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03 Octobre 2025 à 00:02:16
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Blanchiment d'agent

Auteur Sujet: Blanchiment d'agent  (Lu 1465 fois)

Hors ligne seixal

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Blanchiment d'agent
« le: 01 Juillet 2018 à 03:31:17 »
Bonjour à tous,

Voici un texte que j'ai sous le coude depuis un bout de temps. Il traite d'un sujet sérieux, sur un ton non moins sérieux.  Le texte est un peu long et je m'en excuse. Je sais que lire constitue un effort, et que plus les textes sont longs, moins ils sont lus, aussi je vous remercie pour avoir l'amabilité de prendre le temps de me lire
.




 ‒ « Et ça marche vraiment ? Questionne du bout des lèvres madame M’Boku, assise toute endimanchée sur une chaise en skaï molletonné.

‒ Bien sûr que ça marche, chère madame ! Rétorque avec assurance le démonstrateur commercial, non sans exposer généreusement ses dents bien trop blanches et alignées pour être honnête. Votre entière satisfaction, ou nous vous remboursons intégralement ! 

‒ C’est que… vous savez, j’ai toujours souffert de discriminations. Dans le quartier où j’ai grandi il y avait très peu de gens comme moi, de couleur comme l’on dit. Mes souvenirs d’enfance sont marqués au fer rouge du peu de cas que l’on faisait de moi, à cause de ma couleur. On me baptisait des plus cinglants sobriquets que l’imagination puisse produire. On m’appelait la guenon, on singeait des cris de macaques partout où je passais. L’attitude et les paroles des professeurs eux-mêmes, sensés éduquer et protéger, m’humiliaient encore davantage. Ils n’abdiquaient jamais de la moindre occasion de me faire part de leur condescendance. Pour eux, je n’aurais jamais d’autre destin que de balayer la crasse laissée par les autres, les maîtres, les Blancs. Telle serait ma condamnation pour m’être rendue coupable d’être née Noire. L’ingérence de l’émotion fait trembler la voix déjà fluette de la femme d’âge moyen.

      La salle abritant la réunion est proprette et quelconque. Une moquette anthracite tapisse le sol. Des couples de néons éclairent l’endroit de leur lumière laiteuse. Des plantes vertes dont on ne sait la nature, si de plastique ou de chlorophylle, poussent au pied des murs blancs. L’œil bleu-vif, la chevelure blonde parfaitement coiffée et le costume impeccable, le maître de cérémonie trône sur la scène, debout derrière un pupitre en bois factice. Une assistance aussi clairsemée qu’hétéroclite lui fait pendant. Si la cérémonie est de nature plus profane que divine, l’ambiance n’en est pas moins solennelle. L’assemblée écoute religieusement les paroles prêchées et n’en détourne que pour consulter, entre deux inattentions, le prospectus préalablement distribué à chacun des convives. 

‒ Madame, comme je comprends votre souffrance. Le commercial tempère soudainement son entrain et aggrave sa voix pour conférer une teneur plus sensationnaliste à ses propos. Nombre de d’individus, par ailleurs remarquables, se voient refuser le succès qu’ils méritent pour l’unique raison de ne pas appartenir à la race Blanche. Vous, Monsieur Gonzalez, n’en avez-vous pas assez d’avoir sans cesse à justifier de votre statut d’immigration ? Et vous monsieur Chang, quand cessera-t-on de vous affubler de caricatures grotesques de maître des arts martiaux ? Si Dieu a créé les Hommes égaux, l’Homme Blanc les a rendus inégaux. Laissez-moi vous raconter une histoire aussi pathétique que vraie. Une histoire qui ressemble, au moins un peu, à chacune des vôtres. C’est l’histoire d’un jeune Noir venu au monde dans l’un de ces quartiers délabrés où s’entassent les indigents. Un ghetto comme il en existe tant dans ce pays. Fils d’un père n’ayant daigné reconnaître son enfant, ni se faire connaître de lui, son éducation fut entièrement confiée au labeur d’une mère trop occupée pour aimer. Les années passent tant bien que mal. Sans jamais rencontrer la faim ni l’opulence, l’enfant devient jeune homme. Sa vie se narre comme une tragédie classique, parsemée de lieux communs. Le peu d’appétence et d’encouragement pour l’étude en dicte l’abandon sans la moindre qualification. Notre éphèbe est d’origine modeste, certes, mais il ne manque ni d’honnêteté ni d’ambition, et ne rechigne pas à la besogne. Toutefois, ses habilités académiques, ou plutôt l’absence de ses dernières, réduisent ses perspectives de carrières en peau de chagrin. Partout où l’on sollicite du labeur, il offre ses efforts. Partout, la vue de son phénotype que certains ne sauraient voir, les portes se referment ou restent closes. Malheureux dans le travail, son existence ne trouve guère plus d’emploi en amour. Aucunes demoiselles ne trouvent autant grâce à ses yeux que les jeunes filles Blanches, si belles, si élégantes, et tellement inaccessibles. Elles, ne voient en lui qu’un potentiel larbin ou larcin.
         La nuit venue, au fond de son lit et de son désespoir, ll rêve du pigment des peaux blanches qu’il pense être le sésame pour la vie aguicheuse qu’il désire tant. Ses onirismes sont autant d’illusions terrassées par la vision de la peau âpre et noire lors du réveil. Quel crime a-t-il commis pour mériter d’avoir pour aïeux de sombres indigents ? Qu’a-t-il fait pour être né fils de rien privé de tout ? La question, fille adultère de la révolte et du désespoir, ne trouve jamais guère ni réponse sage, ni oreille bienveillante. Mesdames et messieurs, ce jeune Noir d’autrefois est aujourd’hui devant vous.

         Une foule d’interjections s’élève de l’auditoire. Instantanément, on s’agite, on ouvre grand la bouche et les yeux pour s’assurer que le conflit entre les paroles et la vision n’est pas une facétie de l’esprit. Sans laisser à l’émoi généralisé le temps de s’apaiser, l’homme reprend la parole.

         ‒Se lamenter sur son mauvais sort n’est utile qu’à ceux qui se complaisent dans la souffrance. Les plus nobles œuvres de la nature sont l’espoir et la providence. Il n’y a de bonheur qui dure toujours, ni de malheur qui ne finisse jamais. Un à-propos hasard m’a amené à faire la connaissance du docteur Wizard. Dès notre rencontre, j’ai compris qu’il s’agissait là d’un tournant dans mon tourment. L’homme de science et de génie travaillait alors à mettre au point un traitement capable de changer l’humanité. Le médicament en question ne permet pas la vie éternelle, il offre davantage. Il guérit du malheur. Il exorcise la malédiction qui nous hantent, nous autres gens de couleur. En faisant appel à la technologie d’ADN recombiné, le docteur Wizard a réussi le tour de force de pouvoir changer l’apparence physique de l’individu en altérant sa matrice génétique. La molécule se charge de corriger les gènes colorés pour les rendre identiques à ceux de la race Blanche. Il m’a proposé d’être son premier patient à bénéficier de ce traitement révolutionnaire, offre que j’ai immédiatement acceptée, cela va de soi. En à peine un mois, j’ai ressuscité dans la peau d’un Caucasien, sans le concours du moindre bistouri, sans saignement, sans douleur, ni la moindre cicatrice. Ma propre mère était incapable de me reconnaître sous mes nouveaux traits. Dès lors, ma vie ne pouvait que fleurir. Le docteur Wizard, grand seigneur, m’a offert une situation au sein de son affaire naissante. J’ai coutume de dire que ma mère m’a donné la vie, mais le docteur Wizard m’a donné une chance de la vivre. Jugez-en donc : je suis aujourd’hui le fier directeur commercial d’une honorable entreprise comptant plusieurs centaines d’employés. Mais ce n’est pas tout. Je suis marié à une femme Blanche supérieure qui autrefois aurait certainement pris peur devant moi, et fuit la moindre de mes avances. Croyez-le ou non, désormais c’est elle qui a peur de me voir fuir !  La dernière phrase parachève la conquête du maigre public. Le déluge d’applaudissements et de vivats qui s’abat sur la salle en est la preuve. On se réjouit, mais on se félicite du bonheur en perspective plus qu’on ne félicite autrui. 

‒ Mais j’entends déjà les voix des geôliers de la morale persifler, et émettre d’acerbes critiques à notre égard. Ces juges sans tribunal pontifiant sur tous et au sujet de tout, condamnent nos agissements comme immoraux. Ils nous décrivent et nous décrient comme des profiteurs du racisme, des négriers blanchisseurs, un comble ! Pour ma part, je n’ai jamais haï ma qualité de Noir, mais ma condition de miséreux. Qu’a-t-on fait pour éradiquer l’injustice qui opprime tant d’innocents pour le seul méfait d’être mal-nés ? Ces grands hommes dont la sagesse fait figure d’autorité, qu’ont-ils fait à part énoncer des discours aussi érudits qu’insignifiants ? En nivelant les races, nous nous proposons de pacifier une vieille passion humaine, un patient à la fois. Madame M’Boku bondit alors que les mots du camelot retentissent encore.
‒J’achète ! Lance la femme exaltée.

       L’âme et la bourse allégées, madame M’Boku s’en retourne au bercail la panacée sous le bras. Son logis est une masure délabrée située dans la plus rude cour des miracles que compte la ville.
‒ Es-tu sûre de ton choix ? Ce que tu t’apprêtes à faire, tu ne pourras le défaire. Tente de la raisonner son mari, à demi-mot. 
‒ S’il donne lieu à des conséquences bénéfiques, un choix est toujours le bon. C’est mon seul espoir de parvenir à trouver un emploi et d’avoir une vie digne de ce nom. Répond la femme d’un ton sereinement déterminé.
       Pour les déshérités, le bonheur n’est pas un don de la providence, il se conquiert comme un pays de lait et miel. Chaque jour, elle avale religieusement un nouveau cachet miraculeux et se lance dans le recherche d’un emploi avec l’ardeur d’un noyé tentant de déroder un brin d’air à l’eau pour échapper au trépas. À chaque gorgée de molécule, madame M’Boku enterre ses pères négroïdes une seconde fois. Elle troque leur héritage contre les traits caucasoïdes empruntés à la science. Il ne faut plus qu’une poignée de jours pour que le miracle ne commence à s’opérer. Bien que le traitement ne soit pas encore arrivé à terme, dire que son apparence n’a pas toujours été celle qui se donne à voir est une gageure. À chaque regard dans le miroir, la satisfaction se métastase à partir de ses pupilles. Son mari, pourtant si sceptique au départ, est désormais aussi enchanté qu’un paysan voyant sa mule se changer en pur-sang.

       Le téléphone sonne. Suis-je bien chez madame M’Boku. C’est elle-même. Je vous appelle au sujet de votre candidature à un emploi au sein de notre organisation, êtes-vous toujours intéressée. Oui, je suis toujours intéressée. Parfait, nous souhaiterions nous entretenir avec vous le plus vite possible, quand seriez-vous disponible. Je peux vous rencontrer dès que vous aurez un moment de libre. Pouvez-vous être ici dans une heure. Avec grand plaisir, je me mets en chemin tout de suite, et je serai chez vous dans une heure.

     On prend congé. On raccroche l’appareil. Elle exulte. Le traitement porte déjà ses fruits, des fruits à la chaire sucrée. Madame M’Boku s’empresse d’annoncer la nouvelle à son mari comme on brandit un trophée. Les réjouissances n’ont d’épilogue. Il convient de s’acquitter de certains préparatifs qui incombent à la formalité du rendez-vous. Les tenues, ou le maquillage ne sont désormais que pacotille. Elle peut bien n’être que le faire-valoir de sa nouvelle couleur, peu lui importe. Elle épouse son vasselage en noces d’amour et de raison.

    La dame met l’asphalte du trottoir sous son pied, et le plaisir d’avoir évincé le malheur dans son esprit. L’arrêt de bus n’est planté qu’à cinq maigres minutes de là, ce n’est l’affaire que de quelques pâtés de maison. Les artères du quartier sont exsangues de leur populace à cette heure de l’après-midi. Le croisement précédent la destination est déjà en vue. Quelques mètres plus bas, une inquiétante clique de cinq jeunes gens désinvoltes colonise le trottoir le postérieur appuyé contre les véhicules stationnés. L’ostensible hostilité de leur allure rendrait les plus belliqueux passants doux comme des chérubins. Leur peau est noire. Pendant que les autres ricanent, le regard de l’un d’entre eux repère madame M’Boku qui marche dans leur direction.
−Jimmy, tu as vu cette face de cachet d’aspirine là-bas ? Lance un lieutenant au chef de la bande.
−Qu’est-ce qu’elle fout ici cette blanchette ? C’est notre quartier ici, elle n’a rien à y faire. Venez, les gars on va se marrer un peu et marquer notre territoire. L’injonction a l’effet d’une phrase sortie de la bouche d’un général d’armée.

     Les quatre jeunes désœuvrés subalternes pourchassent les talons de leur meneur. Leurs bouches ne s’encombrent d’aucun mot. Chacun connait le rôle qui lui revient dans la pièce tragique qui s’apprête à se jouer. Ils ne tardent pas à atteindre madame M’Boku. La pauvre femme est trop mystifiée par la surprise et la terreur pour esquisser la moindre réaction face à la horde qui s’abat sur elle. Dès lors, l’assaut est donné, les actes sont rués, le temps cesse de compter. La racaille, apostats de la pitié, sacrifient la miséricorde sur l’autel de la barbarie. Un croc-en-jambe fauche la dame pour faire d’elle un gibier encore plus inoffensif. Une fois à terre, on fait feux de tout bois pour meurtrir, châtier et humilier de sang-froid. Les offenses font apparaître du sang chaud et un masque christique sur son visage. Le rouge ruissèle en abondance suffisante pour assombrir ses yeux et étouffer son souffle. Leurs coups endolorissent le plus le seul endroit qu’ils manquent d’atteindre. C’est envers l’âme que les scélérats sont les plus rudes bourreaux. L’absurdité de la violence sans contenu blesse la chaire pour un temps, mais écorche l’esprit pour une vie. Quel crime a-t-elle bien pu commettre pour mériter un tel châtiment des mains de ceux qui quelques jours auparavant étaient encore ses frères ?

     ‒ On va lui laisser un petit souvenir mulâtre. Lance le directeur des opérations. Aussitôt, les pantalons s’abaissent. À même le sol, au vu de la rue déserte, la scène primitive a lieu, à la force du désir d’annihiler. On se relaie pour partager le plaisir et la culpabilité. Le martyr prend fin, le crime répugnant est consommé. Sans remords ni mot dire, les maudits vauriens se retirent, non sans s’être emparé du sac à main de leur victime, comme l’on pillait autrefois les villes mises à sac, et en laissant son corps gisant derrière leur fuite.


« Modifié: 01 Juillet 2018 à 23:13:25 par seixal »
L'éloge offre à la vanité ce qu'il vole à l'humilité.
http://davereis.blogspot.com/

Hors ligne Gwynplaine__

  • Aède
  • Messages: 200
Re : Blanchiment d'agent
« Réponse #1 le: 02 Juillet 2018 à 06:47:06 »
L'idée, ainsi que la forme, sont sympas.
J'ai juste du mal avec l'idée que du genre au lendemain la racaille considère la protagoniste comme une sœur puis comme une victime, juste du fait de sa couleur de peau.
Au final, c'est un racisme noir qui est mis en exergue, plus que le racisme blanc.
Ça me dérange un peu ^^
- On a les histoires policières, la science-fiction, les westerns…
- Est-ce que dans votre monde, les gens veulent toujours un seul parfum à la fois, pour leurs histoires ? Un seul goût en bouche ?

***

Hors ligne Chapart

  • Calame Supersonique
  • Messages: 1 647
Re : Blanchiment d'agent
« Réponse #2 le: 04 Juillet 2018 à 15:33:48 »
Salut salut,

non sans exposer généreusement ses dents bien trop blanches et alignées pour être honnête.

honnêtes 

‒ C’est que… vous savez, j’ai toujours souffert de discriminations. Dans le quartier où j’ai grandi il y avait très peu de gens comme moi, de couleur comme l’on dit. Mes souvenirs d’enfance sont marqués au fer rouge du peu de cas que l’on faisait de moi, à cause de ma couleur. On me baptisait des plus cinglants sobriquets que l’imagination puisse produire. On m’appelait la guenon, on singeait des cris de macaques partout où je passais. L’attitude et les paroles des professeurs eux-mêmes, sensés éduquer et protéger, m’humiliaient encore davantage. Ils n’abdiquaient jamais de la moindre occasion de me faire part de leur condescendance. Pour eux, je n’aurais jamais d’autre destin que de balayer la crasse laissée par les autres, les maîtres, les Blancs. Telle serait ma condamnation pour m’être rendue coupable d’être née Noire. L’ingérence de l’émotion fait trembler la voix déjà fluette de la femme d’âge moyen.

y a des tournures que j'ai un peu de peine à imaginer à l'oral; "comme l'on dit", "on me baptisait des plus cinglants sobriquets que l'imagination puisse produire", etc. Si c'était un narrateur qui parle à la première personne, why not, mais là j'ai eu de la peine à imaginer ça dans une réplique

dont on ne sait la nature, si de plastique ou de chlorophylle, poussent au pied des murs blancs.

j'ai trouvé la tournure un peu lourde

L’assemblée écoute religieusement les paroles prêchées et n’en détourne que pour consulter,

on dirait qu'il manque un mot

‒ Madame, comme je comprends votre souffrance. Le commercial tempère soudainement son entrain et aggrave sa voix pour conférer une teneur plus sensationnaliste à ses propos.

il devrait y avoir un retour à la ligne quand ce n'est pas du dialogue il me semble, sauf si la phrase se poursuit (style "…, tempère le commercial").

Monsieur Gonzalez, n’en avez-vous pas assez d’avoir sans cesse à justifier de votre statut d’immigration ?

statut d'immigré
Partout, la vue de son phénotype que certains ne sauraient voir, les portes se referment ou restent closes.

là aussi, il me semble qu'il manque un bout de phrase

Aucunes demoiselles ne trouvent autant grâce à ses yeux que les jeunes filles Blanches,

aucune demoiselle

Ses onirismes sont autant d’illusions terrassées par la vision de la peau âpre et noire lors du réveil.

là aussi, j'ai de la peine à imaginer quelqu'un dire une phrase comme ça, fût-il commercial

Dès notre rencontre, j’ai compris qu’il s’agissait là d’un tournant dans mon tourment.

 :D joli

Il exorcise la malédiction qui nous hantent, nous autres gens de couleur.

hante
Je suis marié à une femme Blanche supérieure qui autrefois aurait certainement pris peur devant moi, et fuit la moindre de mes avances.

fui

On se réjouit, mais on se félicite du bonheur en perspective plus qu’on ne félicite autrui. 

j'ai trouvé la phrase un peu floue

condamnent nos agissements comme immoraux.

condamnent nos agissements qu'ils jugent immoraux ou alors / considèrent nos agissement comme immoraux

Ils nous décrivent et nous décrient comme des profiteurs du racisme,

décrier comme, je suis pas sûr que ça se dise


 
       L’âme et la bourse allégées, madame M’Boku s’en retourne au bercail la panacée sous le bras. Son logis est une masure délabrée située dans la plus rude cour des miracles que compte la ville.

à partir de là, la dynamique du texte est complètement différente: avant on avait affaire à de longues répliques du commercial, et là subitement on rentre dans la vie de Mme M'Boku ; le changement est un peu brutal, peut-être mettre une petite séparation ? (style des étoiles comme on voit parfois)

digne de ce nom. Répond la femme d’un ton sereinement déterminé.

virgule à la place du point

       Le téléphone sonne. Suis-je bien chez madame M’Boku. C’est elle-même. Je vous appelle au sujet de votre candidature à un emploi au sein de notre organisation, êtes-vous toujours intéressée. Oui, je suis toujours intéressée. Parfait, nous souhaiterions nous entretenir avec vous le plus vite possible, quand seriez-vous disponible. Je peux vous rencontrer dès que vous aurez un moment de libre. Pouvez-vous être ici dans une heure. Avec grand plaisir, je me mets en chemin tout de suite, et je serai chez vous dans une heure.

sympa, les répliques à la suite

Le croisement précédent la destination est déjà en vue.

précédant

Bon, il y a des choses intéressantes dans la construction, même si globalement j'ai trouvé au début le texte assez laborieux (les répliques du commercial sont très longues, il part un peu en envolées et j'ai l'impression que ça mériterait d'être élagué), alors que la fin est très rapide, avec un changement de dynamique sans doute voulu mais un peu déroutant. Après l'idée est intéressante, imaginer pouvoir changer de couleur de peau, et voir ce qui se passe.

Il y a quelques tournures un peu alambiquées que j'ai essayé de signaler ; dans la partie réplique, j'ai un peu de la peine à imaginer de telles tournures, même si on affaire à un commercial. ça m'a plus fait penser à des tournures de discours solennel d'un président en cérémonie que d'un commercial qui doit convaincre des gens.

Sur le fond, là comme  Gwynplaine__ j'ai été gêné ; en fait quand on lit les répliques du commercial sur les blancs (par exemple "Je suis marié à une femme Blanche supérieure qui autrefois aurait certainement pris peur devant moi, et fuit la moindre de mes avances.") on se dit qu'on n'est pas dans la réalité mais dans une caricature de certaines situations réelles, sauf que la situation finale me paraît encore plus caricaturale (viol en pleine rue, le lendemain du changement de couleur de peau, dans un quartier où un blanc n'aurait pas le droit de mettre les pieds...), et du coup je me pose la question de ce que tu as voulu faire passer comme message avec cette fin. Parce qu'il me semble que le texte lu comme ça peut donner l'impression que finalement, c'est l'attitude des noirs qui est mise en cause (et de façon très virulente): non seulement ils veulent changer de couleur de peau parce que les blancs les traitents mal, mais en fait, eux traitent les blancs encore plus mal... Du coup si le message c'est ça, bon ben moi clairement il me gêne, si ce n'est pas ça, je trouve quand même ambigu et un peu maladroit comme c'est formulé. S'il s'agissait de dire: finalement, il y a plusieurs sortes de "racismes" et faire un texte sur cette thématique, bon c'est des thématiques sensibles mais pourquoi pas, mais la situation finale est si extrême que j'ai un peu de peine à me convaincre que c'est ce que tu as essayé de faire ; à ce moment-là, j'aurais imaginé je sais pas, des situations plus subtiles où l'on puisse voir comment ces différentes formes de racisme s'illustrent.


 

Hors ligne Vilmon

  • Équipe Mammouth - Maquette
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Re : Blanchiment d'agent
« Réponse #3 le: 05 Juillet 2018 à 03:34:09 »
Salut,
J'ai trouvé quelques tournures de phrase bien intéressantes et originales.  J'ai parfois eu un peu de difficulté à séparer la réplique du personnage avec la narration dans le même paragraphe.
Pour l'histoire, c'est intéressant d'aborder le sujet du changement de la couleur de la peau pour aspirer de façon "magique" à une vie meilleure.  Mais c'est de le voir de façon plutôt simplice, à mon avis.  C'est plus qu'une couleur de la peau qu'il faut changer si c'est le but rechercher, il faut changer son nom, ses manières de parler et d'agir, ses croyances, en fait, je crois qu'une personne grandit avec l'influence de son milieu et il ne suffit pas simplement de changer d'habit.  Mais acceptons ce fait pour apprécier la tournure de l'histoire.
La fin me laisse perplexe, tant de violence gratuite pour une question de couleur.  Sans doute pourrait-on dire que celle-ci est à la mesure de tout le mépris qu'a reçu madame M'Boku durant toute sa vie.  Ou est-ce pour la punir d'avoir renier la fierté qu'elle devrait avoir de sa couleur de peau ?...
Chose certaine, ça fait réagir !  ;)
Bonne journée !

Hors ligne sindu5673

  • Tabellion
  • Messages: 32
Re : Blanchiment d'agent
« Réponse #4 le: 12 Juillet 2018 à 04:19:58 »
Salut Seixal!

Ton texte tranche grandement avec ce que l'on trouve en général par ici! Tu es ce que j'appelerai une fine plume, le texte est riche et par moment brillant même. L'idée est assez géniale, et franchement elle sort des sentiers battus.
Ce qui cloche avec ton texte ce n'est ni le style, ni les idées, mais le lecteur. On lisant je me suis dit "Houlà c'est osé!". Tu abordes un thème hautement sensible, inflammable et passioné. C'est un sujet que l'on traite soit de façon démagogue et consensuelle, soit pas du tout pour ne pas froisser les humeurs. Quand bien tu le traites avec talent et mesure (Les Blancs en prenne pour leur grade pendant tout le texte), l'opinion est formattée et conditionnée à un point que tout ce qui dévie d'un iota de l'ultra politiquement correcte ne passe pas. Il n'y a qu'a lire les commentaires précédents, plutôt très tièdes, principalement à cause du dernier paragraphe. Pour être honnête, je suis même un peu surpris que ton texte n'ai pas été censuré du site, non pas qu'il le méritât à mon sens, mais plus en raison de l'opinion frileuse. J'en viens à me dire que les gens aiment l'idée de l'originalité, mais n'aiment pas son application.

À bientôt~!

 


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