[Rémi]

Lieu : une cabane de jardin
Objet : un bac à sable

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

À côté de la cabane de jardin, le petit tertre. Les montagnes au loin, un nuage qui s’effiloche, la neige rose le soir. Des images se superposent sur le paysage. Les larmes coulent. Dans le bac à sable, une petite pelle en plastique, bleue. Abandonnée.

À côté de la cabane de jardin, je serais un pirate. Je lèverais haut mon poing vers le ciel, avec au bout un sabre de bois tranchant comme le rasoir de Papa. Mon bateau foncerait sur la mer jusqu’à la plage. Alors, je sauterais du navire et je cacherais mon trésor dans le sable. Tout au fond. Très profond. Ce serait jamais l’heure de manger. Toujours le temps des pirates.

À côté de la cabane de jardin,  un filet de fumée monte de la clope au bout du bras de Jeanne. Corps raidi par l’absence d’attente. Ses pieds s’enracinent. Les fourmis la fuient. L’odeur de sa tristesse s’englue dans les herbes hautes. Les fleurs brodées sur sa salopette sont de plus en plus grises.

À côté de la cabane de jardin, l’ombre de Jeanne grandit et je l’observe depuis le banc de bois que j’ai fabriqué l’année dernière, avec Simon qui me passait les outils, tout fier de réussir à porter le marteau, de reconnaître la différence entre la visseuse et la perceuse, de la joie plein les yeux, une écharde dans sa petite main sans même qu’une larme ne coule sur sa peau. Si douce sous mes baisers rugueux. Vent trop sec.

À côté de la cabane de jardin, la neige a recouvert le bac à sable. Le manche de la petite pelle fait une tâche bleue au milieu du paysage étouffé sous le blanc. Le blanc absorbe tout, dévore les sons, mange les reliefs et les empreintes laissées par la violence d’un conflit de trop. Jeanne est rentrée dans la maison. Pierre sanglote sous la tôle ondulée, entre la tondeuse et le taille haie.

À côté de la cabane de jardin, les traces du bac à sable sont encore visibles, si on y prête attention. Un morceau de planche vermoulue, une petite butte sous les reines des prés, un bout de plastique bleu fané qui émerge à peine. Les montagnes se dressent, la vallée se cache sous un filet de brume. La maison a perdu quelques tuiles, le lierre a envahi le pignon et se fraye un chemin dans le grenier à travers la lucarne brisée.

[Luna Psylle]

Salut !

Je n'ai pas repéré de fautes, et j'ai vite pris le pli du rythme, donc rien à dire sur la forme.

J'ai eu plus de mal avec les narrateurs. J'aime bien, mais j'ai conscience d'avoir loupé des trucs. Du paysage simple, un petit je, un elle qui apparaît dans le décor, un grand je, sans petit je. Tu as donné des noms, mais je crois que je préfère ce flou de je et de il/elle indéfinis (comment ça, je me contredis ? ).

J'ai l'impression de voir ces scènes dans les films : une image fixe et les saisons qui défilent à une vitesse folle.

Une bonne journée à toi !

[derrierelemiroir]

Bonsoir Rémi,

Ça fait longteeemps 

Les montagnes au loin, un nuage qui s’effiloche, la neige rose le soir.

Beau ça

Ce serait jamais l’heure de manger. Toujours le temps des pirates.

très chouette ça

qui pend contre son corps raidi par l’absence d’attente.

je trouve que cette deuxième partie de phrase alourdit trop l'ensemble. Peut-être "qui pend contre son corps" serait déjà suffisant

des étoiles plein les yeux

ça j'ai trouvé un peu trop cliché too much, le reste est super

Si douce sous mes baisers rugueux. Vent trop sec.

étouffé sous le blanc.

ça alourdit aussi

et les empreintes laissées par la violence d’un conflit de trop.

beau triste ça

C'est quand même trop triste pour mon petit coeur  mais bravo quand même, c'est chouettement écrit, sauf quelques mini lourdeurs. J'aime vraiment beaucoup, en fait, la structure, la mélancolie, les non-dits.

[Rémi]

Salut !
ça faisait bien longtemps que j'avais pas posté un bout de texte sur le forum, et du coup ça fait du bien d'échanger sur un texte, de recevoir des commentaires. Même si c'est un petit tic-tac écrit en une demi-heure, c'est toujours chouette d'être lu.

Luna,

J'ai eu plus de mal avec les narrateurs. J'aime bien, mais j'ai conscience d'avoir loupé des trucs. Du paysage simple, un petit je, un elle qui apparaît dans le décor, un grand je, sans petit je. Tu as donné des noms, mais je crois que je préfère ce flou de je et de il/elle indéfinis (comment ça, je me contredis ? ).

ouaip, j'ai tenté un truc : changement de narrateurs, changement de temps, changement de point de vue... alors forcément c'est un peu un texte à facettes, faut aimer

J'ai l'impression de voir ces scènes dans les films : une image fixe et les saisons qui défilent à une vitesse folle.

carrément, puisque chaque mini paragraphe se base sur la même vue : à côté de la cabane de jardin.

Merci pour ton retour Luna

DLM, dlm, Dlm !

C'est quand même trop triste pour mon petit coeur  mais bravo quand même, c'est chouettement écrit, sauf quelques mini lourdeurs. J'aime vraiment beaucoup, en fait, la structure, la mélancolie, les non-dits.

oui, hein, c'est affreusement choupinou triste

J'ai viré les lourdeurs que tu as justement pointées. Je m'étais interrogé sur chacune d'elle à l'écriture. Comme quoi, quand on s'interroge, c'est qu'il y a un truc qui déconne.

  un filet de fumée monte de la clope au bout du bras de Jeanne qui pend contre son corps raidi par l’absence d’attente.

devient :
 un filet de fumée monte de la clope au bout du bras de Jeanne. Corps raidi par l’absence d’attente.

de la joie plein les yeux (plutôt que les étoiles)

(mais je garde "étouffé sous le banc")

Merci de ton passage !

Plein de coeurs sur vous, toutes les deux 

Rémi