Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

09 Octobre 2025 à 18:05:49
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation

Auteur Sujet: Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation  (Lu 865 fois)

Hors ligne HELLIAN

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 117
Le texte suivant, sous forme de dialogue,  est extrait d'une longue série dédiée au monde de la justice. Plus précisément, il s'agit de scènes, de fragments, extrait d'un exercice professionnel que je pratique de longue date. Comme il se dit à la telloche, toute ressemblance avec une histoire vécue dans la vraie vie ne serait que pure coïncidence… quoi que.  Le héros qui, quant à lui, ne met pas totalement étranger, répond au nom un tantinet ridicule de « Barnabé », patronyme qu'il arbore non sans fierté.



Médiation


La scène se passe dans une pièce nue, juste meublée d’une longue table. À chaque bout, assis, un homme et une femme. Au milieu, une chaise vide. Silence pesant. Jeu de regards entre les personnages.

La femme – je…je..   

L’homme – moi non plus

La femme – l’heure...t’as-vu l’heure ?

L’homme – il est en retard.

La femme – pour une fois que ce n’est pas toi !

L’homme – connasse !

La femme – Merci ! j’ai rien demandé, moi.

L’homme – Ni moi !, c’est le juge.

La femme – alors, on fait quoi ?

L’homme
– je sais pas toi, mais moi, je me tire.

La femme – courageux, hein, comme d’habitude. Pauvre con !

L’homme – salope !

La femme – ordure !

L’homme – vieille peau !

La femme – impuissant !

(À ces mots, l’homme se lève assez violemment et avance vers la femme)

L’homme – mais je vais te la démonter cette pétasse

(À ce moment précis, la porte s’ouvre et apparaît Maître Barnabé)

Barnabé – quelque chose me dit que j’arrive au bon moment.

L’homme – c’est quoi, cette connerie de médiation là ?

La femme –  vous êtes témoin ! Si vous n’étiez pas arrivé, il me tapait dessus.

L’homme – mais pas du tout ! C’est elle qui m’a provoqué.

Barnabé – holà, holà. On se calme. Je me présente, maître Barnabé, avocat et accessoirement médiateur. Ensuite, je ne suis témoin de rien du tout. Vous êtes Monsieur et Madame Carmouze, n’est-ce pas ?

La femme
– pardon, je suis Madame Shalimar, Carmouze, c’est son blase et je lui laisse.

L’homme – ça n’est pas que tu me le laisses. La vérité c’est que je t’interdis de porter mon nom, tu m’entends, je te l’interdis.

Barnabé – attendez, attendez. Vous n’êtes pas encore divorcés tous les deux si je ne me trompe.

L’homme – on est passé devant le juge, quand même.

Barnabé – oui, mais bon, le jugement de divorce n’a pas encore été prononcé.

La femme – non.

Barnabé – alors, Carmouze, c’est toujours votre nom d’usage, votre nom d’épouse.

La femme –pas pour longtemps.

Barnabé – eh bien, justement, il faut qu’on parle de tout cela. votre nom, les enfants et plein de choses. C’est pour ça que j’ai été nommé médiateur dans votre affaire, pour qu’on règle ensemble tous ces problèmes enfin, si c’est possible.

La femme – moi, je veux bien essayer de m’arranger, mais c’est l’autre-là qui veut pas.

Barnabé
– je suis désolé, on ne peut envisager une médiation que si les deux parties sont demandeuses. La loi est formelle. Monsieur Carmouze, pourquoi êtes-vous là si vous n’êtes pas demandeur à la médiation ?

L’homme – c’est le juge. Alors moi, j’ai pas osé dire non.

Barnabé – écoutez, moi je ne force personne. si vous avez l’impression qu’on vous tord le bras on arrête tout de suite.

L’homme – OK., C’est bien ce que je disais salut, je me tire.

La femme – regardez-moi ce lâche ! Comme toujours, il fuit. Pas foutu d’assumer ses responsabilités, de prendre sa vie en main. Mais vas- y, vas -y, fous le camp, pauvre mec !

e (il fait volte-face et s’assoit à sa place initiale) – Allez, on y va… (Il sort son carnet de chèques) combien ?

Barnabé – combien quoi ?

L’homme – la pension, combien ? Vous êtes avocat, non ? Alors, vous savez combien ça fait, pour deux enfants.

Barnabé – vous allez un peu vite en besogne, Monsieur Carmouze. Peut-être conviendrait-il auparavant d’évoquer la question de la résidence des enfants.

La femme – tout a toujours été ramené à une question de   fric avec lui.

L’homme – c’est pour ça que tu m’as épousé, non ? Pour mon carnet de chèques.

La femme – vous entendez ! Vous voyez comme il me traite ! Je veux que vous le disiez au juge.

L’avocat –. Je ne dis rien au juge, moi. Tout ce qui se dit ici doit rester entre ses murs.

L’homme
– bien fait pour ta gueule pauvre idiote.

Barnabé (haussant le ton) – Monsieur Carmouze, ça suffit ! Ne profitez pas de la situation, par ce que si vous continuez, je ne dirais peut-être rien au juge, mais je vais appeler la sécurité. Il y a des limites, tout de même. On va établir des règles : First, on ne s’insulte pas.

La femme – ça va le frustrer.

Barnabé – Deuzio, on parle chacun son tour et avec mon autorisation, compris ?

L’homme – ça va lui faire drôle !

Barnabé – qu’est-ce que je viens de dire ?

L’homm
e – OK, OK.

Barnabé – Madame Carmouze, vous avez combien d’enfants ?

L’homme – Deux, mais je pensais que vous connaissiez notre dossier.

Barnabé – d’abord, je connais votre dossier ; ensuite je ne vous ai pas donné la parole. Madame Carmouze…s’il vous plait…

La femme – trois !

Barnabé et l’homme (en même temps) – commença, trois ?

L’homme – elle est folle. Je vous assure, maître, on n’en a que deux.

Barnabé – vous vous moquez de moi, tous les deux. Vous savez quand même combien vous avez d’enfants !

L’homme – deux.

La femme – trois.

Barnabé – Pardon, pardon, vous voulez dire que vous avez un enfant d’une autre union, peut-être.

L’homme – Quelle autre union ? Il n’y a pas eu d’autre union. On s’est connu à seize ans. Enfin, moi, j’en avais 17 et elle, 16.

Barnabé – depuis votre séparation, alors.

L’homme – impossible, on est séparé depuis six mois, elle aurait pas eu le temps.

Barnabé – Madame Carmouze, je vous en prie, expliquez-vous !

La femme – c’est pourtant simple. Je suis enceinte.

L’homme – quoi ! ! et de qui ?

Bernabé – permettez-moi, chère Madame,, de vous présenter toutes mes félicitations. Mais est-ce bien le moment ?

L’homme
– mais de qui, nom de Dieu ? Il n’est pas question que j’assume un bâtard.

La femme – ce n’est pas un bâtard.

L’homme – six mois et ce n’est pas un bâtard ! Tu te fous de ma gueule, là !

Barnabé –
permettez, Monsieur Carmouze, que je reprenne ma casquette d’avocat ; je ne connais pas la future date de naissance de l’enfant, mais s’il vient au monde moins de 300 jours après votre séparation, la présomption «pater his est » s’applique ; je suis désolé…

L’homme
– la quoi ? c’est quoi ce bordel ?

Barnabé –
la présomption de paternité. Bref Vous serez le père que vous le vouliez ou non. Donc, je note, trois enfants.

La femme – ah tu vois !

L’homme
– ça va pas non ? Ça ne va pas se passer comme ça.

Barnabé – eh bien, Monsieur Carmouze, je crains que si, à moins que…

L’homme
– que quoi ?

Barnabé – que vous n’engagiez une action en contestation de paternité, mais, bon, je vous préviens, ce n’est pas donné, ça va vous coûter la peau du…

L’homme – et puis quoi encore ? Ça me coûtera ce que ça me coûtera ; j’en ai rien à foutre

La femme
– de toute façon, ce n’est pas un bâtard.

L’homme –
alors, tu vas me dire comment et où !

La femme – tu as la mémoire courte, mon chéri.

L’homme
– putain ! M’appelle pas mon chéri, s’il te plaît !

La femme
– il y a six mois, au Lavandou, tu ne te souviens pas ?

L’homme
– comment ça, au Lavandou, il y a six mois…

La femme – La chanson ! Tu ne te souviens pas de la chanson (elle s’adresse à Barnabé) comme vous l’aurez noté, maître   il a toujours été très romantique.

L’homme – la chanson, quelle chanson ?

La femme
– on revenait d’une promenade dans les lavandes. Le soir tombait. On commençait à se chipoter, tous les deux. Tu te rappelles, dans le gîte qu’on avait loué il y avait un vieux tourne-disque et des 45-tours.

L’homme – ah dis donc, ça m’était complètement sorti de…

La femme –
le matin, on avait parlé de se séparer.

L’homme
– Ah ouais , ah ouais ouais, quelle connerie que cette daube de  chanson au sirop de je-ne-sais-quoi.

La femme
– n’empêche qu’il t’avait fait de l’effet, le sirop. Tu te souviens du nom de la chanteuse ?

L’homme –  Attends…Jane Manson, je crois. Un truc comme ça

La femme
(elle fredonne) – « faisons l’amour avant de nous dire adieu »


Barnabé
– et ?

La femme – et voilà.



« Modifié: 14 Août 2023 à 16:01:07 par HELLIAN »
cent fois sur le métier...

J.

  • Invité
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #1 le: 15 Août 2023 à 16:04:56 »
Salut Éric. Bon, ben comme d'hab' j'ai bien aimé. On sent le vécu. Par contre, déçu par la chute, je m'attendais presque à autre chose, une allusion à un copain venu repeindre le salon ou un plombier venu déboucher l'évier mais la fiction ne peut hélas pas se substituer à la triste réalité du couple. Bises à Isa  :D

Hors ligne HELLIAN

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 117
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #2 le: 19 Août 2023 à 14:17:26 »
Pardonne-moi cette réponse tardive. J'attendais d'éventuelles autres commentaires pour formuler une réponse globale ;, mais force est de reconnaître le manque évident d'attractivité de ce texte. Je te remercie de ton passage et de ton appréciation. Oui, à peu de choses près, cette scène a été vécue et l'improbable paternité du  Monsieur également. Cela dit, tu as raison, rien ne m'obligeait à rester fidèle à l'histoire, mais je trouvais trop trivial d'attribuer à un tiers, à moins que ce ne fut le Saint Esprit, la paternité de cette progéniture impromptue.

Bien cordialement à toi.
cent fois sur le métier...

J.

  • Invité
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #3 le: 19 Août 2023 à 17:08:04 »
Citer
mais force est de reconnaître le manque évident d'attractivité de ce texte.
Salut Eric. Non, c'est  pas ça, c'est que l'humour ne semble plus à sa place en textes courts et sans doute dans les autres sections. Il y a encore Champdefaye qui le cultive saupoudré d'une pincée de non-sens et toi, bien sûr, mais plus de Murex, de Choumi, RHD est devenu très sérieux et perso, j'ai d'autres occupations qui me satisfont davantage sur le plan graphique et littéraire. Enfin, littéraire c'est bien pompeux, je laisse ça aux intellos-philos-écrivains. Alors pour me marrer un peu en lisant j'ai ressorti mes vieux Bibi Fricotin et Les Pieds Nickelés  :D À +

Hors ligne Choumi

  • Prophète
  • Messages: 741
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #4 le: 19 Août 2023 à 20:07:03 »
Bonjour
Toujours difficile de savoir si un texte plaît ou pas
Si on se réfère au nombre de lecteurs, on dit ce sont des robots si on s’en tient aux commentaires cela fait un peu jeune
Ceci dit celui-ci m’a extirpé quelques bons sourires et pour ma part je ressortirais les mêmes commentaires prodigués aux précédents
Quand à moi, l’été je cours plus volontiers les bois et la montagne qu’une page d’écriture. Donc je vais sur le forum par bribes rapides et. mes détectives sont sur le grille pour l’automne
Amicalement
Michel



Hors ligne HELLIAN

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 117
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #5 le: 20 Août 2023 à 11:26:02 »
Cher Michel,

Merci d'avoir quitté un instant des chemins forestiers pour t'aventurer dans le maquis ombrageux de la procédure de divorce. J'apprécie cette petite note de réconfort.
cent fois sur le métier...

J.

  • Invité
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #6 le: 21 Août 2023 à 11:46:54 »
Salut HELLIAN, salut Choumi. Une idée, comme ça en passant, la canicule sans doute, liée à une surdose d'eau minérale. Y'a une série, Allemande il me semble, Les deux font la paire, qui met en scène un avocat, secondé par un privé et qui se heurtent à un flic obtus. Ça pourrait faire une parodie genre Les deux se font la paire. Mais bon, y faut du temps pour écrire à quatre mains, ce que nous avons réalisé avec Delnatja sur environ quatre mois. Alors à six mains ? Et pis y faut être synchrone sur la démarche et les formulations. Vous en pensez quoi ?

Hors ligne Choumi

  • Prophète
  • Messages: 741
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #7 le: 22 Août 2023 à 08:32:18 »
Bonjour à toutes et tous
L’idée est intéressante j’aime les actions de groupe
Elle est même troublante puisque mon prochain polar met en scène le gros Victor qui veut porter plainte contre ses deux acolytes pour abus de pouvoir envers sa personne dans l’affaire des Roubignoles rassies.
De là à y voir un flic acariâtre et un passage à la moulinette par un avocat pourquoi pas
J’ai dans un temps lointain crée avec d’autres un diaporama où il y a eu 3 personnes pour le texte, une demi-douzaine pour le lire et je ne sais plus combien de photographes qui nous ont envoyées des images des quatre coins du monde
Bel esprit sur un forum
Je pourrais vous l’envoyer à la rentrée si ça vous chante mais pas avant le début septembre
Bonne journée
Amicalement
Michel
« Modifié: 23 Août 2023 à 11:33:33 par Choumi »

Hors ligne HELLIAN

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 117
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #8 le: 22 Août 2023 à 17:28:17 »
K, je suis partant.

Je pense que nous pourrons mettre en place la technique de travail en communiquant par MP :
quel type de texte (récits, nouvelles, dialogues, etc.)
– scénario…

Cordialement
cent fois sur le métier...

J.

  • Invité
Re : Mon cher maître (scènes de la vie d'avocat) -- Mèdiation
« Réponse #9 le: 25 Août 2023 à 11:33:13 »
Bonjour et merci à tous les deux pour votre réponse. Pour le moment et suite à un imprévu lié à la BD Un Bacille dans le Bocal je ne suis plus dispos avant une date qui reste à déterminer. Par contre, rien ne vous empêche de tenter le quatre mains étant donné que (j'ai vérifié)  la série Les deux font la paire est construite essentiellement entre un avocat et un détective privé. En replay sur France 2 ou 3, j'ai juste visionné un extrait. Désolé. À +

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.013 secondes avec 16 requêtes.