[fannieb]

"J’aimerais te parler d’autre chose, journal. Du moins ne plus t’en parler chaque jour. Mais je dois bien avouer qu’il me manque. Nos échanges me manquent. Ses messages me manquent. Et j’aimerais lui manquer, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Et le pire dans tout cela ? C’est qu’une partie de moi, petite mais tenace, et qui crie, et qui hurle à l’intérieur, pense que je compte un peu pour lui. Je me berce d’illusions. Je ne suis pas encore prête pour affronter la réalité en face. Elle me déchiquette cette réalité, elle me lacère de partout. Alors je lui crie, je lui hurle d’arrêter. Je lui répète qu’elle se trompe, qu’elle n’a pas le droit de me faire cela. Je l’enferme. Je la musèle. Je me renferme. Je me rends sourde. Aveugle. Pour quelques temps au moins. Que l’on me le laisse ce temps-là, si précieux. Le temps de m’éloigner un peu de cette réalité, la regarder à distance se déchainer, agiter ses lames, ses lanières tranchantes dans le vide. Qu’elle soit apaisée quand je reviendrai l'affronter à nouveau."

[Basic]

Bonjour,

comme tu l'as compris, le forum est un lieu dont l'objectif est l'entraide pour améliorer l'écriture des textes, recevoir des propositions sur la syntaxe, les bricoles qui pourraient être arrangées. Pour cela il faut que les attentes et que la volonté de l'auteur soit bien claires. Donc, il serait bien que tu précises celles ci. Est ce une fiction ? Y aura t-il un ensemble ? L'objectif est il de construire un personnage par bribes, puisqu'il s'agit du numéro 1 ? Ou bien est ce ton propre journal, dans ce cas c'est très différent, perso, je ne vais pas me donner le droit de donner des avis, proposer des corrections de tournures, voire de narration ou autres au risque de bousculer l'intimité de son auteur.
La seule remarque que je peux te confier ici concernerait ce bout de phrase "elle me lacère de partout. ", je trouve "de partout" en décalage avec le reste du texte. 

B

[fannieb]

Bonjour,

Tu as bien fait de me poser la question. Ce texte est venu de façon assez spontanée, mais reste un texte de fiction, même s'il aurait pu trouver sa place dans un journal perso à une autre époque.
J'ai laissé la possibilité d'une suite, ou d'une série d'extraits de ce type qui pourraient effectivement construire peu à peu un personnage, une histoire, sans que cela soit vraiment clair ni concret pour l'instant dans ma tête.
Je vais réfléchir au passage dont tu parles, effectivement, ça bloque un peu à la relecture.
Merci pour ton retour attentif.

[Basic]

Alors comme c'est une fiction...

peut-être qu'il manque quelque chose qui intrigue parce que ton terme "réalité" me semble trop vague, trop généraliste, histoire de tirer cette série de textes de sa banalité ( l'adresse au journal, la rupture... assez courant dans ce type d'écrit. Banalité voudrait dire ici, propos commun, courant. Ici ce serait "l'écriture" qui mettrait ce texte en avant. Donc, banalité ne serait pas péjoratif "tout a déjà été raconté, alors recommençons")). Je pense que dans ton intention, il y a cette volonté de tirer le lecteur par l'oreille, mais peut-être qu'il faut pousser un peu plus, pas avec une locomotive mais une petite pichenette.

Je reviens sur le terme réalité  et sur ce dernier passage : "Qu’elle soit apaisée quand je reviendrai l'affronter à nouveau."  Je me demande si la réalité peut s'apaiser ou si c'est plutôt le sentiment que l'on en a qui le peut et de surcroit, il me semble qu'il il y a antinomie entre apaisé et affronter

B

[Cendres]

Merci pour ton texte

Tu nous racontes ton héroïne qui écrit en parlant de son journal intime.
Elle parle de sa relation avec et ses sentiments. . Enfin ce qu'elle imagine, car ça reste un objet.

Elle semble pas dans une bonne relation avec lui. Peux être elle devrait arrêter d'écrire dedans ?

[Nacas]

Hay,

《La réalité des sentiments ne peut être partagée, que la réalité des ressentis.》

Par cette formule (un peu) cryptique, je veux dire que moi lecteur n'ai pas accès à autre chose que ton texte. Il peut être mon choix d'affabuler (et souvent j'en ai envie) des trajectoires abstraites de faits ou de ressentis, je crois même qu'on appelle ça "se mettre dans la peau des personnages", mais pour cela il faut que tu m'aides. Que tu me tendes une ou deux perche, ou poutre, auxquelles m'accrocher.
Quelque chose de solide, qui ne nécessite pas que je lui confère sa réalité.
Un truc qui existe, que je n'ai pas besoin d'imaginer.

Et les textes tout à fait virtuoses sont (toujours à mes yeux), ceux qui parviennent à faire ça tout en étant résolument éthérés.
Le tien n'essaie pas. (Il présente que des sentiments que j'ai besoin de m'imaginer, ce presque sans personnage, entièrement sans décor.)

Je passais par là pour donner un peu de mes goûts en matière d'abstrait, rien de plus.


[Ajout]: Ta plume est paisible et assez expressive pour ce que tu lui propose de dire, le sujet est bien présenté et le texte est clair. Les sentiments présents sont intègres (à mes yeux), ce texte est correct par ailleurs. Ce n'est que parce que je suis vieux et désabusé que je le trouve inutile, que je le repousse au bord de mon assiette.
Mon estomac est si plein de boue, de trésors enfouis dont j'ai perdu le goût, et ton texte ne m'a pas attiré je n'ai plus la fabulation de le boire à grandes gorgées.
Il ne fait que rendre état (mais il le fait bien) d'un sentiment qui _pourrait_ exister. En d'autres termes : "Je ne me risque plus à boire à amples goulées les éventuelles présences". Pardon.


Lasseusement,
Nacas

[fannieb]

Merci Cendres et Nacas pour vos retours.
Et désolée Nacas si cela t'a ennuyé. Je n'ai pas ton expérience selon toute vraisemblance, et cela m'apprendra à vouloir partager des textes sur un coup de tête. Je tâcherai de prendre plus de temps, et du recul, la prochaine fois.
Merci d'avoir pris la peine d'écrire ces messages.
Et Basic ton autre retour est intéressant. Pour moi il n'y a pas forcément antinomie dans le sens où selon moi cette réalité même apaisée ne deviendra pas douce et sans danger pour autant. Elle restera comme une créature affaiblie menacant toujours de se reveiller, toujours armée bien que calmée.

[Basic]

Ensuite, c est un texte très court, c était des remarques dans le cadre d un projet plus vaste. N hésite surtout pas à poster... En fonction des remarques, de ce que tu gardes ou rejette, ça permet d avancer
B

[Nacas]

Au contraire : continue de partager des textes sur un coup de tête.

J'ai lu le tien, j'ai été content de le faire, je me suis arrêté sans amertume, j'aurais été triste sans le savoir si tu l'avais plutôt conservé par crainte de ma lecture.
Peu importe ce que j'en pense.
Continue d'écrire et de partager ce que tu écris.

Si j'ai été trop incisif, je te présente mes excuses et t'invite à limer les incisives qui approchent.
Si elles découpent quelque chose qui écrit, je n'en ai pas besoin.

Et de toute évidence, tu écris.
Allons ! Je suis grognon mais point mesquin !
La prochaine fois, peut-être que j'aurai à manger dans ton texte et je me remplirai le gosier !
Cela n'arriverait jamais, si tu t'empêches de le partager.

PARTAGE SUR DES COUPS DE TÊTE, BON SANG !
Les loups-garous te préserveront du reste.

[fannieb]

Nacas,
Sois rassuré, ce n'est pas tellement que je craigne ta lecture, vraiment.
Autant l'écriture chez moi se fait avec plaisir et motivation, autant les commentaires, que ce soit sur les textes des autres (et j'en lis, mais en commente très peu), ou les échanges sur ceux que je partage moi-même, représentent un casse-tête énergivore pour moi.
D'où probablement un peu de lassitude, aussi. Je préfèrerais qu'il en soit autrement.

[Basic]

C est un peu dommage parce qu on est là pour ça en fait. C est bien l objectif principal du forum

[fannieb]

Oui, Basic, et c'est clair. Pour ma part, j'ai souvent besoin d'expérimenter les choses pour réaliser que ce n'est pas fait pour moi.
Il y a l'idée que je me fais, et la pratique.
Et parfois cet espoir de pouvoir évoluer... mais ce n'est pas toujours le cas.