[Le poète rustique]

Bonsoir ! (c'est la nuit certes, mais mon cerveau est bien agité ce soir )


J'ai regardé vite fait, mais il ne semble pas avoir vu cette question posée précédemment.

La question est : quelle(s) œuvre(s) (littéraire) a/ont marqué votre parcours d'auteur/lecteur ?

Pas l'œuvre qui  a changé votre vie (ça peut aussi), mais plutôt quelque chose que vous avez lu, et qui après a changé votre rapport à l'écriture, votre manière d'écrire, ou sur votre manière d'aborder vos lectures...

(j'espère tellement que c'est clair)

Je commence : il y a une série de livres qui m'a énormément marqué il y a quatre ans : c'est la série du Porteur de mort d'Angel Arekin. C'est un univers de fantasy imprégné par le Japon féodal, dans lequel le personnage principal, Seïs, était un personnage vraiment dérangeant, au sens où je n'ai jamais su, tout au long de ma lecture, si je devais le haïr ou l'apprécier. Il était plein d'excès en tout genre, de colère, et en même temps héroïque en un sens, un battant. L'expression qui clignote dans ma tête à cet instant, c'est que c'était un "héros sale". Et cette ambivalence se retrouve dans tout le livre, avec ce personnage principal et plein d'autres. C'est un livre qui m'a remué (aussi notamment parce qu'il était sombre et plein de rebondissements perturbants), et qui a cassé le côté très manichéen qui pouvait encore  m'imprégner à 16 ans. Cela m'a marqué, et cela se ressent quand j'écris (je fais toujours attention à l'aspect bien/mal, à ce que ça ne soit pas trop tranché, ça m'a aussi poussé à écrire là-dessus pour me sentir plus à l'aise sur ce sujet, c'est l'une de mes sources d'inspiration pour l'écrit long sur lequel je travaille). Lorsque je lis, j'ai toujours cet "étalon de mesure" qu'est Seïs pour juger/comparer les personnages. Ce sont, en somme, des livres qui ont profondément affecté ma manière de penser au Bien et au Mal dans mes lectures et écritures (et aussi en dehors, mais ce n'est pas le sujet de la question et ça m'emmènerai trop loin et faut que je dooooorme).


Voilà voilà,
Au plaisir de lire vos réponses 

[Marcel Dorcel]

Crime et châtiment.

C'est clair, net et précis.

Et Tropique du capricorne d'henry Miller.

Et puis Gainsbourg. L'homme à tête de chou.
Sade, longtemps après. Les 120 journées de Sodome.

Faulkner, le bruit et la fureur .
Et Joyce , Finnegan's wake .

Mais le dernier mot restera à Dosto.

Merci Fédor.

[Le poète rustique]

Coucou Marcel !

Pourquoi Crime et châtiment ?

[Marcel Dorcel]

J'ai oublié Kafka.

Pourquoi Crime et châtiment.

Parce qu'il tue la vieille usurière et qu'il fait une oeuvre de charité.
Et parce qu'il est amoureux de Sonia.
Sonia, c'est la rédemptrice.

Ce n'est pas, peut-être pas son meilleur roman, il m'en manque quelques-uns ( pas beaucoup) mais c'est qui m'a fait entrer en littérature.

L'assassin et la prostituée.
Unis comme un malheur , descendants de Dieu, lui-même.

Tu portes une croix? demanda-t-elle soudain d’une façon inattendue, comme si, soudain, elle s’en souvenait. Au début, il ne comprit pas la question. – Non, hein, non? Tiens, prends celle-là (…) Prends, c’est la mienne! La mienne! suppliait-elle. On va aller souffrir ensemble, ensemble on va porter la croix! (…) – Pas maintenant, Sonia. Plus tard, c’est mieux, ajouta-t-il pour l’apaiser. – Oui, oui, c’est mieux, c’est mieux, reprit-elle avec passion, quand tu iras recevoir la souffrance, là, tu pourras la mettre. Tu viendras me voir, je te la mettrai, on va prier, et puis, on va y aller» (II, 257).

Je ne l'ai lu que deux fois et ne veux plus le lire. Si je le lis une nouvelle fois, je vais lui trouver des défauts.

[Cendres]

L'œuvre qui m'a le plus marqué...

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

[Alan Tréard]

Bonjour le poète rustique,


Voici les œuvres qui m'ont marqué durant ma vie :

Jacques le fataliste et son maître de Diderot, quand j'étais jeune, par sa virtuosité et son humour qui ont vraiment déclenché chez moi un désir de littérature.

Les Vies parallèles de Plutarque, plus tard, qui m'ont entraîné dans une profonde réflexion sur l'Antiquité et sur la vie des hommes illustres.

L’Iliade d'Homère, tout récemment, qui m'a complètement retourné et entraîné à voir la narration autrement.

[Le poète rustique]

J'adore lire vos réponses !!! Je trouve ça trop intéressant !

Marcel, j'avoue que ta réponse sonne un peu comme une énigme pour moi 
Alan, qu'est ce que l'Iliade t'as amené à changer ta perception de la narration ?


(je n'ai lu aucun des livres dont vous parlez, inculte que je suis )

Pour Cendres :

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

[Alan Tréard]

Bonjour le poète rustique,

Alan, qu'est ce que l'Iliade t'as amené à changer ta perception de la narration ?

Ça m'a permis de faire le point sur comment narrer un récit. Il y a tous les éléments de la mythologie qui s'entremêlent au quotidien des mortels dans leurs prises de décisions et leurs combats. Il y a de superbes métaphores qui permettent de palier à ce que l'imagination ne peut faire toute seule avec pour seuls éléments les faits. Il y a des listes entières de personnages différents, avec des noms en pagaille et une volonté de trouver des repères parmi la foule des combattants. Certains héros se démarquent du reste en faisant des exploits extraordinaires.

Je dirais que la narration de l'Iliade est comme un navire en pleine tempête qui dériverait au gré des vagues et des vents. À chaque fois que l'on croit quelque chose acquis, on est obligé de se raccrocher aux bastingages afin de ne pas passer par-dessus bord.


En espérant avoir répondu à ta question. 

[Le poète rustique]

Re Alan !

Certains héros se démarquent du reste en faisant des exploits extraordinaires.

Cela doit être difficile de faire ressortir certains personnages en pleine tempête de noms 

Je dirais que la narration de l'Iliade est comme un navire en pleine tempête qui dériverait au gré des vagues et des vents. À chaque fois que l'on croit quelque chose acquis, on est obligé de se raccrocher aux bastingages afin de ne pas passer par-dessus bord.

Hmmmm. Ca va un peu à l'encontre de l'idée commune que la narration doit être quelque chose de fluide (où est-ce moi seul qui croit cela ?). Parce que personne ne s'embarquerait sur un bateau en pleine tempête, enfin je crois.

[Cendres]

(...)
Pour Cendres :

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

Je vais répondre plus sérieusement. J'ai lut plusieurs livres qui m'ont marqué, mais pour rester sur le thème du salon, je vais citer un que j'ai présenté, "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée"
Voici mon commentaire.
https://monde-ecriture.com/forum/index.php?topic=39718.msg621876#msg621876

D'ailleurs, tu verras dans cette section beaucoup de personne commenter des livres et donnant leur avis.
https://monde-ecriture.com/forum/index.php?board=9.0

[Le poète rustique]

En fait, ma question n'est pas tant "quelle est votre livre préférée" ou "quelle œuvre vous a le plus marqué", mais plutôt "quelle œuvre a marqué votre parcours littéraire ?". Cela peut coïncider, mais c'est vraiment une question axée sur le rapport à l'écriture, et en quoi certains livres ont joué là-dessus.

Perso, parmi mes livres préférés, il y aura toujours les livres de Sapkowski (The Witcher), mais ce ne sont pas des livres qui ont marqué mon rapport à l'écriture, du moins pas autant que Le porteur de Mort.

Mais je te remercie pour les liens vers cette section, que je n'ai pas encore arpentée !

[Luna Psylle]

Salut,

J'y réfléchis depuis un moment, à la bonne réponse, mais en fait : aucun.

Comme tout le monde, j'ai les livres que j'ai adoré lire sans chercher à y revenir (au pif, Orgueil et Préjugés ou Vingt mille lieues sous les mers), ceux qui ont enrichi mon imaginaire (La Marque de la Bête et la série Percheron, entre mille autres), ceux qui ont marqué mon parcours de lectrice (Le professeur de musique pour le plus important ; Chien bleu ! j'allais oublier Chien bleu !), et celui que je relis (le seul que je relis vraiment, du début à sa fin) dans l'espoir que la fin change un jour (La Marque de la Bête). Et je ne parle que des livres, mais, en vrai de vrai, les films, les albums de musique, et tous ces arts croisés, c'est un peu tout ça qui enrichi l'univers dans lequel je gravite. Mais marqué ma plume... bah aucun, je crois. Peut-être parce que ma plume est ce qu'elle est, et évolue plus en fonction de mes étapes de vie que de mes œuvres lues (ou vues ou écoutées ou autre).

Tiens, à écrire, relire, question pertinente pour moi : est-ce que ce n'est pas plutôt la musique qui marque ma plume ? Sur les tic-tacs (projets très courts, donc), ça se ressent un peu, un rythme donné par une mélodie, le silence pouvant se montrer meurtrier (je me souviens de ce tic-tac où j'ai dû écrire sans musique ) ...

Une bonne journée à tous

[Alan Tréard]

Bonjour le poète rustique,

Hmmmm. Ca va un peu à l'encontre de l'idée commune que la narration doit être quelque chose de fluide (où est-ce moi seul qui croit cela ?). Parce que personne ne s'embarquerait sur un bateau en pleine tempête, enfin je crois.

Oh ! C'est juste une métaphore pour expliquer combien les certitudes sont chamboulées tout au long du récit.

Pour moi, une narration épique, elle fait appel à un effort car c'est une épreuve en soi. Il ne s'agit pas d'un cheminement langoureux sans ambages. C'est plutôt un rythme effréné aux multiples virages qui demande une certaine concentration à la lecture.

Quand c'est trop facile, on s'ennuie vite !


En espérant avoir répondu à ta question.

[Aponiwa]

Hello,

S'il y a bien une œuvre qui m'ait retourné le bide, c'est 1984 de George Orwell. Je l'ai lu en tant que jeune adulte militante et pleine de convictions positives (oui, on peut changer le monde) et j'en ai pris plein la tronche.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

Bref, un chef d'oeuvre. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous envie car vous avez la chance de le découvrir.

[Marcel Dorcel]

Il suffit de lire mon sujet sur la " novlangue ".  LTI, la langue des nazis

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

A la suite de 1984, d'Orwell, le terme " Novlangue", apparaît. C'est une langue de domination.

La langue, quand elle s'appauvrit, ne devient plus rien.
Le français est une langue pauvre, je veux dire qu'en rapport à l'anglais, langue riche, nous sommes pauvres.

Nous nous appauvrissons. Je m'en tape car je suis vieux mais je m'en rends compte chaque jour, la langue est un instrument de domination du monde.
Nombre de séries Netflix nous montrent que ce n'est pas le sexe, l'argent, l'amour mais la façon dont nous nous exprimons (même privés de langage, sourds-muets par exemple).

Bien à toi.