Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

19 Septembre 2025 à 20:17:53
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Destin

Auteur Sujet: Destin  (Lu 4150 fois)

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Destin
« le: 19 Janvier 2018 à 15:47:54 »
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Ce mercredi matin d’avril, la porte de son bureau s’ouvre et là, en face d'elle, un sourire illumine des yeux pétillants de malice.

— Bonjour Madame, excusez-moi de forcer votre porte, mais il n’y a personne à l’accueil, pourriez-vous me renseigner ?

Elle acquiesce avec un sourire, et répond bien volontiers à cet homme charmant et courtois.
Elle ne sait pourquoi, elle a ce pincement à l'estomac en l'apercevant. Les yeux pétillants se font inquisiteurs, la voix est douce et elle se sent mal à l’aise.

Le visiteur explique son problème et après avoir noté, elle lui précise que sa collègue, absente le mercredi, traitera son dossier dès le lendemain.

— Merci pour votre aide, je rappelle votre collègue dans la semaine.

— Monsieur,  il n'y a pas de problème, nous sommes à votre service, mais rappelez-vous elle ne travaille pas le mercredi, dit-elle d’un ton mal assuré.

Le mercredi suivant le téléphone sonne :

— Bonjour je ne sais si vous vous souvenez, je suis Monsieur Bousquier, je suis venu mercredi dernier.

C’est sûr qu'elle se souvient, elle n'a pu l’oublier et étrangement sa voix provoque en elle le même le trouble que celui né de son regard.

— Bonjour, je me souviens oui, mais ne vous avais-je pas dit que ma collègue était absente le mercredi ?

Un rire franc percute ses tympans ;

— Oui, oui...  je le sais bien, mais…

Un silence suit cette phrase...

— Je suis désolé, mais c’est à vous que je voulais parler, à vous seule...

De nouveau le ton de sa voix la perturbe, les mots lui échappent...

Il hésite, le ton emprunté ne colle plus avec le personnage jovial et ouvert qu'elle avait rencontré la semaine passée. Dans un effort qui parait surhumain, il lâche d’un trait :

— Je suis à Bordeaux demain, voudriez-vous déjeuner avec moi ?

Cet aveu, jeté comme une prière à je ne sais quel Dieu, la laisse sans voix sur l’instant puis, regroupant ses esprits en essayant de garder un ton léger, elle s'entend répondre bêtement :

— Euh... mais pourquoi ?

Il rit, plus calme, et lui explique que c’est pour la remercier de l’avoir si bien reçu la semaine passée, que sa collègue a bien réglé son problème ce lundi même avec beaucoup d’efficacité. Elle répond, troublée, qu'elle est mariée et qu’il n’est pas très bien venu d’accepter une invitation d'un inconnu. Il retrouve vite sa verve naturelle, elle sent dans sa voix qu’il sourit à pleines dents, il lui rétorque que lui aussi est marié, et que cette invitation n’est ni une arnaque aux sentiments, ni un prétexte pour draguer, mais qu'il souhaite vraiment la remercier pour son intervention.

Elle ne sait pourquoi, mais elle accepte son invitation. En fait si, elle sait pourquoi : cet homme l’a charmée, elle a envie de le connaître mieux, simplement par amitié peut-être, ou plus. Il n’est pas dans ses habitudes d’aller regarder ailleurs. Elle n'est pas volage, même si son couple bat de l’aile comme on dit. L’habitude après vingt-cinq ans de mariage, la lassitude de supporter un mari râleur, et qui a une fâcheuse tendance à boire un peu trop lors de repas professionnels. Jamais il ne lui est venu à l’idée de vivre une aventure.

Le lendemain midi elle arrive devant le restaurant, il est là devant la porte, il l'attend.

Depuis ce jour, ils se voient souvent, rien dans leurs rapports ne dépasse l’amitié jusqu’à ce lundi de fin août où elle rentre de trois semaines de congés :  il l'appelle.

— Bonjour, je passe trois jours à Bordeaux, j'arrive demain, on peut se voir ? Il faut que je te parle.

Toute la soirée ses mots reviennent en boucle : de quoi veut-il me parler ? Elle est à la fois impatiente et dans le doute.

C'est la plus belle déclaration qu’il lui est donnée d’entendre, trois semaines sans se voir ni même se parler, trois semaines si longues où il a compris que la vie sans elle serait un calvaire.

Tendrement sa main tenant la sienne, il dit :

— Je t’aime, depuis le premier jour, je t’ai aimée. Je te sais fidèle et respectueuse de ta vie de famille, je te sais droite, mais je t’aime et je voudrais refaire ma vie avec toi. Réfléchis à ça, prends ton temps, laisse mûrir, ne me réponds pas tout de suite, mais sache que mon amitié te sera acquise quelle que soit ta réponse.

Sur le moment elle ne sait que dire, elle l'aime aussi depuis le premier jour, mais la raison l’emporte sur ce sentiment et elle n'a jamais laissé paraître ce qu'elle ressent.

La tête pleine elle le quitte à regret, ses lèvres effleurent juste les siennes, doux signe d’un respect et d’un amour véritable. Elle rentre chez elle.

Fait étrange, son mari est exécrable ce soir là, le repas du midi au restaurant n’a sûrement pas été léger en breuvages alcoolisés. Elle se surprend à penser fortement à Michel, elle réalise qu'elle l'aime profondément, qu'il lui apporterait tout ce qu'elle n'a plus depuis longtemps.

La semaine passe, jamais il ne lui repose la question, il sait que seul le temps apportera la réponse.

Un mois plus tard, son mari franchit les limites du supportable et menace de la frapper, pour une broutille, concernant un accessoire de son ordinateur qui a disparu. Il la bloque contre le mur et lève un bras menaçant, qu'elle bloque in extremis, il finit son geste sur la cloison. Cette brutalité qu'elle connait bien,  qui n'avait jusqu'à ce jour jamais dépassé le stade de la menace, est le point de départ d’une décision qu'elle retardait inconsciemment, tant elle était dure à prendre.

Ce dimanche matin, avant que l’alcool ne brise sa raison, elle lui annonce son intention de partir, de le quitter, qu'elle n’en peut plus de ce que l’alcool a fait de lui, que tout l’amour qu'elle avait pour lui s’évanouit chaque jour un peu plus, un peu plus à chaque verre de trop.

— Je ne bois pas !!! Je ne suis pas alcoolique ! Tu cherches une excuse ! Tu as quelqu’un avoue !

Elle n'a personne non, juste un ami, un ami cher, mais pas de chair, car ils sont simplement amis. Jamais il n’a esquissé le moindre geste qui aurait pu modifier cet état, seul ce baiser effleurant ses lèvres un mois auparavant.

Après les insultes, les menaces, les pleurs, les supplications, son mari admet enfin qu’il est malade et qu’il faut qu’il se soigne. Mais elle ne le croit plus et elle aspire à une vie heureuse : sa décision est prise.

Dans la semaine, ils se retrouvent. En la voyant il n'a plus de doute, il sait qu'elle est prête à partager sa vie, leurs mains alors, leurs bouches et leurs corps se découvrent. Tant de tendresse et tant d'amour, jamais elle n'a connu ça, ni tant de douceur et de complicité.

Elle commence à préparer son départ, proprement, pour que tout se passe bien, que ce qu'ils ont construit son mari et elle, ne soit pas vain. Il est difficile de jeter au panier vingt-cinq ans de vie commune. Au début ils étaient heureux, tout à changé depuis quelques années, depuis que l'alcool a fait ses ravages, depuis ces repas chaque jour, depuis qu'il a plongé dans cet alcoolisme que l'on qualifie de mondain.

Ils se voient maintenant deux jours par semaine, elle ne découche jamais et contrairement à ses idées anciennes elle n'a aucun remord et elle ne culpabilise pas : elle a ce droit au bonheur, enfin après tant de patience et de don de soi. Ses enfants sont grands, ils n’ont plus besoin d'elle, il est temps qu'elle pense à elle.

Et puis un jour, il l’appelle tout joyeux :

— Je passe toute la semaine à Bordeaux, j’ai un gros dossier à régler, nous nous verrons tous les jours si tu veux…

Le lundi midi ils doivent se retrouver à l’appartement qu’il occupe, elle entre et prépare le déjeuner comme chaque fois qu’il vient, il est toujours ponctuel, vers midi et demie, elle entend toujours le cliquetis de la clef dans la porte d'entrée et son pas dans l'escalier. Moment divin avant l'étreinte.

A treize heures il n'est pas là. Inquiète elle s'empresse de l’appeler sur son portable, mais ne peut joindre que la messagerie — ils ont convenu qu'elle ne doit jamais laisser de message compromettant, eut égard à ses difficultés pour aller au bout de son divorce. Règle qui est réciproque, leur liaison ne doit pas paraître pour que les séparations soient claires. Ils ont décidé d’ailleurs de ne pas vivre ensemble au début, de garder un peu leur liberté afin de réapprendre à vivre.

Tout l’après-midi elle ne cesse d’appeler, rien, son téléphone est éteint. Elle est dans une angoisse folle, dans ces moments là tout passe par la tête, la peur, l’inquiétude, la colère, le doute.

Quinze jours maintenant qu'elle est sans nouvelle. Quinze jours qu'elle souffre en silence. Elle avait promis de ne jamais appeler son entreprise à Paris, quoiqu’il arrive : elle tient sa promesse. Mais quinze jours c'est plus qu'il n'en faut pour craquer quand on a la peur au ventre, qu'on est tiraillé par des sentiments divers d'incompréhension, d'ignorance et parfois de haine.

Ce matin là, n’y tenant plus elle appelle en se faisant passer pour une quelconque société :

— Allô ! Bonjour, pourrais-je parler à Monsieur Bousquier je vous prie ?
— De la part de qui ?
— La Société Untel, merci
— Je vous le passe
— Allô ? Monsieur Bousquier bonjour...

Sur le moment elle ne reconnait pas la voix, elle hésite, puis dit :

— Bonjour Monsieur Bousquier Michel ?
— Non je suis Bousquier Bernard son frère, je suis désolé Madame, mais vous ne semblez pas informée, mon frère est décédé dans un accident de voiture en descendant à Bordeaux. Nous avons adressé un faire-part de décès à tous ses clients, nous avons dû oublier votre entreprise, j'en suis navré. Que puis-je pour vous ?

Elle balbutie de vagues excuses et raccroche, anéantie.

Elle accuse le coup, maudissant ce destin qui lui assène le coup de grâce, ne serait-elle donc jamais heureuse ? N'a-t-elle pas droit au bonheur ? Des jours entiers à pleurer en silence, surtout ne pas laisser paraître, surtout ne rien dire à personne, surtout ne pas devenir folle.

Elle rentre chez elle chaque soir, part bosser chaque matin, étrangère à tout ce qui l'entoure. Elle ne parle plus de divorce, plus de partir, elle ne parle plus à personne ou presque. Juste le strict minimum quand il le faut. Sauf, à ses enfants lors de leurs visites où elle essaye de faire bonne figure, de rire, de vivre.

Est-ce à ce moment là que son mari a compris ce qu'il perdait ? Est-ce le déclic qui lui a permis de prendre conscience ? Il a pris sa vie en main, il a refusé les repas professionnels du midi, il a suivi une thérapie en cachette. Petit à petit il a changé, ses crises de colère se sont estompées, il a su combattre pour gagner de nouveau sa confiance et laisser renaître ces sentiments presque oubliés.

Le destin est facétieux.

Est-ce un bien, un mal, jamais elle ne le saura, mais ce qu'elle sait, c’est que l’amour que son mari lui porte a été plus fort que sa maladie. Que cet amour lui a donné la force de combattre pour la garder. Mais qu’il a aussi fallu cet épisode dramatique pour qu'elle ait le courage de forcer cet amour à éclore.



Edit  pour correction suite aux commentaires et à l'aide efficace de Léilwën
« Modifié: 25 Janvier 2018 à 13:59:18 par Claudius »
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Hors ligne Claudius

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Re : Destin
« Réponse #1 le: 19 Janvier 2018 à 16:41:11 »
Cher Job, je dois rectifier un peu, ce n'est pas autobiographique. Je vais d'ailleurs le préciser en préambule.

Merci tout de même pour ce commentaire empathique

Edit : en fait je me rends compte que je n'aurais pas dû utiliser le Je, mais utiliser Elle. Je vais revoir ça.

 ;) ;)
« Modifié: 19 Janvier 2018 à 16:46:23 par Claudius »
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Hors ligne avistodenas

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Re : Destin
« Réponse #2 le: 19 Janvier 2018 à 16:47:30 »
La vie, le réel, ont beaucoup plus d'imagination que nous n'en aurons jamais. (J'ai bien cru que c'était du pur vécu  :mrgreen:)

Et si...    Et si....     Ce garçon ne t'avait pas laissé un numéro de téléphone... Et si....   Et si....

Hasard... Destin... 

Il faut se réjouir. Pour le bon, et le mauvais, il faut se réjouir, toujours, avec entêtement.

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Re : Destin
« Réponse #3 le: 19 Janvier 2018 à 16:50:54 »
Merci Avistodenas, je ne sais si je pourrais poster, au vu et su de tout le monde des situations aussi personnelles, je crois que je préserve trop ma vie privée pour ça et aussi peut-être par pudeur. Il y a des choses que l'on ne peut pas partager.

Disons que ce texte a une part de vécu (pas le mien) et une part romancée.

Merci de ton ressenti.

Oui la vie il faut la vivre, avec tout ce qu'elle apporte, le mauvais souvent engendre du bon.

 ;) ;)

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Hors ligne JigoKu Kokoro

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Re : Destin
« Réponse #4 le: 19 Janvier 2018 à 17:12:29 »
Ma chère Claudius du club des fourr.. des bourr... euhh du club quoi  :huhu:

L'histoire est sommes toute classique en soit. L'inconnu, la relation, la vie de couple, le mauvais mari etc.. La vie quoi !  :D

C'est pas un reproche hein, j'aime bien et je m'attendais à autre chose sur la fin. Le décès est triste mais c'est mieux que ce à quoi que je m'attendais (genre le gars l'avait trahi ou pire). La partie finale sur le reprise du couple avec le mari qui se soigne manque peut-être un peu de contenance. C'est assez court, un peu expéditif. Sans en faire des tonnes, elle mériterait d'être un peu plus étoffée.

Je te fais pas la liste des fautes toussa parce que bon je pas très doué...  >< J'ai vu par contre, pas mal d'oubli de majuscules  :D

Au début de l'histoire j'ai eu du mal à percevoir si le malaise ressenti par la narratrice était positif ou négatif. Il n'y a que plus tard que je l'ai compris. Je ne sais pas si c'et volontaire mais du coup ça m'a un peu perdu.

Il y a aussi, pour moi un soucis de concordance des temps. Tu attaques ton récit au présent puis, par moment, tu  le met au passé :-\

Citer
Ce mercredi matin d’avril, la porte de mon bureau s’ouvre et là en face de moi, un sourire illumine des yeux pétillants de malice.

- Bonjour Madame, excusez-moi de forcer votre porte, mais il n’y a personne à l’accueil, pourriez-vous me renseigner ?

J’acquiesce en rendant le sourire, et réponds bien volontiers à cet homme charmant et courtois.
Je ne sais pourquoi, mais un pincement me prend au niveau de l'estomac. Les yeux pétillants se font inquisiteurs, la voix est douce et je me sens mal à l’aise.

Le visiteur m'explique son problème et après avoir noté, je lui précise que ma collègue, absente le mercredi, traitera son dossier dès le lendemain.
Présent
puis...
Citer
Cet aveu jeté comme une prière à je ne sais quel Dieu, me laissa sans voix sur l’instant, puis regroupant mes esprits, en essayant de garder un ton léger, je m’entends répondre le truc bête au possible :
passé simple
Citer
Je ne sais pourquoi, j’acceptais son invitation. En fait si je sais pourquoi, cet homme m’avait charmée, j’avais envie de le connaître mieux, simplement par amitié peut être, ou plus, il n’était pas dans mes habitudes d’aller regarder ailleurs. Je n’étais pas volage, même si mon couple battait de l’aile comme on dit. L’habitude après vingt ans de mariage, la lassitude de supporter un mari râleur, et qui avait une fâcheuse tendance à boire un peu trop lors de repas professionnels. Jamais il ne m’était venu à l’idée de vivre une aventure.
Et hop un autre temps  :/

Moi ça m'a un peu perdu dans la temporalité de l'histoire. Il aurait peut-être fallu commencé au passé puis basculé au présent sur la fin de l'histoire à la conclusion.  :\?

Enfin dernier point qui est peut-être un choix, la narratrice est à l'image de ce qu'elle raconte. Prudente, sur la réserve, elle ne lâche pas grand chose sur ce qu'elle ressent. J'avoue que ça me frustre un peu  >< J'avais très envie de plongé dans ses émotions (sans pour autant qu'elle en fasse des tonnes).

Bref, j'ai bien aimé mais (en dehors de la temporalité des conjugaisons) il me manque un petite plus dans cette histoire. Un peu plus d'émotions, un peu de plus de contenu, bre f j'en veux pluuuuus !!  ^^

Au plaisir de te lire  :)

Ningen soto, bakemono naka....
"L'amour et la haine sont les deux faces d'une même pièce qu'il est bien trop aisé de retourner..." - JK

Hors ligne avistodenas

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Re : Destin
« Réponse #5 le: 19 Janvier 2018 à 17:28:07 »
On en veut toujours plus Jigoku, c'est notre drame, nous qui ne savons jamais gérer notre frustration.

Chacun des textes postés ici est source de frustration : pas assez... trop... autrement...

Et c'est très bien ainsi car sans frustration, nous n'existerions pas.

Hors ligne Claudius

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Re : Destin
« Réponse #6 le: 19 Janvier 2018 à 17:58:10 »
Coucou Jigo, vive les club des fous  :-¬? :-¬?

Oups, le temps que tu commentes très finement, j'ai reconstruit le texte, mais je vais me relire, j'ai peut-être encore oublié certaines majuscules et certaines fautes et concordances de temps, je m'en étais rendue compte, pfff j'ai posté trop vite. Je pense que je vais tout passer au présent.

Pour le malaise c'est un peu fait exprès, je ne veux pas dévoiler trop tôt ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre. Un coup de foudre en somme.

Merci en tout cas, tu as raison il me faudrait étoffer la fin un peu. Je vais revoir tout ça à tête reposée...

 :mrgreen: :mrgreen:

Edit : corrections faites, tout au présent

Avistodenas, merci  :mrgreen:

« Modifié: 19 Janvier 2018 à 18:22:33 par Claudius »
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Hors ligne Ari

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Re : Destin
« Réponse #7 le: 19 Janvier 2018 à 18:45:10 »
Bonjour Claudius. J'ai trouvé que c'était une belle histoire, et peu importe sa banalité ou non, elle reste toute aussi entière et prenante. J'ai beaucoup aimé les conclusions... La narratrice sublime ce qu'elle a vécu au lieu d'en garder de l'amertume.

C'est intéressant de voir que tu avais commencé par l'écrire à la première personne du singulier, car en le lisant, le "Elle" m'a d'abord beaucoup gênée. Ca se voit que c'était écrit pour du "je".

Pour moi, décrire un personnage à la troisième personne, sans jamais donner son prénom, donne un regard assez extérieur. Ca crée une certaine curiosité. Qui pour moi est synonyme d'un point de vue externe sur le personnage. Pour garder le Elle, peut-être que ce serait un peu + fluide si l'introduction se faisait plus en douceur. Car là dès la première phrase on découvre les deux personnages en même temps, et pendant plusieurs lignes, on ne sait pas trop de quel point de vue on se situe.

"- Bonjour, je passe trois jours à Bordeaux, on se voit j’arrive demain, il faut que je te parle.
C'est la plus belle déclaration qu’il lui est donnée d’entendre, trois semaines sans se voir ni même se parler, trois semaines si longues où il a compris que la vie sans elle serait un calvaire."

Ce passage m'a gênée... En quoi le "il faut que je te parle" est-il une déclaration d'amour ??? Parfois c'est au contraire très mauvais signe. Peut-être est-ce dans sa voix qu'elle a perçu un autre message ? La détresse, l'amour, le besoin de la voir ?

Merci pour ce partage.
~ Ari ~

Hors ligne Claudius

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Re : Destin
« Réponse #8 le: 19 Janvier 2018 à 18:55:57 »
Merci Ariane de ton retour.

Tu vois je l'ai réécrit plus impersonnel, et j'aime moins cette version. Le je apportait plus de sentiment, plus d'intériorité.

C'est une bonne idée de développer un peu le début, je vais y travailler.

Je comprends ton interrogation par rapport à ce passage, sur la déclaration, en fait je l'ai zappée. Elle est sous-entendue, je devrais peut-être la décrire.

J'ai souvent ce souci de vouloir arriver trop vite à la fin d'un texte et j'en oublie parfois des passages importants.

Je suis persuadée qu'il peut être amélioré, je vais tenter d'y repenser.

Merci beaucoup à toi !
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Re : Destin
« Réponse #9 le: 19 Janvier 2018 à 19:03:11 »
C'est bien aussi de faire une ellipse pour la déclaration elle-même ; mais je pense alors qu'il faut resituer le contexte. Ajouter une phrase entre deux du style : "Quelques heures plus tard, ils sont au café Machin." Tu peux ajouter autre chose pour sous-entendre qu'il vient de dire qqch d'important... "Un petit silence plane entre eux..." "Les derniers mots de Michel résonnent encore..." "Entre eux, deux tasses de café vides, et un grand silence."

Si tu aimais davantage la version avec le je, pourquoi ne pas y revenir ? Le "je" n'est pas réservé à l'autobiographie loin de là. Après le "elle" est intéressant aussi. Prends ce que tu préfères :)
« Modifié: 19 Janvier 2018 à 19:13:38 par Ariane »
~ Ari ~

Hors ligne Claudius

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Re : Destin
« Réponse #10 le: 19 Janvier 2018 à 19:09:33 »
Tes conseils sont très constructifs, ils m'éclairent beaucoup.

Merci  :coeur:
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Hors ligne avistodenas

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Re : Destin
« Réponse #11 le: 19 Janvier 2018 à 20:38:09 »
Si je puis me permettre, je préfère la version "Elle", troisième personne, mais je ne saurais dire pourquoi.

Il est toujours plus facile d'écrire à la première personne, cela résout bien des difficultés. Cependant la troisième personne signifie que l'on se pose en "deus ex machina", autrement dit à la place de Dieu, seul capable de lire dans les esprits.

Dans les deux cas, il ne faut pas réfléchir et suivre son inspiration.
Donc, Claudius, à toi de suivre la tienne, ce sera toujours le mieux.

Léilwën

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Re : Destin
« Réponse #12 le: 19 Janvier 2018 à 21:19:10 »
Coucou Claudius !  :)

Au niveau des émotions, ça fonctionne pour moi : dès le début, j'ai eu la boule au ventre - je ne savais pas pourquoi (moi non plus, tu vois, il n'y a pas que ta narratrice  ;) ) mais je sentais que ça allait "mal finir".

Allez, je te fais ma chipoteuse au fil du texte :
     - j'aurais mis une virgule entre "là" et "en face" dans la 1ère phrase.
     -
Citer
un pincement lui fait un noeud à l'estomac
=> la tournure sonne bizarre à mes oreilles... concrètement, un pincement ne peut pas faire un noeud... "son estomac se tord" ? "elle ressent un pincement au niveau de l'estomac" ?
     -
Citer
étrangement sa voix  provoque en elle le même le trouble que celui né de son regard.
=> ça j'aime bien ;D
     -
Citer
Cet aveu, jeté comme une prière à je ne sais quel Dieu
=> ça aussi ;D
     -
Citer
elle s'entend répondre le truc bête au possible
=> il manque un mot et la tournure sonne bizarre pour moi : "elle s'entend répondre bêtement : blablablabli" ?
     -
Citer
il lui rétorque que lui aussi était marié
=> était "est" ?
     -
Citer
mais simplement vouloir la remercier
=> ça me sonne bizarre (je sais, je suis enquiquinante  :/), tu fais une liste de noms, et tout d'un coup, un infinitif : "simplement un remerciement" ?
     -
Citer
vingt cinq ans
=> je ne sais pas ce que disent les nouvelles "lois de la langue française", mais j'aurais mis un tiret entre "vingt"et "cinq"
     -
Citer
elle se rend au rendez-vous
=> beaucoup de "rend" dans le même tronçon de phrase (oui, c'est du pinaillage high level...  :noange:)
     -
Citer
bla bla bla trois semaines de congés,  il l'appelle :
=> j'aurais mis un point ou un point-virgule à la place de la virgule
     -
Citer
on se voit j’arrive demain
=> virgule entre "voit" et "j'arrive" ?
     -
Citer
saches
=> -s ?
     -
Citer
jamais il ne lui repose la question, il sait que seul le temps apportera la réponse
=> ça j'aime bien  ;D
     -
Citer
avant que l’alcool ne brise sa raison
=> ça aussi  ;D
     -
Citer
s’évanouit avec chaque verre
=> selon moi, il manque un truc pour le sens... "s'évanouit UN PEU PLUS avec chaque verre" ?
     -
Citer
un ami cher, mais pas de chair
=> ça, je sufkiffe à donf !! si tu me permets l'expression... ;)
     -
Citer
que ce qu'ils ontt construit
=> ATTENTION, les "t" contre-attaquent, lassés d'être exclus de tes lipogrammes  :-¬?  :D
     -
Citer
ne soit pas perdu, il est difficile
=> j'aurais fait une pause dans la phrase, avec un point ou un point-virgule à la place de la virgule
     -
Citer
vers midi et demi
=> +e
     -
Citer
A 13 heures ne le voyant pas
=> virgule après "heures" ?
     -
Citer
mais ne peut joindre que la messagerie, ils ont convenu
=> pareil que précédemment : j'aurais fait une pause dans la phrase, avec un point ou un point-virgule à la place de la virgule
     -
Citer
quelconque Société
=> je n'aurais pas mis de majuscule à "société" ici
     -
Citer
Mais le destin n’en reste pas là, son mari s’est soigné, le temps a passé, et aujourd’hui leur couple a retrouvé sa sérénité.
=> aaaaah tu vas bien trop vite pour mon p'tit coeur tout fragile !! Ce n'est humainement pas possible de balayer le décès d'un être cher aussi vite, non ?
A cet endroit là, j'aurais bien aimé (si tel était le cas) qu'il soit fait mention du deuil de la narratrice, de ses difficultés à réapprendre à vivre (parce que j'imagine qu'après tout ça, elle a dû avoir une blessure à l'âme ?)
      -
Citer
que son mari lui  porte
=> double espace entre "lui" et "porte"

Ce que je trouve dommage, c'est cette fin trop rapide. Parce qu'elle est très bien ta fin : rappeler que quoi que l'on vive de traumatisant, le bonheur, lui n'est pas mort et reviendra c'est un message très puissant et hyper important (que l'on oublie parfois...).
Mais le fait de passer trop vite du "point culminant" de la souffrance à "je vais bien tout va bien" décrédibilise la fin.

Bref, une bonne petite histoire et une chouette fin  :)

A très vite !  :-*

Hors ligne Claudius

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Re : Destin
« Réponse #13 le: 19 Janvier 2018 à 21:26:16 »

Merci Avistodenas, je vais y penser, quand l'envie me prendra de le revoir. Tous les avis sont intéressants, chacun le perçoit à sa manière. En prendre et en laisser comme on dit, mais ça fait réfléchir et ça permet de se remettre en question.

La version elle met le narrateur hors cadre, c'est plus impersonnel.

 ;) ;)

Léilwën, wouah ! Merci de tout coeur de tes remarques ! Bon j'ai écrit trop vite, c'est fou ce que tu as relevé comme fautes et incohérences.

Je crois que je vais devoir m'y mettre sérieusement !

Oui, la souffrance, je l'ai volontairement effacée, comme si le destin avait choisi pour elle, mais c'est vrai que ça manque.

Donc du pain sur la planche,  il va me falloir synthétiser tout ça et revoir ma copie.

Merci à vous tous de votre fidélité et de vos lectures efficaces.

 :coeur: :coeur:

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Re : Destin
« Réponse #14 le: 19 Janvier 2018 à 21:48:29 »
Bon, je savais déjà que Léilwën et moi avions des goûts littéraires en commun, et ça se confirme encore : je suis d'accord avec presque tous ses pinaillages ! Surtout sur la ponctuation, toutes les petites rectifications (infinitif à transformer en nom, etc etc).

La seule chose où je diffère un peu c'est que pour moi ton texte, empreint d'énormément de pudeur sur la fin, peut garder cette particularité. Par exemple pour l'extrait cité par Léilwën :

"Mais le destin n’en reste pas là, son mari s’est soigné, le temps a passé, et aujourd’hui leur couple a retrouvé sa sérénité."

Pour moi tu n'es pas obligée de t'étendre sur le deuil. Par contre, comme Léilwën je pense, j'aurais apprécié que le rythme de lecture soit + lent, + posé, peut-être grâce à une ponctuation qui respecte mieux le lecteur, un peu + de détails juste pour ralentir le rythme. Pas forcément détailler toutes les épreuves qu'elle a dû traverser. Dans l'ensemble, tout ton texte gagnerait (à mes yeux) à être raconté de manière un peu + posée ; mais pas forcément + expansive concernant les émotions profondes.

Avistodenas :

Je vois ce que tu veux dire mais je ne peux pas m'empêcher de rectifier un détail : à te lire on pourrait croire qu'un récit à la troisième personne est forcément écrit du point de vue d'un narrateur omniscient ; mais non, on peut écrire d'un point de vue interne tout en restant à la troisième personne.

(L'inverse, écrire à la première personne tout en étant omniscient, me paraît possible aussi mais plus difficile... Par exemple un narrateur qui raconterait une histoire au passé... Aujourd'hui il connait quelles étaient les intentions de chacun et il peut les détailler pour tout le monde tout en gardant son "je" à lui.).
~ Ari ~

 


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