 290 pages – 21,50€

(https://monde-ecriture.com/forum/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fwww.leblogdescoutheillas.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2019%2F07%2Fdownload-2.jpg&hash=eb994095d6aee6b0c4921221cdae90928ea4180f)

C'est étrange mais je ne l'ai jamais lu. Plus encore, étrange le fait d'avoir lu bon nombre d'auteurs y faisant référence ( à Ellis), le considérant comme essentiel. Je m'en suis tenu à Hubert Selby Junior jusqu'à présent.
Merci Champdefaye de ton conseil éclairé.
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 09 août 2019 à 20:15:58
Je ne suis pas absolument certain de vouloir vraiment conseiller la lecture de White, suite de chroniques de Bret Easton Ellis sur l'air du temps. Si quelques analyses de l'impact effrayant des réseaux sociaux sur les individus en particulier et sur la société en général sont acérées et intéressantes, l'air du temps dont il parle est le plus souvent celui d'une société si éloignée spacialement et temporellement de celle dans laquelle je vis que j'ai l'impression de lire des chroniques martiennes sans intérêt, pas comme celles de Bradbury.
Par contre, j'ai lu il y a quelques mois "Moins que zéro", premier roman de BEE. Au cours de ma lecture, après l'avoir détesté pendant la première moitié ou même plus, je pense avoir fini par le comprendre et l'apprécier comme une oeuvre aussi originale qu'a été à une autre époque l'Attrape Coeurs. J'en ferai une critique prochainement.
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 20 août 2019 à 21:37:21
Cela fait écho en moi à ce passage de Baudelaire :

« Je désire être ramené vers les dioramas dont la magie brutale et énorme sait m’imposer une utile illusion. Je préfère contempler quelques décors de théâtre, où je trouve artistement exprimés et tragiquement concentrés mes rêves les plus chers : Ces choses, parce qu’elles sont fausses, sont infiniment plus près du vrai ; tandis que la plupart de nos paysagistes sont des menteurs, justement parce qu’ils ont négligé de mentir. » Curiosités esthétiques
Titre: Re : Citations
Posté par: JustinePRR le 20 août 2019 à 21:41:48
Pour ma part ma citation préféré si s'en ai une,  :-¬?

Quand on veut, on peut...  :P

J'ai vu que sur internet c'était de Napoléon Bonaparte mais je n'en suis pas sur.



Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Quaedam le 20 août 2019 à 22:27:13
« Quarante après la mort de François (d’Assise), Jacques de Voragine, dominicain, futur archevêque de Gènes, écrit La Légende dorée – recueil de vies de saints. C’est un livre qui ne ressemble à rien, sinon à un dessin d’enfant. L’enfant qui dessine va droit à l’essentiel. Si la vie est empêchée, on ne met pas de porte à la maison. Si la vie est chantante, on multiplie les fenêtres, les fleurs et les soleils. Il en va de même des miniatures du Moyen Âge où la robe de la châtelaine est plus grande que son château, où l’œil d’un cheval rivalise avec l’ovale d’une lune. Ce n’est pas qu’il y ait une petite enfance de l’art, une misère infantile de la main. C’est que l’on suit une autre perspective que celle, indifférente, géomètre, de la raison. On suit la perspective du cœur qui dessine ce qui n’est pas, pour mieux voir ce qui est. »

Le Très-Bas, Christian Bobin

Oh je ne connaissais pas. J'aime beaucoup la chute de ce paragraphe. Je m'attendais à quelque chose de plus... hum... masturbation intellectuelle que celle-ci, et cela me plait. :D

Ma préférée:
"Le plus grand plaisir qu’il soit après l’amour, c’est d’en parler."
Louise Labé. Je la trouve incroyablement vraie. Que ça soit en tant qu'autrice amatrice ou que personne, être amoureux donne envie d'en parler, de crier sur tous les toits notre sentiment.

Une qui m'a beaucoup touchée en tant que lectrice et autrice:
"Je veux que l'amant, frappé du même trait que moi, reconnaisse, en me lisant, le feu qui le dévore, et qu'après un long étonnement il s'écrie : "Comment ce poète a-t-il connu le secret de mes amours ?"
Ovide (bon, j'avoue, je me souvenais d'une traduction un peu différente... xD)

Je ne pensais pas que les deux seules citations que j'aime et que je retienne de mes études soient sur l'amour. Je suis plus fleur bleue que je ne le pensais xD
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 21 août 2019 à 20:41:45
L'amour a ceci de commun avec le crime : après, que faire du corps ?

Auteur inconnu
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 12 septembre 2019 à 13:54:59
Je souhaitais me renseigner rigoureusement sur la complexité des anciennes langues pour la comparer avec la langue française (afin de me faire une idée de la vérité plutôt que de sombrer dans de terribles préjugés...).

Et j'ai trouvé ce chapitre vraiment frappant : la langue grecque était d'une extrême complexité dans l'Antiquité, c'est tout bonnement édifiant !!

Chapitre issu de La Poétique d'Aristote.



Citer
CHAPITRE XXII: De l’emploi de la glose, de la métaphore de l’ornement, etc.

I. La qualité principale de l'élocution, c'est d'être claire sans être plate.

II. L'élocution la plus claire est celle qui consiste en termes propres, mais qui est terre à terre. La poésie de Cléophon et de Sthénélus en est un exemple.

III. Elle est élevée et s'écarte du style vulgaire lorsqu'elle fait usage de termes étrangers ; or j'appelle "termes  étrangers"  la  glose,  la  métaphore,  l'allongement  et  tout  ce  qui  est  à  côté  du  terme propre.

IV. Maintenant,  si  l'on  employait  de  telles  expressions  indistinctement,  il  y  aurait  énigme  ou barbarisme; énigme, si elles étaient empruntées à des métaphores, barbarisme, si elles l'étaient à des gloses.

V. En effet, une forme de l'énigme, c'est de relier entre elles des choses qui ne peuvent l'être pour énoncer des faits qui existent ; or il n'est pas possible de faire cela par l'alliance des noms, mais il est  permis  de  le  faire  par  métaphore.  Exemple:  « J'ai  vu  un  homme  qui,  au  moyen  du  feu, avait  appliqué  l'airain  sur  la  peau  d'un  autre  homme ; » et  autres  expressions  analogues.  Des gloses peut résulter un barbarisme. Il faut donc les employer dans certaines conditions spéciales.


VI. En effet, la glose, la métaphore, l'ornement et les autres formes précitées ôteront au style la vulgarité et la bassesse ; le terme propre lui donnera de la clarté.

VII. Une  chose  qui  contribuera  grandement  à  la  clarté  et  à  l'élévation  du  style,  ce  sont  les  allongements,  les  apocopes  (coupures)  et  les  altérations  (des  noms);  car  (un  mot),  présenté  comme forme insolite, perdra de sa vulgarité en devenant autre que le terme propre, tandis que 1a clarté d'un terme aura pour cause sa participation à la propriété d'expression.


 VIII. Aussi  c'est  faire  un  reproche  mal  fondé  que  de  critiquer  un  tel  mode  de  langage  et  de  tourner  en  ridicule  le  poète  qui  l'emploie ;  comme  Euclide  l'Ancien  qui  prétendait  qu'il  était  facile  de  faire  de  la  poésie,  du  moment  que  l'on  accordait  aux  poètes  la  faculté  d'allonger  (les  noms) autant qu'ils le veulent et qui les raillait en citant ce vers: Je vis Épicharès marcher sur Marathon... et cet autre: Lui qui n'aurait pas aimé son ellébore... (128).

IX. Il serait ridicule d'employer ce procédé d'une façon quelconque, et la mesure doit être gardée dans  toutes  les  parties; en  effet,  se  servir  des  métaphores,  des  gloses  et  des  autres  formes  sans  observer la convenance, ou s'appliquer à faire rire, ce serait aboutir au même résultat.

X. Pour voir jusqu'à quel point la convenance est observée, il faut considérer la question dans les vers en faisant entrer les noms dans un mètre. Pour la glose, pour la métaphore et pour les autres formes, en y substituant le terme propre, on pourrait reconnaître que nous disons la vérité. Ainsi Euripide  et  Eschyle  mettant  le  même  vers  ïambique,  l'un,  en  changeant  un  seul  nom  et  faisant  une  glose  à  la  place  du  terme  propre  employé  habituellement,  donne  à  ses  vers  une  belle  apparence, tandis que l'autre est tout simple ; car Eschyle, dans son Philoctète, voulant dire : L'ulcère  qui  mange  (¡syÛei)  les  chairs  de  mon  pied,  au  verbe  (¡syÛei)  a  substitué  le  mot  yoin#tai (se repaît). Et encore :
Mais maintenant lui qui est exigu, et sans valeur aucune et sans vigueur, il m'a...

Si l'on voulait substituer les termes propres, on dirait:
Mais maintenant lui qui est petit, débile et laid, il m'a....
ou (au lieu de):
Après avoir déposé à terre un misérable siège,  et une modeste table,
Après avoir déposé à terre un mauvais siège  et une petite table;

 ou cette expression:
 Le rivage mugit,
 au lieu de celle-ci:
Le rivage crie .

XI. Ariphrade, en outre, raillait les auteurs tragiques de ce qu'ils emploient telles façons de parler que personne ne ferait entrer dans la conversation, comme par exemple, dvm‹tvn #po, et non pas Žpò dvm‹tvn (134) ou les formes s¡yen (135), ¤gÆ d¢ nin (136) ƒAxill¡vw p¡ri et non pas perÜ ƒAxill¡vw (137),  ou  d'autres  formes  analogues.  Comme  elles  ne  rentrent  pas  dans  les  termes  propres, elles ôtent au style sa vulgarité, et c'est ce que cet Ariphrade ne voyait pas.

XII. Il  n'est  certes  pas  indifférent  de  faire  un  emploi  convenable  de  chacune  des  formes  précitées,  noms  doubles  et  noms  étrangers  ou  gloses:  mais  le  plus  important,  c'est  d'avoir  un  langage métaphorique; car c'est le seul mérite qu'on ne puisse emprunter à un autre et qui dénote un  esprit  naturellement  bien  doué;  vu  que,  bien  placer  une  métaphore,  c'est  avoir  égard  aux  rapports de ressemblance.

XIII. Parmi  les  noms,  ceux  qui  sont  doubles  conviennent  surtout  aux  dithyrambes,  les  mots  étrangers à la poésie héroïque et les métaphores aux ïambes (138). Dans la poésie héroïque, tous les moyens expliqués plus haut sont applicables. Dans les ïambes, comme on y cherche surtout à imiter  le  langage  ordinaire,  les  noms  les  plus  convenables  sont  ceux  dont  on  fait  usage  dans  le  discours parlé, c'est-à-dire le terme propre, la métaphore et l'ornement.

Poétique, Aristote.       Traduction de Jules  Barthélemy-Saint-Hilaire  (http://www.documentacatholicaomnia.eu/03d/-384_-322,_Aristoteles,_Poetique,_FR.pdf)
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 16 octobre 2019 à 15:30:26
Dans cet extrait de ses Chroniques de La Montagne, Alexandre Vialatte parle de Georges Simenon tout en citant Dubuffet, Verlaine, Chardonne et La Bruyère. L'idée générale est qu'en écriture, le style doit être absent ou invisible. Le conseil qui résume tout vient de La Bruyère qui recommandait ceci : "Pour dire : il pleut, dites donc : il pleut". Et maintenant, prions en coeur pour qu'il soit entendu.

" (...) Il en va de lui (Simenon) comme, en peinture, de Dubuffet, qui dit : "Il faut peindre comme tout le monde", et qui répond, quand on lui objecte qu'il peint justement comme personne ne le fait : "C'est parce que je suis le seul à peindre comme tout le monde." Simenon est le seul à écrire comme tout le monde. Mais, avec sa phrase de tout le monde, il se bâtit un monde à lui, qui ne ressemble à celui de personne. C'est le propre du grand artiste.
(…)
Quant à sa phrase, si elle est neutre, elle n'est pas plate. Elle se méfie simplement de l'éloquence, du pittoresque personnel. "Prend l'éloquence et tord lui son cou", disait Verlaine. "Pas de pittoresque", dit Chardonne. Et Stendhal prenait son modèle dans la froideur du Code civil, qui n'a jamais visé à la littérature. "Pour dire : il pleut, dites donc : il pleut", dit La Bruyère, Simenon se méfie tellement de tout ce qui peut orner, ajouter, ou diéser, qu'il ne veut même pas se relire, de peur de déformer le premier jet, l'intuition ;  au point de laisser subsister les fautes, même dans les choses rééditées. En revanche, il ne tombe jamais dans le lieu commun. Il ne note que du vrai, de l'utile, du nécessaire. En somme, il suit la règle d'or de l'écrivain qui veut faire vrai tout en restant intéressant."

Entre Aristote (voir le post précédent) et La Bruyère, il va falloir faire un choix. Le mien est fait.
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 29 octobre 2019 à 17:37:09
Les livres ne se font pas comme les enfants, mais comme les pyramides, avec un dessein prémédité, et en apportant des grands blocs l’un par-dessus l’autre, à force de reins, de temps et de sueur, et ça ne sert à rien ! Et ça reste dans le désert ! Mais en le dominant prodigieusement. Les chacals pissent en bas et les bourgeois montent dessus, (…)

Gustave Flaubert
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 27 novembre 2019 à 11:41:20
Une des nombreuses confessions de Rousseau qui explique combien il ne pourrait correspondre à une norme lucrative, et combien cela fait partie de sa façon d'être d'écrire au fil de sa pensée. Il a fait le choix de copier des partitions musicales à une époque où l'imprimante à la maison n'existait pas, plutôt que d'écrire des livres grand public.


« J’aurais  pu  me  jeter  tout  à  fait  du  côté  le  plus  lucratif,  et,  au  lieu d’asservir ma plume à la copie, la dévouer entière à des écrits qui, du vol que j’avais pris et que je me sentais en état de soutenir, pouvaient   me   faire   vivre   dans   l’abondance   et   même   dans   l’opulence,  pour  peu  que  j’eusse  voulu  joindre  des  manœuvres  d’auteur   au   soin   de   publier   de   bons   livres.   Mais   je   sentais   qu’écrire  pour  avoir  du  pain  eût  bientôt  étouffé  mon  génie  et  tué  mon  talent,  qui  était  moins  dans  ma  plume  que  dans  mon  cœur,  et né uniquement d’une façon de penser élevée et fière, qui seule pouvait le nourrir. Rien de vigoureux, rien de grand ne peut partir d’une  plume  toute  vénale.  La  nécessité,  l’avidité  peut-être  m’eût  fait faire plus vite que bien. Si le besoin du succès ne m’eût pas plongé  dans  les  cabales  il  m’eût  fait  chercher  à  dire  moins  des  choses utiles et vraies que des choses qui plussent à la multitude, et d’un auteur distingué que je pouvais être, je n’aurais été qu’un barbouilleur  de  papier.  Non,  non  :  j’ai  toujours  senti  que  l’état  d’auteur  n’était,  ne  pouvait  être  illustre  et  respectable  qu’autant qu’il  n’était  pas  un  métier.  Il  est  trop  difficile  de  penser  noblement quand on ne pense que pour vivre. Pour pouvoir, pour oser dire de grandes vérités, il ne faut pas dépendre de son succès. Je jetais mes livres dans le public avec la certitude d’avoir parlé pour le  bien  commun,  sans  aucun  souci  du  reste.  Si  l’ouvrage  était  rebuté, tant pis pour ceux qui n’en voulaient pas profiter : pour moi, je n’avais pas besoin de leur approbation pour vivre. Mon métier pouvait  me  nourrir,  si  mes  livres  ne  se  vendaient  pas  ;  et  voilà  précisément ce qui les faisait vendre. »

Les Confessions, Rousseau – livre IX.


Et pourtant... Rousseau est l'un des principaux initiateurs d'un genre aujourd'hui extrêmement codifié qui est celui de l'autobiographie. Comme quoi les inventeurs d'hier font parfois les grands principes d'aujourd'hui... ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 30 novembre 2019 à 08:29:47

"Il y a Khady,
une femme dont les écrits
et les images qu’elle tourne
ne parviennent pas à sauver du tourment.
Elle qui aimerait tant parvenir à nommer
ce mal qui tournoie dans son esprit.

Il y a tous les autres, des fous croit-on,
chez qui le vertige côtoie si fortement la lucidité
qu’on se demande quel lien obscur relie ces deux états.

Il y a cet hôpital. Thiaroye,
en lisière de Dakar.
Un lieu où la psychiatrie en Afrique s’est écartée
du chemin tracé par la colonisation.

Et il y a la folie qui nous parle,
qu’on écoute attentivement,
qui nous bouleverse, non par compassion
mais parce qu’elle emporte toutes nos certitudes.
Monologues ultimes des âmes blessées
qui ne s’embarrassent d’aucun calcul
et qui s’adressent aux confins de nous-mêmes,
là où le déséquilibre intérieur n’est pas un risque
mais une vérité sourde, enfouie.
Prête à surgir."

Jean-Pierre Krief
(à propos de : Ce qu'il reste de la folie, Joris Lachaise, 2015)

(https://static.cotecine.fr/tb/Photos/1240x610/crop/CE+QU+IL+RESTE+DE+LA+FOLIE+PHOTO3.JPG)
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 30 novembre 2019 à 10:03:10

"Il y a Khady,
une femme dont les écrits
et les images qu’elle tourne
ne parviennent pas à sauver du tourment.
Elle qui aimerait tant parvenir à nommer
ce mal qui tournoie dans son esprit.

Il y a tous les autres, des fous croit-on,
chez qui le vertige côtoie si fortement la lucidité
qu’on se demande quel lien obscur relie ces deux états.

Il y a cet hôpital. Thiaroye,
en lisière de Dakar.
Un lieu où la psychiatrie en Afrique s’est écartée
du chemin tracé par la colonisation.

Et il y a la folie qui nous parle,
qu’on écoute attentivement,
qui nous bouleverse, non par compassion
mais parce qu’elle emporte toutes nos certitudes.
Monologues ultimes des âmes blessées
qui ne s’embarrassent d’aucun calcul
et qui s’adressent aux confins de nous-mêmes,
là où le déséquilibre intérieur n’est pas un risque
mais une vérité sourde, enfouie.
Prête à surgir."

Jean-Pierre Krief
(à propos de : Ce qu'il reste de la folie, Joris Lachaise, 2015)

(https://static.cotecine.fr/tb/Photos/1240x610/crop/CE+QU+IL+RESTE+DE+LA+FOLIE+PHOTO3.JPG)

" Dimanche.
Je marche seul, mon pas est livide, ma respiration approximative.
Les fous sont là-bas, ils sont cloîtrés derrière la muraille.
Au loin, j'entends des cris sourds. Ce grondement me transperce..."


Le fil est si ténu entre folie et désespoir que parfois il me semble ne faire qu'un ou du moins que ces deux termes sont à ce point indissociables, si proches l'un de l'autre. Comment comprendre la folie si l'on n'ose aborder la souffrance ?

« Je ne sais ce qui me possède et me pousse à dire à voix haute, ni pour la pitié, ni pour l'aide, ni comme on avouerait ses fautes, ce qui m'habite et qui m'obsède. »
(Aragon)


L'univers carcéral à l'intérieur de nous-mêmes est la pire des prisons.

 


Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 08 décembre 2019 à 21:57:46
“La beauté sauvera le monde.”
Fiodor Dostoïevski

Plus précisément extrait de L'idiot:
"Est-il vrai, prince, que vous ayez dit une fois que la « beauté » sauverait le monde ? Messieurs, s'écria-t-il en prenant toute la société à témoin, le prince prétend que la beauté sauvera le monde! Et moi, je soutiens que , s'il a des idées si folâtres, c'est qu'il est amoureux. Messieurs, le prince est amoureux ; tantôt, dès qu'il est entré, j'en ai été convaincu. Ne rougissez pas, prince! vous me feriez pitié. Quelle beauté sauvera le monde ?"
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Meilhac le 09 décembre 2019 à 15:39:24
“La beauté sauvera le monde.”
Fiodor Dostoïevski

Plus précisément extrait de L'idiot:
"Est-il vrai, prince, que vous ayez dit une fois que la « beauté » sauverait le monde ? Messieurs, s'écria-t-il en prenant toute la société à témoin, le prince prétend que la beauté sauvera le monde! Et moi, je soutiens que , s'il a des idées si folâtres, c'est qu'il est amoureux. Messieurs, le prince est amoureux ; tantôt, dès qu'il est entré, j'en ai été convaincu. Ne rougissez pas, prince! vous me feriez pitié. Quelle beauté sauvera le monde ?"

ah okaye ! donc dosto a fait dire à un de ses personnages de fiction que la beauté sauverait le monde.

ça m'arrange : cette citation ne me convainc pas du tout.

soit la beauté a sauvé le monde, soit elle sauve le monde, mais si jusqu'à présent elle n'a pas sauvé le monde je ne vois pas pourquoi et comment elle le ferait à l'avenir. bref le futur, dans cette phrase, fait que je ne pourrais pas la reprendre à mon compte ;--)
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 10 décembre 2019 à 15:02:31

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve."

Djalâl ad-Dîn Rûmî
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 10 décembre 2019 à 15:06:07
jolie résonance tous les deux ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 10 décembre 2019 à 16:35:01
Il faudrait scinder ces messages, c'est ultra important (le mec se réveille après 12 ans de forum) d'avoir un fil sur Rumi dans la section Poésie u_u
En évitant les traductions de Coleman Barks et globalement toutes celles qui veulent décontextualiser ses textes de l'islam.
Il est rigolo, Christian Bobin, quand il parle.
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 10 décembre 2019 à 16:53:15
Ce serait intéressant de savoir vers quelles trads il s'est tourné !
Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 10 décembre 2019 à 19:24:20
Citer
Le sens n’est pas du tout le même
C'est certain, elles sont presque contradictoires

Citer
Il faudrait scinder ces messages, c'est ultra important (...) d'avoir un fil sur Rumi dans la section Poésie
Ah oui, bonne idée, je pourrais me charger d'ouvrir carrément un sujet, avec plaisir, si personne avant moi !

Citer
décontextualiser ses textes de l'islam
Quelle idée  :???:
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 10 décembre 2019 à 19:36:26
Oui, quelle idée comme tu dis : / mais c'est ce que fait Coleman Barks dans ses traductions POURRIES et c'est paradoxalement de cette façon que la notoriété de Rumi a explosé aux Etats-Unis ces dernières décennies. En vrai il traduit Rumi comme si Rumi était davantage un coach de développement personnel qu'un docteur de la charia. Et je comprends que plein de gens y trouvent leur compte sauf que... Enfin appropriation culturelle, leçon 1... hahaha
sauf que ses trads font partie des plus faciles à trouver : /
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Meilhac le 10 décembre 2019 à 19:50:00
coucou   :)

Le sens n’est pas du tout le même.

? ah moi je trouve au contraire que c'est exactement la même chose, dite de deux manières différentes



bobin, il est comme moi : il n'a pas internet  :D
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 10 décembre 2019 à 19:59:22
Tu trouves ? je trouve la version de Bobin assez contemplative (pour ne pas dire passive ?), et l'originale de Rumi beaucoup plus acérée, critique. Pour le coup j'ai du mal à voir ce que la version de Bobin apporte : / Enfin j'imagine qu'il ne l'a pas écrite dans le but qu'elle soit comparée à celle de Rumi, j'imagine que dans son texte elle a une dimension particulière.
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Meilhac le 10 décembre 2019 à 20:11:09
j'ai du mal à voir ce que la version de Bobin apporte

ne me lance pas trop sur bobin Lo stp  :)

(je n'aime pas bobin, j'aime dire du mal de bobin, mais la plupart du temps je me retiens parce que sinon je me fâche avec les fans de bobin)
 :mrgreen:

bref sur le fond je maintiens que je trouve que les deux disent à peu près la même chose, mais de manière effectivement beaucoup plus incisive/critique/acérée chez Rumi

en fait tout ce qu'il y a dans la phrase de bobin est dans celle de rumi. mais le plus intéressant dans tout ça je trouve, c'est ce qu'il y a dans la phrase de rumi est qu'il n'y a pas dans celle de bobin. :--)



Titre: Re : Citations
Posté par: Loup-Taciturne le 10 décembre 2019 à 20:16:45
Oui je vois bien le genre. Rumï est un fantasme orientaliste, et comme tout les objet de fantasme, il est réduit à un miroir de soi-même (ici de "l'occidental"). Pourtant si Rumî est poète, c'est avant tout par Amour, où amour = islam. La poésie est un acte d'adoration du Tout Divin.

Enfin, il est vrai qu'on trouve souvent dans la pensée religieuse une sorte de philosophie stoïcienne de la fatalité et de l'acceptation tournés vers le non jugement du mal, l'incitation au bien et sa rétribution. Le développement personnel n'a pas inventé grand chose.

Tant mieux si les gens y trouvent ce qu'ils ont envie, tant pis pour eux de ne pas comprendre Rumî, et riche d'enseignement l'étude de cette appropriation culturelle.

Ce que j'ai ce sont quelques ouvrages traduits pas Eva de Vitray-Meyerovitch (https://fr.wikipedia.org/wiki/Eva_de_Vitray-Meyerovitch), Livre du dedans, Odes Mystiques, Mathnawi, ce qui devrait constituer une bonne base et pousser à remettre le nez dedans !


Citer
Tu trouves ? je trouve la version de Bobin assez contemplative (pour ne pas dire passive ?), et l'originale de Rumi beaucoup plus acérée, critique. Pour le coup j'ai du mal à voir ce que la version de Bobin apporte : / Enfin j'imagine qu'il ne l'a pas écrite dans le but qu'elle soit comparée à celle de Rumi, j'imagine que dans son texte elle a une dimension particulière.

Pour moi Bobin dit que toute la vérité se trouve dans chaque morceau de vérité ou que chaque morceau de vérité contient le ciel (Dieu), alors que Rumî dit plutôt que la vérité est toujours incomplète entre les mains de chacun, mais que le Tout renvoit au divin. Et il insiste sur le comportement des gens à l'égard de la vérité (de manière critique comme dit Lo) en disant que l'homme ne se rend pas vraiment compte qu'il n'a qu'un morceau du miroir, même si c'est déjà ça.

Sans doute la transe mystique permet d’accéder à la vérité sans regarder dans le miroir.

Citer
le plus intéressant dans tout ça je trouve, c'est ce qu'il y a dans la phrase de rumi est qu'il n'y a pas dans celle de bobin. :--)
Assez d'accord
Titre: Re : Citations
Posté par: Gros Lo le 12 décembre 2019 à 08:59:42
"Si le printemps de la vie est ouvert sur le lit d’herbe, parapluie de fleurs dans la tête d’un poulet triste triste." (Hafez)

 :coeur:

C'est Google la traduction. Hihi

(Oui oui, depuis, j'ai trouvé une traduction plus académique de tout le poème (http://ghiasi.org/2009/06/yousef-e-gomgashtehlost-joseph/). Mais pour ce vers, je crois que je préfère Google !)
Titre: Re : Citations
Posté par: Aléa le 26 décembre 2019 à 08:22:24
"Faire une erreur est normal. Faire deux fois la même erreur, c’est de la distraction. Faire trois fois la même erreur, c’est limite inexcusable. Mais faire la même erreur en boucle, c’est quasiment du génie",  le photographe néerlandais Erik Kessels.
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 26 décembre 2019 à 09:01:00
"Faire une erreur est normal. Faire deux fois la même erreur, c’est de la distraction. Faire trois fois la même erreur, c’est limite inexcusable. Mais faire la même erreur en boucle, c’est quasiment du génie",  le photographe néerlandais Erik Kessels.

« Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere » (« L'erreur est humaine, mais persister dans l'erreur par arrogance, c'est diabolique »).

Saint-Augustin.  ;)
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 26 décembre 2019 à 09:08:27
Même un âne ne bute pas deux fois dans la même pierre.
Proverbe slovène
Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 26 décembre 2019 à 09:16:03
« Tourgueniev a toutes les qualités d'un écrivain.Il a le tort de ne pas en avoir les défautsTolstoï

Put...! Il envoie le Léon !!!
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 26 décembre 2019 à 10:19:32
Fontenelle vécut cent ans et demeura célibataire toute sa vie.
Un jour, quelqu’un lui demanda :
-Mais, au cours d’une si  longue existence, n’avez-vous jamais eu envie de vous marier ?
Il répondit:
-Si, le matin.
Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 29 décembre 2019 à 10:50:46
René Daumal

Le Contre-ciel -Clavicules d’un grand jeu poétique


Je suis mort parce que je n’ai pas le désir ;
Je n’ai pas le désir parce que je crois posséder ;
Je crois posséder parce que je n’essaie pas de donner ;
Essayant de donner, je vois que je n’ai rien ;
Voyant que je n’ai rien, j’essaie de me donner ;
Essayant de me donner, je vois que je ne suis rien ;
Voyant que je ne suis rien, j’essaie de devenir ;
Essayant de devenir, je vis.

Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 29 décembre 2019 à 10:56:08
Si tu pleures de joie, ne sèche pas tes larmes : tu les voles à la douleur.
Paul-Jean Toulet

A ce propos, ce poète peu connu, est une mine d'or en citations exquises.

On a dit de la beauté que c'était une promesse de bonheur. On n'a pas dit qu'elle fut tenue.

Le pardon n'est peut-être que la forme raffinée de la vengeance.
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 03 février 2020 à 15:37:40
Bonjour aux visiteuses & visiteurs du fil,


J'ai trouvé dans mes lectures quelque chose qui fait le point sur des discussions que nous avons eues récemment, et il s'avère que Sade aborde à la fois la question de l'éducation, de la violence sur les enfants, de l'intérêt général/particulier et de l'interdit.

Je mets l'extrait en spoiler « explicite », parce qu'il met très clairement un personnage gore en scène qui utilise des références littéraires prétendument intellectualisées pour faire l'apologie du meurtre, de l'infanticide et de la torture (l'un des personnages les plus effroyables du bouquin...). Le contexte : Rodin est chirurgien de renom, et sa science ne lui suffisant pas pour s'épanouir, il prend en charge à son domicile des élèves qu'il torture, faisant l'apologie d'une éducation « au service d'intérêts privés », prétendant disposer des enfants comme de l'objet de son autorité omnipotente.

Trêve de présentations, je vous laisse découvrir comment le personnage de Rodin détourne l'objet littéraire à des fins personnelles cruelles et choquantes.


Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


On voit combien les faits d'histoire servent au personnage pour justifier ses crimes, avec une interprétation de la sagesse humaine étrangement hasardeuse... et cela m'amène à me demander si, lorsque l'étude de notre héritage historique en vient à justifier les pires atrocités, il n'y aurait pas de rupture entre conscience des vérités et abus d'autorité.


Enfin Sade crée des personnages absolument effroyables et redoutables, une lecture qui tord les boyaux. :mrgreen:


À bientôt pour de nouvelles lectures ! ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Marcel Dorcel le 08 février 2020 à 07:58:17
« Si un poète ne fait plus peur, mieux vaut qu’il abandonne le monde. »

Pasolini

Dans Le chaos, recueil de textes littéraires et d'essais parus dès l'été 1968 dans l'hebdomadaire "Tempo" dans lequel l'auteur tenait une rubrique intitulée Le Chaos.

« Je déteste le noble silence. Je déteste également une méchante prose hâtive. Mais mieux vaut une méchante prose hâtive que le silence. »
« La caractéristique principale des astronautes (aussitôt perçue d’après ce premier coup d’œil instantané sur leur image photographique) est celle d’êtres rassurants et un brin vulgaires. En cela aussi, les images astronautiques et les images publicitaires se ressemblent. »
«... des types d’hommes moyens et parfaits, exemples de comment on doit être, inesthétiques mais fonctionnels, dépourvus de fantaisie et de passion, mais impitoyablement pratiques et obéissants

Pasolini démonte crûment la mécanique conjointe du capitalisme alliée de la religion. Il s'installe en homme libre, ni prophète ni démon mais témoin pourfendeur du chaos qui menace et aliène la culture.
Titre: Contrainte et littérature
Posté par: Champdefaye le 23 février 2020 à 08:18:21

Contrainte et littérature

L’art est toujours le résultat d’une contrainte. Croire qu’il s’élève d’autant plus haut qu’il est plus libre, c’est croire que ce qui retient le cerf-volant de monter, c’est sa corde.
André Gide

Une idée ne vaut que par la forme et donner une forme à une vieille idée, c’est tout l’art.
Anatole France

Il y a un danger pour les jeunes gens. Ils trouvent en entrant dans la vie trop d’idées éparses autour d’eux, et leur vanité les porte aisément à croire qu’elles leur appartiennent alors qu’elles appartiennent à leur époque.
Léon Blum

Les verbes être et avoir sont, en français, des ennemis mortels du style concret, car ils ramènent toutes les pensées à des équations. [...] Du reste, ces deux auxiliaires bâtissent toutes les phrases sur le même modèle. Ils encouragent l’inertie de l’esprit ; ils entraînent des pléthores d’adjectifs, des multiples d’adverbes. Il faut les fuir comme la peste. Il faut faire la guerre aux adjectifs et aux adverbes ; ce sont les preuves d’un esprit paresseux ou romantique. Il est rare, du reste, qu’un adjectif ne se puisse remplacer par un verbe.
Jean Dutourd

… (Il faut)supprimer d’un texte tout ce que tout le monde connait déjà par le journal ou le cinéma, ce que tout le monde sait avant de le lire, le composer par conséquent de trous. Ce qui reste, c’est de la dentelle.
Alexandre Vialatte
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 30 mars 2020 à 14:30:43
En ces temps de playa fantasy,


Et pour toutes celles & ceux qui aiment la mythologie, la fantasy, le fantastique, le merveilleux et autres rêvasseries. Je vous conseille de piocher de nouvelles idées dans la poésie d'Apollinaire... Celui-ci a créé quelques magnifiques poèmes mythologiques, je pense notamment à son bestiaire qui est une œuvre des plus imaginatives. ^^

Quelques sélections pour l'occasion :

La Méduse

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Méduses, malheureuses têtes
Aux chevelures violettes
Vous vous plaisez dans les tempêtes,
Et je m'y plais comme vous faites.


Le Poulpe

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Jetant son encre vers les cieux,
Suçant le sang de ce qu'il aime
Et le trouvant délicieux,
Ce monstre inhumain, c'est moi-même.


Les Sirènes

(https://books.openedition.org/pur/docannexe/image/53079/img-1.jpg)

Saché-je d'où provient, Sirènes, votre ennui
Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit ?
Mer, je suis comme toi, plein de voix machinées
Et mes vaisseaux chantants se nomment les années.



Le Dauphin

(https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn%3AANd9GcSRqwAXn_jIk_-ldjB38jVyuXI7EGjzRqN0W6xcC-Q8YKtQr-bm)

Dauphins, vous jouez dans la mer,
Mais le flot est toujours amer.
Parfois, ma joie éclate-t-elle ?
La vie est encore cruelle.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Apollinaire - Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée  (http://www.artyuiop.fr/artyuiop/Apollinaire_le_Bestiaire_files/artyuiop7A-Guillaume_Apollinaire-Le_Bestiaire.pdf)(1911)
Titre: Dernière lettre
Posté par: Champdefaye le 16 mai 2020 à 10:21:30
(https://monde-ecriture.com/forum/proxy.php?request=http%3A%2F%2Fwww.leblogdescoutheillas.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2020%2F05%2Fimages.jpg&hash=9569aed5fccf7900dcaadb118a0e89a52f2f213a)
Lettre du mercredi 30 décembre 1959 d’Albert Camus à Maria Casarès.

Bon. Dernière lettre. Juste pour te dire que j’arrive mardi, par la route, remontant avec les Gallimard lundi (ils passent par ici vendredi). Je te téléphonerai à mon arrivée, mais on pourrait peut-être convenir déjà de dîner ensemble mardi. Disons en principe, pour faire la part des hasards de la route — je te confirmerai le dîner au téléphone.
Je t’envoie déjà une cargaison de tendres vœux, et que la vie rejaillisse en toi pendant toute l’année, te donnant le cher visage que j’aime depuis tant d’années (mais je l’aime soucieux aussi, et de toutes les manières). Je plie ton imperméable dans l’enveloppe et j’y joins tous les soleils du cœur.
A bientôt, ma superbe. Je suis si content à l’idée de te revoir que je ris en t’écrivant. J’ai refermé mes dossiers et ne travaille plus (trop de famille et trop d’amis de la famille !)
Je n’ai donc plus de raison de me priver de ton rire, et de nos soirées, ni de ma patrie. Je t’embrasse, je te serre contre moi jusqu’à mardi, où je recommencerai.
A.

Le 30 décembre 1959, Maria Casarès est à Paris et Albert Camus à Lourmarin. Camus choisit de rentrer à Paris avec son éditeur et dans la matinée du lundi 4 janvier, entre Pont sur Yonne et Montereau, la Facel Vega de Michel Gallimard quitte la route et s’écrase contre un platane. Camus est tué sur le coup. Gallimard meurt quelques jours plus tard. 
Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 09 juin 2020 à 09:58:44
Plutarque raconte l'histoire de la ligue Achéenne dans sa Vie d'Aratos (ou Vie d'Aratus), un récit historique qui se passe au IIIeme siècle avant JC, dans une époque où la Grèce était fréquemment harcelée par les Macédoniens : les Grecs étaient en proie à la dangereuse hégémonie de la Macédoine, menace pour leurs libertés et leur singularité culturelle.

Plutarque expose comment ces communautés diversifiées se sont progressivement constituées en ligue en se rapprochant les unes des autres afin de préserver un certain équilibre ; il assimile cette union à la constitution d'un corps humain.


« Aratus, à sa première sortie, se jeta dans l’Attique, et passa ensuite à Salamine : il mit cette ville au pillage, et se servit des Achéens comme d’un corps de troupes qu’il aurait tiré de prison pour l’employer à tout ce qu’il voulait entreprendre. Mais il renvoya sans rançon les prisonniers athéniens, afin de jeter dans Athènes des semences de révolte contre les Macédoniens. Il attira dans la ligue achéenne le roi Ptolémée, en lui laissant le commandement des troupes de terre et de mer ; et ce trait de politique acquit à Aratus une telle autorité parmi les Achéens que, ne pouvant l’élire chef militaire tous les ans, parce que la loi s’y opposait, ils le nommaient à cette charge de deux années l’une ; mais Aratus, par l’influence que lui donnaient ses actions et ses conseils, était réellement perpétué dans le gouvernement. Car on voyait que ni les richesses, ni la gloire, ni l’amitié des rois, ni l’intérêt de sa propre patrie, en un mot qu’aucun bien n’était à ses yeux préférable à l’accroissement de la ligue achéenne. Il pensait, et non sans raison, que des villes faibles par elles-mêmes, en se liant ensemble par un intérêt commun, se conservent au moyen de cette union réciproque. En effet, de même que les parties du corps humain tirent leur aliment et leur vie de l’union qu’elles ont entre elles, mais, dès qu’elles sont séparées, ne prennent plus de nourriture et finissent par se détruire ; de même aussi tout ce qui rompt la société des villes les conduit à leur dissolution : au lieu qu’elles s’accroissent lorsque, devenues parties d’un corps puissant, elles participent aux avantages d’une sagesse commune. »
Vie d'Aratus, Plutarque (http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/aratuspierron.htm), traduction d'Alexis Pierron.
Titre: Citations
Posté par: Aizenmajnag le 20 février 2021 à 14:45:00
Salut,

je ne sais si un topic existe déjà de ce genre.. Les anciens ont laissés depuis des millénaires des fragments de leurs histoires, de leurs philosophies, de leurs voies. Citons ici les phrases les plus marquantes de leurs auteurs. Je commence :

-----------------------------------------------------------------------------------------------

Lao Zi (concernant un père qui s'inquiète pour son fils qu'il pense fou)
"Si encore il n'y avait qu'un fou par village, qu'un village de fou par région, qu'une région de fou par pays, qu'un pays de fou dans le monde ! Mais c'est le monde entier qui est atteind""

Lao Zi
"Le Sage connaît sa valeur, mais ne s'exhibe pas. Il s'aime, mais ne cherche pas à se faire estimer"

Montesquieu
"Il n'y a de plus cruelles tyrannies que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice"

Nietzche
"J'aime celui dont l'âme se dépense, celui qui ne veut pas qu'on lui dise merci et qui ne restitue point : car il donne toujours et ne veut point se conserver."

Nietzche
"- Peu de gens savent cela, mais il faut avoir toutes les vertus pour bien dormir.
Dix fois il faut te réconcilier avec toi-même; car s'il est amer de se surmonter, celui qui n'est pas réconcilié dort mal.
Dix fois dans la journée il te faut rire et être joyeux: autrement tu seras dérangé la nuit par ton estomac, ce père de l'affliction.
"
"- M'est avis que ce sage est un fou, avec ses milles pensées, mais il s'entend à bien dormir"

ça fait rêver^^

à vous
Titre: Un diner de promo
Posté par: Champdefaye le 06 novembre 2021 à 08:59:04
Il y aura bientôt cinq ans, j’assistai à un dîner qui réunissait les anciens élèves de ma promotion de l’école des  -------. Il s’agissait de la promotion 1966, c’est dire si aucun d’entre nous n’était vraiment neuf.
Quand la salle de restaurant fut pleine de mes congénères, la vision d’une abondance de crânes chauves, de barbes grises et de gilets de laine tricotés-main commença par réjouir mon esprit taquin. Mais elle m’inspira bientôt d’autres sentiments car, ce soir-là, pour la première fois, je réalisai l’âge avancé que nous avions atteint.

L’un des plaisirs sans cesse renouvelé que procure la lecture de Proust, c’est celui de constater que, nous aussi, un jour, nous avons éprouvé le sentiment qu’est en train de décrire le petit Marcel.
Et, le petit Marcel en est conscient. La preuve, voici ce qu’il écrit dans Le Temps retrouvé :

"En réalité, chaque lecteur est quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument optique qu’il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans ce livre, il n’eût peut-être pas vu en soi-même.

Ceci étant dit, si, dans l’extrait qui suit, vous voulez bien remplacer « Les parties blanches de barbe jusque-là entièrement noires » par « l’abondance de crânes chauves, de barbes grises et de gilets de laine tricotés-main », vous aurez l’exact reflet de ce que je ressentis ce soir-là.

"Les parties blanches de barbe jusque-là entièrement noires rendaient mélancolique le paysage humain de cette matinée, comme les premières feuilles jaunes des arbres alors qu’on croyait encore pouvoir compter sur un long été, et qu’avant d’avoir commencé d’en profiter on voit que c’est déjà l’automne. Alors moi qui depuis mon enfance vivais au jour le jour, ayant reçu d’ailleurs de moi-même et des autres une impression définitive, je m’aperçus pour la première fois, d’après les métamorphoses qui s’étaient produites dans tous ces gens, du temps qui avait passé pour eux, ce qui me bouleverse par la révélation qu’il avait passé aussi pour moi. Et indifférente en elle-même, leur vieillesse me désolait en m’avertissant des approches de la mienne."

Le Temps retrouvé
Titre: Restez chez vous - Citations
Posté par: Champdefaye le 31 août 2022 à 07:40:48
Voici pour commencer un court extrait du très léger et tout dernier livre de Philippe Delerm : New York sans New York.

« Il y a eu une époque où pouvoir se targuer d’un périple lointain vous conférait un prestige. Aujourd’hui, même un mot aussi miraculeux que Taj Mahal a perdu son pouvoir poétique. Tout le monde imagine à l’avance ces queues dans les aéroports et ces longs retards humiliants, ces désœuvrements peu gratifiants, ce désir entravé, essoufflé, teint brouillé, posture avachie, tee-shirt de fraîcheur matinale devenu avant même le départ relâché, douteux, uniforme ennuyeux des riches pauvres. »

Si je publie cette chose, ce n’est pas que je la trouve particulièrement réussie sur le plan littéraire, c’est parce qu’elle contribue à me conforter dans mon opinion sur le tourisme et les voyages.
Mais je n’ai pas attendu de lire le New York sans New York de Delerm avant-hier soir pour avoir les voyages touristiques et le tourisme en horreur. Je pense que ça m’est venu très vite, très tôt dans ma désormais longue existence. C’était sans doute une tendance naturelle que n’a pas manqué de renforcer l’expérience acquise au cours des ans et la lecture des grands anciens.

Ah ! les Grands Anciens ! Par exemple, tenez ! Louis-Ferdinand Céline, lapidaire :

Le voyage, un petit vertige pour couillons…

 et Samuel Beckett qui confirme :

 On ne voyage pas pour le plaisir. On est con, mais pas à ce point-là !

 Car il ne peut y avoir de satisfaction véritable dans le tourisme, et Cesare Pavese est bien d’accord :

Tout voyage est une agression. Il vous contraint à faire confiance à des inconnus et à perdre de vue le confort familier du foyer et des amis, on est en perpétuel déséquilibre.

 Bernard Arcand ne nous apprend rien quand il déclare :

Heureux le touriste qui a tout vu avant l’arrivée des touristes !

Évidence, bien sûr ! Mais la conséquence que Sam Ewing en tire c’est que

Les touristes veulent toujours aller là où il n'y en a pas.

 Alors, ils s’adressent aux professionnels de l’industrie du tourisme qui, selon Jean Mostler, se définit comme suit :

Le tourisme est l'industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux.

 En réalité, les touristes ne sont jamais heureux. Frédéric Dard l’a constaté :

Les touristes, leur manière de tout vérifier par rapport aux guides qu'ils trimbalent. Ils n'admirent pas : ils confrontent.

D’ailleurs, en général, le touriste est idiot car,  comme le disait Émile Genest

Un touriste, c'est quelqu'un qui parcourt des milliers de kilomètres pour se faire photographier devant sa voiture.

Et maintenant, selon moi, le narcissisme est à son comble grâce à

la prolongation indispensable de votre bras, la perche à smart phone, la rallonge à iPhone, la tige à Android, le machin à selfies. C’est la géniale invention qui vous permettra de vous prendre vous-même en photo devant n’importe quoi, tandis que vous ferez un sourire béat, enthousiaste ou stupide au petit rectangle magique avec, dans votre dos, le monument que, de toute façon, vous aurez bien le temps de voir chez vous

 En plus, le tourisme, c’est dangereux ; n’oublions jamais le conseil que Jonathan Swift donnait aux autochtones :

A condition de se poster aux bons endroits, le touriste est plus facile à exterminer que la vipère.

 Mais la meilleure illustration de ce que le touriste tire du voyage, c’est encore Baudelaire qui nous la donne :

Dites, qu’avez-vous vu ?


Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;

Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres,

Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
 (...)
Amer savoir, celui que l’on tire du voyage !

Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,

Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Un oasis d’horreur dans un désert d’ennui !

Le prix du pétrole augmente ? Celui des billets d'avion aussi ?

Alors, restez chez vous, sacré bonsoir !
Titre: Re : Citations
Posté par: txuku le 31 août 2022 à 18:01:18
Bponjpour

un foetus grimacant pendait entre ses jambes
Cendrar - Moravagine

 :)
Titre: Re : Citations
Posté par: Kwak' le 31 août 2022 à 18:43:37
Citer
Alors, restez chez vous, sacré bonsoir
!

Je me souviens de tes suites africaines... Je me suis arrête au milieu, tant les reports de voyage littéraires m'insupportent, mais content de constater ce revirement improbable ;)

Cocasse cependant comme l'époque change les impératifs. Il fut un temps où l'on lisait ici grande pompe sur tes pérégrinations.
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 01 septembre 2022 à 10:16:03
Bonjour kwak,
Et merci pour ton commentaire sur mon petit recueil de citations "Restez chez vous"
Mes récits de voyage, ou plutôt celui des anecdotes que j’ai vécues en Afrique ou ailleurs ont été les premiers textes que j’ai écrits. Dans mon esprit, il ne s’agissait pas de décrire un pays exotique quelconque, mais plutôt une minuscule aventure personnelle, survenue souvent à mes dépens, au cours d’un voyage. A part quelques brèves descriptions de lieux touristiques à Rome, ( j’y ai habité) je ne me souviens pas avoir écrit quoi que ce soit à partir d’un voyage touristique. En effet toutes les histoires que j’ai racontées sont arrivées au cours de voyages et de séjours professionnels à l’étranger.
Ce que je n’aime pas, ce que je critique ou ridiculise avec ces quelques citations, c’est le tourisme, pas le voyage. Le tourisme abime les paysages et, plus souvent encore, les villes que j’aime.
J’imagine qu’ici et là, ons’élèvera contre ma position, qu’on la qualifiera d’élitiste, qu’on la dira caractéristique d’un privilégié, qu’on me vantera les bienfaits du tourisme en matière de culture individuelle, d’empathie collective et, allons-y, de paix dans le monde et toute cette sorte de choses…
Et alors ? En disant que je n’aime pas le tourisme, est-ce que je nuis à la culture des autres, à la paix dans le monde ? Soyons sérieux, mes petites opinions n’ont aucune importance, aucune influence et le tourisme progresse à grands pas sans se préoccuper de mes avis. Ça ne m’empêche pas d’aimer en faire part.
Apparemment, tu n’aimes pas les récits de voyage. Moi, ce sont les voyages que je n’aime pas.
Titre: Re : Citations
Posté par: Miléna le 01 septembre 2022 à 10:24:42
Le tourisme de masse est un problème c'est certain. Mais il n'y a pas que le tourisme de masse heureusement
Titre: Re : Citations
Posté par: Dot Quote le 01 septembre 2022 à 10:48:24
Champdefaye :3 ! on n'est pas tousseuls ?!

fiou, chaud, une occas' de ce propos, faut pas que je foire tout par saturation émotionnelle ; j'ai grandi a Annecy, quand la vie était un poil moins méga-chère que now, et touuuute l'année t'as les touristes qui venaient faire les cakes auprès de la nature, la montagne l'hiver le lac l'été, je m'en suis fait un épidermique ressenti que maxime gasteuil a incarné avec sarcasme, quand il mime un parisien confiant au marché de province, 'eh ! les tomates elles ont fait 7k bornes en camion, et l'autre il me dit ? 'tain ça sent le sud ! euha ! le sud' (https://www.facebook.com/watch/?v=3630803840269918)... uè c'est naïf, l'articulation de la civilisation et de la nature ; wè le tourisme, 'm'semble y'a un truc avec la curiosité culturelle, c'est souvent l'argument, tu vas au musée tu apprends à quoi ressemblait le passé du lieu, t'as l'impression c'est méga-utile dans la life, pis voilà, moi l'autre fois sur le bateau restau, même le capitaine nous prenait pour de vrais touristes, au micro il te raconte la légende de l'autre montagne, un conte, c'est un conte y'a rien de sérieux, mais cool, on sait que les deux gens de l'histoire n'ont pas existés, n'ont pas agis les miraculeux récits dont on les affuble, et cool, c'est ça la culture du touriste ! hmm évidemment je me paume dans mon implication, dsl, mais wè, le tourisme, quand j'y songeais avec mes mots, ça disait un truc : 'le tourisme, bien un truc de sédentaire vas...' eh ouais, on est coincés sur une planète politique, les frontières gardent les territoires, on essaye chacun d'en avoir un petit bout, pis comme on a pas fait la soudure entre le besoin de bouger et le besoin de se poser, on voit jusqu'où y'a moyen de péter du câble si on s'évade pas un peu de notre chère existence, y'en a qu'ont du fric ils voyagent gratuit, y'en a ils en ont pas ils voyagent dans leur tête, bon... donc le voyage, oui, pareil que toi Champdefaye, je trouve ça primordial presque, mais le tourisme, quellle plaie

je crois j'suis pareil exagéré que certaines de tes citations, quelle bonne mesure y aurait-il à penser différemment les rapports humains à l'espace ? si jamais on scinde pour une conv', j'essayerais bien de m'y impliquer jusqu'à mes limites, mais ça me plairait d'essayer de poser des mots
Titre: Re : Re : Citations
Posté par: Kwak' le 02 septembre 2022 à 00:14:50
Bonjour kwak,
Et merci pour ton commentaire sur mon petit recueil de citations "Restez chez vous"
Mes récits de voyage, ou plutôt celui des anecdotes que j’ai vécues en Afrique ou ailleurs ont été les premiers textes que j’ai écrits. Dans mon esprit, il ne s’agissait pas de décrire un pays exotique quelconque, mais plutôt une minuscule aventure personnelle, survenue souvent à mes dépens, au cours d’un voyage. A part quelques brèves descriptions de lieux touristiques à Rome, ( j’y ai habité) je ne me souviens pas avoir écrit quoi que ce soit à partir d’un voyage touristique. En effet toutes les histoires que j’ai racontées sont arrivées au cours de voyages et de séjours professionnels à l’étranger.
Ce que je n’aime pas, ce que je critique ou ridiculise avec ces quelques citations, c’est le tourisme, pas le voyage. Le tourisme abime les paysages et, plus souvent encore, les villes que j’aime.
J’imagine qu’ici et là, ons’élèvera contre ma position, qu’on la qualifiera d’élitiste, qu’on la dira caractéristique d’un privilégié, qu’on me vantera les bienfaits du tourisme en matière de culture individuelle, d’empathie collective et, allons-y, de paix dans le monde et toute cette sorte de choses…
Et alors ? En disant que je n’aime pas le tourisme, est-ce que je nuis à la culture des autres, à la paix dans le monde ? Soyons sérieux, mes petites opinions n’ont aucune importance, aucune influence et le tourisme progresse à grands pas sans se préoccuper de mes avis. Ça ne m’empêche pas d’aimer en faire part.
Apparemment, tu n’aimes pas les récits de voyage. Moi, ce sont les voyages que je n’aime pas.
J'me rends compte que j'ai été un peu sec sans m'en rendre compte. Je conspue le voyage de consommation aussi; j'aime bien les trucs à proximité, prendre la route, le vélo, voire la petite voiture avec des potes et partir "d'où on est" pour aller où on peut.

Mais prendre l'avion pour aller voir la taj miyou ou la pyramide de Mékouy ça me fait hurler autant que l'excuse du "c'est pour le travail, tu comprends", c'est ce que je voulais dire. Que ce soit pour du pro, du perso ou quoi que ce soit d'autre, je me vois pas débarquer à Bali pour dire "whaaa c'est joli ici, ça me dépayse, vous vivez  drôlement, mais attention je viens pour une bonne raison, c'est ma société qui a besoin, rien à voir avec moi !".

D'ailleurs en réalité je crois que je conspue encore plus les déplacements professionnels que les déplacements touristiques, bien que les deux soient presque en top-list de ce qui me fait horreur. "Naan mais tu sais, je bosse pour Nestlé, fait bien qu'on fume le monde, c'est pas pour rigoler que je suis là, j'ai une très très bonne raison, je suis un pro (https://youtu.be/BWnwl_AC2ew)..."

C'est d'ailleurs souvent assez paradoxal de voir des gens défendre la consommation locale et de scandale de mondialisation et pratiquer le voyage international professionnel. A mon sens, un voyage, c'est tes pieds, ton vélo, à la limite ton petit moteur perso insignifiant, et feu !

C'est ce que je voulais dire concernant les textes sur les pérégrinations autour du globe, souvent ils m'horripilent parce qu'ils se heurtent à cette contradiction.
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 02 septembre 2022 à 09:32:40
@Milena
Je vois que tu n’as pas peur des mots :
Citer
Le tourisme de masse est un problème
Comme tu y vas ! Ce n’est pas un peu élitiste, ça ?
Tu avais sans doute remarqué que je n’avais pas utilisé ce terme, bien que dans mon dernier commentaire, il transparaisse de partout. Je ne tenais pas à me faire engueuler par les indignés. Tu as pris ce risque. Bravo.

@Dot Quote
J’ai parfois un peu de mal à te suivre dans tes textes et dans tes commentaires, non pas qu’ils soient confus, mais touffus, plutôt. C’est ta langue qui veut ça, précipitée, inventive, célinienne. Mais cette fois-ci, j’ai parfaitement compris que le tourisme, tu n’aimes pas beaucoup non plus. 

Non kwak, tu n’étais pas sec, mais cette fois-ci, tu le deviens.
Et sans raisonni logique. Ta diatribe contre les « voyages d’affaires » est quand même très nourrie d’idées reçues.
En ce qui me concerne, il se trouve que la totalité des grands voyages que j’ai pu faire, je les ai faits en début de carrière, à une époque où je travaillais comme économiste dans les pays en voie de développement dans le cadre de l’aide financière que leur apportaient les Nations Unies.
Mais il n’y pas que la coopération économique ou l’aide humanitaire qui justifient les voyages. Le commerce international et donc les déplacements professionnels sont tout aussi indispensables et en tout cas nécessaires à l’économie du pays d'origine et par voie de conséquence aux impôts qui permettent de payer l’éducation, la santé, et tout le reste. C’est peut-être un peu simple et banal, mais surement pas davantage que ta démonstration.
Entre deux festivals de musique, vas donc avec tes potes  aider les camerounais ou les philippins à construire une route ou un aéroport avec vos petits vélos. Tu m’en diras des nouvelles.
Titre: Re : Citations
Posté par: Kwak' le 02 septembre 2022 à 12:48:59
Je n'ai ni l'envie ni le temps de rentrer dans un tel débat, mais les associations dans lesquelles j'ai officié bénévolement avait des stages formidables sur la notion d'aide et d'apprendre à construire des routes et des aéroports chez les pays "en voie de développement" (je déteste cette expression) qui sont pas forcément très très loin a leurs yeux - et aux miens - d'une forme d'impérialisme. En somme, y'a rien de plus dangereux que l'aidant qui vient "apprendre" auréolé de son "développement accompli" - notion discutable s'il en est.

M'enfin, chacun son opinion, on va pas se prendre la tête pour ça sur un forum sans se connaître mieux. Pardon si je t'ai énervé.
Titre: On ne peut pas lire que du Barbara Cartland
Posté par: Champdefaye le 08 septembre 2022 à 19:08:13
Avez-vous lu les "Chroniques du grand micmac" d'Alexandre Vialatte ? Non ? Faudrait vous décider !
Dans l’une d’entre elle qui s’intitule histoires noires et histoires blanches, Alexandre veut nous inciter à lire le dernier recueil de nouvelles de Jacques Sternberg. Jacques Sternberg fut un auteur belge qui eut son heure de gloire dans la deuxième moitié de ce siècle bizarre que fut le XXème, période où les nouvelles se vendaient encore. Les siennes se situaient dans le domaine de l’humour noir, de la science-fiction, pour tout dire, du bizarre. Aujourd’hui, Sternberg est totalement oublié., Mais si vous tombez un jour sur un de ses recueils, plongez-vous y (plonjévouzi ?) pour y passer un moment agréable, rigolo ou effrayant.
En attendant cet événement improbable, veuillez lire le début de cette chronique d’Alexandre Vialatte qui nous apprend que parfois, il faut abandonner Barbara Cartland.

"On ne peut pas toujours lire l’histoire de Monsieur Dupont qui épousera Mademoiselle Durand à la page 240 après mille péripéties qui ont bien failli nous faire croire le contraire. (Dieu ! Que j’ai frémi pour leur bonheur !) On sait bien qu’elle est fille d’officier supérieur, qu’elle fut chargée de diplômes comme un âne de reliques dans les couvents les plus distingués, qu’elle connaît les sous-préfectures, la superficie de la Pologne et même le pluriel des noms à trait d’union, qu’elle est vertueuse quoique pauvre, et que sa rivale est une chipie qui n’a pour elle que ses gros sous et qui vit toute barbouillée d’huile parce qu’elle mange salement les asperges ; et aussi que le jeune homme, qui n’est pas un idiot, comprendra bien, autour de la page 124, tout l’intérêt qu’il y a à épouser une femme qui peut vous dire n’importe quand sans hésiter le pluriel du mot garde-chasse, plutôt qu’une souillon qui vit dans la tache d’huile jusqu’à la lessive de printemps depuis le début de la saison des primeurs, et n’est en somme qu’un billet de banque graisseux. (Comment pourrait-il hésiter entre un Larousse et un torchon sale ! La vie commande ! Et qu’est-ce qu’une vie sans dictionnaire ? On se le demande. Une aventure manquée.) On sait tout cela ; mais enfin, jusqu’au bout, quand on manque d’habitude, on a peur que les jeunes premiers ne comprennent pas bien ; On imagine des choses horribles, des obstacles insurmontable : par exemple qu’il sache lui-même la superficie de la Pologne, ou qu’il n’ait jamais besoin de sa vie du pluriel du mot « garde-chasse ». Et on frémit voluptueusement et c’est ce qu’on cherche."
(https://www.leblogdescoutheillas.com/wp-content/uploads/2022/07/Harlequin.png)
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 16 octobre 2022 à 17:04:41
Entre juin et octobre 1938, John Steinbeck écrit« Les Raisins de la colère ». Il tient un journal de travail. Voici l’entrée du 18 juin :

9h45
C’est samedi à présent et nous nous sommes levés de bonne heure et je suis prêt à travailler tôt. Je ne vois aucune raison de ne pas faire une pleine journée de travail (2000 mots). C’est un boulot énorme. Ne dois pas penser à son ampleur, mais seulement à la petite image pendant que je trime. Laisser la grande image pour le temps de la planification. Si seulement je pouvais faire ce livre comme il faut, ce serait un des romans vraiment bons et véritablement américain. Mais je suis assailli par ma propre ignorance et mon incapacité. Il faudra juste que je travaille depuis l’arrière-plan de celles-ci. Honnêteté. Si je peux rester honnête, c’est tout ce que je peux attendre de mon pauvre cerveau – ne jamais attiédir un mot en faveur du préjugé du lecteur, mais le tordre comme de la pâte à modeler pour qu’il le comprenne. Si je peux y arriver, ce sera tout ce que mon manque de génie peut accomplir. Parce que personne ne connaît mon absence de facilité comme moi je la connais. Je lutte contre elle tout le temps. Parfois, j’ai l’impression de faire un joli petit boulot, mais quand c’est terminé, le truc glisse dans la médiocrité.
Jours de travail - John Steinbeck

Maintenant, soyez vraiment attentifs car je vais vous livrer une réflexion intéressante qui vous révélera un aspect méconnu de la personnalité du prix Nobel 1962 de littérature :
Les Raisins de la colère compte 640 pages. En format courant, celui du Livre de Poche par exemple, une page contient environ 250 mots. Pour les Raisins de la colère, ça nous fait donc un total de 160 000 mots. Or, nous venons de lire que John Steinbeck considérait comme un énorme travail le fait d’écrire 2000 mots en une seule journée. On peut donc en conclure que s’il avait travaillé vraiment sérieusement chaque jour, Steinbeck aurait pu écrire les Raisins de la colère en 80 jours. Or, nous savons qu’il a mis en fait 5 mois, soit presque le double du temps nécessaire à écrire ce foutu bouquin.
Un peu flemmard, le bonhomme, quand même !

Intéressant, non ?

Titre: Re : Citations
Posté par: Alan Tréard le 21 octobre 2022 à 08:02:22
Moi, j'ai gardé une troublante citation de Plutarque que je me remémore de temps en temps lorsque je découvre les débats qui animent le continent européen, car c'est l'un des seuls auteurs qui parvienne à me faire imaginer les cordons secrets qui relient entre elles nos cultures respectives.

Et c'est une citation tirée du récit de la vie d'Aratus qui raconte comment cet homme hors du commun s'est révolté contre l'occupation macédonienne à la suite de l'affaissement d'Athènes. Son ambition personnelle était de réunir les villes grecques entre elles pour former une union digne de la plus grande admiration.

« XXVIII. Aratus fit entrer dans la ligue achéenne le roi Ptolémée, à qui il laissa le commandement des troupes de terre et de mer ; et ce trait de politique lui acquit une si grande autorité parmi les Achéens, que la loi ne permettant pas de l'élire préteur tous les ans, on le nommait à cette charge de deux années l'une : mais, par l'influence que lui donnaient ses actions et ses conseils, il était réellement perpétué dans le gouvernement. On voyait que ni les richesses, ni la gloire, ni l'amitié des rois, ni l'intérêt de sa propre patrie, rien enfin ne lui était plus cher que l'accroissement de la ligue achéenne. Il pensait avec raison que des villes dont chacune en particulier est trop faible pour se soutenir, en se liant ensemble par un intérêt commun, se conservent par leur union mutuelle. Les parties du corps humain tirent leur aliment et leur vie de la liaison qu'elles ont entre elles : sont-elles séparées, elles ne prennent plus de nourriture, et finissent par se détruire. De même tout ce qui rompt la société des villes les conduit à leur dissolution. Elles s'accroissent au contraire les uns par les autres, lorsque, devenues parties d'un corps puissant, elles participent aux avantages d'une sagesse commune. »

Document de référence (Plutarque, vie des hommes illustres, Aratus (http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/aratus.htm))

Oui, mais comment atteindre une véritable égalité entre les peuples ? Cette pensée n'est-elle pas un mauvais présage à qui l'entendrait comme une sorte d'idéal à atteindre ? Et cela ne risque-t-il pas de réduire les gouvernements à l'unique objectif d'être « l'égal de son voisin », désirant pourtant ardemment le surpasser en toute chose pour le séduire, le vaincre ou seulement lui être utile ?

Et si chercher à atteindre l'égalité entre les peuples nous amenait à devenir craintifs, malheureux, imprudents, en nous amenant à ne jamais oser dire à l'autre combien nous sommes différents ?


Sinon, si cette pensée vous effraie et que vous préférez largement le confort de la République... alors je vous conseille de lire la vie de Caton le Jeune, ou Caton d'Utique (du même Plutarque) dont l'incroyable puissance émotionnelle vous transportera vers ce qu'est vraiment croire en la République, s'y fier telle une sorte de boussole inépuisable.

Tout le monde ne croit pas en la République, c'est sûr, mais Caton, lui, oui, il y croyait, et c'est pour cela que César l'a combattu. :)


La vie est un vertige, autant en profiter ! ^^
Titre: Re : Citations
Posté par: Champdefaye le 02 décembre 2022 à 18:11:15
Les écrivains ? Ne m’intéressent que les gens qui ont un style. S’ils n’ont pas de style, ils ne m’intéressent pas. Des histoires, il y en a plein la rue, n’est-ce pas. J’en vois partout des histoires, plein la rue, plein les commissariats, plein les correctionnelles, plein votre vie… tout le monde a une histoire, mille histoires.

C’est rare un style, monsieur ! Un style, il y en a un, deux, trois par génération.

Il y a des milliers d’écrivains, ce sont des pauvres cafouilleux, ils rampent dans les phrases, ils répètent ce que l’autre a dit, ils choisissent une histoire, prennent une bonne histoire et ils écrivent : « Je vois ça…etc. » Ce n’est pas intéressant.

Il m’est arrivé quelque chose de bien particulier. J’ai cessé d’être écrivain pour devenir un chroniqueur. Alors j’ai mis ma peau sur la table, parce que, n’oubliez pas une chose, la vraie inspiratrice, c’est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien. Il faut payer. Ce qui est fait gratuit, ça sent le gratuit, ça pue le gratuit.

Interview de Louis Ferdinand Céline par Louis Pauwels (extrait)
Titre: Re : Citations
Posté par: Charivari le 02 décembre 2022 à 18:28:16
Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul. (Montaigne)

J'adore cette phrase  ;D
Titre: Cruel épilogue
Posté par: Champdefaye le 18 mars 2023 à 09:31:42
On ne connait jamais vraiment l’âge du narrateur d’À la recherche du temps perdu. Marcel Proust reste toujours très vague sur ce point. On a d’ailleurs des raisons de penser qu’il ne le connait pas lui-même : dans le Temps retrouvé, quand lors d’une soirée chez le Prince de Guermantes le narrateur  découvre les ravages du temps chez tous les personnages qu’il a connus autrefois, une jeune femme lui propose d’aller diner avec elle au restaurant. Il répond : « Si vous ne trouvez pas compromettant de venir diner seule avec un jeune homme... » alors qu’il a vieilli tout comme les autres. (Ceci prouve,  s'il en était besoin, le point que j’ai soulevé à plusieurs reprises à l’occasion de discours tournant autour de la citation de Tolstoï « La plus grande surprise dans la vie d’un homme, c’est de vieillir »)

Pourtant dans ce texte, extrait de ‘’Sur la lecture’’, il est assez clair que Proust est encore le petit Marcel, qu’il a une douzaine d’années peut-être. Il nous parle ici des lieux et des circonstances dans lesquels il lisait lorsqu’il était enfant et des sensations et des plaisirs qu’il en tirait. Plus précisément, dans ce morceau choisi, il évoque la détresse dans laquelle un auteur nous laisse quand nous avons atteint la dernière page. Si vous-même n’avez jamais ressenti cela, c’est que vous n’avez jamais été plus loin dans la littérature que "Les pieds nickelés".

Lisez ce texte magnifique, lisez-le lentement et, que ce soit dans votre salon ou dans votre tête, prononcez chaque mot. Merci.


"(...) Puis la dernière page était lue, le livre était fini. Il fallait arrêter la course éperdue des yeux et de la voix qui suivait sans bruit, s’arrêtant seulement pour reprendre haleine, dans un soupir profond. Alors, afin de donner aux tumultes depuis trop longtemps déchainés en moi pour pouvoir se calmer ainsi d’autres mouvements à diriger, je me levais, je me mettais à marcher le long de mon lit, les yeux encore fixés à quelque point qu’on aurait vainement cherché dans la chambre ou dehors, car il n’était situé qu’à une distance d’âme, une de ses distances qui ne se mesurent pas par mètres et par lieus, comme les autres, et qu’il est d’ailleurs impossible de confondre avec elle quand on regarde les yeux « lointain » de ceux qui pensent « à autre chose ». Alors, quoi ? Ce livre, ce n’était que cela ? Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie, n’osant pas toujours avouer à quel point on les aimait, et même quand nos parents nous trouvaient en train de lire et avaient l’air de sourire de notre émotion, fermant le livre, avec une indifférence affectée ou un ennui feint ; ces gens pour qui on avait haleté et sangloté, on ne les verrait plus jamais, on ne saurait plus rien d’eux. Déjà, depuis quelques pages, l’auteur, dans le cruel « Épilogue », avait eu soin de les « espacer » avec une indifférence incroyable pour qui savait l’intérêt avec lequel il les avait suivi jusque-là pas à pas. L’emploi de chaque heure de leur vie nous avait été narré. Puis subitement : « Vingt ans après ces événements on pouvait rencontrer dans les rues de Fougères un vieillard encore droit, etc. » Et le mariage dont deux volumes avait été employés à nous faire entrevoir la possibilité délicieuse, nous effrayant puis nous réjouissant de chaque obstacle dressé puis aplani, c’est par une phrase incidente d’un personnage secondaire que nous apprenions qu’il avait été célébré, nous ne savions pas au juste quand, dans cette étonnant épilogue écrit, semble-t-il, du haut du ciel, par une personne indifférente à nos passions d’un jour, qui s’était substitué à l’auteur. On aurait tant voulu que le livre continuât, et, si c’était impossible, avoir d’autres renseignements sur tous ces personnages, apprendre maintenant quelque chose de leur vie, employer la nôtre à des choses qui ne fusent pas tout à fait étrangères à l’amour qu’ils nous avaient inspiré et dont l’objet nous faisait tout à coup défaut, ne pas avoir aimé en vain, pour une heure, des êtres qui demain ne seraient plus qu’un nom sur une page oubliée, dans un livre sans rapport avec la vie et sur la valeur duquel nous étions bien mépris puisque son lot ici-bas, nous le comprenions maintenant et nos parents nous l’apprenait au besoin d’une phrase dédaigneuse, n’était nullement, comme nous l’avions cru, de contenir l’univers et la destinée, mais d’occuper une place fort étroite dans la bibliothèque du notaire, entre les fastes sans prestige du Journal de Modes illustré et de la Géographie d’Eure-et-Loire..."

Extrait de « Sur la lecture » - Marcel Proust - 1905