Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

19 Septembre 2025 à 20:21:49
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Seule au monde

Auteur Sujet: Seule au monde  (Lu 5909 fois)

Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
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Seule au monde
« le: 24 Juillet 2017 à 15:03:20 »
Ceci est le début d'un texte que j'ai commencé il y a longtemps et je voudrais me motiver à le terminer. Bonne lecture !


Le blanc immaculé de la pièce est éblouissant sous les puissantes lumières des projecteurs. Les yeux plissés, elle ne distingue qu’avec peine les médecins en blouse blanche, bloc-notes à la main, qui l’observent. Une aiguille est plantée dans chacun de ses bras, des électrodes sont posées sur son front. Elle ne sait pas pourquoi elle est ici, ce que les médecins veulent d’elle.

Elle n’a aucun souvenir de ce qu’elle était avant la clinique. Sa mémoire ne peut remonter qu’à un jour pluvieux où elle s’est réveillée dans une grande pièce aux murs blancs, au mobilier tout aussi blanc. Elle ne portait que des sous-vêtements et il n’y avait rien dans la commode. Elle avait marché dans la pièce, puis avait voulu sortir. Mais la chambre, aussi spacieuse soit-elle, était une cellule. La seule touche de couleur était un petit bouton rouge, sur lequel elle avait appuyé après un instant d’hésitation.

Une dizaine de médecins étaient aussitôt arrivés, le visage couvert d’un masque de papier, l’avaient emmenée dans une salle d’examen et avaient commencé les prélèvements. Deux mois plus tard, ces examens sont devenus son quotidien.

Il n’y a pas d’autre patient dans la clinique ou alors ils n’ont pas le droit de sortir de leur cellule. Elle se promène souvent dans les couloirs de son étage et joue seule sur une vielle borne d’arcade. Toutes les autres portes sont toujours fermées et les ascenseurs ne marchent qu’avec les badges des médecins. Les journées sont aussi monotones que les éternels murs blancs.

Un médecin s’approche d’elle pour lui ôter les électrodes et les aiguilles et un autre la prend par le bras pour la ramener dans sa chambre. Elle se laisse conduire sans un mot. Elle n’est pas sûre de pouvoir encore parler. Une fois seule, elle attrape une blouse blanche et se rhabille. Au début, sa nudité la gênait, sans qu’elle ne comprenne pourquoi, mais l’indifférence des médecins a conditionné la sienne et toute pudeur a disparu.


-On a tes résultats.
Pause.
-Nous pensons avoir trouvé le candidat idéal.
Pause.
-Il présente un taux de compatibilité supérieur à quatre-vingt-dix-neuf pour cent.
Pause.
-Il va venir dans quelques jours, le temps qu’on lui fasse subir d’autres tests. Et puis vous pourrez enfin faire connaissance. Tu es heureuse ?
Pause.
-Je ne sais pas.
Pause. Surprise.
-Comment tu ne sais pas ?
-Qu’est-ce que le bonheur ?
-C’est… Ecoute, as-tu envie qu’il vienne ?
-Je crois. Est-ce qu’il est comme moi ?
-Non, pas vraiment, mais je suis sûr que vous allez bien vous entendre.
-Parce qu’on est compatibles ?
-Exactement.
Pause.
-D’accord.
Pause.
-Le docteur Merrill va te raccompagner.


Elle est allongée sur le matelas fin et dur qu’elle a posé par terre pour ne plus sentir les lattes qui appuient contre son dos. Les bras étendus le long du corps, elle fixe le plafond tout en écoutant le silence. Elle essaie de ressentir quelque chose mais elle se sent comme une coquille vide, tout juste capable de rester immobile pendant qu’on l’examine.

Un médecin entre, dépose un plateau sur le bureau et repart. Elle ne tourne pas la tête.

Elle lève timidement une main et la passe sur son crâne rasé, touchant les fins cheveux qui repoussent. Cela la fait se sentir encore plus vide et elle a envie de se recroqueviller sur elle-même. Elle ne parvient pas à identifier cette émotion soudaine.

Elle enlève une goutte d’eau sur sa joue et se lève pour regarder ce qu’il y a sur le plateau. Elle avale d’abord le liquide rouge et chaud, puis mange les petits ronds verts et le morceau filandreux brun. Pour finir, elle dépose les petites pilules sur sa langue et les fait descendre avec le verre d’eau. Elle regarde le plateau vide et reste ainsi assise, les mains sur les cuisses et le dos droit, jusqu’à ce que le même médecin vienne chercher le plateau.


-Je suis ici pour parler avec toi de ce que tu ressens.
Visage souriant. Yeux inquiets.
-D’accord.
-Est-ce que les examens des médecins te dérangent ?
Regard inquisiteur.
-Non.
-Euh… D’accord. Tu es sûre ?
-Ils le font pour mon bien, non ?
-Oui, évidemment. Sinon…  Aimerais-tu de la compagnie ?
-Comment ça ?
-Etre avec quelqu’un, pouvoir lui parler.
-Je ne sais pas. Peut-être. Est-ce que c’est bien d’avoir de la compagnie ?
Surprise.
-La plupart des gens aiment être entourés.
-Je voudrais bien voir ce que ça fait.
-Très bien… Que fais-tu quand tu ne passes pas des examens ?
-Je dors. Je mange. Je marche. Je regarde le plafond.
Surprise. Silence.
-J’ai une question.
-Vas-y, pose-la.
-Qui étais-je avant d’être ici ?
Pause.
-Je ne peux pas te répondre, je suis désolé.
-D’accord.
-Je n’ai pas d’autre question, je reviendrais sûrement te voir avant que le candidat n’arrive.


Ses baskets couinent sur le lino. Ce bruit la fait sourire. Elle ne supporte plus les longs silences ; elle a l’impression que le monde autour d’elle s’est effacé, ne laissant que ces couloirs blancs et vides.

Elle accélère le pas, appréciant l’effort dans ses jambes. Elle ne tarde cependant pas à s’arrêter, essoufflée et les muscles douloureux. Elle n’a pas couru depuis longtemps. En tournant dans un autre couloir, elle découvre une nouvelle tâche de couleur. C’est un grand rectangle noir et plat, accroché au mur face à un gros fauteuil.

Elle se laisse tomber dans le fauteuil, heureuse de pouvoir soulager ses jambes. Un étrange objet noir avec des boutons colorés est posé sur l’accoudoir. Elle sait que la fille d’avant savait ce que c’était. Mais sa mémoire est envahie par le brouillard alors elle observe longuement l’objet, puis le pointe sur le rectangle et appuie sur tous les boutons, jusqu’à ce qu’une image apparaisse sur le rectangle.

On y voit un paysage, une étendue d’herbe sur laquelle court un animal. Il va vers de hautes montagnes qui se dessinent à l’horizon. Un humain est monté sur l’animal et se penche le long de son cou, semblant l’encourager à aller plus vite. Elle regrette de ne pas pouvoir sentir également le vent dans ses cheveux.
Ils ont encore poussé ces derniers jours.


-Tu connais le nouvel objet dans le couloir ?
-Non.
-C’est une télévision, un moyen de divertissement. De passer le temps, si tu préfères.
-Est-ce que ça montre le vrai monde ?
-Parfois, oui. A la télévision, tu vois des documentaires et des films. Les documentaires montrent la vraie vie en parlant d’un sujet précis. Les films racontent une histoire inventée mais jouée par de vraies personnes.
-Je n’ai vu personne comme moi.
-Tu es quelqu’un d’exceptionnel.
-Par contre, j’ai vu quelqu’un qui volait. Pouvez-vous voler ?
Sourire.
-Certaines histoires sont moins réalistes que d’autres.
-Je trouve ça…
-Dommage ?
-Je crois que c’est le mot. Est-ce normal si je ressens des choses quand je regarde la télévision ?
-Oui, c’est même pour cette raison que tu y as maintenant accès. Tu dois te familiariser avec le monde, même si tu en es coupée depuis deux mois.
-Merci.
-Pourquoi ?
-Pour la télévision.
Sourire.
-Si tu veux parler de ce que tu vois, appuie sur le bouton.


Elle passe maintenant ses journées assise sur le fauteuil. Les médecins ne l’examinent plus et elle en est heureuse. Elle commence à mieux comprendre les émotions humaines et ce qu’elle doit ressentir face à une situation précise. Dans les films, les humains parlent beaucoup de leurs sentiments. C’est étrange.

Elle aime beaucoup également les documentaires, qui montrent de beaux paysages ou des gens qui lui parlent directement, comme s’ils la voyaient. Ils parlent toujours avec émotion de choses qu’elle ne comprend pas. La famine, la pollution, la corruption, la drogue. Ce sont des notions abstraites pour elle, des concepts qu’elle découvre sur l’écran.

Elle sait que le compatible va arriver bientôt ; peut-être aujourd’hui, peut-être demain. Elle attend.

Elle ne sait pas comment il va être mais elle espère qu’il sera « beau », comme les hommes qu’elle voit à la télévision et sur lesquels les autres humains s’extasient. Elle ne sait pas vraiment ce que la beauté est, mais son corps réagit parfois à la vue de certains humains que les autres considèrent comme « beau ». Elle a hâte.


-Il a passé les tests.
-D’accord.
-Ce taux de compatibilité, tant biologique que psychologique, est très rare alors j’espère que ça marchera.
-Que quoi marchera ?
Pause.
-Plus tard. Je veux que tu l’attendes dans ta chambre. Le docteur Abraham va te donner une tenue plus appropriée.
-Comme à la télévision.
Sourire.
-Quelque chose comme ça, oui.


La tenue est trop moulante et dégage le haut de sa poitrine. Elle se sent mal à l’aise et son cœur bat de plus en plus vite dans sa poitrine. Cela lui fait peur. Elle est allongée sur son lit, appréciant la douleur familière causée par les lattes.

Le plafond est toujours du même blanc immaculé mais la lumière vive qui entre par la fenêtre y dessine des ombres virevoltantes. Ses yeux suivent sans qu’elle ne s’en rende compte ces ombres jusqu’à ce que la porte s’ouvre doucement.

Elle se redresse aussitôt et fixe le docteur, qui est suivi par un jeune humain vêtu comme ceux de la télévision. L’homme en blouse blanche la regarde longuement, puis il sort en fermant la porte derrière lui.

L’humain est incontestablement très beau, plus beau même que tous les acteurs qu’elle a pu voir aux cours des derniers jours. Il a un visage très symétrique, des pommettes dessinées, un regard bleu hypnotisant, des fossettes légères et des cheveux bruns décoiffés.

Les mains dans les poches, il semble mal à l’aise et fixe le sol. Elle se lève et se tient face à lui, l’observant sans pudeur. Il finit par lever les yeux vers elle et la regarde comme si elle était un objet rare et précieux. Son cœur bat encore plus vite. Elle s’empêche de poser la main sur le cou de l’inconnu pour mesurer son pouls.

Ils continuent à se regarder pendant de longues minutes. Elle attend qu’il parle comme les humains le font toujours avec elle.


-Salut. Je m’appelle Holden. Et toi ?
Pause.
-Je ne sais pas.
Surprise.
-Euh… Tu n’as pas de nom ?
-Peut-être avant, mais maintenant, je ne sais pas.
-Je peux…
Hésitation. Regard vers le sol.
-Je peux te choisir un prénom ? Ça me semble trop étrange.
-D’accord.
-Tori, ça te va ?
-Je ne connais pas ce prénom.
-C’est le diminutif de Victoria.
-Ce n’est pas un prénom d’humain.
Surprise. Hésitation.
-Mais il te va bien.
-D’accord. Je m’appelle Tori. Contente de te rencontrer.
Soulagement.
-Moi aussi. Tu sais pourquoi nous sommes là ?
-Nous sommes compatibles.
-Pour quoi ?
-Je ne sais pas. Ils ne te l’ont pas dit ?
-Non. Je peux m’asseoir ?
Hochement de tête.
-De quoi sommes-nous censés parler ?
-Euh… Je m’intéresse au sport. Toi aussi ?
-Sport ? Est-ce que ce sont ces émissions où plusieurs humains courent ?
Etonnement.
-Oui. Tu regardes ?
-Parfois. J’ai la télévision maintenant.
-Tu connais le football ? C’est un sport où deux équipes jouent l’une contre l’autre avec un ballon en ne le touchant qu’avec les pieds.
-Je crois. C’est étrange. Quel est le but ?
Hésitation.
-Je ne sais pas vraiment. C’est pour divertir les gens.
-Et ça marche ?
-Oui. Beaucoup de monde va voir les matches ou les regarde à la télé.
-Tu fais du football ?
-Oui, depuis que j’ai 5 ans.
-Tu as quel âge ?
-26 ans.
-Alors 5 ans, c’est jeune, non ?
Surprise.
-Oui, on est encore dépendants de ses parents et on ne va pas encore à l’école.
-Tout le monde a des parents ?
-Pas toi ?
-Je ne sais pas. Je ne les connais pas.
-Tu es coupée du monde, n’est-ce pas ? Tu n’as aucun souvenir ?
-Non. Tu sais quel âge j’ai ?
-Je pense que tu as à peu près le même que moi. Peut-être 23 ou 24 ans.


Un docteur entre et coupe la conversation. Il demande à Holden de le suivre. Elle reste assise sur mon lit sans bouger. Holden est un humain intéressant, loin de l’idée qu’elle se faisait de lui. Il ne ressemble pas aux humains de la télévision. Mais peut-être est-ce parce qu’elle n’est pas non plus comme les autres.

Une vingtaine de minutes plus tard, un autre médecin vient la chercher et l’emmène dans le bureau du directeur. Holden est assis devant son bureau et la regarde, mal à l’aise. Elle s’assoit sur l’autre chaise et fixe le directeur.


-Vous vous entendez bien ?
-Je crois, oui.
-Très bien. Je viens d’expliquer à Holden la raison de sa présence ici. Ce sera à lui de t’expliquer la situation. Tu t’en sens capable ?
-Oui.
-Parfait. Jeune homme, je veux des résultats rapidement. Ne me déçois pas.


Ils sont de retour dans sa chambre. Elle a ramené ses genoux contre sa poitrine pour se protéger du regard gêné d’Holden. Il n’ose pas lui parler et marche d’un pas rapide dans la chambre. Elle a l’impression d’être dans un de ces films où l’humain doit annoncer une mauvaise nouvelle.


-Alors ?
-C’est compliqué.
-Explique.
-Le problème, c’est que tu ne connais rien à la vie.
-Alors apprends-moi.
Pause.
-Le monde que tu as vu au travers de la télévision n’a pas toujours été ainsi. Avant, les gens comme toi étaient mélangés à nous. Mais un virus vous a tous tués, ne laissant que quelques survivantes comme toi. Au fil des années, elles sont mortes. Tu es la dernière.
-C’est pour ça qu’ils m’ont effacé la mémoire ?
-Tes souvenirs étaient dangereux pour toi.
Pause.
-De quelle espèce suis-je la dernière ? Personne ne me l’a jamais dit.
Pause.
-Tu es la dernière femme.
-Femme ?
-Nous en avons effacé toute trace. Ton espèce est presque une légende. Avant, nous étions les deux parties d’une même espèce et la… reproduction de l’espèce se faisait avec un homme et une femme. Maintenant, nous avons dû inventer des procédés permettant à deux hommes d’assurer la continuité de l’espèce.
-Ils veulent faire renaître l’espèce des femmes ?
-Oui. C’est pour ça qu’ils ont choisi quelqu’un qui aurait le maximum de chances de réussir.
-Toi.
Hochement de tête.
-C’était pour ça, les tests ?
-Oui.

Et oui, il y a une suite maintenant !
« Modifié: 26 Janvier 2018 à 16:13:52 par Sophie131 »

Hors ligne MonsieurDuctor

  • Tabellion
  • Messages: 22
Re : Seule au monde
« Réponse #1 le: 24 Juillet 2017 à 16:07:21 »
Salut Sophie131 !

Un texte très intriguant ! Je le dis tout de suite pour que tu saches où je me situe, j'ai hâte de lire la suite ! Et je t'encourage vraiment à continuer.

Le choix narratif que tu as fait est particulier et par moment, je l'admets, je n'étais pas tout à fait sûr d'y adhérer, notamment sur deux points en particuliers : les phrases décrivant les émotions entre chacune des répliques et le tutoiement des médecins.

Je m'explique :) Commençons par le premier point : à mon sens c'est un choix intéressant parce qu'il apporte une touche assez robotique à ton texte, assez dénaturalisé, stérile etc... (tu as compris l'idée  :P) ce qui est très plaisant. En revanche, je suis convaincu que tu pourrais utiliser cela de façon plus subtil, peut-être en accentuant le fait que cela traduit ses pensées à elle et non pas les paroles d'un narrateur externe à l'action (je sais pas si je suis très clair là :D). C'est à dire qu'au fil de ton texte, on ne sent pas assez qu'on est dans les yeux de ton personnage (en soit c'est pas grave et je sens que tu n'as pas voulu nous faire sentir ça mais du coup je trouve que ton choix de termes simples, nets, froids comme "Pause." entre chaque phrase perd vraiment de sa puissance). A débattre évidemment ! :P
Deuxième point: le tutoiement. Alors là franchement j'aimerais ton avis parce que c'est complètement sujet à débat. Si tu veux pour moi le tutoiement apporte un côté assez paternaliste aux médecins, ce qui peut être intéressant, et compte tenu des révélations que tu donnes à la fin, ça se tient tout à fait; en revanche un vouvoiement renforcerait à mon avis le côté froid et distant des médecins, quoique les médecins que tu as décris ne semblent pas affectionner tant que ça la distance émotionnelle (pourquoi ne pas explorer cette option ?).

Voilà voilà n'hésite pas à me dire si je suis pas très clair pour que je précise mes pensées. Quoi qu'il en soit, comme je te l'ai dit, j'ai beaucoup aimé ce texte.

Hâte d'en lire plus ! :)

Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 140
  • Libellule et saltimbanque
Re : Seule au monde
« Réponse #2 le: 24 Juillet 2017 à 16:22:23 »
Salut MD
Contente de savoir que ça t'a plu !

Pour le premier point : j'ai choisi une narration interne, sauf que mon personnage a une conception des émotions très robotique, vu qu'elle ne connait que des médecins et (du coup je fais aussi le deuxième point), même s'ils lui parlent à la deuxième personne, ils la considèrent presque tous comme un sujet d'expérience, pas comme une personne. Les mots au milieu des répliques servent à donner du rythme et à visualiser les réactions, un peu comme des didascalies au théâtre. Donc en un sens, ça pourrait être un narrateur qui parle. Au moment des dialogues, on est plus sur de la narration externe qu'interne (je conçois que ce soit étrange). Le but est justement de renforcer le côté robotique et aseptisé, puisque c'est comme ça qu'elle voit les choses (surtout au début). La narration évoluera sûrement avec le personnage mais pour le moment, donner plus de détails aurait moins d'impact.

Du coup, pour mieux développer le deuxième point, elle n'est qu'un sujet d'expérience, ils n'ont pas de raison de la vouvoyer du coup et le ton paternaliste est dû au fait qu'ils la traitent comme une gamine incapable de comprendre (ce qu'elle est, d'une certaine manière). Il n'y aucune émotion entre les médecins et elle, ils veulent juste réussir leur "expérience".

En espérant avoir répondu à toutes tes interrogations/remarques ;)

Hors ligne MonsieurDuctor

  • Tabellion
  • Messages: 22
Re : Seule au monde
« Réponse #3 le: 24 Juillet 2017 à 17:25:32 »
Yes ! Je comprends bien ton point de vue :)

Au plaisir de lire la suite :)

Hors ligne Agath

  • Plumelette
  • Messages: 8
Re : Seule au monde
« Réponse #4 le: 24 Juillet 2017 à 18:02:00 »
Bonjour Sophie,

Merci pour ce texte qui est très sympa, il se lit tout seul et la fin m’a vraiment surprise.

Je suis assez d'accord avec MonsieurDuctor. Moi je n'avais même pas compris que les "pause" et descriptions des émotions servaient à donner un côté robotique.

Sinon, est ce que le docteur fait exprès de qualifier la femme d'espèce et non pas de genre?

Le personnage « Holden », c’est bizarre qu’il ne sache pas pourquoi il est là, lui doit avoir une vague idée de ce qui l'attend surtout qu’il n’a pas l’air spécialement surpris de voir la dernière femme de la terre.

Sinon bravo! J'attends la suite.



Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 140
  • Libellule et saltimbanque
Re : Seule au monde
« Réponse #5 le: 24 Juillet 2017 à 18:25:57 »
Merci pour ce retour Agath :)

C'est vrai que c'est une narration particulière, mais je ne vois pas comment donner le même rendu tout en étant plus explicite.

C'est un monde "post-apo", où les femmes ont presque complètement disparu et les hommes se "reproduisent" seuls. Donc pour eux, la femme est d'une autre espèce. Et Holden, il est au courant qu'elle existe, comme tout le monde, mais il ne sait pas pourquoi il est là, on lui a simplement dit qu'il pourrait la rencontrer.
Tout ça est à développer dans la suite, je ne peux pas tout donner sachant qu'elle ne connait rien pour le moment :)

Hors ligne Frédéric M

  • Aède
  • Messages: 176
Re : Seule au monde
« Réponse #6 le: 04 Août 2017 à 11:54:01 »
Salut Sophie,

Si le but de ton post est de te motiver à poursuivre ce texte, mon avis perso est que tu devrais !
Tu rends très bien l'atmosphère stérile et froide que c'en est même dérangeant à la lecture. Dérangeant dans la mesure où j'ai ressenti une immersion désagréable, ce qui est plutôt bien pour une histoire post-apo :-)

Tout ça me laisse sur ma faim. J'aimerais savoir ce qu'il se passe ensuite : les éléments que tu amènes dans ce début d'histoire laissent entrevoir d'innombrables possibilités.

Sinon, côté forme, j'ai juste remarqué deux petits trucs :

 "...elle découvre une nouvelle tâche de couleur." -> tache

J'ai aussi repéré un conditionnel à la place d'un futur simple :
"Je n’ai pas d’autre question, je reviendrais sûrement te voir avant que le candidat n’arrive."
Aut Stephen King, aut nihil.

Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 140
  • Libellule et saltimbanque
Re : Seule au monde
« Réponse #7 le: 04 Août 2017 à 12:40:48 »
Salut Frédéric merci pour ton retour :)
Mon vrai problème pour continuer ce texte est que je ne sais pas absolument pas dans quelle direction l'orienter. J'ai l'impression de toujours partir dans une histoire d'amour quand je me lance et jaime pas trop ça..
Pour ce qui est des fautes, je suis adepte des accents circonflexe, même si avec la réforme ce n'est plus d'actualité. Et le conditionnel marche aussi puisque c'est un avenir incertain (c'est comme ça que je vois les choses mais tu m'as mis le doute)
En tout cas merci, j'essaierai de poster une suite avant la fin du mois ;)

Hors ligne voile59

  • Troubadour
  • Messages: 349
Re : Seule au monde
« Réponse #8 le: 04 Août 2017 à 16:26:09 »
Bonjour

Très bon, très intrigant. vivement la suite.
Une chose m'a interpelé.
"Es-tu heureuse" ......... "C'est quoi le bonheur"
Comment peut-elle faire le rapport entre être heureuse et le bonheur dans son monde totalement aseptisé?
N'aurait-elle pas du demander plutôt: C'est quoi être heureuse?
Je ne sais si je suis clair.
Avant de juger l'indien, Chausse ses mocassins

Hors ligne Angelis

  • Tabellion
  • Messages: 52
  • Ermite
Re : Seule au monde
« Réponse #9 le: 04 Août 2017 à 23:44:25 »
Bonsoir,
concernant la forme, j'ai apprécié le style laconique de votre texte, trouvant de bon effet les descriptions concises, la brièveté des dialogues ainsi que les "pause" à répétition.  Tout comme le quotidien de l'héroïne, le langage est aseptisé, dénudé, sans fioriture et répétitif, donc à mon sens vous avez choisi un style qui colle bien à votre trame.
La chute, un peu plate à mon humble avis, pourrait être mieux amenée si vous décidiez de ne pas étoffer plus que cela le texte.

Quant au fond, c'est un scénario à la fois effrayant et intrigant qui mérite d'être travaillé. Comme vous l'avez mentionné, il serait bien de surprendre le lecteur en évitant une histoire d'amour convenue entre les deux jeunes...pour ce faire, les possibilités sont infinies et je m'en remet à votre plume si tant est que vous en ayez la motivation.

Au plaisir de vous lire,
Angelis

Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 140
  • Libellule et saltimbanque
Re : Seule au monde
« Réponse #10 le: 05 Août 2017 à 02:28:17 »
Bonsoir Angelis, merci de votre lecture et de toutes ces remarques positives.
Concernant la chute, je ne vois pas trop comment mieux l'amener. En plus ce n'est pas vraiment une chute (dans ce texte peut-être mais dans l'ensemble c'est juste l'enjeu de l'histoire), je le vois plus comme une révélation.
Pour ce qui est de la suite, j'ai déjà trouvé une idée, qui n'est pas une histoire d'amour et qui devrait permettre d'étendre l'univers.

Hors ligne kokox

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 499
Re : Seule au monde
« Réponse #11 le: 05 Août 2017 à 09:21:36 »
Bonjour Sophie131,

Écrire un tel récit à 18 ans, aussi structuré, évolutif et envoûtant, chapeau bas ! C'est un vieux briscard de 55 balais, ex scénariste, qui te le dit. Je ne reviendrais pas sur les détails perfectibles et petites maladresses de-ci de-là, mais je te félicite avant tout pour ton sens de la narration, de l'intrigue et du suspense. Tu sais tenir un lecteur, le happer, le mener par le bout du nez sans qu'il ne se pose trop de questions, ce qui est un qualité rare pour ton jeune âge, à cet âge où l'apprenti écrivain où se répand plutôt en introspection plus ou moins habile, en billet d'humeur et autres tentatives poétiques. Il pourrait y avoir, j'ose l'espérer, du Philip K.Dick en toi, voire du Stephen King, si tu persistes et tiens ton rang dans cette voie. Ne te prends surtout pas le melon, écrire, bien écrire, faire rêver, faire tressaillir, faire rire et émouvoir demande d'avoir de solides godasses, comme est long, caillouteux et empli de bénéfiques embûches le chemin. Écris, écris, écris, sans te juger. Ponds comme une honnête poule pondeuse ton oeuf chaque matin. Et tu verras comme tu seras heureuse et rendras heureux les gens.

Bien à toi !

Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
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  • Libellule et saltimbanque
Re : Seule au monde
« Réponse #12 le: 05 Août 2017 à 13:20:35 »
Waw merci kokox !
J'étais plutôt fière de ce texte mais je ne m'attendais pas à une telle réaction
J'avais écrit ce texte sur un coup de tête, avec juste une idée en tête et sans trop savoir où j'allais et c'est vrai que le résultat était très réussi (sans me vanter, je ne m'attendais pas à ça). Le plus dur maintenant va être de continuer sur cette voie et d'écrire quelque chose à la hauteur des compliments que j'ai reçus d'ici là :)
Pour ce qui est de la productivité, je n'en suis pas à mon coup d'essai, ça fait déjà 9 ans que j'écris et je dirais que je commence enfin à écrire des choses qui valent la peine d'être lues.
Encore une fois merci et j'arrête de raconter ma vie

Hors ligne Champdefaye

  • Calame Supersonique
  • Messages: 2 472
  • L'éléphant est irréfutable
    • Le Journal des Coutheillas
Re : Seule au monde
« Réponse #13 le: 05 Août 2017 à 18:59:39 »
Moi aussi, je voudrais faire partie de ce club des découvreurs de Sophie131, mais je n'ai pas grand-chose à ajouter aux commentaires précédents. En général, je ne raffole pas des histoires post apocalyptiques. Ce genre a été très en vogue ici, il le semble un peu moins à présent. Je n'en raffole pas car il produit souvent de lourdes paraboles, des contes plein d'une symbolique obscure, ou des histoires mystiques et néo-médiévale à dormir debout. Ce n'est pas le cas ici, et le thème est prometteur. Robert Merle avait traité dans "Les hommes protégés" celui de la disparition des hommes (par opposition aux femmes). On verra avec plaisir comment tu vas traiter le thème symétrique.
Le style est sobre, sans lyrisme, sans pathos, avec le minimum d'adverbes et d'adjectifs, et ça, ça me plait. Bien sur et presque jusqu'à la fin, j'ai pensé à un robot, et je crois que c'était l'effet recherché. Bravo.
Une question : "Elle reste assise sur mon lit sans bouger". Est-ce une vraie coquille ou un oubli lors d'un passage de la narration du JE au ELLE ?


Hors ligne Sophie131

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 140
  • Libellule et saltimbanque
Re : Seule au monde
« Réponse #14 le: 05 Août 2017 à 19:12:46 »
Merci Champdefaye
Je pense que la différence avec les autres textes post apo vient du fait qu'il n'a pas été écrit comme tel et que je ne cherche pas à dénoncer quoi que ce soit, simplement à raconter une histoire.
Le côté robot était voulu même si je n'avais pas pensé qu'on puisse la prendre pour telle. Mais si ça rend la "fin" plus surprenante tant mieux.
Et c'est effectivement une coquille, merci de l'avoir remarqué

 


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