[Gros Lo]

J'ai l'impression que les produits de la littérature actuelle (les plus reconnus, comme ceux qui paraissent chez Gallimard) ont tendance à se fonder exclusivement sur des critères assez semblables :
- en venir à l'essentiel, en éparpillant seulement quelques adjectifs ici et là
- se spécialiser dans une expression des sentiments qui privilégie les phrases courtes, qui se veulent retentissantes et garantir une originalité, une unicité (on trouve à la pelle des phrases du style. "Elle m'aimait toujours après l'accident, d'une autre façon. Ce qu'elle aimait désormais en moi, c'était la mort. J'étais son faucheur, sa partie sombre." des images proclamées, des sentiments qui se veulent ambigus...)
- rejeter l'action, préférer développer la veine ci-dessus

=> Qu'en pensez-vous ?
=> Si vous êtes dans une certaine mesure d'accord, pensez-vous qu'il faille se diriger vers cette veine ? I' s'agit quand même des éditeurs prestigieux, qui privilégient ce genre de manuscrits : est-ce que c'est ça, bien écrire ?

En exceptant le fait que bien sûr chacun a son style et tout et tout, certaines spécificités de style semblent ressortir actuellement...

[Ambrena]

Je ne sais pas. Ce que tu dis est un peu vrai. Personnellement, ce qui me marque dans la littérature actuelle, c'est surtout l'abondance de références au monde industriel, au plastique, au métal, à la pollution etc. En même temps, j'aime bien aussi le style d'écriture dont tu as donné un échantillon, qui est un peu lapidaire.

Néanmoins, je ne pense pas que ce soit seulement cela, "bien écrire". Je suis convaincue qu'il existe mille manière de bien écrire, pas seulement celle-ci.

Après, tout l'enjeu réside dans le fait de trouver sa propre voix, et de ne pas se contenter de répéter les échos du siècle...

[Gros Lo]

Je ne sais pas. Ce que tu dis est un peu vrai. Personnellement, ce qui me marque dans la littérature actuelle, c'est surtout l'abondance de références au monde industriel, au plastique, au métal, à la pollution etc.

J'suis d'accord ! Ils n'arrêtent pas ! J'crois que j'en ai parlé dans ma page perso, attends je retrouve l'exemple que j'avais pris (d'un texte d'un auteur qu'on dit talentueux et qui est talentueux, mais dont les références dont tu parles m'horripilent) :

"Après quelques minutes de permafrost éclairé en orange : la Cité. Les buildings en semblent trop grands vus depuis la chaussée. A un rond-point, nous contournons la statue, trois fois comme nature, du Petit Père sur son traîneau. Nous nous parquons entre deux voitures identiques à la notre : allemandes, même modèle, même année. A se demander comment ils s'y retrouvent.
Les lumières dans les étages, on, off, on, off, dessinent un échiquier électronique.
Ca papote à la machine à café. Je tends l'oreille, à moitié caché par le ficus en plastique."

Rien que mettre l'italique et le gras, ça m'énerve

[Krapoutchniek]

Ca dépend du type de roman ça, en général. Enfin, en tout cas, moi j'essaye de m'adapter à ce que j'écris. En fantasy, j'ai un style plutôt lourd, lent et descriptif. Tandis qu'en science-fiction, c'est plus ou moins l'inverse. En fait, ça dépend aussi de l'auteur.

[Gros Lo]

Oui, c'est pour ça que je parlais en particulier de la "littérature générale"

[Milora]

Je suis d'accord avec vous.

Mais, déjà, ce qui m'agace, c'est l'avis fréquent selon lequel tout ce qui est littératre d'aventures, fantasy, science-fiction, même la plupart des policiers, ne sont pas de la littérature. Moi, quand je pense "littérature actuelle", je pense aussi Hobb, Pullman, Le Guin, etc.

Mais si on s'en tient à ce qui gagne des prix, et que tu as très bien décrit dans le premier message de ce fil de discussion, Loredan, eh bien personnellemen je n'aime pas. J'en ai lu peu. Je pense que Marguerite Duras, même si c'est pas extrèmement récent, ça rentre dans ce cadre, non ? Je pense à elle parce qu'on l'a étudiée en hypokhâgne. Et les phrases lapidaires, du genre "Lol n'était pas - elle dit : là", et tout ça... Je n'accroche pas. J'ai l'impression que ça se veut savant, littéraire, et qu'en fait, c'est la plupart du temps désagréable à lire. Quel est le but de la littérature ? L'un des principaux, c'est bien d'écrire quelque chose qui soit prenant et intéressant pour le lecteur, non ?
Bon, je m'éloigne un petit peu du sujet, mais pas tant que ça : j'ai plus envie d'être capable d'écrire comme un Conan Doyle que comme une Marguerite Duras, alors que le premier est plus ancien et généralement classé dans une sous-catégorie.

Mais là, j'avoue que je parle plus du fond que de la forme propre. Quoi que ce n'et pas trop dissociable.

Il s'agit quand même des éditeurs prestigieux, qui privilégient ce genre de manuscrits : est-ce que c'est ça, bien écrire ?

Ouais, alors quand on voit certains trucs édités, on se demande ce qui passe par la tête des éditeurs. Je ne crois pas que le fait d'être édité, même chez un éditeur prestigieux, soit une condition sine qua non ou une marque sans conteste de la qualité d'un roman.
Et je ne crois pas qu'il y ait une définition de bien écrire. Chaque grand auteur a son propre style.

[ernya]

Je te plussoie totalement Mil'!!
Moi, ça m'énerve - pour ne pas dire que ça m'enrage - d'entendre des discours sur la façon dont il FAUT écrire aujourd'hui.
D'accord, il y a des tendances mais fixer de srègles comme celles que tu as cité Lo'( bien sûr, elles ne viennent pas de toi ), je trouve ça ridicule. Surtout que développer des sentiments comme ceux que tu donnes en exemple, c'est tout sauf développer de sentiments, c'est de la littérature-réalité qui se veut litétrature.
ça sent le cliché à plein nez, cliché qui se veut obscur et profond, ce qui est encore pire
En plus, il faudrait que  s'arrête cette idée qu'il faut écrire " ce qui se vend", parce que tout dépend ce qu'on entend par ce qui se vend. HP, par ex, c'est bien et ça se vend très très bien.
C'est pas français, certes.

J'ai l'impression que la littérature devient une sorte de marché: "Bonjour, je voudrais un livre avec trois poils de comique, un grain d'action et deux cuillérées de suspense"
Qu'on est des goûts c'est normal, mais que l'on veuille aplliquer aux livres une recette de cuisine, ça m'exaspère, franchement.

Je vais m'arrêter là, avant de faire plus de dégâts