Alzheimerologie 
Dans le dédale de l’oubli, cet homme, lui,
Se tient devant moi, tel un miroir apposé. 
J’y vois, déteints, les contours de mon étui
Incertains, me regardant si terrorisés. 
Sa main effleure l’intérieur de la mienne. 
Ce contact étranger électrifie mon être,
Mes longs doigts, automatisés, pressent la sienne
Et sens sur mon écorce une fine pluie naître. 
Une autre voix de l’autre côté du miroir, presque similaire, tel un écho, jaillit.
Mon cœur crispé m’indique, telle une boussole,
Le sinueux chemin jusqu’à lui, l’inconnu. 
Mes membres libres s’habillent de camisole,
Je le vois vide, comme vierge de vécu. 
Un livre sans encre, pourvu de pages blêmes :
Je tends mon bras, pour y écrire quelques lignes. 
Mais j’y trouve des phrases qui le parsèment. 
Mes pupilles brillent et des larmes s’alignent.
En périphérie, immobile, une robe immaculée flottait.
L’écran garde souffle.
Un trait monte, retombe,
Une pointe hésite,
Reprend, se redresse.
La mémoire s’écrit en pointillés,
Une crête, une vallée,
Comme un mot raturé
Qui tente de revenir.
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Ils se serrent la main.
J’écoute la ligne :
Leurs noms vacillent
Entre deux crêtes.
Un instant je crois les lire…
Mais le fil s’aplatit
Et le silence inscrit. 
Les noms s’effacent.
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Verdict : deux étrangers.