Bonjour à tous. Comme le texte, je pars un peu dans l’inconnu. C’est mon premier texte dans cette section. J’ai buché pour arriver à l’écrire (même si la première section avait déjà été publiée sous les textes courts). J’espère que cela ressemble à une nouvelle, mais je ne sais pas trop si la forme est correcte, si les points d’ancrage du récit sont bien choisis, etc… Merci pour tout types de commentaires. Bonne lecture.Voyages Voilages
Je lavais mon corps, et seulement lui. Je laisse toujours mon esprit à l'extérieur de la douche de peur qu'il soit emporté dans les égouts de la ville, avec les bulles de shampoing, les pellicules, le fond de teint peau grasse, le sulfate de sodium et la glycérine. Oui, dans la douche, pas de place pour mon cerebro, ses jugements à l'emporte-pièce risquent de dégouliner à tout-va.
Mais pour l'heure, le monstre gélatineux, égoïste et omnivore patientait au-dehors, emmitouflé dans une serviette de bain. J'étais tranquille, sereine. Dans ce petit mètre-carré d'humidité, la vie s’étirait au beau fixe. Exit les turpitudes, la vanité et les peurs, il n'y avait là que l'ange sublime au corps de rêve... Oui, je m'aime un peu et le côté narcissique des choses ne loge pas dans les cellules cognitives, mais plutôt au bout de mes tétons. C’est comme cela, il y en a qui ont du chien et d’autres pas.
Je me sentais pleine et entière, dans la matrice. L'eau salvatrice et bienfaitrice ruisselait le long de mes cuisses lisses. J'étais déjà loin du monde. En paix. J'appréciais simplement mon pommeau de douche « Ciel de Pluie » qui, en été, sur un coup de tête, sur un coup de tonnerre se transformait en « Bourrasque de Grêlons ».
Et tout à coup, ce flux régulier et reposant eut des soubresauts. Puis il hoqueta, alors que l'eau queuta, ricocha, spasmophilia et se raréfia. Le jet lourd, pesant et relaxant se transforma en un mince filet tout à fait ridicule pour ne daigner, au final, m’éclabousser que de fines particules somme toute vraiment élémentaires.
Manque d'eau ? Impossible, on ne me la fait pas ! J'ai beau avoir la fesse droite aussi rebondie que l'autre, j'assure mes arrières tout autant que je les admire. Chez moi, par pure prévention, j’ai installé une citerne de 5000 litres qui suffirait à un indigent du désert de l’Atacama pour se déclarer roi.
Alors quoi ? Pourquoi cette douche au débit si régulier s'était soudainement presque tarie ? Tout en laissant le robinet ouvert, je sortis de l'enceinte porcelaine et récupérai l'instruction qui me faisait office d’intelligence enroulée dans la toile de bain. Puis comme j’ai du chien, je m'ébrouai. Cette action enclencha une cogitation de droite, de gauche, en haut. Je cogitais dans tous les sens... Autour... Au-dessus... Dans le problème. Et comme j'ai également des Sciences, j'arrivai rapidement à une explication plausible : la masse de l'eau avait changé !
Pour une raison ou pour une autre, l'eau était devenue plus légère, plus frivole. En sachant la folie des hommes, en devenant plus chère, plus rare, elle avait également acquis une élégance de dandy. Elle troquait un peu d'hydrogène pour de l'insouciance juvénile. Au regard des lois sur la mécanique des fluides, cette soudaine légèreté eut des effets négatifs immédiats : l'eau frénétique fuyait les nappes phréatiques. Et me voilà donc contemplant un infime trait de pipi de sansonnet clapotant sur mon carrelage.
C'est quand je me suis sentie soudainement délestée du kilo de silicone planté sous mes seins que j'ai compris ce qu'il se passait réellement. Moi aussi, comme l'eau, je devenais plus légère ! Puisqu’il n’existe pas de régimes alimentaires miracles, l'évidence s'imposa à mes yeux de biche et mit un terme à ma première analyse : la masse de l’eau ne s'était pas modifiée, c’est la gravité qui était moins forte.
L'attraction terrestre n'attirait plus autant les gens. C'est comme si le peuple, lassé par une élite véreuse et corrompue depuis des siècles, s'en allait regarder ailleurs. Oui, il s'agissait bien de cela : la pesanteur n'était plus ce qu'elle était. Sans faire aucun effort, sans respecter les commandements, sans faire preuve de rédemption, sans l’avoir mérité, nous montions aux Cieux. À cette évocation, un merveilleux sourire éclaira mon visage magnifique. Je levai et écartai les bras, la serviette se mit à flotter. Et je vous vois venir, coquins. Eh bien non, je ne décrirais pas la scène. Pour une fois, ce qui se passa dans ma tête à ce moment-là fut autrement plus important que la contemplation de ma silhouette exceptionnelle. Jugez-en par vous-même :
Alors que mes pieds quittaient finement le sol, j'initiais mon ascension vers l'Olympe et, comme lorsque je lève la tête la lune est systématiquement au-dessus, je sus exactement où se trouvait cette montagne mythique. J'allais réaliser mon rêve d'enfant gâtée par la Nature : moi, la Vénus des temps modernes, descendante directe d'Aphrodite, je retrouvais tous mes sens et tout mon sens, je faisais enfin partie d'une mission Apollon.
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Comme je m’élevais, et qu’il n’y a pas encore de portes au plafond des maisons modernes, le plus difficile, au final, fut de passer par le vasistas installé sur le mur extérieur de la douche. Il a fallu que je me faufile, que je me contorsionne pour enfin accéder à l’air libre. Heureusement, ces acrobaties sont une pratique courante dans ce monde où la probité a d’obscures raisons que l’estomac ignore béarniaisement. Deux ou trois magnifiques tours de reins et hop ! Obstacle franchi. Ensuite, il n’y eut que du bonheur.
Enfin, que du bonheur… que du bonheur… Je dois tout de même signaler un léger tourment, un petit ajustement. Evoluer en trois dimensions, ce n’est pas si évident que cela. A l’apprentissage, on mesure le mérite des super-héros américains. Ma volonté de monter au Ciel fut contrarié par les courants d’air chaud et une gestuelle approximative. Le moindre de mes gracieux mouvements engendraient des réactions tout à fait inhabituelles. Je me suis retrouvé la tête en bas plus d’une fois. Bien que mon estomac se retournait tous les cent-quatre-vingts degrés, et encore plus que les sauces trois étoiles à moitié digérées, c’est ma silicone incarnée qui s’aventurait au plus profond de ma chair pour découvrir de nouvelles régions aux plats exotiques. Et cela n’était rien, mais mon apparence extérieure en pâtissait également : A cause de ces mêmes circonvolutions, mes cheveux encore mouillés ne restaient pas longtemps collés à ma sculpturale chute de reins. Cet état de fait me laissa en proie à une disharmonie incongrue, une disharmonie tout à fait inconnue à l’être parfait que je m’étais habitué à véhiculer. Ce fut un moment plus difficile à admettre qu’à passer.
J’ai remué comme cela pendant une petite heure à une quinzaine de mètres de hauteur. Pour autant, mes gesticulations ne m’empêchèrent pas de réfléchir. Aujourd’hui, avec un peu de honte, je dois avouer que ma première pensée, en dominant le toit de ma villa, fut pragmatique :
il va falloir que je fasse nettoyer mes tuiles ! Et puis après un salto arrière particulièrement réussi, mon horizon s’est un peu élargi. Au gré de mes arabesques incontrôlées, j’ai commencé à regarder autour de moi.
La famille qui habite la maison voisine était dans le jardin. Enfin les deux enfants l’étaient, les parents, eux, se situaient à peu près à la même hauteur que moi. Eux aussi, ils gesticulaient à se rompre le cou… Enfin, tout compte fait, ils gesticulaient à se froisser une aile. Les yeux exorbités, on mesurait clairement à quel point ils étaient effrayés. L’homme surtout, il avait gros à perdre. Tout en s’arrachant les cheveux, il criait :
- Et ma Tesla ?
Alors on voyait un hologramme d’une voiture s’échapper de son corps, tomber tout automatiquement et se disloquer sur les rhododendrons entourant leur petit kiosque aménagé, là où ils invitaient leurs amis lors de leur partie dominicale. Ces mêmes jours où les réfugiés font une noyade dominicale en mer Méditerranée. Donc, la Tesla tombait et mon voisin grimpait de deux mètres.
- Et mon frigo qui fait des glaçons ?
Et hop, sans que personne n’ait eu recours à une douche « Ciel de Pluie » des nuées de grêlons en hologramme s’échappaient du bas de son pantalon pour disparaître aux pieds de ses deux fils, encore dubitatifs quant aux événements actuels. Après avoir largué ses stock-options, il n’avait plus de parachute doré et se retrouvait déjà bien haut dans le ciel.
La mère se trouva partagée entre l’obligation morale de suivre son mari et l’amour porté à ses deux fils. Si la situation n’avait pas été tant aérienne, j’aurais parié qu’elle nageait entre deux eaux. Elle regarda en haut et en bas, ou à droite et à gauche suivant les évolutions de son corps. Un bref instant, elle eut l’impression d’avoir le choix, de disposer du libre-arbitre. Elle essaya de se dire que le fond de teint peau sensible Swash n’était pas si essentiel que cela. Alors des pixels légèrement orangés se désolidarisèrent de son visage et commencèrent à monter au-dessus de son bras gauche, car elle était présentement allongée dans l’air. Arrivés au niveau de sa main, ils se regroupèrent pour former une sorte de flacon, de pot de crème qui cacha à mes yeux sa grosse alliance. Puis le flacon hésita, il eut des soubresauts, il hoqueta. La mère leva un sourcil de regret. L’instant d’après, le flacon, tel un zéro kamikaze, piquait droit sur la piscine et s’évapora juste avant de toucher l’eau, comme le firent son énorme bague de mariage « dixamants et autant de divorces », le home-trainer toutes options tout-terrain, la Mini-Cooper, les hauts-talons Prada. Par la suite, c’est parce qu’elle était toute prête à rejoindre son mari que les enfants durent crier :
- Allez-y ! Allez-vous ressourcer ! Nous nous occupons de la Terre pendant ce temps.
Comme narré précédemment et pareillement à mes voisins, moi aussi, au début, j’ai ramé. Et puis ensuite, j’ai cessé de ramer, j’ai brassé. Brasser de l’air, je savais, c’est une condition fondamentale pour la réussite libérale occidentale, alors j’ai brassé. Et plus je brassais, plus je maîtrisais mes évolutions. Comme j’étais particulièrement narcissique et matérialiste, je n’eus plus aucun mal à décoller véritablement. Une vraie fusée.
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Le vide interstellaire, c’est des conneries. Enfin, c’est ce que j’ai cru quand mes nouveaux amis et moi n’avons ressenti qu’un léger échauffement en pénétrant dans ce qui aurait dû être le noir profond. A cet instant, certains comme Liza et Luc se sont séparés de leurs vêtements, ils les ont accrochés à un satellite de surveillance américain qui passait par là, et par là, et par là aussi. Personnellement j’étais déjà toute nue et la chaleur ne me dérange pas alors je me suis contenté de sourire à l’infini. Oui, subitement, il a fait un peu plus chaud, mais nous continuions de respirer sans aucun mal. C’est à ce moment-là que je me suis dit :
le vide interstellaire, c’est des conneries. Et puis j’ai réfléchi. Vous vous souvenez ? Avoir du chien, des sciences, etc… Et j’ai émis l’hypothèse adéquate : nos corps, après avoir relargué toutes les conneries du monde libéral, s’étaient décidé à dégazer tout l’air que nous avions pompé aux autres. Et c’est ainsi qu’en quittant l’atmosphère, nous générions un atmocorridor. Cette explication me paraissait plus conforme à la situation, car je rayonnais. C’est comme si, durant toutes ces années d’hypocrisie occidentale, la concentration exclusive sur mon moi profond servait enfin à quelque chose, j’étais une ampoule à libérer l’oxygène, mieux une bombe atmomique : Swossssss, ma crème à épiler ! un mètre-cube d’oxygène. Swetttttttt, mon vison ! cent mètre-cubes. Je rayonnais. Swruuuuut, les accords de Maastricht ! dix-mille mètre-cubes. Swizzzzzzz, les croisades ! un milliard de mètre-cubes ! Swrammmm, l’esclavage ! un trillion de mètre-cubes. Je rayonnais ! Mais je rayonnais utile, c’était tout à fait nouveau pour moi. Voilà que je donnais ou plutôt que je redistribuais ce que j’avais volé, saccagé ou détruit, et c’était merveilleux. Mon corps, en se montrant altruiste, cessait d’être des cuisses lisses ou glissaient toutes choses pour s’imprégner des autres. Mon âme, mon âme… Enfin, je commençais à en comprendre le concept.
Oh, cela ne s’était pas fait d’un seul coup d’ascenseur émotionnel, non. Cette transformation fut graduelle, bien sûr. Au début, la peur, ce satané cancer, en fit paniquer plus d’un. Je me rappelle Didier, montant la tête en bas, accroché à l’image de sa manette, elle-même liée à une game-box et à une télévision. Edouard, Philippe, Bruno, Nicole, Jean-Yves, tous papillonnants derrière une comète verte qu’on surnomma Dolly Dollar. Et Gérald, le maire, balançant les bras et les jambes comme un karatéka, en criant :
et mon pouvoir ? Mon pouvoir ? Et tant d’autres, horrifiés de perdre un à un leurs petits privilèges égocentriques sans pouvoir rejeter la faute sur quelqu’un ou sur une quelconque communauté. Oui, nous étions effrayés, Dieu nous punissait.
Mais comme il ne se passait vraiment rien de catastrophique et que sans cesser de monter vers la Lune, mes nouveaux amis et moi respirions tout à fait normalement, nous avons fini par nous calmer et rechercher une symbiose avec ce nouvel univers. D’aucuns brassaient, comme moi, d’autres préféraient la nage indienne, mais personne, personne n’utilisait le crawl, trop agressif, trop intrusif. Même Roxana ne cherchait plus à être la première. Nous étions les Surfers d’Argenteuil ou d’ailleurs, car les communautés se mélangeaient maintenant pour ne plus exister que par leurs positivités. Les neutrons, très répandus parmi les moutons, les français pendant la guerre de 39, les partisans des guerres des golfes à plus de dix-neuf trous de bombes chirurgicales, les neutrons avaient tendance à disparaître. Nous comprîmes très vite que nous participions à une marche de rédemption. Rien à voir avec la promenade macronienne, les camps de rééducation Khmers Rouges ou le Maccarthysme : tout le monde avait sa chance.
Et moi, je n’échappais pas à cette transhumance de l’esprit. En perdant mes privilèges, je les ai regrettés, vivement. Alors qu'avant montrer, user et abuser de mon corps n’avait jamais été un problème, ici sans mes précieux avantages, je me sentais nue, en danger. Et puis ensuite, avec le calme de l’espace, la sérénité des trous noirs, j’ai relativisé, comme Einstein. Et j’ai réalisé que partager le bien-être ne réduisait pas mon bien-vivre, mais me rapprochait des petits bonheurs qui apportent la quiétude.
Nous étions donc extrêmement loin du monde et vraiment en paix quand nous avons atteint les premières vapeurs de la Lune et que le voyage a commencé à se gâter. Ces vapeurs, elles puaient l’arrogance et la suffisance. Ces nuisances olfactives nous ont mises sur nos gardes. Puis très vite, nous avons trouvé l’entrée de l’autoroute. La pancarte indiquait
Bienvenue sur eLune, signé : eLon. Toujours méfiants, nous l’avons emprunté en ralentissant nettement notre progression. C’est comme si nous faisions la planche. Sur les premiers kilomètres, nous avons découverts des panneaux publicitaires pour Coca-Cola, McDonald, Ikea ; un feu d’artifices sponsorisé par les plus gros fabricants d’armes de la Terre que sont Thales, Airbus, Boeing, Northrop Grummann, Lockheed Martin ; des hologrammes des visages de Bernard Arnault, Margareth Thatcher, Bill Gates, de l’émir du Koweit, de Poutine et de Mao, et d’autres, et tant d’autres. A bout de forces, nous nous sommes arrêtés devant le portrait de la famille Bush. Nous n’en pouvions plus. C’est la première fois depuis que nous avions entrepris ce voyage que l’air devenait irrespirable. Au lieu de la planche, nous avons fait la planque. Plus personne ne parlait. Nous regardions le vide qu’inspire le visage de Junior. Esmeralda ne dansait plus sur les chansons de Daniel ou d’Alain.
De nouveau inquiets, notre sérénité n’était plus qu’un souvenir.
Et puis quelqu’un a dit :
- Laissons-les là ! Laissons-les sur la Lune ! Et si nous prenions à gauche ?
Encore une seconde de silence, et un autre a repris :
- A gauche ? A gauche ? Tu veux dire à gauche comme Obama, Mitterrand ou Hollande ?
Et alors là, tout le monde s’est mis à hurler de rire. Nous avons tant hurlé de rire que nous avons fini par hurler de douleur tant ces gens avaient fait du tort aux valeurs que nous voulions porter à présent.
Alors plutôt qu’un hasardeux virage à gauche et en sachant que la prochaine planète habitable était à des millénaires, nous avons préféré faire demi-tour. Le retour fut très long. Ce fut difficile de nager à contre-courant, mais nous avons déconstruit pas à pas toute l’économie ultralibérale qui nous avait mené si près de conquérir l’univers et nous avons commencé à nous intéresser à la Terre.
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Quand nous sommes revenus, les enfants avaient établis des assemblées tirées au sort dans toutes les régions du monde. Elles étaient renouvelables, comme l’énergie mise en avant. Elles avaient la charge de se rapprocher de l’équilibre entre les trois pouvoirs : Liberté, Egalité, Fraternité. Sans économistes, il n’y avait plus de banquiers. Sans énarques, il n’y avait plus personne pour traiter les enfants d’immatures ou d’utopistes. Sans pays, il avait été plus facile d’établir un salaire maximum et un patrimoine maximum pour chaque individu. La formule était un peu plus complexe, mais les deux gros paramètres de celle-ci étaient relativement simples : la richesse mondiale pondérée par la capacité terrestre à se ressourcer et le nombre d’êtres humains. Aussi drôle soit-il, cette formule avait rendu les notions de richesse et de pauvreté quasi-caduques. Et les effets sur la natalité avaient été immédiats : la démographie décroissait en permettant une qualité de vie optimale pour tous.
Pour tous.
Lorsque je suis retourné à mon ancienne maison à Argenteuil, elle était occupée par des ex-Pakistanais et un vieux couple d’ex-Maliens qui pensait repartir d’ici peu dans leur région de naissance. Ils m’ont dit :
- Viens,
viens petite sœur, en s’unissant ont à moins peur, comme disait la
Lily de Pierre Perret. Il y aura bien une chambre pour toi dans cette grande maison.
Les enfants des voisins avaient eu des enfants. Ils étaient métissés (les filles des ex-Maliens…) et ouvraient les bras en souriant. La petite Emilia me dit en poussant un peu de la langue, car elle avait perdu ses incisives :
- Le blanc, c’est beau aussi, tu n’as plus à avoir honte.
Elle aura bientôt ses dents de sagesse, c’est sûr.