Le Monde de L'Écriture

Sous le soleil des topics => Discussions => L'orchestre du bar => Discussion démarrée par: Loup-Taciturne le 22 avril 2018 à 18:54:29

Titre: Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 22 avril 2018 à 18:54:29
Le rap, du moins celui là,  littérature orale pour le moins écrite, par des écrivains de parole, celle des dépossédés de l'écrit d'élite, des insoumis à la langue des académismes, des formalismes, des hautes normes. La cible est consciente.

J'amorce l'épidémie avec Virus, plume aux envolées paronymiques saisissantes :. (dont j'ai parlé dans le post sur
Les Soliloques du pauvre (http://monde-ecriture.com/forum/index.php/topic,22241.0.html))

Marquis de Florimont
« Qui est perdu aime éperdument
Risque gros au moindre flirt
Quand je m’accroche, c’est à mes dépens
Si seulement je gerbais des fleurs
Mais nan, j’arrose mes pleurs »

« J’ai bu et bu et rebu de la société
Y’en a à qui ça coupe les jambes, moi ça me les fait pousser
J’ai froid, j’ai soif comme le feu
Eh oui, manque de sommeil et maladie sont mes seuls moments d’euphorie
Comment je vais faire pour séduire et conclure ?
Les drogues dures ? Nan, j’ai peur d’Épicure »

« Seul un débit d’ébriété peut me débrider
Faire de moi ce joyeux débris
Endormi comme un briquet, je meurs d’effroi
Quand je m’aperçois que je me suicide en plusieurs fois »


https://www.youtube.com/watch?v=wHOEF8bRORc&t=0s&index=3&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Des fins
« J’pense aux discussions qu’on aurait pu avoir
À c’que j’essaye de pas r’faire ou parfaire mais j’peux pas t’en faire part
Tout est devenu insignifiant
Et j’sens que j’t’enterre vraiment, j’parle de moins en moins de toi au présent
Il m’écoute pas, il veut savoir c’que j’compte faire plus tard
»
https://www.youtube.com/watch?v=e26LcYylVBM&index=12&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Réflexion eternal
« Ce qui est bien quand t’es vraiment tout seul…
C’est que tu commences à être plusieurs…
Ce qui est bien quand t'es vraiment tout seul
C'est que tu commences à être...

J’étais pas moi-même donc forcément, je démens
Demande au temps qui court de bien vouloir être clément
Dans mon Trou Normand, j’suis passé du trouble au trouble
Pour accueillir le diable, il fallait bien que je me dédouble
»
https://www.youtube.com/watch?v=UdMDUW9EWNo&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=22


La nuit se lève
(plus accessible musicalement – prod Al'tarba)
https://www.youtube.com/watch?v=6DJX7xs2GTI&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=50

Et d'autres morceaux avec le groupe Asocial Club :

Creuser
https://www.youtube.com/watch?v=fJ-0TNzcBsU&index=21&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Ce soir, je brûlerai
« Peu d'chances qu'on discute
Si ta mère elle peint ou que ton père il sculpte
À bien y réfléchir, je nous préfère incultes
Impressionné ? Tout c'que t'as lu, on l'a vécu
J'suis passionné, j'écoute les dialogues dans un film de cul
C'est pour calmer tes (h)ardeurs qu'on t'inculpe
Pour ce doigt tendu qu'on t'a rendu au quintuple
Sensible en fonction des malheurs qu'on t'inculque
Ce fils de pute, obligé, fallait bien q'quelqu'un l'bute
Du coup, j'ai loupé l'début
Le talent n'est-il pas l'fait d'bien cacher qu'on en soit dépourvu
Non vraiment, c'qui nous r'pousse, au-d'là du tarif
C'est l'public que ça touche
C'est quand même chelou d'voir toujours les mêmes teu-tés dans une maison pour tous
(V'la les gueules)
J'ai bien tenter d'parler avec eux
Ça m'rappelle l'anglais, quand j'dis "oreille", on comprend "cheveu"
Ils ont ce don d'te faire sentir qu'ils sont chez eux
Que "ah bah non, désolé, y a plus d'chaise"
Dans leur salle, que des amplis Marshall, aucune MK2
Ils servent à qu'dalle comme une oeuvre d'art
À moins qu'tu montes un groupe avec un gratteur, un raciste et un bâtard
Bref, on les baise dans nos plus belles strophes
D'façon, j'y connais rien, mes albums préférés sont des best-of
C'est dans la rue qu'on fait les meilleurs cocktails
Ce soir, c'est décidé, j'irai brûler le centre culturel
»
https://www.youtube.com/watch?v=BABVK1dpEpI&t=0s&index=20&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

C'est l'occasion d'une transition parfaite avec l'enragée Casez, dont le flow assonant est solidement asséné. Les images sont frappantes et le venin est gris. Plongée dans l'introspection d'une « racisée ».

« Je vais crever
Autant creuser maintenant
Prendre mes mesures et me peser
Qu'importent ma peau, mes vêtements
Cette boîte n'osera pas me refuser
J'ai supplié secrètement
Les ténèbres de venir m'épouser
J'ai gratté complètement
La terre où je veux me reposer
J'ai cramé les cloisons
J'ai quitté ma maison
Je suis trop épuisée
Je m'emporte sans raison
Les gens sont déguisés
Leurs yeux sont des tisons
J'ai bu pour apaiser mon trop peu d'horizons
Leur bonheur m'a baisée
J'ai cru en une liaison
Mes désirs sont usés
Ma tête est une prison
Je sais pas cicatriser
Je suivrai mes visions
J'attendrai la rosée
Et l'effet du poison
»
Casez (Asocial Club), Creuser

libérez la bête
https://www.youtube.com/watch?v=5av32E3mz0E&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=19

Ennemi de l'ordre
« Je veux mordre car tout m’emmerde
Me porte à croire qu’on me pousse à perdre
Seul m’importent mon verbe et ma horde
Je suis à vie l’ennemi de l’ordre
»
https://www.youtube.com/watch?v=mJu4IMDbPhk&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=17

Tragédie d'une trajectoire
« Pourquoi suis-je si radicale ?
Me méfie des mains tendues trop amicales
N'ai aucune tendresse pour mes tours verticales
Ni la bonne humeur de mon île tropicale
Tout ce que j'énumère n'a aucun humour, est noir et amer
Froid et sans amour, fade et sans saveur et a dans son sommaire
Un lexique et une grammaire pour cracher sur leurs mères
Pourquoi suis-je si marginale ?
Epouse la cause du faible de façon machinale
Ne vois que du complot dans les lignes du journal
N'arrive à dormir que dans un bruit infernal
Puisque j'ai les nerfs, l'impression qu'on m'ignore
Et que de toutes manières on en veut à ma crinière
C'est sans aucune lumière que je sors de ma tanière
Avec un poignard imprimé sur la bannière
»
https://www.youtube.com/watch?v=zhHY23499Js&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=24

Pas à vendre
https://www.youtube.com/watch?v=oWPxQG0SF7U&index=25&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Sac de sucre
« Y'a pas d'champs d'canne en jachère
Tous les jours on y laisse et sa sueur et sa chaire
Et nos pauvres corps meurent, sans repos ni fraicheur
Avec chapeaux et foulards, pour contrer la chaleur
Descendants d'ces féroces croisières négrières
On garde force et courage, en chantant à plusieurs
Il n'y a pas qu'le salaire, pour creuser nos malheurs
Nos anciens tortionnaires, sont nos nouveaux employeur
»
https://www.youtube.com/watch?v=R-SD10rMlLQ&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=23

Purger ma peine (Ambiance fusion rock, avec Zone Libre, dont l'ex guitariste de Noir Desir)
https://www.youtube.com/watch?v=FCp2i7IDcuM


J'enchaîne avec Dooz Kawa, un rappeur souvent apprécié pour sa plume et la musicalité de ses instru. Très agréable à écouter.

Poupée de son
https://www.youtube.com/watch?v=SKFKEiK-emc&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=36

MC
« J'm'adresse aux blairs qui diront que j'suis mon thème
Mais ces regards sont des cicatrices qui rarement se referment
Comme des paupières abaissées
Amour tragique pour ABC car personne n'écrit de texte qui soit bien plus fort qu'un baiser
Pour ça qu'j'pourrais tous vous biaiser
Faire le poète, papier à lettre barré en mode sentimental
Avec la force de créer en main
Mais j'suis qu'un MC asocial qui n'a jamais cru en rien
»
https://www.youtube.com/watch?v=8JrVIQeA0Vc&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=39

Histoire d'eau
« C'est ma force sans alarme, moi je vis dans les eaux calmes
S'y mirant le narcissisme des étoiles
Elles parlent à mes iris, mettent la lumière dans mes oreilles
Filles du pancalisme, les chimères devinrent réelles
Uniques beautés du ciel dans un monde de fiel
Uniques sucrées du ciel sur la voie lactée de miel
Et puisqu'elles aiment les rêveries solitaires du ruisseau
Les constellations s'isolent et reflètent les songes dans les cours d'eau et marécages
Les reflets de la lune sur le miroir des rivages
Mais la pluie vint ternir avec ombre et nuages
Les mélodies d'la lyre sur les couleurs des images
On vit les cieux se couvrir, avec le temps des orages
Venir, les tristes sires matérialistes qui songent
A définir pour occire la liberté du songe
A l'avenir, le rêve devient étrange
Cassandre ne prédit plus dans l'eau, oublie tous les destins
Et au descendre du bateau Morphée est clandestin
»
https://www.youtube.com/watch?v=bbT5BaZBGNQ

Dieu d'amour
https://www.youtube.com/watch?v=I6hDC1pyC4k

Message aux anges noirs
https://www.youtube.com/watch?v=HYVq35Trbfc&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=37



Aller, deux pour finir, l'iconoclaste Furax Barbarossa, le « gitan », le « teuffeur », le « vagabond », le miraculé, et sa voix de pirate, au flow à la fluidité aquatique. Musicalement très agréable aussi.

Mauvais vent
« La blanche a fracassé des potes et si ma feuille l'est aussi
C'est que mon stylo me sert qu'à fumer le crack à cette époque
Je suis le bras cassé des pauvres, la valeur d'un homme
Je la connais mais gros j'ai pas assez d'épaules pour porter les malheurs d'un autre
Pour écrire ce que j'ai écrit, un vrai con ferait l'affaire
Avec la fièvre nous on se regarde maigrir, paraît qu'on fait la fête
Un dernier tango dans les bras de l'ammo', l'public s'esquive
Nique la vie mais dans les draps de la mort on sait plus qui baise qui
C'est un mauvais vent qui m’amène sur scène et dans la salle
Rimes amères, mon pe-ra saigne et tous ces gens-là l'savent
(…)
On m'a dit "Tu trouveras tout ça pérave ou ça t'plaira"
Mais ce putain de mauvais vent qui souffle est rare, il pousse à pper-ra
»
https://www.youtube.com/watch?v=z5Jlk82GEKg

L'étoile noire

« Si l'étoile noir a fait son taf, la misère mord les mêmes
Chez Liha ça s'anime, elle file après la vie qu'elle
Voulait offrir à sa famille, elle fuit la belle africaine
Pousse le bateau sur le sable, lourd de 500 autres
Elle repanse les blessures, le sabre aux jours de faim sans eau
Elle aurait voulu voir le soleil refaire fondre la merde
Mais elle est dans l'plus grand des sommeils dans le fond de la mer
Tu me rappelais que l'on paie tous
Fous moi la paix, ceux qui paient l'plus sont dans la baie de Lampedusa
»
https://www.youtube.com/watch?v=lKQoO0Sh9uM&index=11&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Oubliez-moi
« Dis lui que les vieux croupissent en soliste
Et qu'y a pas d'âge pour faire une dernière lettre suivi d'un nœud coulissant solide
Qu'il verra le gris de la ZAC, le prix de la sav'
Tu vas vraiment lui dire que la police le protège ? Mais vas-y quitte la salle !
Dis-lui bien qu'dehors c'est 100% dépravé
Qu'dans la rue qu'il voudra traverser coule le sang des braves, et
Et finalement j'croyais être un corps de glace stupide
Pourtant j'ai un cœur mais il a peu d'place tu piges ?
»
https://www.youtube.com/watch?v=fMrLoZM5wfI&index=14&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

De haine et d'eau tiède
https://www.youtube.com/watch?v=cbQ2nrumSUM&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=13

Et enfin, Cenza, un gars des bas-fonds parisiens au rap old school, au flow implacable. Introspection du poète sur le marché des maux.

« Un trou noir dans mon esprit, trou noir dans l'rap français
Si j'avais une rime chaque fois que je pensais
J'arrive plus a faire semblant
»


Un trou noir dans un gant blanc
« Les yeux humectés, mes joues transpirent l'humidité
L'humilité subtilisée par des rêves bien plus stylisés
Il faut montrer beaucoup à un homme pour qu'il ouvre les yeux
Couvres les mieux, croyant attendre que Dieu lui ouvre les yeux
(…)
J'insulte, j'suis toujours dans l'conflit
Même sur ma feuille, même quand mon écriture s'arrondit
Surtout sur ma feuille, face à moi même
On apprend pas tout seul, on apprend avec soit même
J'ai peur d'apprendre sur moi parce que je me connais
C'est plus facile de prendre la vie que de la donner
J'en perds tout sentiment pourtant j'suis plein d'émotions
Pour être plus pertinent, les sédiments sont en érosions
»

https://www.youtube.com/watch?v=371au9WzGfI&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=2

L'inconnu
« J'serais pas un gentil j'ferais pas ma punition
Sous-vision faire ce qu'ils attendent de toi est une forme de soumission
Des rendements d'rimes tranchantes les temps changent y'a d'grandes chances
La sentence, ceux qui la craignent n'suivent pas la tendance
Alors on s'juge, s'étiquette pour s'emprisonner
S'isoler même pas un petit sonnet qui m'fait frissonner
C'est pas une question d'époque, j'suis tout en bas de l'échelle du hip-hop
ça a l'air bon mais j'veux pas goûter à ce qu'ils mijotent
Ils ont tout niqué, tous violé notre abus d'confiance
Grotesque mon style au seize j'ai trop de textes sur la conscience
Quelques MC insouciants subsistent en sursis
J'entend quelques son d'fous, mais l'talent na jamais suffi
J'crois que j'suis condamné, à rapper pour les miens
Mais si seulement ils savaient ce que j'détiens entre les mains
»
https://www.youtube.com/watch?v=57oQFpSPIr4&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3&index=1

Mauvaise plume
https://www.youtube.com/watch?v=G3G85ZORQz8&index=5&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Ça vient des bas-fonds

https://www.youtube.com/watch?v=aZjwx9EegCU&index=31&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3


Voilà pour ceux que j’apprécie le plus.
N'hésitez pas à faire suite à cette cohorte !
J'espère vous avoir donné l'envie d'en écouter plus,

« J’voulais dire qu’il suffit de peu d’choses pour construire un enragé
Qu’il suffit de peu d’choses pour construire un engagé
Quelques humiliations et quelques injures suffisent…
»
Casez


(J'ai failli poster dans « [Théâtre et Poésie] », puis in extremis, j'ai trouvé cette section. Néanmoins j'ai regretté que la littérature orale (d'où qu'elle vienne), ne fasse pas objet de la même considération que la littérature « noble », puisqu'écrite, ou plutôt lue...)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Galianis le 25 juin 2018 à 00:38:27
Merci pour les partages. Je pensais avoir écumé la scène mais finalement dans ta liste, je ne connais que Dooz Kawa.

Je conseillerais au Mdéiens qui passe ici Gaël Faye, auteur qui dira sans doute quelque chose à qui a suivi les nouvelles du prix Goncourt.

Il fait des chansons parfois très rap, parfois pas trop, avec une poésie assumée dans ses textes. A l'image de Petit Pays https://www.youtube.com/watch?v=XTF2pwr8lYk (bon, j'avoue, celui là n'est vraiment pas du rap).

Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 25 juin 2018 à 17:49:38
Avec plaisir !
Oui, Gaël Faye, sympa. A part "Petit pays", je n'ai pas encore trop exploré mais il séduit pas mal de gens en ce moment, il est vrai.

Il y a Youssoufa en beaucoup plus médiatique aussi dans la bande de Kery James ( Lettre à la république, ça déboite : https://www.youtube.com/watch?v=gp3XZDK7Lw4). Leur paroles sont militantes, ils touchent un plus vaste public et ont le mérite de vouloir conscientiser l’opinion mais souvent l'écriture est un peu en dessous des précédents.

"On peut pas oublier la France-Afrique
Nique le temps des colonies
Instinct de guerre pour un homme de paix
Message de paix en temps de guerre
C'est ça même
C'est ça même
Au vrai militant de la diaspora
À la jeunesse révoltée d’Égypte et de Tunisie
Aux Ivoiriens dans la guerre civile
Une pensée pour le peuple d’Haïti
Affranchis, insoumis

À quel crew tu m'affilies-filies ?
Goutes mes rimes infinies-finies
Et le sang coule, mon stylo souffre d'hémophilie-philie
Le Glock fait "Boum", pas de guilli-guilli
Je suis debout, mes paroles bougent
M'arrachent la bouche comme le pili-pili
Du haut du Kili-Kilimandjaro
Je guette nos terres
La paix est finie-finie
Nos darons sont biens trop fiers
Toujours en guerre et mon Afrique se résigne
Un continent en forme de gun finalement c'était un mauvais signe
Tous nos vestiges mille-millénaires mais cependant
Ils disent que ça fait seulement 50 piges qu'on est indépendants
Qu'on obéisse et qu'on se couche mec
Pendant qu'ils font du biff sur la misère de l'Afrique comme Bemard Kouchner
Ça coute cher l'espoir quand la misère s'accroit
Rêver du pays de l'hiver désormais c'est la croix
Et la bannière
L'Europe n'a rien d'amicale
Ça me fait pas rêver les croisières
Mon premier bateau s'appelait Amistad
Derrière les palissades, grand cœur et dépendance
Grandeur et décadence, des chefs d’État sans cœur et dégradant
Écrasante histoire l'espoir est à la cave
Mon cœur criblé de balles comme un bus togolais a la CAN
Du placard faudra un jour sortir ce thème
Mais tu sais bien mon frère quand l'argent parle la vérité se tait
Et mon slogan devient une devise monétaire c'est ça...
T'avais jamais entendu de rap Franc CFA
C'est ça même"

Youssoupha - Rap Franc CFA
https://www.youtube.com/watch?v=pcUINDZC4zQ

Sinon en femme, il y a Chilla qui est en train de percer, même si c'est pas mal c'est un peu léger niveau paroles. mais ça apporte clairement une autre dimension au récit populaire des rapports de genre.

"On en a vu tomber, dévastés de regret
On s'efforce de ne pas oublier, comme une piqûre de rappel
Sur le char de nos espérances, on prend la seule existence
Aller de chemin en chemin, tenter d'entendre chanter nos anges"

Chilla
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Galianis le 04 juillet 2018 à 19:33:35
Youssoufa, on peut le critiquer pour les sons commerciaux qu'il a fait, d'un autre côté il a une vraie plume. Je porte une affection particulière pour Mourir mille fois.
https://www.youtube.com/watch?v=PNTCo4t9wY0
Et surtout surtout, son passage dans La Promesse avec Disiz. Couplet monumental.

Le rap conscient, intéressant souvent, frustrant parfois. J'ai horreur du rap qui se contente de dénoncer pour partager sa colère aux auditeurs.
J'appelle ça les chansons d'ados sombres. Celles qui passent leur temps à dire que le monde est trop pourri.

Je m'en vais tout de suite écouter Chilla. J'aimerais voir plus de femmes dans le rap (ou en voir tout court) mais quand j'en trouve, je n'aime pas du tout. Au lieu de s'approprier le genre d'une façon ou d'une autre, elles prennent une voix très masculine que je n'aime pas du tout
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Aleshanee le 16 octobre 2019 à 15:29:15
Je suis fan de rap. C'est ce que j'écoute le plus.
Merci pour cette découverte de Virus. J'avoue qu'il y a certains textes intéressants.
En ce moment j'écoute beaucoup Hugo TSR et bien sûr le dernier album de Kery James.
Certains d'entre vous ont ils des playlists de rap sur youtube ?
Perso, j'ai commencé celle-ci :
https://www.youtube.com/watch?v=BT0BqVmGd9Y&list=PL08duo_TKM-1QRvrAnMEgthdQqbFldvPB
Il s'agit des textes ou des sons que je préfère mais ma connaissance reste limitée. Je suis preneuse si vous avez d'autres conseils !
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 19 octobre 2019 à 13:26:46
Ah oui, entendu parlé de Hugo tsr mais pas écouté plus que ça. Je referai surement une session, merci.
Kery James, le dossier à chaque fois que je discute de rap haha, il est important, populaire car il pèse et ses messages sont forts. Mais je trouve que sa plume est assez faible et son flot trop mécanique et pas assez fluide. Mais bon, question de goût.

Moi c'est plus une décharge à sons que j'ai aimés, que je ne veux pas "perdre", qu'une playlist méticuleusement triée sur le volet pour une écoute linéaire. De toute façon j'ai pas 36 artistes que je peux écouter sur la durée :
https://www.youtube.com/watch?v=57oQFpSPIr4&list=PLP1aN3sZ8UYCadFBW5GvIPGJuUvgwIrU3

Merci pour le partage y a des trucs à découvrir ou redécouvrir dans ta playlist.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Miromensil le 19 octobre 2019 à 13:57:12
Glauque en a fait 2

Plane https://www.youtube.com/watch?v=y34lYDwKDOs
Robot https://www.youtube.com/watch?v=Rw-PqTFNQaA
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 19 octobre 2019 à 16:56:47
mwa ce que j'aime pas trop c'est les colons inversés du RAP...
pas que l'occident n'aie pas à s'approprier cette forme d'art...
mais plutôt qu'elle oublie d'où elle vient...

la culture afro(américaine) est à l'origine du mouvement, avec ses revendications propres qui sont souvent reniées par les rappeurs d'une autre ethnie, qui vont alors dire que le vrai rap c'est le rap conscient, intelligent, avec des alexandrins lol, qui vont houspiller les paroles vindicatives et portées sur d'autres valeurs que celles de l'occident...

là où Kery James est un peu trop français à mon goût, il joue pourtant un jeu très adroit d'insertion de réflexions sur son vécu ethnique...
là où PNL est très commercial pour son public, ils n'en dénient pas moins leurs origines (quoique, et ce qui appuie mon propos : leur dernier album est bcp plus occidental que leurs premières productions ou même celles que la france n'aurait pas acheté (je pense à 'Tahia (https://www.youtube.com/watch?v=CpXPUMEhDNU)')
là où des Orelsan empruntent avec brio le caractère amer de la société qui est souvent représenté dans le rap, ils effacent l'image du rappeur original que certes des eminem ont tenté d'ouvrir à l'occident...

de fait, 'rap français', pour moi, ce serait comme dire un 'tango chinois' ou une 'polka chilienne'...
et pourtant, La Canaille, Le bon nob, et autres plus ou moins connu du terrain, ont tout-à-fait à mes yeux leur caractère valable !

après, je me demande dans le titre... 'français'... 'francophone' ? 'blanc à la baguette et au berret' ? je suis confus...
parce que Timal a une voix de blanc mais se ferait surement traiter d'insolent ou même de vulgaire, et pourtant je lui trouve un rap sincère, certes un peu violent, mais pas du tout illégitime !

Au final, entre appropriation et divergence, le rap c'est qmm cool :)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 22 octobre 2019 à 12:41:22
Citer
qui vont alors dire que le vrai rap c'est le rap conscient, intelligent, avec des alexandrins lol, qui vont houspiller les paroles vindicatives et portées sur d'autres valeurs que celles de l'occident...
Oui bah la culture dominante issue de la colonisation ou/et du capitalisme entretient un rapport colonial et élitiste avec les productions de la culture populaire. En rejetant les formes qui n'essayent pas de l'imiter et en valorisant les formes qui se rapprochent de ses valeurs. Avec en plus une fascination pour l'exotique. une sorte de syndrome Oxmo Puccino / france inter.

Mais ça c'est juste une manière de lire les rapports entre cultures et classes dominante et dominées.

On ne peut pas empêcher des gens de s’approprier le rap ou d'imiter la culture "bourgeoise". On ne peut pas empêcher les gens d'aimer retrouver leur propres valeur dans un rap devenu grand public parce qu'historiquement il est populaire.
Par contre il est certains que tout cela n'est pas anodin comme tu le soulignes et dis quelque chose des rapports sociaux.
Donc plutôt d'accord avec toi quand tu parles d'une dimension coloniale possible dans le rapport au rap.


Ce qui me pose beaucoup plus problème c'est quand tu dis :
Citer
là où Kery James est un peu trop français à mon goût
Kery James est français, point. Pourquoi devrait-il épouser une autre image que tu te fais de lui ? parce qu'il est noir, il devrait paraitre moins "français" ? je pense que ce n'est pas ce que tu veux dire mais il faut faire attention.

Citer
de fait, 'rap français', pour moi, ce serait comme dire un 'tango chinois' ou une 'polka chilienne'...
Eh bien ? Où est le problème ?
Chaque emprunt culturel jouit d'une réappropriation par le substrat culturel d'adoption. Oui on pourrait très parler de tango chinois, comme on parle de hip hop japonais ou de K-pop.
Là je crois que tu empruntes la pente glissante de l'essentialisme. (Malgré tes intentions sans doute honorables)

Citer
après, je me demande dans le titre... 'français'... 'francophone' ? 'blanc à la baguette et au berret' ? je suis confus...
Non mais t'es sérieux ? Pour toi français = "blanc à la baguette" ?
"Rap français" car ces rappeurs sont ... français. et parce que c'est la dénomination habituellement utilisée pour parler de la scène française.

Je crois que tu commets une erreur en assimilant "blanc" à "français", alors que la France est un pays multiculturelle avec des citoyens de toutes origines, un des seuls États à posséder des territoires et abriter des populations aux quatre coins du monde, sur autant de continents différents. (ce n'est pas glorieux mais c'est un fait)

Citer
Au final, entre appropriation et divergence, le rap c'est qmm cool
Oui, bien résumé !

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Edit :
1) Glauque c'est pas mal, merci, c'est pas trop mon style mais je reconnais qu'il y a du boulot et de l’originalité dans la plume comme dans l'orchestration.

2) Je viens de tomber sur une histoire du Rap française juste en forme de mini série documentaire sur arte : French game :
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017359/french-game/

(https://static-cdn.arte.tv/resize/4j8zsZ3dlInk1X5R-OEbGg2z7XQ=/1200x300/smart/filters:strip_icc()/apios/Img_data/cache-buster-1554397141/28/RC-017359-A_2713438.jpg)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 23 octobre 2019 à 12:42:32
Bah heu j'suis ptetr un brin chauvin, patriotiste, nationalique bien dans son pays et sa langue, et ses clichés, son identité parfois houlousement délicate par effet d'identité ouioui...

La question du brassage de culture ne saurait se destituer de son ambivalence inévitable :
Jusqu'où Kerry possède-t-il le goût, l'envie, le devoir, de se rattacher à l'identité immuable enfermée par le mot 'français' tel que l'entend le plus souvent le français, c'est vrai que c'est une question moins évidente à poser à un guadeloupéen, mais on peut aller se casser la tronche à demander si PNL se veut limité par son appartenance à l'Algérie, à la Corse (qui n'est pas française admettons-le x) pardon), à la France, au monde planétaire qui l'écoute...

En fait je ne suis pas tant essentialiste que tu ne le crois, juste j'aime parfois à emphaser mon propos, et tu me le soulignes avec justesse ! Ceci dit, il convient toujours de distinguer, si on ne veut pas mélanger. Et pour moi par exemple si je peux m'exprimer en nuances et non en extrêmes : "PNL apporte à la France et devant le Monde, un souffle fortement influencé par l'Algérie, assumant à la fois les conditions de mondialisation propres à son vécu, et un brassage honnête de ce qui fait son histoire, même au delà de sa généalogie, de sa géographie... (et là le sujet de mon exemple partirait en pamphlet ôdesque, mais serait alors hs à mon propos ^^)"

Pour ce qui est du multiculturel pays que serait la France... oui... bon... moi j'suis mondialiste également, donc je trouve que l'humanité ethno-nationalo-territorialo-étatico-organisée est très mal représentée dans ce que j'ai pu me faire comme espoirs, mais on fait avec...
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 23 octobre 2019 à 20:50:57
Citer
l'identité immuable enfermée par le mot 'français' tel que l'entend le plus souvent le français
Alors je ne suis pas français, et plutôt deux fois qu'une en tant que breton.
Tu l'auras compris, je ne partage pas du tout la croyance au mythe de l'identité univoque et immuable, qu'elle soit individuelle, collective ou pseudo-nationale.

Pour moi la question n'est pas tellement celle du goût ou du devoir de se rattacher à "l’identité française", que celle de concevoir une identité française plurielle et malléable de tous les éléments qui la constituent. Suivant une conception sociohistorique de l'identité.
C'est d'ailleurs le gros problème de la France actuelle et de tous ses débats pourris, à mon avis, le problème de sa politique assimilationniste aveugle et de l'histoire coloniale à laquelle elle s’attache pathétiquement. Elle doit repenser sa doctrine identitaire totalement hors d'âge.
Si Kery James est français, et il l'est de fait, c'est à la France de tenir compte qu'il y a des Kery James en France. Etc, et il y a de l'Algérie dans la France, et de la France dans l'Algérie, c'est une évidence (entre toutes autres choses).

Donc nous sommes d'accord, de fait la France est vivante et multiculturelle, sont identité ne peut qu'être plurielle et mouvante.
(Pour l'adhésion au mondialisme, je garde une grosse réserve, il s'agirait de définir de quel mondialisme nous parlons, mais ça c'est une autre discussion.)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 24 octobre 2019 à 13:01:42
Yep Loup, les autres discussions déraperaient aussi bien de mon côté...
D'où qu'il faut en revenir avec les fondamentaux ouioui...

Sur spotify, parce que ça se trouve pas partout malgré l'excellence du produit :
Du rap alien non francophone... mais bien français !

Je veux bien sûr partager : Crazy Sounds With The Aliens (https://open.spotify.com/album/7FlwBeoE2Dqe7cmxCdsiQf#_=_), l'album déjanté de Maniacx !
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Aleshanee le 24 octobre 2019 à 14:46:37
Loup, ta playlist est extraordinaire. Je me régale. Les textes de Cenza notamment me laissent bouche bée. Merci, vraiment merci !

Quant à la question de l'identité, ce n'est qu'un " imaginaire": des chansons, des références culturelles ou religieuses, une façon de dire le langage, des textes... etc. Au fond, c'est comme dans un livre. On parle de l'imaginaire européen, africain, asiatique et plus particulièrement de l'imaginaire de certains pays ou régions.

 Nous grandissons tous avec un imaginaire. Perso, j'ai grandi dans le sud ouest. Alors, à l'imaginaire "typiquement français", s'est mêlée la culture basque/béarnaise, avec ses codes, ses dialectes, ses personnalités publiques, ses chants, ses danses, ses expressions... J'ai grandi avec tout ça, ça fait partie de moi (une partie de moi du moins...) de ma façon d'aborder le monde ou de me comporter.

L'être humain grandit donc dans ce livre, pour autant, l'expérience, les voyages et le temps lui en fait lire d'autres s'il le désire ou le peut. Il finit par être une pluralité d'imaginaires, c'est ce qui fait sa force, son originalité.
Cela lui permet de juger, prendre du recul sur son "imaginaire" d'origine ou l'enrichir.
C'est ce que disait Rousseau en tout cas, l'homme civilisé est forcément cosmopolite.
La culture/expérience/curiosité lui permet de se développer et de dépasser son monde d'origine. De devenir quelqu'un de riche, d'ouvert d'esprit qui a su confronté ses valeurs, ses opinions au monde pour développer les siennes propres. Vous voyez ce que je veux dire?

Le problème, c'est qu'aujourd'hui, beaucoup d'êtres humains peinent à accéder à cette culture, expérience et à développer leur curiosité.

Ce qui doit donc être souligné par la question de l'identité, c'est le fait qu'il existe des barrages qui nous empêchent de découvrir l'imaginaire de l'Autre,  des autres cultures.

Notamment le fait que ces barrages touchent les personnes qui vivent à l'écart de la "culture". (Les gens de la campagne profonde, les gens des cités, les analphabètes ou même ces gens qui, bercés par l'idéologie libéraliste ambiante préfèrent s'enfermer devant leur télé à regarder la téléréalité plutôt qu'à bouger et vivre etc.)

Ces gens deviennent de plus en plus nombreux dans notre France en crise.

De fait, dans les cités par exemple, où les immigrés sont parqués à cause du manque de transports, la pauvreté et le manque de mixité forment aussi une prison aux murs gigantesques. Ils sont invisibles mais je vous jure qu'ils paraissent infranchissables. En France, peu de gens connaissent vraiment la culture arabe/africaine etc. et la vraie condition/vie des immigrés français. Tout n'est que cliché à cause des médias. Ils ne connaissent pas l'Autre du coup. Du coup, idem, ils ont des oeillères. Ils restent donc prisonniers de leur imaginaire à eux, leur seule identité culturelle sans l'enrichir en cherchant vers autrui...

Ce manque d'enrichissement, de confrontation appauvrit forcément l'esprit et détruit le sens  critique. Je crois que c'est la raison pour laquelle les extrêmes sont si nombreux aujourd'hui. Par manque d'ouverture et de culture, les gens se définissent par ce petit imaginaire, qu'ils serrent dans leurs bras parce qu'à force d'avoir été enfermés dans leurs certitudes et leur ignorance des autres qu'ils en ont peur.

Les Kery James, Victor Hugo, Aimé Césaire, Rimbaud par leur génie, leur curiosité, leur courage, leurs moyens financiers ou leur talent (un mix de tout?) ont brisé ces barrières, ont arraché ces œillères. Ils ont voyagé, lu, sont allés vers l'autre. Ils sont devenus des personnalités et possèdent un imaginaire cosmopolite et métissé, alimenté par la culture et l'esprit des autres à titre collectif ou individuel. Leur origine n'est plus qu'anecdotique, à la limite une source d'inspiration.

Enfin voilà, je ne sais pas si je m'exprime bien car j'écris ça à la hâte mais pour conclure, cette notion d'identité nationale est surcôtée mais surtout mortifère pour l'esprit humain.

Oui, il s'agit d'un imaginaire commun, des codes qu'on partage, mais au fond ce ne sont que des habitudes quotidiennes, un verni...J'aurais pu tout à fait faire le ramadan si j'étais née au Maghreb ou mangé du lait de yack au petit déjeuner si j'avais été moghole. C'est pas des différences renversantes, elles sont presque anecdotiques ! Ce n'est donc pas avec ça qu'on rapproche vraiment les gens. Comme un imaginaire ou des règles que pourrait partager des frères et des soeurs ayant grandi au sein d'une même famille, mais qui ne nous définit pas. C'est donc surcôté.

Et c'est mortifère car, hélas, on considère ça comme important. Du coup, ça rapproche les gens avec cette idée d'être contre les autres, différents des autres. (Moi je suis français, je me sens français et ne suis pas comme un allemand, un sénégalais etc. )

 Enfin, je crois.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 22 novembre 2019 à 16:34:42
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Sur spotify
je n'ai pas accès à ça malheureusement

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Loup, ta playlist est extraordinaire. Je me régale. Les textes de Cenza notamment me laissent bouche bée. Merci, vraiment merci !
Ravi

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J'aurais pu tout à fait faire le ramadan si j'étais née au Maghreb ou mangé du lait de yack au petit déjeuner si j'avais été moghole. C'est pas des différences renversantes, elles sont presque anecdotiques !

Oui tout à fait, et en même temps ces différences sont respectables.

Dans l'ensemble je suis plutôt d'accord avec ce que tu écris.

Je voudrais juste préciser sur la culture :
Quelqu'un de "cultivé" n'est souvent rien de plus que quelqu'un de "culturé". Car en vérité tout homme est cultivé de sa propre culture. Le sens de "culture" (culture générale bourgeoise qu'on devrait plutôt appeler culture superficielle ou hors sol) n'est jamais utilisé au sens anthropologique du terme (la culture comme un processus, tout groupe humain produit et transmet de la culture sans que l'on puisse juger que l'une vaille mieux qu'une autre), mais au sens bourgeois du terme. Lorsqu'on parle d'éducation, la confusion est souvent faite et ont réduit la culture à la culture bourgeoise. Moi je plaide pour la reconnaissance et le respect des singularités culturelles sans hiérarchisation. Le problème n'est pas tant que tout le monde arrive à s’empiffrer de ("accéder à la") culture bourgeoise pour en avoir la maîtrise et pouvoir s'élever dans la société, mais que chacun soit accepté avec sa culture singulière sans avoir besoin de la renier ou de s'acculturer selon les valeurs et corpus de la culture bourgeoise. La culture bourgeoise est une culture assez inutile en pratique. Son utilité est avant tout sociale. Eelle permet à celui qui la maîtrise de se distinguer et de se mouvoir dans la société haute et d'en tirer profit et prestige (c'est là son utilité). La culture bourgeoise ne permet pas de se nourrir soi-même, de réparer des moteurs, de construire une maison, tout juste de connaître quelques espèces animales et végétales de manière superficielle et souvent théorique, sans implication pratique. La culture bourgeoise est une culture de l'élite pour l'élite. Il lui faut des cultures subalternes, subordonnées pour se reproduire. Seule, elle serait incapable de reproduire la société sur laquelle elle repose.

Pour moi chacun a le droit de se cantonner à son univers culturel, à ses valeurs traditionnelles, à sa culture populaire ou locale. On doit même être respecté pour ça, même si ça ne plais pas, même si ça ne fait pas "ouvert d'esprit". On est pas tous obligés d'avoir les mêmes valeurs, du moment qu'on respectent celles de chacun. C'est un droit fondamental. Qu'il s'agisse de culture régionale, immigrée, urbaine ou rurale. Tant que les relations culturelles ne visent pas l'assimilation des uns par les autres, comme c'est souvent le cas. tant que l'expression culturelle ne se fait pas au détriment de l'autre. Et la culture bourgeoise est la principale force oppressive, assimilationniste, car elle est la culture de la norme, celle de la classe dominante imposée par l’État, celle du pouvoir, celle de la conquête des postions sociales avantageuses.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 22 novembre 2019 à 17:27:33
Ah, oui, ça me dit quelque chose cette question : la pluralité des cultures est-elle un frein à la culture ?

Mais sans répondre à ce paradoxe...
Si un pays multiculturel se revendique encore pays, qu'est-ce qui le distingue alors des autres ?

Pour la première question, j'avoue que je rejoins le devoir de liberté de chacun à être honnête avec lui-même dans la construction de son univers culturel, mais je préfère me dire qu'il y a comme des dangers à éviter, notamment la fameuse aliénation que nous subissons tous, selon certains discours en situation désespérée. D'une part l'immobilisme, même de culture, n'est pas souvent autre chose qu'un pourrissement à venir, et d'autre part, je citerai le fameux je-sais-plus qui disait 'le pire ennemi de la connaissance n'est pas l'ignorance... mais l'illusion de la connaissance'... En gros oui, c'est peut-être une mode inutile d'être 'ouvert d'esprit', mais je crois que la situation culturelle ne permet pas encore de stabilité sur les plans de son incidences...

Pour la seconde, je me questionne vraiment. Les pays étaient légitimes dans un contexte de population homogène... qu'en est-il maintenant, quand on peut être de plusieurs nationalités, habiter ailleurs, parler une autre langue, ne pas partager la culture... moi je me dis que ça sert à rien ces frontières, à part couper le territoire et générer des dolipranes pour les engagés de la conversation...

Sinon pour nourrir plus sérieusement le sujet avec un peu de culturation, ou plutôt une référence à l'évidence, qui se doit d'apparaitre :
Ma jeunesse de jeune a écouté du Sniper, c'était aussi toute une autre époque !
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 22 novembre 2019 à 22:56:04
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Les pays étaient légitimes dans un contexte de population homogène... qu'en est-il maintenant, quand on peut être de plusieurs nationalités, habiter ailleurs, parler une autre langue, ne pas partager la culture... moi je me dis que ça sert à rien ces frontières, à part couper le territoire

C'est plutôt que les États conquièrent des territoires de populations hétérogènes pour se former et se renforcer et homogénéisent leurs populations avec le monopole de l'éducation légitime. c'est plutôt dans ce sens que ça se passe. Mais l’État "démocratique et libéral" qui prône les droits de l'homme en dehors de ses frontières, pour servir ses intérêts, se confronte à une contradiction à l'intérieur de ses frontières quand il s'agit d'oppresser ses propres minorités pour les faire entrer dans le rang nationaliste. Là se trouve un nouveau levier d'émancipation face à l’État assimilationniste.

L’État peut retrouver une certaine légitimité s'il renonce au paradigme identitaire nationaliste au profit du paradigme pluti-identitaire sous forme d'inclusion des identités plurielles, de communauté de communautés et dans une perspective transcommunautaire plutôt qu'anticommunautaire.

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l'immobilisme, même de culture
Je ne suis pas sûr d'avoir compris mais en tout cas il est certain que la culture (quelle qu'elle soit) est intrinsèquement mobile et dynamique.

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Ma jeunesse de jeune a écouté du Sniper, c'était aussi toute une autre époque !
Culture que je n'ai pas reçu
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 22 novembre 2019 à 23:34:06
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C'est plutôt que les États conquièrent des territoires de populations hétérogènes pour se former et se renforcer et homogénéisent leurs populations avec le monopole de l'éducation légitime. c'est plutôt dans ce sens que ça se passe.
Ouais m'enfin l'institution se légitime elle-même pour ET par l'homogénéisation, les populations hétérogènes ça existe qu'aujourd'hui après les colonisations décolonisations...

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Mais l’État "démocratique et libéral" qui prône les droits de l'homme en dehors de ses frontières, pour servir ses intérêts, se confronte à une contradiction à l'intérieur de ses frontières quand il s'agit d'oppresser ses propres minorités pour les faire entrer dans le rang nationaliste.
ahah tellement vrai pour tous les systèmes à valorisation de la majorité x)

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Là se trouve un nouveau levier d'émancipation face à l’État assimilationniste.
ça veut dire quoi un Etat assimilationniste ?
je me figure dans les prérogatives de l'Etat une certaine régulation de l'humain, et donc de sa culture comme tout le reste...pourquoi lui coller une étiquette diabolisante genre 'ils nous bouffent' ? y'a que les insatisfaits d'un système qui lui adjoignent des péjoratifs peu explicites... mais on pourrait revenir sur le sujet d'un Etat démocratique majoritaire...

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L’État peut retrouver une certaine légitimité s'il renonce au paradigme identitaire nationaliste au profit du paradigme pluti-identitaire sous forme d'inclusion des identités plurielles, de communauté de communautés et dans une perspective transcommunautaire plutôt qu'anticommunautaire.
Si tu cherches une légitimité de l'Etat dans un système démocratique majoritaire dont les principaux acteurs ont un discours qui va à son encontre, tu vas galérer un peu je pense... Mias oui, un Etat pluri-identitaire, ce serait top... ceci dit faut arrêter de lui amputer tout ce qu'on lui trouve juste parce que ça nous convient pas...

à une époque un pays c'était juste un groupement consenti de gens qui partageaient soit une origine, soit une culture, soit un territoire... si aujourd'hui ceci n'est plus incident à la notion de pays, alors l'Etat doit aussi s'en défaire... non ?
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 23 novembre 2019 à 02:36:13
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    C'est plutôt que les États conquièrent des territoires de populations hétérogènes pour se former et se renforcer et homogénéisent leurs populations avec le monopole de l'éducation légitime. c'est plutôt dans ce sens que ça se passe.
Ouais m'enfin l'institution se légitime elle-même pour ET par l'homogénéisation, les populations hétérogènes ça existe qu'aujourd'hui après les colonisations décolonisations...

Pas vraiment. Le colonialisme de l’État remonte à son émergence. l’État a toujours été colonial. L’État est la centralisation d'un pouvoir qui s'exerce sur des territoires par la coercition, que ceux-ci le veuillent ou non. En temps que breton, je peux t'affirmer que la France d'hier à aujourd'hui n'a jamais été homogène, mais qu'elle a fait son possible pour réprimer toute hétérogénéité. L'élite bretonne s'est faite assimilée et corrompre et la Bretagne, après des siècles de batailles sanglantes a été soumise par la France et partiellement assimilée. Pourtant les Bretons étaient en "France" avant les francs.

On pourrait en dire autant des autres régions assimilées.

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ça veut dire quoi un Etat assimilationniste ?
je me figure dans les prérogatives de l'Etat une certaine régulation de l'humain, et donc de sa culture comme tout le reste...pourquoi lui coller une étiquette diabolisante genre 'ils nous bouffent' ?
Certains États sont moins assimilationnistes que d'autres. Certains pouvoirs se satisfont du monopole de la violence et de prélever l'impôt. Mais le nationalisme a conférer une dimension ethnique/identitaire à la conception de l’État et de la nation. Cette conception est le fruit d'un travail d'imagination idéologique, incarné notamment par le "roman national", histoire fantasmée de la nation au service du nationalisme de l’État. Dans de tels États, l'assimilation à la majorité devient une stratégie pour ne pas subir les discriminations, mais aussi une politique Étatique chargée de refonder la légitimité du pouvoir sur une base identitaire.
l’État français est assimilationniste, ce n'est pas le diaboliser, c'est décrire comment il se comporte avec la diversité culturelle minoritaire sur son territoire. Il y a une continuité politique et idéologique dans son comportement avec les régions de France, le colonialisme et le postcolonialisme de ses politiques envers les minorités et les outre-mer.

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à une époque un pays c'était juste un groupement consenti de gens qui partageaient soit une origine, soit une culture, soit un territoire
Non je ne crois pas. L'Etat s'est constitué depuis son émergence sur l'asservissement des populations, la concentration du pouvoir, le drainage des richesses et l'exercice de la violence. Il n'y a que la lutte des dominés qui a forcé les pouvoirs étatiques à concéder du terrain. Et encore...

Je n'ai aucune confiance en cette institution toute puissante. L’allègement de son joug n'est dû qu'à une lutte des classes permanente.

Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 23 novembre 2019 à 11:13:21
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Je n'ai aucune confiance en cette institution toute puissante. L’allègement de son joug n'est dû qu'à une lutte des classes permanente.
En sa manifestation réelle ou bien en son idéal à construire ?

Je veux dire : l'Etat est l'actuel moyen de gestion humaine, mais il est dépassé en terme de pouvoirs financiers par les entreprises mondiales, les fameux GAFA... je ne sais pas si tu es en cause ou en effet de ce mouvement global de déperdition du politique, mais je le partage... ceci dit il faut bien un mot pour désigner l'institution, morale ou incarnée, qui assure cette gestion en tant que fer de lance de notre civilisation sociale...

Après je m'aperçois que de rap à identité, nous arrivons à la notion très tendue que constitue ce miniGodwin qu'est la question politique...

Et que je suis le seul à ramener des éléments relatifs au sujet !
Si jamais certains retrouvent la rareté qui scande avec un humour rock :
"Dans ce monde
J'revendique la paix !
J'te nique ta mère !"
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 23 novembre 2019 à 14:50:54
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En sa manifestation réelle ou bien en son idéal à construire ?
Les deux malheureusement...
Pour moi le communisme est utopique quand il croit pouvoir prendre l'Etat et imposer la dictature du prolétariat pour l'abolir.
L'anarchisme est pragmatique quand il se méfie en permanence de toute centralisation/concentration du pouvoir dans les mains d'une institution ou d'un individu. (l'histoire lui donne assez raison dans les faits)

Le contrat social repose sur une servitude volontaire, mais une servitude quand même. Il est un moyen pour l’État de garantir la paix social, et donc de perpétuer la hiérarchie sociale en faisant en sorte que même en bas, on trouve un minimum d'intérêt à accepter sa domination. Et c'est en partie vrai, il est possible que nous ayons en France quelques intérêts à accepter sa domination. Pour combien de temps ? à son bon vouloir ? Sachant qu'on s'assoie sur l'égalité, l'équité et on cautionne l’exploitation par les élites capitalistes du reste de la société et des masses prolétariennes d'autres sociétés.

Il y a trop de choses qui ne vont pas et dont l’État se rend complice à mon avis. Il y a trop de choses sur lesquels les localités et les personnes n'ont pas leur mot.

Citer
il faut bien un mot pour désigner l'institution, morale ou incarnée, qui assure cette gestion en tant que fer de lance de notre civilisation sociale...
ce n'est pas une question de mot mais d'organisation politique. de structure politique de la société. De répartition des statuts, des richesses et du pouvoir. La fédération de communes c'est un autre modèle qui serait tout autant envisageable.

Citer
Et que je suis le seul à ramener des éléments relatifs au sujet !
Oui, enfin je rebondis sur tes remarques
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 24 novembre 2019 à 10:34:03
bonbonbon, Loup, excuse moi on va me perdre si on continue à glisser vers la pente des divergences d'opinions à propos d'organisation politique... la démocratie se tire par contradictions d'intérêts et je n'en ai pas !

là où je voulais en venir, et il s'agit bien là d'une histoire de mot justement, c'est que l'Etat est le terme usé philosophiquement pour désigner l'organisation officielle humaine d'un groupement qui se sent rattaché par une identité, donc des points communs... sans parler statistiques ou qualité, sans parler fonction ou organisation, juste d'après la théorie, c'est un non-sens de dire qu'il faut le supprimer, car même des communautés de communes, même des solitaires isolés, mêmes des moutons bien rangés, tout ça c'est une forme d'organisation de la société qui, si elle est convenu entre ses membres, est alors un consensus qui correspond à la définition suscitée.

en l'occurrence je reste donc sur l'idée qui semble ne pas être passée : les états sont obsolètes selon moi, mais la notion d'Etat est intrinsèque à l'humain civilisé. Que faire alors ? Repenser le politique (la théorie de la politique, en gros) afin d'inclure l'unité humaine qui nous fait défaut là où chacun est aveuglé par son patriotisme qui ne correspond plus qu'en le morcellement volontaire de cette humanité alors désunie...

et c'est ce que nous faisons petit à petit... tu évoques le mot assimilationniste... peut-on dire que l'humanité s'assimile elle-même perpétuellement, à la vue de la disparition progressive de toute forme de culture ? le patois, exemple classique, a eu ses défenseurs, et sans dire qu'il est une cause perdue ou que Babel est une morale fixe, s'il ne reste plus d'origine territoriale, d'appartenance à une ethnie, qui jadis étaient malgré tout ce qu'on peut dire, le moteur de ces frontières, eh bien ne reste aujourd'hui alors que la barrière de la langue pour différencier les cultures étatiques ? le reste serait de la divergence par incarnation, untel français ne pouvant être comparé à untel italien...

désolé d'être flou dans mon propos, mais en fait oui, tu rebondis dessus sans vraiment prendre les commandes de ton topic, et comme je veux simplement y participer, je me retrouve à devoir me raccrocher à ce que tu cherches toi... mais tu cherches mon propos, et je cherches le tien, donc c'est sans fin ! d'où que je reviens avec un peu de rap de temps en temps parce que c'est le sujet, d'où que je questionne les termes du titre, parce que c'est le sujet, parce que je prends en compte les notes de tout le topic, c'est le sujet, et ce d'une approche qui, je le répète, n'a pas d'objet... c'est-à-dire que comme ton sujet, je suis ouvert et non prescriptif (y a-t-il un qui pro quo à ce niveau ?)

donc : lettres de roture du rap français...
pour ma part j'ai répondu à :
- lettres de roture, ça fait pas très rap (qu'est-ce que rap)
- rap français, ça fait pas assez mondialiste (qu'est-ce que français)
- petits exemples de torsion du concept (rap francophone ? rap par un français ? etc)

mais en fait c'est ptetr j'y pense que now, que je me prends trop la tête à décortiquer les concepts, et que je paraît spammer inutilement avec mes philosophies, alors que ce sujet était juste créé pour recopier des textes de rapeur ?

:/

Teki Latex - Agent Orange
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 24 novembre 2019 à 20:57:20
Ce n'est pas par esprit de contradiction Dot mais :
Citer
là où je voulais en venir, et il s'agit bien là d'une histoire de mot justement, c'est que l'Etat est le terme usé philosophiquement pour désigner l'organisation officielle humaine d'un groupement qui se sent rattaché par une identité, donc des points communs...
Non, vraiment. L’État est un mode d'organisation particulier et bien défini. Il y a bien d'autres formes d'organisation politiques existantes/possibles. L'histoire, la préhistoire, l'archéologie et l'ethnologie le montrent.

Citer
juste d'après la théorie, c'est un non-sens de dire qu'il faut le supprimer,
Non, c'est une forme politique qui possède ses conditions sociohistoriques particulières d'existence. Il n'y a pas de postulat évolutionniste qui tienne et qui présenterait cette forme politique comme inéluctable, la plus aboutie, indépassable ou je ne sais quoi (c'est un biais évolutionniste du mythe de "la civilisation", "du progrès"). L'Etat est une forme politique soumise à effondrement/transformation/innovation comme toutes les autres (chefferie, empire, fédération, féodalisme etc).

Citer
car même des communautés de communes, même des solitaires isolés, mêmes des moutons bien rangés, tout ça c'est une forme d'organisation de la société
Oui
Citer
qui, si elle est convenu entre ses membres, est alors un consensus qui correspond à la définition suscitée.
Non car ta définition n'est pas celle de l’État. L’État n'est pas un consensus. Il n'a pas forcément besoins d'une adhésion identitaire pour s'imposer. c'est un pouvoir central qui s'impose par la force (monopole de la violence légitime) sur un territoire qu'il convoite/contrôle. Il a vocation à exploiter et administrer ce territoire, n'en déplaise à ses occupants. L’État est forcément bureaucratique, sa bureaucratie permet le contrôle de la population et le prélèvement de l'impôt et l'impôt finance la bureaucratie et les infrastructures de contrôle/développement. L’État est dominé par une caste qui contrôle la bureaucratie, profite de ses ressources ou de sa protection pour se maintenir au sommet de la hiérarchie politico-économique.

Citer
la notion d'Etat est intrinsèque à l'humain civilisé
Il y a deux problèmes ici. "Humain civilisé" : qu'est ce qu'un humain civilisé ? Il y a là un biais ethnocentrique. 
et "l'Etat est intrinsèque à l'humain (civilisé)" renvoie au biais évolutionniste auquel j'ai fait allusion plus haut.
Non l'Etat n'est pas une condition intrinsèque de l'existence humaine. Il y a à peine 200 ans une bonne majorité de la population mondiale ne vivait pas sous l'autorité d'un État. Et les État existant avaient de grandes difficultés à s'imposer dans leurs marges (c'est encore le cas pour certains aujourd'hui (Birmanie, Syrie, Cameroun et d'autres).

Citer
tu évoques le mot assimilationniste... peut-on dire que l'humanité s'assimile elle-même perpétuellement, à la vue de la disparition progressive de toute forme de culture
Non, l’assimilation est un projet politique d'acculturation des communautés sur le territoire revendiqué par un Etat. L'assimilation met en jeu des rapports de domination entre culture dominante et cultures dominées.
L'interculturalité est un processus normal de la culture qui met en jeu sa diffusion, sa transformation. L'interculturalité ne met pas forcément en jeu un rapport de domination d'une culture sur l'autre. La culture ne disparait pas, elle ne peut pas disparaitre. Tant qu'il y a des groupes humains il y a de la culture qui se fabrique et se transmet. Par contre il faut être vigilant aux rapports sociopolitiques qui s'établissent entre les groupes humains à travers la culture.

Citer
tu rebondis dessus sans vraiment prendre les commandes de ton topic
Le topic n'a pas de commandes.

Tu retranscris parfaitement le cheminement du pourquoi et du comment de cette discussion. Je pense comme toi que la rap pose clairement la question culturelle minoritaire sous domination d'un État et de sa "haute" culture.
Tout ce chemin n'est pas vain.

Citer
alors que ce sujet était juste créé pour recopier des textes de rapeur ?
Non pas forcément  :)

Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 25 novembre 2019 à 07:22:03
Ah oui, tu apportes des précisions que j'avais du mal à me remémorer de mes cours de philo politique.

D'un côté, je vais quand même insister (excuse l'esprit de contradiction x)) au moins sur le fait que je crois me rappeler que en philo, tout-du-moins du coup, est effectivement appelé Etat toute forme d'organisation sociale, car il faut bien un mot et 'organisation sociale' c'en est deux... donc les chefferies, féodaleries et tout, c'est des formes étatiques pour moi.
D'un autre je conçois que par nécessité et ethnocentrisme, les sciences humaines puisent les sujets de leurs études sur les exemples majoritaires qu'ils rencontrent, et par distinction de catégories qui les rassemblent ; or si l'Etat tel qu'ils se le conçoivent possède trop de différences avec l'organisation sociale d'ailleurs ou d'avant, alors ils redéfinissent le terme qui perd du coup tout son intérêt ! Parce que remettre l'Etat en tant que gestion humaine, c'est pratique, c'est global, mais remettre tel système étatique, c'est plus ponctuel...

Du coup ce petit paragraphe et notre embranchement du sujet plus haut, est inutile si nous ne nous accordons par sur les définitions : je veux bien te suivre pour un Etat tel qu'occidental moderne à l'égard de celui que je perçois à peu près dans ton discours, avec cette notion de territoire sans autre caractère identitaire, et cette notion d'écrasement par le caractère représentatif créant des diffractions de pouvoir... mais dans ce cas il nous faut un mot pour désigner le fait inéluctable de devoir faire de la gestion sociale, quelle que soit l'échelle ou le taux d'anarchisme de ladite société : ce consensus dont je parlais qui est l'accord de principe, qu'on partage des individualités dans une globalité. C'est un peu 'le' politique face à 'la' politique, non ?

En ce qui concerne les modules intrinsèques à l'Etat d'aujourd'hui, je suis content que tu cites les indéfectibles, genre les rapports d'autorité, le monopole maitrisé de la violence légitime, le fait que la hiérarchie tend à maintenir sa propre cohésion...

Après... je veux pas repartir sur les colons d'européen, mais la théorie du 'mieux' dans la vision populaire du progrès évolutionniste n'est qu'une illusion, et sans cet abus de croyance, on peut se figurer simplement que le temps passe et que les contextes sociaux historiques font changer les choses dans un 'progrès secret et continu, dont aucun heurt, aucun sursaut, ne dénonce ou n'interrompt la marche' (ceci pour régler ton ambivalence à dire que y'a pas d'évolution mais qu'il faut changer les choses, que j'ai du mal à préhender dans mes définitions des termes)

Sinon je crois que tu synthétises bien le présent formulat global de la discussion : les rapports d'influence et d'intérêts des divergences statistiques...
Et pareil, j'ai formulé ma réponse : pour moi le problème de la gestion des minorité ne peut pas être réglé dans une démocratie, ou tout autre Etat à visée majoritaire. Ca tombe sous le sens je trouve...
Mais allez donc construire une démocratie gaussienne comme je me suis marré à imaginer dans la gestion pondérée et à visée rééquilibrante des inégalités des masses... y'a beaucoup de conflits de la raison !!!! x)

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Tout ce chemin n'est pas vain.
Ravissons-nous !
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 25 novembre 2019 à 16:34:24
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est effectivement appelé Etat toute forme d'organisation sociale, car il faut bien un mot et 'organisation sociale' c'en est deux...
Mais non pas du tout !  :D
Une association n'est pas un Etat, une ONG n'est pas un Etat, une fraction armée rebelle n'est pas un État, une bande nomade n'est pas un État, une chefferie n'est pas un Etat (le chef n'a pas (toujours) de pouvoir de coercition), une société lignagère n'est pas une société étatique etc etc

Citer
par nécessité et ethnocentrisme, les sciences humaines puisent les sujets de leurs études sur les exemples majoritaires qu'ils rencontrent, et par distinction de catégories qui les rassemblent
C'est justement toi qui fait preuve d'ethnocentrisme en faisant dire aux SHS ce qu'elles ne disent pas. La définition de l'Etat qu'elles font est précise, c'est celle que j'ai donnée grossièrement.

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or si l'Etat tel qu'ils se le conçoivent possède trop de différences avec l'organisation sociale d'ailleurs ou d'avant, alors ils redéfinissent le terme qui perd du coup tout son intérêt !
Non le terme est précis et il ne peut pas être confondu avec n'importe quel type d'organisation politique. Désolé.

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il nous faut un mot pour désigner le fait inéluctable de devoir faire de la gestion sociale
De la "gestion" sociale, je dirais encore là qu'il s'agit d'un biais ethnocentriste. Il n'est pas du tout évident de concevoir le pouvoir comme devant "gérer" la société.
Par contre effectivement il y a mise en ordre du social, répartition du pouvoir, des richesses et des statuts dans l'organisation sociale que constitue la société, ça c'est le politique. Mais si tu confonds le politique et l’État, qui n'est qu'une forme particulière que peut prendre le pouvoir politique, on n'y comprend plus rien.
 
Citer
l'accord de principe, qu'on partage des individualités dans une globalité
En anthropologie on parle de notion de personne. Cette notion (donc la manière de définir la personne, sa constitution, sa reproduction, sa matière charnelle et spirituelle),  est fortement variable d'un environnement culturel à l'autre. De même que les cosmologies et cosmogonies. "Individu" et la pensée libérale qu'il y a derrière est un concept trop restrictif et situé pour parler de manière générale de la notion de personne.

Ce lien que tu fais entre la personne et le groupe est relève de l'identité. L’attachement identitaire n'a rien à voir avec le pouvoir politique. Même si le pouvoir politique essaye souvent d'y puiser sa légitimité.
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le monopole maitrisé de la violence légitime
pourquoi rajouter "maîtrisé" ? La violence n'est jamais "maîtrisée". Elle s'impose à l’oppressé qui la subi, et s'il résiste elle se durci jusqu'à la privation de liberté, la mutilation voire la mort. Elle n'apparait "maîtrisée" que dans l’œil de celui qui la trouve légitime et proportionnée. Mais d'un point de vu extérieur, c'est un monopole de violence tout court.

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ambivalence à dire que y'a pas d'évolution mais qu'il faut changer les choses, que j'ai du mal à préhender dans mes définitions des termes
Il n'y a pas ambivalence.
Le changement est permanent mais l'évolution univoque, unilinéaire (telle qu'elle a été conçue grossièrement par certains évolutionnistes : sauvagerie>barbarie>civilisation, dont l'aboutissement est la société blanche "démocratique" à État) est un mythe. Il n'y a pas de nécessité dans la transformation sociale. C'est justement à ce titre qu'il ne faut pas renoncer à envisager que les choses changent (car de toute évidence elles changent et de manière imprévisible. les empires, les "civilisations", les Etats s'effondrent, les pouvoirs politiques se centralisent un jour, se décentralisent le lendemain, se dispersent, s'atomisent), et pourquoi ne pas y contribuer (ça c'est une question militante plutôt, pas scientifique).
En tout cas, s'il y a bien constamment transformation sociale, si le politique subit des recombinaisons, des changements de forme, ce n'est pas en suivant l'illusion que constitue une linéarité progressiste. Ce n'est pas en suivant le récit mythique (évolutionniste) d'un commencement des temps jusqu'à la fin des temps ou l'aboutissement/abolition de l'histoire, tel que le pensent les grandes religions, ou les idéologies telles que le marxisme (et pourtant je reconnais les apports du marxisme en terme d'analyse des sociétés capitalistes, mais pas sur ce postulat évolutionniste/finaliste).

Citer
pour moi le problème de la gestion des minorité ne peut pas être réglé dans une démocratie, ou tout autre Etat à visée majoritaire. Ca tombe sous le sens je trouve...
Mais allez donc construire une démocratie gaussienne comme je me suis marré à imaginer dans la gestion pondérée et à visée rééquilibrante des inégalités des masses
C'est déjà que :
1) ce n'est même pas la majorité effective qui décide, puisqu'il y a fabrique du consentement
2) comment peut-on imaginer un rééquilibrage des inégalités, puisque la société est organisée et dirigée par un pouvoir Étatique confisqué, qui n'a que la vocation de protéger les intérêts de l'élite des propriétaires, à laquelle ses représentants, leurs castes et leurs financeurs appartiennent.


Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 25 novembre 2019 à 19:00:50
waw merci Loup :')

t'as totalement raison je confondais tout simplement le politique et l'Etat !
et je crois que dans l'instant ça me demanderait trop de formuler une nouvelle réflexion en prenant en compte tout ce que tu m'apportes !

j'ai pris d'autres trucs plus anecdotiques quoique tout-à-fait parlant dans ton intervention, mais je repasserai !
à +

edit : ça me renverse, cette précédente confusion... du coup j'apporte cette pièce étrange qui peut faire réfléchir dans son contexte... aux relations entre politique et rap : Clip - Les Lascars (https://www.youtube.com/watch?v=iM-WupuOD9I) (depuis le long métrage)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 26 novembre 2019 à 12:04:55
Bonjour à tous les deux,


Je trouve votre débat très difficile d'accès avec des notions d'une grande complexité et des affirmations pas toujours vérifiées, si bien que cela devient assez difficile de réagir sur l'ensemble.

Pour autant, le sujet évoquait le rap comme véhicule d'une culture de l'oralité, et je m'intéresse moi-même aux contes féeriques dans lesquels cette culture de l'oralité est bien présente.

Même s'il y a certaines différences entre l'oralité du rap et celle du conte, il y a quand même des liens importants, tout une mythologie urbaine qui se traduit par des figures mythiques qui portent une parole symbolique.


Je ne suis pas très à l'aise avec un débat sur l'organisation des pouvoirs politiques dans un sujet qui est censé se tourner vers les arts, ça peut effectivement sonner militantisme plutôt que discussion sur le rôle des cultures et des arts au quotidien.

Qui plus est, je n'ai pas retrouvé le message original du rap ni dans l'intervention de Dot Quote ni dans celle de Loup-Taciturne, donc je n'ai pas trouvé que vos interventions me permettent de mieux m'intéresser au rap (bien sûr, c'est une impression, il ne s'agit pas nécessairement d'une vérité pour tout le monde, il est probable que je ne comprenne pas les enjeux liés au rap).


Je voudrais juste préciser sur la culture :
Quelqu'un de "cultivé" n'est souvent rien de plus que quelqu'un de "culturé". Car en vérité tout homme est cultivé de sa propre culture. Le sens de "culture" (culture générale bourgeoise qu'on devrait plutôt appeler culture superficielle ou hors sol) n'est jamais utilisé au sens anthropologique du terme (la culture comme un processus, tout groupe humain produit et transmet de la culture sans que l'on puisse juger que l'une vaille mieux qu'une autre), mais au sens bourgeois du terme. Lorsqu'on parle d'éducation, la confusion est souvent faite et ont réduit la culture à la culture bourgeoise. Moi je plaide pour la reconnaissance et le respect des singularités culturelles sans hiérarchisation. Le problème n'est pas tant que tout le monde arrive à s’empiffrer de ("accéder à la") culture bourgeoise pour en avoir la maîtrise et pouvoir s'élever dans la société, mais que chacun soit accepté avec sa culture singulière sans avoir besoin de la renier ou de s'acculturer selon les valeurs et corpus de la culture bourgeoise. La culture bourgeoise est une culture assez inutile en pratique. Son utilité est avant tout sociale. Eelle permet à celui qui la maîtrise de se distinguer et de se mouvoir dans la société haute et d'en tirer profit et prestige (c'est là son utilité). La culture bourgeoise ne permet pas de se nourrir soi-même, de réparer des moteurs, de construire une maison, tout juste de connaître quelques espèces animales et végétales de manière superficielle et souvent théorique, sans implication pratique. La culture bourgeoise est une culture de l'élite pour l'élite. Il lui faut des cultures subalternes, subordonnées pour se reproduire. Seule, elle serait incapable de reproduire la société sur laquelle elle repose.

Pour moi chacun a le droit de se cantonner à son univers culturel, à ses valeurs traditionnelles, à sa culture populaire ou locale. On doit même être respecté pour ça, même si ça ne plais pas, même si ça ne fait pas "ouvert d'esprit". On est pas tous obligés d'avoir les mêmes valeurs, du moment qu'on respectent celles de chacun. C'est un droit fondamental. Qu'il s'agisse de culture régionale, immigrée, urbaine ou rurale. Tant que les relations culturelles ne visent pas l'assimilation des uns par les autres, comme c'est souvent le cas. tant que l'expression culturelle ne se fait pas au détriment de l'autre. Et la culture bourgeoise est la principale force oppressive, assimilationniste, car elle est la culture de la norme, celle de la classe dominante imposée par l’État, celle du pouvoir, celle de la conquête des postions sociales avantageuses.

Déjà, si l'on devait parler de cultures dominantes, elles ne seraient pas nécessairement imposées par l'État, elles sont plus probablement imposées par des castes, des institutions, des dogmes, des partis, des lieux voire des mouvements. Je ne suis pas convaincu par l'existence d'une bulle magique de la domination divine, j'ai plutôt tendance à nommer expressément un acteur culturel qui aurait tendance à privilégier sa propre culture sur celle d'autrui.

En fait, de par chez nous, on pense aux partis politiques, mais dans d'autres coins du monde il peut s'agir de familles riches, d'institutions religieuses, de mouvances idéologiques qui s'identifient clairement de par leur partialité (rien à voir avec la notion d'État).

Une partialité/norme culturelle, elle a effectivement une identité (identité qui n'est pas universelle mais personnifiée).


Je tenais à donner clairement mes propres principes d'appréciation afin de revenir vers le sujet du rap avec une lecture qui m'est propre. Ce que je me demande personnellement, une question que je me pose sincèrement, c'est si le rap s'est constitué à l'encontre d'une norme culturelle car elle serait exclusive, alors le rap au contraire offre-t-il une culture inclusive (qui n'exclut pas une partie de la population) ? Je me demande s'il y a des critères de sélection pour faire du « bon rap » ou si tout le monde peut s'y mettre sans sélection ni distinction.


Je fais clairement la différence entre une culture ésotérique et une culture populaire par la capacité de chacune & chacun à pouvoir y accéder. Si la « norme française » (que je n'identifie pas vraiment) devait être ésotérique, alors le rap serait-il accessible à toutes & tous y compris en y apportant des transformations naturelles ?

C'est ma façon à moi de reconnaître un genre artistique, j'estime sincèrement que l'art se joue là où les artistes peuvent accéder à une sorte de norme universelle, de règle modifiable par toutes & tous pour la transformer eux-mêmes sans l'accord d'un tiers.

Peut-on faire évoluer le rap dans un sens ou dans l'autre quand on s'y intéresse depuis l'extérieur ? Si j'influençais moi-même le rap en encourageant les rappeurs à faire évoluer leurs codes, serais-je considéré comme un intrus ou comme un invité ?


Pour redéfinir mes termes, je dirais que je fais la différence entre une culture endogène (qui n'est tournée que vers elle-même) et une culture exogène (que le monde extérieur peut s'approprier). Si le rap était une culture endogène, alors les rappeurs auraient tendance à exclure de leurs chansons toute personne qui ne correspondrait pas à leur norme ; si le rap était une culture exogène, alors les rappeurs auraient tendance à accueillir le changement comme pouvant travestir leur culture sans que cela ne soit considéré comme problématique.


Pour la première question, j'avoue que je rejoins le devoir de liberté de chacun à être honnête avec lui-même dans la construction de son univers culturel, mais je préfère me dire qu'il y a comme des dangers à éviter, notamment la fameuse aliénation que nous subissons tous, selon certains discours en situation désespérée. D'une part l'immobilisme, même de culture, n'est pas souvent autre chose qu'un pourrissement à venir, et d'autre part, je citerai le fameux je-sais-plus qui disait 'le pire ennemi de la connaissance n'est pas l'ignorance... mais l'illusion de la connaissance'... En gros oui, c'est peut-être une mode inutile d'être 'ouvert d'esprit', mais je crois que la situation culturelle ne permet pas encore de stabilité sur les plans de son incidences...

Si je comprends bien ton discours, Dot Quote, tu trouves qu'il est mauvais que le rap s'ouvre à une culture extérieure, et qu'il faut favoriser un rap ésotérique – qui ne serait réservé qu'aux initiés – car le rap ne serait pas en capacité de résister aux influences extérieures ? Je me demande vraiment ce que tu penses de la question de l'accessibilité et de si le genre artistique doit se laisser être transformé par le monde extérieur...


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l'accord de principe, qu'on partage des individualités dans une globalité
En anthropologie on parle de notion de personne. Cette notion (donc la manière de définir la personne, sa constitution, sa reproduction, sa matière charnelle et spirituelle),  est fortement variable d'un environnement culturel à l'autre. De même que les cosmologies et cosmogonies. "Individu" et la pensée libérale qu'il y a derrière est un concept trop restrictif et situé pour parler de manière générale de la notion de personne.

Ce lien que tu fais entre la personne et le groupe est relève de l'identité. L’attachement identitaire n'a rien à voir avec le pouvoir politique. Même si le pouvoir politique essaye souvent d'y puiser sa légitimité.


Ce passage m'a intéressé dans les explications de Loup-Taciturne car il offre un seuil de compréhension plutôt neutre qui serait la personne définie par son environnement culturel. Je ne dis pas que cela met fin à une vision libérale de l'économie car je trouve que ce sont deux sujets qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre ; pour autant, je trouve que de partir du constat que la personne en tant que tel serait définie par son environnement culturel (peu importe qu'il soit endogène ou exogène), je trouve que cela pose déjà des questions importantes sur le rôle des arts, du rap et de la musique dans l'expression personnelle au quotidien.


Et voici pour mes réactions à chaud !! ^^
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 26 novembre 2019 à 15:38:33
Salut Alan,

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des affirmations pas toujours vérifiées
Bon déjà, si, pour ma part c'est vérifié.
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le rap comme véhicule d'une culture de l'oralité
Pas sûr que ça. Oui la destination d'un texte de rap est l'expression musicale. Mais le rap ne s'improvise pas (même dans les freestyles), il est écrit, appris par cœur, et pour le comprendre véritablement il faut souvent le lire.

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Je ne suis pas très à l'aise avec un débat sur l'organisation des pouvoirs politiques dans un sujet qui est censé se tourner vers les arts, ça peut effectivement sonner militantisme plutôt que discussion sur le rôle des cultures et des arts au quotidien.
Peut-être parce que tu as des difficultés ou un manque de volonté à chercher les enjeux politiques (au sens profond du terme) dans les activités humaines, en particulier quand il s'agit de "culture" (et bien entendu il ne s'agit pas de culture au sens de france culture ou ministère de la culture) ou d' "art".

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je n'ai pas retrouvé le message original du rap ni dans l'intervention de Dot Quote ni dans celle de Loup-Taciturne, donc je n'ai pas trouvé que vos interventions me permettent de mieux m'intéresser au rap
Les interventions n'avaient pas du tout l'intention de résumer le "message original du rap" si tant est qu'il en existe un.

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Déjà, si l'on devait parler de cultures dominantes, elles ne seraient pas nécessairement imposées par l'État, elles sont plus probablement imposées par des castes, des institutions, des dogmes, des partis, des lieux voire des mouvements.
Si, depuis que l’État s'est donné la prérogative du monopole de l'éducation légitime, et qui plus est en France, compte tenu de son attachement à la politique d'assimilation, on peut clairement affirmer que l'acculturation relève pour une grande part d'un effort de l'Etat. Maintenant, il est claire que l'Etat en lui-même, en tant qu'objet politique institutionnel, n'est pas intentionné. C'est pourquoi évidement, la "culture" dominante et normative qui est prise comme modèle par l’État est bien une culture de caste, celle de la bourgeoisie, de l'élite "culturelle" (élite en rapport à cette culture particulière).
Et bien évidement il y a d'autres manière que l'Etat pour diffuser voire imposer une culture. Et il y a des traits culturels qui se diffusent sans s'imposer, et il y en a qui essayent de s'imposer sans succès véritable. Mais là on parlait de rapport entre culture minoritaire dominée et culture majoritaire dominante. L'Etat, et ses représentants, avec les comportements qu'il valide, les trajectoires qu'il valorise, les sélections qu'il produit (concours etc), les décisions qu'il prend dans le domaine de la langue et de la "culture", les programmes scolaires, la difficulté qu'il a reconnaître les particularisme, à accepter les différences (régionales, religieuses, linguistiques), sa volonté d'assimiler plutôt qu'inclure, tout cela  joue un grand rôle dans ce qui est perçu par la population comme la norme, l'idéal normatif culturel.
Les autres institutions et forces culturelles viennent en contre-point ou en renforcement de cette force (quasi) hégémonique.

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bulle magique de la domination divine
Rien de magique ni de divin là dedans, j'espère que tu l'auras compris.

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j'ai plutôt tendance à nommer expressément un acteur culturel qui aurait tendance à privilégier sa propre culture sur celle d'autrui
A mais ça ce n'est pas du tout le sujet. Si nous sommes dans un Etat de droit qui défend la liberté de conscience (laïcité), il est bien normal que chacun puisse légitimement privilégier sa propre culture. Ce qui est problématique, c'est que la puissance publique se mêle de dicter ce qui est la bonne ou la vraie culture, et ce qui relève d'une fausse, mauvaise ou sous culture.

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En fait, de par chez nous, on pense aux partis politiques, mais dans d'autres coins du monde il peut s'agir de familles riches, d'institutions religieuses, de mouvances idéologiques qui s'identifient clairement de par leur partialité (rien à voir avec la notion d'État).
Je ne vois pas vraiment ce que cela a à voir avec la discussion. Ce qui est certains, c'est que dans toutes les régions du monde où un Etat se renforce, il essaye d'avoir la main mise sur l'éducation et la culture. Il combat souvent avec violence et mépris les cultures "traditionnelles" des minorités, il s'approprie les terres paysannes et les domaines de chasse en ruinant les modes de vie, il interdit les pratiques rituelles, la chasse, l’exploitation de certaines ressources, il exproprie au non de l'exploitation de certaines ressources par lui-même ou des investisseurs.  Oui, évidement qu'il existe des mouvements culturels d'intensité, de sources, de formes institutionnelles ou populaires variées à l'intérieur et à l'extérieur des États. Mais quand ces forces culturelles sont dominées par un État fort, leur pouvoir est grandement diminué. Y a qu'à prendre l'exemple de l'islam en France pour s'en convaincre. On aurait du mal à considérer celle qui sera bientôt la religion monothéiste recueillant le plus de pratiquants dans le monde comme une force culturelle faible. Pour autant en France, où elle est la deuxième religion, elle peine à ce faire respecter, ne serait-ce que dans le droit privé de ces adeptes à être en société.


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Une partialité/norme culturelle, elle a effectivement une identité
Je ne comprends pas pourquoi tu parles de "partialité". Tout le monde est "chargé" culturellement, il n'y a pas à être partial ou impartial, fin ça n'a pas de sens. Ça a seulement un sens pour une institution comme l'Etat, s'il revendique de l'égalité et la liberté de ses citoyens.


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Ce que je me demande personnellement, une question que je me pose sincèrement, c'est si le rap s'est constitué à l'encontre d'une norme culturelle car elle serait exclusive, alors le rap au contraire offre-t-il une culture inclusive (qui n'exclut pas une partie de la population) ? Je me demande s'il y a des critères de sélection pour faire du « bon rap » ou si tout le monde peut s'y mettre sans sélection ni distinction.
C'est justement le cœur du sujet. Évidement, c'est montré et démontré, la culture hip hop, dont le rap fait partie est une "contre-culture". Qu'il aille consciemment à l'encontre de la culture dominante ou qu'il s'en démarque par un manque originel d'inclusion revient à peu près au même.
C'est un phénomène bien connu que les cultures minoritaires, discriminées et dévalorisées au regard de la culture majoritaire (comme cela a été le cas pour le rap et la culture hip hop, mais comme toutes les cultures populaires ou provenant des minorités) se réapproprient leur valeur et fabriquent à leur tour de l'exclusivité identitaire (renversement du stigmate). 
Il n'y a pas de raison que le rap soit, a priori, une culture plus inclusive que les autres. Toute culture est à la fois inclusive et exclusive. Toute culture se fonde sur un appel à la tradition (qui est une actualisation du passé, et pas une copie du passé) et se déploie dans une inévitable transformation, voire innovation (transmission). La culture est soumise à ces deux forces contradictoires en apparence.
Ce qui est surement à noter pour le rap, c'est qu'il est particulièrement inclusif dans le sens où il ne rechigne pas devant l'éclectisme, tant musical que culturel. Il fait appel à de nombreuses références populaires, il s’inspire de la diversité culturelle du milieu dans lequel il prospère, il fait appel tant à un vocabulaire populaire, argotique voire "multilinguistique" qu'à un vocabulaire plus prestigieux, allant parfois chercher des références dans la culture dominante bourgeoise.
Ceci étant, ce n'est pas pour autant qu'il est parfaitement inclusif. cet éclectisme lui donne une forme variée mais une forme caractéristique tout de même. Et il est certains qu'il continue à la fois de se démarquer et en même temps d'exclure la culture dominante.

Avec le temps, ces lignes bougent car la culture dominante a tendance à s'approprier des traits de la culture populaire quand celle-ci gagne en puissance. Et cette culture peut aussi avoir tendance à rechercher la reconnaissance de la culture dominante. Là où cette dernière la méprisait et la rejetais expressément, elle en adopte certains codes pour paraitre "cool", pour paraitre proche du peuple, par fantasme exotique ou par réel intérêt parfois. cette culture minoritaire rejoint le rang de la culture populaire majoritaire. Mais elle ne rentre toujours pas dans la norme de la culture de l'élite.

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Je fais clairement la différence entre une culture ésotérique et une culture populaire par la capacité de chacune & chacun à pouvoir y accéder
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le rap serait-il accessible à toutes & tous y compris en y apportant des transformations naturelles ?
En fait pour être clair, car je crois que c'est ce désaccord que tu cherches à confirmer :
Je me fiche totalement qu'une culture soit plutôt inclusive qu'exclusive ou l'inverse. Je ne fais pas de morale. Je n'ai pas de posture discriminante à adopter vis à vis de telle ou telle culture sous prétexte qu'elle irait à l'encontre de mes propres valeurs. C'est liberté de chacun de se sentir apte à inclure une diversité d'influences culturelles ou au contraire de vouloir s'enraciner dans un socle culturel restreint. La culture bourgeoise en elle-même, je n'ai rien contre.

Ce qui me pose problème c'est quand une culture s'impose par des moyens politiques coercitifs. C'est purement colonial. Et c'est colonial de vouloir forcer les autres à être inclusif, alors que soi-même on n'est inclusif qu'à l'aune de ses propres valeurs. Moi personnellement je suis pour l'inclusion et l'ouverture à l'altérité. Mais c'est mon choix personnel. Je n'ai à forcer quiconque à adopter cet état d'esprit. Je dirais même que pour véritablement respecter et comprendre l'altérité, on ne peut pas venir avec les gros sabot de ses valeurs et émettre des jugements pour trier le bon grain de l'ivraie. 

Si tu m'as mal compris tu me feras le reproche d'essayer de coloniser ton esprit avec ma "propagande". En vérité non. Je n'essaye pas de te dire quoi penser, tu as le droit de d'avoir et préférer tes valeurs, tes croyances, d'être inclusif avec certains et exclusif avec d'autres. Je défends l'idée que personne ne doit imposer ses valeurs, ou plutôt que tout le monde à le droit d'exprimer ses valeurs (dans respect de la loi et de l'expression des autres). Pour moi l'inclusion ne repose pas sur un discours moralisant qui tendrait à rallier l'autre à ses propres valeurs. Elle repose sur le droit absolu à l'altérité.

Citer
C'est ma façon à moi de reconnaître un genre artistique, j'estime sincèrement que l'art se joue là où les artistes peuvent accéder à une sorte de norme universelle, de règle modifiable par toutes & tous pour la transformer eux-mêmes sans l'accord d'un tiers.
Déjà tu parles "d'art" et "d'artiste", concepts qui me sont assez étrangers. Ensuite tu parles de "norme universelle" ce qui m'est encore plus étranger. Libre à toi de modifier tout ce que tu veux. Mais tu ne pourras pas obliger les autres à accepter ton "œuvre" au sein du genre que tu convoites. Ca ça n'est pas de ton ressort.  La culture ça ne marche pas comme ça. La culture est un jeu d’affiliations identitaires/techniques et de construction de l'altérité. Tu ne peux pas à toi seul fabriquer de la culture, de l'identité. c'est toujours par rapport à... Si tu veux être identifié comme rappeur, il faut que tu manifestes un sentiment d'identité reconnaissable. il faut que tu provoques un sentiment d'identité au genre.

Non, il n'y a vraiment rien d'universel dans "l'art", encore mois dans la norme d'un genre. Pour se l’approprier il faut un minimum la comprendre et s'y conformer. Il faut être initié. Pour tout ce qui parait étrange ou étranger il faut souvent "apprendre à aimer", comme dirait le poète.

Citer
Peut-on faire évoluer le rap dans un sens ou dans l'autre quand on s'y intéresse depuis l'extérieur ? Si j'influençais moi-même le rap en encourageant les rappeurs à faire évoluer leurs codes, serais-je considéré comme un intrus ou comme un invité ?
Mais quelle idée !  :D Pourquoi vouloir faire une chose pareille ? C'est une démarche coloniale. Laisse les gens faire ce qu'il ont envie ! Tu n'as pas "faire évoluer leurs codes". On alors prends la plume et le Mic. Bien sûr que tu es un intrus si tu viens donner des leçons "depuis l'extérieur". Apprends à connaître, comprendre de l'intérieur, le pourquoi et le comment avant de vouloir changer les choses à la place des autres.

Citer
une culture endogène (qui n'est tournée que vers elle-même) et une culture exogène (que le monde extérieur peut s'approprier)
Désolé mais ces termes renvoient déjà à des sens précis. Une culture endogène est une culture autochtone, qui provient de là où on la rencontre. une culture exogène est une culture qui s'est diffusée, qui n'est donc pas "native" de là où l'on se situe. Je ne vois pas vraiment l'intérêt de tes définitions. Toute culture est plus ou moins tournée vers elle-même en même temps qu'elle se transforme et incorpore des éléments exogènes au contact d'autres cultures (et cela varie bien sûr perpétuellement en fonction du contexte sociohistorique de l'ensemble culturel donné).
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si le rap était une culture exogène, alors les rappeurs auraient tendance à accueillir le changement comme pouvant travestir leur culture sans que cela ne soit considéré comme problématique.
Dans la réalité ce n'est pas si simple que ça...

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Je ne dis pas que cela met fin à une vision libérale de l'économie car je trouve que ce sont deux sujets qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre
Je n'ai pas parlé d'économie libérale ...  :???: J'ai parlé de pensée libérale

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une parole symbolique
Ca je l'ai gardé pour la fin, c'est très important. Le rap, comme sans doute le conte populaire dont tu parles (enfin tu me diras), est souvent une charge symbolique quelque peu dissimulée (ou perçu comme inoffensive) contre l'ordre social dominant et le pouvoir qui le maintient. Une charge pas forcément adressée directement au pouvoir, mais une charge dans l’entre-soi populaire qui tend à saboter, comme une contre-propagande, contre-idéologie, les fondements discursifs de la légitimité du pouvoir.
Si tu travailles sur cette problématique, je te conseille La domination ou les arts de la résistance, fragments du discours subalterne, de James C. Scott. J'en reparlerais peut-être un jour)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 26 novembre 2019 à 17:34:28
Cher Loup-Taciturne,


Fiou ! Il y a beaucoup de sujets abordés, cela demande une certaine patience, mais ça en vaut la peine. ^^


Je vais essayer de t'apporter quelques clarifications ci-dessous. Je remarque que tu sembles convaincu que je souhaite influencer ta façon de penser ; en vérité, je pose des questions pour mieux comprendre l'utilité de ce sujet sur le rap et de comment cela peut me permettre de me faire une idée sur la chose.

Parfois, le rapport de force n'a pas lieu d'être, et il faut reconnaître un certain état de neutralité pour prouver qu'il existe ailleurs une contradiction réelle et qu'elle n'est pas un faux-semblant !


J'ai trouvé tes mots plutôt clairs, j'en comprends l'ensemble, et  je pense que la discussion mérite que je clarifie mes principes sur le fond afin que les choses puissent être accessibles à tout un chacun qui pourrait s'intéresser au sujet.


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des affirmations pas toujours vérifiées
Bon déjà, si, pour ma part c'est vérifié.
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le rap comme véhicule d'une culture de l'oralité
Pas sûr que ça. Oui la destination d'un texte de rap est l'expression musicale. Mais le rap ne s'improvise pas (même dans les freestyles), il est écrit, appris par cœur, et pour le comprendre véritablement il faut souvent le lire.

Donc, vis à vis du message ci-dessus, je m'en référais à ton introduction de sujet qui disait : « Le rap, du moins celui là,  littérature orale pour le moins écrite, par des écrivains de parole, celle des dépossédés de l'écrit d'élite, des insoumis à la langue des académismes, des formalismes, des hautes normes. La cible est consciente. » pour t'expliquer que si tu souhaitais aborder le sujet de l'oralité, tu pouvais effectivement t'intéresser aux contes dont la culture de l'oralité est intéressante.

Les contes merveilleux, un genre populaire par excellence, proche des mythologies urbaines, etc, etc. Personnellement, c'est ce qui m'a poussé à m'intéresser à ce sujet, je me suis intéressé à ce sujet car tu présentes l'aspect oral du rap, qui est effectivement une écriture oralisée, n'ayons pas peur de le dire.


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Je ne suis pas très à l'aise avec un débat sur l'organisation des pouvoirs politiques dans un sujet qui est censé se tourner vers les arts, ça peut effectivement sonner militantisme plutôt que discussion sur le rôle des cultures et des arts au quotidien.
Peut-être parce que tu as des difficultés ou un manque de volonté à chercher les enjeux politiques (au sens profond du terme) dans les activités humaines, en particulier quand il s'agit de "culture" (et bien entendu il ne s'agit pas de culture au sens de france culture ou ministère de la culture) ou d' "art".

Effectivement, je ne souhaitais précédemment pas parler de l'organisation politique du pays dans un sujet sur les arts, c'est bel et bien un manque de volonté de ma part... Je pense que tu ne m'en voudras pas de ne pas avoir voulu parler de politique dans un sujet sur les arts, que j'aurais aimé une autre fin à un sujet musical, je te remercie à l'avance pour ta bienveillance et ta tolérance à mon égard.

En ce qui concerne le rôle du Ministère de la Culture, il n'est effectivement pas prescriptif, il n'a pas vocation à définir l'utilisation de la langue par les gens. D'ailleurs je remarque que c'est un sujet qui est différent de l'expression artistique, car le Ministère de la Culture ne peut agir qu'en fin de chantier (assurer le cadre légal qui assure la liberté d'expression, proposer un espace de dialogue démocratique pour des cultures contradictoires ou des intérêts antagonistes).


Pour résumer la situation actuelle : d'abord une parole de contradiction, ensuite l'éventuelle intervention du Ministère de la Culture pour préserver cette parole contradictoire dans un espace de libertés (s'il y a des cas explicites d'inégalités ou d'intolérance, par intolérance j'entends parler des agressions ou menaces contre les artistes qui sont explicitement réprimées par la Loi).


Le résumé ci-dessus a vocation à clarifier la raison pour laquelle je différencie la parole artistique de la parole politique, la parole politique ayant toujours une influence secondaire sur les arts (elle joue un rôle secondaire et éloigné la créativité des rappeurs).


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je n'ai pas retrouvé le message original du rap ni dans l'intervention de Dot Quote ni dans celle de Loup-Taciturne, donc je n'ai pas trouvé que vos interventions me permettent de mieux m'intéresser au rap
Les interventions n'avaient pas du tout l'intention de résumer le "message original du rap" si tant est qu'il en existe un.

À ce sujet, je précise que je souhaitais en apprendre plus sur le rap, étant donné l'intitulé du sujet, et qu'effectivement le débat aurait pu être un moyen pour moi de comprendre les enjeux artistiques relatifs au rap. C'est naturellement une attente sincère que j'avais en suivant votre discussion, je tenais à le souligner.


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Déjà, si l'on devait parler de cultures dominantes, elles ne seraient pas nécessairement imposées par l'État, elles sont plus probablement imposées par des castes, des institutions, des dogmes, des partis, des lieux voire des mouvements.
Si, depuis que l’État s'est donné la prérogative du monopole de l'éducation légitime, et qui plus est en France, compte tenu de son attachement à la politique d'assimilation, on peut clairement affirmer que l'acculturation relève pour une grande part d'un effort de l'Etat. Maintenant, il est claire que l'Etat en lui-même, en tant qu'objet politique institutionnel, n'est pas intentionné. C'est pourquoi évidement, la "culture" dominante et normative qui est prise comme modèle par l’État est bien une culture de caste, celle de la bourgeoisie, de l'élite "culturelle" (élite en rapport à cette culture particulière).
Et bien évidement il y a d'autres manière que l'Etat pour diffuser voire imposer une culture. Et il y a des traits culturels qui se diffusent sans s'imposer, et il y en a qui essayent de s'imposer sans succès véritable. Mais là on parlait de rapport entre culture minoritaire dominée et culture majoritaire dominante. L'Etat, et ses représentants, avec les comportements qu'il valide, les trajectoires qu'il valorise, les sélections qu'il produit (concours etc), les décisions qu'il prend dans le domaine de la langue et de la "culture", les programmes scolaires, la difficulté qu'il a reconnaître les particularisme, à accepter les différences (régionales, religieuses, linguistiques), sa volonté d'assimiler plutôt qu'inclure, tout cela  joue un grand rôle dans ce qui est perçu par la population comme la norme, l'idéal normatif culturel.
Les autres institutions et forces culturelles viennent en contre-point ou en renforcement de cette force (quasi) hégémonique.

Je n'ai pas compris ce que tu entendais par « les autres institutions », ici j'ai eu le sentiment que tu disais : l'État fait-ci, l'État fait-ça, et les autres institutions renforcent cette hégémonie.

De quelles institutions distinctes de l'État parles-tu ?


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j'ai plutôt tendance à nommer expressément un acteur culturel qui aurait tendance à privilégier sa propre culture sur celle d'autrui
A mais ça ce n'est pas du tout le sujet. Si nous sommes dans un Etat de droit qui défend la liberté de conscience (laïcité), il est bien normal que chacun puisse légitimement privilégier sa propre culture. Ce qui est problématique, c'est que la puissance publique se mêle de dicter ce qui est la bonne ou la vraie culture, et ce qui relève d'une fausse, mauvaise ou sous culture.

Que certaines institutions françaises ou certains partis politiques particuliers prônent la prédominance d'une certaine culture en France, je l'entends. Que tu me dises que toutes les institutions et que tous les partis politiques seraient tous d'accord entre eux sur le sujet, ça me semble beaucoup moins vrai...

 :huhu:

Je ne connais pas de parti politique ayant explicitement condamné le rap en général, or je veux bien un exemple (article de presse ou de blog) si tu en as un afin de me faire une idée précise de la chose dont tu parles. Sinon, je suis plus favorable à ce que la discussion évoque le poids culturel du rap face au poids culturel d'une autre culture musicale en particulier sans nécessairement tout faire tourner autour de la politique.

Bien sûr, c'est une préférence personnelle, je l'entends, et je respecterais que tu ne veuilles pas en entendre parler.


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En fait, de par chez nous, on pense aux partis politiques, mais dans d'autres coins du monde il peut s'agir de familles riches, d'institutions religieuses, de mouvances idéologiques qui s'identifient clairement de par leur partialité (rien à voir avec la notion d'État).
Je ne vois pas vraiment ce que cela a à voir avec la discussion. Ce qui est certains, c'est que dans toutes les régions du monde où un Etat se renforce, il essaye d'avoir la main mise sur l'éducation et la culture. Il combat souvent avec violence et mépris les cultures "traditionnelles" des minorités, il s'approprie les terres paysannes et les domaines de chasse en ruinant les modes de vie, il interdit les pratiques rituelles, la chasse, l’exploitation de certaines ressources, il exproprie au non de l'exploitation de certaines ressources par lui-même ou des investisseurs.  Oui, évidement qu'il existe des mouvements culturels d'intensité, de sources, de formes institutionnelles ou populaires variées à l'intérieur et à l'extérieur des États. Mais quand ces forces culturelles sont dominées par un État fort, leur pouvoir est grandement diminué. Y a qu'à prendre l'exemple de l'islam en France pour s'en convaincre. On aurait du mal à considérer celle qui sera bientôt la religion monothéiste recueillant le plus de pratiquants dans le monde comme une force culturelle faible. Pour autant en France, où elle est la deuxième religion, elle peine à ce faire respecter, ne serait-ce que dans le droit privé de ces adeptes à être en société.

J'ai remarqué dans mon premier post (#25) que je trouvais intéressant la définition anthropologique que tu proposais de la notion de personne, il y a là un sujet de réflexion qui me parle et m'invite à prendre en compte l'environnement culturel autrement. Je ne comprends pas pourquoi tu t'accroches à cette notion d'État lorsqu'il y a une autre façon de voir la culture, un autre paradigme. D'un point de vue anthropologique, considères-tu que l'État soit une notion culturelle ou non ? T'appuies-tu sur cette notion pour définir le rap ?


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Une partialité/norme culturelle, elle a effectivement une identité
Je ne comprends pas pourquoi tu parles de "partialité". Tout le monde est "chargé" culturellement, il n'y a pas à être partial ou impartial, fin ça n'a pas de sens. Ça a seulement un sens pour une institution comme l'Etat, s'il revendique de l'égalité et la liberté de ses citoyens.

Lorsque tu parles de contre-culture, alors j'ai le sentiment que tu parles de parti pris.

Être contre quelque chose, c'est prendre parti contre elle, non ?


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Ce que je me demande personnellement, une question que je me pose sincèrement, c'est si le rap s'est constitué à l'encontre d'une norme culturelle car elle serait exclusive, alors le rap au contraire offre-t-il une culture inclusive (qui n'exclut pas une partie de la population) ? Je me demande s'il y a des critères de sélection pour faire du « bon rap » ou si tout le monde peut s'y mettre sans sélection ni distinction.
C'est justement le cœur du sujet. Évidement, c'est montré et démontré, la culture hip hop, dont le rap fait partie est une "contre-culture". Qu'il aille consciemment à l'encontre de la culture dominante ou qu'il s'en démarque par un manque originel d'inclusion revient à peu près au même.
C'est un phénomène bien connu que les cultures minoritaires, discriminées et dévalorisées au regard de la culture majoritaire (comme cela a été le cas pour le rap et la culture hip hop, mais comme toutes les cultures populaires ou provenant des minorités) se réapproprient leur valeur et fabriquent à leur tour de l'exclusivité identitaire (renversement du stigmate). 
Il n'y a pas de raison que le rap soit, a priori, une culture plus inclusive que les autres. Toute culture est à la fois inclusive et exclusive. Toute culture se fonde sur un appel à la tradition (qui est une actualisation du passé, et pas une copie du passé) et se déploie dans une inévitable transformation, voire innovation (transmission). La culture est soumise à ces deux forces contradictoires en apparence.
Ce qui est surement à noter pour le rap, c'est qu'il est particulièrement inclusif dans le sens où il ne rechigne pas devant l'éclectisme, tant musical que culturel. Il fait appel à de nombreuses références populaires, il s’inspire de la diversité culturelle du milieu dans lequel il prospère, il fait appel tant à un vocabulaire populaire, argotique voire "multilinguistique" qu'à un vocabulaire plus prestigieux, allant parfois chercher des références dans la culture dominante bourgeoise.
Ceci étant, ce n'est pas pour autant qu'il est parfaitement inclusif. cet éclectisme lui donne une forme variée mais une forme caractéristique tout de même. Et il est certains qu'il continue à la fois de se démarquer et en même temps d'exclure la culture dominante.

Avec le temps, ces lignes bougent car la culture dominante a tendance à s'approprier des traits de la culture populaire quand celle-ci gagne en puissance. Et cette culture peut aussi avoir tendance à rechercher la reconnaissance de la culture dominante. Là où cette dernière la méprisait et la rejetais expressément, elle en adopte certains codes pour paraitre "cool", pour paraitre proche du peuple, par fantasme exotique ou par réel intérêt parfois. cette culture minoritaire rejoint le rang de la culture populaire majoritaire. Mais elle ne rentre toujours pas dans la norme de la culture de l'élite.

Merci beaucoup à toi pour ce long descriptif, ça me permet un peu de me faire une idée de ce qu'est le rap en France, de la place qu'il tient et de l'évolution qu'il entreprend.

Effectivement, ce n'est pas parce qu'un mouvement culturel est issu des minorités qu'il s'ouvre nécessairement à la critique, il y a aussi des cultures minoritaires qui forment une communauté compacte ; généralement, ce n'est pas le cas pour les arts, car les arts ont vocation à s'ouvrir et à être partagés. Maintenant, il est vrai que la culture peut être un facteur d'exclusivité pour une communauté, que cette culture peut avoir vocation à renforcer son identité de cette façon.

Ce sont des sujets très larges, mais ça permet déjà de se faire une idée d'où on se situe à peu près, c'est bien. :)


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Je fais clairement la différence entre une culture ésotérique et une culture populaire par la capacité de chacune & chacun à pouvoir y accéder
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le rap serait-il accessible à toutes & tous y compris en y apportant des transformations naturelles ?
En fait pour être clair, car je crois que c'est ce désaccord que tu cherches à confirmer :
Je me fiche totalement qu'une culture soit plutôt inclusive qu'exclusive ou l'inverse. Je ne fais pas de morale. Je n'ai pas de posture discriminante à adopter vis à vis de telle ou telle culture sous prétexte qu'elle irait à l'encontre de mes propres valeurs. C'est liberté de chacun de se sentir apte à inclure une diversité d'influences culturelles ou au contraire de vouloir s'enraciner dans un socle culturel restreint. La culture bourgeoise en elle-même, je n'ai rien contre.

Ce qui me pose problème c'est quand une culture s'impose par des moyens politiques coercitifs. C'est purement colonial. Et c'est colonial de vouloir forcer les autres à être inclusif, alors que soi-même on n'est inclusif qu'à l'aune de ses propres valeurs. Moi personnellement je suis pour l'inclusion et l'ouverture à l'altérité. Mais c'est mon choix personnel. Je n'ai à forcer quiconque à adopter cet état d'esprit. Je dirais même que pour véritablement respecter et comprendre l'altérité, on ne peut pas venir avec les gros sabot de ses valeurs et émettre des jugements pour trier le bon grain de l'ivraie. 

Si tu m'as mal compris tu me feras le reproche d'essayer de coloniser ton esprit avec ma "propagande". En vérité non. Je n'essaye pas de te dire quoi penser, tu as le droit de d'avoir et préférer tes valeurs, tes croyances, d'être inclusif avec certains et exclusif avec d'autres. Je défends l'idée que personne ne doit imposer ses valeurs, ou plutôt que tout le monde à le droit d'exprimer ses valeurs (dans respect de la loi et de l'expression des autres). Pour moi l'inclusion ne repose pas sur un discours moralisant qui tendrait à rallier l'autre à ses propres valeurs. Elle repose sur le droit absolu à l'altérité.

Je trouve cette description de ton état moral intéressante, on quitte progressivement le domaine scientifique de la véracité des faits anthropologiques pour entrer dans le sentiment personnel, les goûts et les aspirations.


En fait, je ne parlais pas de toi en tant que tel, je connais des tas de gens qui n'hésitent pas à assumer leur ésotérisme afin de construire leur personnalité, leur identité, certains sont de mes amis. En revanche j'essaie de comprendre le rap en tant que façon d'être, de mouvement voire de genre à part entière, ça me permet de comprendre et de m'intéresser à quelque chose de nouveau pour moi. ^^


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C'est ma façon à moi de reconnaître un genre artistique, j'estime sincèrement que l'art se joue là où les artistes peuvent accéder à une sorte de norme universelle, de règle modifiable par toutes & tous pour la transformer eux-mêmes sans l'accord d'un tiers.
Déjà tu parles "d'art" et "d'artiste", concepts qui me sont assez étrangers. Ensuite tu parles de "norme universelle" ce qui m'est encore plus étranger. Libre à toi de modifier tout ce que tu veux. Mais tu ne pourras pas obliger les autres à accepter ton "œuvre" au sein du genre que tu convoites. Ca ça n'est pas de ton ressort.  La culture ça ne marche pas comme ça. La culture est un jeu d’affiliations identitaires/techniques et de construction de l'altérité. Tu ne peux pas à toi seul fabriquer de la culture, de l'identité. c'est toujours par rapport à... Si tu veux être identifié comme rappeur, il faut que tu manifestes un sentiment d'identité reconnaissable. il faut que tu provoques un sentiment d'identité au genre.

Non, il n'y a vraiment rien d'universel dans "l'art", encore mois dans la norme d'un genre. Pour se l’approprier il faut un minimum la comprendre et s'y conformer. Il faut être initié. Pour tout ce qui parait étrange ou étranger il faut souvent "apprendre à aimer", comme dirait le poète.

Une sorte de « norme universelle », ce serait un principe, une raison d'être, une forme de cohérence, une certaine logique, etc.

Je comprends tout à fait que ce genre de chose ne t'intéresse pas, c'est une notion un peu compliquée... ^^


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Peut-on faire évoluer le rap dans un sens ou dans l'autre quand on s'y intéresse depuis l'extérieur ? Si j'influençais moi-même le rap en encourageant les rappeurs à faire évoluer leurs codes, serais-je considéré comme un intrus ou comme un invité ?
Mais quelle idée !  :D Pourquoi vouloir faire une chose pareille ? C'est une démarche coloniale. Laisse les gens faire ce qu'il ont envie ! Tu n'as pas "faire évoluer leurs codes". On alors prends la plume et le Mic. Bien sûr que tu es un intrus si tu viens donner des leçons "depuis l'extérieur". Apprends à connaître, comprendre de l'intérieur, le pourquoi et le comment avant de vouloir changer les choses à la place des autres.

Oki, donc ton propos me semble clair : si j'essaie de pousser les rappeurs à changer leurs codes, alors ce sera une démarche coloniale.

J'essaierai de demander à d'autres rappeurs pour me faire une idée de la chose, de cette façon je serai sûr de bien comprendre comment ça fonctionne (peut-être que d'autres rappeurs me diront le contraire de toi, je ne sais pas).

Merci en tout cas.


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une parole symbolique
Ca je l'ai gardé pour la fin, c'est très important. Le rap, comme sans doute le conte populaire dont tu parles (enfin tu me diras), est souvent une charge symbolique quelque peu dissimulée (ou perçu comme inoffensive) contre l'ordre social dominant et le pouvoir qui le maintient. Une charge pas forcément adressée directement au pouvoir, mais une charge dans l’entre-soi populaire qui tend à saboter, comme une contre-propagande, contre-idéologie, les fondements discursifs de la légitimité du pouvoir.
Si tu travailles sur cette problématique, je te conseille La domination ou les arts de la résistance, fragments du discours subalterne, de James C. Scott. J'en reparlerais peut-être un jour)

Effectivement, je ne suis pas toujours convaincu par la véracité de ce que tu dis au sujet du rap ; maintenant cela me permet à l'évidence de me faire un premier avis sur le sujet, et j'espère continuer à découvrir ce qu'on y trouve progressivement, c'est une curiosité naturelle.

En ce qui concerne ta définition de « l'élite », effectivement je pense que tu t'es éloigné progressivement de cette élite et que cette élite risque de ne plus tellement te comprendre, j'en ai bien peur. Peut-être faut-il imaginer une élite du dialogue, qui sait ? La dialectique garde peut-être de beaux jours devant elle.

Je crois d'ailleurs savoir qu'il existe des battle de rap qui ressemblent quelque part à une forme de dialogue, c'est un art qui demande une grande maîtrise.


Je te remercie pour cette discussion qui me permet d'apprendre plein de choses et j'espère que tu trouveras l'occasion d'aborder à nouveau les thématiques culturelles qui semblent particulièrement t'intéresser.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 26 novembre 2019 à 22:01:34
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Je remarque que tu sembles convaincu que je souhaite influencer ta façon de penser
Non non, pas du tout. Je sens juste dans ton propos une manière de mettre en question l'inclusivité ou l'exclusivité d'un groupe culturel pour le placer sur une échelle morale. Chose qui me répugne au plus haut point.
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je m'en référais à ton introduction de sujet qui disait : « Le rap, du moins celui là,  littérature orale pour le moins écrite

Ce n'était nullement pour te contredire mais pour préciser. Tu n'omettras pas le « pour le moins écrite »
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l'aspect oral du rap, qui est effectivement une écriture oralisée, n'ayons pas peur de le dire.
Oui, pas moins qu'une oralité écrite :) je crois que le double mouvement est important
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si tu souhaitais aborder le sujet de l'oralité, tu pouvais effectivement t'intéresser aux contes dont la culture de l'oralité est intéressante.
Oui et sur ce point ton intervention est tout-à-fait pertinente


"art" et politique
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Je pense que tu ne m'en voudras pas de ne pas avoir voulu parler de politique dans un sujet sur les arts, que j'aurais aimé une autre fin à un sujet musical, je te remercie à l'avance pour ta bienveillance et ta tolérance à mon égard.
Ce n'est pas que je t'en veuille, mais comment ne pas parler de politique dans un sujet sur les « arts », surtout sur une forme d'expression aussi fondamentalement politique que le rap. Même le rap qui ne se revendique pas « conscient » recèle des dimensions politiques dans sa forme et son affirmation d'être.
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En ce qui concerne le rôle du Ministère de la Culture, il n'est effectivement pas prescriptif, il n'a pas vocation à définir l'utilisation de la langue par les gens
Non les politiques culturelles ont un rôle normatif car les institutions qui les portent ont une forte puissance symbolique et sont à même de défendre, valider ou entamer la légitimité d'une forme d'expression. Par ailleurs la logique des subventions place clairement l’État et les collectivités en amont du processus.
A force de ne pas vouloir voir de politique, on finit avoir une vision en surface, peut-être même naïve. Le politique est partout où il y a institution (au moins. Qui donne les sous, les statuts, le pouvoir ? Comment et pourquoi ?).
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assurer le cadre légal qui assure la liberté d'expression, proposer un espace de dialogue démocratique pour des cultures contradictoires ou des intérêts antagonistes
sauf que ce cadre est défini et appliqué par l'Etat bourgeois.

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Pour résumer la situation actuelle : d'abord une parole de contradiction, ensuite l'éventuelle intervention du Ministère de la Culture pour préserver cette parole contradictoire dans un espace de libertés (s'il y a des cas explicites d'inégalités ou d'intolérance, par intolérance j'entends parler des agressions ou menaces contre les artistes qui sont explicitement réprimés par la Loi).
Ça c'est de la théorie. Les relations culturelles et les rapports de domination qu'elles impliquent se jouent dans des espaces symboliques, des espaces de légitimité, des rapports socio-politico-économiques. Au delà de la loi il y a la norme. La norme n'est pas la loi. La loi n'est même pas toujours une norme. Elle se veut prescriptive de norme. Mais il y a bien d'autre manières de prescrire des normes, d'en vermiculer, d'en légitimer, notamment sur le plan symbolique et institutionnel.

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je différencie la parole artistique de la parole politique, la parole politique ayant toujours une influence secondaire sur les arts (elle joue un rôle secondaire et éloigné la créativité des rappeurs).
Je ne vois pas du tout ce qui te permet d'établir cette distinction. La parole artistique contient très souvent des éléments de discours politique et on pourrait même dire, vice versa. Par ailleurs, sans contenir explicitement une parole politique, l'expression artistique (telle que tu as l'air de la concevoir) est une expression publique et en quelque sorte publicitaire. D'ailleurs la publicité fait appelle à l'art et l'art fait sa publicité. Comment, en tant que discours public qui promeut/propose/provoque ses propres discours, normes et valeurs, l'art ne serait pas politique ?
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le débat aurait pu être un moyen pour moi de comprendre les enjeux artistiques relatifs au rap
Libre à toi d'apporter des éléments des réflexions ou des interrogations. Il ne semble pas que nous ayons fermé la discussion.


Institution
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De quelles institutions distinctes de l'État parles-tu ?
Eh bien l'Etat n'est pas la seule institution à agir/se manifester sur le territoire. D'ailleurs il serait plus prudent de parler d'un ensemble d'institution administrées par l'Etat et d'institutions qui ne sont pas administrées par l'Etat mais qui sont sous sa domination/son contrôle plus ou moins stricte. Une institution est une forme d'organisation sociale qui tend à se pérenniser et qui assure le fonctionnement et la reproduction de la société. Les institutions religieuses, les institutions associatives (ce forum est une petite institution), mais il peut s'agir d'institutions transversales à toute la société, comme le mariage, à mi-chemin entre la forme de l'institution dans la culture locale et les normes imposées par l'Etat (on peut se marier dans son cadre culturel sans valeur aux yeux de l'Etat, mais pour être administrativement marié, il faut se plier au rituel prescrit par l'Etat. Les conséquences en terme de droits et devoirs, en terme de reconnaissance (reconnaissance religieuse, reconnaissance administrative, reconnaissance communautaire ou officielle) ne sont pas non plus les mêmes. L'Etat ne reconnais et n'impose le respect seulement de l'institution qu'il administre. En fait l'institution trouve sa légitimité dans l’adhésion des personnes à ses valeurs et ses normes. Qu'il s'agisse de l'Etat ou d'une autre institution. Mais l'Etat peut concurrencer, réglementer, restreindre ou au contraire légitimer certaines institutions qu'il n'administre pas directement, car il est tout puissant sur son territoire.

Tiens, je prends mon dico d'anthropologie :

Citation de: Augustins G., 1991 « Institution », in Bonte P., Izard M. (dir), Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie, Paris, Presses universitaires de France.
Institution :
Le concept d'institution occupe une position centrale dans les sciences anthropologiques, puisque, dans son acception la plus générale, il désigne tout ce qui, dans une société donnée, prend la forme d'un dispositif organisé ; visant au fonctionnement ou à la reproduction de cette société, résultant d'une volonté originelle (acte d'instituer) et d'une adhésion, au moins tacite, à sa légitimité supposée.
Une institution comporte nécessairement des valeurs et des normes (qui peuvent être coutumières, réglementaires ou encore s'énoncer sous la forme de codes), toujours explicites, tendant à engendrer chez les membres de la société considérée des comportements stéréotypés (qui peuvent être de simples manières d'être, ou, plus souvent, s'incarner dans des rôles bien définis. ; B. Malinowski (1944) parle à ce propos de charte. Chacun doit pouvoir évaluer précisément la conformité des comportements aux normes de l'institution. En outre, il est fréquent – mais non nécessaire – qu'une institution comporte des agents (voire même toute une administration), régis par une structure d'autorité particulière. Il n'est pas rare non plus qu'elle possède un système de sanctions (positives ou négative) et un ensemble de rites de passage (laïcs ou religieux). (…)


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Je n'ai pas compris ce que tu entendais par « les autres institutions », ici j'ai eu le sentiment que tu disais : l'État fait-ci, l'État fait-ça, et les autres institutions renforcent cette hégémonie.
Donc ce que je veux dire, c'est que l'Etat en tant qu’institution dominante, qui possède le pouvoir politique, véhicule ses propres normes et valeurs. Que les autres institutions dans la société lui sont subordonnées. Donc soit elles viennent renforcer les normes et valeurs de l'Etat, qui peut les valoriser et les légitimer pour ce fait, soit elles peuvent aller à leur encontre, et dans ce cas l'Etat dévalorisera, voire attaquera ces institutions concurrentes/opposées.

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Que tu me dises que tous les partis politiques et toutes les institutions seraient toutes d'accord entre elles sur le sujet
ça tombe bien car je ne l'ai pas dit. Il y a en effet des institutions qui sont concurrentes ou opposées à celles de l'Etat. Mais elles en subissent les conséquences. D'autre plus neutres ou en tout cas libres et considérées comme « inoffensives ». D'autres encore sont des alliées de l'Etat et des défenseurs de la culture dominante. Mais tu dois mieux le comprendre avec ce détour pour définir « institution ».
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Je ne connais pas de parti politique ayant explicitement condamné le rap en général, or je veux bien un exemple
mais quel rapport ? Tu confonds ce qui est politique avec « la politique » (sous entendu politicienne) ?

Le nombre de discours disant que le rap n'est pas une vraie une musique, que la culture hip hop est une sous culture (regarde la série que j'ai partagé sur l'histoire du rap français), que le bon rap est celui qui utilise un vocabulaire riche et soutenu/savant alors que le rap qui utilise un vocabulaire plus argotique, populaire ou vulgaire n'est pas perçu comme acceptable/est disqualifié. Pourquoi Oxmo Puccino est celui qui passe à peu près chez les élites ? Qui peut passer sur France inter. Parce que c'est un rap de bon élève. Dépolitisé non seulement dans le discours mais dans sa forme même. Il fait allégeance à la « haute » culture bourgeoise. Et encore, le rejet du rap est de moins en moins exprimé car le rap a gagner beaucoup de légitimité, « tout le monde » en écoute (enfin, un certain rap et différent selon certains milieux). Les rappeurs « conscients » hurlent même à la trahison du rap, à sa prostitution. Mais on entend encore fréquemment des jugements de valeur sur la culture hip hop. Surtout dans le « haut » de la société.


Citer
Je ne comprends pas pourquoi tu t'accroches à cette notion d'État lorsqu'il y a une autre façon de voir la culture, un autre paradigme. D'un point de vue anthropologique, considères-tu que l'État soit une notion culturelle ou non ? T'appuies-tu sur cette notion pour définir le rap ?
Tout simplement parce que lorsqu'on évoque les relations entre culture majoritaire et culture minoritaire, on ne peut pas faire l'économie de comprendre l'implication de la force politicoculturelle la plus puissante dans l'équation. L'Etat est une institution (ensemble d') qui par définition et par observation établis et impose des normes et des valeurs. Je parle de l'Etat car il est acquis à une caste (la bourgeoisie), qui possède ses propres valeurs et normes, et en imprègne l'Etat et l'idéologie dominante dans la société. Il faut le comprendre pour comprendre comment se constitue une (contre-)culture comme le rap. L'enjeu politique entre culture dominante et culture dominé est évident.
Citer
Lorsque tu parles de contre-culture, alors j'ai le sentiment que tu parles de parti pris.
Être contre quelque chose, c'est prendre parti contre elle, non
?
Non je pourrais dire culture tout court, culture minoritaire, mais « contre- » culture met l'accent sur le fait qu'une culture minoritaire se construit face à une culture majoritaire hégémonique et exclusive. La contre culture, c'est la culture des exclus, avant toute chose.
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ce n'est pas le cas pour les arts, car les arts ont vocation à s'ouvrir et à être partagés
Pas à mon impression. Les « arts » sont des manifestations culturelles comme les autres, avec leurs institutions, leurs normes, leurs valeurs (esthétiques, culturelles, politiques). Y a qu'à voire la discussion récente autour du haïku ici même. Ce n'est pas pour rien que l'histoire de l'art est remplie d'écoles et de courant qui s'enfantent et s'opposent.


Universalisme et colonialisme
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Une sorte de « norme universelle », ce serait un principe, une raison d'être, une forme de cohérence, une certaine logique, etc.
Je comprends tout à fait que ce genre de chose ne t'intéresse pas, c'est une notion un peu compliquée...
Non c'est une chose très simple qui est beaucoup trop simple pour être réelle. Les monothéisme se sont frottés à l'établissement d'un universalisme, les humanistes/droit-de-l'hommistes aussi, et maintenant il faut encore perpétré cet héritage universaliste de domination des autres, de colonisation destinée à imposer la « norme universelle » qu'on croira avoir enfin trouvé ? Cette quête est une négation du droit à l'altérité. Je ne dis pas que l'altérité est forcément irréductible. Je dis que le projet coloniale de produire une norme universelle est égocentrique et hors sol. Et c'est un projet qui ne date pas d'hier, déjà Dziga vertov avec son "ciné-oeil" croyait pouvoir établir avec le cinéma un langage universel. c'est un projet utopique, sans doute louable. Mais l'enfer est pavé de bonnes intention. Ce n'est pas plus avec un langage cinématographique qu'avec un langage écrit qu'on peut établir une norme universelle.


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Oki, donc ton propos me semble clair : si j'essaie de pousser les rappeurs à changer leurs codes, alors ce sera une démarche coloniale.
J'essaierai de demander à d'autres rappeurs pour me faire une idée de la chose, de cette façon je serai sûr de bien comprendre comment ça fonctionne (peut-être que d'autres rappeurs me diront le contraire de toi, je ne sais pas).
Non mais je ne suis pas rappeur. Je te parle de ta démarche d'un point de vu politique. Si tu essayes de changer les codes culturels de quelqu'un qui ne t'a rien demandé, c'est une démarche coloniale. Qui plus est si tu uses d'arguments rhétoriques ou de force pour faire accepter tes changements. A la limite, si tu proposes un avis et que la personne manifeste le souhait, la curiosité, l'envie d'adopter tes codes, pourquoi pas. Mais ce n'est pas ce que tu as dit. Tu as parlé de "faire changer" les codes des autres de l'extérieur. C'est la définition même du colonialisme ! Que le colonisé le reconnaisse ou non, ça ne change rien au fait.


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je pense que tu t'es éloigné progressivement de cette élite et que cette élite risque de ne plus tellement te comprendre, j'en ai bien peur
Là j'avoue ne rien comprendre. Qu'entends-tu toi-même par élite ? Pour ma part je ne me suis jamais rapproché de près ou de loin de l' « élite ». Je ne m'adresse jamais à l'élite, je n'ai pas de contacte avec l'élite. Et je n'en cherche pas. C'est d'ailleurs le propre de l'élite, mieux que n'importe quelle communauté/communautarisme, que de pratiquer l’entre-soi exclusif. Je milite pour une éducation populaire, au sens vulgarisé par Franck Lepage.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 26 novembre 2019 à 22:11:23
Citation de: Loup-Taciturne
Là j'avoue ne rien comprendre.
Les pavés x')
ciao
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 26 novembre 2019 à 23:12:54
Loup-Taciturne,


J'ai regardé les vidéos que tu proposes pour refaire l'histoire du rap afin de voir un peu sur quoi tu te bases ; si je comprends bien, tu reproches aux gens en général leur mépris pour le rap (c'est le sentiment que tu me donnes dans tes explications).


En ce qui concerne la définition d'une institution comme tu le proposes au moyen de ton dictionnaire d'anthropologie, elle me parle et me semble cohérente pour parler des prescriptions que peuvent donner une majorité des institutions en France (qui correspondrait « à peu près » à ce qu'on appellerait une culture française de manière assez large et hétérogène).

En ce qui concerne le terme de contre-culture, il peut correspondre effectivement à ce qui est évoqué de par la musique underground qui n'accède pas nécessairement au grand public. Je me permets de t'évoquer le fait que certaines musiques restent underground depuis longtemps, qu'elles sont populaires, et qu'elles n'aspirent pas nécessairement à être prescrites par des institutions majoritaires.

J'en profite pour signaler que je n'ai pas vocation à blâmer les cultures endogènes, que j'ai moi-même des amis qui sont croyants ou qui aspirent à un certain ésotérisme, et que je ne considère pas leur culture comme étant condamnable en aucun cas. Voici pour les précisions au cas où ne nous serions pas bien compris.


Enfin, vis à vis de ta propre définition de l'État, elle ne correspond effectivement pas à ma propre expérience ni à ma propre perception de ce que signifie l'État. Je suis d'accord avec toi que le terme d'État est plutôt porté par un courant humaniste qui s'intéresse à l'esprit critique et à une éthique de tolérance, or je tiens à affirmer que l'État désigne surtout les différentes institutions en général dans leurs nombreuses contradictions et dans leurs différences, il s'agit d'un ensemble de cultures parfois contradictoires et non d'une seule et même culture.

En ce qui concerne le Gouvernement, les ministères et les radios publiques, ils n'ont pas le monopole de la prescription, et de nombreux acteurs de la culture n'aspirent pas à s'en référer à ces institutions en particulier. Ce ne sont que certaines institutions parmi les autres, elles ont leur raison d'être tout autant que d'autres institutions contradictoires ont leur raison d'être.

Tu parlais des associations : de nombreuses associations soutiennent la musique underground et jouent un rôle significatif dans la société, je ne l'oublie pas.


Voici le point principal sur lequel nous n'avons pas la même définition, une définition différente de ce qu'est l'État, donc. En ce qui concerne les rappeurs, je remarque qu'ils ne font pas de la politique dans le sens noble du terme : le rap peut offrir une critique des codes culturels, une critique du mépris ou de la mode, de la façon de penser, de vivre ou de s'exprimer, de voir le monde. Pour te donner un exemple par analogie avec moi, je n'attends d'aucun parti politique qu'il me dise comment je dois m'exprimer car je suis un auteur, et en tant qu'acteur culturel, je m'en réfère à ma propre identité (ma personnalité), à ce que j'estime bon d'exprimer ou non, à ce que j'estime bon de publier ou non. Aucun parti politique ne me dicte ma façon de penser (je peux être librement critique envers Emmanuel Macron, François Hollande, Marine Lepen, etc.). Je trouve très important que les rappeurs eux-mêmes n'aient pas de parti politique leur dictant leur façon de s'exprimer, qu'ils puissent s'appuyer sur des associations ou des labels indépendants pour s'exprimer et faire vivre leur art.


Voici pour une clarification au mieux pour que tu puisses être bien informé sur ma raison de m'interroger, au vu des vidéos et des différents textes que tu proposes à la lecture, d'essayer de comprendre à la fois un art et en même temps un regard anthropologique que tu portes (car tu t'en réfères à l'anthropologie d'une façon qui me parle aujourd'hui), et de rappeler que si ce fil permet de transformer le regard sur le rap en général, ça ne peut qu'être enrichissant pour celles & ceux qui s'intéressent à l'écriture en général.


J'espère que mes mots pourront t'apaiser à ce sujet (me concernant, entendons-nous, tout le monde ne pense pas comme moi, je l'entends), je te remercie à nouveau pour ta sincérité dans les échanges.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 27 novembre 2019 à 13:34:12
Citer
tu reproches aux gens en général leur mépris pour le rap
Non mais je vais m'arrêter là. Je crois que tu ne comprends pas ce que je veux dire quand je parle de rapports entre cultures, de culture majoritaire/dominante et minoritaire/dominée.

Citer
qui correspondrait « à peu près » à ce qu'on appellerait une culture française de manière assez large et hétérogène
ça c'est intéressant. Si je devais résumer ce que j'ai voulu dire en partant de ça, je dirais que la "culture française" est effectivement hétérogène, c'est ce qu'on observe et je défends cette manière d'envisager, de reconnaître la culture, mais à côté de ça, il y a ce qui est imaginé comme LA culture française, qui repose sur des stéréotypes et des jugements de valeur à l'intérieur des différents mouvements culturels qui constituent les cultures de France. J'ai voulu mettre l'accent sur cette dimension normative de LA culture française, qui provient d'une idéologie bourgeoise identitaire-nationaliste qui tend à imposer au reste de la société une certaine vision de la culture en France (politiques culturelles, éducative, assimilation etc). Tout cela relève bien évidement d'enjeux de pouvoir, d'enjeux politiques.

Citer
certaines musiques restent underground depuis longtemps, qu'elles sont populaires, et qu'elles n'aspirent pas nécessairement à être prescrites par des institutions majoritaires.
Bien évidement, comme un certain rap reste underground et ne recherche pas la validation de l'élite. Mais ce type de comportement culturel revendique la marginalité et entretien la distance qui le sépare de la "haute" norme.

Citer
j'ai moi-même des amis qui sont croyants ou qui aspirent à un certain ésotérisme
j'ai pas relevé plus tôt mais par contre je comprends pas bien ce que vient faire l'ésotérisme dans tout ça.

Citer
  Je suis d'accord avec toi que le terme d'État est plutôt porté par un courant humaniste qui s'intéresse à l'esprit critique et à une éthique de tolérance
:-\ j'ai jamais dit ça

Citer
je tiens à affirmer que l'État désigne surtout les différentes institutions en général dans leurs nombreuses contradictions et dans leurs différences, il s'agit d'un ensemble de cultures parfois contradictoires et non d'une seule et même culture.
Oui et non. Ensembles d'institutions hiérarchisées gérées par une institution suprême, toute puissante oui. Ensemble de cultures, si tu parles des cultures professionnelles ou personnelles des agents de l’État, oui. Mais si tu t'intéresses à la doctrine de l’État,  et au fonctionnement de "l’État profond", tu peux t'apercevoir de sa grande cohérence. ce qui peut sembler incohérent de manière superficielle (main gauche et main droite de l’État) possède une grande cohérence dans la finalité. La finalité de l’État est de se maintenir, de conserver son autorité sur le territoire qu'il administre. Et ce sont ceux qui ont le plus intérêt à la conservation de l'ordre social qui s'investissent le plus dans la stabilité, le renforcement de l’État, cela tenant compte du principe de la servitude volontaire.

(je précise que ma définition de l’État telle que administration bureaucratique détenant le monopole de la violence légitime (et de l’éducation légitime) sur un territoire n'est pas du tout la mienne. elle établie et admise.)

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En ce qui concerne le Gouvernement, les ministères et les radios publiques, ils n'ont pas le monopole de la prescription, et de nombreux acteurs de la culture n'aspirent pas à s'en référer à ces institutions en particulier. Ce ne sont que certaines institutions parmi les autres, elles ont leur raison d'être tout autant que d'autres institutions contradictoires ont leur raison d'être.
Oui mais c'est l’État qui a le dernier mot en terme de réglementation. Si le pouvoir le désirait, il pourrait interdire, censurer.


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de nombreuses associations soutiennent la musique underground et jouent un rôle significatif dans la société, je ne l'oublie pas.
Moi non plus, mais rien que la question des financement et des subventions est polémique et éminemment politique. Combien d'élus front national prennent la décision de saper les ressources des éléments culturels qui leurs déplaisent ? Pour parler de domination culturelle et de politique, on peut aussi parler des repas dans les cantines scolaires.

Citer
Aucun parti politique ne me dicte ma façon de penser (je peux être librement critique envers Emmanuel Macron, François Hollande, Marine Lepen, etc.). Je trouve très important que les rappeurs eux-mêmes n'aient pas de parti politique leur dictant leur façon de s'exprimer

Franchement je crois que tu ne comprends pas du tout ce qu'est le politique (au sens anthropologique). Le politique est bien plus large que le jeu des partis politiques. Quand tu me parles de partis politiques et de présidents, je suis forcé d’admettre que je n'ai pas été compris. N'importe quel militant non encarté a un comportement politique, n'importe quel être humain qui joue avec les règles d'une institution, qui est pris dans des rapports de force, qui essaye d'y résister, de les conquérir, de les manipuler ou de les contourner adopte un comportement politique. De même sur un plan symbolique. Dès qu'il y a relations de pouvoir, mise en jeu de statuts et de richesses, il y a du politique.
Citer
par analogie avec moi, je n'attends d'aucun parti politique qu'il me dise comment je dois m'exprimer car je suis un auteur, et en tant qu'acteur culturel, je m'en réfère à ma propre identité (ma personnalité), à ce que j'estime bon d'exprimer ou non, à ce que j'estime bon de publier ou non.

Non, ce n'est pas parce que tu es un "auteur" ou un "acteur culturel'. Il faut arrêter de se faire gonfler les chevilles. Tu es un citoyen comme les autres, tu es libre de t'exprimer ni plus ni moins que les autres, et tu n'es ni plus, ni moins que les autres autorisé à t'affilier à n'importe quel cadre institutionnel qui te plaira, qui soutiendra ta démarche, tes valeurs ou ton indépendance.
La liberté, c'est aussi la liberté de s'affilier à qui l'on veut. Et s'affilier, ce n'est pas nécessairement "se faire dicter" une parole. Je trouve même plus sincère de reconnaître ses potentielles affiliations que de prétendre ne pas en avoir. Enfin, qu'il s'agisse d'un parti, d'une asso ou je ne sais quoi, il y a toujours du politique là dedans, même s'il ne dit pas son nom. Ta neutralité de façade est un message politique. Ton discours visant à dépolitiser le champ "culturel/artistique" est un message éminemment politique (pour moi très dommageable).
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 27 novembre 2019 à 13:54:00
À la lecture de ton dernier post, j'estime que tu quittes le sujet sur lequel tu t'étais engagé qui était celui de la musique rap en particulier, je me permets donc (me concernant) de quitter le sujet et de m'en tenir à ce que j'ai dit précédemment. Je rappelle que je n'ai pas à me justifier quant à ma curiosité pour les arts et la culture ni à m'excuser de me sensibiliser à la musique peu importe d'où qu'elle vienne.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 27 novembre 2019 à 14:28:32
Citer
j'estime que tu quittes le sujet
:D alors que je ne fais que répondre précisément  à des extraits de tes propres propos

Non encore une fois, (presque) belle sortie Alan
(https://media.giphy.com/media/3rgXBqC8pLmouKUxJS/giphy.gif)
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Marcel Dorcel le 27 novembre 2019 à 14:53:29
Le sujet est long et je n'ai lu qu'en diagonale les différentes interventions donc il me semblerait présomptueux de répondre point par par point aux différents avis exprimés.
"  Ma culture " du rap étant assez limitée ( faudrait plutôt voir ça avec mon gamin !) je ne me proposerai pas d'établir un constat mais de donner mon avis d'amateur.
Ce qui me choque et me fascine, m'inquiète mais me subjugue, c'est le côté transgressif  du rap. Je veux dire, si je me mets à réécouter du Léo Ferré, il n'y a pas une grande contradiction entre lui et le rap ( sauf le côté musical évidemment).
Ferré ne disait pas autre chose que ce que le rap exprime de nos jours.
En tant qu'amateur de jazz et de blues, difficile pour moi de penser qu'il puisse y avoir une affiliation quelconque, des réminiscences parfois mais pas de lien direct avec un jazz politique.
Le rap se situerait plutôt dans la modernité de la tradition des chanteurs engagés.

" Dis donc Léo, ça ne te gêne pas de gagner de l'argent avec tes idées ?
Non, ça ne me gênait pas de ne pas en gagner avec mes idées..."

https://www.youtube.com/watch?v=VSPga8UBT24

Du coup, je m'aperçois que je viens plus de parler de Ferré que de rap.
Je vais aller écouter en amont les titres que tu proposes, Loup et je reviendrai.

Au fond, ce qui me plaît dans le rap, ce sont les ressemblances avec qui je suis et les moyens mis en oeuvre pour l'exprimer, mes textes ont souvent quelque chose à voir avec cette violence, ce rejet des institutions et des codes. Sans le chercher nécessairement puisque je n'en écoute pas beaucoup.
On va mûrir tout ça avec des exemples et une analyse plus inventive que celle que je viens de produire.

Au final, ce que d'aucuns considèrent comme du rap-variétés pour moi n'existe car même dans ce rap à priori conformiste , le message délivré sous une autre forme ( grosses bagouzes, voitures de sport, pétasses à gros nichons) est à quelque chose près le même, certes délivré d'une façon maladroite, mais il reste entier.
Parodie malsaine ? Pas forcément. J'aime à croire qu'il a sous-jacent quelque chose d'autre.
Cette violence est un indicateur qu'il faut considérer et admettre.

Se battre et combattre, même si le nihilisme parfois nous envahit, c'est que j'aime le plus dans le rap, la violence des propos, ce but qui définit la cause avant l'objet de la cause.

Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 01 janvier 2020 à 20:23:35
@Marcel :
Transgressif est tout art qui ne se conforme pas à sa propre norme, mais oui le RAP est particulièrement violent en france, celui de qualité également...

@Loup :
..oui ! Car quand même, tu aimerais que la culture bourgeoise laisse la place au beurre populaire sur le pain de la tartine sociale, mais le RAP de qualité française, c'est pas que le 'conscient' ou je ne sais quel alexandrinisme...

@Alan :
... et toi que repproche ta sensibilité au RAP ou à ce qu'on peut en dire ici ? Il m'est souvent difficile de me mêler à ta logique et à tes conceptions, et tu sais rester secret ce qui te ferme souvent toi-même au débat...

@Moi :
Je comprends pas :
- politique, engagé, c'pas une question inhérente au RAP
- art, expression, critique sociale... pareil
- violence, transgression, vindications... tout l'art en général
Mais qmm :
- les luttes des classes... débat très souvent présent avec le RAP
- les origines et valeurs ethniques... pareil

@Vous :
Ce qui est chiant avec les sciences humaines de discussion, c'est que c'est de l'entreglose sans directions... moi je me paume, Loup, tu apportes de très bon arguments logiques à... ton goût sentimental pour le RAP. Du coup y'a pas de débat si ce n'est 'pourquoi le RAP c'est bien'...
Ce qui est chiant avec l'art de discussion, c'est que c'est du babillage le bec ouvert, toujours sans directions... moi je pige rien, Alan, sérieux, tu rebondis en déformant toutes les définitions et du coup on peut pas discuter avec toi d'autre chose que de la différence de nos visions et non de ce autour de quoi on pourrait ne pas quitter les discussions...
Ce qui est chiant avec le passé, c'est qu'il était tout calme... nan pardon ! Marcel je crois que le RAP est violent parce qu'il a mal. Et il le sera tant que personne n'aura compris.

Sinon bin ouais, moi je sais pas quoi dire parce que ça brouillonne un peu trop et que je me perds, mais comme j'ai envie de participer aussi je brouillonne mes cérébrations ici !

+
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: extasy le 01 janvier 2020 à 21:34:49
C'est dur la discussion,

Citer
Ce qui est chiant avec l'art de discussion, c'est que c'est [...] toujours sans directions...

Moi je dirais qu'on a chacun notre propre direction
On a envie de la défendre. Elle nous tient à cœur
C'est dur d'échapper à ça. Le premier pas consiste peut-être à l'admettre, chose que je tente ici...

La discussion va toujours dans toutes les directions possibles
Je crois en outre que personne n'est à l'abri de dire une erreur
Difficile alors de se mettre d'accord
D'autant plus que se mettre d'accord, ça ne peut certainement pas vouloir dire se ranger tous dans une même direction
Alors qu'est-ce que ça veut dire ?

J'ai jamais vu quelqu'un tenter de proposer une synthèse de discussion
Je crois que Loup a proposé un modèle un peu compliqué de débat

Erf, j'ai rien à dire sur le rap, c'est dur la discussion :p

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Titre: Re : Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 01 janvier 2020 à 23:44:11
Bonjour Dot Quote,


Dans un premier temps, je me permets de remarquer que tu me sollicites sur un sujet sur lequel je ne souhaitais plus réagir : j'avais posé des questions pour m'intéresser au RAP et j'ai effectivement essayé de comprendre un genre musical qui m'est peu connu. J'ai précisé plus haut mon droit à être curieux à propos de ce sujet, sans volonté de « déformer » le rap, simplement en rappelant que j'y apporte un regard différent car j'ai une culture différente, que c'est la vie qui veut ça, et que ça explique ma curiosité sur le sujet, mon désir d'en apprendre plus.


Ce qui est chiant avec l'art de discussion, c'est que c'est du babillage le bec ouvert, toujours sans directions... moi je pige rien, Alan, sérieux, tu rebondis en déformant toutes les définitions et du coup on peut pas discuter avec toi d'autre chose que de la différence de nos visions et non de ce autour de quoi on pourrait ne pas quitter les discussions...
Ce qui est chiant avec le passé, c'est qu'il était tout calme... nan pardon ! Marcel je crois que le RAP est violent parce qu'il a mal. Et il le sera tant que personne n'aura compris.

En fait, je peux souligner un point qui peut t'intéresser et te permettre de comprendre de quoi je parle : il y a une différence entre le traitement de la violence dans les arts en général (on retrouve le thème de la violence dans les films, les peintures, la musique, etc.) et faire l'apologie de la haine (qui appelle une réponse violente explicitement tournée vers une personne, une caste, une ethnie ou une institution).

Le débat revient de temps en temps (celui sur la violence dans le rap), mais ce n'est pas tellement le sujet sur lequel je me suis interrogé concernant le RAP (je me suis intéressé à la dimension ésotérique de ce genre pour savoir si c'est un genre réservé à des initiés). Le sujet de l'apologie de la violence dans le RAP avait effectivement été discuté à une époque lorsque des rappeurs avaient explicitement évoqué « ne pas être Charlie » ou n'étant pas solidaires des juifs tués pendant les attentats ; en ce qui me concerne, je n'avais pas réagi sur ce sujet en particulier à l'époque.

Ici, je ne parlais pas non plus du sujet de la violence, mais puisque tu l'évoques, j'avoue que je n'ai pas d'avis précis sur la question de la violence dans le rap car je connais trop mal le rap pour savoir si des propos antisémites, misogynes ou autre pouvaient être véhiculés par les rappeurs (je rappelle que je connais mal l'univers du rap en général).


Voilà, en espérant que ma réponse t'offre quelques clés de compréhension de mes questions sur le rap, et sur ma position sur cette musique en général, j'espère que tu comprends ma réponse suite à ta sollicitation, Dot Quote.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 02 janvier 2020 à 07:02:09
@extaasy :
Ne jouons pas avec les mots : oui chacun a sa vision, son avis, ses convictions... Mais comme tu le dis on a envie de la défendre, elle nous tient à coeur ; et de fait on va naturellement valoriser la liberté de chacun à légitimer ses propres démarches limbiques par l'usage d'un langage qui, en théorie, devrait être organisé et pas juste dégoulinant de complexes frustrés. C'est quand même surtout ici (et ailleurs je l'admets, mais qmm) que 'la discussion va toujours dans toutes les directions possibles', alors que non, c'est pas un état normal pour une discussion que de s'effilocher... C'est ce que je disais, 'vous' êtes très brouillons sur ce forum (et un poil susceptibles à ce propos d'ailleurs), mais je me l'explique avec ce fameux dictons sur les cordoniers et leurs chaussures... Une discussion, à la base, c'est pas juste un terrain où on peut digresser sans conséquence, c'est justement une direction commune de l'expression, que l'on tente de construire ensemble et avec méthode malgré nos divergences. Je maintiens donc qu'il faut une direction, n'en déplaise à ceux qui n'avaient pas compris ça des fondamentaux de l'expression humaine depuis qu'elle babille : écrire c'est pas juste taper frénétiquement un clavier sans conscience. C'est étudier, reprendre, revenir, répondre, s'extraire, entrer à nouveau... Je n'ai pas les mots méthodiques ni l'ambition de vous faire passer les théories de la com ou de la pensée (car je n'y suis ni formé ni professionnel), juste dire qu'à force de dire 'moi je pense par ailleurs', eh bien on en vient à intervenir sur des sujets pour autre chose, et ces sujets deviennent alors des marais un peu tous les mêmes où on se prend la tête à propos de pourquoi on parle pas du sujet... N'est-ce pas ? La formulation de ton Edit me confirme un peu cette impression en tout cas.

@Alan :
Alors, je sollicite ta lecture que je n'impose pas, déjà ; rectifions. Ensuite si tu veux renier tes décisions et répondre malgré tout, je suis presque forcé d'avouer ironiquement avoir passé un pacte avec le diable pour qu'il te manipule à mes fins... Excuse-moi, c'est ma faute, je veillerai à ce que ça ne se reproduise plus.
Et pour appuyer ce que je dis à extasy, je vais juste remarquer que je t'adresse une question à laquelle tu ne réponds pas, comme d'habitude ; et que par ailleurs tu pars dans tes hallucinations hermétiques qui sont trop singulières pour être assez compréhensibles... Nous aussi on peut avoir envie d'abandonner, avec toi.

@général :
Par exemple, si je veux 'revenir' au sujet et non commencer à partir ailleurs, je me pose cette simple question :
- Quelles sont les valeurs réellement soutenues par le ou les RAP ?
Qu'elles soient engagées ou juste artistiques, ces ambitions sont selon moi, le reflet humain d'une psyché de groupe... le problème de tout ceci étant qu'on n'en a qu'un dicours impalpable qui ne peut pas être pris pour absolu, il faut faire de la 'discussion comparée' en mode 'big data' et 'analytics' pour démêler le pourquoi du comment... Ce que nous apprenons tous à faire malgré nous, à notre époque d'expansion, lorsque certains essayent ce qui s'appelle en fait 'l'ouverture sur autrui'...
Je justifie cette question par la croyance suivante :
- Il y a un phénomène 'phagocyte', qui consiste à ce que les cultures d'aujourd'hui se mêlent les unes aux autres. Un rappeur peut faire un truc un peu reggaeton ou trap, ça n'en reste pas moins un rappeur. D'où que s'il y a RAP ou RAPs, il convient de le laisser à mon sens, expérimenter ce qu'il veut, mais pour autant il vaut mieux se rappeler les bases qui l'ont vu naître... En termes techniques et non moraux mais c'est le même problème d'identité : si on continue, dans vingt ans le rap c'est des types en noir avec des guitares électriques et du maquillage morbide, pis on aura des soit disant metalleux, ce sera des bodybuilders brillants qui flowent sur une instru. Pareil pour les valeurs, en gros, d'où  ma question.

'-'

(j'suis pas clair je crois, mais justement, c'est un effet de quand la discussion va n'importe où, d'où que je réponds au propos de chacun, et que je relance le sujet... maintenir le propos clair ; ce qu'on devrait tous faire au lieu d'approximer un truc qui tape à peu près dans les clous mais qui finit par s'effondrer sans conclusion civilisée...)
Titre: Re : Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2020 à 13:01:36
Dot Quote,


Je sais qu'il arrive que tu aies du mal à comprendre ce qu'on te dit lorsqu'on n'est pas clair ou suffisamment explicite (notamment lorsqu'il y a des tensions, tu perds ta patience voire parfois ton sang-froid). Je vais donc redire strictement ce que j'ai dit au-dessus mais avec des mots qui se veulent plus explicites encore :

@Alan :
... et toi que repproche ta sensibilité au RAP ou à ce qu'on peut en dire ici ? Il m'est souvent difficile de me mêler à ta logique et à tes conceptions, et tu sais rester secret ce qui te ferme souvent toi-même au débat...

Je ne connais pas assez le rap pour lui faire un reproche, je ne fais donc aucun reproche au rap. J'essaie de m'intéresser à un genre pour en comprendre les nuances et les variantes, c'est mon désir de comprendre un genre artistique qui prend le dessus sur le reste.


@Alan :
Alors, je sollicite ta lecture que je n'impose pas, déjà ; rectifions. Ensuite si tu veux renier tes décisions et répondre malgré tout, je suis presque forcé d'avouer ironiquement avoir passé un pacte avec le diable pour qu'il te manipule à mes fins... Excuse-moi, c'est ma faute, je veillerai à ce que ça ne se reproduise plus.
Et pour appuyer ce que je dis à extasy, je vais juste remarquer que je t'adresse une question à laquelle tu ne réponds pas, comme d'habitude ; et que par ailleurs tu pars dans tes hallucinations hermétiques qui sont trop singulières pour être assez compréhensibles... Nous aussi on peut avoir envie d'abandonner, avec toi.

Pour te dire à quel point il ne s'agit pas d'hallucination, je me permets de rappeler qu'il n'y a pas si longtemps, des nazis ont prétendu détourner la science pour justifier la haine contre le « grand complot juif ». Alors ! Bien sûr... C'est une question très douloureuse dont certains aimeraient bien se passer, simplement ceci explique ma prudence naturelle à l'égard de contenus que je ne connaîtrais pas nécessairement, ou à l'égard d'affirmations qui ne me sembleraient pas totalement fondées... Je ne voudrais pas légitimer des contenus haineux à mon nez à ma barbe, c'est la raison pour laquelle j'essaie de m'informer, de me faire un avis sur les différents thèmes, de comprendre avec prudence, vigilance et curiosité. C'est le cas pour le rap mais aussi pour d'autres domaines du savoir, de l'histoire ou des arts.


- Il y a un phénomène 'phagocyte', qui consiste à ce que les cultures d'aujourd'hui se mêlent les unes aux autres. Un rappeur peut faire un truc un peu reggaeton ou trap, ça n'en reste pas moins un rappeur. D'où que s'il y a RAP ou RAPs, il convient de le laisser à mon sens, expérimenter ce qu'il veut, mais pour autant il vaut mieux se rappeler les bases qui l'ont vu naître... En termes techniques et non moraux mais c'est le même problème d'identité : si on continue, dans vingt ans le rap c'est des types en noir avec des guitares électriques et du maquillage morbide, pis on aura des soit disant metalleux, ce sera des bodybuilders brillants qui flowent sur une instru. Pareil pour les valeurs, en gros, d'où  ma question.

J'aime bien le reggae, je connais un peu ce genre. Je me demande si tu aurais des exemples de liens entre le reggae et le rap, (des vidéos) de cette façon, je pourrais découvrir quelque chose de nouveau, voir un peu où vont les différentes tendances musicales.

Je suis moi-même musicien (et poète) c'est ce qui explique ma curiosité naturelle pour les arts...


Merci à toi pour ce temps que tu me consacres. ^^
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 02 janvier 2020 à 13:39:48
Alan voyons, elles sont bien drôles tes excuses, je veux bien essayer de maîtriser mon sang froid. Tu viens intervenir avec tes certitudes politiques ou artistiques à tout-va sur plein de sujets et dès qu'on te questionne tu dis que tu n'y connais rien et que tu ne vas pas t'étaler... Moi je dis, soit tu suis tes propres conseils et tu arrêtes de parler pour rien dur, soit tu assumes d'être ce truc un peu atomique qui pioche ça-et-là des impressions aux associations imprécises et qui ne font rien d'autre que ne pas alimenter la conversation, genre total halluciner quand je parle de reggaeton et confondre avec reggae, pour ensuit me demander de déplier cette ouverture qui était juste anecdotique dans un sujet qui, rappelons-le, concerne le RAP, ce sur quoi tu n'as aucun propos et tente de fuir par tous les moyens. Ton propos à toi ? Des histoires de nazi que j'ai pas compris, oui tu as raison, je ne comprends pas quand TU n'es pas explicite, ce que visiblement tu as du mal à faire puisque tu n'aimes pas trop réaliser au fond ce que tu dis tout haut : tu ne sais rien. Je ne te l'incrimine en rien, au contraire, je te sais assez philosophe pour que ce soit d'une prudente mesure que tu affirmes ces mots, mais tout-de-même... Si tu as envie de faire passer ta liberté d'expression, ne le fais pas au détriment de ton respect pour les réflexions bien construites.

Donc bin, toujours aussi déçu de la manière de réfléchir, je rebondis sur le jeu présent :

Le reggaeton :
Moi non plus j'en sais rien, mais je veux bien approximer mon absence de néant culturel à ce propos : phénomène pop inspiré d'un exotisme certain, je qualifierais le reggaeton de manière poétique en lui valorisant son côté ensoleillé, danseur, chaleureux... musicalement je ne saurais dire cette forme de syncope qui lance pas mal l'envie de danser, justement... après je sais que j'en ai eu un aperçu grâce à des références qui elle-mêmes dévient de ce style...
Pour se faire une idée donc, approximative mais au moins vous pourrez partir de quelque chose :
PNL - bené (https://www.youtube.com/watch?v=NmweQ43916w)

Une dynamique à questionner pour moi, en l'état, resterait un truc du genre :
- pourquoi confronter les valeurs forcément contradictoires de ce style ?
parce que y'a de histoires de goût...?
- alors qu'est-ce que le goût si ne reste que la musique RAP et non ses valeurs ?
parce qu'on se construit nos attentes émotionnelles en fonction de nos constructions morales...?
- dans ce cas qu'est-ce qui explique l'accès au RAP, puisqu'il détermine ce goût ?
- ...

O0
Titre: Re : Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2020 à 14:06:54
Moi je dis, soit tu suis tes propres conseils et tu arrêtes de parler pour rien dur, soit tu assumes d'être ce truc un peu atomique qui pioche ça-et-là des impressions aux associations imprécises et qui ne font rien d'autre que ne pas alimenter la conversation, genre total halluciner quand je parle de reggaeton et confondre avec reggae, pour ensuit me demander de déplier cette ouverture qui était juste anecdotique dans un sujet qui, rappelons-le, concerne le RAP, ce sur quoi tu n'as aucun propos et tente de fuir par tous les moyens.

 ::) Hé... Tu te moques de moi, mais il y a bel et bien des ressemblances entre reggae et reggaeton.

Un exemple d'un musicien que je connais un peu : Junior Murvin avec le morceau Police and Thieves (https://www.youtube.com/watch?v=XlP3J3J3Upw). Très honnêtement, le thème ressemble de très près à celui de PNL, avec des variantes et des nouveautés.


Oui, je dirais que si l'extrait que tu proposes est du reggaeton, alors il y a une continuité dans la musicalité du reggae d'il y a quelques décennies et celui du reggaeton plus moderne et actuel.


Enfin, je ne saurais malheureusement pas à répondre à tes questions sur l'art et les valeurs qu'il véhicule, mais elles suscitent encore ma curiosité et me font m'interroger moi-même sur des gens musicaux que je connais mieux : les valeurs qu'ils véhiculent font aussi partie de la musicalité, comme si la mélodie était la continuité d'une idée valorisée par la musique.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 02 janvier 2020 à 14:11:18
mais c'est une maladie ici, que de s'éloigner des sujets qu'on commence
j'suis sérieusement affolé, bande de Legolas, vos pierres s'effondrent sous vos pas...
et on est pas vraiment dans un film j'ai que ça a remarquer
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 02 janvier 2020 à 15:42:13
Dot,
Je tiens quand même à signaler dans l'éventualité d'une mécompréhension, que mes "digressions" concernant la culture puis la domination culturelle, puis la place de l’État bourgeois dans cette domination, se sont enclenchées à partir de tes reflexions sur le rap et "la culture française" puis

Citer
Ah, oui, ça me dit quelque chose cette question : la pluralité des cultures est-elle un frein à la culture ?

Mais sans répondre à ce paradoxe...
Si un pays multiculturel se revendique encore pays, qu'est-ce qui le distingue alors des autres ?


Cette digression étant relancée à la suite par Alan

Citer
Je ne suis pas très à l'aise avec un débat sur l'organisation des pouvoirs politiques dans un sujet qui est censé se tourner vers les arts, ça peut effectivement sonner militantisme plutôt que discussion sur le rôle des cultures et des arts au quotidien.

Et là je te rejoins, Alan semble avoir ses obsessions à propos de "politique" et de "la question juive" et des histoires de nazis qui lui appartiennent de répandre ou non sur tous les sujets.

Enfin, pour en revenir au sujet, je crois que la question culturelle (et donc sa définition) et des rapports de pouvoir est centrale pour appréhender le rap puisqu'il s'agit historiquement d'une expression culturelle minoritaire. Mais je crois que sur cette question il y a déjà pas mal d'éléments dans la discussion pour ceux qui s'y intéresseraient.

Quant au débat sur les goûts et les valeurs "du" rap français, je le trouve bien trop vaste pour m'y aventurer.

Je rappelle que ce fil avait pour vocation le partage de morceaux et éventuellement leur commentaire. La discussion qui s'en suit est le développement des réflexions et réponses provoquées par semble-t-il le titre du sujet...

Edit : et pour celui qui souhaite véritablement "connaitre" le genre, le meilleur moyen reste encore, plutôt que de polémiquer sur un forum, d'écouter et lire des morceaux
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2020 à 16:05:25
Malheureusement, l'antisémitisme dans le rap est effectivement un débat qui était apparu à une époque ; je ne sais pas ce qu'il faut en penser, et j'ose croire que tu ne fais pas de lien entre la « domination de l'État bourgeois » et le mythe du « grand complot juif », Loup-Taciturne... :huhu:


En ce qui concerne le lien entre reggae et rap, pour en revenir à la « digression » évoquée par Dot Quote, j'ai trouvé cet article qui m'a paru intéressant, qui me permet de trouver un autre regard sur cette musique.

Voici l'article (hiphopcorner.fr) (https://hiphopcorner.fr/quand-le-reggae-se-m%C3%AAle-au-rap)

et Voici ce qu'on y trouve à ce sujet :

Citation de: Rabeat hiphopcorner.fr
Musiques noires oblige, et qui plus est de la même génération (encore que le reggae soit tout de même plus vieux), la lutte contre le racisme reste un sujet régulièrement abordé. Il faut dire que la Jamaïque, pendant plusieurs années sous l’égide britannique (au XVIIème siècle précisément), est un territoire ayant été fortement impact par la traite négrière. L’indépendance retrouvée, la jeunesse jamaïcaine a depuis toujours été confronté à la suprématie blanche qui lui a été imposée. Aussi, cela se traduit par la musique, et le questionnement sur l’égalité blancs/noirs. Avec l’arrivée du rap, ce questionnement peut prendre d’avantage d’ampleur, la place prépondérante accordée au texte laissant libre cours à la traite du sujet. Le rap peut donc, avec le temps et l’influence jamaïcaine (qui se traduit également par l’immigration aux Etats-Unis) devenir le fer de lance de l’expression de la minorité noire. Ainsi, les deux frères rap et reggae tombent d’accords sur leurs opinions politiques.

Il y a également un effet miroir qu’il est bon de relever. Certes, le hip-hop (et donc le rap) doivent beaucoup au reggae, c’est un fait. Mais si l’élève a largement puisé dans tout ce que le maitre pouvait lui offrir, il faut bien reconnaitre que de nos jours, le vieux mentor ne se prive pas de jeter un oeil sur le travail de son pupille. Si l’on parle de changement dans le rap, il est encore plus extrême dans la musique jamaïcaine. Et ce, à tel point qu’aujourd’hui, on peut quasiment déclarer que le reggae traditionnel n’est plus. Il est en réalité d’avantage passé du côté d’un dancehall un peu particulier, qui garde certes ses fondamentaux mais puise essentiellement dans le modèle américain qu’il côtoie. Logique diront certains, c’est surtout une question de génération qui a grandit avec le rêve américain, ou du moins son image de modèle. C’est également, de façon plus bénéfique, le signe que le rap a prit suffisamment d’ampleur pour rayonner sur d’autres genres, inversant la boucle même de sa naissance ! Mais aussi, puisque l’on parlait des thèmes abordés, on retrouve aujourd’hui d’avantage de légèreté dans les propos. Les messages politiques ne sont plus guère ce que recherche le publique, et l’on se retrouve centré sur la drogue, le sexe, l’alcool et la violence. Des thèmes plus légers (façon de parler tout du moins), qui s’inscrivent d’avantage dans la fiction.

Je ne sais pas du tout si l'article est sérieux, je m'y connais trop mal dans ces musiques pour m'en faire une idée précise, mais je trouve que ça invite à questionner la lecture qu'on peut avoir de ces tendances, ça apporte des éclaircissements convaincants.


Je suis content d'être revenu sur le sujet du rap, et j'espère découvrir de nouveaux morceaux pour l'occasion ! ^^
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 02 janvier 2020 à 16:24:55
Hey vous...

Merci de votre tempérance, et pareil, je suis ravi que l'on puisse revenir sur le sujet.
Afin de mieux correspondre aux attentes de son initiateur, mais à ma petite manière :

cinq pièces non pas lettrées du RAP français, quoique si, forcément, mais surtout :
cinq extraits cités pour leur valeur à mon sens... et avec un petit commentaire perso

prêts ?

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Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Loup-Taciturne le 02 janvier 2020 à 17:01:30
Citer
j'ose croire que tu ne fais pas de lien entre la « domination de l'État bourgeois » et le mythe du « grand complot juif », Loup-Taciturne...
Il n'y a que toi ici pour faire effectivement ce genre de lien Alan.

Je reviens plus tard pour parler de rap
Titre: mèwèh
Posté par: Dot Quote le 03 janvier 2020 à 19:34:40
une petite remarque comme ça je trouve sophistiquement :

"le rap, c'est du texte sans l'écrit"...
-
une culture orale des mots bien construits
à l'opposé de la littérature à ne pas entendre
-
le flower écrit, certes, avant son freestyle
-
mais en tant que musique à texte
il y a un côté sonore et phonétique retentissant

mais en vrai j'suis comme Alan j'ai une si petite culture RAP, je me tiens de le préciser... et comme j'ai envie de la voir croître, eh bien je l'étale... c'est pas comme la confiture parce que quand on la met sur la lame, elle reste quand même dans le bocal...

edit du 25 avril
parce que c'est à remémorer j'trouve

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edit du 4 septembre deumilvin

https://www.youtube.com/watch?v=XUCrzNjqgiM

je vais pas faire long, car l'instru est ptetr trop crue pour passer auprès des mamans, et pourtant pas assez pour alarmer les armés, de ce mouvement pacificateur haut en couleurs, ils cernent bien toute l'ambivalance et la difficulté de faire d'un méchant et d'un gentil, le duo valorisant le bi du bi-lettré, libéré d'un thé au lit, je l'écoute en ce moment parler de ma soupe, les orties, et oui, je confirme : ils ont de la construction qu'on retrouve à peine aujourd'hui, parfois amoindrie j'ai l'impression, alors que peut-être, tout a été dit ?
un bon coup qu'on croirait pas autant alors qu'il a marché du tonnerre !

Citation de:  Sniper - Trait pour trait
On arrive normal sans faire de cinéma
La rime bien afutée l'ami vient pas fluté ma vie
C'est pas un film ma zik, y'a pas le format
Qui voudrait qu'elle est c'est pour ca que je ken
Couplé en 16 comme poto tunisan
On kique comme ca nous plait, on séme des kilométres de fases
95 couz' pas de mise en scéne chelou
Ca reste sobre, ca nous ressemble, ca vient de chez nous
Ecoutes comment ca sonne, frolo c'est d'la bonne, on s'invite chez vous
Nouvel album les parasites c'est nous, les gros relous
Ca y est j'les entends déja raler tous ses mecs
Du pére qui croient que le hip hop c'est à leurs péres
Tous ces zoulous j'me fait un plaisir de pas leurs plaire
Est-ce que c'est clair, maintenant barez vous j'ai des diéses à faire
Avec mon groupe on est venu poluer l'atmosphère
C'est s'rap de merde qui fait mal à la tête, frère
Les faux sont déguisés en vrai, les vrais deviennent des faux
Moi j'suis pareil qu'en vrais avec des gros défauts
Nonchalant est le flow mais c'est du lourd ca reste violent
Genre main de fer dans un gant de velours
On est une bande de loups, que vas tu faire
S.N.I.P.E.R c'est une afaire qui roule pendant que tu flaire
Déroule le tapi rouge pour les 3 mousquetères
Tu tes dents se serrent, ta bouche se ferme
Sobre, sobre
Simple, simple
On t'emméne dans notre monde alez grimpe
Y veulent dé goods vibes
Veulent un coup de snip'
On a une longueur d'avance allez goodbye
Sobre, sobre
Simple, simple
On t'emméne dans notre monde alez grimpe
9.5 tu sais on reste vrais pret et discret
Mec c'est du trait pour trait
C'est 1 pour le show les gho et les ghromas
Pour les narvalos qui font les cro-ma
Moi je ne fais pas zarma, je fais juste vibrer les karmas
Filles ou garçons je vous invitent a bouger vos charmas
J'reste le même impliquer, loin d'etre endormi
Les lauriers, sont devenus des orties
Toi tu fais peur t'es malsain, ton style est centré
Trop d'rapeurs ont pour médecin docteur Dre
Dur à comprendre, et rien à r'vendre aux autres
Vu que j'traites avec des traitres entre autres
Moi toujours courtois, pas un di-ban
Caractère de talibans le rap porte la bourka
Attend ton tour je t'entubes à la rime
J'ai mis l'amour dans un tube et l'est changé en vaseline
Les Mc parlent mal rêvent de bastos
Les khrmal ont pris des balles c'était à roland garros

Bollos en émotions le parcours est chargé
Largué par l'institution, la nation m'a largué, frelon
J'fais mon son selon, et nos règles l'art de
Rester impec' son sans choper l'melon
Garçon ya mon vécu et celui de mes proches
Que j'ai gravé dans l'instru, j'ai gravé dans la roche
Et pas une tune en poche parce que je débutes
Moi j'ai gardé ma capuche et pas baissé mon calcif'
Sobre, sobre
Simple, simple
On t'emméne dans notre monde alez grimpe
Y veulent dé goods vibes
Veulent un coup de snip'
On a une longueur d'avance allez goodbye
Sobre, sobre
Simple, simple
On t'emméne dans notre monde alez grimpe
9.5 tu sais on reste vrais pret et discret
Mec c'est du trait pour trait
Non je ne veux pas de ce star système, de ces paillettes maudites qui colportent la haine,
Non je ne crois pas que tous ça me convienne toutes les bad minds tu sais d'où elles proviennent,
Pour avoir du crédit il faut un trou dans l'abdomen, Avoir fait 3 ans d'placard ou parler des girls comme des chiennes,
Etre couvert de tatouages et les refaires toutes les semaines, s'enfermer dans un rôle parler d'une vie qui n'est pas sienne,
Non je préfère la simplicité, l'humilité, le naturel et l'autenticité,
Que djah m'en garde et m'en protège, nan je ne veus pas mettre les pieds dans ce manège,
Je les préfères bien sur le sol et si un jour j'menvole, le daron m'attrapera les chevilles pour ne pas que j'décolles,
Karl c'est blacko, blacko c'est karl, ?? lacour si tu vois de quoi jte parles,
Nan je ne veux pas mentir au gens, ni me mentir à moi meme, je ne fais pas ça pour largent, je ne fais pa ca pour que que l'on m'aimes, je veux juste rester moi et laisser une trace ,et pouvoir me regarder dans une glace alors je restes
Sobre, sobre,
Simple, simple,
On t'emméne dans notre monde alez grimpe,
Y veulent dé goods vibes,
Veulent un coup de snip',
On a une longueur d'avance allez goodbye,
Sobre, sobre
Simple, simple,
On t'emméne dans notre monde alez grimpe,
9.5 tu sais on reste vrais pret et discret,
Mec c'est du trait pour trait!

. (#post_quote)
Titre: ouais
Posté par: Dot Quote le 24 novembre 2020 à 21:22:48
en vrai j'écoute trait pour trait et y'a invariablement un truc que je me dis que le passé c'était bien :
sérieux ceux qui ont cru que sniper c'était un rap violent ou haineux ou quoi, ils ont rien compris à ce nom vachement pacificateur... nan lol, ok, faut deviner et lire un peu ou écouter attentivement, parce que leurs lyrics sont effectivmeent vindicatif, on va dire qu'un titre genre 'brule', c'est sûr... mais franchement entre justement trait pour trait, et la plupart des autres du peu que je connais d'eux, bin c'est des gars de la culture du partage moi j'trouve, et en ça bon ok, dsl encore d'être hs, mais qmm de rap et de lettres, j'trouves ils surpassent pas Rimbaud t'façon personne sauf l'autre là, mais ils ont un truc qu'on retrouve... heu bin je sais pas, je me cultlive plus depuis 9 ans, pis en rap j'ai fait une grosse élipse, mais voilà, même pnl que je connais un peu, ils dépeignent un monde plus crasse, moralement, et en ça j'incrimine ni l'artiste ni le contexte qui le voit naitre, mais heu... bin je détourne le propos, mais qmm, sniper aussi, c'est un jahstafari qui parle un peu de sa religion, et elle est peace et pas écrasée pour autant, j'aime bien avec le reste du groupe, et ouais... mon propos ici je l'assume pas trop parce que je veux surtout pas dévaloriser qmm, le talent et l'effet d'un rap plus lettré, mais sniper pour moi ça figure dans un truc vâchement cool de la culture rap, et juste pour les lyrics d'au dessus, ça vaut le coup de voir un clip qui a vieilli c'est sûr, mais qmm top quand je le replace dans les contextes que je me figure un peu bien bien

(ouais je déterre,, le vent nous apporte le sahara)





heu hein ? ouais, je me disais quand même, mais je sai spas trop, pis vas voir pour quoi mais quand même ! ah oui ipis un lien de tuyou :

https://www.youtube.com/watch?v=ZBJdztLIqr8


parce que quand même...

En fait, moi j'y connais rien, mais ouais, j'aime bien le propos amer, âcre, cendré, carbonisé à la sauce barbecue de Paris, le père latex, ouais, j'aime trop parce qu'il est à l'image de ce monde : dégueu et conscient, ouaisouais, alors bin oauis je respecte son rap, j'en parle dans quinze ans, pis je maintiens : c'est de la bête de bombe il est pas si bien ce type ouaisouais...

donc le gars il avait de l'electro dans le trio TTC, et c'est l'un des T le Tekilatex qui aime sa femme et sa maitresse, la popr et le rap, ici il mix ouais du truc de largement tekitek, j'trouve ça hors-clous, et pourtant...

en vrai il est pluss que bougon le bonhom, il est un bon hum, hein ?

ouaisouais je maintiens encore parce que nul ne vaut de s'apesantir sur ce qu'il pèse déjà beaucoup juste en me sufflant l'idée que je purrais peut-être parler rap conscient quand je pense à un truc perso qui me réfère à cette piste

J'encaisse mais j'sais que j'ai raison (clair)


donc voilà je cherche dans ma bibli de mémoire et sur qui je tombe, ces lyrics d'une époque d'arrêt de bus, de tables en bois, de feutres presque atemporels, ici déménagés, ou pas, et là des arbres, des pommes, des routes arc-en-ciel ouioui, des pommes encore au sirop d'érable, probablement sur cette murale de la vie qu'aucune fresque ne lui rendrait qu'un semblant de pourtant, et voilà c'est juste, juste, mais alors ?

y'a un truizejdoaz,okapjj

hein ?

oui, il fallait, parce que, alors maintenant je vous confie, écoutez ces lyrics et vous verriez de quoi retourne l'amertume de ce monde qui part en vrille même dans les sphères les moins incriminables par réalité

ouais faut conscientiser ce qui se fait de dur, après seulement, ça s'adoucit

du rap qui se tripe !

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Titre: Re : Lettres de rotures du Rap français
Posté par: Dot Quote le 24 janvier 2021 à 00:53:04
en vrai, comme ça...

- en quoi le nom de l'album d'eminem datant de 2004 sort-il pas seulement du cadre de cett ediscussion que je poursuis un peu tousseul ?
- comment se fait-il que le flow de 50 cents en vaut des millions sur la piste numéro 3 ?
- pourquoi j'ai trop rigolé en entendant dr dre dans rain man ?
- et heu j'suis pas ultra-fan de l'album mais quand même, il figurerait pour le titre donc ?

en vrai c'est qmm marant quand on aime les particularismes, non :
y'a rien de français dans ce truc de rap qmm (oui c'est du rap, ç'aurait été indécent de hs, sinon), si ce n'est el titre !

et du comme ça ?

encore