Coucou tout le monde, je passe vite fait pour poser ça, c'est mon texte pour l'avancée d'Erakis! Il se passe un peu après les événements de Nargarone, mais dans un lieu totalement différent. :mrgreen:
J'y présente rapidement (trop?) quelques lieux, personnages et espèces, et la fin est volontairement (très) ouverte, dans l'idée de permettre à quelqu'un d'autre de continuer l'histoire.
Bonne lecture! ^^
MàJ: Après avoir lu vos commentaires et réfléchi à ce que je pouvais faire, j'ai décidé de réécrire totalement tout le texte. Finalement, le présent que j'ai voulu essayer d'utiliser ne se prête je trouve pas trop au texte, j'ai donc changé ça aussi. Au lieu d'avoir une présentation des choses avant l'action, j'essaie de plonger le lecteur directement dans l'univers avec Miol et ses élèves. Un peu de dialogues (peut-être pas encore ce à quoi vous pensiez, mais déjà comme ça je trouve qu'effectivement ça rend le tout plus vivant), plus de relations entre les personnages et tout. J'espère que cette v2 vous plaira plus que la v1!
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Devant Miol, cinq jeunes elfes à la peau grisâtre suaient dans la neige du Rothren, torses-nus -exceptée l’une d’entre eux, qui gardait un fin tissu cousu enserrant sa poitrine-, malgré les températures négatives. Le soleil n’éclairait encore que les pointes des hauts arbres de la forêt de Skúlur, et seule la lueur des quelques torches qui entouraient le terrain d’entraînement lui permettaient de voir les mouvements de ses élèves. La grange accolée au terrain et la petite annexe qui leur servait de refuge la nuit les protégeaient du vent froid qui soufflait de temps en temps.
Elèves. Un mot qu’il n’aurait jamais osé penser auparavant, mais qui était devenu son quotidien depuis sept mois et quatre jours. Il n’avait pas vu le temps passer depuis qu’il avait reçu l’autorisation de former des jeunes Elfkingrs à la profession ardue et presque perdue de Rekkulf. Ceux qui parvenaient à dompter un Ulfnsar n’étaient pas nombreux, mais devenaient parmi les personnalités les plus influentes des clans des elfes vikings ; se faire écouter d’un loup des glaces n’était pas si aisé -et souvent mortel-. A présent, si l’entreprise de Miol réussissait, le nombre de Rekkulfs augmenterait de nouveau, et le savoir-faire ne risquerait plus de disparaître.
Ses deux Ulfsnars tournaient autour du terrain, observant avec intérêt les jeunes et les pompes qu’ils effectuaient encore. Miol était satisfait de voir qu’à présent, aucun ne sursautait lorsqu’il sentait sur lui le museau froid ou le souffle gelé d’une de ses bêtes.
Avec un sourire, le Rekkulf se souvint des premiers jours, et des premiers contacts entre ses élèves et ses Ulfsnars, ces loups grands comme des ours, d’une blancheur de neige et au regard sombre aussi acéré que leurs dents. Il leur avait ensuite raconté comment lui-même s’était retrouvé face à l’une de ces bêtes pour la première fois, un jour qu’il avait suivi en secret une vieille Rekkulf, et qu’un loup des glaces l’avait pris pour cible et s’était élancé vers lui. Cet événement l’avait conforté dans son désir de devenir Rekkulf à son tour, malgré la pluie de jurons que sa sauveuse lui avait assénée en le ramenant chez lui. Ses élèves avaient ri de son anecdote, et s’étaient par la suite montrés des plus sérieux dans leur difficile apprentissage, avec une volonté qui impressionnait Miol tous les jours.
Le Rekkulf jugea enfin que ses élèves avaient suffisamment travaillé de leurs muscles pour leur premier entraînement de la journée. Il frappa deux fois dans ses mains, et les jeunes se redressèrent en même temps que ses loups des neiges trottaient vers lui pour s’asseoir à ses côtés. Machinalement, Miol passa la main dans la nuque de l’un d’entre eux après l’avoir présentée à son museau, et caressa doucement le poil doux et blanc. Ce geste, devenu habituel pour lui, avait surpris les jeunes elfes les premières fois. Ils avaient entendu parler des poils durs comme la roche et tranchant comme l’acier des Ulfsnars, mais ignoraient alors, comme beaucoup, que ces mêmes poils pouvaient être doux et soyeux, en fonction de la situation.
— Bien, vous en avez assez fait pour l’instant, vous pouvez aller préparer à manger pour ce matin, lança-t-il à ses élèves lorsque ceux-ci furent debout, rhabillés et droits. Koïl et Laya, vous vous chargerez du bois à couper et du feu. Tyra, je crois bien que les baies que nous avons trouvées l’autre jour sont bonnes aujourd’hui, va en cueillir avec Leif. Aren, occupe-toi des Ulfsnars en attendant, je te surveille.
Les cinq jeunes acquiescèrent de la tête et s’éloignèrent par groupe, le plus petit d’entre eux se dirigeant vers Miol. Il jeta un œil aux loups, tendit une main ouverte et, après qu’ils l’eurent reniflée, les invita à le suivre vers le grand bâtiment de bois. Miol l’observa agir avec intérêt. Il avait senti, lorsque tous avaient eu leur premier contact avec un de ses Ulfsnars, que le jeune elfe était comme lui à son âge. Dans ses yeux ne brillait qu’une admiration sans borne, et jamais Miol n’y avait perçu une once de peur devant les crocs acérés qui claquaient devant lui. Aren n’était pas le plus fort de ses compagnons, ni le plus intelligent, pourtant Miol était certain que si un seul d’entre eux devait parvenir à son rêve, ce serait lui. Il partageait déjà avec les loups un lien particulier.
Lorsque les quatre autres élèves revinrent, Aren terminait de ranger la grange des Ulfsnars et les rayons du soleil se reflétaient sur la neige au sol. Les températures n’étaient pas plus douces pour autant ; sur ces terres, l’astre du jour était aussi froid que celui de la nuit.
Les élèves se rassemblèrent devant la bâtisse, où les restes des derniers feux noircissaient encore la neige. Les jeunes étaient à présent autonomes pour préparer à manger, et Miol les observa d’un œil absent s’échiner pour avoir les premières flammèches, assis sur un morceau d’arbre tombé depuis longtemps. Ses Ulfsnars avaient profité de ce temps calme pour s’éloigner chasser ; ils reviendraient bientôt.
S’il cachait son trouble, le Rekkulf était inquiet. Depuis plusieurs jours à présent, il attendait une livraison des Marchands de Nargarone. Le cuir traité de la cité était en effet le seul capable de supporter le poil changeant des Ulfsnars et d’assurer à ceux qui les montaient une certaine sécurité. Il était nécessaire pour continuer la formation de ses élèves, Miol devant à présent leur apprendre à confectionner leur selle, et surtout jamais les Marchands n’avaient observé ne serait-ce qu’une journée de retard. Presque une semaine s’était écoulée à présent. Le Rekkulf sentait que quelque-chose n’allait pas.
— El Rekkulf ?
Miol leva les yeux vers Leif, qui s’était approché avec un bol de soupe et quelques baies. Il était déjà grand pour son âge, et Miol s’étonnait toujours de sa voix douce et de son air innocent ; il lui sourit et prit le bol qu’il lui tendait. Les autres jeunes étaient installés autour de lui, et buvaient en silence.
— Après, vous irez chercher vos affaires, annonça le Rekkulf d’une voix faussement enjouée. Nous ne reviendrons pas ici pendant quelques jours, nous allons à Natyis.
Les adolescents se regardèrent avec étonnement, un sourire hésitant aux lèvres. C’était la première sortie annoncée par Miol en sept mois, dans un isolement presque total. Le Rekkulf devinait leurs sentiments partagés de joie, d’étonnement et peut-être de tristesse à l’idée de s’éloigner de leur nouvelle maison.
— Vous aurez quartier libre une journée lorsque nous serons arrivés. Profitez-en, ce sera votre repos.
Cette fois, les jeunes Elfkingrs acquiescèrent et rapidement, commencèrent à parler entre eux de ce qu’ils feraient dans la communauté elfique. Miol les laissa discuter ; ils étaient jeunes, trop pour deviner l’inquiétude dans ses traits ou comprendre les enjeux de son retour à la civilisation elfique. Après les longues discussions liées à son désir de rendre le métier de Rekkulf plus facile à atteindre en formant les jeunes, après les compromis, le fait qu’il remonte jusqu’à Natyis, son clan natal, pourrait être mal perçu. Mais il n’avait pas le choix ; bien qu’ils soient à égale distance entre plusieurs clans, Natyis était le plus proche de la frontière avec le Hadvast -et donc de la ville marchande de Nargarone-. Si les marchands avaient juste un retard -bien qu’étonnant et inhabituel-, il aurait une chance de les croiser en chemin ou de les trouver sur place. Sinon, il pourrait récolter des informations ; si tous les clans faisaient face à ce retard de marchandise, cela pourrait rapidement s’avérer plus que problématique. Miol s’efforça de remettre ces questions de côté jusqu’au départ.
Bientôt, les cinq jeunes elfes vikings se relevèrent et, après s’être chargés du feu et du nettoyage, se dépêchèrent de rentrer dans la bâtisse chercher leurs quelques affaires. Le Rekkulf, pour sa part, avait toujours un bagage prêt en cas de nécessité, et attendit avec une certaine impatience le retour de ses élèves. Ses loups revinrent en premier. Miol hésita un instant à en laisser un ici, pour ne pas entrer dans Natyis avec les deux bêtes, qui ne manqueraient pas d’attirer l’attention voire de créer une certaine panique. Peu d’Elfkingrs avaient déjà vu au sein de leur communauté un loup des glaces, alors deux… Néanmoins, l’elfe avait la sensation qu’il aurait besoin bientôt de ses deux compagnons.
Enfin, les cinq adolescents sortirent du bâtiment, leurs paquetages dans le dos, le regard droit, le sourire mal dissimulé. Miol lança le signal du départ. Ses élèves s’élancèrent à sa suite, puis restèrent sagement derrière lui. Le Rekkulf sentait leurs regards observer les alentours à chaque pas ; en sept mois, ils s’étaient déjà éloignés de leur base, mais ils conservaient cet émerveillement des premiers jours. Les communautés Elfkingrs ne se situaient pas près des natures sauvages du Rothren ; la plupart étaient situées auprès de la grande mer d’Haff -ou de ses affluents-, et les elfes n’étaient pas habitués à tant d’arbres et de verdure. Cette forêt était de plus la plus grande de tout le territoire. Miol esquissa un sourire. Ils avaient encore tant de choses à apprendre et à découvrir, il était très fier de les avoir comme élèves.