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Coin écriture => Textes courts => Discussion démarrée par: arwen le 19 Novembre 2010 à 19:56:05

Titre: Du bout des doigts
Posté par: arwen le 19 Novembre 2010 à 19:56:05
Une autre petite nouvelle ( toujours un peu sur le même thème que d'habitude, désolée ! hi ! Mais un peu moins polémique, je crois )




Du bout des doigts



Du bout des doigts, Chirine pioche une fraise au fond du saladier. Elle croque le fruit sucré. Juste la pointe, et sourit pour elle-même, absorbée par ses pensées.
Un claquement de doigts la ramène à la réalité.
« On peut savoir ce qui t’arrive ? Tu n’arrêtes pas de rêvasser ! »
Elle baisse les yeux et rougit sous la réprimande. Sa mère sourit, indulgente, sans quitter le fourneau où elle prépare le repas du soir.
« Moi, je sais. Elle est amoureuse ! » se moque Abia.
Elle proteste contre sa sœur aînée, mais se tait. Elle sent le rouge lui monter  un peu plus aux joues. Et puis, Abia est au courant depuis longtemps et leur mère se doute de quelque chose, elle le sait. Curieuse, elle pose la question incontournable : qui est l’heureux élu de son cœur ? Qui donc la fait rougir lorsqu’elles parlent sentiments amoureux ? À qui pensait-elle en croquant ce fruit rouge juteux et parfumé ?
Elle sourit et gobe ce qui reste de la fraise. Sa mère répond à sa place.

« Walid ? »
Le jeune homme, étendu à ses côtés, sur le ventre, au milieu des draps défaits, grogne une réponse inaudible. Chirine insiste :
« Tu dors ? »
Un deuxième grognement lui répond. Le garçon ne tourne même pas la tête sur l’oreiller. Il lui présente sa nuque bronzée et ses cheveux noirs hérissés. La peau, mate et dorée, trempée d’une fine pellicule de sueur, luit un peu sous le rayon de soleil qui la caresse.
Chirine sourit, amusée par le spectacle. Malgré le milieu d’après-midi, Walid s’est aussitôt endormi. Elle l’a regardé sombrer comme un bébé, a écouté sa respiration paisible.
Elle se penche et cueille une fraise dans le saladier posé sur la table de chevet.
Ils ont fait l’amour.
Elle le regarde dormir et goûte à la chair tendre du fruit. De sa main libre, elle suit le tracé de la colonne vertébrale sous cette peau humide. La chaleur caniculaire sur Gaza accable la ville. Une coupure de courant a réduit à l’impuissance toute climatisation ou ventilateur et le bord de mer ne parvient pas à rendre moins étouffante l’atmosphère de cette chambre d’hôtel.
Ils ont pourtant fait l’amour. Avec une langueur humide, avec le goût salé de la sueur sous leurs lèvres.
Elle n’a pas eu mal. Elle n’a pas saigné.
Et Walid s’est endormi à côté d’elle, en plein après-midi.
Le jus rosé du fruit qu’elle savoure coule un peu sur la peau hâlée de son amant. Il frissonne et elle sourit.

Chirine baisse les yeux, gênée : comment sa mère a-t-elle deviné ? Ils ont pourtant fait attention à être discrets. Ils ne se sont jamais embrassés, jamais tenus par la main dans la rue. C’est à peine s’ils osent marcher côte à côte sur les trottoirs. À moins que cette femme perspicace, qui la connaît mieux que personne, ne l’ait surprise, aujourd’hui, sauter au cou du jeune homme pour lui annoncer la bonne nouvelle, en pleine rue. À moins qu’elle ne les ait vus échanger un baiser fougueux et impudique devant ce parterre d’hommes interloqués à la terrasse d’un café.
« C’est un garçon très gentil. Ne rougis pas comme ça ! Ça fait des mois que je vous vois vous tourner autour ! »
Chirine détourne le regard et dérobe une dernière fraise. Sa mère ne dirait pas cela si elle savait ce qu’ils ont fait quelques heures plus tôt.
Comment se sont-ils trahis ?
Walid est un ami de la famille. Ses parents l’invitent souvent à manger ou juste passer prendre le thé. Et ils ont bien fait attention à ne pas trop se sourire, à ne pas sembler trop s’intéresser l’un à l’autre.
Abia a-t-elle vendu la mèche ? Non, sa sœur sait garder un secret. Elle lui fait confiance pour ça. Tout comme Walid fait confiance à son ami Mahmoud, propriétaire de l’hôtel, pour couvrir leurs rencontres clandestines depuis presque dix-huit mois…

Il se réveille et tourne un regard encore embrumé de fatigue, Chirine se penche pour échanger un baiser. Il pose une main sur son sein gauche et sourit. Elle lui murmure à l’oreille la question qu’elle se pose depuis que leurs corps se sont séparés, depuis qu’il y a là un vide qui ne demande qu’à être rempli à nouveau.
« Pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ?
– Parce que je ne tenais pas à ce que tes frangins me fassent la peau ! »
Le sujet est sérieux, mais ils éclatent de rire. Elle adore le voir et l’entendre rire : il redevient alors un enfant. Même si son corps nu affirme combien il est un jeune adulte, Walid ressemble à un gamin avec ses yeux brillants et ce sourire qui révèle deux dents, en haut à droite, mal alignées. Loin de la rebuter, Chirine trouve ce défaut orthodontique charmant.
Cela fait des mois déjà qu’ils ont découvert le corps de l’autre, qu’ils se sont accordé des caresses, de plus en plus intimes, mais c’est la première fois qu’ils l’ont fait. Vraiment. Quoi qu’en pensent Mahmoud et son petit sourire entendu et complice, à chaque fois qu’elle sort seule de l’hôtel, elle n’a perdu sa virginité que depuis une petite heure.
Le regard noir de son amant s’inquiète :
« Tu regrettes ? »
Elle sourit : elle ne regrette rien. Elle murmure encore :
« Non. J’ai beaucoup aimé. »
Pourtant, la première fois que Walid l’a menée ici, lassé de devoir écourter leurs discussions pour ne pas éveiller les soupçons, elle l’a giflé ! La prenait-il pour une pute pour oser lui donner rendez-vous dans un hôtel ? Il avait bégayé des excuses : il cherchait juste un endroit tranquille, à l’abri des regards réprobateurs, pour discuter, apprendre à la connaître.
Ces rencontres clandestines sont devenues, au fil du temps, un rituel. Une habitude qu’elle attend impatiemment. Walid arrive toujours le premier, discute, prend le thé avec Mahmoud avant de monter dans cette chambre au dernier étage, avec vue sur la plage de Gaza. Elle le rejoint, toujours, quelque temps après. Et ils restent là à discuter, à flirter, une heure, deux heures, avant de se séparer, à regret…
Walid l’a toujours encouragée dans ses démarches pour partir suivre ses études de journalisme à l’étranger. Mais durant des mois, elle a refusé de s’asseoir sur ce lit. Le premier baiser qu’il lui a volé, elle s’en souvient, a eu lieu devant cette fenêtre, avec le bruit de la mer et l’odeur des embruns.
Et puis, il y a eu la première fois où ils se sont allongés dans les draps, la première fois où il a glissé une main sur la peau d’une hanche, d’une cuisse. La première fois où elle a vu un homme nu, un homme qui avait envie d’elle.
Et aujourd’hui, alors qu’ils avaient appris à réfréner leurs désirs, frustrés, sans oser jamais se l’avouer, l’acte est venu tout seul, tout simplement, lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle était acceptée dans cette université londonienne, que bientôt, elle partirait. S’il l’avait aussitôt félicitée, s’était tout de suite enthousiasmé pour cette bonne nouvelle, Walid s’était également inquiété.
« Tu rencontreras un bel Anglais et tu m’oublieras ! »
Elle a ri, l’a embrassé avant de lui affirmer, avec la solennité des petits enfants qui prêtent un serment d’amitié :
« Jamais. Je reviendrai ! »
Et ils ont fait l’amour pour sceller cette promesse. Ils ont mangé des fraises et ils ont fait l’amour.

Chirine s’abîme dans la contemplation du saladier encore à moitié plein de fruits succulents. Walid le lui a donné. Seul, il n’en viendrait pas à bout avant qu’ils ne se gâtent. Ils ont ri aux éclats lorsqu’il lui a raconté comment ces kilos de fraises lui étaient parvenus. Écrivain public, l’un de ses clients, agriculteur au sud de la ville, avait cru bon de le payer ainsi, en nature. Il avait accepté.
Malgré le relatif allégement du blocus depuis quelques semaines sur la bande de Gaza, la vie restait difficile et peu de gens avaient encore les moyens de le payer en monnaie sonnante et trébuchante. La veille, une vieille dame lui avait laissé un poulet… vivant ! Le gallinacé avait eu le temps de souiller quelques dossiers avant qu’il ne se décide à l’amener au boucher voisin. Walid, en bon citadin peu habitué à ces manœuvres, avait éprouvé quelque mal à le récupérer, perché en haut d’une étagère. Et il avait détourné les yeux au moment fatal où l’homme avait tordu le cou à la volaille.
Chirine n’avait pu retenir un rire moqueur à cet aveu.

« Il devrait se décider à te demander en mariage, quand même ! »
Chirine ne répond pas aussitôt à cette affirmation maternelle inquiète. Elle déguste une nouvelle fraise : elle va se rendre malade à en manger autant ! Mais leur saison est si courte.
« Il vient dîner ce soir. Il va le faire. »
Elle appréhende la réponse de son père. Elle sait que celui-ci apprécie le jeune homme. Comment pourrait-il en être autrement ? N’est-ce pas lui qui a abrité sa fille lors de ce premier jour de bombardement israélien en décembre 2008 ? Mais l’homme ne sait pas que leur rapprochement date de ce jour où ils se sont réfugiés dans son bureau et se sont tapis au fond de la pièce, à l’écoute des explosions des bombes, toutes proches.
Non, son père ne sait pas que Walid a serré contre lui, dans ses bras, une jeune fille en pleurs, terrorisée. Il ne sait pas que leur histoire d’amour est née là, sous les missiles… Il sait juste que Walid a ramené sa fille saine et sauve à la maison.
Même si son père n’a aucune raison de dire non, Chirine appréhende ce moment où les deux hommes vont discuter d’elle. De la même façon qu’elle a eu peur, durant ses premiers pas dans la rue, malgré son foulard, malgré ses yeux baissés, que tous ces passants ne sachent ce qu’elle avait fait. Cela devait se voir dans son regard, dans son sourire, dans sa démarche. Son corps entier exprimait cette chose, cette liberté : elle était femme et elle aimait un homme, qui l’aimait en retour. Mais personne ne lui avait prêté attention. Soulagée, mais un peu déçue, elle est rentrée chez elle, au milieu de ce camp de réfugiés où vivait sa famille.

Et depuis, elle attend avec anxiété et bonheur, la visite de son amant.
Abia et sa mère commentent les qualités du garçon : gentil, intelligent, sérieux. Ses défauts aussi : peu pratiquant, insolent parfois. L’insolence de la jeunesse : il n’a que vingt ans, comme Chirine. Une situation financière précaire, pas de famille pour le soutenir. Fils unique, il a perdu ses parents, âgés, il y a déjà quelques années. Chirine sait qu’il pense à eux souvent : il a alors le regard un peu perdu dans le vague. Le reste de ses proches vit en Égypte et la seule possibilité qu’il a de les voir est de passer par ces tunnels, sous la frontière. Un voyage dangereux. Alors, chez les parents de sa petite amie, il a retrouvé un peu une famille.
Il ne devrait plus tarder. L’heure du repas approche.
Chirine rejoint les enfants dans la ruelle. Ils viennent tous piocher quelques fraises dans le saladier avant de repartir sauter, courir et s’amuser. Elle aime les enfants. Abia en a déjà trois, deux garçons et une petite fille à qui elle donne encore le sein et qu’elle a appelé Nouria. Lumière…
Ce soir, le dîner se fera à la lueur des bougies. La coupure de courant électrique s’éternise sur la ville.
Pourtant, Chirine sourit : elle veut faire des études, être journaliste, revenir à Gaza, pour faire connaître au monde entier la vie ici. Elle veut aussi se marier avec Walid, vivre avec lui, refaire ce qu’ils ont fait une seule et unique fois cet après-midi, avoir des enfants, beaucoup d’enfants. Sa mère en a eu six et elle se souvient de leurs chamailleries, de leurs jeux interminables. Walid n’a pas eu cette chance, mais elle sait qu’il partage ce désir quand elle le voit jouer avec les fils d’Abia, les prendre sur ses épaules…
Walid.
Chirine frissonne au souvenir de ses caresses, de ses baisers, du plaisir qu’il lui a procuré. Comment une telle chose peut-elle être mauvaise quand elle est partagée par deux personnes qui s’aiment ? Oui, elle est amoureuse. Elle a ce papillon dans le ventre quand elle le voit.
Et il va la demander en mariage ; ce soir. Il lui a promis.
Elle ne l’oubliera pas pour un bel Anglais. Elle le lui a promis.

L’explosion, toute proche, la tire de ses songeries, de ses projets.
Un nuage noir s’élève au-dessus d’une rue voisine. Tout le quartier met le nez à la fenêtre. Les enfants se sont tus, même les chiens et les oiseaux. Et bientôt des cris s’élèvent, perçants, désespérés. L’alarme d’une ambulance fait entendre son hurlement strident.
Chirine, comme toutes les femmes de la ruelle, comme Abia, comme sa mère, court vers le lieu de l’explosion. La carcasse calcinée d’une voiture termine de brûler. Un cratère de quelques mètres traverse la rue et empêche les passants, affolés, d’approcher des victimes.
L’explication circule dans les rangs : un missile israélien a visé le taxi. Un homme, un résistant est mort. Le chauffeur de taxi et deux passants aussi…
Chirine ne bouge pas, au bord du cratère. Sa mère essaie de la tirer en arrière, mais elle reste immobile, statufiée : un corps ensanglanté est étendu sur la chaussée défoncée.
Un cri, un hurlement prend naissance dans sa gorge, mais aucun son ne sort.
Le saladier, qu’elle a emporté avec elle, lui échappe des mains.
Le verre explose.
Les fraises, libérées de leur prison, roulent dans le sang.

   



Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: Alisher le 20 Novembre 2010 à 02:30:28
Salut,

Quelques idées qui me sont venues à l'esprit en te lisant. Tu es libre de les adopter ou non, ça reste ton texte. Sans compter que je suis un vieil emmerdeur et que j'ai souvent tort.


"Elle croque le fruit sucré. Juste la pointe, et sourit pour elle-même"
J'ai du mal avec la façon dont tu groupes tes propositions ici. Deux idées sur le même thème séparées par un point, puis quelque chose qui n'a rien à voir, par une virgule... ça crée un effet détonnant (qui est peut-être voulu).

"Elle proteste contre sa sœur aînée, mais se tait"
Dans l'état, c'est contradictoire comme phrase

"Il lui présente sa nuque bronzée et ses cheveux noirs hérissés."
Ben non. Il peut pas les lui "présenter" vu qu'il n'a pas bougé, il n'y a pas eu de mouvement.

"Malgré le milieu d’après-midi, Walid s’est aussitôt endormi."
Je pense pas que ça soit français comme phrase. Et si ça l'est, ça devrait pas, c'est pas joli :-[

"le saladier posé sur la table de chevet et rempli de ces friandises."
Encore un effet un peu bizarre, mais j'aime bien. Si c'est voulu, touche pas, c'est réussi.

"goute (et plus loin gout)"
goûte

"Malgré le bord de mer sur lequel donne cette fenêtre, elle rend étouffante l’atmosphère de cette chambre d’hôtel"
Comme c'est par la chaleur que tu développes cette phrase, ce serait mieux de commencer par "elle rend étouffante". Ici, on doit se souvenir à quoi "elle" faisait allusion, on perd en fluidité. Et j'aime toujours pas les constructions ouvragées en "malgré", mais ça je te laisse juge  :-X

"Ils ont pourtant fait attention à être discrets. [...] Et ils ont bien fait attention à ne pas"
Hey, mais tu l'as déjà dit !

"ce défaut orthodontique"
Je trouve ça hors de propos, je vois pas la narratrice que tu as écrite jusqu'à présent s'exprimer comme ça. Y a un gallinacé un peu plus loin qui me donne la même impression.

"Une habitude qu’elle attend impatiemment."
Une habitude ne peut pas être attendue, elle ne peut qu'être vécue. Ou déviée.

"avait crû bon"
du verbe croître, malheureusement

"le rapprochement des deux jeunes gens datent"
c'est singulier

"Fils unique, il a perdu ses parents, âgés, il y a déjà quelques années."
Si tu développes pas ça sert à rien de préciser qu'ils sont âgés, et ça te ruine le rythme de la phrase...



Autant dire tout de suite que c'est un très bon texte. Tu maîtrises bien ton sujet, les images viennent à nous progressivement, le monde que tu crées est développé sous nos yeux au fur et à mesure que tu acceptes de nous les dévoiler. De plus tu réutilises les images employées au début dans chaque étape du récit, ce qui est encore un bon point : reprendre la protestation muette envers sa soeur, pour en faire une protestation muette devant l'horreur du tableau final, par exemple, c'était une très bonne idée. Il y a aussi des passages très justes, je pense surtout à l'idée de soulagement et déception, lorsqu'on ne nous pose pas une question gênante et que finalement, on aurait bien aimé qu'on nous la pose  :-[
J'pense qu'il y a quand même deux ou trois améliorations possibles, certains bouts de phrase qui au final apportent moins qu'ils ne ralentissent ; je ne les ai pas signalés parce que c'est toujours très personnel comme jugement. J'ai aussi du mal avec tes malgré, mais ça je l'ai déjà dit. Dans l'ensemble tu es assez proche d'une version finale du texte.

Merci pour cette lecture  :)
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 20 Novembre 2010 à 04:22:12
merci pour cette lecture détaillée !
Bon, je ne suis pas d'accord avec beaucoup de tes critiques sur le style, sauf sur le point des "malgré" qui sont  2 ou 3 phrases que j'aime moyennement, moi même (surtout le passage sur la chaleur)... et bien sûr les accents circonflexes avec qui je suis fâchée définitivement ! Et la faute d'accord qui m'a échappée.
Pour le galinacéee et orthodontique, c'est une jeune femme cultivée, qui fait des études,  j'vois pas le souci d'un tel vocabulaire chez le personnage.
bon, j'avoue le proteste et se tait est étrange.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: pehache le 20 Novembre 2010 à 11:10:11
 Je ne reviens pas sur les fautes relevées par le précédent commentateur.

Elle croque le fruit sucré. Juste la pointe, et sourit pour elle-même, absorbée par ses pensées.  [ un pb de ponctuation]
Un claquement de doigts la ramène à la réalité.
« On peut savoir ce qui t’arrive ? Tu n’arrêtes pas de rêvasser ! »  [ On a compris...
Elle baisse les yeux et rougit sous la réprimande. Sa mère sourit, indulgente, sans quitter le fourneau où elle prépare le repas du soir.
« Moi, je sais. Elle est amoureuse ! » se moque Abia.
Elle proteste contre sa sœur aînée, mais se tait. Elle sent le rouge  lui monter  un peu plus aux joues. Et puis, Abia est au courant depuis longtemps et leur mère se doute de quelque chose, elle le sait. Curieuse, elle pose la question incontournable : "qui est l’heureux élu de son cœur ?" Qui donc la fait rougir lorsqu’elles [ c'est qui, elles ?]  parlent sentiments amoureux ? À qui pensait-elle en croquant ce fruit rouge juteux et parfumé ?
Elle sourit et gobe ce qui reste de la fraise. Sa mère  répond à sa place.

*** (par ex.)


« Walid ? »
Le jeune homme, étendu à ses côtés, sur le ventre, au milieu des draps défaits, grogne une réponse inaudible. Chirine insiste :
« Tu dors ? »
Un deuxième grognement lui répond. Le garçon ne tourne même pas la tête sur l’oreiller. Il lui présente sa nuque bronzée et ses cheveux noirs hérissés. La peau, mate et dorée, trempée d’une fine pellicule   (fine pellicule et trempée, ben, bon!) de sueur, luit un peu (bof) sous le rayon de soleil qui la caresse.
Chirine sourit, amusée par le spectacle. Malgré le milieu d’après-midi, Walid s’est aussitôt endormi(effectivement, ça chiotte)  . Elle l’a regardé sombrer comme un bébé, a écouté sa respiration paisible.   (P.C. elle l'a regardé quand ?)

Elle se penche et cueille une fraise dans le saladier posé sur la table de chevet et rempli de ces friandises.
Ils ont fait l’amour.
Elle le regarde dormir et goute à la chair tendre du fruit. De sa main libre, elle suit le tracé de la colonne vertébrale sous cette peau humide. La chaleur caniculaire sur Gaza accable la ville. Malgré le bord de mer sur lequel donne cette fenêtre, elle rend étouffante l’atmosphère de cette chambre d’hôtel. (ce passage est stylistiquement faible et confus)  Une coupure de courant a rendu inutile toute climatisation ou ventilateur.
Malgré tout, ils ont fait l’amour. [ certes, on commence à le savoir...) Avec une langueur humide, avec le gout salé de la sueur sous  ? leurs lèvres.
Elle n’a pas eu mal. Elle n’a pas saigné.
Et Walid s’est endormi à côté d’elle, en plein après-midi.
Le jus rosé du fruit qu’elle savoure coule un peu sur la peau halée de son amant. Il frissonne et elle sourit.

Chirine baisse les yeux, gênée : comment sa mère a-t-elle deviné ? Ils ont pourtant fait attention à être discrets. Ils ne se sont jamais embrassés, jamais tenus par la main dans la rue. C’est à peine s’ils osent marcher côte à côte sur les trottoirs. À moins que cette femme perspicace, qui la connaît mieux que personne, ne l’ait surprise, aujourd’hui, sauter sautant, par ex.  au cou du jeune homme pour lui annoncer la bonne nouvelle, en pleine rue. À moins qu’elle ne l’ait vue échanger avec lui un baiser fougueux et impudique devant ce parterre d’hommes interloqués à la terrasse d’un café.
« C’est un garçon très gentil. Ne rougis pas comme ça ! Ça fait des mois que je vous vois vous tourner autour ! »
Chirine détourne le regard et dérobe une dernière fraise. Sa mère ne dirait pas cela si elle savait ce qu’ils ont fait quelques heures plus tôt dans cette chambre qui a abrité leur histoire depuis ses débuts.
Comment se sont-ils trahis ?
Walid est un ami de la famille. Ses parents l’invitent souvent à manger ou juste à passer prendre le thé. Et ils ont bien fait attention à ne pas trop se sourire, à ne pas sembler trop s’intéresser l’un  à l’autre.
Abia a-t-elle vendu la mèche ? Non, sa sœur sait garder un secret. Elle lui fait confiance pour ça. Tout comme Walid fait confiance à son ami Mahmoud, propriétaire de l’hôtel, pour couvrir leurs rencontres clandestines depuis presque dix-huit mois…

Il se réveille et tourne un regard encore embrumé de fatigue, Chirine se penche pour échanger un baiser. Il pose une main sur son sein gauche et sourit. Elle lui murmure à l’oreille la question qu’elle se pose depuis que leurs corps se sont séparés, depuis qu’il y a là un vide qui ne demande qu’à être rempli à nouveau.
« Pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt ?
– Parce que je ne tenais pas à ce que tes frangins me fassent la peau ! »
Le sujet est sérieux, mais ils éclatent de rire. Elle adore le voir et l’entendre rire : il redevient alors un enfant. Même si son corps nu affirme combien il est un jeune adulte, Walid ressemble à un gamin avec ses yeux brillants et ce sourire qui révèle deux dents, en haut à droite, mal alignées. Loin de la rebuter, Chirine trouve ce défaut orthodontique (terme fort mal venu) charmant.
Cela fait des mois déjà qu’ils ont découvert le corps de l’autre, qu’ils se sont accordés des caresses, de plus en plus intimes, mais c’est la première fois qu’ils l’ont fait. Vraiment. Quoi qu’en pense Mahmoud et son petit sourire entendu et complice, à chaque fois qu’elle sort seule de l’hôtel, elle n’a perdu sa virginité que depuis une petite heure.
Le regard noir de son amant s’inquiète :
« Tu regrettes ? »
Elle sourit : elle ne regrette rien. Elle murmure encore :
« Non. J’ai beaucoup aimé. »
Pourtant, la première fois que Walid l’a menée ici, lassé de devoir écourter leurs discussions pour ne pas éveiller les soupçons, elle l’a giflé ! La prenait-il pour une pute pour oser lui donner rendez-vous dans un hôtel ? Il avait bégayé des excuses : il cherchait juste un endroit tranquille à l’abri des regards réprobateurs, pour discuter, apprendre à la connaître.
Ces rencontres clandestines sont devenues, au fil du temps, un rituel. Une habitude qu’elle attend impatiemment. Walid arrive toujours le premier, discute, prend le thé avec Mahmoud avant de monter dans cette chambre au dernier étage, avec vue sur la plage de Gaza. Elle le rejoint, toujours, quelques temps après. Et ils restent là à discuter, à flirter, une heure, deux heures, avant de se séparer, à regret…
Walid l’a toujours encouragée dans ses démarches pour partir suivre ses études de journalisme à l’étranger. Mais durant des mois, elle a refusé de s’asseoir sur ce lit. Le premier baiser qu’il lui a volé, elle s’en souvient, a eu lieu devant cette fenêtre, avec le bruit de la mer et l’odeur des embruns iodés. on s'en doute
Et puis, il y a eu la première fois où ils se sont allongés dans les draps, la première fois où il a glissé une main sur la peau d’une hanche, d’une cuisse. La première fois où elle a vu un homme nu, un homme qui avait envie d’elle.
Et aujourd’hui, alors qu’ils avaient appris à réfréner leurs désirs, frustrés, sans oser jamais se l’avouer, l’acte est venu tout seul, tout simplement, lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle était acceptéE dans cette université londonienne, que, bientôt, elle partirait. S’il l’avait aussitôt félicitée, s’était tout de suite enthousiasmé pour cette bonne nouvelle, Walid s’était également inquiété.
« Tu rencontreras un bel Anglais et tu m’oublieras ! »
Elle a ri, l’a embrassé avant de lui affirmer, avec la solennité des petits enfants qui  prêtent un serment d’amitié :
« Jamais. Je reviendrai ! »
Et ils ont fait l’amour pour sceller cette promesse. Ils ont mangé des fraises et ils ont fait l’amour.

Chirine s’abîme dans la contemplation du saladier encore à moitié plein de fruits succulents. Walid le lui a donné. Seul, il n’en viendrait pas à bout avant qu’ils ne se gâtent. Ils ont ri aux éclats lorsqu’il lui a raconté comment ces kilos de fraises lui étaient parvenus. Écrivain public, l’un de ces SES clients, agriculteur au sud de Gaza, avait crû bon de le payer ainsi, en nature. Il avait accepté.
Malgré le relatif allégement du blocus depuis quelques semaines sur la bande de Gaza, la vie restait difficile et peu de gens avaient encore les moyens de le[ le qui, trop loin, le nom) payer en monnaie sonnante et trébuchante. La veille, une vieille dame lui avait laissé un poulet… vivant ! Le gallinacé avait eu le temps de souiller quelques dossiers avant qu’il ne se décide ( de se décider/ qu'il ne se décidât) à l’amener au boucher voisin, non sans quelque mal  lourd    pour attraper le volatile : Walid était un citadin, pas un paysan habitué à ces choses (des choses ?)  ! Il avait détourné les yeux au moment fatal où l’homme avait tordu le cou à la volaille.
Chirine n’avait pu retenir un rire moqueur à cet aveu.

«  Il devrait se décider à te demander en mariage, quand même ! »
Chirine ne répond pas aussitôt à cette affirmation maternelle inquiète. Elle déguste une nouvelle fraise : elle va se rendre malade à en manger autant ! Mais leur saison est si courte.
«  Il vient manger ce soir. Il va le faire. »
Elle appréhende la réponse de son père. Elle sait que celui-ci apprécie le jeune homme. Comment pourrait-il en être autrement ? N’est-ce pas lui qui a abrité sa fille lors de ce premier jour de bombardement israélien en décembre 2008 ? Mais l’homme ne sait pas que le rapprochement des deux jeunes gens datent de ce jour où ils se sont abrités dans son bureau et se sont tapis au fond de la pièce, à l’écoute des explosions des bombes, toutes proches.
Non, son père ne sait pas que Walid a serré contre lui, dans ses bras, une jeune fille en pleurs, terrorisée. Il ne sait pas que leur histoire d’amour, entre deux jeunes gens de vingt ans, est née là, sous les missiles… Il sait juste que Walid a ramené sa fille saine et sauve à la maison après plusieurs heures d’inquiétude à son sujet.
Même si son père n’a aucune raison de dire non, Chirine appréhende ce moment où les deux hommes vont discuter d’elle. De la même façon qu’elle a eu peur, durant ses premiers pas dans la rue, malgré son foulard, malgré ses yeux baissés, que tous ces passants ne sachent ce qu’elle avait fait. Cela devait se voir dans son regard, dans son sourire, dans sa démarche. Tout son corps exprimait cette chose, cette liberté : elle était femme et elle aimait un homme, qui l’aimait en retour. Mais personne ne lui avait prêté attention. Soulagée, mais un peu déçue, elle était rentrée chez elle, au milieu de ce camp de réfugiés où vivait sa famille.

Et depuis, elle attend, avec anxiété et bonheur, la visite de son amant.
Abia et sa mère commentent les qualités du garçon : gentil, intelligent, sérieux. Ses défauts aussi : peu pratiquant, insolent parfois. L’insolence de la jeunesse : il n’a que vingt ans, comme Chirine. Une situation financière précaire, pas de famille pour le soutenir. Fils unique, il a perdu ses parents, âgés, il y a déjà quelques années. Chirine sait qu’il pense à eux souvent : il a alors le regard un peu perdu dans le vague. Le reste de ses proches vit en Égypte et la seule possibilité qu’il a de les voir est de passer par ces tunnels, sous la frontière égyptienne On s'en doute    . Un voyage dangereux. Alors, chez les parents de sa petite amie, il a retrouvé un peu une famille.
Il ne devrait plus tarder. L’heure du repas approche.
Chirine rejoint les enfants dans la ruelle. Ils viennent tous piocher quelques fraises dans le saladier avant de repartir sauter, courir et s’amuser. Elle aime les enfants. Abia en a déjà trois, deux garçons et une petite fille à qui elle donne encore le sein et qu’elle a appelé Nouria. Lumière…
Ce soir, le diner se fera  à la lueur des bougies. La coupure de courant électrique s’éternise sur la ville.
Pourtant, Chirine sourit : elle veut faire des études, être journaliste, revenir à Gaza, pour faire connaître au monde entier la vie ici. Elle veut aussi se marier avec Walid, vivre avec lui, refaire ce qu’ils ont fait une seule et unique fois cet après-midi, avoir des enfants, beaucoup d’enfants. Sa mère en a eu six et elle se souvient de leurs chamailleries, de leurs jeux interminables. Walid n’a pas eu cette chance, mais elle sait qu’il partage ce désir quand elle le voit jouer avec les fils d’Abia, les prendre sur ses épaules…
Walid.
Chirine frissonne au souvenir de ses caresses, de ses baisers, du plaisir qu’il lui a procuré. Comment une telle chose peut-elle être mauvaise quand elle est partagée par deux personnes qui s’aiment ? Oui, elle est amoureuse. Elle a ce papillon dans le ventre quand elle le voit.
Et il va la demander en mariage ; ce soir. Il lui a promis.
Elle ne l’oubliera pas pour un bel Anglais. Elle le lui a promis.

L’explosion, toute proche, la tire de ses songeries, de ses projets.
Un nuage noir s’élève au dessus d’une rue voisine. Tout le quartier met le nez à la fenêtre. Les enfants se sont tus, même les chiens et les oiseaux. Et bientôt des cris s’élèvent, perçants, désespérés. L’alarme d’une ambulance fait entendre son hurlement strident.
Chirine, comme toutes les femmes de la ruelle, comme Abia, comme sa mère, court vers le lieu de l’explosion. La carcasse calcinée d’une voiture termine de bruler. Un cratère de quelques mètres traverse la rue et empêche les passants, affolés, d’approcher des victimes.
L’explication circule dans les rangs :  lourd    un missile israélien a visé le taxi. Un homme, un résistant est mort. Le chauffeur de taxi et deux passants aussi…
Chirine ne bouge pas, au bord du cratère. Sa mère essaie de la tirer en arrière, mais elle reste immobile, statufiée : un corps ensanglanté est étendu sur la chaussée défoncée.
Un cri, un hurlement prend naissance dans sa gorge, mais aucun son ne sort.
Le saladier, qu’elle a emporté avec elle, lui échappe des mains.
Le verre explose.
Les fraises, libérées de leur prison, roulent dans le sang.
   

C'est ps mal du tout.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 20 Novembre 2010 à 11:17:27
Merci Pehahe, suis d'accord avec certaines corrections ( que j'avais commencé à faire, j'ai poste des modifications quand tu me lisais, je crois), d'autres moins.
Mais je sais que chez toi, un " c'est pas mal du tout" est un joli compliment ! ;-)

En fait, j'suis d'accord sur toutes ces fins de phrases ou précisions inutiles, mais tu me fais une chasse à l'adjectif qui me semble trop poussée (j'en mets pas tant que ça, je crois...e bon certains sont en trop c'est clair, mais parfois  ils me semblent utiles: par exemple la frontière égyptienne, tout le monde n'est pas sensé connaitre ce détail régional...)
Bon bien sûr, les quelques répétitions sont à corriger... et "l'oubli" du subjonctif imparfait aujourd'hui est toléré...

enfin faut m'expliquer en quoi ça choque orthodontique... moi, j'vois pas...

Mais ton regard, très pointu est toujours très instructif car tu fais attention à ce que moi je délaisse d'ordinaire.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: Menthe le 20 Novembre 2010 à 12:13:09
Au début, j'ai hésité à me lancer dans la lecture puisque je trouvais ça un peu long, et puis je me suis dit : bon, allons-y quand même, ça n'a pas l'air mal.

Et j'ai vraiment beaucoup aimé. Tu as une écriture que je trouve vraiment bien pesée, ponctuée par de jolies images. Le contexte est savamment planté, juste assez pour arriver jusqu'à l'explosion finale, sans pour autant alourdir la mignonne histoire d'amour entre les deux personnages principaux.
Et puis, la chute est vraiment géniale.

Bravo, quoi ! :D
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: pehache le 20 Novembre 2010 à 13:11:02
Le reste de ses proches vit en Égypte et la seule possibilité qu’il a de les voir est de passer par ces tunnels, sous la frontière égyptienne On s'en doute   

Tu viens juste de dire Egypte, tu dis souvent Gaza... donc, inutile.

L'orthodontie n'est pas du tout dans le registre de la phrase, ni des autres autour.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 20 Novembre 2010 à 13:12:41
euh oui, bon je viens de me taper la honte sur cette répétition...
 :-[
Titre: Re : Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 20 Novembre 2010 à 14:54:54
Au début, j'ai hésité à me lancer dans la lecture puisque je trouvais ça un peu long, et puis je me suis dit : bon, allons-y quand même, ça n'a pas l'air mal.

Et j'ai vraiment beaucoup aimé. Tu as une écriture que je trouve vraiment bien pesée, ponctuée par de jolies images. Le contexte est savamment planté, juste assez pour arriver jusqu'à l'explosion finale, sans pour autant alourdir la mignonne histoire d'amour entre les deux personnages principaux.
Et puis, la chute est vraiment géniale.

Bravo, quoi ! :D
Merci beaucoup Menthe
Je ne sais pas si c'est intéressant que j'explique cette idée, mais le coup des fraises m'est venue en regardant un documentaire sur Gaza sous le blocus. Il y avait un passage où des hommes interviewés, dans le noir, faute de courant, mangeaient des fraises ( c'est une production locale, là-bas ).
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: ernya le 21 Novembre 2010 à 00:14:02
n'oublie pas l'index ;)



Citer
Du bout des doigts, Chirine pioche une fraise au fond du saladier. Elle croque le fruit sucré. Juste la pointe, et sourit pour elle-même, absorbée par ses pensées.
Un claquement de doigts la ramène à la réalité.
je sais pas pourquoi mais je trouve ce début un peu trop "action 1, action 2", j'aurais bien supprimé le premier "elle" par exemple
ensuite, je trouve que la rime "pensées" / "réalité "est pas très heureuse. Enfin, t'as pas voulu faire de rimes, mais comme ça finit par le même son et que t'es allée à la ligne, ça crée vraiment un balancement entre les deux je trouve.
Enfin c'est du chipotage, hein.


Citer
Chirine s’abîme dans la contemplation du saladier encore à moitié plein de fruits succulents.
bof pour "succulents"


Alors j'ai pas mal aimé. Sauf la fin.  :mrgreen:
Pourtant je trouve ça cool ce rapprochement entre le sexe, les fraises et le sang. Mais si ça avait été dans un tout autre contexte, j'aurais préféré, là c'est juste parce que ça se passe à Gaza et que DONC ça ne pouvait pas se terminer autrement. Dommage parce que l'image des fraises, je l'ai trouvée vachement cool. Mais la fin fait un peu trop mélodramatique et arrive avec les gros sabots, je trouve.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: Zacharielle le 21 Novembre 2010 à 09:45:00
Au contraire j'ai trouvé l'image des fraises c'était vraiment too much  :mrgreen:  genre j'arrive avec la fanfare au milieu d'un enterrement lol pareil pour le coup de la bombe à la fin, hm... c'était un peu trop prévisible, un peu trop "facile" aussi. On a déjà eu l'idée des armes et de la guerre, une fois ça suffit :'( ce qui naît sous les missiles doit disparaître sous eux ? Sniff.
Mais ça tient avec le reste.
Et puis, ça va sans dire mais faut le dire quand même, tu as une excellente écriture, tu conduis bien le lecteur, tu as un ton très juste et une apparente simplicité du langage et de l'histoire. Bref, c''est toujours très agréable de te lire.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 21 Novembre 2010 à 09:53:36
Merci à vous deux, bon le "succulent" va sauter je crois ( merde, j'en mets pas beaucoup déjà d'adjectifs ! ) Enfin, j'sais pas, la phrase me fait bizarre en fait sans lui.
Pour revenir sur les fraises, c'est aussi un symbole national là-bas, donc ça revêt plusieurs interprétations...
Zach', j'y peux rien, si c'est un thème qui me tarabuste en ce moment (p'tre que dans un an, ce sera autre chose) C'est vrai que je lis beaucoup à ce sujet en ce moment, mais je peux dire que ce que j'écris est encore mille fois en dessous de la réalité...
Citer
"ce qui naît sous les missiles doit disparaître sous eux ?"
C'est pas que ça doit, c'est ce qui se passe...
Bon, je sais mes thèmes sont pas joyeux et ces deux dernières nouvelles pas happy end, non plus
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: nasnas29 le 27 Novembre 2010 à 07:53:41
Bon, j'ai lu ce texte, mais je trouve qu'il manque en épaisseur. Il se passe pas grand chose. Certes, il y a  cette relation amoureuse mais j'ai pas été gagné par l'émotion et l'interêt. Il me semble que l'amour est perdu d'avance et ça se ressent trop dans le texte. De plus le secret de la relation ne tire aucune surprise. Tout est raconté dans l'ordre des choses. la guerre traine sa triste monotonie. Du coup il n'y a plus de place pour l'espoir et l'amour semble dérisoire. Il semble que la fille est portée par son ambition de journaliste et que sa relation est feinte. Le  désir de l'autre est établi. Seule la fraise est douceur et la mort soudaine n'étreint pas le coeur car tous les personnages me semblent distants les uns des autres.
Sinon, le texte est bien écrit ....
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 27 Novembre 2010 à 11:53:06
Merci nasna, je reconnais qu'il ne se passe pas grand chose et que le discours est très noir. Mais la situation là bas est très noire...

Par contre, raconté dans l'ordre des choses, non, je ne crois pas. si c'était le cas, j'aurais commencé le récit en janvier 2009  ^^
Pareil sur la relation de la fille : pourquoi feinte ? parce qu'elle veut partir ? C'est le désir de beaucoup de jeunes gazouis de sortir de cette prison à ciel ouvert... donc je trouve dur de la condamner pour ça !
 personnage distants ? Ça aussi, je ne comprend pas... Il y a une pudeur, des choses non dites, mais distants, non... je ne pense pas.

Je crois que le problème c'est que tu lis cette nouvelle ( je peux me tromper )  à a lumière de ce que nous vivons nous, et pas de ce qui se vit là-bas. Et c'est vrai que je ne dépeins la réalité quotidienne que par petite touches. Pour quelqu'un qui ne connait pas du tout, c'est sans doute insuffisant comme tableau...

Bon après, je lui trouve bien quelques gros défauts à cette nouvelle, elle est moins complexe et moins réussie  que la précédente car un peu simpliste niveau scénario et discours par certains cotés, mis à part le symbole de la fraise (sur lequel tu sembles  un peu passer  à coté, parce qu'il n'est pas que la seule douceur, il représente tout ce qui est espoir, bonheur, il représente aussi Gaza parce que c'est un produit local)

Merci de ta lecture !
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: nasnas29 le 27 Novembre 2010 à 13:04:11
c'est gentil arwen de tenter une explication pour que j'assimile mieux ton texte. Seulement, il n'empêche que, au-delà des difficultés politiques qu'il existe sur la bande de Gaza et dans le conflit israélo-palestinien( je suis quand même un peu informé, j'ai lu des reportages du grand Charles Enderlin et les actualités étrangères m'intéressent!), ton récit me laisse froid. Comme, je l'ai dit la relation amoureuse m'emeut pas et si la fraise est la pointe de douceur et d'espoir qui jalonne le texte, je trouve que c'est bien lèger!
En outre, ponctuer mon ignorance  sur l'exploitation de ladite fraise qui fait la fierté de Gaza, c'est comme dire à quelqu'un du sud-ouest qu'il n'entend rien à la culture régionale parce qu'il connait pas la gariguette ou la fraise de plougastel daoulas si la personne est de bretagne. Non, il faut que tu m'exposes un autre critère de valeur. Je le juge irrecevable dans la mesure ou moi je ne perçois pas au travers de ton texte les inquiétudes et les incertitudes de chacun dans un contexte certainement difficile, je n'en doute pas, mais avec aussi une douceur de vivre qui appartient à ce peuple. Pour terminer, je pense, et j'ai déjà soulevé ce problème, que s'embarquer dans ce genre de nouvelle nécessite une grande maîtrise d'écriture où on a vraiment des chances de se planter!....
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 27 Novembre 2010 à 13:18:55
Pas de souci sur ton interprétation et ton ressenti. J'vais pas le changer...
C'est subjectif et ça appartient à chacun. J'ai des lecteurs qui, au contraire de toi, sont très touchés. Donc y'a pas de vérité transcendante là-dessus, sur le ressenti de chacun...
J'ignore ce qui plaira ou déplaira chez chacun, c 'est bien normal, non ?

Voui, j'ai conscience que la fraise, on peut pas savoir ce que ça veut dire si on ne connait pas, je l'ai reconnu un peu plus haut dans une autre réponse.
J'ai pas dit ça pour te vexer... excuse moi si c'est le cas. J'aurais du le repréciser dans ma réponse.
Hum, sinon, la douceur de vivre à Gaza... euh... là, vraiment tu connais pas la dureté de la situation, je crois. Ou tu la sous-estimes.
C'est vrai qu'il y a des choses positives, propres à cette population, à sa façon de faire face à la situation. Bon c'était pas ce que je voulais montrer. C'est tout. Si tu préfères un texte empli de plus d'espoir, c'est clair que c'est pas celui-ci qu'il faut lire ! Qui est très noir. C'était pas mon but d'écrire un texte empli d'espoir, bien au contraire. Donc forcément, ça ne peut pas te plaire si on part de ce principe.

Et c'est pas très grave.
J'suis pas très satisfaite de cette nouvelle comme je te disais, mis à part deux ou trois petits trucs...
Après c'est en forgeant qu'on devient forgeron. J'ai pas l'habitude d'écrire de nouvelles, donc ouais, y'a des trucs qui vont pas, c'est clair.
Donc je trouve un peu dure ta dernière phrase qui sous entendrait qu'il faut pas s'attaquer à ce genre de sujets avant de maitriser l'outil ? Je trouve ça dur, oui, comme jugement définitif car on ne pond jamais un chef d'œuvre du premier coup.
A moins que j'ai mal compris ce que tu voulais dire.

mais merci de ta lecture, sincèrement , et de me faire partager ton ressenti.
Et je réécrirai sans doute des textes sur le sujet...
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: nasnas29 le 27 Novembre 2010 à 13:47:06
Non mais ma dernière phrase c'est surtout pour insister dans la manière d'aborder un texte si difficile. Si on choisit de traiter la gravité d'une situation politique, le détail est un gage de qualité. En plus s'essayer à une nouvelle et espèrer toucher l'émotion dans ce registre de sérieux qui le caractérise ne doit pas pardonner les lieux communs et autres pathos où il est facile de glisser. Et, dans la mesure où l'humour n'a pas droit de cité, il faut bien qu'on exprime son ressenti sur le texte. Même si  c'est bien écrit, j'ai pas trop accroché voilà!...
je lirai ton autre texte c'est promis! ;)
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 27 Novembre 2010 à 14:03:47
Bien sûr le ressenti est important ! Et il peut pas toujours être positif ( à moins de s'appeler Mozart et d'être apprécié par tous les peuples de la terre ! hihih ! )
Même si je relativise de plus en plus cette donnée au vu des réactions très diverses sur ces petits textes... mais ça a  le mérite de faire réfléchir.

Sinon, je ne sais pas si quand tu parles de détails, de lieux communs et de pathos, c'est de cette nouvelle que tu parles ou si tu parles en général, mais là encore, tu vois, je ne suis pas d'accord. Surtout sur le pathos, c'est pas ce qu'on me reproche, en règle générale...
Mais bon, t'as pas accroché, on va pas en faire une histoire ! Et je respecte ! (même si pour le coup, j'suis un peu chieuse... ):P
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: nasnas29 le 27 Novembre 2010 à 14:35:19
Oui, c'est vrai que chez toi, on ne tombe pas dans le pathos. Seulement j'aurais aimé être bouleversé par un impossible amour et je trouve que la fille aime avec légèreté et son compagnon du coup semble frivole et inconséquent. j'ai l'impression qu'elle fait un peu trop cas de sa personne et de son rôle de journaliste. Et, celà me chiffonne un peu. Au final, cette explosion me semble la bienvenue! Aaarfff,  quel insensible je fais... pourtant!  ???
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 27 Novembre 2010 à 14:45:42
moui, j'comprends pas trop ce qui te fais dire ça...
Ils parlent mariage tous les deux, mine de rien. Si ça c'est frivole...   :-\
Mais c'est aussi une jeune femme qui veut être libre, indépendante, qui veut travailler et lui, s'il s'en inquiète, il l'y encourage.
Y'a un peu de féminisme derrière, c'est clair... et ça, j'y tiens.  
Donc oui, son métier est important pour elle, à égalité avec sa relation avec le garçon. Et si c'est le fait qu'ils passent à l'acte qui te fait la juger comme quelqu'un aimant avec légèreté et lui frivole (hypothèse, je me trompe p'tre) ,  on va pas être copains !  ;D
Et puis c'est hyper violent ce que tu dis : bien fait la mort pour ça ? Parce que tu juges leurs actions frivoles... ouah  !  :o
Là on n'est plus dans le trip j'ai pas accroché mais je condamne... et ça me dérange profondément.
Donc nan, je comprends pas ton point de vue sur les personnages. Enfin si, je le comprends, mais j'y adhère pas du tout.
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: nasnas29 le 27 Novembre 2010 à 15:13:51
oui! alors c'est ça! il y a trop d'équilibre dans tout ça et pas assez d'amour fou pour briser les barrières et du coup je trouve  ennuyeux cette triste réalité qui se reflète au travers de ta nouvelle.  Comme je le disais si tu fais de l'investigation dans l'écriture pour décrire un climat politique, il est difficile d'y ajouter à la finesse pour accrocher le lecteur. De ce fait, moi mon approche de la lecture est dans la captivité du récit et sa méthode à me happer dans une atmosphère qui m'étonne, me trouble, me dérange, me déroute ou m'amuse. Ici, le texte me porte pas.... et sinon! il fait pas beau en bretagne, hein? ;)
tu veux pas participer à notre chanson de groupe par hasard?.. la musique adoucit les moeurs! ;)
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: arwen le 27 Novembre 2010 à 15:37:54
ok, on n'écrit et on ne lit pas pour les mêmes raisons. :huhu:
si je chantais, on pourrait me rendre responsable de la neige qui tombe en ce moment ! ><
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: nasnas29 le 27 Novembre 2010 à 16:03:57
 Et heureusement non! la littérature offre un large éventail où tout le monde trouvera son compte. Mais attention, j'adore les histoires d'amour aussi et j'en ai lues beaucoup... Alors pour être plus précis, je dirais que nos approches sur la forme et le style sont différentes, voilà tout!...

Bon pour la chanson tu viens faire un tour dans la marmite pour proposer ta candidature? Tu es pas obligée de chanter tu sais et, que tu chantes bien ou mal , moi je m'en tiendrais à l'effort de participation!
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: pehache le 01 Décembre 2010 à 20:43:53
"ou" on a, nanana !
Titre: Re : Du bout des doigts
Posté par: Kathya le 06 Mars 2011 à 19:56:37
J'ai bien aimé la "simplicité" de l'histoire. J'adore les histoires alambiquées avec des tas de rebondissements, mais j'ai tendance à préférer les histoires d'amour simples, même si on pressent que la fin ne sera pas hautement joyeuse. Pour le coup, c'est vrai que c'était assez attendu et prévisible, mais mon plus grand regret reste que l'histoire s'en arrête là. Certes, l'image de la fraise sur le sang rend bien graphiquement, mais l'histoire aurait gagné à ce que l'héroïne surmonte tout ceux-là, se raccrochent aux rêves qui lui restent pour aller de l'avant.

J'ai aussi ressenti une certaine distance entre l'héroïne et les personnages, mais plus du registre d'un non-dit ou de la crainte de l'incompréhension de son entourage, mais de la part d'une jeune fille qui jongle avec les interdits et les tabous de son quotidien, cela ne me choquait pas.

Globalement, j'ai bien aimé.