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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » La tête dans les étoiles

Auteur Sujet: La tête dans les étoiles  (Lu 3928 fois)

Hors ligne Maïa Hold

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La tête dans les étoiles
« le: 02 Mars 2009 à 21:24:22 »
Il s'agit d'un texte que j'ai écrit dans le but de l'envoyer à un concours (plus d'infos ici: http://www.maisondelafrancite.be/index.php?nav=publications&subnav=francite/56/56a).
Il a pour thème "La tête dans les étoiles". J'ai interprété ce thème à ma manière, et je pense qu'il est nécessaire de l'expliquer un peu.
La tête dans les étoiles pour moi, c'est quand on n'a plus la tête "connectée" au reste du corps, qu'on ne forme plus vraiment un être entier, libre de ses mouvements. Cette idée m'a menée à écrire les derniers instants d'une jeune femme dans le coma, de son point de vue ( en italique ) et du point de vue de celui qui la veille. 

Elle semble dormir. Ses longs cheveux ondulés s’éparpillent sur l’oreiller bleu pâle, sa fine bouche s’entrouvre à chaque faible souffle qui s’échappe de ses lèvres gercées. Ses yeux sont clos et, étrangement, ses paupières ne frémissent pas. Ses épais cils sombres reposent sur ses joues pâles. Sur son visage se reflètent les ombres de ce qui l’entoure, ces machines menaçantes de part et d’autre de son lit. Antoine quitte l’atmosphère feutrée de la chambre qui l’oppresse. Dans le couloir, il s’assied sur une des dures et inconfortables chaises noires qui bordent le mur. Prenant son visage dans ses mains, il soupire doucement. La lassitude et le découragement l’envahissent. Une infirmière en blouse blanche passe. Il l’interpelle d’un inaudible : « Mademoiselle ? » Elle se retourne, surprise. Puis, avisant l’air abattu qu’affiche l’homme qui lui fait face, abordant son sourire professionnel et compatissant, elle répond : « Monsieur ?
-Souffre-t-elle ? », lui demande-t-il en indiquant de la tête la chambre voisine, où sa bien-aimée repose sur un lit d’hôpital.
Elle jette un coup d’œil dans la chambre, sur la patiente allongée. La jeune femme sait que cette beauté endormie a été victime d’un regrettable accident de voiture et qu’elle est maintenant plongée dans un profond coma. « Non, répond-t-elle. Elle ne souffre pas. Elle n’a pas conscience de son état. »

Je flotte dans un monde sans consistance, probablement les méandres de mon propre cerveau. Je ne sens plus mon corps, je suis légère, aérienne telle une plume portée par le vent marin. Mes muscles se sont endormis, seul mon esprit fonctionne encore, comme si on avait enfoncé le bouton « off » à moitié. Je n’en souffre pourtant pas, je n’ai pas l’impression d’être privée de mes mouvements comme une bête en cage. Je ne ressens même pas le besoin de bouger.
Sous mes paupières closes apparaît une lumière, blanche et aveuglante. Je nage dans cette lueur, flottant dans sa texture douceâtre. J’évolue lentement sans toutefois avancer, je reste sur place, progressant tout en restant au même point. Les lois de la science n’ont pas cours dans ce monde étrange et indéfinissable.
Que m’est-il arrivé ? J’ai vaguement conscience que mon état n’est pas naturel, que je n’ai pas toujours vécu ainsi. Mais j’ignore comment c’était avant, je ne me rappelle plus. Les tiroirs de ma mémoire restent scellés, j’en ai perdu la clé. Ne pas me souvenir ne me pèse pas, j’ai la sensation d’avoir trouvé le calme après la tempête. Je me sens en sécurité dans ce monde intérieur, comme si j’étais menacée au dehors.
La limpidité du paysage m’apporte une grande sérénité. Et je continue de nager sur place, épanouie dans ma solitude.


« Elle ne sent pas que nous sommes là ? » Les deux jeunes gens sont entrés dans la chambre. Antoine s’est assit sur le drap, a pris dans sa main celle, diaphane, de Daphné. Au pied du lit, l’infirmière consulte patiemment la fiche de la malade. Les médecins sont plutôt pessimistes à son sujet. Son état est pour le moins préoccupant. D’après le docteur qui l’a examinée lors de son arrivée, elle ne devrait même pas être en vie tellement sa colonne vertébrale et son cerveau ont été endommagés. Elle n’ose pas le dire au pauvre garçon rempli d’espérance. Elle se contente de lire rapidement en tournant les pages, comme si elle cherchait la réponse à sa question. Mais les médecins n’ont pas précisé ce type de détails, ils s’imposent d’eux-mêmes. « Non, souffle-t-elle enfin, elle ignore que vous lui tenez la main. » Antoine reporte son regard sur le visage tendrement aimé. Il voudrait prendre le corps de la jeune femme dans ses bras, le serrer très fort dans l’espoir de le voir revenir à la vie, mais il ne peut pas. Des tubes en tous genres le maintiennent fixé à la couchette, et les os brisés ne doivent pas être déplacés d’un pouce.

La surface gélatineuse dans laquelle j’évolue se resserre brusquement autour de moi. Je bats des mains dans le vide, essayant vainement de ne pas me noyer. Le souffle me manque, le liquide étrange s’infiltrant dans ma bouche m’empêche de respirer. Je lance des regards affolés autour de moi, mais il n’y a personne d’autre sur l’étendue infinie. Mes pieds battent pitoyablement la substance, sans pour autant m’empêcher de couler. L’angoisse s’infiltre en moi, perfide sentiment qui, je le sens, m’a toujours dévorée dans ma vie antérieure.
Et dans un horrible flash qui me pétrifie subitement, je revois comment cette vie s’est achevée, ce qu’il s’est passé pour que j’échoue ici, dans ce monde paradoxal qui cherche à me dévorer. Je me rappelle d’une voiture d’un rouge éclatant, d’un conducteur au teint basané, d’un bruit déplaisant de freinage en catastrophe. Et la douleur fulgurante de l’impact, le lent écoulement du sang dans mon dos, le cri déchirant  d’un homme. Puis, le trou noir, jusqu’à mon arrivée ici.
L’océan de mes pensées continue de m’engloutir en m’écrasant dans ses flots tumultueux. Je lutte toujours, avec de moins en moins de force. Finalement, toute idée de résistance m’abandonne, je me résigne à me laisser entraîner vers le fond. Que puis-je faire d’autre ?

Dans la chambre, un tintement retentit, bientôt suivi par d’autres, toujours plus insistants. Sur le moniteur de contrôle, près du lit, la courbe s’agite subitement. Dans son lit, Daphné respire de plus en plus faiblement. Son pouls s’emballe, il croit rapidement alors que les médecins et infirmières se hâtent en direction du bruit. Leurs pieds martèlent le sol, provoquant les regards surpris des visiteurs venus saluer leurs connaissances internées. Lorsque Antoine, debout à l’opposé du couloir, prenant un café avec la jeune infirmière qu’il a croisée, comprend que l’agitation vient de la chambre de sa fiancée, il lâche son gobelet de plastique et cours lui aussi. Sa compagne se hâte d’éponger le liquide brûlant qui se répand rapidement sur le sol plastifié avec une serviette de papier. Dans la pièce, les médecins auscultent la jeune femme tandis que les infirmières manipulent les instruments. Les hommes de sciences s’aperçoivent que la patiente est en train de s’étouffer et échangent des regards inquiets. Le seul indice physique de ce constat est la rougeur nouvelle de son teint qui déforme ses traits. Antoine bouscule tout le monde et se rapproche du lit. Nul ne tente de l’en écarter, chacun est conscient que Daphné vit ses dernières minutes. En effet, il n’y a aucune raison apparente à son étouffement, et son état comateux ainsi que la fragilité de son corps les empêche de pratiquer les habituelles manœuvres salvatrices. Un vieil homme barbu met tout de même un masque respiratoire sur le bas du visage de la demoiselle, bien conscient que ce sera tout à fait inutile. 

J’ai plongé dans les flots, j’ai cessé de me débattre. Je regarde autour de moi, mais le paysage est identique à celui que j’ai quitté. Nulle différence, si ce n’est qu’ici, je ne parviens pas à respirer. Mes cheveux flottent, épars, autour de moi. Je croise les bras sur ma poitrine. Je continue de couler, du moins est-ce l’impression que j’ai. Je ferme les yeux et m’abandonne à une apaisante inconscience.

Le bruit devient continu, la courbe s’est transformée en droite. Il n’y a plus la moindre buée sur le masque transparent, la poitrine de la jeune femme ne se soulève plus sous l’impulsion d’un faible souffle. Aux yeux d’Antoine brillent des larmes qu’il ne parvient même pas à pleurer. Le corps médical se retire, le laissant seul avec sa peine, inconsolable. La femme qu’il aime est morte. Il a le sentiment qu’une part de lui s’envole en même temps que la vie de la défunte. Il a plongé dans un abîme sans fond, ses épaules s’affaissent, lui donnant l’air d’un vieillard usé par la vie. En cet instant, il voudrait la rejoindre, être avec elle pour l’éternité, ne pas la laisser affronter toute seule la mort. Mais il sait qu’il continuera de vivre, portant en son cœur le souvenir de cet amour disparu. Le liquide salé coule sur ses joues, porteur d’un désespoir infini.

"L'unique joie au monde, c'est de commencer. Il est beau de vivre parce que vivre c'est commencer, toujours, à chaque instant." Cesare Pavese.

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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #1 le: 03 Mars 2009 à 19:12:45 »
Citer
Antoine s’est assit sur le drap, a pris dans sa main celle, diaphane, de Daphné.
assis


Citer
Son pouls s’emballe, il croit rapidement alors que les médecins et infirmières se hâtent
croît


Citer
il lâche son gobelet de plastique et cours lui aussi.
court


Citer
Les hommes de sciences s’aperçoivent que la patiente est en train de s’étouffer
science


voilà pour les fautes.

Pour le reste... j't'avouerai que j'ai pas aimé. Ce n'est pas très original sur le plan du fond et la forme est fluide, sans plus, j'ai trouvé. Je pense qu'un jury attend des aspérités, quelque chose qui démarque le texte. Une griffe personnelle. Là, c'est un thème assez rebattu, et c'est juste "bien écrit", dans le sens où il n'y a pas trop de lourdeurs. Pour un concours je sais pas si ça suffit...


voilà, après c'est mon avis perso :-[


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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #2 le: 03 Mars 2009 à 19:29:12 »
alors, comme lo' j'ai pas trop aimé :-[
parce que comme il te l'a dit c'est un thème plus que rebattu et il y a vraiment eu de très bons romans sur cette question ( donc on est plus exigents, lol)mais c'est surtout la narration qui me gêne
déjà j'aime pas le présent ( d'ailleurs ça m'étonne toujours de voir un texte au présent :mrgreen:) parce que...ça donne un aspect un peu descriptif du coup
peut-être que si tu l'avais fait au passé, comme on raconte quelque chose qui n'est plus, tu aurais automatiquemnt eenlevé les détails qui veulent être réels mais qui, pour moi, alourdissent le texte
mais par contre mettre au présent le point de vue de Daphné, oui, ça je trouve ça bien ( peut-être que le contraste passé/présent serait intéressant d'ailleurs)
mais par exemple toute la scène avec l'infirmière me semble superflu: déjà parce qu'il y a des répétitions entre ce que dit l'infirmière et ce que nous dit le narrateur, et aussi parce que c'est archi rebattu, donc....
si tu tiens vraiment à le faire, allège, fais ta scène en deux-trois lignes mais pas plus


et j'aime vraiment pas tout ces détails: il s'asseoit, il se prend la tête dans les mains et pense...je sais pas pour les autres, mais moi, j'ai l'impression de voir un robot et non un personnage
dans la vie, même si on fait ça, ça s'enchaîne, ça fait pas premier mouvement- deuxième mouvement etc....

en fait, je préfère les passages avec Daphné

et la fin, pareil, peut-être un peu trop convenu ne serait-ce que dans l'écriture
ex: "  Mais il sait qu'il continuera de vivre....."
tu penses pas que ça fait mieux de dire "Mais il continuera de vivre" ?
le  "il sait" éloigne le lecteur du personnage, c'est dommage pour ce texte, je trouve


et sinon, même si au début ça m'a fait rire de voir le prénom de "Daphné" ( c'est antique, lol), c'est bien choisi finalement, c'est aussi une autre Daphné finalment, pas prisonnière de la sève qui monte mais du coma
et du coup "Antoine", certes, ça rappelle les romains
bref, j'arrête là mes délires de khâgneuse classique désabusée :-¬?


bon, voilà j'ai pas trop aimé mais tu peux faire des rectifications ( si elles te conviennent bien sûr!) ^^
"Je crois qu'il est de mon devoir de laisser les gens en meilleur état que je ne les ai trouvés"
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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #3 le: 03 Mars 2009 à 21:09:40 »
Merci pour les fautes, Lo'.
Sinon, je comprends votre point de vue, et dans un sens vous avez raison.
Ce sujet est banal, trop utilisé. J'ai trop vite écrit ce texte aussi, et j'en ai conscience.


Après réflexion, je vais le retravailler.
« Modifié: 10 Mars 2009 à 21:09:04 par Maïa Hold »
"L'unique joie au monde, c'est de commencer. Il est beau de vivre parce que vivre c'est commencer, toujours, à chaque instant." Cesare Pavese.

Hors ligne Maïa Hold

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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #4 le: 18 Mars 2009 à 19:14:55 »
Suite à vos commentaires instructifs, j'ai modifié mon texte.
ernya, je n'ai pas pu enlever tous les détails, bien que j'ai allégé, me rangeant à ton avis [ avec le recul, j'ai vraiment remarqué que mon texte était lourd et barbant.. :o ].
Donc voila, en espérant avoir d'autres avis:

Je flotte dans un monde sans consistance, probablement les méandres de mon propre cerveau. Je ne sens plus mon corps, je suis légère, aérienne telle une plume portée par le vent marin. Mes muscles se sont endormis, seul mon esprit fonctionne encore, comme si on avait enfoncé le bouton « off » à moitié. Je n’en souffre pourtant pas, je n’ai pas l’impression d’être privée de mes mouvements comme une bête en cage. Je ne ressens même pas le besoin de bouger.
Sous mes paupières closes apparaît une lumière, blanche et aveuglante. Je nage dans cette lueur, flottant dans sa texture douceâtre. J’évolue lentement sans toutefois avancer, je reste sur place, progressant tout en restant au même point. Les lois de la science n’ont pas cours dans ce monde étrange et indéfinissable.
Que m’est-il arrivé ? J’ai vaguement conscience que mon état n’est pas naturel, que je n’ai pas toujours vécu ainsi. Mais j’ignore comment c’était avant, je ne me rappelle plus. Les tiroirs de ma mémoire restent scellés, j’en ai perdu la clé. Ne pas me souvenir ne me pèse pas, j’ai la sensation d’avoir trouvé le calme après la tempête. Je me sens en sécurité dans ce monde intérieur, comme si j’étais menacée au dehors.
La limpidité du paysage m’apporte une grande sérénité. Et je continue de nager sur place, épanouie dans ma solitude.

Elle semblait dormir. Ses longs cheveux ondulés s’éparpillaient sur l’oreiller bleu pâle, sa fine bouche s’entrouvrait à chaque faible souffle qui s’échappait de ses lèvres gercées. Ses yeux étaient clos et, étrangement, ses paupières ne frémissaient pas. Ses épais cils sombres reposaient sur ses joues livides. Sur son visage se reflétaient les ombres de ce qui l’entourait, ces machines menaçantes de part et d’autre de son lit.
« Elle ne sent pas que nous sommes là ? » Les deux jeunes gens étaient entrés dans la chambre. Antoine s’était assis sur le drap, avait pris dans sa main celle, diaphane, de Daphné. Au pied du lit, une infirmière en blouse blanche consultait  patiemment la fiche de la malade. Les médecins étaient plutôt pessimistes à son sujet. Son état était pour le moins préoccupant. D’après le docteur qui l’avait examinée lors de son arrivée, elle ne devait même pas être en vie tellement sa colonne vertébrale et son cerveau avaient été endommagés. La jeune femme n’osait pas le dire au pauvre garçon rempli d’espérances. Elle se contenta de lire rapidement en tournant les pages, comme si elle cherchait la réponse à sa question. Mais les médecins n’avaient pas précisé ce type de détails, ils s’imposaient d’eux-mêmes. « Non, souffla-t-elle enfin, elle ignore que vous lui tenez la main. »
Antoine reporta son regard sur le visage tendrement aimé. Il aurait voulu prendre le corps de cette femme dans ses bras, le serrer très fort dans l’espoir de le voir revenir à la vie, mais il ne pouvait pas. Des tubes en tous genres le maintenaient fixé à la couchette, et les os brisés ne devaient pas être déplacés d’un pouce.

La surface gélatineuse dans laquelle j’évolue se resserre brusquement autour de moi. Je bats des mains dans le vide, essayant vainement de ne pas me noyer. Le souffle me manque, le liquide étrange s’infiltrant dans ma bouche m’empêche de respirer. Je lance des regards affolés autour de moi, mais il n’y a personne d’autre sur l’étendue infinie. Mes pieds battent pitoyablement la substance, sans pour autant m’empêcher de couler. L’angoisse s’infiltre en moi, perfide sentiment qui, je le sens, m’a toujours dévorée dans ma vie antérieure.
Et dans un horrible flash qui me pétrifie subitement, je revois comment cette vie s’est achevée, ce qu’il s’est passé pour que j’échoue ici, dans ce monde paradoxal qui cherche à me dévorer. Je me rappelle d’une voiture d’un rouge éclatant, d’un conducteur au teint basané, d’un bruit déplaisant de freinage en catastrophe. Et la douleur fulgurante de l’impact, le lent écoulement du sang dans mon dos, le cri déchirant  d’un homme. Puis, le trou noir, jusqu’à mon arrivée ici.
L’océan de mes pensées continue de m’engloutir en m’écrasant dans ses flots tumultueux. Je lutte toujours, avec de moins en moins de force. Finalement, toute idée de résistance m’abandonne, je me résigne à me laisser entraîner vers le fond. Que puis-je faire d’autre ?


Dans la chambre, un tintement retentit, bientôt suivi par d’autres, toujours plus insistants. Sur le moniteur de contrôle, près du lit, la courbe s’agita subitement. Dans son lit, Daphné respirait de plus en plus faiblement. Son pouls s’emballa, il crut rapidement alors que les médecins et infirmières se hâtaient en direction du bruit. Leurs pieds martelaient le sol, provoquant les regards surpris des visiteurs venus saluer leurs connaissances internées. Lorsque Antoine, debout à l’opposé du couloir, prenant un café, comprit que l’agitation venait de la chambre de sa fiancée, il lâcha son gobelet de plastique et courut lui aussi.
Dans la pièce, les médecins auscultaient la jeune femme tandis que les infirmières manipulaient les instruments de contrôle. Les hommes de sciences s’aperçurent que la patiente était en train de s’étouffer et échangèrent des regards inquiets. Le seul indice physique de ce constat était la rougeur nouvelle de son teint qui déformait ses traits. Antoine bouscula tout le monde et se rapprocha du lit. Nul ne tenta de l’en écarter, chacun étant conscient que Daphné vivait ses dernières minutes.

J’ai plongé dans les flots, j’ai cessé de me débattre. Je regarde autour de moi, mais le paysage est identique à celui que j’ai quitté. Nulle différence, si ce n’est qu’ici, je ne parviens pas à respirer. Mes cheveux flottent, épars, autour de moi. Je croise les bras sur ma poitrine. Je continue de couler, du moins est-ce l’impression que j’ai. Je ferme les yeux et m’abandonne à une apaisante inconscience.

Le bruit devint continu, la courbe se transforma en droite. La poitrine de la jeune femme cessa de se soulever sous l’impulsion d’un faible souffle. Aux yeux d’Antoine brillaient des larmes qu’il ne parvenait même pas à pleurer. Le corps médical se retira, le laissant seul avec sa peine, inconsolable. La femme qu’il aimait est morte. Il eut le sentiment qu’une part de lui s’envolait en même temps que la vie de la défunte. Il avait plongé dans un abîme sans fond, ses épaules s’affaissaient, lui donnant l’air d’un vieillard usé par la vie. En cet instant, il aurait voulu la rejoindre, être avec elle pour l’éternité, ne pas la laisser affronter toute seule la mort.
Il contempla longuement le corps de Daphné avant de laisser les infirmières le recouvrir d’un drap blanc, cachant ainsi à ses yeux hagards la seule chose à laquelle il tenait plus que sa propre vie. Ils les regarda faire, l’air absent, appuyé contre le mur à la couleur indéfinissable. Plus rien n’avait de sens, plus rien n’avait d’importance, plus rien n’existait. Il se renfermait sur lui-même, comblant par sa tristesse le vide de son cœur.
Le cadavre fut emporté, mis dans une boite, enterré, avec la vie d’Antoine.
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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #5 le: 18 Mars 2009 à 19:32:49 »
c'est mieux^^


mais je pense qu'il faudrait que tu harmonises plus les passages avec Daphné, c'est souvent plutôt lourd ou.... pas oral, mais disons très courant et à d'autres moments, ce sont des images plus poétiques
faut que tu choisisses, je pense
le mélange des deux fait bizarre, je trouve
en fait, tout ce qui n'est pas poétique fait un peu "relâcher " du coup, mais ce n'est que mon avis perso!
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Verasoie

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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #6 le: 22 Mars 2009 à 19:14:27 »
J'ai aussi préféré la deuxième version ^^

Le thème a beau être peu original, perso il y a un truc dans le texte qui m'a quand même retenue, qui faisait que j'avais envie de lire la suite. Comme ernya, je pense que tu devrais travailler les passages de Daphné parce qu'il y a des images assez jolies dedans...

Sinon je trouve le dernier paragraphe, pas en italique, un peu long. Il y a quelque chose de fort dedans mais comme il y a trop de mots ça le délaie, en quelque sorte. J'aime bien "Aux yeux d’Antoine brillaient des larmes qu’il ne parvenait même pas à pleurer.". Je trouve dommage que tu aies enlevé, aussi, "Il n’y a plus la moindre buée sur le masque transparent,". Pour la fin avec l'amalgame de la vie d'Antoine enterrée, j'aime moins. Enfin voilà, je dis en vrac ^^ comme la fin nous donne notre impression finale, c'est dommage qu'elle soit un peu "faible" ici :)

Hors ligne Maïa Hold

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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #7 le: 26 Mars 2009 à 16:41:50 »
Merci pour vos commentaires.
J'ai encore retravaillé un peu mon texte, donc je le re-re-poste dans sa nouvelle version, en espérant que vous aurez encore le courage de le parcourir...

Je flotte dans un monde sans consistance, probablement les méandres de mon propre cerveau. Je ne sens plus mon corps, je suis légère, aérienne telle une plume portée par le vent marin. Les embruns me transportent, me remplissent d’aise, me bercent dans leurs bras rafraîchissants. Mes muscles se sont endormis, seul mon esprit fonctionne encore, comme si on avait enfoncé le bouton « off » à moitié. Je n’en souffre pourtant pas, je n’ai pas l’impression d’être privée de mes mouvements comme une bête en cage. Je ne ressens même pas le besoin de bouger. Je me contente de l’état dans lequel je suis, je ne désire rien de plus.
Sous mes paupières closes apparaît une lumière, blanche et aveuglante. Je nage dans cette lueur, flottant dans sa texture douceâtre. J’évolue lentement sans toutefois avancer, je reste sur place, progressant tout en restant au même point. Les lois de la science n’ont pas cours dans ce monde étrange et indéfinissable.
Que m’est-il arrivé ? J’ai vaguement conscience que mon état n’est pas naturel, que je n’ai pas toujours vécu ainsi. Mais j’ignore comment c’était avant, je ne me rappelle plus. Les tiroirs de ma mémoire restent scellés, j’en ai perdu la clé. Ne pas me souvenir ne me pèse pas, j’ai la sensation d’avoir trouvé le calme après la tempête. Je me sens en sécurité dans ce monde intérieur, comme si j’étais menacée au dehors.
La limpidité du paysage m’apporte une grande sérénité. Le bien-être qui m’habite me fait attribuer au paysage des couleurs n’a pas. J’imagine l’océan d’un bleu profond et scintillant, je vois les coraux multicolores et les algues marines.  Et je continue de nager sur place, épanouie dans ma solitude.

Elle semblait dormir. Ses longs cheveux ondulés s’éparpillaient sur l’oreiller bleu pâle, sa fine bouche s’entrouvrait à chaque faible souffle qui s’échappait de ses lèvres gercées. Ses yeux étaient clos et, étrangement, ses paupières ne frémissaient pas. Ses épais cils sombres reposaient sur ses joues livides. Sur son visage se reflétaient les ombres de ce qui l’entourait, ces machines menaçantes de part et d’autre de son lit.
« Elle ne sent pas que nous sommes là ? » Les deux jeunes gens étaient entrés dans la chambre. Antoine s’était assis sur le drap, avait pris dans sa main celle, diaphane, de Daphné. Au pied du lit, une infirmière en blouse blanche consultait  patiemment la fiche de la malade. Les médecins étaient plutôt pessimistes à son sujet. Son état était pour le moins préoccupant. D’après le docteur qui l’avait examinée lors de son arrivée, elle ne devait même pas être en vie tellement sa colonne vertébrale et son cerveau avaient été endommagés. La jeune femme n’osait pas le dire au pauvre garçon rempli d’espérances. Elle se contenta de lire rapidement en tournant les pages, comme si elle cherchait la réponse à sa question. Mais les médecins n’avaient pas précisé ce type de détails, ils s’imposaient d’eux-mêmes. « Non, souffla-t-elle enfin, elle ignore que vous lui tenez la main. »
Antoine reporta son regard sur le visage tendrement aimé. Il aurait voulu prendre le corps de cette femme dans ses bras, le serrer très fort dans l’espoir de le voir revenir à la vie, mais il ne pouvait pas. Des tubes en tous genres le maintenaient fixé à la couchette, et les os brisés ne devaient pas être déplacés d’un pouce.

Ma vision bienheureuse disparaît brusquement. La surface gélatineuse dans laquelle j’évolue se resserre  autour de moi. Je bats des mains dans le vide, essayant vainement de ne pas me noyer. Le souffle me manque, le liquide étrange s’infiltrant dans ma bouche m’empêche de respirer. Je lance des regards affolés autour de moi, mais il n’y a personne d’autre sur l’étendue infinie. Mes pieds battent pitoyablement la substance, sans pour autant m’empêcher de couler. L’angoisse s’infiltre en moi, perfide sentiment qui, je le sens, m’a toujours dévorée dans ma vie antérieure.
Et dans un horrible flash qui me pétrifie subitement, je revois comment cette vie s’est achevée, ce qu’il s’est passé pour que j’échoue ici, dans ce monde paradoxal qui cherche à me dévorer. Je me rappelle une voiture d’un rouge éclatant, un conducteur au teint basané, un bruit déplaisant de freinage en catastrophe. Et la douleur fulgurante de l’impact, le lent écoulement du sang dans mon dos, le cri déchirant  d’un homme. Puis, le trou noir, jusqu’à mon arrivée ici.
L’océan de mes pensées continue de m’engloutir en m’écrasant dans ses flots tumultueux. Je lutte toujours, avec de moins en moins de force. Finalement, toute idée de résistance m’abandonne, je me résigne à me laisser entraîner vers le fond. Que puis-je faire d’autre ?

Dans la chambre, un tintement retentit, bientôt suivi par d’autres, toujours plus insistants. Sur le moniteur de contrôle, près du lit, la courbe s’agita subitement. Dans son lit, Daphné respirait de plus en plus faiblement. Son pouls s’emballa, il crut rapidement alors que les médecins et infirmières se hâtaient en direction du bruit. Leurs pieds martelaient le sol, provoquant les regards surpris des visiteurs venus saluer leurs connaissances internées. Lorsque Antoine, debout à l’opposé du couloir, prenant un café, comprit que l’agitation venait de la chambre de sa fiancée, il lâcha son gobelet de plastique et courut lui aussi.
Dans la pièce, les médecins auscultaient la jeune femme tandis que les infirmières manipulaient les instruments de contrôle. Les hommes de sciences s’aperçurent que la patiente était en train de s’étouffer et échangèrent des regards inquiets. Le seul indice physique de ce constat était la rougeur nouvelle de son teint qui déformait ses traits. Antoine bouscula tout le monde et se rapprocha du lit. Nul ne tenta de l’en écarter, chacun étant conscient que Daphné vivait ses dernières minutes.

J’ai plongé dans les flots, j’ai cessé de me débattre. Toute volonté m’a abandonnée. A l’inverse des vivants, je ne cherche plus à influencer ma destinée, je la subis, curieuse de savoir ce qu’elle m’apportera. Je regarde autour de moi, mais le paysage est identique à celui que j’ai quitté, laiteux, blanchâtre, indéfinissable et innommable. Nulle différence, si ce n’est qu’ici, je ne parviens pas à respirer. Mes cheveux flottent, épars, autour de moi. Je croise les bras sur ma poitrine. Je continue de couler, du moins est-ce l’impression que j’ai. Me drapant dans ma dignité comme dans un vêtement funèbre, je ferme les yeux et m’abandonne à une apaisante inconscience, franchissant le point de non-retour.

Le bruit devint continu, la courbe se transforma en droite. La poitrine de la jeune femme cessa de se soulever sous l’impulsion d’un faible souffle. Aux yeux d’Antoine brillaient des larmes qu’il ne parvenait même pas à pleurer. Le corps médical se retira, le laissant seul avec sa peine, inconsolable. La femme qu’il aimait est morte. Il eut le sentiment qu’une part de lui s’envolait en même temps que la vie de la défunte. Il avait plongé dans un abîme sans fond, ses épaules s’affaissaient, lui donnant l’air d’un vieillard usé par la vie. En cet instant, il aurait voulu la rejoindre, être avec elle pour l’éternité, ne pas la laisser affronter toute seule la mort.
"L'unique joie au monde, c'est de commencer. Il est beau de vivre parce que vivre c'est commencer, toujours, à chaque instant." Cesare Pavese.

Hors ligne Kailiana

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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #8 le: 26 Mars 2009 à 21:08:45 »
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elle ne devait même pas être en vie
"elle ne devait pas même" ? (très perso, c'est comme tu veux)
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tellement sa colonne vertébrale
"tant" à la place de "tellement" ? (idem)
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près du lit, la courbe s’agita subitement. Dans son lit
répétition
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Lorsque Antoine, debout à l’opposé du couloir, prenant un café, comprit que l’agitation venait de la chambre de sa fiancée,
Y'a un petite problème dans ce passage je trouve, mais ça vient peut-être de moi. Cependant, j'avais l'impression que les passages à la 3eme personne au passé était du point de vue d'Antoine. Du coup lorsque tu écris au début du paragraphe "Dans la chambre, un tintement retentit[...]" j'avais l'impression qu'Antoine y assistait et le savait. Mais du coup il n'aurait pas compris après coup que l'agitation venait de la chambre, étant donné qu'il le savait déjà (je ne sais pas si ce que je dis est compréhensible  :-[) Bref ça m'a fait bizarre, mais ça vient peut-être de moi.

(j'ai lu que la dernière version)

Alors par rapport au texte, c'est bien écrit, je suis arrivée au bout sans problème, bref "ça se lit" et au final c'est loin d'être un mauvais texte. Mais je n'en tire finalement pas grand chose ; c'est assez bizarre. Je veux dire, c'est bien écrit et j'ai bien tout compris ce qui se passait, j'avais les images dans la tête, mais ça restait... neutre. Sans doute car (et je rejoins les commentaires des autres  :-[) le sujet n'est pas très original. Donc pour vraiment "accrocher" et faire qu'on se souvienne du texte, il aurait fallu... quelque chose en plus. Mais ça c'est le texte en lui-même, et je ne pense pas que ce soit forcément une bonne idée de trop le transformer. Parce qu'en fait tel quel (la dernière version) c'est un bon texte, ça se lit d'un bout à l'autre, mais... il ne m'a pas vraiment marquée.
J'sais pas si mon commentaire sert à quelque chose  :-[ Ou alors, il faudrait peut-être tenter d'augmenter l'intensité de la fin ? Je sais pas si c'est vraiment possible.

En fait voilà, je cherchais comment dire ce que j'éprouvais : c'est un bon texte, mais qui reste "scolaire", "neutre". Je veux dire que je le trouve bien construit, bien écrit, mais y'a pas de "plus" qui me le ferait vraiment aimer pour lui-même.

Sinon par rapport au concours, j'avoue trouver le rapport avec le thème très lointain  :-[ mais c'est que mon avis.
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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #9 le: 29 Mars 2009 à 19:20:48 »

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Lorsque Antoine, debout à l’opposé du couloir, prenant un café, comprit que l’agitation venait de la chambre de sa fiancée,
Y'a un petite problème dans ce passage je trouve, mais ça vient peut-être de moi. Cependant, j'avais l'impression que les passages à la 3eme personne au passé était du point de vue d'Antoine. Du coup lorsque tu écris au début du paragraphe "Dans la chambre, un tintement retentit[...]" j'avais l'impression qu'Antoine y assistait et le savait. Mais du coup il n'aurait pas compris après coup que l'agitation venait de la chambre, étant donné qu'il le savait déjà (je ne sais pas si ce que je dis est compréhensible  :-[) Bref ça m'a fait bizarre, mais ça vient peut-être de moi.


En fait, le texte n'est pas du point de vue d'Antoine particulièrement, c'est plutôt un point de vue totalement extérieur.

Merci pour ton commentaire, il est utile, comme tous :)

Pour le fait que son interprétation soit loin du sujet, j'en ai conscience, mais c'est vraiment ce qui m'est venu en tête, la première chose à laquelle j'ai pensé et je crois que prendre quelque chose de trop évident aurait été une perte de temps.
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balkane

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Re : La tête dans les étoiles
« Réponse #10 le: 02 Avril 2009 à 17:21:29 »

c'est un texte poétique, bien écrit

quelques lourdeurs dues justement à un "excès de poésie" au détriment de la concision ou de la narration

dans l'ensemble, très beau texte (mais manque d'"efficacité"?)

 


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