[Mythesilenne]

"Toute littérature s'inscrit dans l'Histoire", a dit Petitfils. Et ailleurs, en substance : "On ne peut juger alors qu'avec les yeux d'alors." Impossible donc de se faire une idée exacte de notre passé. 

Je fais cette remarque en passant car je m'intéresse aussi beaucoup à l'Histoire.

Pour l'esthétisme, perso, je suis une grande fan de Lamartine ( Raphaël est un de mes favoris, j'ai découvert Graziella récemment), ou Musset ( les Confessions d'un enfant du siècle, par exemple). Je me fiche un peu de l'histoire, la langue et les sentiments sont tellement beaux!

[mercurielle]

Après je ne suis pas certain que nous soyons assez fortiches pour repérer les bourdes et les défauts chez Tolstoï, déjà que l'on a de la peine à repérer ceux des écrivailleurs du forum
B

A cet égard, voir Proust qui critique Flaubert

https://marcel-proust.com/style-flaubert

[Safrande]

Après je ne suis pas certain que nous soyons assez fortiches pour repérer les bourdes et les défauts chez Tolstoï, déjà que l'on a de la peine à repérer ceux des écrivailleurs du forum

C'est comme tout ça s'apprend, ça se travaille, ça se pratique, ça s'entretient, l'esprit critique - si on ne prend jamais de recul, si on ne remet jamais en question, si on ne démystifie jamais ce qu'on consomme, peu de chance qu'il nous tombe du ciel.

A cet égard, voir Proust qui critique Flaubert

Ouais, je préfère le Proust romancier que le Proust critique quand même - même si sa recherche est aussi une espèce de critique. Dire que l'intérêt du style de Flaubert réside dans son emploi personnel de certains temps, de certaines prépositions et de certains pronoms, c'est assez réducteur. Comme de dire que seule la métaphore peut donner de "l'éternité" au style - mais j'suis d'accord avec lui que celles de Flaubert sont assez plates, même souvent bateaux. Il invoque à un moment son rythme, ce rythme Flauberien si caractéristique, presque mécanique, symphonique, et là j'suis déjà un peu plus d'accord. Mais c'est surtout la musicalité que je retient chez Flaubert, les sonorités sont choisies avec un soin d'orfèvre - et Proust aurait peut-être dû en prendre de la graine, quand on voit les galipettes qu'il demande de faire à la langue quand on le lit à haute voix, et même en voix de tête !

J’ajoute que les historiens sont généralement de bons écrivains. Certes leurs thématiques n’ont rien de romantique bien souvent, mais leur style est bien souvent agréable à lire.

Ah bon ? J'aurais dit plutôt que c'est des bons "conteurs", et ça collerait avec ce que tu dis après, que leur style est "agréable" à lire - pour moi un bon écrivain n'est pas forcément celui qui écrit "bien", qui écrit "agréable", mais plutôt celui qui tord la langue, qui invente sa propre langue, et qui par là, comme dit Proust, renouvèle "presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories, les théories de la Connaissance et de la Réalité du monde extérieur".

Bon bref c'est pas le sujet je crois 

[Joachès]

J’ajoute que les historiens sont généralement de bons écrivains. Certes leurs thématiques n’ont rien de romantique bien souvent, mais leur style est bien souvent agréable à lire.

Ah bon ? J'aurais dit plutôt que c'est des bons "conteurs", et ça collerait avec ce que tu dis après, que leur style est "agréable" à lire - pour moi un bon écrivain n'est pas forcément celui qui écrit "bien", qui écrit "agréable", mais plutôt celui qui tord la langue, qui invente sa propre langue, et qui par là, comme dit Proust, renouvèle "presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories, les théories de la Connaissance et de la Réalité du monde extérieur".

Bon bref c'est pas le sujet je crois 

Tu as raison. Je n'avais pas pensé à ce terme de "conteur", il est plus juste.

[Joachès]

Peut-être que les grands textes traitent des grands sujets que l'on ne cessent de reraconter sans fin.
Parce que les mythes fondent la pense humaine, qu'ils sont à la source, et que les histoires que l'on raconte sont toujours les mêmes.

Je pense qu'en effet on raconte tous à peu près la même chose et que ce ne sont que les détails qui font que nos textes changent.

Pour ce qui est des mythes, ça ouvre au débat philosophique, littéraire et historique sur l'oirigine des mythes et leur perpétuation dans le temps sous différentes formes. Malheureusement je ne suis pas assez calé pour m'aventurer sur ce terrain.