[PaulineC]

La maison était plongée dans le silence. Le soleil, qui venait de se lever, réchauffait de ses rayons le plancher de chêne du salon, dont les volets autant que les rideaux étaient restés grands ouverts toute la nuit. La grande baie vitrée de la cuisine encore plongée dans l'ombre offrait à la vue un petit jardin bien entretenu, où les roses et les lilas se côtoyaient sans rivalités, tandis que deux cerisiers tapissaient le ciel bleu de fleurs blanches. Par endroits, quelques petits fruits verts semblaient avoir apparu comme par magie. Un papillon voletait, guidé par les odeurs enivrantes qui se diffusaient dans l'air. Le lavandin, dont une petite touffe dépassait d'un pot posé sur le carrelage rouge de la terrasse, attirait quelques bourdons. La lumière qui filtrait à travers de la végétation éclairait des pans d'herbe verte jaunissant par quelques endroits, que ponctuaient de petites pâquerettes.
Le temps arrêté durant la nuit allait bientôt reprendre sa course folle. Seulement, le silence encore emplissait les lieux. Le sommeil bientôt devrait laisser l'intensité de la vie quotidienne reprendre le pas.
L'enfant qui dormait au premier étage, et dont la chambre donnait sur le plus vieux des deux cerisiers, était une petite fille. Ses cheveux blonds recouvrant son visage, les yeux fermés, elle ronflait doucement. La petite chambre peinte en bleu turquoise était jonchée de jouets. Dans un coin de la pièce, Betty la poupée dormait elle aussi paisiblement dans son petit berceau rose. Sur la porte, des lettres peintes, décorées de petits clowns aux cheveux rouges formaient le prénom « Natasha ».
Dans le couloir, l'obscurité régnait. Tout était calme. Seul le bruit régulier d'une goutte d'eau rompait par intervalles le silence qui recouvrait tout.
Dans le bain, Séverine était allongée, les yeux fermés. Ses cheveux blond cendré, mouillés, collaient à son cou délicat. La pointe de ses seins dépassaient de l'eau trouble, et plus loin ses genoux se reposant sur le bord de la baignoire, ressemblaient à deux montagnes qui auraient été posées sur le flanc. Le blanc immaculé de la porcelaine dénotait à peine de la peau de la jeune femme, tellement elle était pâle elle-même. Les lèvres entrouvertes laissaient s'échapper un filet de respiration, un dernier râle avant de s'en aller.
L'homme regarda une dernière fois sa femme, allongée dans la baignoire remplie de sang, finit de nettoyer le rasoir ancien qu'il remit à sa place, dans l'armoire.
Il alla vers la chambre de sa fille : il était temps de la réveiller. Il la regarda assoupie, ange parmi les démons. Il avait déjà préparé la scène, il connaissait son rôle par coeur. Il s'assit sur le bord du petit lit, posa sa main lavée dix fois sur la tête blonde et dit : « Nat, c'est l'heure, il faut te réveiller pour aller à l'école ». La petite ouvrit les yeux, poussa un petit gémissement. Le père ferma les yeux. Puis, il regarda par la fenêtre : le ciel était bleu, la journée parfaite. Le décor était posé, les acteurs en place ; la représentation pouvait commencer.

[koutoumi]

Texte très bien écrit ! On rentre directement dans l'histoire, les descriptions, ici, servent le récit. Seul bémol c'est que a la fin, on a du mal à savoir si c'est le marie qui a tué la femme ou si c'est un suicide...

[PaulineC]

Je ne pensais pas que ce serait ambigu...
Merci!

[Charly Quin]

Le début ne laissait pas présager la fin. Je pensais jusqu'au mot "sang" qu'il s'agissait d'une scène quotidienne simplement bien écrite. De bonnes descriptions. la douceur du ton qui est donné tout du long contraste d'autant plus avec l'ignominie du drame qui vient de se passer. merci pour ton texte.

[PaulineC]

Mais de rien, et merci à toi!
En effet, le but était là... tant mieux si cela donne l'effet recherché!

[Babataher]

Bonjour Pauline,
Quelques maladresses de syntaxes (quelques sujets placés loin des verbes),  mais qui n'altèrent en rien la fluidité de l'écriture.
J'ai constaté un manque d'homogénéité dans le texte: Le premier paragraphe est presque indépendant du reste du texte.
 Si l'on considère que c'est un grand plan où va se dérouler la scène du bain, je trouve sa dimension un peu longue. Le lecteur est surpris lorsqu'il découvre la victime.
Ne faudrait-il pas dès l'introduction faire allusion à la salle de bain?
N'aurait-il pas fallu focaliser la description sur la salle de bain plutôt que de s'intéresser au jardin?
J'ai lu avec intérêt ton texte.
Merci

[PaulineC]

Bonne idée, je vais explorer cette option! L'idée était en effet de proposer un plan large, en opposition avec l'événement en soi mais la salle de bain elle-même est le théâtre de celui-ci... Il doit avoir une importance en soi également!
Merci!

[pierrot]

Bonjour, Pauline. Je trouve le texte bien écrit dans l'ensemble hormis quelques maladresses quand tu utilises des phrases longues pour la description. Sinon le ton est donné et je me suis laissé surprendre par la fin. Pour le délire (oui je délire),  je me suis amusé à lire ton texte avé l'accent du sud et je dois dire que:
 "Le lavandin, dont une petite touffe dépassait d'un pot posé sur le carrelage rouge de la terrasse, attirait quelques bourdons. La lumière qui filtrait à travers de la végétation éclairait des pans d'herbe verte jaunissant par quelques endroits, que ponctuaient de petites pâquerettes. "  ça passe bien!
Trêve de galéjades. Y a t il une suite?

[PaulineC]

Salut!

Merci

Oui les longues phrases me sont souvent assassines, c'est difficile pour moi de les séparer en plusieurs...  J'aime décrire la nature je me laisse aller dans ce moment là... Je n'avais pas pensé à l'accent du Sud mais j'admets... que ça donnerait bien. Les meurtres ne sont pas l'apanage des villes nordiques et sombres!

Je n'ai pas pensé à une suite c'est à la base un écrit furtif...
Cela dt j'ai toujours voulu écrire un recueil de nouvelles sur le thème du meurtre lié au psychologique... Mais je crois que cela serait répétitif...

Merci de ton commentaire!