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Le Monde de L'Écriture » Encore plus loin dans l'écriture ! » L'Aire de jeux (Modérateur: Claudius) » Le dit de l'hiver

Auteur Sujet: Le dit de l'hiver  (Lu 5335 fois)

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Le dit de l'hiver
« le: 22 décembre 2008 à 21:55:21 »
L'hiver vient.

Des chaînes de flocons, un souffle continu de blizzard mordant : la chaîne des histoires de la nuit blanche est à nouveau lancée !

Le thème : l'hiver (en fantasy).


(bougie soufflée - par le froid ?)
« Modifié: 22 décembre 2008 à 22:48:49 par Loredan »
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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #1 le: 22 décembre 2008 à 22:57:05 »

La fillette à la neige rose


La petite fille regardait la neige à ses genoux : elle était rose. Les frêles boules blanches qui tombaient du ciel et s’ajoutaient au tapis de neige. Bientôt, elle ne vit plus l’humus noir et le lichen envahisseur. Tout était d’une blancheur immaculée. Les branches nues ployaient sous le poids de la neige. Le ciel s’était débarrassé de ses draps sur le monde. Le soleil perçait entre les nuages, aveuglait la petite fille. Les flocons emperlaient ses cheveux. Elle était belle, à pleurer dans le froid et le vent. Le blizzard sifflait et elle demeurait là, agenouillée dans la neige, comme une statue de glace. Si belle maintenant, alors que la veille encore, la joie innocente lui déformait le visage en d’affreuses grimaces rieuses. Les fragiles éclats de nuage tombaient doucement sur la fourrure de son manteau et sur ses boucles blondes, on aurait dit de pâles lampyres qui tournoyaient dans les rafales. Ses cheveux avaient la couleur de la lune. La petite fille regardait la neige ; tout étant blanc autour d’elle. A ses genoux, la neige était rose. Mais le blanc manteau recouvrait peu à peu le cadavre, tandis qu’elle murmurait ici et là : « Papa… » que le vent s’empressait de lui arracher. Les flocons se mouillaient à la flaque écarlate et la neige peu à peu rosissait. Bientôt, il n’y eut que le blanc, les sanglots, les flocons.



La neige tombe en silence

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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #2 le: 22 décembre 2008 à 23:19:45 »
Voici, ma participation, plus ou moins bien amenée :noange:

Effluve d'hiver:

Un moineau gris chanta à mon toit
Ritournelles, d'un printemps épars
Hymne à la peine et à la joie
Que la douleur amène et sépare

En moi s'insuffle son effluve,
Flocon qui choit sur l'interfluve
Ange maculé du chagrin des rois
Plainte s'envolant, gracieux émoi.



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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #3 le: 22 décembre 2008 à 23:35:14 »
 

L'enfer blanc

Tout était calme, dans la froidure de la nuit d’Orient, la lune éclairait une frêle silhouette agenouillée.
Un corps immense reposait devant elle. Un corps ailé, qui semblait être une créature sacrée et puissante.
Il n’y avait aucun bruit. Seule l’eau de la fontaine pleurait la mort du géant des airs. La silhouette resta un long moment à se recueillir devant la dépouille.
Finalement, elle se releva et d’un mouvement vif courut vers le palais.
Cette mort ne serait pas la dernière. Il en suivrait mille autres. Le monde deviendrait en enfer, un enfer blanc, un enfer de désolation funèbre.
Elle revêtit ses armes ainsi qu’un linceul. Elle serait la vindicte pour une nuit. Une seule nuit car jamais le soleil et la chaleur ne pourraient revenir. Un froid éternel.
Elle caressa l’opale ensanglantée, cœur du dragon déchu, et l’enfouit dans le creux de son corsage, laissant des traces sanguinolentes sur sa poitrine blanche.

Le vent se mit à souffler, des flocons s’éparpillèrent sur le sol.
Le jeune garçon, ébahi, contempla le prodigieux spectacle. Il attrapa au vol ces tout petits nuages. Et ses mains se noircirent. Aux nuées de neige se mêlait la cendre. Et au loin, une figure voilée, se rapprochant insensiblement, enflammait le monde.

"Je crois qu'il est de mon devoir de laisser les gens en meilleur état que je ne les ai trouvés"
Kennit, Les Aventuriers de la Mer, Robin Hobb.

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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #4 le: 22 décembre 2008 à 23:45:35 »
Il pose doucement une patte sur le sol ; les coussinets y laissent une trace nette : quatre petits creux et un plus gros dans le blanc poudreux. L'autre suit – non, s'arrête en l'air. A l'affut, le petit chat, oreilles pointées, reste immobile. Son poil soyeux et noir se distingue nettement sur l'herbe givrée. Sa queue s'agite un peu, tendue. Un frémissement parcourt tout son corps ; le chaton se ramasse. Sa proie s'agite, encore, et encore, régulièrement, plic, ploc... plic... Il frémit. Trésaille. Il a peur qu'elle s'échappe s'il s'élance trop hâtivement. Il ne veut pas se précipiter, mais c'est si tentant !
Plaf !
Il a bondi. Le chaton se roule dans la flaque, se relève, tout mouillé, étonné. Il tape dans l'eau glacée de sa tendre patte et est tout décontenancé de ne rien y trouver.
Plic... ploc...
Le chaton se hérisse, se met sur la défensive. On l'attaque ! C'est une agression sournoise, qui vient de haut, qui vient du ciel
plic
Ah, mais ! Ca continue !
ploc
Non, ça suffit !
Le chaton noir tout détrempé, tout penaud, fini par s'éloigner de cet ennemi trop fort pour lui. Et derrière lui, les gouttes d'eau poursuivent leur lente descente sur les stalactites givrées de la gouttière – plic, ploc... - et, bien en peine, le petit chat préfère regagner le coin du feu et jouer avec une pelote de laine.
« Modifié: 22 décembre 2008 à 23:49:13 par Kailiana »
Si la réalité dépasse la fiction, c'est parce que la réalité n'est en rien tenue à la vraisemblance.
Mark Twain

La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.
Einstein

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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #5 le: 22 décembre 2008 à 23:48:02 »
De glace

Il s’éveille, s’étend, s’étire. Qui l’a tiré de son sommeil ? Il ne le sait. Sans doute quelque mortel imprudent. Lentement, il ouvre un œil. Il est surpris : tout a bien changé depuis qu’il s’est endormi. Il promène un regard critique autour de lui. Autrefois, la glace s’étendait bien plus loin, semait la mort, endurcissait les mortels. Il en était fier. Un monde gelé, blanc, si pur ! Mais aujourd’hui…
Vert. Le monde était vert ici, jaune là et par endroit, on apercevait le bleu chaud d’une mer tropicale. L’être se redresse de tout son long, son ombre s’étend sur cette Terre qui lui est inconnue. Il baisse les yeux, aperçoit l’insolant qui l’a réveillé. Un homme, qui recule d’un pas en le voyant. Autrefois, les hommes venaient souvent lui rendre visite, lui offrir des offrandes, le prier de les aider. Il acceptait, il refusait, selon son humeur.
Il ne veut même pas l’écouter. Son monde est en péril. Les derniers glaciers fondent, lentement, mais sûrement. Alors, l’être déploie ses ailes immenses, et prend son envol. Il parcourt la Terre nouvelle, ne reconnaît rien. Combien de temps a-t-il dormi ? A peine quelques millénaires, il en est sûr. Pourquoi tout est-il différent ?
Affolé, il se pose en un pays de sable. L’air y est cuisant, insoutenable. Alors, l’être, colosse de glace, long serpent nacré, souffle, et souffle encore un puissant blizzard, dans un effort désespéré pour conserver son monde. Mais le givre, à peine formée, commence à fondre. Et le dragon des glaces comprend que son temps est achevé. Longtemps, il hurle sa rage, il hurle son désespoir. Partout, les hommes s’arrêtent et pleurent, sans savoir pourquoi. Les loups tendent l’oreille, hurlent à la mort. La Terre même gémit. Et le dragon s’envole, retourne dans les terres de glace.
Ainsi s’en va le dernier des dragons.
« Modifié: 23 décembre 2008 à 00:20:43 par Rain »
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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #6 le: 22 décembre 2008 à 23:55:05 »
Le début sans la fin
D'une histoire enneigée
Qui suit son chemin
De peine érigé

Rivière ancestrale
Au cœur glacé
Rythme orchestral
Deux souffles enlacés


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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #7 le: 23 décembre 2008 à 00:09:29 »
L'Arbre

L'enfant décorait patiemment l'immense sapin de Noël, situé au centre de la salle du trône. En vérité, ce n'était un enfant que par rapport aux critères de sa race, car cent hivers s'étaient déjà écoulés depuis sa lointaine naissance.

Ce soir-là, c'était à regrets qu'il se trouvait enfermé, à ainsi accomplir la tâche rituelle qui constituait la clef de la cérémonie du solstice d'hiver. Il aurait mile fois préféré jouer à l'extérieur, en courant dans le vent et la neige, mais il en avait été empêché.

Car c'était lui qui devait disposer les boules d'ambre, de jaspe et de grenat sur cet arbre précieux, et lui seul. Afin d'insuffler sa force à l'arbre, afin d'ériger un repère de vie en cette saison de mort.

Tel était le devoir du jeune prince des elfes, et telle était la source de l' immortalité de son peuple.
"J’ai soudain la sensation limpide d’avoir gaspillé ma jeunesse… L’avoir vue s’échapper de mes mains comme l’anguille effrayée et m’appeler à présent sur le lierre du tombeau, où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés…"

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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #8 le: 23 décembre 2008 à 00:17:16 »
L'ours et la rose(rain tu l'auras voulu na) ou quand Plume part en dérive(la faute à qui hein?)

L'ours peint une rose sur la glace
Mémoire d'antan d'une autre race
Figée dans l'inconscient d'un sourire
Qui se tord, rictus, frasque d'un rire

Et un pingouin de ses nageoires fébriles
félicite un panserbjorne honteux
Qui gribouille une note sans vrille
Sur un ton sentencieux




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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #9 le: 23 décembre 2008 à 00:21:00 »
Mon Basileus


Il est tranchant, le froid ! l’étang figé par le gel. J’ai du sang sur les mains, c’est chaud et poisseux, heureusement ce n’est pas le mien. Des éclaboussures rouges maculent ma tunique, mais j’aime bien me sentir sale. Comme ça, je pourrai sautiller jusqu’au fleuve et prendre un bain glacé. Et Basile m’accompagnera. Les muscles de mes bras fondent à force d’apprendre la broderie. Pourquoi les femmes apprennent des trucs de fille à celles qui veulent être un garçon ? Non, moi je préfère jouer les messagers, attendre tout le jour dans la volière, quitte à aider le père Grumeau-pâle à racler les fientes. Je préfère manier un sabre en bois qu’une aiguille en fer, tout le monde devrait avoir mes goûts, c’est stupide de passer ses heures au coin du feu à chantonner bêtement en se piquant les doigts, surtout que je dois cacher Basile. Je ne veux pas être une princesse à la noix, on s’étonne que c’est les garçons qui finissent rois. Moi, je serai un roi-fille. Mais les garçons aussi sont stupides : ils mettent des fleurs de lys sur leurs étendards. C’est pour les pimbêches et les duègnes. Moi je mettrai Basile. Il a plus de classe. En attendant, je dois me laver de tout ce sang. Basile, où es-tu ? c’est énervant d’être aveugle, on est toujours exclu par les garçons comme par les filles. Basile ?
Ca leur fera les pieds, à tous ! Basile sera mon chambellan. C’est eux qui l’ont baptisé ainsi. Ils criaient tous ça : « Basilic ! Basilic ! », mais j’ai raccourci, la fin faisait trop matelot viking. Alors que Basile, ça fait Basileus, le roi des serpents ! et moi, le roi-fille des humains. J’espère qu’ils ne seront pas tous morts quand je me ferai sacrer. En attendant, il faut que j’aille me laver. Tordre le coup aux coqs, ça vous colore d’écarlate en moins de deux. Mais Basile risquait de se sentir seul, il fallait bien que je lui trouve de la compagnie. Avec cette demi-douzaine d’œufs et tout ce sang de coq, il va avoir des copains. J’espère juste que l’hiver ne sera pas trop rigoureux, c’est moche, un serpent blanc. Allez, un plongeon dans l’eau glacée ! Viens, mon Basile, guide-moi… rien n’est facile quand on est aveugle. Heureusement que je t’ai ! Ouh, elle est froide, la neige. Allez, à l’eau !



*Et la neige qui siffle*
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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #10 le: 23 décembre 2008 à 00:28:21 »
L'attente


Des terres désolées s’étendaient à perte de vue. Des montagnes gelées surplombaient les terres noires. Au-dessus, le ciel sombre ne laissait passer aucune lumière. De la neige virevoltait quasiment en continu et le sol devenait blanc par endroits. Aucun son ne provenait de la planète froide. Une éternité de glace l’avait rendue inhabitable et aucune forme de vie n’y avait vu le jour.

Pourtant, une chose se déplaça, d’un pas hésitant, balayant la neige sur son passage. Minuscule point noir parmi l’immensité blanche, la créature s’arrêta. Une meute de ses semblables l’entourait. Tous grognaient et criaient. Ils étaient plusieurs milliers, hurlant au vent. Ils attendaient. Leurs yeux inexpressifs, rivés l’un sur l’autre, ne semblaient pas voir.

Mais ils attendaient, patiemment, depuis de longues années…
It will reveal its meaning when it lives in victory...

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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #11 le: 23 décembre 2008 à 00:47:54 »
La pluie tombe sur le sol. Éclats iridescents, les gouttes frappent la glace de leurs pics acérés. La déesse Hiver lève le visage au ciel, laisse l'eau rouler sur ses joues et ses longs cheveux épars. Sa longue robe de glace scintille sous les nuages sombres.
Son bras se lève, haut vers les cieux. Ses gestes tendres paraissent être des caresses destinées à un amant. Les nuages s'alourdissent, s'agglutinent. Ils deviennent neigeux – laineux – et entourent leur bergère. Le vent joueur qui polissait la glace disperse les moutons aux alentours. Lorsque la neige commence à tomber, Hiver danse sur la glace. Elle recueille tendrement les petits flocons et les maintient un instant entre ses paumes, avant qu'ils ne redeviennent liquide. Ils sont ses chers enfants, ceux qu'elle enfante et enterre – fruits du dieu Eté autant que d'elle-même.
Lorsque l'eau retourne à son origine, parcourant les rivières et les torrents, nageant dans les lacs et les mers, voguant d'un océan à l'autre ; passant parfois par les fontaines des humains ou leurs égouts saumâtres ; toujours, le soleil finit par la rappeler au ciel. Hiver ne voit pas souvent ses enfants ; Eté est plus chanceux. Mais elle se considère privilégiée : elle est la seule à pouvoir révéler la vraie nature de l'eau, à pouvoir la transformer en oeuvre d'art sous la forme de minuscules flocons aux bords finement dessinés.
Sur la glace polie, la déesse Hiver danse. Autour d'elle volent ses chers enfants, et sur le monde tombe un rideau blanc.
Si la réalité dépasse la fiction, c'est parce que la réalité n'est en rien tenue à la vraisemblance.
Mark Twain

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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #12 le: 23 décembre 2008 à 01:01:30 »
Le chant

Des lointaines nuées, une voix s'élève. Bientôt, elle est soutenue par nombre d'autres, qui la rejoignent, la soutiennent. Les harmonies se déploient alors, pures et claires dans la nuit enneigée. Le chant parle d'un royaume, très éloigné, à la cime des cieux. Il parle de la venue d'un dieu qui établira le pont entre ce royaume et le monde des hommes.

Les bergers écoutent en silence .

A un instant, lorsque la mélodie se met à narrer une sombre histoire de ténèbres et de chute, l'une des voix se dissocie, semble vaciller. Mais aucun canard ne vient troubler la musique et tout finit par rentrer dans l'ordre.
Ou du moins, presque.

Du coeur de la terre, un contre-chant s'élève. D'abord presque inaudible, il se fait peu à peu assourdissant. Il brouille la première trame musicale mais, étrangement, il la complète aussi.

Là se trouve la clef. Les anges et les démons ne sont pas des contraires, ce sont les deux revers d'une seule et même pièce.
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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #13 le: 23 décembre 2008 à 01:03:09 »
La neige crisse sous ses pas. Le grand méchant loup cherche une proie, rôde dans la forêt déserte.
... Déserte ? Non ! Là, un ondoiement de rouge ! Quelqu'un paraît se promener dans la forêt, lourdement chargé. Tout habillé de rouge, il va gambadant gaiement. Le méchant loup s'approche par derrière – c'est plus simple s'il ne se fait pas voir après tout – oh, mais c'est qu'il a l'air appétissant cet humain !
*Blop*
Oui, vraiment appétissant.
Le loup caresse son ventre arrondi, et laisse échapper un rôt. Il se gratte la mâchoire, et extrait, coincé entre ses dents après son repas, un long bonnet rouge avec un pompon blanc au bout.
Ouais, le Père Noël lui a offert un beau repas comme cadeau.
Si la réalité dépasse la fiction, c'est parce que la réalité n'est en rien tenue à la vraisemblance.
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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #14 le: 23 décembre 2008 à 01:08:52 »
Le fleuve admirait la mer. Elle était si grande et recelait tant de merveilles !  Il brûlait de pouvoir un jour l’approcher, ne faire qu’un avec elle.
Son émoi était si grand que de son esprit émanait des fumeroles voluptueuses.
Et le ciel, témoin silencieux, recueillait et répandait ses déclarations muettes. Mais, celles-ci, trop nombreuses, trop douloureuses, laissèrent échapper des larmes lorsque le silence glacial devint trop pesant. Cet amour était pourtant bien limpide.
Triste de voir une telle passion se perdre dans les vents tumultueux du frileux oubli, le mont décida alors d’immortaliser ces effluves amoureuses et les grava tout là-haut, aux yeux de tous, dans le cristal nacré.



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