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05 décembre 2024 à 02:53:00
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Auteur Sujet: [Erakis] De la naissance du Prince de Gandar.  (Lu 5379 fois)

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[Erakis] De la naissance du Prince de Gandar.
« le: 15 mai 2021 à 13:12:01 »
On lance un dernier appel de textes dans le moyen-âge (en siècles-équivalent-historique) dans le projet collectif Erakis !
Je m’intéresse à la succession de Hadvast alors qu’Ulrik est en fuite de son père le Roi Regnauld III.
En termes de commentaires, je cherche principalement qu’on pointe des problèmes de scénario, de consistance de personnage, et moins erreurs de style/ fautes de grammaire (sauf si trop insupportable).

  • Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Malgré toute l’inquiétude de ses médecins, Regnauld III le Bon avait de nouveau sauté sur ses pieds pour faire des cent-pas rageurs dans sa salle d’audience :
« Trois ? Vous n’avez envoyé que trois hommes pour vous saisir de l’ESTOC   ? Ce n’est pas une surprise qu’il vous ait échappé : mon fils vaut plus que ça ! Il vaut toute une compagnie ! Il vaut… »
Il glapit, hurla.  Son abcès à la cuisse lui causait une douleur affreuse. Un chevalier l’empêcha de s’écrouler, puis on le ramena sur le trône. Il continua à tempêter et vociférer, tout en couvrant d’éloges son fils, dont il avait lui-même décidé la mort.
« Ce petit prodigue ingrat, continua le Sire, qui a fait tomber toute l’armée du Hadvast ! Le traître ! Qu’on me l’amène: je le tuerai moi-même ! Ah ! Mon fils ! »
Le Roi poussa un cri de douleur et de rage. Les membres du conseil privé du Roi se tournèrent vers Dame Brunehilde et l’invitèrent hors de la grande salle. Dans les couloirs, ils se lamentèrent de la santé du Roi, et ses conséquences désastreuses sur la stabilité et la force de Hadvast. L’armée était atomisée, l’insurrection menaçait, les routes n’étaient plus sûres…

La voix rauque et soufflée de la sorcière, à peine humaine, les rassura : le prochain Roi sera la solution ; et sans descendance puisqu’il a déshérité Ulric, Regnauld devra laisser la place à un prince avec une bonne prétention au trône. Elle déclara aller chercher un tel prince et s’éloigna dans les couloirs mal éclairés du château, se fondant dans les ombres.
Le Roi, dans un délire, appelait déjà son cabinet et les accusait de trahison.
« Je sais ce qu’il me faut, leur confia-t-il : si je suis privé d’un fils, j’en ferai d’autres ! Qu’on m’amène une femme ! Qu’on m’en amène cent !
— Sire, il faut trouver une princesse de bonne famille, fille ou veuve, et vous mar…
— Insolent, l’interrompit le roi. Saisissez mes Barons, dépouillez-les de leurs filles, volez-les sur le bord des chemins s’il le faut. Un fils ! Mon Royaume pour un fils ! »

Les membres du conseil se courbèrent et prirent congé. Un conciliabule secret se tint à l’antichambre de la salle d’audience. Ils discutèrent intrigue, malice et piège, mais aucun d’eux n’osa admettre que le Roi avait perdu la raison. Peut-être espéraient-ils secrètement que la maladie du Roi aura raison de sa vie avant de s’engager dans ce plan désespéré.
Convaincus qu’ils ne pourraient le marier à quiconque de bonne famille, ils décidèrent alors qu’un appel sera lancé pour prendre des filles de la petite noblesse, écuyers, seigneurs de villages, pour se faire maîtresses du Bon Roi, fils du « Beau », le « Trois-Pattes », etc. et couvrir leur famille d’honneurs.

Seulement un seigneur répondit à l’appel du conseil, ce que le Roi, qui était dans un bon jour, prit positivement. Le lendemain de l’arrivée de la fille, une fête fût préparée pour la présenter à la cour.
Le Roi était propre et parfumé, et la douleur ne l’alourdissait pas — la boisson le maintenait détendu. D’humeur gaie, il fut un hôte gaillard et aviné ; la soirée fut ponctuée de chants, danses, merveilles de magie et de tours. Des artisans ingénieux venaient y montrer leurs constructions, de machines de siège miniatures aux arbalètes améliorées, en passant par des mixtures et des produits qui mettaient spontanément le feu à tout ce qui les touchait. La cour ponctuait les démonstrations avec des «oh!» et des «ah!», et une petite panique sembla débuter quand des flammes s’élevèrent jusqu’à lécher les lustres au plafond, mais la soirée continua et le cabinet de guerre s’effaça pour s’entretenir avec les inventeurs.

Assise calmement sur sa chaise, une jeune femme se ferait presque oublier. Elle était assez petite, avec des cheveux soyeux et des formes discrètes, et elle était impressionnée par toute la parade de charmes et de merveilles auxquels la cour lui donnait accès. La blonde Freya venait de loin : elle présentait la dernière chance de sa famille de revenir leur exil à la province. Freya, déjà habillée de riches habits et parures, restait éblouie par la vie et la chance qu’elle avait de pouvoir vivre à la cour, tout en étant vaguement gênée par la présence du bulbe grossier et couronné, assis à quelques places d’elle, qu’elle était censée entretenir.

Le Roi la fit appeler et lui fit la discussion, la couvrant de compliments et de promesses. Elle avait été instruite par ses parents d’aborder l’exil de sa famille, et le Roi leur accorda de retourner à la capitale s’ils le voulaient. Confortée, la jeune noble prit beaucoup plus confiance et se laissa même inviter à danser un rondeau. La vie de la cour pourrait même lui convenir. Et si l’apparence royale n’était pas parfaite, Freya fut assez satisfaite de son accueil.

Le lendemain de sa présentation au Roi, la jeune femme reçut des visites des médecins et des astrologues de la cour, qui se pressaient de connaître sa fortune. Elle fut tour à tour palpée, examinée, scrutée, interrogée, et ses mains et ses dents sondées jusqu’à ce que les savants soient satisfaits. La grande question que le Roi lui-même avait posé étant « Pourra-t-elle lui donner un fils ? », et toute la science du Hadvast concentrée dans ces savants s’intéressa à la taille de ses seins, la forme de ses hanches, sa famille jusqu’à trois générations, la régularité de ses offrandes à Melga, la déesse de la fécondité.
Pour des meilleurs résultats, les médecins décidèrent alors qu’elle serait recluse dans des quartiers, où elle mangerait à part et passerait la journée avec ses servantes, attendant que le soir le Roi vienne la visiter.

Avec l’âge et les blessures, le Roi Regnauld avait gagné en brutalité et cruauté. Il avait un goût imprévisible pour l’humiliation et la torture, et il ne la laissait jamais sans une ecchymose, une plaie ou une brûlure. Après une visite du Roi, Freya restait souvent la journée entière dans son lit. Elle avait appris à craindre et détester Regnauld.
L’aide-de-camp du Roi, un officier nommé Valther, était la seule personne qu’elle voyait mis à part les servantes. Le soir, il venait la prévenir que le Roi s’apprêtait à venir la voir. Le lendemain matin, il passait du temps avec elle, pansait ses plaies, l’encourageait, parfois lui donnait à manger.

Le répit vint quand les médecins royaux attestèrent de sa grossesse.  Ils écoutèrent les battements de cœur du bébé, mesurèrent la courbure naissante du ventre, palpèrent et sondèrent encore. De l’avis de tous les médecins, l’enfant était un garçon. Alors le Roi, satisfait de sa virilité, la couvrit de nouveaux habits et d’honneurs, l’autorisa à se présenter de nouveau à la cour. Elle n’était plus une maîtresse secrète, mais un trésor exhibé : « Le vrai héritier de Hadvast est là ! », claironnait alors le Roi, assuré d’avoir un mâle.
On l’encouragea à sortir pour la première fois depuis son arrivée au Palais. Jusqu’à ce que son ventre soit trop proéminent, elle prenait l’air dans le parc où Regnauld aimait à chasser. C’était l’occasion de rencontrer d’autres courtisans et courtisanes pour des longues balades. Freya prit vite goût à la cour et aux affaires du pays, dont les secrets flottaient en arrière-plan des potins nobiliaires. Le soir, Regnauld ne venait plus à sa chambre, de peur de blesser sa précieuse succession.

À l’issue une grossesse sans histoires, l’accouchement eu lieu un matin frais d’automne. Le chateau était mal chauffé par les cheminées qu’on n’avait pas encore ravivées. Le Roi n’était pas dans la chambre, mais Valther était là pour le tenir au courant. Les sage-femmes avaient recommandé de fermer et d’obscurcir toutes les fenêtres pour que l’enfant n’attrape pas froid, et ordonné de s’éclairer à la bougie. La froideur moite de la pièce se chargea de fumées, chants diffus des prêtresses et attente anxieuse. Entre l’angoisse de donner naissance à une fille et la douleur de l’accouchement, Freya endura l’épreuve jusqu’à loin dans l’après-midi. Mais tout se finit bien : c’était un garçon.
La mère le prit dans ses bras. Il tenait tout entier sur son bras. Tout à coup, elle aima tout de lui, son odeur, son toucher, ses petits doigts qui s’accrochaient sur elle. Le monde alentours sembla doucement se dissiper puis disparaître. Épuisée mais aux anges, elle le garda sur son sein et s’endormit.

Freya resta en couches plusieurs jours seule avec son enfant. Son attachement pour le bébé persévéra, résistant à l’arrivée triomphante du Roi, qui la glaça et l’enferma plusieurs jours dans un mutisme renfrogné. Une semaine après la naissance, toute la nobilité du Hadvast venait rendre hommage au Roi et au prince héritier. L’enfant, conformément à la tradition, ne serait pas nommé avant son premier anniversaire. Il était déjà titré Prince de Gandar, et surnommé Fitzroy, mais Freya avait confié à Valther qu’elle voudrait l’appeler Emrik.

Mais les seigneurs s’égrainant, Freya prit en compte une réalité qu’elle avait obscurci : l’enfant serait confié à l’éducation du Roi, son esprit modelé à son image, sa brutalité calquée sur celle du père. C’était ce qui était arrivé au fils précédent, avant qu’il s’enfuie de l’emprise paternelle. Derrière le sourire maternel qu’elle offrait, la mère s’offusquait de ce que son bébé deviendrait. La nuit venue, elle pleurait. Puis le jour suivant. Aux interrogations des visiteurs, elle répondait qu’elle se sentait si heureuse. Mais au fond de la nuit, dans le chateau assoupi, des pensées horribles la traversaient. Des images de sacs et de tortures, d’un jeune homme, assoiffé de conquêtes et de rapines. De son fils, qui tenait tout entier sur son bras.
Le nourrisson en pleurs la sortit de ses pensées morbides et elle se saisit du bébé sans amour. Elle tenta de l’allaiter mais il ne prit pas le sein, elle perdit patience et jura. Submergée de colère, elle mit sa main sur le visage de l’enfant, étouffant ses cris. En pensant à celui qu’il deviendrait, elle appuya encore plus fort, couvrant sa bouche et son nez avec dégoût.
Une servante entra à ce moment précis et son cri surprit la jeune mère, qui s’arrêta immédiatement. Le bébé reprit ses pleurs. Effrayée par son propre geste, Freya écarta ses mains de l’enfant et laissa la servante se précipiter pour le saisir.

Le matin se leva sur Freya emprisonnée dans une cellule de la tour, encore en habits de nuit. Avant midi, tout le chateau savait. Juste après le repas de midi, Regnauld fut notifié. Il entra dans une colère aveugle, et ne se calma qu’après avoir voué la mère aux châtiments pour l’infanticide et le parricide. Il maudit les parents de sa maîtresse au banissement, destina d’une extravagance de supplices pour celle qui a osé intenté à la vie de son futur Roi. Il ne se déplaça pas et elle en fut soulagée : elle n’aurait pas supporté de poser son regard sur lui.
Valther l’aide-de-camp du Roi vint lui porter le repas du soir. Dans la demi-obscurité fournie par la lumière qui filtrait de la fenêtre, il poussa la lourde porte de bois. Elle l’appela doucement avec une voix implorante, s’approcha de lui et tenta de lui prendre le bras. Il se dégagea tout aussi doucement.

Elle lui demanda de lui laisser la vie sauve, d’encourager le Roi de reconsidérer.
« Je suis venu vous dire, dit-il simplement, que votre procès et exécution aura lieu demain. Je suis désolé.
— Capitaine, appella-t-elle, n’est-ce pas vous qui me soignait quand j’étais brisée, qui me soutenait quand j’en avais besoin ? Pouvez-vous vraiment laisser faire sans rien dire?
— Le roi a décidé, je ne peux rien faire.
— Je ne demande pas qu’on me pardonne, ni même que je garde le bébé ; je m’exilerai, vous n’entendrez plus jamais parler de moi !
— Si vous ne comparaissez pas, vos parents le payeront !
— Ce sont eux qui m’ont envoyée ici, sans que j’aie le moindre choix, explosa-t-elle. Le Roi veut un fils : il l’a ; laissez-moi survivre à ce supplice, oublier cet endroit de malheur. Qu’ai-je voulu de tout ça ? Rien ! Poussée d’un côté et de l’autre, sans agence sur mon corps, rouée et engrossée, on s’attend de moi que je l’accepte ? »

Sa colère s’estompa subitement et elle s’écroula, prise par les sanglots. Il la rattrapa dans sa chute et s’assit à ses côtés. D’une voix blanche, elle continua à demander qu’il la laisse s’enfuir, et lui refusant sur le même ton monotone. Freya pleura encore sur son sort, et quand elle eut fini elle leva les yeux pour trouver le regard larmoyant de Valther.
« Mon Capitaine, dit-elle doucement et caressant sa joue du dos des doigts, spectateur impuissant des sévices qu’il m’a donnés. Qui prenait mon chevet sans fautes après la nuit d’horreur. Qui a pansé mes blessures, m’a rafraîchi le front. Mon Capitaine, pourquoi ferais-tu ça ? Tu es resté des heures pour n’avoir qu’un sourire en retour. »
 
La voix de Freya était douce comme un cordon de soie. Après avoir retiré la main de la princesse une première fois, il la laissa reprendre ses caresses sur sa joue, son cou. La respiration de Valther devint rude, saccadée, mais il ne bougea pas.

De la main gauche, elle prit sa main ; ils croisèrent et se décroisèrent les doigts, opérant une danse silencieuse. Valther gardait les yeux bas, tandis qu’elle raidissait sa main droite. Elle se rapprocha de lui, assis dans la demi-obscurité, lançant dans un murmure:
« Je vais mourir demain. Ils vont me pendre, m’éviscérer, me bruler. Je serais humiliée et maudite, et toi tu seras là, stoïque, à chaque étape, et chaque cri que je pousserai te rappellera de ces nuits. Mais lui, il sera content, il jubilera. Comment te sentiras-tu ?
—  Je ne peux pas, souffla-t-il, défait. Le Roi… »

Elle se redressa, il s’interrompit. Leurs mains se quittèrent. Elle porta les mains dans son dos et défit le nœud de sa robe de nuit. Le haut de la robe tomba sur ses hanches, dévoilant sa poitrine et son ventre. Elle reprit la main de Valther et la plaça à plats entre ses seins, contre ses côtes.
« Ce cœur bat pour ses derniers moments. Vois comment il bat fort. Il n’a jamais battu comme ça pour le Roi. Veux-tu qu’il batte encore demain, ou veux-tu qu’il brule ?
— L’enfant…
— Je ne peux rien faire pour lui, mais tu peux, insista-t-elle. Prends soin de lui, qu’il soit bon et juste. Je te demande seulement… Je me glisserai dans la foule du matin. Tu ne me reverras jamais, plus jamais. Promets-moi. »

Elle se rapprocha doucement de lui, prit sa main. Elle était sûre que toute hésitation s’était levée en lui. Dans le noir, pour sceller leur accord, elle saisit ses lèvres dans un baiser.

Le lendemain matin, les geôliers avertirent que Freya s’était échappée. Elle se serait enveloppée de la cape d’un garde et aurait disparu dans les premières lueurs du jours.
Valther donna immédiatement l’ordre de détenir ses parents, et attendit la collation du Roi pour le lui annoncer. Paniqué, Regnauld demanda d’abord où était son fils. Une fois rassuré du fait qu’il avait encore son héritier, il convoqua les parents de sa maîtresse. Valther le persuada de seulement les disgrâcier et de les bannir. Regnauld sembla encore hésiter sur la marche à suivre, ses petits yeux fureteurs allaient et venaient pour se décider ; finalement il soupira:
« Tant pis pour cette garce. On trouvera une nourrice. Qu’elle ne revienne plus.
— Excellente décision, sire, répondit l’aide-de-camp. »

Et le Roi prit une grande rasade de vin.

« Modifié: 17 mai 2021 à 11:23:14 par Opercule »

Hors ligne Alan Tréard

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Re : [Erakis] De la naissance du Prince de Gandar.
« Réponse #1 le: 16 mai 2021 à 14:43:55 »
Bonjour Opercule,


Me voici pour découvrir cette dernière création d'Erakis parsemée d'humour et de viles aspirations. ^^

Je n'ai pas lu tous les textes d'Erakis, donc difficile pour moi d'estimer si celui-ci est une forme de conclusion, d'épilogue à une série de méfaits et aventures aussi saugrenues qu'intrigantes, ou si au contraire ce texte ressemble à un bonus, un récit anodin qui met en scène des personnages dont les tourments ont brillé sur le monde (ou brûlé sur le bûcher quelques pauvres innocents au passage...).

En tout cas, je peux dire que Regnauld n'est pas présenté sous son meilleur jour. :P


Citer
Elle avait été intruite par ses parents d’aborder l’exil de sa famille, et le Roi leur accorda de retourner à la capitale s’ils le voulaient.

Instruite ? Quoi qu'il en soit, je n'ai pas compris le sens de la phrase...


Citer
Avec l’âge et les blessures, le Roi Regnauld avait gagné en brutalité et cruauté. Il avait un goût imprévisible pour l’humiliation et la torture, et il ne la laissait jamais sans une ecchymose, une plaie ou une brûlure. Après une visite du Roi, Freya restait souvent la journée entière dans son lit. Elle avait appris à craindre et détester Regnauld.

Ici, il me semble que la coupure temporelle manque d'une transition. Il me semble qu'un paragraphe elliptique aurait permis de décrire le temps qui passe (quelque chose du genre : « Des mois passèrent pendant lesquels la situation s'envenima, nul ne savait quoi faire face à leur relation qui évoluait si mal de jour en jour ».)


Citer
L’enfant, conformément à la tradition, ne serait pas nommé avant son premier anniversaire. Il était déjà titré Prince de Gandar, et surnommé Fitzroy, mais Freya avait confié à Valther qu’elle voudrait l’appeler Emrik.

Ici, j'aurais aimé en savoir un peu plus sur le secret du nom « Emrik » : A-t-il une connotation régionale ou étrangère ? Fait-il référence à un vieux tueur de rois ou bien à un héros des temps passés ? Rappelle-t-il à Regnault de méchants souvenirs ?


Au final, Erakis engageait la création d'un univers (légendes, divinités, créatures ou magies en tout genre), et semble pourtant se conclure ici par la création d'un arbre généalogique.

Je trouve qu'il y a une très grande différence entre un univers et un arbre généalogique, une différence telle que celle entre la généalogie des Rougon-Macquart et celle des gobelins, elfes et nains. En quittant l'aspect d'univers féerique pour se tourner vers la description d'une génération royale, j'ai eu le sentiment que ton texte s'en tenait aux intrigues de cour sans laisser de place au mythe ou aux événements irrationnels.

Freya eut pu être une elfe... ce qui aurait mis un demi-elfe à la tête d'hommes (si j'ai bien compris les origines du roi), et aurait créé une situation exceptionnelle dans les générations suivantes en faisant intervenir un acteur étranger (les elfes).

Freya eut pu être une créature légendaire, travestie sous les traits d'une humaine... dont la progéniture eut pris des apparences fascinantes aux pouvoirs illimités.

Freya eut pu être simplement humaine, mais touchée par une terrible malédiction ! … ainsi son fils se serait retrouvé, par héritage, touché par la même effroyable malédiction que sa mère, une horrible malédiction qui aurait provoqué le déclin absolu du royaume.

Tant d'idées replaçant le mythe au cœur de l'intrigue, qui auraient permis de rappeler la vocation première d'Erakis de nous faire échapper à une réalité trop lourde à supporter en nous faisant miroiter tant de secrets mystères en d'illusoires royaumes !


J'espère que tu trouveras dans mon commentaire les aspects les plus importants de ce qu'il m'a manqué au cours de ma lecture pour m'évader vers plus de légendes, comme pour échapper à un quotidien bien trop pragmatique, concret et sérieux. ^^

Je te souhaite tout plein d'imagination : soit pour relancer les créations d'Erakis ; soit pour te plonger dans une nouvelle phase d'écriture vers de nouveaux projets. Et te remercie chaleureusement pour cette lecture. :)
« Modifié: 16 mai 2021 à 14:46:18 par Alan Tréard »
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Hors ligne Bapt90

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Re : [Erakis] De la naissance du Prince de Gandar
« Réponse #2 le: 16 mai 2021 à 20:14:30 »
Hello Oper  :)
Je me lance donc la lecture de ce texte (l'un des derniers donc d'Erakis). Je commence par un relevé des erreurs :

Citer
pour faire des cent-pas rageurs dans dans sa salle d’audience :
petite coquille

Citer
Vous n’avez envoyé que trois hommes pour vous saisir de l’ESTOC   ?
espaces en trop

Citer
la force de Hadvast.
je dirais "du" Hadvast :\?

Citer
Elle avait été intruite par ses parents d’aborder

Citer
Épuisée mais au anges

Citer
C’éait ce qui était arrivé au fils précédent,

*

Je trouve le roi toujours fidèle au portrait qu'on avait déjà dressé, ou en tout cas comment moi je le voyais. J'ai bien aimé la progression de ce court récit, avec d'abord l'exposition du problème puis etc... Tout au long du texte je voyais bien une romance (cachée) entre Freya et Valther et puis que finalement que ce soit le fils d'eux deux et non du roi ; mais ce dernier ne l'aurait jamais su  :-¬? Bon au final ils ont quand même échangé un baiser à la fin.
Par contre, Brunehilde, qu'est-elle devenue ? Elle a un peu été effacée  après avoir été vue au tout début. M'enfin cela pourrait être le sujet d'un autre texte, où elle amène une autre femme au roi et ci et ça  :mrgreen:
Je n'ai pas plus de remarque je pense.

A bientôt  ;)
Mon roman de Fantasy : Les Douze Élus.

Hors ligne Opercule

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Re : [Erakis] De la naissance du Prince de Gandar.
« Réponse #3 le: 17 mai 2021 à 11:45:00 »
Merci de vos réponses !

Tu soulèves un point très intéressant, Alan. Je ne vois pas particulièrement Erakis comme un monde de merveilles et de mystère, mais il est certain qu’une patine légendaire n’est jamais superflue, surtout quand on s’intéresse à des âges médiévaux en siècles-équivalents-historiques. Je pense que la mémoire des habitants synthétisera cet épisode — et d’autres, pour fournir eux-mêmes quelque chose qui ressemble à ce que tu attends. D’ailleurs, j’avais en tête dans une version antérieure de ce texte quelque chose qui ressemble à ça : des années plus tard, une vieille dame raconte cette histoire à propos du Roi, mais évidemment le contenu s’est mythifié entre temps.

Est-ce que c’est une erreur de raconter une histoire vraisemblable qui va nourrir ensuite un mythe ? Est-ce que c’est aller trop loin, et qu’on devrait immédiatement sauter au mythe ?
Je pense que la création d’un monde demande des deux : quelque chose qui puisse bâtir et montrer un imaginaire collectif tout en prenant en compte le fait que cet imaginaire puise dans une réalité plus banale, dont les forces directrices ne sont pas les éléments surnaturels, mais la bête et méchante nature humaine.


Bien vu, Bapt. J’étais tellement obnubilé par la fuite de Freya que j’en ai oublié la disparition de Brunehilde. Je pense que ce serait probable qu’elle trouve quelqu’un d’assez populaire que pour être reconnu régent entre la mort de Regnauld et la majorité du Prince, si le besoin s’en fait sentir.
Quant à la relation entre Freya et Valther, je trouve que c’est une relation avortée : après tout, Valther n’a pas voulu la libérer avant, et elle ne se manifeste que quand elle a besoin de lui. Je pense que Valther aurait pu l’accepter, mais que Freya n’accepterait pas de rester avec lui sur le long, voire moyen terme.

Hors ligne Alan Tréard

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Re : [Erakis] De la naissance du Prince de Gandar.
« Réponse #4 le: 17 mai 2021 à 18:20:53 »
Bonjour Opercule,


Pour te répondre, il me semble que le mythe reste entier lorsqu'on ne connaît pas ses inattendus rouages, sans quoi il n'y a plus de mythe.

Révéler ainsi des vérités serait comme de confier à un petit enfant les nombreux secrets d'un surprenant tour de magie. Montrer une douloureuse réalité, voilà un risque qui n'est pas à prendre à la légère, ceci pouvant même se montrer très dangereux à qui n'est pas prêt à entendre une inavouable confidence.


En ce qui me concerne, j'ai fait mon choix : j'ai plus facilement été séduit par les textes d'Erakis qui nous ont fait voir des images teintées de mystères sous leurs traits humoristiques ou horrifiants, étranges voire envoûtants car c'est ce qui me permettait de m'évader vers quelque curieuse rêverie.

Je suis du genre naïf à croire aux contes et légendes quand bien même on me dirait que c'est pour du faux, c'est cela qui stimule mon imagination émerveillée. ^^


Sur ce je te remercie à nouveau pour cette lecture, et te dis à bientôt pour de nouvelles aventures. :)
« Modifié: 17 mai 2021 à 18:26:58 par Alan Tréard »
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