Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

09 Octobre 2025 à 13:38:46
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Automne

Auteur Sujet: Automne  (Lu 287 fois)

Hors ligne Falaise

  • Plumelette
  • Messages: 13
Automne
« le: 03 Octobre 2025 à 13:22:36 »
Bonjour,

Je vous propose un texte sur l'automne de nos vies, c'est la saison... Concernant la longueur des phrases et la ponctuation volontairement incomplète, je m'inspire de Claude Simon, de qui je lis en ce moment La Route des Flandres même si son autre livre Le Tramway, collerait mieux avec le sujet.


Au détour du sentier qui pénétrait toujours plus avant le cœur de la foret, brindilles crépitantes sous nos pieds foulant mille feuilles mourantes mais encore ponctuées de cette couleur verte tirant sur un jaune triste prélude à sa dilution dans un ocre sombre que pluie après pluie, sabots après sabot, se verront déchiquetées peu à peu  pour ne bientôt plus faire qu'un avec la terre, mélange riche d'humus de vie décomposée, recomposée en terreau plus tard fertile, voici disais-je que nous arrivons à la plus haute élévation de cette colline tranquille qui nous ouvre alors la porte d'un paysage bucolique fait, en contrebas, de prairies, de champs encore cultivés, de troupeaux à l'abreuvoir, éclairés par les rayons désormais obliques qui inondent d'une douce chaleur les images que nos esprits retiennent en cet instant d'arrêt, comme sur le qui-vive, gardiens improvisés de ce paysage fragile perdant à chaque seconde, chaque heure, chaque jour, un peu plus de sa superbe: arbres, haies, chemins, animaux au pré, cri d'oiseaux indistincts si ce ne sont corbeaux croassant, pies voleuses survolant de leur longues ailes planantes l'herbe cachant trop mal la proie qu'ils guettent, vermiceaux, malheureux insectes bientôt happés, avalés, digérés avant que le vol ne reprenne au-dessus des champs, chapardant au monde rampant, glissant, se faufilant, ce tribu à leur survie qui leur est dû.
  Plus avant dans le sentier qui nous pousse, qui mène nos pas le long des haies vives, arbres murs comme nos âges ployant leur feuillage verdâtre, balayé de ces éclairs jaunâtres déjà rencontrés sur l'étroit passage entre les chênes et les hêtres du sous-bois, voici que pendent ces branches lourdes du fardeau de la vie, que ces  rayons désormais trop faibles, fatigués, brillants de leur derniers feux tentant de maintenir dans cet éclat de verdure qu'ils présentaient encore pendant les chaleurs estivales mais qui ne sont plus pour eux que lointains souvenirs d'un temps chaud qui leur brulait pourtant les feuilles au moment de leur toute puissance, leur force cosmique, rayonnante donc, n'épargnant alors pas les faibles Icare se consumant trop tôt, avant terme , avant la fin de toute chose se devant, elle, de survenir en son temps quand c'est juste le bon moment pour lâcher prise, abandonner la branche salvatrice pour décliner au gré du vent vers ce sol encore tiède ou elles se déposent sans un bruit si ce n'est celui du dernier souffle de vie, inaudible.
  Ployant aussi, ces branches lourdes de ces coques entrouvertes, sous le poids des fruits, aussi chargées de vie qu'à l'aube du déclin du feuillage, octroyant peu à peu l'aumône à la terre d'un fruit sec et bien mur avant que ce premier geste ne se transforme en profusion, salle du trésor grande ouverte, corne d'abondance déchargeant ses richesse à nos pieds les évitant d'abord puis les foulant, puis interpelés par cette générosité de l'être feuillu qui ne nous en tiendra pas rigueur,   se baissant, ramassant, emplissant nos poches, à l'avance savourant coques fendues, écrasées, fruits extraits précautionneusement, chauffés sur la braise du feu originel qui nous a fait sortir de l'âge des ténèbres, coupés tranchés écrasés entre nos dents , bouchées sentant le sous-bois, la terre, le feu, gout de cendres dans la bouche, de saveurs musquées, grillées, salées qui nous emplissent le ventre d'une force vive qui nous apaise, nous rappelle nos forces pas encore disparues.
Voici comme nous les regardons... fruits, secs, concentrés, puissants, disant toutes leurs forces accumulées au fil du temps et offertes, remises entre de précieuses mains pour être détaillées soupesées, choisies ( sans s'inquiéter de voir en elles un quelconque danger capable cependant de roder comme autant de traitrise autour d'un parterre de polyphores dressés  nous attirant par leur fausse bienveillance , leurs torses bombés les chapeaux à larges bords se succédant cèpes, bolets, trompettes en troupe de soldats de plomb, profusion là encore mais de pernicieuses trouvailles qui nous les feraient croire bons comme le bon pain alors qu'ils distillent en leur spores évanescentes les volutes d'un air empoisonné qui laisseraient surprendre nos sens et nous pousser à les ajouter à notre panier des présents de la foret) choisis donc, pour leur juste valeur, présent que nous offrirons à notre tour à qui veut bien en découvrir le gout légèrement amer, remis dans le creux de la main tendue contre l'anse du panier d'osier que notre sourire accompagne vers la jeune main qui s'en saisit, articule quelques banalités alors que tout ces merci beaucoup c'est très gentil ne vous privez pas pour nous, repose dans la hanse de ce panier que, pendant un instant, nous portons ensemble, nos esprits empruntant le chemin des veines de ce bois fin pour nous connecter les uns aux autres furtivement puis, détachant lentement la main, abandonnons, abandonnés maintenant que nous sommes, pour le repas du soir qu'ils prendront en famille avec qui sait en tête cette image, n'en demandons pas plus à cet instant précieux, temps suspendu, sans  mot inutile, chacun devinant dans la pensée intime de l'autre combien il nous éloigne jour après jour, récolte après récolte d'automne, savourant, profitant, en ces instants de fin d'après-midi, au feuillage scintillant du vent qui se lève, de l'astre lumineux pressé désormais de guider ceux qui lèvent la main pour cet au revoir indispensable, le panier serré dans la main de ceux qui partent avant que le soir ne tombe, ne nous repose de nos pas, de nos regards, de nos mots inutiles jusqu'au sommeil profond tant espéré comme l'est tout autant le réveil mais d'un lendemain cette fois pluvieux car l'instant est passé et le vent la pluie se chargeront alors d'éparpiller les traces de ce jour que nous ne garderons qu'un trop court instant en tête, pour se dire, souriant doucement, osant à peine nous regarder alors que nous rebroussons chemin, poussant la porte de la maison: se redire, presque à voix basse: ce fut une belle journée.

Hors ligne HELLIAN

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 116
Re : Automne
« Réponse #1 le: 03 Octobre 2025 à 16:19:40 »
Ton texte  possède une ampleur lyrique et descriptive assez rare.
 

La richesse sensorielle y est partout présente : on sent les odeurs de sous-bois, la chaleur oblique du soleil, la texture des fruits secs, le crépitement des brindilles… C’est une écriture qui sollicite tous les sens.

Le rythme ample et continu : les longues phrases sinueuses imitent le cheminement dans la forêt, comme une respiration qui se prolonge.

La profondeur thématique : au-delà du paysage, il y a un fil méditatif : la vie, le déclin, le temps qui passe, la transmission (le panier tendu, le geste offert).

  la forêt est décrite comme une matrice, une corne d’abondance, un lieu où la mort et la vie se confondent en un cycle.

Aux yeux de quelques lecteurs, certains aspects que je considère personnellement comme des qualités, peuvent gêner, notamment la longueur des phrases : certaines sont si étirées que la lecture en devient exigeante. Cela crée une atmosphère immersive, mais peut aussi perdre le lecteur. De même, un certain excès descriptif : la profusion de détails et d’images (souvent très belles) peut donner l’impression d’une surcharge, où l’idée centrale se dissout. Mais, gardez bien à l'esprit que telle n'est pas ma critique et que cette exubérance stylistique est pour moi une richesse.

 
En résumé[/b]

C’est un texte très poétique, foisonnant, presque baroque, qui réussit à transmettre l’expérience intime d’une promenade forestière d’automne comme une méditation sur le cycle des choses. Pour qui aime les phrases longues et l’abondance d’images, c’est un vrai régal. 
 

 
cent fois sur le métier...

Hors ligne Murex

  • Prophète
  • Messages: 828
Re : Automne
« Réponse #2 le: 04 Octobre 2025 à 10:42:59 »

  Bonjour Falaise,

  Je souscris  en tous points aux commentaires d'Hellian. Je tiens ce texte pour remarquable, par sa dimension poétique et par la qualité de son écriture. Aucune critique à formuler, du grand art, la longueur des phrases convient parfaitement au sujet traité. "C'est un régal" par reprendre les derniers mots d'Hellian.

Hors ligne Falaise

  • Plumelette
  • Messages: 13
Re : Automne
« Réponse #3 le: 04 Octobre 2025 à 11:49:13 »
Bonjour,

Merci sincèrement pour vos remarques. Je reconnais avoir parfois recours à un certain nombre d'images qui se dédoublent même parfois mais c'est dans le but d'alléger, si je puis dire , le texte qui pourrait paraitre trop dense si je me contentais d'aller a l'essentiel. Il me semble également que ces images contribuent à nous rapprocher d'éléments naturels que je ne pourrais que décrire sans leur donner vie comme je le souhaite.

Hors ligne Cendres

  • Comète Versifiante
  • Messages: 4 759
Re : Automne
« Réponse #4 le: 04 Octobre 2025 à 19:24:22 »
Merci pour le partage de ton texte.
Comme je n'ai jamais lut Claude Simon, je ne pourrais pas te dire si tu as respecté son style.
Du moins, je trouve qu'il manque de virgule et de point. Ton texte est moins fluide, comme avec ta première phrase :

Au détour du sentier qui pénétrait toujours plus avant le cœur de la foret, brindilles crépitantes sous nos pieds foulant mille feuilles mourantes mais encore ponctuées de cette couleur verte tirant sur un jaune triste prélude à sa dilution dans un ocre sombre que pluie après pluie, sabots après sabot(...)
 

Je te proposerais plutôt, pour fluidifiait ton texte :

Au détour du sentier, qui pénétrait toujours plus avant le cœur de la foret, brindilles crépitantes sous nos pieds, foulant mille feuilles mourantes, mais encore ponctuées de cette couleur verte, tirant sur un jaune triste, prélude à sa dilution, dans un ocre sombre, que pluie après pluie, sabots après sabot(...)

Ma proposition est subjectif, est aussi, ne respectant certainement plus Claude Simon.
"Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou."
Albert Camus

Hors ligne Marcel Dorcel

  • Calliopéen
  • Messages: 514
Re : Automne
« Réponse #5 le: 05 Octobre 2025 à 17:01:39 »
Bonjour,

Je suis d'accord avec mes collègues.
Cela dit, pour le lecteur d'internet que je suis, c'est un peu" complicado" du fait que:
des pauses et des instants  de pause seraient bienvenus des retours à la ligne et des paragraphes.

Il faut laisser le lecteur respirer. Sinon, je vais encore passer dix ans ( et les 10 ans, je les ai pas) à essayer de comprendre Finnegans wake,  et le bruit et la fureur.

Sinon, évidemment, je clapote des mains.
Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage.

Sacha Guitry


Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.

Henri Calet

Pergola merdo sum

Marcel Dorcel

Hors ligne Falaise

  • Plumelette
  • Messages: 13
Re : Automne
« Réponse #6 le: 06 Octobre 2025 à 11:50:04 »
Bonjour Marcel

Je suis bien d'accord sur le  fait que lire " sur internet" n'est pas la même lecture que dans un livre ou sur le papier, il m'arrive d'ailleurs d'imprimer pour relire et le texte me parait alors plus vivant, les fautes sautent aux yeux.
Il y a aurait , c'est exact, quelque chose à faire pour obtenir une "lecture internet", possiblement des sauts de pages mais la calibration des écrans étant trop variable, rien ne garantit que le texte trouve sa bonne forme sur tous les écrans, à réfléchir tout de même.
Merci

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.013 secondes avec 16 requêtes.