Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

07 Octobre 2025 à 01:29:46
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Der de dix

Auteur Sujet: Der de dix  (Lu 1637 fois)

Hors ligne Deleatur

  • Tabellion
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Der de dix
« le: 27 Octobre 2013 à 21:17:44 »
   DER DE DIX

Tout le monde connaissait le meurtrier, mais vraiment, la victime, pas moyen de savoir. L’assassin, Abdelaziz l’avait identifié presque tout de suite :
•   Grand, un peu chauve, il passe souvent le matin. Un grand manteau noir, je crois, non ? fit-il en posant un valet de cœur avec gravité.
•   Et un peu basané, approuva Jérôme en faisant signe au barman qu’il souhaitait une autre bière.
En règle générale, il trouvait tout le monde un peu basané. Pour cette fois cependant, il fallait convenir que c’était vrai.
•   C’est vrai, fit Fred.
•   Chauve ? Il est pas chauve ! Il est chauve ?
C’était Madeleine, avec un temps de retard et sa petite voix hésitante, qui disait ça en regardant ses cartes avec attention. Par principe, elle avait tendance à soutenir le contraire des autres, à jouer sur les mots.
•   Dégarni, si tu veux, concéda Abdelaziz en hochant la tête. Tu joues ?
Madeleine posa son dix de cœur et ramassa le pli. Ce qui finissait en beauté une partie dominée par Fred et elle. Jérôme commença à compter les points en égrenant les cartes de ses doigts boudinés tandis que Fred se leva pour aller reprendre le journal sur le comptoir. Il relut l’article avec attention, surtout le témoignage de la voisine qui avait découvert le corps.
•   Vingt-quatre ans, fit-il en revenant s’asseoir.
•   Hein ?
•   La fille assassinée. La voisine l’a pas reconnue tout de suite à cause du sang dans les cheveux, elle a cru qu’elle était brune parce qu’elle avait plein de sang dans les cheveux. Après seulement elle l’a reconnue. C’était une blonde, la fille.
•   Une blonde alors, fit Madeleine. Si ça se trouve, c’est la petite ronde qui passe tôt le matin. Vous voyez ? Avec une écharpe multicolore ? Vous voyez qui je veux dire ?
Il y eut un silence. C’était une chose de connaître l’assassin de vue, une autre d'avoir vu passer la victime. Abdelaziz haussa les épaules et dit que depuis sa retraite il se levait tard, se couchait tôt, ne savait pas les gens qui passaient le matin et qu’il n’avait pas d’avis sur les victimes. Puis il se ravisa :
•   Il y en a une frisée aussi, avec des lunettes, boutonneuse. On la voit souvent l’après-midi. Elle n’est pas passée aujourd’hui.
Fred hocha la tête à son tour, il se souvenait très bien d’elle. Madeleine avait coupé, Jérôme distribuait et brusquement il eut comme une inspiration, sa main suspendue dans les airs avec les trois cartes qu'attendaient Fred, et il se mit à en parler lui aussi :
•   Il y a une grande fille, cheveux lavasses, des dents de cheval. Elle passe à la boucherie quasiment toutes les semaines. Elle a un petit accent.
Il traça un n°3 sur le papier qui lui servait à compter les points et écrivit à côté: « grande, cheveux lavasses, dents de cheval. ». Il compléta sa liste avec les deux candidates précédentes, les n°1 (petite, rond, écharpe) et n°2 (frisée, lunettes). 
•   Je passe, dit Fred.
•   Atout trèfle, répondit Abdel. Et la petite toute menue, qui vient prendre son café le midi, toujours à lire un livre ? Elle n’est pas venue aujourd’hui, si ?
Fred avait pensé à cette petite-là depuis un moment mais il n'avait rien dit – il espérait lui éviter la liste en fait. Mais voilà qu'il n'était plus seul à se dire qu'elle correspondait à la description et cela lui fit froid dans le dos. Jérôme écrivit: « n°4, petite, café du midi, livre » et regarda pensivement sa liste.
•   Avec un couteau de cuisine, murmura-t-il, une vraie boucherie.
C’était le genre de remarque déplacée que Jérôme, boucher de son état, pouvait faire à propos de tout. Peut-être parce qu’il était boucher justement. Mais Fred lui en voulut parce que maintenant il ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer n°4 étendue par terre, ses cheveux blonds plein de sang.
Abdelaziz posa une carte, ramassa le pli et puis ils firent encore trois parties et ils continuèrent à trouver des candidates. Il y avait celle qui avait fait le cours de danse africaine avec Mado l'année dernière. Celle qui était toujours pressée, avec une bouille toute ronde et un décolleté, je ne vous dis que ça. La secrétaire qui passe tous les soirs, en tailleur gris (Mado fit remarquer qu'on ne pouvait pas savoir si elle était secrétaire, que si ça se trouvait elle était femme d'affaire, mais Jérôme argumenta que tout de même elle avait plus l'air d'une secrétaire que d'une femme d'affaire et par exemple elle ne portait jamais de sacoche). Il y eut un débat pour savoir si la n°6, une arabe aux cheveux décolorés, pouvait correspondre à la description du journal. Jérôme fit la moue, Abdel dit que oui, que le journal ne disait pas qu’elle était blonde naturelle mais seulement qu’elle avait des cheveux blonds, et les autres acceptèrent. La dixième était douteuse aussi, avec ses cheveux ras, mais cette fois-ci c’est Jérôme qui insista parce qu'il voulait avoir un chiffre rond. Ils avaient ainsi dix petites blondes. Dix victimes possibles.
Jérôme ramassa les cartes et se leva de table avec effort. Il se dandina jusqu'au comptoir et afficha la liste juste au dessus avec une punaise, puis salut la compagnie, et il retourna à sa boucherie qui rouvrait à seize heure. Madeleine se dépêcha parce qu’elle allait au cinéma, ce qu’elle faisait au moins deux fois par semaine depuis qu’elle était à la retraite. Abdelaziz rentra faire une sieste, comme d’habitude, et puis il regarderait la télé. Fred fit un tour au Pôle Emploi. Là il vit un autre article sur le meurtre mais il n’y avait pas plus de détails, alors il finit par rentrer lui aussi.

Le deuxième jour, à l’heure de la belote, il n’en restait plus que huit. Fred dit bonjour. Il apprit que la n°6 était passée une heure plus tôt, bien vivante, Abdel l’avait vue. Et Madeleine annonça que la n°1 et la n°9 sont en fait la même personne :
•   C’est la boulangère qui me l’a dit.
•   La boulangère du bas de la rue ?
•   Non, celle de la rue Hermel, au coin.
•   Ah.
Abdel hocha la tête comme s'il doutait de la qualité des informations que pouvait donner cette boulangère-là. Il n'allait jamais si loin pour chercher son pain. Mais il menait son enquête lui aussi, il avait planqué toute l’après-midi à la terrasse du Voltigeur.
C’est le mot qu’il utilisait : « planqué ».
Comme dans les films policiers.
Il avait attendu dans un bar, quoi.
•   J’ai bu du thé, précisa-t’il d'un air pincé.
Personne n’avait suggéré, ou même pensé, qu’il ait pu boire une bière mais il précisait quand même et les autres acquièscèrent pensivement. En tous les cas, et c'était ça l'important, il n’avait vu aucune victime potentielle. Il tapa de l’index plusieurs fois sur la liste. Il se croyait vraiment dans un film policier, ma parole.
Jérôme arriva enfin et serra des mains. Il parla du temps et puis il lâcha qu’il n’avait rien de nouveau de son côté. Fred non plus. Fred décida d'aller planquer au Pôle Emploi dans l'après-midi. Il avait déjà vue là-bas la petite n°4 alors on ne sait jamais. Il se rendait compte qu'il avait bien envie de la revoir et qu'elle soit vivante, il n'avait plus envie de la savoir sur la liste.

Le troisième jour, il y avait un nouvel article dans le journal que tout le monde se passa pour le lire. Le grand chauve avait été mis en examen et écroué pour homicide volontaire avec circonstances aggravantes. Il apparaissait qu’il avait une personnalité pathologique, narcissique, possessive, voire violente. Il n’avait jamais eu l’intention de tuer (disait son avocate). Les conditions du décès de la victime devaient encore être vérifiées (estimait le juge d'instruction). Et le procureur de la République trouvait cette affaire relativement, mais tristement, banale.
Pas un mot sur la victime.
•   Ça veut dire quoi, « écroué » ? demanda Abdel.
La question était bonne. Personne ne savait.
Alors on s’assit à la table, toujours la même, on distribua les cartes et on s’échanga les nouvelles. Chacun avait son rôle maintenant. Jérôme pouvait surveiller la place depuis sa boucherie. Abdel s’occupait du haut de la rue. Deux numéros étaient tombés. Les numéros qui restaient, plus coriaces, sans habitude connue, furent distribués entre les quatre partenaires pour enquête complémentaire. Jérôme prit la n°7, le décolleté, ben voyons. Fred demanda la n°4.
On assigna des numéros d’office à Mado qui ne passa pas ce jour-là. Rien de particulièrement inhabituel : elle ne passait pas tous les jours parce qu’elle faisait beaucoup d’activités, elle était dans des groupes, des ateliers, et puis elle avait des copines avec qui elle sortait tout le temps. Et pourtant qu’elle ne soit pas venue ce jour-là inquièta tout le monde. Est-ce qu’elle avait déjà la trouvé ? Est-ce qu'elle se désintéressait de la chose ?

Le quatrième jour Mado était là et elle avait éliminé la n°5, celle qui avait été en cours de danse africaine et qui n'y était plus. Elle était toute excitée en expliquant comment elle avait fait :
•   J’ai appelé la prof de danse. Je lui ai dit que j’avais prêté un paréo à la fille et qu’elle ne me l’avait pas rendu. Elle avait son numéro. J’ai appelé, et voilà !
•   Au téléphone ? Tu es sûre que c’est elle ?
•   J’ai reconnu sa voix.
•   Tu lui as dit quoi ? Allo, c’est vous la morte ? demanda Jérôme.
•   Je lui ai demandé comment elle allait. C’est elle.
•   Bon.
Jérôme ne semblait qu’à moitié convaincu mais il raya le n°5. Ils se regardaient tous. Plus que trois numéros.
Fred soupira. Trois numéros, dont le n°4.

Le cinquième jour, l'enquête était finie, ou presque. Abdel avait vu n°7 (il ne mentionna pas le décolleté, encore moins quand il vit les sourires entendus de Jérôme, mais seulement sa bouille toute ronde et son nez retroussé). Jérôme avaient les n°8 et n°10 – ces deux-là s'étaient présentées à la boucherie, comme des fleurs, le même jour. Quasiment l’une derrière l’autre. Une entrecôte et deux onglets.
Tous les numéros étaient rayés maintenant, sauf un, la seule victime potentielle qui restait, la n°4.
•   Potentielle, insista Mado en coulant un regard vers Fred. On n’est pas sûr que ce soit elle tout de même. On n'a sûrement pas trouvé toutes les blondes du quartier.
Abdel distribua les cartes mais le cœur n’y était plus, personne ne parlait. Atout pique. Rebelote. Les points s'empilaient.
C'était au tour de Mado de distribuer quand elle s'interrompit et fit aux trois autres un léger signe de la main. Ils se retournèrent tous d'un bloc vers le comptoir.
Il y avait là une dame, debout, qui demandait un café. Elle était bizarre, complètement inexpressive et avachie, elle semblait ne rien voir autour d’elle, tout le monde la regardait et elle ne se rendait compte de rien.
•   C’est la mère, murmura Mado.
Elle parlait de la n°4 évidemment. Jérôme hocha la tête pour confirmer. Comment ces deux là pouvaient savoir qu’ils avaient sa mère devant les yeux, c’était un mystère. Elle avait le même nez, on pouvait leur accorder ça, et des cheveux blonds ondulés pareils. D’accord. Et alors ? Elle avait l’air de pleurer mais il y a des tas de gens qui pleurent tous les jours.
Ils étaient là, tous les quatre, à la regarder sans un mot, c’était stupide, agaçant, et carrément impoli, alors tout-à-coup Fred posa ses cartes, recula sa chaise, se leva et il alla jusqu’au comptoir à côté de la dame. Il lui mit la main sur le bras. La dame tourna son visage vers lui, elle n’avait toujours aucune expression, comme vidée, comme si elle portait un masque. Elle ne pleurait pas. Elle avait les mêmes yeux que n°4, il se souvenait des yeux de la petite maintenant et c'était exactement les mêmes qu’il avait devant lui. Il eut un petit sourire de politesse maladroit, comme pour dire « je suis désolé ». Il aurait aimé dire quelque chose de profond et sensible mais il ne trouva rien à dire. La dame le regardait toujours. Il leva la main et pointa le doigt vers la table de jeu :
•   Vous voulez vous asseoir ?
Elle regarda le groupe. Et puis elle fait signe que oui.


Hors ligne Musyne

  • Prophète
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Re : Der de dix
« Réponse #1 le: 28 Octobre 2013 à 09:37:03 »
Bonjour Deleatur,

J'ai été intriguée par le titre et je l'ai trouvé bien trouvé franchement, après avoir lu ton récit. Bonne idée que cette inversion ;)

J'ai relevé quelques petits machins :
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


J'ai eu du mal à ma première lecture de ton texte, mais bon, c'était hier soir et j'étais bien crevée. Ce qui m'a énormément gênée, c'était les points à la place des tirets : ça peut paraître bête, mais du coup, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire. Histoire qui, après relecture toute à l'heure et donc une nuit de sommeil, est bien originale. Les personnages ont des personnalités bien distinctes et presque attachantes alors que le récit est court et cette enquête menée pour trouver la victime est une chouette idée. Ça change des policiers habituels. Je suis un peu déçue par la fin, je ne comprends pas trop pourquoi la mère de la victime s'installe pour jouer aux cartes, mais c'est un ressenti personnel : après tout, pourquoi pas ? Un autre regret : finalement, l'attachement de Fred à la n°4 fait dire à force que c'est probablement elle la victime.
L'écriture est fluide, la façon de rapporter les paroles des personnages permet de bien suivre l'histoire sans lourdeurs.

Bonne continuation :)

Hors ligne Deleatur

  • Tabellion
  • Messages: 41
Re : Der de dix
« Réponse #2 le: 28 Octobre 2013 à 20:13:59 »
Merci infiniment Musyne.
Oui je suis d'accord, la fin est bancale. Mon idée était de terminer cette enquête qui est menée comme un jeu par un retour à la vraie vie et à ce que cela peut signifier pour la famille de la victime - c'est raté, ça tombe à plat et tu fais bien de souligner que c'est psychologiquement curieux.
Merci aussi de m'avoir fait remarqué que l'insistance sur n°4 conduit le lecteur à anticiper que c'est elle qui sera la victime. C'est sans doute là-dessus que je dois tabler pour trouver une nouvelle fin qui soit plus satisfaisante.
Quant aux points à la place des tirets, je n' avais pas fait attention, il faut que je revois mes paramètres de traitement de texte.
Je m'attaque derechef aux petits machins.
Merci encore.

Hors ligne PaulineC

  • Scribe
  • Messages: 69
Re : Der de dix
« Réponse #3 le: 29 Octobre 2013 à 16:35:42 »
Salut!

J'aime bien l'idée de ton texte: la dé-personnification d'une victime, qui devient un numéro; l'indifférence en fait qui règne, même si on fait semblant d'être atterré... J'ai relevé différents petits trucs qui m'ont troublée et qui à mon humble avis si tu les modifiais ajouteraient à ton texte.

Citer
Pour cette fois cependant, il fallait convenir que c’était vrai.
•   C’est vrai, fit Fred.
C'était vrai; confirmé ensuite... pas nécessaire

Citer
•   Chauve ? Il est pas chauve ! Il est chauve ?
Par principe, elle avait tendance à soutenir le contraire des autres, à jouer sur les mots.
L'idée est sympa; d'aillers très réel, ma grand-mère répète souvent ce que mon grand-père dit dans ce genre d'idée... mais la façon dont tu le dis ne dépeint pas assez clairement le tableau que tu te fais...

Citer
Fred hocha la tête à son tour, il se souvenait très bien d’elle. Madeleine avait coupé
Cette transition est un peu trop brusque. Commence peut être par une description... je sais pas, la table, pour en enir aux mains de Madeleine; car le cerveau met quelques temps a se remémorer qu'il s'agit de cartes! (le mien du moins)

Citer
Il traça un n°3
sur son papier il y a quoi? un "3" ou "n°3". Je dirai il traca un trois; ou il écrivit "n°3" sur le papier... Comme ça ça me semble moins joli.

Citer
il espérait lui éviter la liste en fait
Je ne comprends pas...

Citer
C’était le genre de remarque déplacée que Jérôme, boucher de son état, pouvait faire à propos de tout. Peut-être parce qu’il était boucher justement.
Trop simple; et à propos d'un couteau..... tout le monde aurait pu faire cette remarque. S'il avait fait une remarque du genre "Eh, paraît qu'il a sectionné au milieu de la cuisse; mais tout le monde sait que c'est le meilleur morceau" ça aurait été plus crédible je crois :P

Citer
, je ne vous dis que ça.
Citer
Il se croyait vraiment dans un film policier, ma parole.
Citer
le décolleté, ben voyons.
Ces insertion de l'auteur dans le récit sont maladroites. J'aime l'idée et j'ai aussi essayé de la reproduire mais ça n'a jamais donné. J'ai toujours admiré la dextérité dans le domaine de Lemony Snicket dans la série des orphelins Baudelaire!

Citer
et par exemple elle ne portait jamais de sacoche)
Je sais pas, ça me semble maladroit; j'aurais préféré un dialogue qu'une parenthèse pour introduire ce genre de détail sans entrer dans une description...

Citer
puis salut la compagnie, et il retourna à sa boucherie qui rouvrait à seize heure.
"salut la compagnie" est informel; lui peut le dire mais ce n'est pas littéraire.
Après cette phrase m'a fait réaliser qu'on était pas dans un bar sombre avec une table seulement et des protagonistes qui discutaient... Peut-être planter le décor et le schéma temporel plus tôt pourrait aider: on n'a aucun moyen de savoir qu'on est en pleine après-midi!

Citer
Fred décida d'aller planquer au Pôle Emploi dans l'après-midi.
La même chose que la veille... Il faut peut-être l'introduire autrement. Utiliser peut-être "retourna" histoire que le lecteur ait pas l'impression d'avoir fait un bond en arrière dans le texte...

Citer
Est-ce qu’elle avait déjà la trouvé ?
l'avait déjà trouvé

Citer
elle était dans des groupes, des ateliers, et puis elle avait des copines avec qui elle sortait tout le temps.
Proverbe flamand qui doit avoir son équivalent en français: Als je A zegt moet je dan B zeggen. Si tu dis A tu dois aussi dire B. Bref: tu introduis des détails, du coup on veut savoir dans quel genre de groupes, etc. Un problème général de ton texte est qu'on a un petit peu sur qui sont les personnages, mais trop peu que pour s'en donner une idée réelle. Mais assez que pour nous perturber. Et pourtant on ne se familiarise pas! Soit du monolithique, comme ça on voit aisément et tu te concentre sur les victimes potentielles; soit tu les décris comme des personnages à part entière et alors on peut s'y identifier. Mais ce dernier point implique beaucoup de travail sur les caractères.

Citer
•   Tu lui as dit quoi ? Allo, c’est vous la morte ? demanda Jérôme.
•   Je lui ai demandé comment elle allait. C’est elle.
•   Bon.
Trop facile! Trouve une vraie excuse qu'elle aurait pu donner! Elle aurait pu faire semblant de s'être trompée de numéro par exemple.

Citer
Fred soupira. Trois numéros, dont le n°4.
Pourquoi il soupire?? Il l'aime particulièrement?

Citer
Tous les numéros étaient rayés maintenant, sauf un, la seule victime potentielle qui restait, la n°4.
Vrai aussi pour le point juste avant: il faut rappeler qui elle est! A ce stade du texte on se rappelle pas du début!

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Comment ces deux là pouvaient savoir qu’ils avaient sa mère devant les yeux, c’était un mystère
Beaucoup, beaucoup trop facile! Trouve une vraie raison!!



Pour finir, je vais te donner une opinion plus générale sur les choses à faire pour ce texte, avec toute ma vision partiale et non professionnelle bien sûr...
Comme je l'ai dit, j'ai bien aimé l'idée. Cependant je crois que tu devrais vraiment l'explorer à fond, quitte à faire un texte de cinquante pages, pour bien poser les scènes, les personnages, etc. Peut-être même faire que les joueurs se remettent en question, en se disant "mais on joue avec ça..." etc etc. Je ne sais pas. Mais vraiment je crois que c'est un thème qui peut aller loin dans la réalisation, ce que je ne peux que t'encourager à développer!!

Merci pour ce texte et bonne continuation!
 
P.
*"Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre." Zola*

Hors ligne Deleatur

  • Tabellion
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Re : Der de dix
« Réponse #4 le: 29 Octobre 2013 à 22:45:39 »
Merci PaulineC pour ta lecture attentive.

Il y a un commentaire que je n'ai pas bien compris - tu pourras peut-être m'éclairer:
Citer
L'idée est sympa; d'aillers très réel, ma grand-mère répète souvent ce que mon grand-père dit dans ce genre d'idée... mais la façon dont tu le dis ne dépeint pas assez clairement le tableau que tu te fais...

Et un commentaire qui appelle un commentaire :
Citer
Ces insertions de l'auteur dans le récit sont maladroites. J'aime l'idée et j'ai aussi essayé de la reproduire mais ça n'a jamais donné. J'ai toujours admiré la dextérité dans le domaine de Lemony Snicket dans la série des orphelins Baudelaire!
Ce ne sont pas des insertions de l'auteur mais du narrateur (Fred). Ma tentative pour donner une sonorité orale au texte car je m'en tiens au principe d'Elmore Leonard : "si ça a l'air écrit, réécrivez-le". Bref, j'aimais bien ces insertions jusqu'à ce que tu me dises qu'elles sont maladroites. Depuis je les relis, je m'interroge, et j'accueillerais avec  plaisir les jugements d'autres lecteurs sur le sujet.

Et un bonus pour connaître les autres règles d'Elmore Leonard :
http://mariannejaegle.over-blog.fr/article-dix-regles-d-ecriture-plus-une-qui-les-resume-toutes-par-elmore-leonard-93826869.html

Hors ligne PaulineC

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Re : Der de dix
« Réponse #5 le: 29 Octobre 2013 à 23:16:45 »
Oui, à me relire, je me rends compte que ce n'est pas clair...
Madeleine, elle répète ce que les autres disent, elle ne sort rien d'elle-même, il semble. Tu le dis d'ailleurs... Je trouve que cela devrait transparaître mieux... Mais je t'avoue ne pas savoir comment.
Citer
•   Chauve ? Il est pas chauve ! Il est chauve ?
C’était Madeleine, avec un temps de retard et sa petite voix hésitante, qui disait ça en regardant ses cartes avec attention. Par principe, elle avait tendance à soutenir le contraire des autres, à jouer sur les mots.
Le dialogue à lui seul ne permet pas de comprendre, et ce qui suit n'aide pas forcément beaucoup plus. C'est trop général. En soit, peu importe ce qu'elle fait d'habitude.
Ce serait plus intéressant par exemple de la faire répéter VRAIMENT de temps en temps ce que les autres disent...

- Celle qui aime lire, en n°12
- Oui en n°12... (dit M.)
et plus bas:
- C'est fou, tant de violence!
- La violence! (dit M.)
Tu vois ce que je veux dire?

Bref, ça n'a pas beaucoup d'importance.


Pour le deuxième point: ah, Fred est le narrateur??
Car il parle en "il", et ça, c'est pas de la première personne! Du coup le narrateur devient l'auteur, ou une autre personne extérieure à l'intrigue! (le fils de l'un, la cousine,...)
Si tu veux que Fred parle, il faut VRAIMENT qu'il parle!  Les insertions de la part d'un  personnage peuvent être telles que tu les as mises, mais alors il faut que le lecteur sache qu'elles viennent de lui... Rien ne laisse supposer que Fred est le narrateur. Il ne me semble même pas être le héros... :/
Ces insertions sont maladroites en raison du ton, qui, en "il" n'est pas sensé être le rendu direct de l'expression d'un personnage. Si tu veux qu'elles tiennent la route selon moi il faudrait changer les Fred en "je"...
*"Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre." Zola*

Hors ligne Musyne

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Re : Der de dix
« Réponse #6 le: 30 Octobre 2013 à 09:04:35 »
Coucou,

Je me permets d'intervenir parce que moi j'avais bien saisi les deux points dont vous discutez : aisément pour Madeleine (il m'a suffi de l'oraliser en fait, d'imaginer le ton sur lequel elle parlait), moins pour le "salut la compagnie" que j'avais failli relever aussi, mais en erreur de conjugaison. En relisant j'ai vu que c'était la façon de saluer le personnage donc question réglée.

Hors ligne Deleatur

  • Tabellion
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Re : Der de dix
« Réponse #7 le: 30 Octobre 2013 à 22:26:23 »
Merci à vous deux pour vos retours, ce regard extérieur est décidément très utile.

@PaulineC : narrateur ne veut pas dire que le texte est écrit à la première personne. Dans ce type de texte, le lecteur n'a pas besoin de savoir consciemment qui parle ou qui pense, mais il perçoit (ou devrait percevoir) l'unité de ton et de point de vue. Je pense justement que ce serait écrire en "je" qui serait maladroit. Mais tout cela, bien sûr, est aussi affaire de goût et de ce qu'on cherche à faire.

Hors ligne PaulineC

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Re : Der de dix
« Réponse #8 le: 30 Octobre 2013 à 23:57:01 »
Bien sur tu as raison... Ce que je dis juste c'est que moi personnellement je ne vois pas Fred comme narrateur de l'histoire; maintenant rien ne m'empêche de parler de moi-même à la troisième personne mais sache que ce n'est pas évident.
Cela dit, comme le commentaire de Musyne le montre, c'est une affaire d'opinion :)
*"Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre." Zola*

 


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