[Alan Tréard]

Bonjour amis poètes & poétesses,


Je me suis donné pour contrainte d'écrire un poème qui décrive mes aspirations du moment. J'ai choisi un thème qui me parle véritablement et dont j'aime tirer mon inspiration.

Les vers sont probablement imparfaits, et je serai enchanté de découvrir vos réactions à la lecture de ce poème. Cela signifie qu'il est publié pour corrections et améliorations dans la mesure du possible. Vos idées et propositions sont donc les bienvenues.


Je vous souhaite une agréable lecture.


L'impartialité prend son temps à mûrir.
Elle éprouve nos sens, si lente à nous offrir
Ses fruits au doux parfum dont l'excellent prestige,
Aimé depuis toujours, nous sert et nous oblige.
La force impartiale a le pouvoir du vin
Qui pourra vieillir et prendre un goût divin.
Si longtemps éprouvée, ô, douce est sa retraite,
Tel un corps fatigué qui repose sa tête.
Toujours en mouvement, par un sens qui convient,
Elle a réalisé le prudent va-et-vient,
Jamais, ô grand jamais, n'a rejeté la faute,
Comble ses invités comme un généreux hôte.

Tel un très gros gâteau qu'il faudrait partager,
Où couper chaque part représente un danger,
La justice est rendue à celui qui démontre
Une vraie équité, pesant le pour le contre.
Un poids dans la balance. Une écluse à passer.
Deux différents niveaux, deux drapeaux à hisser.
Entre chaque parti se trouve l'équilibre ;
En ce centre, ingénu, bienheureux, le cœur vibre.

Niché sur un surplomb, l'illustre observateur
Éloigné des conflits, prenant de la hauteur,
Va définir un cap, anticiper la guerre,
Voyant depuis en haut les malheurs de la Terre.
Il agit pour permettre à tous les innocents
De suivre un droit chemin aux objectifs décents.
Revendications, plaidoyers ou demandes,
Il écoute en tout temps puis rend les dividendes.

Pour trouver un repère, un prudent jugement
Établit la lumière en un souffle clément.
Savoir où l'on en est procure un équilibre
Et vivre pleinement permet d'être enfin libre.
L'impartialité peut réduire le fiel.
Guérissant les griefs, elle est un don du ciel.
C'est pour moi une joie, un havre d'excellence,
Un si bel idéal, une réelle chance.

[Robert-Henri D]

Bonjour Alan, quelle bonne surprise ! Et vaste sujet que celui-là ! Côté fond, il implique de faire preuve de sagesse dans le choix des mots et pas que ! car sans gratuité associée, la neutralité qui se prétend d'un tel texte, devrait nourrir en toute équité l'objectivité qui le prévaut ! Et tant mieux si l'idée s'avère implacablement utopique ! Car ainsi, la notion de justice, sera mieux assimilée par les poètes généreux.

Maintenant, côté forme (et c'est toi qui le "dis") je pense que les trois vers qui suivent, demandent à être peaufinés (au moins dans leur construction)

En se donnant à nous, nous sert et nous oblige.

Ni sur l'un, ni sur l'autre, a rejeté la faute,

Il prend en compte tout puis rend les dividendes.

[Alan Tréard]

Bonjour Robert,


Merci pour ton commentaire sur mon poème.

En effet, il faut savoir trouver une certaine objectivité pour combler un cœur impartial. Aspirer à une telle exigence est une force et non une faiblesse. On ne se fait jamais assez une idée claire de ce à quoi peut répondre l'impartialité. La définir est une épreuve en soi.

Je trouve que c'est un engagement à part entière.


En ce qui concerne les vers que tu as cités, je les ai modifiés :

En se donnant à nous, nous sert et nous oblige.

Aimé depuis toujours, nous sert et nous oblige.

Ni sur l'un, ni sur l'autre, a rejeté la faute,

Jamais, ô grand jamais, n'a rejeté la faute,

Il prend en compte tout puis rend les dividendes.

Il écoute en tout temps puis rend les dividendes.


Et voici pour moi.

À bientôt sur le Monde de l'Écriture.

[Robert-Henri D]

Ah ouiiiii ! Alan, ainsi revu, c'est beaucoup plus crédible  !

[Pierre Lamy]

Alan, je salue ton effort.
Ce n'est pas une mince tâche que disserter en alexandrins .
Perso, je ne m'y risquerai pas.

Les tiens sont au top (y compris les diérèses).
Je n'ai noté  que ce décasyllabe

La justice est rendue à qui démontre

[Alan Tréard]

Bonjour Pierre Lamy,


Oui, difficile, mais pas impossible. Je prends un certain plaisir à rédiger ces vers comme un exercice auquel éprouver ma créativité.

Je n'ai noté  que ce décasyllabe

Bien vu ! Une erreur s'était glissée dans le poème, et le vers a été rectifié : La justice est rendue à celui qui démontre.



Merci beaucoup pour ton passage par ici.

Et à bientôt sur le Monde de l'Écriture.

[Claudius]

Coucou Alan, plaisir à te lire en poésie. J'aime bien ton poème de plus en alexandrins  , les rimes sont riches et alternées fémines masculines.

Les copains sont déjà passés, tu as corrigé superbement. Mais il reste, à mon sens, quatre vers à revoir éventuellement.

Mue entre chaque extrême en un sens qui convient,

Je trouve ce vers un peu maladroit, trois mots en e, plus "en un" à la suite, il est moins élégant que le reste.

Pour trouver un repère, le prudent jugement

Ici il y a 13 syllabes le e de repère est appuyé (remplacer le par un, et il devient muet)

L'impartialité est un don du ciel
Guérissant les griefs, apaisant le fiel.

Ici c'est un peu particulier, la diérèse ne s'applique pas pour ciel et fiel, ce qui fait que ces deux vers sont à 11 syllabes. Avant de commenter, j'ai vérifié si ma mémoire ne défaillait pas.
Ce lien est précieux, il précise quand appliquer ou ne pas appliquer la diérèse : diérèse et synérèse

Un bel essai Alan, 

[Alan Tréard]

Bonjour Claudius,


Ton commentaire me touche et me fait drôlement plaisir. Je trouve que le forum a vraiment sa place pour expérimenter comme ça, et l'alexandrin en est une, pour moi, d'expérimentation.

J'ai modifié les vers que tu as cités.

Je trouve ce vers un peu maladroit, trois mots en e, plus "en un" à la suite, il est moins élégant que le reste.

J'ai réfléchi, et je propose la chose suivante : Toujours en mouvement, par un sens qui convient,

Ici il y a 13 syllabes le e de repère est appuyé (remplacer le par un, et il devient muet)

Bien vu, j'ai adopté l'article un pour revenir au bon nombre de syllabes

Ici c'est un peu particulier, la diérèse ne s'applique pas pour ciel et fiel, ce qui fait que ces deux vers sont à 11 syllabes. Avant de commenter, j'ai vérifié si ma mémoire ne défaillait pas.
Ce lien est précieux, il précise quand appliquer ou ne pas appliquer la diérèse : diérèse et synérèse

Merci beaucoup pour ce précieux lien, que je m'en vais imprimer pour l'afficher sur mon bureau afin de ne plus me tromper. J'ai tenté une tournure plus intuitive :
L'impartialité peut réduire le fiel.
Guérissant les griefs, elle est un don du ciel.

Un bel essai Alan,

Merci beaucoup Claudius, ça me fait bien plaisir.


À bientôt.

[Claudius]

 


C'est bien plus fluide. Oui, c'est ça le but du forum, faire avancer les auteurs dans leurs expérimentations.

 

[prune]

Ton poème est didactique et allégorique sur l’impartialitéet la justice. Ta voix lyrique défend un idéal moral à l’aide d’images filées (vin qui mûrit, partage du gâteau, balance/écluse, observateur en surplomb). Ton noble, ponctué d’apostrophes (“ô”), de maximes et d’énoncés gnomiques.

Les points forts de ton poème :

Sa clarté argumentative : le propos progresse de la définition (“prend son temps à mûrir”) vers l’application (équilibre entre parties) puis la posture du juge et de l'observateur.

Ses images structurantes : vin qui vieillit, balance, écluse, drapeaux → elles donnent des repères concrets au lecteur.

Registre élevé assumé : “havre d’excellence”, “don du ciel” ; effets d’oralité contrôlés (“ô, grand jamais”, phrases nominales).

Une toute petite réserve :

Une abstraction dominante : beaucoup de substantifs abstraits (“impartialité”, “équilibre”, “jugement”, “excellence”) et de verbes génériques (“établit”, “permet”, “réaliser”). Parfois ton poème énonce plus qu’il ne fait voir ou entendre?

[Alan Tréard]

Bonjour prune,


Merci à toi pour ce commentaire soigné qui en dit beaucoup et montre ce que l'on peut y voir.

Tant mieux si la clarté du poème se ressent à la lecture, car cela signifie que j'ai réussi à être clair envers moi-même, envers mes propres attentes. Mon intention était d'exposer un idéal aussi limpide que possible. Je suis également ravi de découvrir que tu as trouvé des repères concrets dans ce poème.

Une abstraction dominante : beaucoup de substantifs abstraits (“impartialité”, “équilibre”, “jugement”, “excellence”) et de verbes génériques (“établit”, “permet”, “réaliser”). Parfois ton poème énonce plus qu’il ne fait voir ou entendre?

C'est une critique très intéressante qui montre qu'il manque une étape dans l'écriture de ce poème. Il s'agirait de montrer l'impartialité et de ne plus seulement en parler. Ça pourrait être une prochaine contrainte pour moi de parvenir à présenter une scène du quotidien dans laquelle l'impartialité s'exprime avec poésie.

Je retiens dans un coin de ma tête ta critique, je la mûrirai et je proposerai peut-être quelque chose de nouveau si quelque chose me vient.


Un grand merci à toi d'être passée par ici.

Et à bientôt sur le Monde de l'Écriture.