Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

13 Septembre 2025 à 06:32:00
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » le rêve du soldat

Auteur Sujet: le rêve du soldat  (Lu 544 fois)

Hors ligne motspourmaux

  • Plumelette
  • Messages: 19
le rêve du soldat
« le: 25 Février 2023 à 19:14:48 »
Rêve de soldat.

Soudain, la chose tenait le trousseau entre ses mains. Ses mains étaient épaisses, rugueuses, donnaient une impression de dureté. Elles auraient pu être le symbole même du lieu. Une prison ancienne, traversée dans ses couloirs par les hurlements des hommes. Le cri des êtres humains, la chose le connaissait bien. Amie et observatrice intime de chacun de leurs gestes, elle avait fini par les comprendre. La chose pouvait mouvoir ses mains. Et elle se regardait avec un sentiment de délivrance.

Une porte blindée noire se dressait devant l'homme, devant elle. Quelle drôle d'expérience cela pouvait être, de passer d'outil macabre à maître puissant. La porte était devenue le geôlier. Un sentiment de jouissance pure envahie alors soudainement la chose. Avec son corps nouvellement massif et si agile, elle pourrait sauver enfin l'homme misérable.

Dans cette petite cellule, gisait en effet un jeune soldat. Il était là depuis quelques jours, et était promis à l'exécution. Il s'était confié à la chose, sans le vouloir, car l'homme racontait à voix haute sa vie. Dans les ténèbres de sa solitude, il avait fait de lui-même son confident. La porte l'avait écouté tendrement. Elle avait entendue les récits de sa vie paysanne. Les premiers chants des oiseaux entendus au printemps, allongé dans les prairies. Les durs travaux de la moisson, alors qu'il n'était encore qu'enfant. Les douches froides dans la ferme sombre, et Marie. Une jeune femme, splendide, lumineuse. Un récit qui peut être appartenait déjà à tant d'hommes de son temps.

Marie avait disparu au loin, alors qu'il partait au front. Il y avait dans son regard un adieu, insoutenable. Puis le colonel, les agonisants, les morts. Un sentiment de révolte, de dégoût, si profond qu'il en devenait fou. Le jeune homme avait saisi un pistolet, et l'avait retourné vainement contre lui-même. Avant le départ de la balle, le colonel l'avait saisi.

Après ces mots, le prisonnier, dans la cellule, avait choisi le silence. La chose ne devinait pas ses mystères. Mais connaissait désormais le jeune homme dans ce qu'il avait de plus profondèment beau. Sa voix chancelante la hantait. Alors elle saisit les mains, et ouvrit. Elle le vit, gisant. La chose, devenue humaine, se sentait goûter au plaisir du sacrifice pour l'autre.

Le jeune homme vit le geôlier. Ce dernier paraissait étrangement calme. Puis il retrouva ce regard, ce regard froid et distant, ce regard qui se détache de l'autre. La chose était partie. La chose était-elle rêvée ?

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Bonjour

Pourriez-vous je vous prie commenter ce texte : à la fois sur le fond si vous le souhaitez (est-ce que l'histoire vous semble intéressante même si ce n'est qu'un embryon) et surtout sur la forme (le style, l'écriture).

Quels sont les points à améliorer ? (et si vous voyez un ou des point(s) positifs ça peut être sympa de m'encourager aussi merci)

Hors ligne Kalimero

  • Tabellion
  • Messages: 40
Re : le rêve du soldat
« Réponse #1 le: 26 Février 2023 à 00:28:44 »
Bonjour,

Tu n'as pas besoin de stipuler que la chose a les mains ''dures'' (premier paragraphe), vu comment tu les décrit, on le devine, c'est un pléonasme.

Je trouve ton texte excellent et bourré de mystères, cependant la fin est une queue de poisson: ''La chose était-elle un rêve?'', plus tu perds ton lecteur, plus il aura envie d'en savoir, mais il faut que le tout reste cohérent.
Tu as l'air doué pour créer le mystère et c'est une bonne qualité d'écrivain.

@+

 :potichat:
What you get is exactly what you give.

Hors ligne Delnatja

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 375
  • Ailleurs et au-delà
Re : le rêve du soldat
« Réponse #2 le: 26 Février 2023 à 09:57:23 »
Bonjour motspourmaux, merci pour ton texte.
Je trouve l'idée et le texte intéressant.
Je trouve que la fin appelle une suite.
Belle journée.
Michèle

Hors ligne Robert-Henri D

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 317
  • Pelleteur de Nuages
Re : le rêve du soldat
« Réponse #3 le: 26 Février 2023 à 15:59:26 »
Bravo pour l'imagination.

(sous spoiler: quelques suggestions.)


Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


NB : J'ignore pourquoi le texte sous spoiler apparait en souligné à partir de : " La porte était devenue le geôlier "
« Modifié: 26 Février 2023 à 16:08:39 par Robert-Henri D »
« Les heures glissent comme des plumes légères, caressant mes souvenirs, là où chaque souffle devient un murmure d’éternité. »

Mon bébé : https://monde-ecriture.com/forum/index.php?topic=40063.msg626774#msg626774

Hors ligne motspourmaux

  • Plumelette
  • Messages: 19
Re : le rêve du soldat
« Réponse #4 le: 24 Mars 2023 à 18:25:52 »
Bonjour, voici la version reprise de mon texte, j'ai travaillé sur la diégèse plutôt que le style. Merci pour vos commentaires.

Rêve de soldat.

Soudain, la chose tenait le trousseau entre ses mains. Ses mains étaient épaisses et  rugueuses. Elles auraient pu être le symbole même du lieu. Une prison ancienne, traversée dans ses couloirs par les hurlements des hommes. Le cri des êtres humains, la chose le connaissait bien. Amie et observatrice intime de chacun de leurs gestes, elle avait fini par les comprendre. La chose pouvait mouvoir ses mains. Et elle se regardait avec un sentiment de délivrance.

Une porte blindée noire se dressait devant l'homme, devant elle. Quelle drôle d'expérience cela pouvait être, de passer d'outil macabre à maître puissant. La porte était devenue le geôlier. Un sentiment de jouissance pure envahie alors soudainement la chose. Avec son corps nouvellement massif et si agile, elle pourrait sauver enfin l'homme misérable.

Dans cette petite cellule, gisait en effet un jeune soldat. Il était là depuis quelques jours, et était promis à l'exécution. Il s'était confié à la chose, sans le vouloir, car l'homme racontait à voix haute sa vie. Dans les ténèbres de sa solitude, il avait fait de lui-même son confident. La porte l'avait écouté tendrement. Elle avait entendue les récits de sa vie paysanne. Les premiers chants des oiseaux entendus au printemps, allongé dans les prairies. Les durs travaux de la moisson, alors qu'il n'était encore qu'enfant. Les douches froides dans la ferme sombre, et Marie. Une jeune femme, splendide, lumineuse. Un récit qui peut être appartenait déjà à tant d'hommes de son temps.

Marie avait disparu au loin, alors qu'il partait au front. Il y avait dans son regard un adieu, insoutenable. Puis le colonel, les agonisants, les morts. Un sentiment de révolte, de dégoût, si profond qu'il en devenait fou. Le jeune homme avait saisi un pistolet, et l'avait retourné vainement vers sa main. Avant le départ de la balle, le colonel l'avait saisi.

Après ces mots, le prisonnier, dans la cellule, avait choisi le silence. La chose ne devinait pas ses mystères. Mais connaissait désormais le jeune homme dans ce qu'il avait de plus profondèment beau. Sa voix chancelante la hantait. Alors elle saisit les mains, et ouvrit. Elle le vit, gisant. La chose, devenue humaine, se sentait goûter au plaisir du sacrifice pour l'autre.

Le jeune homme vit le geôlier. Ce dernier paraissait étrangement calme. Puis il retrouva ce regard, ce regard froid et distant, ce regard qui se détache de l'autre. Le soldat prit peur, ses murmures au sein de la prison tranchaient t-ils trop des cris poussés par les autres prisonniers ? Il se laissait aller à la confidence, et le geôlier l'avait sans doute entendu. La réalité de ce personnage lui laissait deviner qu'il ne montrerait aucune compassion.

La chose tentait de dissimuler sa métamorphose, il ne fallait pas se révèler trop vite. Et puis, elle n'avait jamais prononcé le moindre mot. Que dire ? Comment ? Elle qui voulait tant donner les précieux ordres au soldat, se voyait démunie. Le jeune homme restait silencieux en face d'elle, la chose restait immobile dans le corps du geôlier.

Le statu quo se prolongea ainsi un temps, tandis que le soldat frémissait d'horreur, imaginant le gardien souhaitant l'emmener à l'exécution, soudainement et étrangement pris de compassion. L'attente était insoutenable. Le jeune homme décida courageusement de se redresser, puis même de s'aventurer à se lever. Il n'avait jamais était aussi fort de son existence, se répétait-il, même soldat, même enfant en travaillant dans les champs.

La chose vit le jeune homme debout, elle jugeait que le temps s'écoulait trop vite, qu'elle n'avait eu encore le temps de réfléchir judicieusement. Mais dans sa sagesse, elle devina que le soldat pensait à sa fin. Il avait le regard digne, le dos droit, mais ses jambes tremblaient.

Elle se mit à mouvoir, à avancer doucement vers ce jeune homme, à le saisir par l'épaule, puis à l'entraîner derrière elle. La chose se dépassait, avançait dans le couloir. Le soldat marchait sans résistance, mais il tremblait trop. Derrière ce long couloir, il y avait une chambre de surveillance, dôtée d'une fenêtre. Elle le savait car souvent les geôliers en parlaient, de cette petite chambre qui n'était pas encore suffisamment sécurisée. Cette ouverture serait un moyen fiable de sortir le jeune homme de son enfer. Il suffisait d'avancer - mais plus vite - beaucoup plus vite, afin d'éviter de croiser les autres gardiens.

Mais le jeune homme s'arrêta soudainement et souffla : "Je voudrais y aller avec ma Bible, qui est dans ma cellule". Ces paroles étaient dangereuses, car le son de la voix du jeune homme suffisait à alerter l'ensemble de la prison. La chose se retourna, figée dans son corps d'être humain. Elle devait parler comme ils le font, si bien, et vite. Alors elle ouvrit grand la bouche.

La voix du geôlier était étrangement plus douce qu'à l'accoutumée, pensait le jeune homme, douce comme du miel en vérité. J'ai un plan pour vous, disait-il, je vais vous sauver, mais taisez-vous et dépêchez.

Quelques minutes plus tard, la chose était redevenue porte, mais elle se promettait de se souvenir chaque instant de son existence des évènements passés. Le jeune homme, heureux, avait passé la petite fenêtre du local de surveillance. Il avait pu se jeter directement au dessus de la muraille de la prison, la fenêtre se situant en haut du bâtiment, pour atterir ensuite dans le champ adjaçant.

La chose, bien des années plus tard, fût nommée altruisme.

Hors ligne Cendres

  • Comète Versifiante
  • Messages: 4 695
Re : le rêve du soldat
« Réponse #5 le: 24 Mars 2023 à 19:09:29 »
Tu devrais mettre ta seconde version a la place de la première et ancienne spoiler, ca serait plus claire.


Reve de soldat- V2
Soudain, la chose tenait le trousseau entre ses main....


Ancienne version - V1
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


"Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou."
Albert Camus

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.014 secondes avec 16 requêtes.