Après plusieurs mois d'absence car trop fatiguée pour être inspirée, me revoilà avec un texte court un peu noir.
Âmes sensibles s'abstenir Je me colle contre ton corps chaud, les yeux grands ouverts et le cœur battant. Tu ne te réveilles pas mais qu'importe, ton contact seul m'apaise déjà. Je ne comprends pas les images qui m'assaillent.
Surtout ne pas se rendormir !
J'ai trop peur d'y retomber. Car, tout le monde le sait, les rêves s'évaporent mais les cauchemars persistent.
La scène se rejoue dans ma tête, encore et encore... Je pousse une lourde porte en bois qui s'ouvre sur un paysage sans soleil. Là, des hommes sont ligotés sur des planches en bois sur le flan d'un talus enherbé. J'esquisse un sourire narquois : ça va commencer. Ma botte se pose sur le sol de poussière et je m'avance vers eux. Je sens le poids de la couronne sur ma tête et celui du couteau dans ma main. Je ne suis pas seule mais le monde autour est muet. Ne se font entendre que les gémissements des... prisonniers ? ... Je revois alors la bouche hurlante que je transperce jusqu'à la nuque qui se remplie et crache le sang. Cette bouche écarlate... ce gargarisme morbide... cette bouche, oui. La première, puis une autre. Et encore une autre. Tout ça dans une intolérable sensation de jouissance.
Mon cœur s'accélère. Je te serre un peu plus fort.
Un chien de terrier est lâché, qui se jette à la gorge d'un autre. C'est son cri dans ce silence qui m'a tiré de ma torpeur.
Le chien, le couteau, la bouche, la poussière, le sang, le sang... le sang !
Mes lèvres et mon menton se crispent en prémisse à un sanglot, mais j'expire longuement dans ton dos pour le ravaler.
Réminiscence du passé ? Pervers jeu de l'esprit ? Je ne sais pas.
Qu'est ce qui ne va pas ? Je ne comprends pas. Ai-je cela en moi ? Serais-je capable de telles atrocités ?
A cet instant je prends conscience qu'au fond on ne se connaît jamais vraiment. Et cette pensée est plus effrayante encore.
Alors je me concentre sur ta respiration calme et profonde. Je l'accompagne. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Et ta quiétude gomme, une à une, questions et peurs. Dans l'obscurité, comme sur un tableau noir, tu peux être tout ce que tu désires, ou tout ce que tu redoutes. Mais là, contre toi, je reprends mon meilleur rôle.