Le Monde de L'Écriture

Coin écriture => Textes courts => Discussion démarrée par: colette le 01 Mars 2013 à 23:10:25

Titre: R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 01 Mars 2013 à 23:10:25
Assise à son bureau de style Louis XV, R relisait les partitions qu’elle avait choisi d’interpréter. La représentation avait lieu le soir même au théâtre M, endroit d’exception ou toute la bourgeoisie de T avait l’habitude de se rassembler. Sept heures sonnèrent quand la porte de sa chambre s’ouvrit brutalement.
-   L ! Que viens-tu faire ici ? S’empressa-t-elle de demander au garçon qui venait d’entrer.
-   Pardonne-moi de te déranger de la sorte. Je dois te parler immédiatement. Des problèmes m’attendent à S et je n’ai d’autres choix que de partir les régler. Répondit-il d’une voix mal assurée. Confuse, la jeune femme se leva et se posta face à l’homme.
-   Si tard ? Que peut-il y avoir de si urgent ? Dit-elle, fronçant les sourcils.
-   Je n’ai pas le temps de t’expliquer, je t’écrirais dès demain, sois en certaine. Je dois y aller à présent. Sur ces mots, il attrapa ses mains et déposa sur sa joue un fugitif baiser.
-   Je t’en prie accorde-moi une minute encore ! Tu ne peux partir et me laisser seule avec mon désarroi ! Implora-t-elle, cherchant dans son regard une explication, mais il n’y en eu pas. L claqua la porte sans se retourner. R resta immobile, écoutant le bruit des pas précipités descendant les escaliers de bois.
-   Que vais-je faire à présent ? Il ne me reste plus qu’à prier. Ô comme je hais les énigmes avec lesquelles il me laisse si souvent ! Pensa-t-elle en s’asseyant sur le lit.
La jeune femme n’eut que peu de répit. Pas dix minutes passèrent avant qu’on l’incommoda de nouveau.
-   Votre voiture est avancée Madame.
-   Merci O, je descends dans un instant.

Dans la calèche qui l’amenait en centre-ville, R se laissa aller à quelques rêveries. Comme souvent, une douce mélancolie s’empara d’elle. La neige en gros flocons tombait sur le sol, le recouvrant abondamment. Revêtue d’une robe vert émeraude, elle avait relevé ses longs cheveux bruns. Ne pouvant cesser de rejouer cette scène dans son esprit, elle sorti de son soutien-gorge un bout de papier chiffonné et en partie déchiré. Sur celui-ci on pouvait lire ces quelques morts « La résonance de ton violon accompagnera mon âme partout où j’irai. ». Une larme quelle ne put retenir vint mouiller le papier. Superstitieuse, elle sortit également une statuette en ivoire de sa poche, qu’elle serra contre son cœur en récitant un angélus. La tristesse et la solitude l’avaient apprivoisé durant ces longues années.

Une fois de plus, le temps sembla lui filer entre les doigts. La jeune femme se retrouva bientôt sur scène, son instrument posé sur son épaule. Elle exécuta de nombreux morceaux, notamment un extrait de la neuvième symphonie de Dvorak, qu’elle avait retravaillé pour l’occasion, ainsi qu’un nocturne de Chopin.
Puis ce fut le tour d’autres artistes et R leur laissa sa place. Comme à l’accoutumée, une agape était organisée à l’étage. D’habitude, elle aimait s’y détendre, entourée de quelques amis. Cependant ce soir-là, R se dirigea vers la sortie, bien décidée à éviter les mondanités, lorsqu'une voix féminine l’apostropha.
-   R ! Tu as été radieuse, comme toujours!
-   Oh, merci B. Répondit l’intéressée, dans un timide sourire. Pardonne-moi mais je m’apprêtais à partir.
-   Allons ! Tout le monde ne parle que de toi ! Tous t’attendent en haut ! Rétorqua son amie. N’as-tu pas envie de te saouler de bon vin et de rire avec nous ? Persista-t-elle joyeusement.
-   Puisque tu insistes, c’est qu'il doit y avoir une raison. Se résigna la jeune femme. Sans plus attendre, B la pris par le bras et l’entraina vers le salon.
-   C et moi discutions, j’ai l’impression que je lui plais. Chuchota-t-elle, toujours autant animée.
Un groupe de jeunes gens s’étaient réunis, se partageant deux grands canapés et quatre fauteuils. Au centre était placée une table basse, sur laquelle trônait un amas de bouteilles, vides autant que remplies.
-   R ! Chère amie ! Comment vas-tu ? Demanda un jeune homme.
-   Veux-tu boire quelque chose ? Ajouta un second.
-   Volontiers, un verre de champagne s’il-vous-plait.
Une fois servie, R prit la peine de répondre aux questions qu'on lui posa. Son esprit n’en restait pas pour le moins ailleurs. Comme captivée par l’invisible, se laissant aller à l’invertie et observant le vide, parmi les éclats de rires et les explosions de joie.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 01 Mars 2013 à 23:39:13
Ecriture et forme irréprochables pour moi.

Cependant, il manque un petit plus. Peut-être parce que je suis restée sur ma faim? Oui, voilà, y a de ça.
Puis, il y a un truc qui me gêne, c'est ceci: Le texte tend un peu vers les romans Harlequin et c'est pas ma tasse de thé. Voilà, c'est très subjectif après tout, ça pourrait plaire à d'autre, qui sait.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 01 Mars 2013 à 23:49:17
Tout d'abord, merci beaucoup d'avoir pris la peine de me lire et de me répondre.
Je pense comprendre tout à fait votre point de vue.
A mes yeux également cela fait un peu cliché, parait parfois vide de sens..
Le problème est que j'ai beaucoup d'images et d'idées en tête.
Au moment de les poser sur papier, je me confronte a l'écriture, à la mise en mots
et cela change quelques peu ce que j'avais imaginé.
Je me console en me disant que ce n'est qu'un premier jet,
que cette nouvelle fera partie d'un ensemble plus large de nouvelles plus ou moins liées entre elles.
Enfin bref! Merci encore!
Titre: Re : Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 01 Mars 2013 à 23:55:29
Tout d'abord, merci beaucoup d'avoir pris la peine de me lire et de me répondre.
Je pense comprendre tout à fait votre point de vue.
A mes yeux également cela fait un peu cliché, parait parfois vide de sens..
Le problème est que j'ai beaucoup d'images et d'idées en tête.
Au moment de les poser sur papier, je me confronte a l'écriture, à la mise en mots
et cela change quelques peu ce que j'avais imaginé.
Je me console en me disant que ce n'est qu'un premier jet,
que cette nouvelle fera partie d'un ensemble plus large de nouvelles plus ou moins liées entre elles.
Enfin bref! Merci encore!

Je ne dis pas ça pour te décourager loin de là!
Je dis juste que tu es un petit peu restée en surface, j'aurais aimé plus de profondeur chez les personnages.
Il y a aussi une espèce de romantisme à la Harlequin qui ne m'a pas touchée, mais comme je le disais, c'est très subjectif.
De toute façon, ta façon d'écrire reste prometteuse.
Il y a quelque chose dans ton texte, à toi de le révéler.
Bon courage Colette et merci pour ce texte.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 02 Mars 2013 à 00:02:42
Vous ne me découragez pas! N'ayez crainte!  ;)
Mais je comprends, je suis assez d'accord! Je vais donc essayer de reprendre tout ça, pour donner plus de corps et de profondeur, de toute façon l'histoire va continuer!
Merci à vous   :D
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: ElodieF17 le 02 Mars 2013 à 00:05:01
J'ai trouvé ça très bien, ça donne envie de lire la suite. Mais par contre, j'ai eu du mal à m'imaginer les personnages, un peu plus d'informations sur eux serait bien. Mais sinon, c'est vraiment bien !
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 02 Mars 2013 à 00:18:30
Je suis si vieille que ça pour que tu me vouvoies?
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Amaneith le 02 Mars 2013 à 03:17:44
Bonjour, j'ai lu tout ton petit texte et je vais te donner mon avis, le premier qui plus est !

Tu écris bien, vraiment. C'est agréable à lire, simple, les tournures ne sont pas lourdes... Bref, ça me plait !
Par contre, je ne te cache pas que le contexte ne me parle pas plus que cela, et comme l'a dit l'un de mes voisins du dessus, il est difficile d'imaginer les personnages, même si grâce à deux ou trois informations ( comme la calèche ) on peut approximativement supposer l'époque dans laquelle ton histoire se passe. Le texte éprouve cependant une certaine banalité qui m'ennuierait à long terme, disons que cela fait très " roman à l'eau de rose ", et je n'affectionne pas particulièrement ce genre :).

Mais le principal c'est que tu apprécies ce que tu écris, si cela t'inspire alors n'hésite pas à continuer. De mon côté je continuerai de lire tes prochains textes !
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Baptiste le 02 Mars 2013 à 04:48:21
Salut
Comme les autres, j'ai trouvé ça fluide au niveau de l'écriture sauf a quelque moment :

"-   Je t’en prie accorde-moi une minute encore ! Tu ne peux partir et me laisser seule avec mon désarroi ! Implora-t-elle, cherchant dans son regard une explication, mais il n’y en eu pas.
Je trouve ça un peu lourd, pas très jolie

-   Que vais-je faire à présent ? Il ne me reste plus qu’à prier. Ô comme je hais les énigmes avec lesquelles il me laisse si souvent ! Pensa-t-elle en s’asseyant sur le lit."
Idem
"-   Oh, merci B. Répondit l’intéressée, dans un timide sourire. Pardonne-moi mais je m’apprêtais à partir.
-   Allons ! Tout le monde ne parle que de toi ! Tous t’attendent en haut ! Rétorqua son amie. N’as-tu pas envie de te saouler de bon vin et de rire avec nous ? Persista-t-elle joyeusement.
-   Puisque tu insistes, c’est qu'il doit y avoir une raison. Se résigna la jeune femme. Sans plus attendre, B la pris par le bras et l’entraina vers le salon.
-   C et moi discutions, j’ai l’impression que je lui plais. Chuchota-t-elle, toujours autant animée."

Globalement trop de verbes pour introduire le discours, avec chaque fois un complément, je trouve que ça alourdit le dialogue.
En plus a chaque fois, je sais pas pourquoi mais ça me fais pensez à la phrase de Chépuki (c'est peut être Dumas)
"Ah Ah ! Fit il en portugais..."  et ça me fais rire
Donc un conseil allège un peu.

A et en parlant de Chépuki, c'est rigolo de nommer par des lettres la ville et les perso mais du coup je trouve que ça fait très XIXe siècle ( Genre Stendhal, Zola, je sais plus)

enfin voilà
Au plaisir
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 02 Mars 2013 à 08:23:50
Merci pour ces nouveaux conseils!

Mnemosyne non tu n'es pas trop vieille! C'est juste une habitude, on vient de se rencontrer, mais je vais tutoyer tout le monde ce sera plus simple  ;)
J'ai pris en compte vos remarques et je vais modifier ce texte. Je vais faire en sorte d'ajouter des éléments de description, pour que l'on puisse mieux s'imaginer les personnages, les décors, l'époque.
En fait, je n'en ai pas mis beaucoup car j'ai lu qu'une nouvelle ne devait pas s'éterniser sur ce point, mais vu que c'est un de mes premiers essais, j'ai du en faire trop.
Je vais réfléchir aux tournures que tu m'as montré Baptiste, merci  :)
Par contre ce qui me dérange le plus, ce sont vos avis unanimes quant au style roman à l'eau de rose, ennuyeux...
Je pense que c'est vraiment un problème de fond, que c'est lié intimement à ma façon d'écrire, car ce n'est en aucun cas ce que je recherche. Peut-être que j'utilise seulement des mots assez vides, aseptisés ou peu frappants. Peut-être est-ce lié à autre chose, je ne sais pas, mais ça m’embête beaucoup.
Alors si vous pouviez me dire ce qui engendre ce ressenti exactement, ce serait génial, comme ça je pourrais y réfléchir et changer ça pour de bon!

A part ça, les compliments que vous m'avez fait sur ma manière d'écrire me touchent beaucoup. Moi qui n'ai pas vraiment confiance, c'est le moins que l'on puisse dire, ça me prouve que tout n'est pas perdu et qu'avec du travail je pourrais transformer les images qui me trottent dans la tête en quelque chose de bien.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 02 Mars 2013 à 11:03:42
Bon! Bon! Bon!
Je reviens vers vous après une matinée pendant laquelle j'ai beaucoup écris.
Je n'ai que trop peu corrigé les erreurs dont vous m'avez parlé, mais je me suis sentie inspirée!

Suite de la nouvelle:

Cela faisait longtemps qu’elle aimait L. Cela faisait longtemps qu’elle n’imaginait plus sa vie sans lui. Elle l’avait rencontré par hasard, lors d’une des nombreuses soirées maniérées qui rythmaient la vie de ce petit cercle fermé. Souffrant de ne pas se sentir à sa place parmi les siens, ennuyée par des conversations dérisoires et futiles, R avait profité d’un moment de trouble pour s’échapper des frivolités. Elle était sortie sur la terrasse de la bâtisse et profitait d’un un air dépourvu de fumée épaisse. Là, à deux pas à peine, adossé au rebord d’une fontaine, se trouvait un homme qu’elle n’avait jamais vu. Elle ne distinguait qu’une ombre floue dans la lumière du crépuscule. Celle-ci laissait toutefois entrevoir un corps longiligne, une carrure d’esthète.
-   Bonsoir Mademoiselle. Murmura-t-il, coupant R dans son observation, la troublant par cette voix grave à laquelle elle ne s’attendait pas.
-   Bon…Bonsoir. Bafouilla-t-elle en guise de réponse.
-   Pardonnez-moi, je vous importune peut-être ? S’inquiéta-t-il.
-   Pas le moins du monde, n’ayez crainte. Je suis juste un peu étourdie par le vin. Tenta-t-elle alors de se justifier, envahie par un mélange délicieux de honte et de timidité qu’elle ne comprenait pas.
Sans même qu’elle ait pu s’en rendre compte, ils avaient engagé la conversation et commencé à se balader dans les vastes jardins. Autour d’eux s’étalaient des parterres verdoyants et fleuris, c’était la saison des amarantes. Ils badinèrent un moment qui parut durer une minute à peine. Vu de près, L n’était pas moins impressionnant. Doté d’un teint méditerranéen, il avait des cheveux bruns mi- longs et des yeux pétillants. De par sa tenue et son comportement, on lui prêtait facilement un rang honorable. Son caractère laissait deviner aisément un tempérament impétueux. Ses tempes quelques années de plus que la jeune femme, alors âgée d’une quinzaine d’années. Farouchement opposés, ils se trouvèrent. Réciproquement et indéniablement. De cette rencontre fortuite était née une idylle comme organisée par le destin.

-   R ! R !
-   Elle est dans ses pensées ! S’amusa à faire remarquer B à l’ensemble des convives.
-   Il se fait tard, je devrais rentrer. Conclu R, touchée par ce souvenir encore vivace dans son esprit.
Ignorant l’insistance de ses amis qu’elle jugea mal venue, elle partit sans même les saluer. Certains garçons amourachés lui pardonnèrent, d’autres jalouses la jugèrent plus sévèrement encore.
On parlait souvent d’elle dans son entourage. De manière générale, elle était sujette à pourparlers, ne lassant personne indifférent. On lui reprochait une froideur apparente, lui attribuait un caractère lunatique. On était hypnotisé par ce charme qu’elle dégageait, par le mystère qui l’entourait.
-   Dire qu’elle est la favorite ! Avec des qualités telles que les siennes, vivre ne sera pas emploi facile ! Cracha une invitée.
-   L’on s’enthousiasme d’avantage qu’on le devrait ! C’est une évidence, madame C.
-   Vous vouez connaitre mon ressenti ? Eh bien, je la plain, moi, cette pauvre R ! Ajouta une autre.
Un homme d’âge mur s’immisça dans ce cercle composé alors de quelques femmes. Vêtu d’un costume trois pièces gris, il abordait un air austère.
-   Surveillez vos paroles ! N’avez-vous pas honte de calomnier R de la sorte ?
-   Allons donc mon cher. Personne n’est dupe à son propos. Rétorqua B.
-   Il faut dire quelle le cherche ! S’exclama une autre en pouffant.
-   Votre indécence est sans limites. Votre vergogne déplacée. Ne vous étonnez pas, Mesdames, de n’être rejetées qu’au second plan et non adulées comme vous le désirez. Pourvues de si rustres manières, votre éducation laisse penser que vous avez grandi dans les étables du palais !
Cria-t-il d’un ton ferme, avant de tourner les talons, laissant derrière lui des jeunes femmes indignées. Des hôtes ayant assisté au spectacle se turent et les examinèrent, indisposés et agacés. Parées des plus beaux ornements, les dames n’en étaient pour le moins rabaissées et souillées.

R se réveilla difficilement le lendemain. Son sommeil avait été plus agité encore que la nuit qu’elle avait passée. Un mauvais pressentiment s’était emparé d’elle et ne lui offrait aucun répit. Elle sentait dans sa chair et dans son âme une augure détestable. Décidée à s’en débarrasser, elle sorti de son lit, enfila une robe et fit appeler son chauffeur.
-   42 avenue du D, je vous prie.
A peine eu-t-elle prononcé ces mots que la voiture partit à vive allure. Voyager était pour elle une source de contentement, un moment d’accalmie qu’elle aimer apprécier. Bien qu’il ne s’agissait là que de traverser la ville, elle s’abandonna à ses songes avec bonheur. La brume épaisse se mariait à la luminosité éblouissante de cette matinée d’hiver. Bercée par la route, confinée dans cet espace clos, elle posait son regard sur les passants et son esprit s’envolait, léger et insouciant.
-   Nous y sommes Madame. Annonça le cavalier.
-   Attendez-moi ici, je n’en ai pas pour longtemps.
La calèche s’était arrêtée dans une étroite ruelle du sud de T. Le sol de terre battue, les vieilles pierres constituant l’ensemble des façades, les volets décrépits, tout semblait décousu et abandonné. La pauvreté de ce quartier n’était plus à démontrer. Ce n’était pas la première fois que R se rendait au 42 avenue du D, on pouvait même affirmer qu’elle connaissait bien l’adresse. Cela ne l’empêcha pas d’être surprise comme au premier jour, quand un enfant courant nu pied manqua de la renverser. Sans plus attendre, elle toqua à l’étroite porte sombre se situant devant elle.
-   R vous demande. Chuchota-t-elle par la lucarne, sans qu’on lui demande quoi que ce soit.
La porte s’ouvrit lentement dans un grincement agonisant. Sans commentaires, la jeune femme se faufila à l’intérieur.

-   Comment est-ce possible ? Comment cela a-t-il pu arriver ? Hurla L en faisant les 100 pas.
Le jeune homme se trouvait dans un cabinet décoré avec soin. De l’immense fenêtre, on pouvait admirer d’abruptes montagnes. Entre les roches, un ruisseau parcourait une descente infernale.
-   Croyez bien que je suis autant offusqué que vous Monsieur. Je me retrouve bras et poings liés, dans une situation qui m’échappe. Lui répondit un homme, assis derrière un imposant bureau.
-   Vous avez du pouvoir ici ! Vous ne me ferez pas croire que vous n’y pouvez rien changer ! Que vous ne savez rien !
Soudainement, le ton de l’interlocuteur changea. Une voix doucereuse habilla ses paroles, son attitude devint charitable.
-   Perdre votre sang froid ne vous mènera à rien. Asseyez-vous, je vous en prie. Discutons calmement entre hommes érudits.
Vous n’êtes pas sans savoir, que le dernier convoi de N a rencontré bon nombre d’imprévus lors de son acheminement vers H. Pour cause, des intrus déguisés en gardes du pays, ont contrôlés abusivement les sentiers et les routes. Notre ennemi et commun. Si nous le laissons faire, il nous maitrisera d’avantage.
-   Surveillez donc vos routes à leur place ! Renforcez les barrages, multipliez la présence de vos hommes aux frontières !
-   Bien entendu, cela est déjà fait. Il nous faut comprendre les raisons de l’intérêt soudain qu’ils portent à notre patrie.
-   Nous constatons depuis fort longtemps les troubles qui nous lient aux contrées avoisinantes. Soyez sérieux ! Le monde va mal et cela ne date pas d’hier ! Insista L, les bras en appuis sur le meuble, le regard pénétrant celui du chef de canton.
-   Quelque chose vous échappe. Il y a du nouveau. Le processus s’est accéléré. L’ennemi n’est pas celui que vous croyez et nous n’en sommes pas les seules victimes. Les pays de Z, de F et de P sont également fouillés par d’envahissants étrangers.
-   Qu’en déduisez-vous alors ? Par intellection et entendement, des atouts qui sont vôtres, soumettez moi vos marottes ! Souffla L, perdant patience.
-   Ils cherchent quelque chose, car quelque chose est parvenu. Ils ne savent pas où, mais ils savent pourquoi. Voilà pourquoi ils cherchent très cher ! Voilà le sujet de mes obsessions !
Titre: Re : Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 02 Mars 2013 à 12:37:49
Merci pour ces nouveaux conseils!

Mnemosyne non tu n'es pas trop vieille! C'est juste une habitude, on vient de se rencontrer, mais je vais tutoyer tout le monde ce sera plus simple  ;)

Par contre ce qui me dérange le plus, ce sont vos avis unanimes quant au style roman à l'eau de rose, ennuyeux...
Je pense que c'est vraiment un problème de fond, que c'est lié intimement à ma façon d'écrire, car ce n'est en aucun cas ce que je recherche. Peut-être que j'utilise seulement des mots assez vides, aseptisés ou peu frappants. Peut-être est-ce lié à autre chose, je ne sais pas, mais ça m’embête beaucoup.
Alors si vous pouviez me dire ce qui engendre ce ressenti exactement, ce serait génial, comme ça je pourrais y réfléchir et changer ça pour de bon!

Je n'ai pas dit que j'étais vieille, je te taquinais.
Pour ce qui est du style, pose-toi la question "quel est le public visé" déjà. Ensuite, c'est pas vraiment péjoratif, parce qu'il y en a qui aiment ça, les romans à l'eau de rose.
En lisant la suite de ton texte, j'ai trouvé ça encore moins profond que la première partie et fade. Aucune surprise dans la suite des événements. Les personnages sont inintéressants pour moi. J'ai pas accroché. Je m'attarde sur ton texte parce que tu me dis qu'écrire des trucs "gnagnagna" n'est pas ton but. Voilà.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 02 Mars 2013 à 13:24:07
Oui j'entends ce que tu me dis.
Je me demande alors si ce n'est peut-être pas mon style d'écriture tout simplement.
En ce qui concerne le public visé, je n'ai pas vraiment envie d'y songer.
Je n'ai pas réellement envie d'écrire pour d'autres que moi.
Si un jour c'est le cas, je me dirais alors que ça plaira a qui ça plaira et puis c'est tout  :)
Je vais réfléchir aux rebondissements et aux personnages car malgré tout, ton avis
m'importe beaucoup. C'est toujours bon d'entendre l'avis de gens différents.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 02 Mars 2013 à 13:31:18
Je pense que si tu commences déjà par donner plus de profondeur et de complexité à tes personnages, le reste suivra tout simplement. Une astuce: petite fiche pour les personnages avec tous caractéristiques? Ça pourrait t'aider à construire ton histoire.

Bon courage, et au plaisir de te lire Colette.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Amaneith le 03 Mars 2013 à 01:06:40
Bonsoir, j'ai lu ta suite et je vais la commenter !

Comme pour mon premier commentaire, je n'ai pas grand chose à signaler concernant l'écriture ou le style, c'est très bien. Cependant, il y a quelques petits points qui me chiffonnent un peu !

- Pourquoi énoncer tous les personnages ainsi que les lieux par des lettres ? Je trouve que cela fait très impersonnel, de plus, cela devient difficile à lire au bout d'un certain temps. Par exemple nous n'avons aucune information concernant " B ", l'amie de " R ". De même pour " R " qui est le personnage principal de ton récit. Néanmoins tu commences à détailler " L " au début de ton récit, ce qui est très bien. Tu devrais continuer avec les descriptions physiques, dévoile nous l'apparence de ton personnage principal, mais également de ses amis ou confrères.

- Le second point concerne scénario, tu nous lance dans une histoire qui est déjà en cours. En lisant tes deux premiers récits, j'ai l'impression d'avoir commencé un livre à la page 15-20, comme si j'avais omis quelque chose. C'est un bombardement plutôt soudain et difficile à encaisser avec tous ces personnages ainsi que lieux nommés d'une seule lettre :) Cela aurait été je pense moins problématique avec de véritables noms, ce qui nous fait revenir à mon premier point.

- Pour en revenir au fond qui semble très proche des romans Harlerquins ou à l'eau de rose, cela se manifeste d'autant plus avec ton second écrit. Cela n'a rien à voir avec les mots que tu utilises, ou bien même la tournure de tes phrases. Actuellement, nous suivons les histoires d'amour d'une violoniste. Sa réaction quant à la rencontre du nouvel homme mystérieux à la voix grave amplifie d'autant plus mon avis. Quand tu veux mettre en avant les sentiments amoureux de ton personnage, tout le reste passe en second plan et tu focalises l'attention du lecteur la dessus. Je pense que c'est la où ça coince.

Je pense avoir fait le tour, sache que je lirai la suite, si tu juges ma critique utile bien entendu. :)
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 03 Mars 2013 à 13:19:04
J'ai fait l'expérience de faire lire à Mnemosyne un autre de mes textes, sur un sujet différent.
Cela m'a permis de comprendre que le style Harlequin dont nous parlons ici, n'est propre qu'au thème.
Cela m'a fait beaucoup de bien de savoir que je peux écrire autre chose et que ça peut être pas trop mal.
Du coup, j'arrive beaucoup plus à assumer ce côté fleur bleue dégagé dans cette nouvelle.

J'ai en fait le projet d'écrire un recueil, qui sera constitué d'une multitude de nouvelles de la sorte.
Les protagonistes seront plus ou moins liés entre eux et bien que vivant des choses différentes séparément, ils
évolueront dans le même monde. Le texte que je vous ai ici présenté parle d'une histoire d'amour et je suis finalement assez
satisfaite qu'il prenne cette tournure.

Une fois que j'aurais écrit d'avantage et que j'aurais avancé dans l'intrigue, je reprendrais tout depuis le début, pour donner
aux personnages plus de profondeur et de complexité, ainsi que plus de descriptions. J'étofferai plus tard.
Pour l'instant, puisque rien n'est terminé, je préfère laisser de simples lettres pour nommer les personnages et les lieux, car
je ne veux pas me laisser influencer par un nom. Ça peut paraître étrange mais je pense leur en donner un après avoir finit l'écriture. Je comprends entièrement le fait que cela commence à devenir compliqué pour les lecteurs du coup.

En tout cas, vos différents avis m'aident énormément à avancer et à y voir plus clair. Je trouve ça vraiment génial. C'est
une expérience que je ne connaissait pas et que j'aime beaucoup. Je vous remercie une énième fois du fond du coeur.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 03 Mars 2013 à 13:25:03
Ne pas donner de nom à ses personnages vient d'une autre raison plus obscure Colette:) .
Je fais pareil aussi, ce n'est pas grave. Ca embrouille juste le lecteur qui se perd dans les "elle" et les "il".
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 03 Mars 2013 à 13:32:01
Une autre raison plus obscure?
Je suis curieuse de la connaitre.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: Mnemosyne le 03 Mars 2013 à 13:36:02
Pour ma part, c'est un refus de leur donner un visage. Ca me rassure de les savoir que sur papier.
Voilà, c'est ridicule, j'sais.
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: colette le 03 Mars 2013 à 13:39:58
Non c'est loin d'être ridicule.
On a tous nos raisons de faire certaines choses, certains ne comprennent pas mais c'est pas grave.
Si cela ne te dérange pas, te permet d'écrire comme tu le souhaites, il n'y a pas de problème.
Peut-être est-ce révélateur d'une sorte de névrose, mais qui n'en a pas?  ;)
Titre: Re : R et L, une nuit d'hiver
Posté par: western le 04 Mars 2013 à 02:09:26
effectivement,  il y a beaucoup de complémentaires, tellement systématique que ça en devient ti'peu pénib' . outre le fait que ça prend le lecteur en otage, il n'a pas le loisir de s'imaginer des trucs, là tu mets clairement les points sur les i.

le style vieille époque.. bon .. why not. le risque est que ce soit trop policé.

il y a chez toi une recherche de perfection formelle, il faut que tout soit précis et dit, mais par moment c'est au dépend de toute vraisemblance. le style l'emporte trop sur la situation.

"Je dois te parler immédiatement... Répondit-il d’une voix mal assurée."    pas possib'. c'est au contraire tres assuré.
 "Sur ces mots, il attrapa ses mains et déposa sur sa joue un fugitif baiser."  pas possib'. s'il attrape ses mains, c pas fugitif.
 "Pas dix minutes passèrent avant qu’on l’incommoda de nouveau. -  Votre voiture est avancée Madame."  pas possib'.  si elle commande une voiture et qu'on vient lui annoncer, ça ne l'incommode pas du tout.
 "Puisque tu insistes, c’est qu'il doit y avoir une raison. Se résigna la jeune femme" .  pareil, la résignation ne me semble pas convenir, là.