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NB : je vous conseille cette édition grand format car elle a des illustrations qui exemplifient le texte, et c'est essentiel si on veut comprendre ce que dit Artaud (à moins d'avoir toutes les oeuvres en tête ou de googler).
"Pour Antonin Artaud, Van Gogh n'est pas fou. Il est au contraire d’une lucidité hors du commun, une lucidité qui ébranle les certitudes de son époque. Entrant en conflit avec la société dans son ensemble, il vit un exil intérieur et une exclusion, ce qui le conduit au suicide, après s’être brûlé la main et coupé l’oreille. Antonin Artaud montre comment, à travers l’exemple de Gérard de Nerval, la société tente d’étouffer ceux qui révèlent les secrets et les tares. Van Gogh révèle «d'insupportables vérités», notamment la définition du fou par les psychiatres. La psychiatrie, en tant qu’institution émanant de l’ordre, est utilisée afin de museler tous ceux qui ont une parole non orthodoxe. Artaud ne peut s'empêcher d'établir un parallèle entre le parcours du peintre néerlandais, et son propre parcours, interné durant 9 années « comme le pauvre van Gogh », d'où un ton agressif contre une certaine conception de la psychiatrie.
Parallèlement, cet essai est une réflexion plus générale sur la peinture, et un hommage aux œuvres de van Gogh, de la part du poète."
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Le texte commence par un blâme contre la psychiatrie et le psychiatre de Van Gogh.
"La polémique contre la psychiatrie se manifeste dans le ton du blâme et de la véritable invective, dès les premières pages : « En face de la lucidité de Van Gogh qui travaille, la psychiatrie n’est plus qu’un réduit de gorilles eux-mêmes obsédés et persécutés et qui n’ont, pour pallier les plus épouvantables états de l’angoisse et de la suffocation humaines, qu’une ridicule terminologie / digne produit de leurs cerveaux tarés ». Antonin Artaud met en scène d’abord les discours de son psychiatre, le « Dr. L... », puis du médecin de Van Gogh, le docteur Paul Gachet, et, dans les deux passages, il s'efforce d’entrelacer les deux expériences : dans le premier par la mention du « corps de Van Gogh », dans le deuxième par l’insertion d’une confession autobiographique : J’ai passé 9 ans dans un asile d’aliénés et je n’ai jamais eu l’obsession du suicide, mais je sais que chaque conversation avec un psychiatre, le matin, à l’heure de la visite, me donnait l’envie de me pendre, sentant que je ne pourrais pas l’égorger. Antonin Artaud écrit encore : Un fou Van Gogh ? Que celui qui a su un jour regarder une face humaine regarde le portrait de Van Gogh par lui-même […] Je ne connais pas un seul psychiatre qui saurait scruter un visage d’homme avec une force aussi écrasante."
wikipedia
Je l'ai lu il y a un certain temps à la bibliothèque, je ne l'ai plus donc je ne peux pas citer. Mais c'est un bon résumé. Il faut aimer Artaud je dirais, plus que Van Gogh, lui c'est facile de l'aimer. Artaud prend beaucoup de place, même si l'hommage est fiévreux et puissant. Moi ça ne me dérange pas. L'objet livre, dans cette édition, a aussi le bon goût d'être en grand format, et quand on n'a pas de musées à sa disposition, c'est toujours ça, surtout qu'on peut vraiment voir le détail des tableaux illustrant le texte puisqu'ils s'étendent sur les deux pages. Je vous le conseille !
L'oeuvre est catégorisée "essai" mais on pourrait tout aussi bien la mettre en "poésie", étant donné qu'Artaud fait du Artaud et qu'il dissémine quelques vers de-ci de-là.