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incèle
erakis
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Une tête d'épingle, dans l'univers, comme qui vient de l'extérieur... De là vient Incèle. Ul rebondit directement à l'autre bout, puis trace un pentagramme approximatif aux quatre coins du cosmos. Un instant d'après, et l'instant a disparu. Inoculé est Incèle, dans la sphère d'Erakis. Le plan historique en calque percé pour musique mécanique, il le trace à la craie rouge depuis l'explosion dans la tête d'épingle. Ul est une bulle de sève de caoutchouc qu'une paille aurait respirée. Du néant ul gonfle en s'étirant. Ul apparaît, enfle jusqu'à exister vraiment, et puis éclate alors comme si de rien ne s'était passé ; alors que non.
Rien n'est formé.
Incèle jauge.
Une fois la mesure de pondération estimée à l'équilibre, une dynamique inerte peut alors perpétrer l'instant, ce crime du précédent, qui en appelle un autre.
Et Incèle voyage dans les tubes téléporteurs de la temporalité qui l'habite, alors qu'il ne sait pas, non, que le temps coule autrement ! Il atterrit un moment entre des remparts, des fortifications éclairées par des torches orangées. Quelques brûlots se réceptionnent dans des grilles, il y a une odeur putréfiée. Du sang a coulé, des plaies se sont ouvertes, il y a du désespoir, il y a de la violence, quelque chose qui vient contre autre chose, comme quelque droit à l'existence à quoi s'opposerait une résistance. Ça sent la mort, ça sent le feu. Il y a des larmes dans l'air, des cris et des pleurs qui voudraient résonner encore. Plus rien n'est, sinon le résidu d'une forêt...
Entre des toiles, Incèle ausculte la position des étoiles.
Mais l'une d'elle l'intercepte...
Elle lui souffle un nom muet, et c'est fait : Incèle capte de la poussière, ul amasse de la matière qui lui colle à l'âme. Évaporant un peu le gaz céleste, ul semble s'alourdir ; ralentir ; exister.
Sa vitesse supraluminique faiblit.
La vibration qui lu fait rebondir d'un coin du cosmos à l'autre baisse en intensité, et ul se calme, posant des pattes de plumes sur le fond diffus, là où lu-même sembler disparaître, la fin qui l'aspire ; alors ul retourne vers le milieu.
Ul croise alors dans l'espace-temps d'Erakis, cinq âmes qu'il n'a pas le temps de voir incarnées. Et pourtant ; entre eux se dépose une nouvelle poussière, la strate de sédiment d'Incèle, l'âme-œuf venu de l'extérieur sans même savoir pourquoi.
La première âme est or, Incèle lui donne les éléments.
La deuxième est rouge, Incèle lui donne le temps.
La troisième est bleu, Incèle lui donne l'esprit.
La quatrième est verte, Incèle lui donne le corps.
La cinquième est noire, Incèle lui donne la mort.
C'est alors qu'une étincelle frémissant d'une nébuleuse l'arrête.
Elle s'arrête, également, comme peu d'étincelles le fond, et rarement.
Alors son visage se dessine pendant qu'Incèle est en train de tomber entre deux instants. Cela dure un peu, le temps que le visage articule d'entre le vide :
- Je suis la part que tu as laissé en entrant ici. Tu verras, la vie est agréable ou autre chose... Nous nous retrouverons, en attendant je te suivrais à chaque renouvellement de ton expérience. Tu va vivre, jusqu'à ce que tu saches le faire ; et tu recommenceras, pour moi, parce que c'est ainsi que l'existence tend à incarner l'essence...
Incèle a mal.
Il s'éveille, une journée commence. L'insecte qui lui sert de corps est terriblement douloureux. Il est fragile. Il est sensible. Il est phénoménal. En un rien de rien, et l'échec existentiel est cuisant : le moustique meurt, et Incèle recommence alors avec un autre insecte. Il doit y avoir quelque chose à espérer à ce cycle, mais tenter de se rappeler les cinq dons aux âmes est déjà trop tard pour la mise en formol du cadavre de son éternité interrompu par vie, par incarnation, par substancification, par...
L'insecte vole.
Incèle bat des ailes, il cherche des minéraux, des cadavres encore plus petits que lui. Et il meurt de sa journée. Un cycle d'alimentation dans le one-shot de sa vie. L'insecte vient, il s'en va. Et puis Incèle change de couleur d'une vie à l'autre, c'est déjà ça.
Doré.
Il se souvient les éléments.
Rouge. Le temps.
Bleu. L'esprit.
Vert. Le corps.
Noir. La mort. La fin de l'univers. Le point de certitude.
Les âmes sont des fantômes.
Ils ont en guise d'amulette, un pouvoir sur les fondements.
Mais de leur pouvoir nait leur faute, et pour l'instant d'Incèle, qui a la particularité de ne pas en avoir, eh bien c'est d'une prison qu'ils tentent alors de scier les barreaux. Entrer, sortir, tout perd sens, lorsque voyage l'âme au-delà de la vie. La conception change tout.
Incèle pompe du sang de géant.
Il creuse des galeries.
Il transporte des poussières.
Il en amasse aussi.
A force de millénaires disséminés dans le temps étiré d'un début à une fin, ul a vogué, ul a navigué. Les moustiques ne lui ont plus aucun secret.
Lorsqu'ul retrouvera ses âmes croisées.
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