Je t’écris encore dans mes rêves bourrasques
Après tant de mers et d’orages
Après tant de gerçures et de rages pénitentes
Qui me séparent de toi
Je t’écris encore pour combler l’ombre qui s’engouffre en moi
Et me creuse, et me renfle, ogive poudreuse
Toute pleine de ton absence
Ma douloureuse
Nous ne suivrons plus ensemble les chemins de l’habitude
Les sentiers de ton corps à la pulpe amoureuse
Je ne mordrai plus la grenade de tes lèvres ni
Ne calmerai mon front blême à la fraicheur de tes bras
La mort est ardente, grave et dure
Surtout quand elle me sépare de toi
Hors de ta présence, ma vie
N’est qu’un poing fermé qui me fait mal
N’est qu’une libellule sans ailes
Un navire démâté livré aux frimas
Sans ports ni fertiles ilots
Un enfant triste au cœur lourd de sanglots
Je t’écris encore, femme amoureuse, femme nuit
Je t’écris encore, ma nudité chaude
Mon doux oiselage
Mon aube
Toi qui contiens toutes les sources
Toutes les jungles ensoleillées de l’existence
Toi qui me porte encore, moi, pauvre taureau de souffrance
Craqué, humilié, plongé dans son destin
Toi que j’aime malgré le temps
Et tant de rivages
Qui me séparent de toi.