Les Forains
Ah oui elle arrive jusqu’à moi
Un jour pluvieux d’automne la Fête Foraine
Naturellement comme une langue de plaisir
Un tour d’autos tamponneuses pour attraper les cheveux des filles
Muscles des catcheurs sur le ring
Eclats des rires effrayés dans le train fantôme
Roses barbes à papa qu’on grignote
On l’attend la Fête à partir de la fête de tous les
Saints elle se déploie sur les boulevards
Et moi je fugue je saute sur les toits
Partout tombent les feuilles des platanes
Trop vite les jours raccourcissent
Dans la lumière de la Fête
Un temps autre nous saisit par le cou
Bienvenu tous les ans
On le veut
Une ribambelle de caravanes
Longe les trottoirs
Et puis s’en va avant que l’hiver
Verrouille les portes et nos pensées
Alors le silence reprend ses droits
Rachitiques silhouettes des vagabonds
Dans la brume piquante du matin
Dans l’ombre fuyante du mur d’un asile
Et on ouvre le journal pour apprendre
Vaguement quelques attentats
Et la mort d’un algérien poignardé 
Rapidement sur les boulevards
Dans la boue des pavés
Des morceaux de strass brillent encore
Nimbant le souvenir clinquant des Forains.