Dis-moi, dis-moi le secret de ton cœur vierge,
Dis-moi le secret de ton corps sous la terre,
Je veux savoir pourquoi désormais tu n'es qu'eau,
Ces rives froides où des pieds nus se baignent dans l'écume.
Dis-moi pourquoi, au-dessus de tes cheveux défaits,
Au-dessus de tes herbes doucement effleurées,
L’ardent ou calme soleil tombe, s'efface, caresse,
Quand il te touche et t'abandonne
Comme un vent qui ne porte qu'un oiseau ou une main.
Dis-moi pourquoi ton cœur comme une forêt minuscule
Attend sous la terre les oiseaux impossibles,
Cette chanson totale que forment les rêves
Au-dessus des paupières quand ils passent sans bruit.
Oh toi, la chanson, qui à un corps vivant ou mort,
À une belle créature dormant sous la terre,
Chantes une couleur de pierre, de baiser ou de lèvre,
Chantes comme si la nacre dormait ou respirait.
Cette taille, la minceur de cette triste poitrine,
Cette boucle vacillante qui ne connait pas le vent,
Ces yeux où ne vogue que le silence,
Ces dents d'ivoire bien protégé,
Ce souffle qui ne fait pas frémir les feuilles précoces.
Oh toi, le ciel riant, qui passes comme un nuage,
Oh toi, l'oiseau joyeux riant sur une épaule,
Fontaines dont les eaux fraîches s'entremêlent à la lune,
Douces étendues d'herbe que foulent des pieds adorés !