Nous étions une bande de copines et copains.
Qui chaque année se rassemblaient à la Toussaint.
Nous avions réservé un gîte breton.
Chacun avait ramené les spécialités de sa région :
Bruno des Vosges quelques "Munster".
Monique des Maroilles, Vieux-Lille dans ses affaires.
Viviane de Normandie nous fit présent d'une bouteille de calvados et d'un gros camembert.
Jean-Paul des Pyrénées un énorme fromage de brebis et des fruits pour le dessert.
Après quelques jours de repas, il restait un surplus des trois fromages les plus odorants.
On décida d'improviser une tarte : maroilles, vieux-Lille et Munster, ce serait marrant.
Est-ce que nous l'avions laissée trop longtemps au four ?
Je ne sais plus, mais tous se souviennent de l'odeur horrifique qui envahit la chaumière et les alentours.
Le plus brave d'entre nous (Bruno le Vosgien).
Se dévoua pour goûter la tarte, il n'était pas chien.
Il s'aperçut que si l'odeur soulevait le cœur,
le goût lui était doux et le calva nous aidait à digérer en douceur,
la tarte et ses odeurs.
Il nous restait une nuit à dormir dans le gîte.
On laissa les fenêtres ouvertes, c'était ça ou prendre la fuite.
Le lendemain, on essaya la pyrolyse du four, ce fut un jour historique.
En fait de nettoyage l'odeur en fut décuplée.
Le résultat était catastrophique.
On se souvient de la mine dépitée du propriétaire.
Il ne voulut pas nous rendre la caution.
Et encore nous traita de tous les noms.
Il nous prit pour des terroristes, et pourtant, on était fiers
de cette aventure et de notre expérience fromagère.