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Le Monde de L'Écriture » Encore plus loin dans l'écriture ! » L'Aire de jeux (Modérateur: Claudius) » Le dit de l'hiver

Auteur Sujet: Le dit de l'hiver  (Lu 5304 fois)

Hors ligne Krapoutchniek

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 2 918
  • Génération de l'univers en cours, patientez svp...
Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #15 le: 23 décembre 2008 à 01:25:23 »
Les deux antagonistes se regardaient dans les yeux. L’un, serrant fermement son fleuret, se tenait droit et fier. L’autre, le ventre à terre, scrutait l’homme. La neige froide les figeait comme deux rocs. Aucun ne bougeait. Seul le vent et la haine les empêchaient de s’évader, de se laisser bercer dans le tourbillon de glace. Un rictus et un grognement seuls suffisaient à leur rappeler que leur vie était en danger. L’homme à l’épée saignait abondamment, formant une petite mare semblable à une tache de vin.

Soudain, ils bondirent l’un sur l’autre, dans un vacarme de métal et de grondements. Ils roulèrent dans les feuilles humides et se débattirent, l’un avec son arme, l’autre avec ses crocs. L’homme se battait avec l’énergie du désespoir. Il n’avait d’autre choix que de lutter ou mourir. L’animal bondit et tenta de lui agripper la gorge avec sa mâchoire puissante. Mais l’homme para le coup et embrocha le loup.

La bête s’effondra sur le sol en grognant. L’épée dépassait de son corps, et l’homme hésita un moment avant de reprendre l’instrument qui venait de venger sa famille.
It will reveal its meaning when it lives in victory...

Hors ligne Rain

  • Palimpseste Astral
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  • Perdu
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Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #16 le: 23 décembre 2008 à 01:39:17 »
Le jeune homme et l'abricot

Il était une fois, dans une ville lointaine en proie à la guerre, un jeune apprenti forgeron. Le jour, il travaillait avec son maître et la nuit, il se promenait dans les rues de la ville avant d’aller se coucher. Un jour, ou plutôt une nuit, lors de l’une de ces promenades nocturnes, le jeune homme trouva un étrange abricot d’un bleu céleste. Le jeune homme un peu sot vit en lui une merveille, un don des dieux. Le lendemain, il ne cessa de se gargariser de sa découverte. Partout il clama avoir découvert un joyau unique, un met des plus rares, un élixir de jouvence. Profitant que son maître s’était absenté, il invita ses amis, ses connaissances, sa famille, ses voisins, toute la ville enfin à la forge, pour leur présenter le fruit sur un plateau d’argent, les invitant à le goûter. Voyant leurs mines réticentes, il en prit lui-même une bouchée, croyant ainsi devenir un dieu parmi les hommes. Les autres, peu à peu convaincus par sa harangue, se décidèrent enfin. Chacun préleva sa part. Les jeunes se croyaient plus forts, les vieux plus jeunes. Mais le jeune homme se sentit soudain un mal de ventre. Ses boyaux se tordaient, son estomac se révoltait, et l’homme  de rejoindre la fosse d’aisance. Bientôt, ce fut toute la ville qui fut prise de colique. Beaucoup en moururent. La crise passée, l’on trouva le jeune trublion que l’on nomma traître. On le soumit à la Question, il subit le chevalet, et resta un an en prison, sans rien avouer. Il fut au final établi que le jeune homme n’était qu’un ignorant, que le fruit divin n’était qu’un abricot moisi. Ne vantons point hâtivement les mérites d’un bien sans les connaître.
« Modifié: 23 décembre 2008 à 01:41:02 par Rain »
Perdu

Hors ligne Kailiana

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 799
  • Lial' | Calamar placide
Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #17 le: 23 décembre 2008 à 02:52:24 »
Le grand méchant loup rajusta sa capuche et remit son écharpe. Le vêtement rouge était un peu large, un peu long, mais le déguisait convenablement. C'était l'essentiel.
Il regretta ne pas avoir de rennes à sa disposition pour l'amener jusqu'en ville, puis se souvint qu'ils garnissaient son ventre.
Ce fut donc à pieds, dans les grosses bottes fourrées du Papa Noël, que le loup se dirigea vers la plus proche chaumière.
Toc toc toc, firent les moufles lorsqu'il frappa à la porte.
Qui est là ?
C'est le Papa Noël qui vient apporter les cadeaux ! (dit le Loup, en contrefaisant sa voix)
La porte s'entrouvrit et laissa place à un petit garçon en pyjama aux grands yeux curieux. Il laissa entrer le Père Noël et le dirigea aussitôt vers le sapin.
« Tu m'as apporté quoi, dis, dis, dis ? »
D'une des chambres provenaient les ronflements des parents, et le grand méchant loup se lécha les babines, puis laissa tomber son sac au sol et retira ses gants.
« Eh bien...
-Oh ! Papa Noël, comme tu as de longs ongles !
-C'est pour mieux faire les paquets cadeaux. Je...
-Et comme tu es musclé !
-C'est pour mieux porter tous les paquets, que crois-tu. Le sapin...
-Et ces grandes oreilles !
-C'est pour savoir si les enfants sont sages, mon petit. Tu...
-Et cette grande bouche !
-C'est pour mieux... euh... »
Ce faisant, le regard du loup tomba sur les chocolats qui avaient été posés près du sapin pour remercier le Père Noël de déposer les cadeaux. Il sentait les doux effluves chocolatés remonter le long de ses narines, et la bave lui coula des machoires.
« C'est pour mieux manger ce que vous m'offrez, mon enfant ! »
Sur ce, le loup déposa quelques cadeaux, s'empara des chocolats et les fourra dans sa grande gueule. Son plaisir fut tel qu'il continua sa tournée dans le seul but de trouver d'autres chocolats, et  depuis ce temps là, le Papa Noël est un peu plus poilu que ce qu'on imagine.
« Modifié: 23 décembre 2008 à 03:09:46 par Kailiana »
Si la réalité dépasse la fiction, c'est parce que la réalité n'est en rien tenue à la vraisemblance.
Mark Twain

La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.
Einstein

Hors ligne Matt

  • Calame Supersonique
  • Messages: 1 532
Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #18 le: 23 décembre 2008 à 18:44:51 »
Vous ne dormez pas à cette heure là les enfants ?  :D

Sympa ces petits textes.
Les Oeuvres d'Art ont quelque chose d'infiniment solitaire, et rien n'est aussi peu capable de les atteindre que la critique.

Seul l'amour peut les saisir, les tenir, et peut être équitable envers elles.

Rainer Maria Rilke

Hors ligne Spes

  • Calliopéen
  • Messages: 595
Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #19 le: 24 décembre 2008 à 00:25:53 »
Petit Souffle

- Ce soir, je dors.
L'enfant, pourtant, demeurait assis sur le rebord de la fenêtre. Peut-être allait-il s'y allonger.
Le vent, dehors, tempêtait avec rage, participant à son mal-être. Cette nuit serait blanche. A ses pieds, un paysage laiteux que la lune éclaboussait de lumière ; il le scrutait, comme s'il eut pu trouver là réponses aux interrogations qui le taraudaient. De son poste d'observation, l'air, furieux, ne pouvait l'atteindre. Il était en sécurité, sans le savoir cependant. Dans la pièce qui s'étirait confortablement derrière lui, l'atmosphère était figée et tiède. Mais elle avait beau tendre ses bras vers lui, le jeune dauphin ne se retournait pas.
Il préférait le danger à cette bulle maternelle.
Derrière lui, le feu crépitait. L'enfant avait posé à coté de l'âtre une pile désordonnée de parchemins.
Il se pencha un peu en avant, et le vent le gifla avec violence.
Ses doigts n'étaient que brindilles givrées, qui manquèrent craquer lorsqu'il reporta tout son poids dessus. L'enfant avait entrepris l'ascension du mur. Il se hissait avec peine, chaque mouvement lui arrachait une plainte, bien malgré lui.
Maintenant qu'il avait quitté sa bulle, il ressentait pleinement la haine de ce monde glacial à son égard. Mais il prenait aussi conscience de lui, de son corps, de sa force. Il n'était pas l'un de ces bibelots que l'on lustre chaque soir pour attirer la considération de quelques convives.
Le placement régulier des pierres lui permit d'atteindre le sommet. Il tira péniblement son corps frêle jusqu'à ce qu'il se retrouve tout entier au sommet de la tour.
Alors, le vent se jeta sur lui avec une violence inouïe. Il brûlait d'ardeur.
Déchirer ce corps !
Secoué, l'enfant voulut protéger son visage du froid qui le consumait aussi sûrement qu'un brasier. Ce geste pathétique fut le seul qu'il eut le temps d'esquisser. Un ultime assaut l'avait précipité dans le vide.
Quelques instants plus tard, la neige se teinta de rouge dans la plaine toute entière. La lune était rousse.

Fin
« Modifié: 24 décembre 2008 à 00:30:25 par Spes »

nasnas29

  • Invité
Re : Le dit de l'hiver
« Réponse #20 le: 01 novembre 2010 à 13:50:11 »
 Le dit de l'hiver
 est dans le non dit:
 Quand sous le blanc linceul
 il verdit!  :huhu:

 


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