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07 Octobre 2025 à 00:08:44
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Auteur Sujet: Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)  (Lu 21672 fois)

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 562
Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #75 le: 30 Octobre 2017 à 13:29:26 »
Bonjour,

J'ai pris le temps de lire toutes ces pages sur le féminisme et le harcèlement de rue car c'est un sujet qui me touche...
Merci à tous pour vos interventions, quelles que soient les divergences d'avis c'est cool de pouvoir en parler de façon respectueuse.
Du coup, j'ai envie d'y ajouter quelques petits témoignages.



- Sur la fréquence où ça se produit :

Quand je vivais à Lille, pendant des années, j'ai eu le sentiment qu'à chaque fois que je sortais seule dans la rue (donc tous les jours) je me faisais forcément aborder. J'avais entre 18 et 24 ans, presque jamais en jupe jamais en talons, mais comme ça a été dit ici je pense que ce n'est pas ce qui joue le + . En l'occurrence ce qui devait jouer... C'était surtout que je passais beaucoup de temps dehors. J'habitais dans un 12m² sans internet, dès que j'avais une contrariété ou juste l'envie de prendre l'air, je traversais à pied une petite partie de la ville (y compris à minuit, 1h du mat'...). Idem quand je rentrais de soirée, même à 5h00 ça ne me dérangeait pas de rentrer seule. Petite campagnarde hippie-humaniste, je ne voyais pas de raison de me limiter dans mes déplacements, je ne voyais pas non plus de raison d'être désagréable avec les gens qui me parlaient, quels qu'ils soient (ça a vraiment été un apprentissage qui a duré des années pour pouvoir finalement les ignorer !).

Et puis insidieusement, j'ai pris des habitudes. Sortir systématiquement en jean et baskets si je rentrais seule ; au cas où, pour pouvoir courir. Dire non aux mecs qui voulaient discuter, parce qu'en fin de compte c'était toujours juste pour de la drague (oui oui, il m'a fallu beaucoup de temps pour l'admettre, j'avais vraiment une grande naïveté sociale). M'éloigner de certaines personnes dans la rue, me rapprocher d'autres (potentiels "témoins" quand quelqu'un semblait me suivre). Maintenant j'ai déménagé, je n'oserais pas trop sortir seule la nuit je pense, je ne me pose plus la question car l'envie n'est plus là, mais je pense que je suis quand même beaucoup + méfiante, voire anxieuse. Je marche peu, uniquement dans un centre-ville qui est très petit, je suis rarement seule... Et soudain, le harcèlement de rue "n'existe plus". Question de perspective bien sûr...

Concernant les lieux, à Lille j'étais supposée habiter un quartier dont on me disait que ça "craignait". Et en fin de compte c'est en plein centre ville qu'on m'a le + inquiétée / dégoûtée. Je me souviens d'une fois où j'étais avec 3 ou 4 amis proches (que des hommes) et où un type m'a quand même lancé qu'il voulait me lécher la chatte... à République, en plein centre, avec plein de monde autour (il devait être 22h). C'est à République aussi que je me suis fait suivre de la façon la + insistante... Et c'est aussi en plein centre et vers 22h que mon amie d'enfance a été tirée vers une voiture par un inconnu alors qu'elle avait le pied dans le plâtre... Bref, dans ma petite expérience, le lieu n'a pas tant joué que les habitudes de vie. C'est peut-être normal qu'une fille de 20 ans n'ait pas le "droit" de se balader tard dans une ville encore très animée...? Cela dit pour le fait d'être abordée ça pouvait vraiment arriver à n'importe quelle heure.



- Sur ce qui est "acceptable" ou pas :

J'ai vu il n'y a pas longtemps une bêtise sur internet, pour expliquer ce qui est "autorisé" ou ce qui fait partie du harcèlement de rue : "A tous les mecs hétérosexuels qui ne savent pas où est la limite : ne dites pas à une femme ce que vous ne voudriez pas qu'un homme vous dise en prison." C'est très cliché mais pour ceux qui ont besoin d'une mise en perspective pour imaginer quelles phrases peuvent être agressives, quelles phrases peuvent être juste gênantes, quelles phrases (il y en a donc peu en matière de drague !) peuvent être entendables... C'est un assez bon guide de conduite ^^ .

Pour ce qui est du contenu, donc, on entend de tout... Dans les expériences positives : ça m'est arrivé une seule fois qu'un homme m'aborde d'une façon que j'ai trouvée respectueuse : je l'avais longtemps fixé en le croisant (pour des raisons totalement autres : j'entendais beaucoup d'éclats de voix dans la direction où j'allais, et je me suis dit que si vraiment il y avait qqch d'inquiétant là-bas, le mec que je croisais, qui en revenait, m'aurait prévenue...). Il est revenu sur ses pas, s'est excusé de me déranger et m'a demandé si c'était une impression fausse, car il avait eu l'impression qu'on se regardait longuement et que qqch s'était passé... Peut-être qu'une autre fille aurait été gênée mais je ne pense pas, c'était vraiment dit avec beaucoup de retenue. Et puis, au moins, il me demandait mon avis ! ^^ Je donne cet exemple parce que beaucoup d'hommes sont un peu perdus sur ce qui est "autorisé ou non" en matière de drague, avec tous ces débats sur le harcèlement. Eh bien, là, ça ne me paraissait pas du tout déconnant. Il s'était vraiment passé un truc (un long échange de regard), il est revenu poliment et m'a demandé s'il y avait qqch ou non... Je me suis + sentie "actrice de la situation" (dans le sens de celle qui agit, hein, pas dans le sens de vedette de cinéma :P ) que lorsqu'on me balance un "t'es charmante" ou "t'as de beaux yeux" qui me donne l'impression d'être une simple peinture.

Du côté de ce qui n'est pas acceptable, je pense qu'on pouvait atteindre tous les extrêmes et tous les niveaux... ! Le compliment juste TELLEMENT lourd (car trop entendu... et puis on le connait pas, le type... et puis on n'est pas là pour ça...)... Les propositions sexuelles... Pour l'instant ce débat semble porter sur le verbal uniquement...? Restons dans le verbal alors, mais je suis persuadée qu'il y a un continuum entre les deux, c'est à dire que tous les niveaux existent, et des mots violents s'accompagnent parfois d'un petit geste, et avec les gestes on entre dans un tout autre domaine. J'évoque ici le viol, vous me direz sûrement que c'est hors sujet ; mais quand quelqu'un aborde une femme de façon insistante c'est une idée qui vient forcément à l'esprit de celle qui se fait harcelée de la sorte. C'est une peur qui me semble assez présente dans l'esprit des femmes, et ce dès l'adolescence, grâce à cet univers de "fais attention" "ne sors pas tard" "ne t'habille pas comme ça". Du coup il faut garder à l'esprit que cette peur, cette idée de l'agression physique potentielle, sous-tend le dommage causé par l'agression verbale.



- Sur l'impact que ça peut avoir :

L'impact, on ne peut pas l'appréhender. Je soigne régulièrement des personnes victimes d'état de stress post-traumatique... L'intensité du traumatisme est parfois très différente de ce que pourrait s'imaginer un inconnu en regardant la description des faits. Il suffit que ça fasse écho à qqch d'autre (et de ma brève expérience en tant que femme / amie / soignante, on n'imagine pas à quel point c'est fréquent qu'une femme ait déjà vécu un viol ou un abus sexuel)... Que la personne soit dans une situation de mal-être ou d'anxiété préalable... Ou au contraire, qu'elle n'ait pas du tout vu venir l'agression (qu'elle soit physique ou verbale)...

Et puis il y a aussi un phénomène d'usure. On peut entendre une centaine de choses dans les rues et puis la cent-unième fois, ça brise quelque chose. Ca reste gravé et on change certaines choses, on prend des habitudes, des comportements d'évitement. Alors que concrètement, il n'y avait rien de vraiment différent dans cette remarque-ci...



Bref ^^
En fait c'est assez déprimant tout ce que j'ai écrit  :-[ enfin moi ça me déprime.
Au total pour moi il ne faut rien banaliser, chaque phénomène même bénin contribue au tableau d'ensemble. Ici on n'a parlé que du harcèlement de rue mais la situation me semble parfois pire au travail... Dans tous les domaines, il y a beaucoup de choses à faire. C'est super qu'on avance quelque part, qu'il y ait une prise de conscience ; ce serait bien qu'elle s'étende un petit peu. J'ai l'impression que la question du consentement en général commence à être posée un peu partout, et on s'aperçoit enfin que la limite est parfois floue, on sort de l'image du violeur en imperméable au fond d'un parking désert. Il y a encore quelques années j'entendais un avocat expliquer à la télé qu'une "femme bien comme il faut" va forcément dire non à la première proposition... A la deuxième aussi... Bon, si elle dit non une troisième fois, il faut commencer à se poser la question. J'ai aussi lu sur internet des conseils pour conclure, expliquant donc la "technique de la vague" qui consiste, sur une même soirée, à s'interrompre chaque fois que la fille dit non, puis revenir à la charge, jusqu'à ce qu'elle cède du terrain petit à petit jusqu'à l'acte sexuel (effectivement, ça peut marcher : épuisement, stress continu, tout ça tout ça...). Je me dis qu'après tous les débats actuels, peut-être que ce genre d'absurdités dangereuses seront moins fréquentes / moins admises / moins revendiquées. Ce n'est pas ça le vrai consentement...
~ Ari ~

Hors ligne Ambriel

  • Palimpseste Astral
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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #76 le: 30 Octobre 2017 à 13:30:08 »
Milena,
Personne n'a dit qu'il n'y avait pas de problème, simplement que par rapport à d'autres pays on est plutôt "avancés".
Quand tu penses que je sais plus où les femmes viennent d'obtenir le droit de passer le permis de conduire, on est quand même loin de ça.
C'est juste ça que Versus voulait dire je pense.

Après je suis d'accord avec toi.

EDIT : ariane on a posté en mm temps, je viens de lire ton post. Ca me fait bizarre tous ces témoignages de quelque chose qui pour moi est lointain... !
« Modifié: 30 Octobre 2017 à 13:35:38 par Ambriel »
Et s'ils prenaient ta mère comme otage ou ton frère,
Dit un père béret basque à un jeune blouson d'cuir
Et si c'était ton fils qu'était couché par terre,
Le nez dans sa misère,
Répond l'jeune pour finir

- Renaud, les charognards -

Hors ligne elodie janssens

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #77 le: 30 Octobre 2017 à 13:42:36 »
Merci Ariane pour ton long commentaire raisonné qui fera sens pour bcp de personnes, je pense.

milena-owein

  • Invité
Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #78 le: 30 Octobre 2017 à 13:53:20 »
Milena,
Personne n'a dit qu'il n'y avait pas de problème, simplement que par rapport à d'autres pays on est plutôt "avancés".
Quand tu penses que je sais plus où les femmes viennent d'obtenir le droit de passer le permis de conduire, on est quand même loin de ça.
C'est juste ça que Versus voulait dire je pense.

Après je suis d'accord avec toi.

EDIT : ariane on a posté en mm temps, je viens de lire ton post. Ca me fait bizarre tous ces témoignages de quelque chose qui pour moi est lointain... !
Alors pardon de le dire comme ça, et c'est pas du tout contre toi, ni contre Versus, ni contre Mil, mais ça me saoule profondément d'entendre rabaché à longueur de discussion "c'est moins pire en France qu'ailleurs".
Vous l'avez dit, re-dit, re-re-dit, vous attendez quoi au juste ?
Franchement des témoignage comme ceux d'Arianne, y'en a des tas, votre "moins pire" il put sacrément du cul, voilà ce que j'en pense. Notre "moins pire" il est pas enviable, il est pas juste, il est pas égalitaire, il est opressant et oprimant, il est cruel, il fait du mal. On a pas de quoi être fier de notre "moins pire" et on devrait le dire en rougissant, que c'est "moins pire" chez nous, et avec de la honte encore, dans le pays des droits de l'homme, mais pas des droit de la femme, à pardon parait qu'un "H" suffit à inclure tout le genre humain, autant pour moi.
Les pays qui sont pire, sont pas des pays connut pour leur égalité, leur tolérance, leur respects des différences. Les pays qui sont pire le sont rarement par la seul condition des femmes. Je vois pas en quoi ça devrait changer quoi que ce soit au fait que c'est la merde chez nous.

Et sur ce je quitte le débat, pas par colère mais parce que j'ai rien à ajouter, j'ai dit ce que j'avais a dire.
Je suis pas d'accord avec Mil.

Hors ligne Alan Tréard

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #79 le: 30 Octobre 2017 à 14:13:53 »
Moi, je peux témoigner sur le comportement en soirée dont parle Ariane.

J'ai fréquemment entendu, pendant des conversations « entre mecs », des propos qui affirmaient clairement que, quand un homme a une ouverture, il faut qu'il en profite, sinon il n'est pas normal.

En gros, l'hypothèse serait la suivante : « Toute femme qui séduit doit être immédiatement comblée (entendre ici : rapport sexuel). »

C'est un vrai sujet de désaccord.

Moi, quand une femme me fait des ouvertures ou des avances, je ne change pas ma considération à son égard en passant du mode « passif » au mode « actif ». Elle a bien droit d'exprimer sa féminité sans que ça ne change grand chose à comment je vois le monde.

Au contraire, franchement, si on devait sauter sur toutes les ouvertures comme James Bond, on aurait l'air de quoi ? de gamins, voilà de quoi on aurait l'air.

Y'a des gars, y se croient dans un polar, c'est des grands nounours.

Et dès qu'ils voient un joli joujou, ils gigotent comme des otaries !

Je suis désolé, mais il faut un peu plus d'arguments pour aimer une femme que simplement : « Elle m'a fait des avances. »

Si c'est comme ça que les gens voient les rapports humains, c'est clair que beaucoup de droits ne vont plus être respectés. On a bien le droit de séduire sans que ça nous contraigne à je ne sais quelle faveur érotique.

Moi, quand une femme me fait des ouvertures, ça ne m'empêche pas de me rappeler qu'elle a deux bras, deux jambes et un cerveau ; et ça ne m'empêche pas non plus d'avoir un regard humain sur le monde et de me sentir bien dans ma peau.

anlor

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #80 le: 30 Octobre 2017 à 14:16:02 »
Mais putain on ne parle ni de drague ni d'avances  ><

Hors ligne Alan Tréard

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #81 le: 30 Octobre 2017 à 14:22:07 »
On parle de l'éducation des hommes, anlor.

Hors ligne Ambriel

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #82 le: 30 Octobre 2017 à 15:06:53 »
Je crois que ça ne sert à rien que je "débatte" en fait, car je n'arrive de toute évidence pas à m'exprimer.
Et s'ils prenaient ta mère comme otage ou ton frère,
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Hors ligne derrierelemiroir

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #83 le: 30 Octobre 2017 à 15:28:29 »

Mais il y a pour moi des questions aussi sérieuses que la condition des femmes en France : l’immense inégalité dans la répartition des richesses où un tout petit nombre, hommes et femmes, détient l’essentiel de la propriété.
Alors oui, tout à fait. Tout comme il y a de l'inégalité dans pleins d'autres aspects de la vie. Mais je ne vois pas ce que ce genre de comparaison apporte au discours. Oui, tout est relatif, et peut-être qu'au fin fond de l'univers, il n'y a pas de sexes et de luttes de classes. Je suis d'accord qu'il y a d'autres maux, et que tous devraient être résolus, mais je crois que là, on faisait surtout référence au harcèlement de rue, non?

La critique centrale de la société se situe au niveau de la totalité, c’est-à-dire qu’elle se situe au niveau du pouvoir, non au niveau du genre ou du sexe, car ce pouvoir entérine verticalement dans les faits, entre autre choses, et justifie, la domination des femmes par les hommes ; faits qui, à leur tour, engendrent les représentations et les constructions sociales discriminantes.  |-|
Pour moi, ça sonne un peu creux ce genre de propos. On est d'accord que c'est un problème de société, mais pour ma part, je crois que ce que j'essayais de faire, était surtout d'augmenter la prise de conscience de ces problèmes. Je ne dis pas que c'est la faute de tel et tel, je crois qu'on est d'accord que la faute est à celui qui perpétue l'acte répréhensible - et au système qui l'alimente. Mais il y a encore tellement des gens qui ne se rendent pas compte que ces actes sont répréhensibles, qu'il faut d'abord au moins les éduquer.

Mais peut-être que j'ai perdu de vue le débat.
"[...] alors le seul fait d'être au monde
  remplissait l'horizon jusqu'aux bords"
  Nicolas Bouvier

Hors ligne Chapart

  • Calame Supersonique
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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #84 le: 30 Octobre 2017 à 15:53:56 »
Il me semble qu'il y a deux choses évoquées ici: le harcèlement homme -> femme dans la rue, et le féminisme. Ils sont liés, bien que la problématique du second soit beaucoup plus globale. Et, justement, voir les choses de façon globale, ça me paraît important ici.

Concernant, le harcèlement homme -> femme dans la rue, j'ai envie de placer les hommes dans 3 catégories

1) Ceux qui sont parfaitement conscients du problème
2) Ceux qui sont conscients du problème, mais insuffisamment (qui pensent que c'est occasionnel ou que ça arrive beaucoup moins souvent que ce qu'est la réalité)
3) Ceux qui ne voient pas le problème, voire considèrent comme normal de harceler une femme dans la rue.

Je n'ai aucune idée des proportions et c'est sans doute trop simpliste, mais j'espère que ça suffira à expliquer mon point de vue. Les gens problématiques (ceux qui harcèlent une femme dans la rue) me semblent appartenir à la catégorie 3. Les campagnes de dénonciation qui ont été menées ces dernières semaines en France, et les témoignages individuels qu'on peut lire ici me semblent avoir ceci de positif qu'elles font (espérons-le) migrer certaines personnes de la catégorie 2 vers la 1, et peut-être de façon très sporadique certaines personnes de la catégorie 3 vers la 2 (des gens qui se rendraient compte via des témoignages que ce qu'ils ont fait est dégueulasse et se repentiraient; j'y crois pas énormément, mais il y en a sans doute en très faible proportion). Elles ont ceci d'insuffisant à mon goût en ce sens qu'elles ne résolvent pas le problème: (qui serait d'éliminer le harcèlement). Déjà, le harcèlement est un problème plus global que le harcèlement homme -> femme dans la rue, qui n'est évidemment pas à minimiser, ce pourquoi les différents témoignages, encore une fois, sont importants et amènent des choses positives. ça a été évoqué, il y a le harcèlement, au travail, et généralement le harcèlement est mené par une personne en situation de pouvoir (qui peut être un homme ou une femme) par rapport à une autre personne (qui peut être un homme ou une femme). On peut venir me dire "Mec, c'est pas le débat ici, là on se restreint au harcèlement homme -> femme dans la rue dans le but d'éveiller les consciences", ce que je suis parfaitement prêt à entendre. Mais je pense qu'en le prenant plus globalement, on a plus de chances de le résoudre, on a plus de chance de rallier un maximum de personnes quelles qu'elles soient à la cause, et ça passe par la considération de choses beaucoup plus globales (qui, hélas, prennent du temps).

Déjà, et on le sent bien dans les interventions des uns et des autres, c'est un sujet sensible. Les témoignages montrent des expériences différentes, et le sujet suscite parfois un peu d'agressivité qui n'aide pas forcément à mon avis à faire migrer les gens de la catégorie 3 vers une catégorie supérieure, voire même qu'elles n'agacent pas des gens de la catégorie au-dessus (à ce niveau le hashtag "balance ton porc" me laisse un peu perplexe: est-ce qu'on sous-entend par là que les cas de harcèlement au travail ne méritent pas témoignage ? ou qu'un homme qui serait harcelé par une femme, c'est moins important, sous prétexte que c'est la personne qui est plus naturellement victime qui est ici celle qui harcèle ? que les hommes sont systématiquement des animaux et les femmes des victimes ? je parle de cela car, au fil de discussion avec certains de mes amis hommes que je pense ne pas me tromper en plaçant dans la catégorie 1, 2 peut-être pour certains, bien que je ne les trace pas H24, je sens un agacement dans cette façon de faire que je trouve un peu ambiguë au niveau de la forme, où des gens qui n'ont rien à se reprocher ont l'impression d'être quasiment associés à des gros pervers. C'est le même genre de débat que "je suis Charlie", il y a des gens qui considèrent que, ben non, ils ne sont pas Charlie, que c'est pas la bonne façon d'afficher son opposition au terrorisme, alors qu'ils veulent précisément lutter contre le terrorisme; simplement le slogan qu'on leur impose, ben non, ils pensent pas que ce soit la bonne idée. Toute forme de harcèlement, quelle qu'elle soit, contre tout être humain, est à combattre). Tout ça pour dire que restreindre le débat à un type de harcèlement, bien que majoritaire, me semble parfois plus susceptible d'irriter les uns et les autres sans forcément résoudre le problème. C'est globalement le problème du harcèlement qui se pose, et on est bien conscients qu'en ce qui concerne le harcèlement sexuel, les femmes sont largement plus touchées que les hommes. Mais je pense qu'y remédier ne passe pas juste par des témoignages, que c'est, comme ça a été évoqué par plusieurs, un grand changement dans les mentalités qui s'impose, qui passe par l'éducation, et qu'il y a des choses tellement ancrées qu'on ne s'en rend même plus compte qu'il faut remettre en question, exemple DlM quand tu dis

ah oui super les talons et la jupe

je ne vois pas en quoi une fille doit nécessairement porter talons ou jupe, c'est son choix, peut-être qu'elle aura envie d'être en jeans et en baskets, ça montre pour moi à quel point il y a des stéréotypes ancrés...  et que par rapport à ça, c'est les attitudes de tous qui entrent en jeu. Et oui, je pense que malheureusement, il y en a pour des années.

Après, concernant le féminisme et les questions qui sont évoquées comme la parité ou les égalités de salaire, pour moi ça doit être une conséquence des prises de conscience mentionnées plus haut, qui sont globales et passent entre autre par l'éducation. Lorsque les mentalités auront évolué, j'ose espérer que ces choses seront des conséquences immédiates et que ça ne viendra même pas à l'idée qu'il faille légiférer sur cela tellement ce sera une évidence (... c'est quand même triste que des lois soient nécessaires sur ce genre de thématiques !). J'ai été confronté quelquefois dans le cadre de mon boulot à des quotas de parité qui étaient imposés, et qui avaient exactement l'effet inverse de celui escompté: on demande tant de femmes dans un comité, sauf que comme elles ne sont pas assez dans la profession, c'est toujours les mêmes qui s'y collent, et quand elles essaient de prendre position leurs collègues masculins leur font bien comprendre qu'il faut qu'elles la ferment parce qu'elles sont juste là pour des raisons de quota, ce qui les relègue à des rôles de potiches, exactement l'opposé de l'effet escompté. A ce niveau-là je suis d'accord avec Miléna quand elle dit:

Il faut faire comprendre aux gens que les avancés légales suivent les avancé sociales, pas l'inverse. Tant qu'on ne luttera pas pour le changer les mentalité, on obtiendra jamais d'égalité légal

 que le progrès social vient avant la légifération et non l'inverse. Mais là on rentre dans un autre débat il me semble.
« Modifié: 30 Octobre 2017 à 16:10:54 par Chapart »

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 562
Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #85 le: 30 Octobre 2017 à 18:29:28 »
(Petit merci pour ceux qui ont commenté mes bribes de "témoignage" car je me sens un peu gênée de raconter ma vie, du coup merci de votre bienveillance :) ).

Je pense à plein de choses différentes en lisant tout ça. En + je me suis absentée cet après-midi... Le temps de répondre aux questions de la petite soeur de mon fiancé, étudiante, qui voulait m'interroger sur la prise en charge des personnes victimes de harcèlement de rue ! Donc aujourd'hui je n'en sors pas de ce sujet ^^ . Mais il y a plein de choses à en dire. Du coup je vous livre en vrac certaines de mes pensées / souvenirs à ce sujet....



En médecine :

Je ne suis pas en chirurgie, je n'ai pas le souvenir d'avoir été personnellement victime de sexisme, je suis sans doute devenue totalement sourde aux remarques / blagues / commentaires sexistes tant que ça ne m'était pas adressé... Eh oui, on se protège, on oublie, on s'endurcit. En tout cas je ne me souviens pas avoir assisté à qqch de grave dans le cadre du boulot.

Par contre, dès la deuxième année, dans l'ambiance intégration et compagnie (où là encore il ne s'est rien passé de choquant), j'ai été très mal à l'aise de côtoyer tant de mecs qui ne faisaient que parler des filles comme de morceaux de viandes. Moi qui suis plutôt + à l'aise avec les hommes, eh bien là, ça ne passait pas mais alors pas du tout, chaque fois qu'ils commentaient une fille (en bien ou en mal, mais toujours en dégueulasse), immanquablement je me demandais ce qu'ils diraient de moi si je n'étais pas assise à leur table. Du coup je me suis rapprochée de quelques garçons qui étaient très différents de ce cliché. Tout ça pour dire que j'avais choisi mes amis plutôt dans ceux qui ne faisaient aucunement preuve de sexisme ! Malgré cela, j'ai eu des déceptions...

- Mon "parrain de faluche", que j'adore, intelligent, adorable, plein d'humour, jamais méprisant etc... qui raconte qu'il est sorti avec une fille, qu'il l'a suppliée de coucher avec lui le premier soir mais qu'elle a tenu ses positions et qu'elle a dit non. "En même temps heureusement qu'elle a dit non sinon on ne serait jamais sortis ensemble, je veux pas sortir avec une fille qui couche le premier soir." What ???????  :o . Il l'avait lui-même suppliée ! Tout ça pour la blâmer après ?
- Mon coloc, adorable, avec qui on se sent en confiance autant qu'avec qqn de gay tant il est loin du cliché du macho pervers etc... Un beau jour, il parle de son ex qui s'amuse à sauter sur tout ce qui bouge, "Elle dit qu'elle part en chasse, mais elle est complètement conne, elle comprend pas que c'est elle la proie !" What ?????? :o . Et voilà... "La proie", tout est dit. Ce rapport chasseur / proie est débile et pour moi il sous-tend le harcèlement de rue comme bien des agressions sexuelles physiques.
- Bal de promo, je finis bien bien ivre, j'embrasse plusieurs amis (en mode "bisounours", pas vraiment sexuel, d'ailleurs les mecs aussi se sont embrassés entre eux, c'était un peu n'importe quoi mais pas en mode "orgie") dont un en particulier, on va dire J... . Un autre mec que je connais à peine dit à ce fameux J, parce qu'il dormait chez lui ce soir-là : "Allez vas-y ramène-la chez toi, comme ça on va s'amuser !". ??????? :o . Le mec, c'était le fils d'une amie de ma mère... Externe en médecine... Je lui avais parlé une fois, juste avant ma première année, pour lui demander conseils pour les révisions etc... Et quelques années après il a envie de me chopper en fin de soirée pour faire des trucs sexuels à plusieurs en voyant très bien que j'étais bourrée ?? (heureusement, j'étais bien accompagnée, je n'étais pas du tout en danger). J'y pense encore régulièrement à cet abruti...



Ce que je veux dire par là, avec ces exemples qui peuvent paraître très confus, c'est que pour moi le débat est + large que le simple harcèlement de rue et à mes yeux le problème réside dans ce rapport artificiel de "chasseur / proie" qui peut être cultivé par de gros connards mais aussi par des mecs gentils à qui on a toujours appris que la drague fonctionnait comme cela... Le mec doit foncer, la fille si elle veut être "une fille bien", doit résister. Et puis un beau jour la société ouvre un oeil et commence à dire : c'est pas bien de forcer les filles. En oubliant tous les films, tous les dessins animés qui ont cultivé cette idée de résistance initiale du personnage féminin... En faisant mine d'oublier que la virginité féminine était longtemps souhaitée et la virginité masculine, toujours moquée... Et on s'étonne que certains hommes n'y comprennent plus rien.

Je ne sais pas si les inégalités salariales etc sont sous-tendues par les mêmes mécanismes, sûrement que tout cela se recoupe. Mais l'inégalité des attentes que l'on a envers les hommes et envers les femmes, dans tout le domaine de la drague et du sexe, ça pourrait pour moi constituer un sujet spécifique, c'est pour ça que je suis tentée de regrouper (avec bien sûr un panel de degrés extrêmement variés) tout ce qui va du harcèlement de rue au viol en passant par les abus en tout genre.

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et les témoignages individuels qu'on peut lire ici me semblent avoir ceci de positif qu'elles font (espérons-le) migrer certaines personnes de la catégorie 2 vers la 1, et peut-être de façon très sporadique certaines personnes de la catégorie 3 vers la 2 (des gens qui se rendraient compte via des témoignages que ce qu'ils ont fait est dégueulasse et se repentiraient; j'y crois pas énormément, mais il y en a sans doute en très faible proportion).
Moi j'y crois, que ce débat peut faire bouger certains points de vue... et c'est déjà important d'avoir un début de prise de conscience, chacun à son échelle.



EDIT : je me rends compte qu'ici je ne parle pas du tout des agressions sexuelles envers les hommes ; c'est juste qu'elles ne me semblent pas forcément relever des mêmes mécanismes (même si elles peuvent contenir elles-aussi des formes de sexisme) ; mais je ne les oublie pas du tout... et je pense que dans ce domaine il y a même un tabou encore + lourd à supporter.
« Modifié: 30 Octobre 2017 à 18:38:50 par Ariane »
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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #86 le: 30 Octobre 2017 à 19:45:05 »
Oh ! Moi, les grands discours sur "les femmes", ça me sort par les oreilles.

Les femmes ne sont pas toutes pareilles, chacune a son identité.

On peut s'entendre avec certaines, et puis pas avec les autres.

Certaines de nos qualités peuvent en séduire certaines, et puis pas les autres.

Certaines sont d'accord avec nous, et puis pas les autres.

Je ne supporte pas cette violence qui se dégage dans les différents témoignages, on a tout intérêt à lutter contre le harcèlement de rue, contre les agressions, et contre l'oppression des femmes.

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #87 le: 30 Octobre 2017 à 20:07:16 »
Alan, je crois que tu es un peu hors sujet, désolée  ;)
On dit pas que toutes les femmes sont pareilles.
On dit que beaucoup de femmes se sont faites harceler et que c'est pas cool.
Et que le sexisme (dans les deux sens, mais là on parlait du sexisme envers les femmes, ce qui comme l'a dit Ariane n'enlève rien de la gravité du sexisme ou des agressions sexuelles envers les hommes) c'est pas cool non plus.

Y'a aucun rapport avec le fait qu'une femme peut séduire ou non. D'autant que c'est pas parce qu'un mec trouve une femme séduisante (ou pas), qu'il a le droit de la harceler.

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Je ne supporte pas cette violence qui se dégage dans les différents témoignages
si ces propos te semblent violents : ce n'est pas contre toi. C'est sans doute parce que c'était effectivement une situation violente, qui a marqué la personne en question... et + y'a de gens au courant/conscients que ces situations arrivent (et ne devraient pas arriver), mieux c'est.


@Ariane :  :meeting:
C'est marrant moi en informatique j'ai pas du tout subit ça  :D mais j'ai peut-être choisi les personnes avec qui j'étais, et j'étais en informatique mais aussi avec des maths, en master puis en thèse... et dans l'équipe y'avait d'autres filles doctorantes, et vu les conversations qu'on a eu lors de repas/par chat, si un mec avait fait la moindre remarque sexiste il se serait un peu fait basher  ::)
Ceci étant, si c'est justement un sujet dont on parle entre nous, c'est justement qu'il y a matière : on joue tous plus ou moins à des jeux vidéos, donc on a toutes connu des situations où des mecs nous ont pris pour des idiotes qui savaient pas jouer. Ou alors on nous (les filles) regarde de manière étonné quand on dit qu'on fait de l'informatique (genre y'a une doctorante que son interlocuteur n'a pas crue une fois  ::) ). Je suis devenue pas mal immunisée à ces regards.
Et y'a régulièrement des articles qui tournent sur le sujet... (en informatique ou ailleurs, c'est juste que c'est mon domaine)


(edit : et histoire que ce ne soit pas mal compris : je dis que moi ça allait, mais j'ai entendu des histoires vraiment pas cool dans certaines écoles d'nformatique... genre ce que tu décris Ariane)
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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #88 le: 30 Octobre 2017 à 20:20:29 »
Je plussoie le message de Chapart, et merci pour les témoignages, Ariane.
Et :

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Ce que je veux dire par là, avec ces exemples qui peuvent paraître très confus, c'est que pour moi le débat est + large que le simple harcèlement de rue et à mes yeux le problème réside dans ce rapport artificiel de "chasseur / proie" qui peut être cultivé par de gros connards mais aussi par des mecs gentils à qui on a toujours appris que la drague fonctionnait comme cela... Le mec doit foncer, la fille si elle veut être "une fille bien", doit résister. Et puis un beau jour la société ouvre un oeil et commence à dire : c'est pas bien de forcer les filles. En oubliant tous les films, tous les dessins animés qui ont cultivé cette idée de résistance initiale du personnage féminin... En faisant mine d'oublier que la virginité féminine était longtemps souhaitée et la virginité masculine, toujours moquée... Et on s'étonne que certains hommes n'y comprennent plus rien.
Totalement d'accord !


C'est en lisant ce genre de témoignages que je réalise que, personnellement, j'ai toujours vécu dans un monde très féminin (études littéraires, prépa avec des classes de 45 filles et 7 garçons... ::) Pis après, inconsciemment j'ai eu tendance à me mettre toujours sous la direction de femmes à poigne (genre ma directrice de thèse), amis issus de forums d'écriture (à part égale ou à majorité fréquentés par des filles)). Ça explique que j'aie été peu confrontée au sexisme et que j'aie une réaction moins épidermique.
Le seul cas que je vois c'est au boulot, quand il s'agit de "faire du réseau" avec des universitaires. Les gens influents du milieu dans ma branche sont le plus souvent des personnes autour de la soixantaine, qui sont généralement ou des hommes ou des femmes avec un très fort caractère (qui ont réussi à se faire une place dans un monde d'homme en début de carrière, c'est à dire à l'époque où c'était encore plus dur qu'aujourd'hui). Quand c'est des hommes, j'arrive pas à me départir de la sensation désagréable qu'on n'est moins prises au sérieux, moi et les autres jeunes chercheuses. C'est dur de donner des exemples précis, mais c'est dans le ton, une façon paternaliste de donner des conseils, les bribes de conversation qu'on entend sur "la petite jeune", la capacité à oublier les noms...  C'ai jamais senti que c'était un frein direct à l'obtention d'un poste ou à l'acceptation à un colloque ou à une revue, donc c'est juste du relationnel, et sur une génération où c'est un peu peine perdue (c'est pas les gens de 60 ans qu'il faut faire changer d'avis, c'est les jeunes génération). J'ai entendu des cas où ça l'a été (même si c'était le coup typique : la fille qui se fait éliminer d'un poste parce qu'elle est enceinte, mais par ses collègues/supérieures femmes >< ) mais vu qu'y a, dans ma branche, pas mal de femmes d'une part, et d'autre part qu'il y a beaucoup de critères "objectifs" (concours anonymes, soumissions anonymes d'articles, etc.), je pense que j'ai jamais eu à en souffrir. (À part pour la plus grande difficulté à être prise au sérieux).
Enfin bon cette parenthèse perso est inutile, c'est juste que comme on y allait toutes de nos expériences et que c'était visiblement dans une optique "expliquons ce que c'est d'être une fille aujourd'hui"...

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Oh ! Moi, les grands discours sur "les femmes", ça me sort par les oreilles.
J'avoue que ça m'horripile aussi :D Je peux l'accepter de poètes du XIXe siècle vu l'époque où ils vivaient, mais le discours "j'aime les femmes" ou "les femmes sont [insérez l'adjectif de votre choix]", ça m'agace.
(Ceci dit, ça m'agace aussi pour les autres stéréotypes. Je crois que le stéréotype qui m'irrite le plus c'est sur les ados, parce que ça impose des visions de "comment il faut être" à un âge où on tâtonne pour former son caractère, ce qui est vraiment indignant...
La ségrégation des séniors aussi, elle est assez désarmante et douloureuse à vivre pour les gens concernés.
Mais c'est s'éloigner du sujet, comme disait quelqu'un plus haut.)
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Alan Tréard

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Re : Où ça parle de sexisme et de choses ainsi (preneur d'un meilleur titre)
« Réponse #89 le: 30 Octobre 2017 à 20:42:03 »
La résistance à l'oppression est un droit fondamental, sachez-le.

Et puis, je gueule, je gueule, mais quand je vois tous ces comportements masculins, je vois que nous sommes dans un pays où les droits ne sont pas respectés.

Comprenez bien ici qu'il y aura des condamnations, notamment envers celles & ceux qui participent à cette oppression.

 


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