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29 mars 2024 à 06:12:22
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes mi-longs » Cerbère : mordre la main qui nourrit - Terminé

Auteur Sujet: Cerbère : mordre la main qui nourrit - Terminé  (Lu 4827 fois)

Hors ligne John Lucas

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Cerbère : mordre la main qui nourrit - Terminé
« le: 26 septembre 2020 à 15:24:15 »
Je me lance dans une nouvelle nouvelle du genre horrifique, épouvante : Cerbère



Synopsis :
Luc Bousquet avait bien profité de son dernier jour de cure de remise en forme à Vichy. Cela lui avait fait un bien fou car il s'était beaucoup laissé aller depuis son divorce l'année passée. Sur la route qui le ramenait dans sa petite commune, il vit un chien gésir sur le bord de la route. Celui-ci paraissait mal en point, si bien qu'il décida de s'arrêter pour aller s'en occuper. Il l'embarqua dans la voiture et se rendit chez le vétérinaire dans le village voisin du sien. Malheureusement, ce dernier ne put rien faire pour lui. Il était tard et Luc décida de le ramener à la maison, il se serait occupé de prévenir la mairie le lendemain. À son réveil, une surprise l'attendait. À partir de ce moment, rien ne se déroula comme il l'aurait imaginé et son geste, rempli de bonnes attentions, l’entraîna dans une série de péripéties dont il ne pût être que triste spectateur.


Cure thermale
Sur la route
Chez le véto
À la maison
Un drôle de réveil
À la SPA
De retour chez le véto
Un petit tour en forêt
Bis repetita
Révélations
Angoisses
Jamais deux sans trois
Encore ?
« Modifié: 19 décembre 2020 à 12:13:35 par John Lucas »

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #1 le: 26 septembre 2020 à 15:25:17 »
Cure thermale

 L'esthéticienne faisait danser ses mains douces sur le dos charnu, autrefois plus musclé, de Luc Bousquet. Cela faisait bien des années qu'il n'avait pas pris soin de lui. Au lieu de ça, il s'était laissé consumer par le divorce. Sa femme, son ex-femme – il avait tendance à l'oublier – était partie du jour au lendemain avec son professeur de yoga. Cliché ? Et pourtant, cela faisait bientôt trois ans que c'était la triste réalité pour lui. Depuis, son seul petit bonheur était les moments qu'il pouvait passer avec son fils un weekend sur deux. Il se laissa emporter par les effluves du baume de massage et l’extase que lui procuraient les caresses de la praticienne, se promit qu'à partir de demain, lorsqu'il serait de retour chez lui, il reprendrait sa vie en main et s'endormit, paisible, un large sourire aux lèvres.

 « Mr Bousquet, réveillez-vous » lui susurra-t-on à l'oreille.

 Il émergea dans un léger sursaut et piqua un fard, tel un gamin qui aurait été surpris en train de faire une bêtise, ce qui ne manqua pas d'amuser la jeune fille.

 « Oh, désolé, mademoiselle. C'était tellement agréable que je m'en suis assoupi » bafouilla-t-il.

 L'esthéticienne retenu un petit rire dans sa main et le salua avant de le quitter. Il se leva, remit son peignoir aux manches trop longues, dû à sa petite taille, mais tendu au niveau de son ventre, qu'il se tapota en se disant que ça aussi, il allait y remédier. Mais cela attendra demain. Pour le moment, un buffet à volonté l'attendait au restaurant asiatique à côté du centre de Thalasso. Après tout, il avait été plus que sérieux durant les trois semaines de sa remise en forme, il avait bien le droit de se faire un petit plaisir. Il retourna donc à sa chambre pour se préparer et finir sa valise, avant son départ.

 Lorsqu’il sortit de la douche, il observa son reflet dans le miroir et il eut du mal à reconnaître le Luc négligé qu'il était en arrivant à Vichy. Il avait déjà commencé à perdre quelques kilos et ça se voyait. Il avait également profité de ces moments de détente et de cette envie de renouveau pour couper court ses cheveux bruns, qu'il avait laissés pousser en désordre depuis sa séparation et se faire tailler sa longue barbe touffue. Il enfila un pull-over marron, dont il fit dépasser le col de son polo du même bleu clair que ses yeux, ainsi qu'un pantalon beige et une paire de bottillons marron. Il mit ses dernières affaires dans son grand sac de voyage, passa son anorak puis quitta, l'air enjoué, l'institut, qui lui avait insufflé un nouveau souffle et redonné la joie de vivre. Son meilleur ami avait eu raison de le pousser, cette cure lui avait fait le plus grand bien.



 Luc avait choisi une place assez éloignée du buffet pour éviter de sentir la bonne odeur de toute cette orgie de nourriture qui lui faisait de l’œil. Il regardait par la vitre, la nuit tombait déjà, rien d'étonnant pour un mois de décembre. Ce qui l'était plus, c'était cette grêle qui dégringolait depuis quelques minutes. Il aperçut un chien qui rôdait près de sa voiture à la recherche d'un abri quand un serveur vint débarrasser son assiette vide, ce qui le sortit de son état mi-léthargique. Lorsqu'il fut à nouveau seul, il jeta un regard à son automobile, mais la bête avait disparu. Il adorait les animaux et cela lui avait fait de la peine de le voir ainsi errer sur le parking, tout trempé.

 Il alla se servir en sushi, maki, gyoza et toute autre sorte de spécialités asiatiques. Il ne supportait pas de voir des gens, tout du moins des adultes, manger des nuggets, frites dans ce type d'établissement. Il enchaîna ensuite avec un wok de légumes et du poulet au curry.

 « Se faire plaisir tout en étant raisonnable » dit-il à voix basse alors qu'il posait son assiette sur la table, tout sourire.

 Il était si fier de lui. D'habitude, il se serait servi cinq ou six assiettes bien remplies. Mais il était un nouveau Luc, motivé plus que jamais à changer. Après une petite coupelle de fruits en guise de dessert, il se rendit au comptoir pour payer son addition.

 « Un petit saké, monsieur ? lui demanda l'employé.

 — Non, merci. »

 L'alcool était bien une chose qui ne faisait pas parti de ses vices, si nombreux soient-ils, pensa-t-il.

 « Un petit biscuit chinois alors ?

 — Ah, ça, je veux bien. »

 Il choisit un biscuit dans un plat sur le bar qu'on lui indiqua du doigt. Il le mit dans sa poche, il le mangerait dans sa voiture.

 Une fois installé au volant, il ne démarra pas tout de suite et sorti le gâteau de son emballage. Il le cassa en deux et en tira un petit papier qu'il s'empressa de déplier et de lire. Il était fan des fortune cookies depuis son plus jeune âge. Celui-ci indiquait : Mordre la main qui nourrit. L'origine de cette expression serait en effet chinoise et serait apparue dans le volume 6 du livre de l'Ancien Han où l'on relate l'histoire de l'empereur Xuan qui sacrifia le gouverneur Zhang Chang qui avait pourtant beaucoup fait pour la cité.

 Il jeta le papier dans sa boîte à gants, déçu que ça ne soit pas une prédiction mais juste une information dont il se fichait. Il engloutit les morceaux qu'il lui restait et se mis en route. Dans une bonne heure, il sera de retour à la maison.

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #2 le: 03 octobre 2020 à 11:57:20 »
Merci. Voici la suite :)

Sur la route

 « Et maintenant écoutons un morceau de celui qu'on surnomme l'iguane, j'ai bien nommé Monsieur Iggy pop, annonça l'animateur radio. C'est parti pour I Wanna Be Your Dog ? Let's rock ! »

 Luc tourna le bouton pour augmenter le volume, il était friand du rock des années soixante, soixante-dix. De la stéréo de mauvaise qualité, la musique grésillait et les vitres tremblaient sous l'effet des basses. Il pensa un instant à son ex-femme, fan comme lui de ce genre de musique, si bien qu'ils s'étaient offert un juke-box vintage, qui traînait au grenier depuis le divorce. Il avait bien l'intention de le descendre au salon pour égayer sa nouvelle vie.

 Il approchait tout doucement de Hyds, où il avait déménagé après le départ de Mélanie. Les grêles avaient cessé de tomber peu après son départ de Vichy à son plus grand soulagement. Il détestait conduire sous la pluie. Par habitude, il fit un détour par l'étang de la Corre, bien qu'il fît nuit. C'était devenu l'échappatoire à son désespoir depuis sa séparation. Ici, au milieu de la nature, il pouvait s'évader de la morosité qui dévorait sa vie. Il se gara le long de la route et alla faire le tour de l'étendue d'eau. Ça éliminera une partie de ce qu'il avait mangé, songea-t-il. Il marchait sans se presser et listait dans sa tête les choses qu'il avait changées et ce qui lui restait à entreprendre. Barbe et cheveux, O.K. Style vestimentaire, O.K. Régime, c'était sur la bonne voie. Maintenant, il restait à renouer avec les copains, trouver un travail et faire les démarches pour voir son fils plus souvent. Il était satisfait de lui-même et son sourire en témoignait. Il décida alors qu'il ne viendrait plus ici, et laisserait cet endroit au passé avec les trois années qui venaient de s'écouler. Ce lieu était trop chargé de mauvais souvenirs et de moments à se ronger les sangs quant à son avenir. Il arracha quelques feuilles et les jeta à l'eau comme s'il jetait des fleurs sur le cercueil de l'ancien Luc.

 Un courant d'air le fit frissonner et il s'arrêta, sortie de ses pensées par un bruit dans les fourrées. Il n'eut aucun affolement, il avait l'habitude de finir ses parties de pêche à la tombée de la nuit et savait qu'il y avait souvent des animaux nocturnes qui se baladaient dans le coin. C'était sûrement un petit rongeur ou autre chauve-souris. Néanmoins, il estima qu'il serait plus sage de rentrer. Il faisait froid et le ciel était toujours menaçant.

 Il reprit le chemin vers son véhicule et il entendit un râle qui se faisait plus rauque à chacun de ces pas. Malgré lui, son cœur s'emballa un peu, ses mains devinrent moites et la peur s'empara de lui petit à petit. Il accéléra le pas, puis se mit à courir sentant la chose se rapprocher de lui. Il était hors d'haleine quand il arriva à sa voiture. Vite la clé, et zut elle ne rentrait pas dans la serrure.

 « Crac... Rrrrr... Crac... Rrrr... »

 Ah, c'était bon, la portière s'ouvrit. Luc se précipita sur son siège et referma derrière lui à toute hâte. Le bouton de verrouillage ! Ouf, il avait failli oublier. Il regarda au dehors et ne vit rien. Il reprit son souffle en se disant qu'il manquait encore d’exercice et se mit à rire, tout d'abord de manière retenue puis à gorge déployée.

 « Quel trouillard tu fais, Luc Bousquet. Wha ha ! Ha ! »

 Il fit un sacré bon lorsqu'une gueule surgit des buissons, si bien qu'il se cogna la tête au plafond. Il eut d'abord du mal à discerner de quel animal il s'agissait car celui-ci n'avait passé qu'un demi-museau à travers les feuilles. Un chien ? Ou alors un loup, un chacal, un coyote ? Non il n'y avait pas ce genre de spécimen dans la région. La bête se faufila hors de la végétation et vint se planter devant la voiture. C'était un chien, ou du moins ce qu'il en restait. En effet, celui-ci avait la truffe arrachée et la mâchoire inférieure pendante. Il s'en écoulait un mélange de bave et de sang à moitié coagulé. Il lui manquait également une patte arrière et son flanc était creusé du côté droit. Il avait dû se faire renverser et éjecter dans les arbustes pensa Luc, tiraillé entre l'envie d'aller ramasser l'animal pour l'amener chez un vétérinaire et la peur qui ne l'avait pas quitté.

 Il resta derrière son volant à observer la pauvre bête pendant ce qu'il lui sembla être une éternité avant de se décider à sortir de son véhicule. Lorsqu'il ouvrit sa portière, le chien s'affala de tout son long. Et mince, il était sûrement trop tard. Luc s’avança avec prudence et toucha l'animal du bout de la chaussure. Absence totale de réaction. Il alla chercher la couverture qu'il laissait toujours dans son coffre et enveloppa la bête dedans. Pendant la manœuvre il sentit la respiration et surtout l'haleine horrible du chien, mais qui au moins, indiquait qu'il était toujours vivant. Il le déposa avec précaution sur sa banquette arrière et se réinstalla à sa place du conducteur. Il vit dans le rétroviseur la bête qui essaya de se relever, sans succès. Il sortit son smartphone pour chercher sur internet où trouver un vétérinaire de garde.

 « Aaaaarrh, foutu cambrousse, il n'y jamais de 4G » pesta-t-il.

 Tant pis, il fit "à l'ancienne", il appela la police qui l'informa que le vétérinaire de garde était le Dr. Tarrus de Commentry. C'était le village juste à côté du sien.

 « En route. Tiens bon mon gars. »
« Modifié: 16 octobre 2020 à 09:50:59 par John Lucas »

Hors ligne Deofresh

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #3 le: 03 octobre 2020 à 14:21:56 »
Salut John Lucas,

Une nouvelle fantastique ! Chic ! J'adore ça.

Et je dois dire que je ne suis pas déçu, j'aime le décor que tu nous présentes. J'allais faire une remarque sur le registre que tu emploies, que je trouvais un peu étrange avec des mots comme "balader" ou "piquer un fard", mais au final, tu l'utilises avec beaucoup de cohérence et cela créé une proximité avec le perso principal que j'aime bien. Le seul truc qui m'ait vraiment sorti du récit, c'est cet aparté sur l'origine de l'expression dans le fortune cookie.

Sinon j'ai repéré quelques lourdeurs et/ou maladresses :

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.



Voilà, voilà. Merci pour ce partage, je lirai la suite avec intérêt.

À plus !

En ce moment, je travaille sur ça : Les cinq masques

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #4 le: 10 octobre 2020 à 13:06:15 »
Merci pour ces retours :)
Je garde tout ça de côté pour la réécriture (oui oui j'ai à peine commencé que je pense déjà à réécrire^^)

Chez le véto

 Luc parcourut les quelques kilomètres qui le séparaient du cabinet vétérinaire à bonne vitesse. De nature très prudent et d'habitude respectueux du code de la route, il n'aurait jamais osé rouler à une telle allure. Mais lorsqu'il s'agissait d'animaux, ses priorités se bousculaient dans sa tête. D'un côté, la raison lui dictait de ralentir et de l'autre le cœur qui, dans la grande majorité des cas, l'emportait, l'incitait à accélérer derechef. Après tout, le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. Il appuya de plus belle sur la pédale.

 La lumière du cabinet éclairait deux silhouettes lorsqu'il arriva. Et zut, il y a déjà quelqu'un. Il sonna à l'interphone et le vétérinaire lui pria d'attendre sur le porche le temps qu'il en terminât avec un chat blessé par les os de l’oiseau qu'il avait avalé. Il ne faisait entrer qu'une personne à la fois pendant ses gardes. Cela mit Luc hors de lui et il se mit à tambouriner à la porte.

 « Dépêchez-vous ! Il va mourir. Il y a vraiment urgence.

 — Chaque cas est une urgence, mon vieux ! » lui cria le vétérinaire, d'un ton dédaigneux.

 Après une longue et interminable attente qui n'avait, en réalité, duré qu'une dizaine de minutes, une jeune fille sortit avec un gros matou gris dans les bras. Luc la fusilla du regard et se précipita dans le cabinet sans y être invité par le docteur. Il déposa le chien sur la table d'examen et retira la couverture avec soin. Quelques mouches s'en échappèrent.

 Le visage du vétérinaire était tiré par la fatigue et ses yeux cernés se remplirent d'un mélange d'indignation et de peur. Il porta le bras à son visage et eut un haut-le-cœur. L'odeur qui se dégageait du pauvre animal était insoutenable. Luc en prit alors conscience et se plaqua un mouchoir sur le nez. Comment ne s'en était-il pas rendu compte ?

 « Mais il est déjà mort depuis un moment votre chien. Il a même commencé à se décomposer.

 — Ne racontez pas n'importe quoi, il gémissait encore à l'instant, lorsque je l'ai posé. »

 Le Dr. Tarrus tronqua sa blouse blanche maculée de sang – sans doute de chat et d'oiseau – pour une autre de couleur bleu ciel. Il enfila un masque et des gants en latex, et avança une main timide vers la bête. Il prit son pouls. Rien, comme il s'y attendait. Il commença un examen plus approfondi et grimaça de dégoût chaque fois qu'il le touchait. L'animal n'eût évidemment aucune réaction.

 « Désolé mon vieux. Je ne peux plus rien pour lui. »

 Les épaules de Luc s’affaissèrent et il se laissa choir sur une chaise, la tête dans les mains.

 « Vous êtes sûr ? demanda-t-il sans conviction.

 — On ne peut plus certain. Et je vous répète qu'il est mort depuis au moins plusieurs heures, si ce n'est plusieurs jours. »

 Luc, au bord des larmes, ne répondit pas. C'est vrai, maintenant que le docteur le disait, la bête semblait morte depuis un bail. Mais, avait-il halluciné, alors ? Il entreprit de replier la couverture dans laquelle il avait enveloppé le chien.

 « Oh, vous avez fait tomber ceci. »

 Le vétérinaire ramassa un collier et lorsqu'il vit la médaille, son teint devint plus pâle. Il le donna à Luc puis se rapprocha de l'animal et l'observa une nouvelle fois. Pas de doute c'est bien lui. Il jeta son masque et fut saisit d'un bâillement. Il enleva ses gants laissant apparaître une main droite bandée.

 « Mais, ce chien, il est à vous ? Car une dame de la SPA est venue très tôt ce matin me demander de l'examiner. Il était très agité, je n'arrivais pas à l'ausculter. Il m'a même mordu, là, tenez, dit-il en montrant son pansement.

 — Non, je l'ai trouvé sur la route.

 — Et vous dites qu'il était vivant ?

 — Mais puisque je vous le dis. »

 Luc commençait à s'agacer que le vétérinaire ne semblât pas le croire.

 « C'est très étrange monsieur. Vous m'avez l'air sincère et j'ai moi-même vu ce chien vivant ce matin. Mais là, après ce deuxième examen, je peux vous affirmer qu'il est mort depuis au moins deux bonnes journées. Ce qui est tout à fait impossible. »

 Les deux hommes se regardaient sans rien dire puis Luc se leva, s'approcha de la table et enroula la bête dans sa couverture. Celle-ci eut alors un sursaut accompagné d'un gémissement. D'un mouvement vif, Luc dévisagea le docteur, dont le teint était devenu livide.

 « Je croyais qu'il était mort et depuis longtemps.

 — Je... euh... Je dirais bien que ce n'est qu'un spasme musculaire post-mortem. Cela se produit fréquemment lorsque le décès est brutal. Vu son état, il a été renversé, donc ceci explique cela. Mais c'est tout de même très étonnant au vu de son stade de décomposition. Ce genre de spasme n'intervient que dans les premières heures qui suivent la mort. »

 L'animal gémit à nouveau et se remit, avec une grande difficulté, sur ses pattes avant de s'écrouler dans la flaque de vomis qu'il venait de régurgiter. Le vétérinaire repassa masque et gants pour l'examiner encore une fois, d'une main tremblante. Mais rien n'y faisait, toujours aucun signe de vie. De surcroit, l'odeur se faisait de plus en plus nauséabonde. Il commençait à être très mal à l'aise et la peur l'envahit. Pris de panique, il désigna la sortie à Luc.

 « Je n'ai jamais rien vu de tel. Un animal mort qui semble reprendre vie de manière sporadique. Je suis vraiment désolé mais je ne peux rien pour vous et je vais vous demander de prendre votre chien et partir. »

 — Mais attendez, vous avez bien vu ce que j'ai vu, non ?

 — Écoutez, je travaille non-stop depuis près de dix-huit heures. Ma garde devait se terminer il y a une heure. Je suis crevé et je n'ai plus les yeux en face des trous... À vrai dire, je ne sais même pas ce que j'ai vu... Allez, prenez ce chien et partez. De toute façon moi je ne peux plus rien pour lui. J'aimerais, croyez-moi. Mais là, ce soir, tout ce que je veux c'est rentrer chez moi... »

 Luc, blasé, prit le chien dans ses bras d'un geste doux et sortit. Il hésita un instant puis déposa l'animal sur sa banquette arrière et prit le chemin de son domicile.
« Modifié: 16 octobre 2020 à 15:14:51 par John Lucas »

Hors ligne Xeraphia

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #5 le: 11 octobre 2020 à 04:58:46 »
Salut John o/

Une petite ambiance à la Stephen King pas désagréable du tout. Ça va plutôt vite à mon goût, mais d’accord. J’aime beaucoup l’introduction et la présentation de Luc, qui s’étoffe doucement au fur et à mesure.

Par contre, j’aime beaucoup moins le passage chez le véto, pour deux raisons.
Un : la réaction de Luc. Je comprends que tu aies voulu le peindre en homme compatissant et aimant des animaux, mais le résultat est un adulte immature ; c’est très puéril de traiter les vétos de sans-cœur parce qu'ils ne s’effondrent pas sur chaque animal en mauvais point dans leur clinique.
Deux : il y a un profond manque de sens et de logique dans ce passage. Le véto reconnait le chien qu’il a traité le matin même après avoir dit à Luc qu’il était mort depuis plusieurs jours, même qu’il voit l’animal en état de décomposition, mais ne se pose pas plus de questions que ça. Luc se rend compte que le chien est mort depuis longtemps, pourtant il sait bien, lui, que ce n’est pas le cas – et il ne trouve rien de mieux à faire que de reprocher au véto son manque de compassion. Ils sont confrontés à une situation profondément anormale mais la balaient aussi sec.
Passage à revoir urgemment, à mon avis.

À la prochaine :)

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #6 le: 11 octobre 2020 à 10:06:03 »
Merci pour ce retour.
Effectivement il y a un petit soucis  :D
Je vais revoir ça très vite.

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #7 le: 15 octobre 2020 à 16:58:51 »
J'ai revu un peu le chapitre "chez le véto" qui souffrait effectivement de gros soucis^^
J'espère que cela sera mieux ainsi.

Hors ligne Cendres

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #8 le: 16 octobre 2020 à 09:18:07 »
Merci pour ton texte,
C'est le premier texte que je lis de toi.

Je ne suis pas trop dans l'horreur, car en général dans le début de l'histoire, 1/3 du texte, il ne se passe rien. C'est une longue présentation ennuyeuse des personnages et des enjeux.
Ton texte n'est pas comme ca, et j'aime bien.
Dans ton troisième chapitre, l'histoire débute sur un mystère.
Le chien zombie putréfié couvert de mouche.... Ceci dit plus le temps passe, plus il pourrit et plus il est bouffe par les asticots. A la longue il restera rien de lui et son corps va se démembrer ^^

Je ne vais pas te conseiller sur ton écriture vu mon niveau.
Tu as fait une faute de frappe ici  avec le mot "chien" du chapitre "Sur la route" :
"...La bête se faufila hors de la végétation et vint se planter devant la voiture. C'était un chient, ou du moins ce qu'il en restait..."

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #9 le: 17 octobre 2020 à 12:43:56 »
À la maison

 Luc roulait cette fois plus lentement qu'à l'accoutumée. Il se refaisait le film de ces dernières heures et se demandait s'il n'avait pas imaginé certaines choses. Le vétérinaire avait raison, impossible que ce chien eût été vivant ces dernières heures vu son état de décomposition et son odeur putride. Pourtant il était bien certain de l'avoir vu bouger sur la table d'examen et le médecin avait également réagit donc il l'avait forcément vu, lui aussi. Pourquoi avait-il fallu qu'il ramassât ce chien. Ces derniers jours avaient été tellement fabuleux et sa nouvelle vie était sur le point de commencer, il n'avait pas besoin d'un tel mystère. Il allait se débarrasser de l'animal et oublier cette étrange soirée au plus vite.

 À chaque secousse provoquée par la route abîmée, il regardait dans son rétroviseur, s'attendant à voir le chien bouger ou à l'entendre gémir. Contre toute attente, celui-ci n'eut plus aucun signe de vie semblable à ceux du cabinet. Il n'y avait plus d'incertitude, l'animal avait bel et bien rendu son dernier souffle. Luc et le vétérinaire avait sans doute été victime d'hallucinations dues à la fatigue ou peut-être à un quelconque gaz toxique qui se dégagerait de la bête et serait responsable de ces effluves horribles. Luc commençait à se raconter des histoires absurdes dans sa tête. Le chien était en train de se transformer en zombie et le vétérinaire allait suivre puisqu'il avait été mordu. Les deux le pourchasseraient pour le manger...

 « Non, mais, arrête, Luc. Tu deviens cinglé » dit-il à son reflet dans la vitre.

 Il arriva chez lui et laissa le chien dans la voiture le temps d'aller chercher une bâche dans sa cave. Il remonta également une pelle, une pioche et une bêche. Il déposa tout l'attirail dans son jardin à l'arrière de sa demeure et alla chercher l'animal qu'il déposa à côté du matériel. Il faisait très sombre, il alluma donc la lumière de la terrasse pour bénéficier d'un peu d'éclairage. Il commença à creuser un trou à l'aide de la pioche mais le sol avait commencé à geler et ce n'était pas chose aisée. Après quelques coups peu utiles, il prit la décision d'attendre le lendemain. Il arroserait la terre avec de l'eau chaude pour la rendre plus molle. Il n'avait pas le courage d'entreprendre un si dur labeur ce soir, il était épuisé tant physiquement que mentalement. La soirée avait été trop éprouvante pour lui. De plus, il était tard, il allait déranger les voisins. Il enveloppa le corps de la bête dans la bâche avec le même soin dont il avait fait usage ces dernières heures, et rangea ses outils sur la terrasse.

 Il rentra dans sa maison, passa à la salle de bain faire un brin de toilette et se mettre à l'aise, c'est-à-dire en caleçon et t-shirt à l'effigie du groupe de Hard-Rock Alice Cooper et se posa dans son fauteuil avec un livre de Stephen King, Cujo.

 « Hum, mauvaise idée, ce livre. » dit-il tout haut sans s'en rendre compte.

 Il posa le bouquin sur la table basse et alla se chercher une bière. Ce n'était pas très sérieux, mais vu sa soirée, il estima la mériter. Il l'a bue devant la télévision qui rediffusait un énième épisode des Experts. Il se dit qu'il aurait bien besoin d'eux pour éclaircir le mystère de ce chien. Rattrapé par sa fatigue, il finit par s'assoupir dans son salon.

 « Gratt-gratt... Gratt-gratt »

 Luc se réveilla en sursaut, le front moite de sueur. Qu'est-ce que c'était ? Il a entendu un bruit. Encore une hallucination ?

 « Gratt-gratt »

 Cette fois, il en était certain. C'est comme si on grattait à la porte. Un frisson le parcourut et il lui fallut bien deux bonnes minutes avant de réussir à se rendre d'un pas lent à la porte donnant sur la terrasse. Et si c'était encore le chien ? Il entrouvrit la porte et une branche vint lui gifler le visage. Elle s'était détachée de son pommier au bord du jardin et était venue se coincer entre le volet à peine fermé et la porte. Décidément, ce n'était pas sa soirée. Il profita de cet instant incongru pur jeter un œil à la bâche et il devina la forme de l'animal sous celle-ci. Cette fois, il semblait bien vouloir rester mort une fois pour toute. Il referma volet et porte et alla se coucher dans son lit. Le salon était confortable mais rien ne vaut son bon vieux matelas à mémoire de forme.

 Il était déjà trois heures du matin et malgré la fatigue, Luc ne parvenait pas à retrouver le sommeil. Le vent qui s'était levé, faisait claquer les persiennes et produisait des hurlements inquiétants. Il ne manquait plus que ça.

 « Wouaf ! »

 Là, c'était un aboiement. Mais non, encore ton imagination Luc, se dit-il. Ce n'était que la tempête.

 « Wouaf ! »

 Encore ? Luc voulut en avoir le cœur net et se leva de son lit, ouvrit sa fenêtre puis lutta contre une bourrasque pour ouvrir son volet. Le vent était violent et froid mais ce n'était pas ça qui le pétrifia sur place. Son regard était médusé par ce qu'il voyait là en bas sur sa terrasse. Le chien était debout, en lambeau et dégoulinant de sang. Celui-ci remarqua qu'il était observé par la fenêtre et leva la tête. Là, Luc aurait pu en jurer, il vit une espèce de rictus se dessiner sur ce qu'il restait de museau à la bête. Pris de panique, Il se calfeutra rapidement dans sa chambre. La journée a été éprouvante, son esprit lui jouait sans doute un mauvais tour, il avala deux somnifères. Ce n'était qu'un affreux cauchemar et tout irait mieux le lendemain.
« Modifié: 23 octobre 2020 à 14:30:20 par John Lucas »

Hors ligne Cendres

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #10 le: 18 octobre 2020 à 10:25:37 »
Merci pour la suite de ton texte.

Je trouve qu'il y'a trois éléments qui ne vont pas.

" À chaque secousse provoquée par la route abimée, il se retournait, s'attendant à voir le chien bouger ou à l'entendre gémir"

S'il se retourne à chaque secousse, c'est extrêmement dangereux. Pourquoi ne regarde-t-il pas plutôt dans le retro, ou le bouger afin de voir le chien?

"« Non, mais, arrête, Luc. Tu deviens cinglé » dit-il à son reflet dans le rétroviseur."

S'il voit son reflet dans le rétroviseur, cela indique qu'il est mal réglé. Normalement on voit la route pas sa tête. On ne le règle pas comme un miroir.

"Pris de panique, Il se calfeutra rapidement dans sa chambre et avala deux somnifères"

Si il est pris de panique je ne pense pas qu'il chercherait à prendre des somnifères car il a peur. Devant un danger, on ne cherche pas à dormir, mais à se protéger.

Voilà pour mes remarques sur ton histoire.  Ceux sont des avis personnel qui n'engagent que moi.

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #11 le: 24 octobre 2020 à 10:14:47 »
Merci pour tes retours. J'ai un tout petit peu modifié du coup.
Et voici la suite.

Un drôle de réveil

    Le réveil indiquait dix heures quarante-trois au moment où Luc ouvrit ses yeux, encore embrumés par le sommeil profond dont il sortait. Il n'avait pas imaginé commencer sa nouvelle vie par une grasse matinée, mais les somnifères avaient fait leur effet pour éclipser les événements de la veille et lui faire passer une nuit agréable. Il fut d'ailleurs surpris de ne pas avoir eu de cauchemar.

    Il écarta les couvertures, glissa ses pieds dans ses pantoufles et alla ouvrir le volet pour constater que seuls ses outils reposaient dans le jardin. Un mouvement attira son attention et il vit une masse noire indistincte se glisser de l'autre côté du lit. Effet secondaire des narcotiques ? Jeu d'ombres malvenu ? Il se frotta les yeux puis, un genou sur le matelas, se pencha pour mieux voir. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand un animal grimpa sur le lit. Il eut un vif mouvement de recul, si bien qu'il faillit tomber de sa couche, qu'il quitta pour s'appuyer au mur derrière lui. D'un bref coup d’œil, il constata que la porte de sa chambre était toujours fermée. Comment la bête avait-elle pu entrer ?

    Un silence s'installa. La sueur perla sur son front et ses membres se mirent à trembler. Il avait devant lui un chien. L'homme et la bête s’observèrent en chien de faïence – c'était le cas de le dire – pendant de longues minutes. L'animal ressemblait à celui de la veille mais n'affichait plus aucune blessure. Luc identifia un Tamaskan au pelage propre et luisant. Un collier cerclait son cou avec une médaille gravé du nom de Cerbère. Son museau était en parfait état et ... Mais qu'est-ce là donc dans sa gueule. Non, impossible... Le chien vint déposer son butin aux pieds de son nouveau maître, qui pris d'un haut-le-cœur, envoya valser la main offerte par l'animal, éclaboussant de sang les draps. Celui-ci se dressa et posa ses pattes sur le torse de l'homme et lui lécha le visage. Luc le repoussa en douceur, de peur de se faire mordre. Le chien sauta par-dessus le lit pour aller récupérer la main et revenir s'asseoir, la queue toute frétillante. Cette fois, l'homme se saisit du membre qu'il enveloppa dans un mouchoir puis, s'assit sur le lit et caressa machinalement la tête de l'animal, comme pour le féliciter d'avoir ramené un bâton qu'on lui aurait jeté. Il le regarda dans les yeux. Aussi incongru que cela ait pu paraître, il en était certain, il s'agissait bien de la pauvre bête, supposée morte, qu'il avait laissé dans son jardin.

    Il examina la main, espérant qu'il se soit agi d'un jouet, et grimaça de dégoût. Ce bandage... Ce ne serait tout de même pas... En fin de compte, le cauchemar n'était peut-être pas terminé... Un frisson lui parcourut l'échine.

    Luc était terrifié à l'intérieur et se donnait beaucoup de mal pour le masquer. Il savait que les chiens sentent la peur, ce qui les effraie à leur tour et tend à les rendre agressifs. Il se leva, enfila sa robe de chambre et déposa la main, avec précaution, dans sa poche. Un bon café bien fort l'aiderait à y voir plus clair. Il descendit à la cuisine. Derrière lui, Cerbère trottait la tête haute, fier de lui.

    Son mug rempli, il se posa dans son fauteuil et le chien vint s'allonger à ses pieds. Quelle brave bête. Brave bête, brave bête... Elle a sûrement arraché cette main au vétérinaire, tout de même. Que devait-il faire, maintenant ? Il but une gorgée de son lungo forte et fit une grimace. En réalité, il n'aimait pas le café mais ça avait le mérite de le réveiller et de le stimuler.

    Il devait tout d'abord se débarrasser de ce membre qui ne lui appartenait pas. En plus, ça commençait déjà à sentir mauvais. Ensuite, il ne pouvait pas garder ce chien. Dangereux ou pas, il avait des plans pour sa nouvelle vie et élever un animal n'en faisait pas partie. Enfin, il rendrait visite au médecin. Avec un peu de chance, celui-ci serait toujours capable d'effectuer un revers à deux mains.

    Une fois sa tasse terminée, Luc alla ouvrir le grand volet de la terrasse et sortit dans le jardin, muni d'une bouilloire, pleine d'eau chaude. Il s'accroupi là où il avait laissé ses outils et versa le liquide fumant afin de rendre la terre plus molle. Il attaqua le sol à coup de pioche puis creusa à la pelle un trou d'une trentaine de centimètres de diamètre et profond d'un bon mètre. Il prit la main du bout des doigts dans le mouchoir et la laissa tomber à l'intérieur. À côté de lui, le chien l'imitait et labourait le terrain de sa gueule et de ses pattes. Pendant ce temps-là, il ne faisait de mal à personne, pensa Luc. Après un bref passage par son garage, il vida dans la cavité les quelques bouteilles d'acide qu'il avait trouvées. Acide chlorhydrique, nitrique, sulfurique, acétique, tout y passa. Il n'avait aucune idée de ce que cela ferait mais c'était tout ce qu'il avait trouvé. Il reboucha avec soin et mit un pot de fleurs par-dessus. Comme si cela suffirait si on venait à le soupçonner.

    Luc rentra chez lui et monta à la salle de bain prendre une douche bien chaude. Se balader dehors en robe de chambre en plein hiver, ce n'était pas une super idée. Il passa rapidement des vêtements qu'il avait achetés à Vichy – il était décidé, malgré tout, à poursuivre sa reprise en main – puis regagna le salon où l'attendait Cerbère, allongé sur le paillasson de la porte d'entrée, endormi. Luc l'observa avec tendresse. Impossible que cette adorable bête ait pu faire du mal à qui que ce soit.

    — Allez mon vieux, on y va. Tu vas voir, là où je t'emmène, tu auras plein de petits copains avec qui jouer.

    Le chien se leva et remua la queue, heureux d'aller promener.
« Modifié: 30 octobre 2020 à 15:39:04 par John Lucas »

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #12 le: 25 octobre 2020 à 07:17:44 »
Merci pour la suite de ton texte où tu crées des liens entre l'animal et l'humain.

Je vais faire quelques remarques comme d'habitude ^^:

-Je me doute que dans la suite de l'histoire tu expliqueras l'origine de cette main. Mais je pense que le personnage serait plus écœuré et la prendrait dans un chiffon. Et j'imagine qu'il changerait les draps de son lit vu qu'elle est allé dessus. En plus, je ne sais pas l'état, mais elle doit tout salir ou donner cette impression.

-Le chien va dans la chambre. J'ai peut-être oublié des détails, mais il ne me semble pas que le personnage a laissé une porte ouverte.


Voici mes quelques remarques. Je ne te conseillerais pas pour l'écriture vu mon niveau.

Hors ligne John Lucas

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #13 le: 31 octobre 2020 à 10:57:26 »
Comme la dernière fois, j'ai fait de très léger ajustements. Merci pour les retours.

À la SPA

 Luc sortit de chez lui, referma sa porte à clé et faillit tomber à la renverse quand il se retourna pour se diriger vers sa voiture. Le chien, tout excité, ne cessait d'aboyer et de se faufiler dans ses jambes. Il paraissait de plus en plus jeune au regard de l'homme. Son poil se voulait plus soyeux et fourni. Ses muscles apparaissaient plus saillants rendant sa peau moins plissée. L'animal était d'humeur taquine et mordillait les mollets de son nouveau maître avant de s'écarter pour ne pas se faire attraper. Luc, attendri et oubliant un peu cette situation absurde, se prit au jeu et ramassa un morceau de bois pour lui jeter. Cerbère se précipita et l'attrapa au vol avant de le ramener au pieds de l'homme et de s'éloigner à nouveau pour que celui-ci recommence.

 Après quelques lancés de bâton, Luc ouvrit la portière arrière de sa voiture et fit signe au chien de monter. Tel un animal dressé de longue date, Cerbère grimpa à bord et se coucha sur la banquette, le museau entre les pattes.

 — C'est bien, gentil toutou !

 Luc s'installa à son tour, mit le contact et rentra l'adresse de la SPA de Montluçon dans le GPS. Il jeta un coup d’œil dans le rétro, le chien s'était endormi.

 Après une bonne demi-heure de route, l'homme gara la voiture sur le grand parking qui jouxtait le grand bâtiment aux nombreux graffitis d'animaux. Le chien se réveilla à l'instant même où le moteur cessa de faire trembler l'habitacle. Il retroussa ses babines et émit un grognement peu rassurant.

 Lorsque Luc ouvrit à l'animal et l'invita à descendre, il n'eut pas le même résultat que lors du départ. Cerbère se roula en boule à l'autre bout de la banquette, pris de forts tremblements, et gémit. Décidément, il était impossible que cette pauvre bête ait fait du mal à quiconque. L'homme posa un genou sur le siège et prit le chien dans ses bras et le caressa avec tendresse. Il réussit à le calmer et reçu quelques coups de langue en signe de remerciement.

 — Là, tout doux mon brave.

 Une vieille dame, noire de peau, les accueillit à la porte avec un large sourire aux lèvres.

 — Bonjour, monsieur. Bonjour chien-ch...

 Elle eut un geste de recule quand l’animal qu'elle venait de caresser sortit la tête des bras de son porteur. Ses yeux lancèrent des éclairs et sa voix partit d'un coup dans les aiguës.

 — Encore lui ?! Ah non !

 — Que vous arrive-t-il, madame ?

 — Il m'arrive qu'hier, on nous a déposé ce chien sur le pas de la porte, de manière anonyme. Nous l'avons gentiment emmené chez le vétérinaire de garde et ce cabot l'a mordu à la main pendant qu'il essayait de l'ausculter.

 — Il devait avoir peur. Rien de plus.

 — Rien de plus ? Ah si ! Car ça ne s'arrête pas là. Lorsque nous sommes revenus ici, nous l'avons laissé dans un enclos avec d'autres chiens et il a été pris de furie. Cinq, qu'il nous en a blessé ! Il y en a même un que nous n'avons pu sauver.

 — Après ce qu'il s'est passé chez le docteur, vous l'avez mis avec d'autres animaux ? Avouez que ce n'était pas une bonne idée.

 La dame fit des gros yeux à Luc. Elle n'en revenait pas qu'il ose défendre ce clébard. En même temps, elle cachait un peu sa honte car il n'avait pas tout à fait tort. Ses joues s'étaient empourprées et ses mains commençaient à trembler. L'homme remarqua son énervement et tenta de la calmer.

 — Ecoutez, madame. Ce chien est adorable depuis que je l'ai retrouvé. Je suis moi-même allé chez le Dr. Tarrus qui la reconnu et tout s'est bien passé, mentit-il, sans savoir pourquoi.

 Il mit de manière volontaire de côté les événements de la veille et surtout la main que la bête lui avait ramenée. La dame remit ses grosses lunettes carrées en place sur son nez et s'essuya le front qui commençait à luire de sueur.

 — Si vous le dites. Et je suppose que vous voulez nous refiler ce gentil toutou ? persifla-t-elle.

 — Exactement. Vous n'aurez qu'à le mettre seul dans un box, si vous avez peur qu'il s'en prenne à vos bêtes.

 — Désolé mon bon monsieur, mais nous n'avons aucun box qui ne soit pas occupé. Sur ce, au revoir, j'ai du boulot.

 Luc bloqua du pied la porte que la dame tentait de refermer. Au même moment le chien sauta au sol et se mit à grogner et aboyer sur l'employée de la SPA. De la bave se mit à couler de sa gueule qui dévoilait ses crocs prêts à déchirer. Le changement soudain d'attitude ramena l'homme à la raison. Cette bête était bel et bien dangereuse et il devait s'en débarrasser à tout prix. Il approcha la main pour le caresser et Cerbère claque les mâchoires à quelques centimètres de ses doigts qu'il a tout juste eu le temps de retirer. Il recula d'un pas et ramassa un bâton qu'il tendit en direction de l'animal.

 — Qu'est-ce qui t'arrive, mon beau ? Tu veux rejouer comme tout à l'heure ?

 Le chien se calma aussi vite qu'il s'était mis en rogne et remua la queue, la langue pendante. Luc lança le jouet improvisé aussi loin qu'il le pu et détala à toute jambe vers sa voiture. Dans sa course, il se retourna pour voir si le chien le suivait mais celui-ci était occupé à chercher le morceau de bois dans des broussailles. Il vit également la dame rentrer dans le bâtiment et s'enfermer à double tour, les larmes aux yeux, et toute tremblante. Il verrouilla, par réflexe, ses portières et démarra en trombes pour s'éloigner le plus vite possible de ce satané cabot.

Hors ligne Cendres

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Re : Cerbère : mordre la main qui nourrit - En cours
« Réponse #14 le: 31 octobre 2020 à 17:40:42 »
Merci pour la suite de ton texte.
Contrairement aux autres chapitres, je n'ai pas grand chose à dire, hormis le comportement contradictoire du chien, mais cela est fait volontairement pour ton histoire, je suppose.

La seule remarque que je ferais, c'est :
"L'homme posa un genou sur le siège et prit le chien dans ses bras et le caressa avec tendresse. Il réussit à le calmer et reçu quelques coups de langue en signe de remerciement."
Si le chien a peur, même si son "maître" le rassure, je ne pense pas qu'il va le lécher pour le remercier, car ne voulant pas aller là-bas.
Je ne vois pas pourquoi il serait content au point de vouloir lui montrer sa reconnaissances. Il l'a juste calme et rassuré.

Ceux sont des remarque personnels qui n'engage que moi ;)

 


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