André Suarès est sûrement pour vous - et moi - un inconnu au bataillon.
Face à Gide, Claudel, Valéry, Suarès est passé à la trappe.
Et pourtant, cette pièce,
Ellys et Thanatos, je la trouve digne d'être connue.
C'est un théâtre peu dramatique, il n'y a à vrai dire aucune action réelle hormis quelques répliques cinglantes entre Ellys et sa chère mère, mais sinon pas de rebondissements ou de coups de théâtre, c'est pourquoi je ne tenterai même pas un résumé, ce serait comme vouloir résumer un poème.
C'est une pièce poétique, ça ferait même presque antique (d'ailleurs on a "exit" au lieu de "elle sort"
) mais les mots s'enchaînent dans un ballet d'images et de roses.
Le tout a une couleur très spéciale, on sait d'emblée (si on a un minimum de culture grecque) que s'éprendre de Thanatos ne peut guère entraîner beaucoup de bonheur pour la chère Ellys, mais les personnages sont quand même attachants bien que la pièce et ses personnages semblent un peu flotter dans l'air. En fait, c'est justement ça que j'aime dans cette pièce, c'est très court, peu rythmé mais poétiquement bien écrit et un peu "hors-temps", c'est reposant, frais.
Et en fait le poétique se mêle à une certaine forme de violence que ça soit à travers la joute verbale entre Ellys et sa mère ou bien à travers les images employées comme "l'écartèlement" d'une jeune fille, c'est-à dire son viol.
Bref, pour résumer, c'est une belle pièce je trouve, même si pour l'apprécier à sa juste valeur il faut la lire pour la beauté des mots et des images utilisées plus que pour l'action narrée.