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Auteur Sujet: Cello String, chapitre 1 et 2  (Lu 314 fois)

Hors ligne Mythesilenne

  • Tabellion
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Cello String, chapitre 1 et 2
« le: 11 avril 2024 à 15:57:24 »
On dit souvent que le plus dur, ce sont les premières pages, et c'est aussi ce qui va faire qu'un lecteur va accrocher ou non à un roman, alors je me permets de solliciter tous vos conseils, toutes vos remarques pour le début de ce roman que je compte auto-publier cet été. N'hésitez pas à pinailler, n'ayez pas peur de me blesser, je suis prête à tout entendre, et je suis vraiment là dans une démarche pour m'améliorer.
( et je suis ouverte aussi à des remarques et des suggestions sur le titre!)

Résumé: Camille rêve de devenir violoncelliste professionnelle et d'étudier à la prestigieuse université de Tovedge, malgré la réprobation de sa famille. Dans sa quête d'un travail et d'un logement, elle rencontre les frères Harding. Matthew, professeur de mathématiques, est un soutien indéfectible, et la pousse à prendre confiance en son talent et à rêver plus grand.
Et puis il y a Lloyd, esprit brillant mais inadapté, dont elle va devoir apprendre à apprivoiser le syndrome Asperger, avec ses silences, ses phrases lapidaires, son pragmatisme impersonnel et ses lubies inexplicables.
A travers les drames successives provoqués par les secrets de Lloyd et son amour pour lui, Camille va apprendre à trouver le bonheur dans son art.


Cello String,
Premier mouvement

1.

Septembre 2009

Camille descendit sur le quai sous le soleil implacable et regarda le nom tant fantasmé en lettres capitales. TOVEDGE.
Son cœur se serra. Elle devait tenir. En dépit de la raison qui lui soufflait qu’elle était déraisonnable. En dépit du sentiment d’exclusion lorsqu’elle regardait aux alentours, qui lui répétait que cette ville n’était pas chez elle. Cela le deviendrait, il le fallait.
Elle suspendit à l’épaule son sac de partitions fraîchement achetées à Londres et releva le menton. Il y aurait d’autres arrivées sur ce quai, elle se l'était promis.

Un sentiment désagréable lui titillait l’arrière de la tête. Mais ce n’était ni la frustration de son aspiration, ni la conscience de faire une folie en revenant à Tovedge. Non, c’était semblable à ce sentiment lorsqu’on ferme la porte avant de partir en voyage avec l’impression d’oublier un objet important.
Il lui manquait quelque chose.
La panique la secoua dans un éclair de lucidité. Elle fit volte-face, se jeta à l’intérieur du wagon, bouscula sur son passage les personnes qui venaient de monter dans le train, ignora les cris et les protestations.
La seconde suivante, elle refermait la main sur le précieux tube délaissé sur le rebord de la fenêtre et se ruait vers la sortie comme si le wagon avait été piégé. Elle sauta sur le quai au moment exact où les portes se refermaient en une sonnerie stridente.
Là, le souffle court, elle resta hébétée par l’adrénaline.
— Tout cela pour une corde de violon ? demanda derrière elle une voix narquoise.
À quelques pas de là, un homme, vêtu d’un costume de tweed incongru en cette chaleur, avait observé la scène.
Elle s’effondra sur les chaises en plastique, les jambes tremblantes, le front ruisselant.
— Violoncelle, maugréa-t-elle. Vous ne savez pas combien ça coûte…
Ni sur combien de repas elle avait économisé pour la payer… une considération qui devait passer au-dessus de l’individu au front haut. Aussi démodée qu’était sa tenue, il ne l’avait sans doute pas achetée à la friperie du coin…
— Quarante livres pour le moins, répondit-il. Plus de cinquante si c’est une Larsen, ajouta-t-il après un coup d’œil au tube qu’elle agrippait.
— Vous êtes du métier ?
— Je n’aurais pas cette prétention. Je ne suis qu’un amateur… altiste qui plus est. Double peine !
La remarque lui arracha un sourire. Elle observa un instant l’homme, hésitante. Après tout, c’était lui qui avait engagé la conversation. Elle devait tenter sa chance, la douleur sourde dans sa poitrine le lui ordonnait.
— Vous êtes de Tovedge ?
— J’habite ici, en effet.
— Vous connaissez une association ou des musiciens qui pourraient m’accueillir pour jouer avec eux ?
— Il y a moult clubs que vous pourrez rejoindre à l’université.
— Je ne suis pas étudiante, avoua-t-elle en baissant les yeux. Je n’appartiens à aucun collège. Je suis juste auditrice libre.
— Je suis désolé, je ne peux vous être d’aucun secours dans ce cas… mais vous devriez déposer des annonces dans les commerces. Certains habitants pourraient être intéressés.
Elle acquiesça en se relevant et tenta avant de partir :
— Vous ne connaissez pas quelqu’un qui louerait une chambre contre services ?
Mais comme l’homme secouait la tête avec un mot d’excuse, elle le salua et prit le chemin de l’auberge de jeunesse.

Il lui fallait traverser le centre-ville et ses yeux capturaient chaque détail quand une voix lui murmurait que son temps ici était compté.
   Le vent s’engouffrait dans les ruelles étroites aux pavés inégaux. Entre les murs infranchissables de deux collèges, elle se sentait diminuée par le poids de la tradition gravée dans la pierre poreuse. Sur la grande place, face à l’office du tourisme, se dressait la fière silhouette de King’s College. Son portail gothique extravagant la narguait avec ses pinacles dressés en sentinelles et ses barrières de pierres ajourées qui laissaient entrevoir des beautés secrètes et des vies cachées.
   Les rares voitures qui traversaient le cœur de la vieille ville roulaient sur le pavé dans un bruit de tonnerre, les vélos grinçaient et cahotaient sur le sol usé. Derrière un mur crénelé qui surplombait le trottoir de sa haute silhouette, les feuilles de quelques arbres centenaires bruissaient.
La branche d’un cèdre se balançait entre deux créneaux et venait jeter une pomme de pin comme une aumône de l’autre côté du champ interdit.
Elle croisait parfois des étudiants en toge qui se rendaient vers la maison des Congrégations où se tiendrait bientôt, la Matriculation1, prestigieuse cérémonie au cours de laquelle les nouveaux admis seraient reconnus  membres à part entière de l’Université de Tovedge.
   Elle rencontra une classe d’enfants bavards et sautillant, vêtus de chapeaux et de manteaux à larges manches, qui traversaient la ville pour se rendre aux parcs sportifs privés de leur école. Un peu plus loin, une rangée d’élèves s’engouffra en procession dans une église. Ils furent rejoints par des étudiants, partitions sous le bras, certains en bermudas sur lequel ils avaient jeté la toge des scholars2. Elle entendit l’orgue jouer à travers le porche ouvert puis les portes se fermèrent. L’instant d’après, la voix puissante d’un chœur s’éleva jusqu’aux voûtes et traversa les vitraux pour ébruiter ses chants sacrés parmi les bruits profanes de la rue.
   Elle se dirigea vers l’Est de la ville. Là, les habitations, vieilles dames engoncées dans leurs gâbles et leurs fenêtres à guillotines, tranchaient avec la forme épurée et froide des facultés de sciences aux plaques rutilantes. Médecine, Physique et Biologie s’annonçaient en lettres de métal sur les murs bétonnés. Elle contourna les bâtiments. À l’arrière, les larges fenêtres des laboratoires s’ouvraient sur University Park. Les arbres gigantesques n’avaient pas réussi à protéger les vastes pelouses du soleil accablant et ce n’était plus qu’une étendue jaune et grillée qui craquait sous ses pas.
   Elle descendit jusqu’aux bords de la rivière et s’assit à l’ombre d’un cèdre.
La Tove serpentait à travers le parc en descendant vers le sud jusqu’à Trinity College’s Meadow. Elle bordait sur son chemin plusieurs domaines privés de collèges. Camille avait déjà voulu suivre le cours de la rivière, mais avait été arrêtée par les bâtiments d’un collège donc les pieds effleuraient l’eau et par les grilles rébarbatives de son domaine.
Ici et là, des ponts enjambaient la Tove et les ruisseaux sinueux de ses bras. Elle désirait s’accouder au parapet de pierre noircie par la mousse pour profiter de la vue des saules qui tombaient dans le courant et des fenêtres à meneaux qui se reflétaient dans l’eau. Mais ces panoramas n’étaient pas autorisés au commun des mortels. Alors elle se contentait de s’asseoir en amont et d’observer de loin les bâtiments impénétrables et immuables à travers les siècles.
   

Il fallut bien quitter la fraîcheur de la Tove et rejoindre le quartier plus populaire de l'auberge de jeunesse dans laquelle Camille se réfugiait pour mener ses recherches. Pour autant que le dortoir de dix-huit lits dans lequel elle tentait de dormir pouvait être considéré comme un refuge…
Comme à chaque fois qu’elle y pensait, une boule obstrua sa gorge.
Ce n’était qu’une mauvaise passe.
Mais en arrivant dans la célèbre ville étudiante, elle n’avait pas imaginé qu’il serait si difficile de trouver un travail. Et sans travail, elle n’avait aucune chance d’obtenir un logement. Dans une ville où cinquante pour cent de la population était estudiantine, la proportion entre l’offre et la demande de baby-sitters était déséquilibrée, et les bars et les magasins n’avaient que l’embarras du choix pour trouver des employés.
Alors patiemment, elle allait éplucher chaque boutique, chaque pub, chaque rue et chaque boîte aux lettres. En espérant qu’une bonne étoile la prendrait en pitié.



2.



   Sur l’écran lumineux « Maman » s’affichait au son d’une sonnerie distordue. Camille fixa le téléphone un moment, tentée de ne pas répondre. Ses parents la croyaient en randonnée dans les Cornouailles. Elle préférait ne pas penser à leur réaction lorsqu’ils apprendraient ses intentions.
Elle finit par décrocher et se détendit lorsque Mrs Merlton prit de ses nouvelles sans aucun soupçon. Sa crainte était stupide. Ses parents ne pouvaient pas se douter de sa présence à Tovedge. C’était l’un des bénéfices à être absente des réseaux sociaux.
L’avantage avec sa mère, c’est qu’elle faisait une grande partie de la conversation toute seule. Camille se contentait de l’écouter, ce qui lui évitait les questions sur ses propres activités. Elle apprit ainsi que ses parents allaient recevoir la visite de sa sœur Fanny et de ses enfants.
— Apparemment, Rupert doit partir en Allemagne. Elle me prévient toujours au dernier moment! se plaignit sa mère.
Après avoir énuméré tout ce qui lui restait à préparer avant l’arrivée de son aînée, le monologue maternel continua sur le petit dernier de la famille.
— Dan a reçu ses résultats au fait ! Il est admis dans son école d’assurance.
Camille exprima son approbation et écouta d’une oreille distraite les difficultés de son frère, toutes relatives à son sens, pour se trouver une colocation à Londres : Dan travaillerait en alternance et les parents le soutenaient financièrement.
Fanny était installée depuis longtemps et Camille habitait toujours chez eux, ils pouvaient bien aider leur fils. C’était un métier d’avenir, l’assurance. Quelque chose que les Merlton approuvaient, qu’ils comprenaient, qui les rassuraient. Et puis, partir à Londres, quelle aventure ! Dans la famille, tout le monde avait fait ses études à Leeds ou à Sheffield. Manchester était déjà exotique.
Camille savait son frère plus débrouillard que les parents ne le pensaient. À vingt ans, il prenait déjà son indépendance et commençait à gagner sa vie… Il se débrouillait mieux qu’elle.
Camille devinait le tour qu’allait prendre la conversation et elle n’eut pas à attendre plus de deux minutes.
— Ton père demande si tu as trouvé du travail.
Mr Merlton harcelait sa fille pour qu'elle trouve un petit boulot au Sainsbury's3 du coin. Camille préférait vivre chez ses parents et ne pas perdre son temps.
Ce qui était une perte de temps aux yeux des Merlton, c’étaient ses quatre années de Bachelor en musique au conservatoire de Leeds. Ils s’étaient résignés jusqu’à ce qu’elle ait son diplôme mais semblaient considérer que la distraction était terminée et qu’il était temps de chercher un vrai métier.
   Lorsqu’en juin dernier, Camille leur avait annoncé sa volonté de poursuivre en Master, le ton était sérieusement monté, et son père avait même menacé de la mettre à la porte. Paroles prononcées sur un coup de colère, elle le savait bien, mais qui planaient toujours entre eux.
— J’aurai sans doute quelques élèves en plus. Et j’ai envoyé des CV pour des remplacements, éluda-t-elle.
— Tu sais que ton père refuse de payer l’université plus longtemps.
— Je sais. Je me suis débrouillée. J’ai un prêt à la banque, des économies…
Ce qui était vrai. Mais elle n’avait pas précisé pour étudier où… Révéler ses véritables intentions n’aurait fait que provoquer une dispute. Elle garda le silence et raccrocha, le cœur alourdi.
   
   Ce soir-là, Camille s’autorisa à aller boire une bière dans un pub du centre-ville. Elle affectionnait particulièrement le Eagle and Child en face de Saint John's College. Le pub au plafond bas et aux fenêtres à vitraux sombres ornés de blasons avait un charme rustique et une ambiance chaleureuse, avec ses tables de chêne patinées par les ans et ses lambris noirs surplombés de murs recouverts à la chaux. Elle s’installa au bout d’une des longues tables presque inoccupées, et s’enfonça dans la banquette en cuir avec un soupir.

   Plus que quinze jours pour trouver un travail et un logement. Elle compulsait d’un doigt nerveux son téléphone dans l’attente d’un message salvateur. Elle pouvait encore espérer. Elle le devait.
Elle fut distraite par l’homme assis à l’autre extrémité de la table qui l’observait ostensiblement. La quarantaine, châtain un peu dégarni tirant sur le roux, son visage lui était familier…
— Êtes-vous satisfaite de votre corde après l’émotion qu’elle vous a causée ?
La mémoire lui revint.
— Je vous dirai ça lorsque je l’aurai essayée, répondit-elle.
C’était une préoccupation supplémentaire : les jours passaient et elle restait sans travailler son instrument. Elle n’avait pas eu le courage de sortir son violoncelle dans un parc… Un brin provocateur… Il ne lui aurait plus manqué que la pancarte « Sans abri, cherche travail » !
— Avez-vous avancé dans vos recherches ? demanda poliment son voisin.
Elle secoua la tête, le regard baissé sur la table dont elle gratta le bois machinalement.
— Dans quel domaine cherchez-vous à travailler ?
— N’importe, dit-elle avec un haussement d’épaules. Tout ce qui compte c’est que les horaires me permettent de suivre les cours.
— Où habitez-vous ?
— À l’auberge de jeunesse.
— L’université possède des logements pour les visiteurs dans la ville.
Elle eut un rire nerveux.
— Je ne peux pas me le permettre. L’inscription en tant qu’auditrice est déjà une folie.
Ils sirotèrent chacun leur boisson de leur côté de la table, et Camille se prit à réfléchir à voix haute :
— Je devrais essayer sur Milton Keynes. Mais alors il faudrait que je me procure un vélo, ajouta-t-elle songeuse. Le train est tellement cher…
— Cela fait une petite trotte.
— C’est gratuit, rétorqua-t-elle.
L’homme la regardait maintenant avec une certaine compassion.
— Vous semblez y tenir, à votre place d’auditrice.
Il avait une douceur dans sa voix qui fit détourner le regard à Camille.
— Avez-vous postulé à Oxford ou Cambridge ?
Elle secoua la tête. Cambridge n’avait pas le cursus d’interprète instrumentiste et elle avait préféré Tovedge à Oxford pour la souplesse et l’adaptabilité de l’université qui lui permettait de suivre un double cursus de musicologie et d’interprète.
— Et puis il y a le professeur Graham, ajouta-t-elle en s’animant à la seule mention de ce nom.
— Qui donc est le professeur Graham ?
— Une violoncelliste incroyable ! Elle a joué avec les plus illustres chefs, dans les salles les plus prestigieuses ! Elle a vraiment quelque chose… un son qui vous prend aux tripes. Quand j’ai découvert que Diana Graham enseignait à Tovedge, j’ai su que c’était l’endroit où je devais aller.
Sa bulle d’exaltation retomba.
— Mais pour l’instant, tout cela relève plus du rêve que d’autre chose.
Son interlocuteur prit le temps de finir son verre avant de lui suggérer de mener ses recherches vers le quartier cossu de Parktown. Des familles pouvaient être intéressées, puisqu’elle cherchait à offrir ses services contre une chambre. Sillonner toutes ces rues allait encore être une tâche bien fastidieuse mais l’idée valait la peine d’être essayée. Puis il se leva.
— Je vous souhaite bonne chance. Vous avez de la volonté et du courage. Je suis certain que vous trouverez.

   Lundi et mardi, elle eut un regain d’espoir grâce à la suggestion de Mr Tweed. Elle arpenta Parktown d’un pas énergique et fébrile.
   Mercredi, elle écuma tous les endroits où sa requête avait été accueillie avec un semblant de bienveillance. Jeudi, la boule dans la gorge refusait de se déloger. Vendredi, au moindre refus, elle sentait poindre les larmes.
   Samedi, elle réserva sa dernière semaine à l’auberge de jeunesse et quitta au petit matin le hall exigu aux couleurs criardes. À l’ouverture, elle se tenait devant l’office du tourisme pour retenter sa chance. Elle enchaîna avec la grande librairie de la place principale. Quand on lui assura qu’on conservait son CV avec un réel intérêt et qu’il était possible qu’on la contacte, mais qu’actuellement, on avait besoin de personne, elle refoula ses larmes, remercia et tourna les talons.
Elle se tint sur le pas de la porte quelques instants. De l’autre côté du trottoir, la Congregation House 4 dressait ses hautes fenêtres à entrelacs. Elle serra les dents.
Elle déambula dans la ville, encore et encore. Poussa la porte de deux pubs. Erra, révulsée à l’idée de retourner à l’auberge de jeunesse, incapable de s’asseoir dans un parc à attendre que le temps passe. Elle finit par s’éloigner du centre alors que ses pas la menaient vers le sud de la ville qu’elle connaissait moins bien. Les maisons victoriennes alignées les unes à côté des autres y étaient beaucoup plus modestes qu’à Parktown, et il n’y avait pas de commerces dans ce quartier résidentiel. Aussi fut-elle surprise de croiser une librairie qui avait échappé à son inventaire. Elle eut alors un bête élan d’espoir et poussa la porte qui carillonna.
Elle aborda le commerçant avec un sourire fragile. Elle se présenta, tendit son CV, insista avec maladresse. Même quelques heures. Elle était soigneuse, ordonnée, elle s’adaptait vite…
Mais le gérant la repoussa gentiment.
— Je vois, murmura Camille.

Elle remercia et quitta la boutique pour s’éloigner de quelques pas de la librairie, s’assit au bord du trottoir et laissa libre cours à ses larmes.

   C’était fini, elle le sentait. Elle allait devoir rentrer à Leeds et taire son infinie déception. Elle allait devoir garder pour elle ces quelques semaines à Tovedge et enterrer son rêve en silence, pour reprendre son quotidien médiocre et monotone.
Elle essaierait, jusqu’au bout, jusqu’à l’heure qui précéderait son retour en train le dimanche suivant. Elle essaierait parce qu’elle ne voulait pas pouvoir se dire « et si… ». Parce qu’elle avait toujours refusé le « à quoi bon » qui avait dicté la vie de ses parents.
Et pourtant sa volonté était dépourvue de tout espoir. Elle allait continuer parce qu’elle se le devait, non parce qu’elle y croyait.
Ses pleurs redoublèrent quand elle songea à ses parents ; ils lui auraient seriné qu’elle se faisait du mal pour rien. Ils n’avaient jamais compris ce besoin d’aller au bout d’une cause désespérée, ils appelaient ça de l’obstination.
Mais Camille savait que c’était bien différent. C’était ne pas laisser la place au doute ou au regret. C’était le souhait de ne pas se détourner de l’épreuve. Cela avait quelque chose à voir avec son estime personnelle.

   Elle perçut vaguement le son de la clochette de la librairie et entreprit de sécher ses larmes avant de se relever.
— Vous sentez-vous bien ? demanda une voix concernée.
C’était l’homme de la gare, l’homme du pub, Mr Tweed. Camille se fit la réflexion incongrue qu’il portait encore un costume vieillot et trop chaud pour la douceur de ces premiers jours de septembre.
— Pas vraiment, reconnut-elle d’une voix chevrotante.
— Vous n’avez toujours pas trouvé de maison pour votre violoncelle, n’est-ce pas ?
Elle eut un petit rire hoquetant et secoua la tête alors que les larmes recommençaient à lui échapper. Il ne croyait pas si bien dire : son violoncelle enfermé dans le local à bagages était une angoisse constante. Le personnel de l’auberge avait fait des histoires pour le garder ; elle ne pouvait pas leur en vouloir. Elle avait signé une décharge et passait plusieurs fois par jour s’assurer que la précieuse boîte était à sa place. Elle refusait d’imaginer ce qu’il se passerait si l’instrument lui était volé.
— Qu’allez-vous faire ? demanda l’inconnu.
Elle haussa les épaules et se releva.
— Rentrer chez moi et recommencer à me battre contre mes parents qui veulent que je prenne un vrai boulot et que je suive de vraies études.
Le regard concerné de l’homme la mettait mal à l’aise. Elle détourna les yeux et allait prendre congé lorsqu’il lança :
— Je vous invite à prendre un verre ?
À son coup d’œil perplexe et soupçonneux, il ajouta avec une moue gentiment moqueuse :
— Que risquez-vous ?
Une part d’elle se disait qu’elle devait avoir l’air de la proie idéale, à pleurer sur le trottoir, mais son instinct lui soufflait que l’inconnu était bien intentionné. Son frère ou sa sœur lui auraient dit qu’elle faisait trop facilement confiance, elle les entendait d’ici.
Mais elle était de ceux qui croient que les plus beaux moments de la vie sont souvent le hasard de belles rencontres.
Alors, elle lui emboîta le pas.

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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #1 le: 11 avril 2024 à 17:21:31 »
Je n'ai lu que le 1.

A part Un sentiment désagréable lui titillait l’arrière de la tête (image bizarre dans un texte très cohérent), rien à critiquer. C'est fluide. Dès le début, on éprouve de l'intérêt pour le personnage.
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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #2 le: 12 avril 2024 à 13:45:55 »
Est-ce que c'est l'image qui te paraît incongrue? ou si j'utilise " Un sentiment désagréable lui titillait l'arrière du crâne" ça marche mieux?

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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #3 le: 12 avril 2024 à 18:37:36 »
A mon avis (ce n'est que mon avis), inutile d'évoquer le crâne et, encore pire, l'arrière de celui-ci.   

Pourquoi pas tout simplement : "Un sentiment désagréable la titillait".

Un sentiment passe-t-il par la crâne ? :) 
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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #4 le: 12 avril 2024 à 20:14:22 »
C'est vrai! ça peut suffire, en fait!

J'essayais de décrire cette sensation qu'on a parfois, que perso, je ressens vraiment derrière la tête, quand mon inconscient essaye de me dire quelque chose. Ou quand tu te sens observé, et que tu te retournes pour vérifier. Tu vois ce que je veux dire?

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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #5 le: 12 avril 2024 à 20:47:33 »
Oui, je comprends. 

Mais l'écriture utilise d'autres voies. Inutile (à mon avis) d'entrer dans des détails "physiologiques"  :), du moins ici.

D'autant que, je me répète (pardon) tout le reste du texte - d'après ce que je peux comprendre de ton objectif - relève d'un narratif classique, parfaitement bien mené.

Comme je te l'ai dit, cette musicienne m'intéresse, d'autant plus que j'adore la GB. Donc, donc...

PS : le titre tu verras après.   

 
« Modifié: 12 avril 2024 à 20:49:09 par mercurielle »
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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #6 le: 12 avril 2024 à 22:08:23 »
Oui, c'est vrai, c'est inutile!

Sinon, j'aimerais ton avis sur cette phrase ( que j'ai un peu modifié):

"L’avantage avec sa mère, c’est qu’elle faisait une grande partie de la conversation toute seule, ce qui lui évitait les questions sur ses propres activités." C'est ou c'était? normalement il faudrait c'était, mais je trouve que cela alourdit le texte. En même temps, ça reste une faute de concordance de temps... tu en penses quoi?

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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #7 le: 12 avril 2024 à 22:28:04 »
Garde l'imparfait.

Je n'ai  pas lu ce passage. Demain !   ;)

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #8 le: 13 avril 2024 à 21:44:04 »
salut Mythesilenne,
j'ai tenté de me plonger dans ton récit, voici approximativement ce que j'y ai vécu :



la langue - la narration ne grippait aucunement la fluidité de ma lecture : lorsque j'oublie que je suis en train de lire parce que je suis immergé, c'est que c'est la bonne dose pour moi entre sophistication et concision, entre complication et simplisme... de fait je me retrouvais dans un niveau de langue adéquat, et j'ai pu me sentir dans le récit, dans le personnage, dans le lieu... un petit exemple, celui où j'ai eu cette conscientisation : "La Tove serpentait à travers le parc en descendant vers le sud jusqu’à Trinity College’s Meadow. Elle bordait sur son chemin plusieurs domaines privés de collèges. Camille avait déjà voulu suivre le cours de la rivière, mais avait été arrêtée par les bâtiments d’un collège donc les pieds effleuraient l’eau et par les grilles rébarbatives de son domaine."... le nom propre était amené assez efficacement pour que tu flattes mes compétences de lecteur en précisant après ce que j'avais deviné, qu'il s'agissait d'une rivière ; avant et après ce passage, j'avais donc l'impression d'une complicité entre le texte et moi

le scénario - l'impression que les codes de l'intrigue, quelles qu'en soient les modalités de la théorie que tu pratiques ici, fonctionnent assez bien ; un premier paragraphe immersif, mais qui je pense pourrait être encore plus incitateur ; une péripétie immédiatement après qui donne une dynamique de lecture que tu utilises après afin de dérouler quelque chose de plus intérieur, plus lent, mais qui profite de cet élan pour poser des choses sur le personnage... est-ce que l'action in extremis des portes du train n'est pas un poil trop 'entertainment' ? je ne sais, ptetr ça peut exciter des lecteurs, perso c'est le genre de truc qui fait que je me sens un peu trop dans une fiction ; en deux chapitres j'ai lu une bonne situation initiale, et cela se termine par une ouverture où l'appétit est très agréable

les personnages - le mystère de mr tweed est efficace pour embarquer la protagoniste sur une pente plus douce, il détourne l'attention est lui laisse une place pudique qui va bien aux deux, j'ai l'impression d'y voir un modèle où il incarne la confiance pour un personnage principal en proie à des difficultés, cela humanise Camille qu'on devine aux commandes de son navire existentiel oscillant entre un effacement personnel qui la rend dépendante du sens du vent, et une solide obstination qui maintient son cap vers ses propres rêves ; ces derniers je les devine d'une belle inocence, entre lucidité des difficultés du monde et espoir aguerri contre le pessismisme qui pourtant la guette à la moindre brise socio-comportementale ; la figure maternelle, puis rapidement celles de la famille, apportent une palette plausible du contexte qui met en relief Camille sous un autre angle ; un intérêt pour le professeur Graham qu'on va surement rencontrer à l'avenir ; j'ai ensuite eu une quatrième facette de ta musicienne avec ses interractions pour se chercher un job ; au final une harmonie m'a apporté la profondeur de cette personnage en diverses situations, ce que j'ai trouvé habile pour démontrer de son caractère mesuré : plein de petites pièces sociales dont je serais bien incapable de construire aussi naturellement les singularités : des protestations dans le train par de ponctuels inconnus jusqu'à l'aproche progressive de mr tweed en passant par une famille distante par une mère au téléphone, divers paysages psychosociaux des quartiers du lieu de l'action, un libraire, bref, des rencontres en salade bien composée jusqu'à l'absence de la seule personne attendue par l'héroïne, son idôle mrs Graham ; c'est un tableau varié et equilibré je trouve

les dialogues - un niveau de langue correct pour le contexte, j'ai trouvé dommage le mot 'moult' au début qui me semble maladroit, mais tout le reste m'apparaissait maitrisé et fluide... un petit ton roman qui peut plaire, il ne m'a pas déplu

les chiffres - il y a un 1, un 2, un 3 et un 4 glissés dans le texte ; que sont-ils ?



je ne saurais pas vraiment jauger de la résonnance potentielle d'un tel écrit en dehors de ma lecture meudienne ; si c'est un roman que tu souhaites publier ailleurs, les lecteurs prendront sûrement le temps de le dévorer sans l'intention analytique qui nous anime entre nous, et je serais bien incapable de prévoir leur impression de consommateurs-clients, à la critique bien différente de ce qui tourne entre nous en matière d'exigences, d'attentes, d'effort d'attention ; si ça peut orienter ta prise de recul sur ce que tu pourrais trouver ici meud, voilà... mais de mon point de vue ça semble assez sérieux et ça pourrait fonctionner ; mais franchement je suis hors du game je reste à prendre entre pincettes, le roman n'est plus forcément ma tasse de thé, donc voici juste mon avis d'entre 'collègues'

àplusss

(ow, PS : encadrer d'un justify en bbcode le texte ne coute vraiment pas grand chose mais peut mettre un peu mieux dans l'ambiance)
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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #9 le: 14 avril 2024 à 15:48:53 »
Merci Dot Quote! C'est super d'avoir ton retour tout en sachant que tu écris quelque chose de complètement différent.

Je cherche en effet un équilibre entre quelque chose de très simple et fluide à lire et en même temps sans que ça " sonne" simpliste non plus. C'est un travail de corrections par-dessus corrections. Ce n'est pas encore gagné à tous les coups, mais je me rapproche du style que je voudrais atteindre un jour. J'ai eu la révélation en lisant Christelle Dabos: la simplicité sans que ça soit naïf ( ça je commence à avoir) et la puissance du mot choisi qui va créer une image percutante avec trois fois rien ( et ça, j'en suis très loin!)

Je suis contente que tu ais parfaitement cerné Camille juste avec cet extrait! Et tu as tout à fait compris le personnage de Matthew qui va en effet être la figure de la confiance en soi tout au long de l'évolution de Camille.

Je suis parfaitement d'accord avc toi, ce mot "moult" fait bizarre. Il faut que je trouve autre chose. En fait, j'ai essayé de caractériser Matthew par son niveau de langage. C'est quelqu'un d'assez "posh" comme disent les anglais. Il a une manière de parler un peu guindée et utilise des tournures de phrases parfois un peu désuètes. C'est beaucoup plus facile à rendre en anglais. En français, je trouve que ça s'entend moins à l'écrit. Je pense que je vais modifier pour "nombres de club", ça sonnera quand même mieux. Et j'ai repéré encore deux trois améliorations pour faire rester Matthew dans ce registre de langue.
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un petit ton roman qui peut plaire, il ne m'a pas déplu

Euh... je crois qu'il manque des mots, je n'ai pas compris!  :D

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les chiffres - il y a un 1, un 2, un 3 et un 4 glissés dans le texte ; que sont-ils ?
Ah!! J'avais pas remarqué. J'ai fini par comprendre que ce sont les notes de bas de page de mon document original...

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Re : Cello String, chapitre 1 et 2
« Réponse #10 le: 14 avril 2024 à 16:21:25 »
yoyoyoyoyo =)
en ce qui me concerne et pour faire suivre et approfondir :



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les chiffres - il y a un 1, un 2, un 3 et un 4 glissés dans le texte ; que sont-ils ?
Ah!! J'avais pas remarqué. J'ai fini par comprendre que ce sont les notes de bas de page de mon document original...
huhu d'ac je les avais cherchées les notes de bas de page et elles ne s'y trouvent pas ; elles sont pour toi ou pour le lecteur ? dans ce cas tu peux les rajouter en fin de post

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un petit ton roman qui peut plaire, il ne m'a pas déplu

Euh... je crois qu'il manque des mots, je n'ai pas compris!  :D
non il ne manque pas de mot, ptetr juste entre les deux homonymes, 'ton' n'est pas le possessif, mais dans le sens 'tonalité', couleur d'humeur à l'expression, c'était pour différencier le niveau de langue ici romanesque et ce qu'il est souvent différent de celui d'un dialogue oral réel

C'est beaucoup plus facile à rendre en anglais. En français, je trouve que ça s'entend moins à l'écrit.
aaaa je savais pas trop comment poser une question sur ce sujet, mais des perceptions à la lecture, m'ont hit autour de ce truc qui m'intéresserait bien, notamment puisque l'action se situe outremanche ! dsl je sais pas comment te renvoyer la balle, mais si tu as à ajouter là dessus sur ce qui a animé ton travail, ça m'intéresse !

En fait, j'ai essayé de caractériser Matthew par son niveau de langage. C'est quelqu'un d'assez "posh" comme disent les anglais. Il a une manière de parler un peu guindée et utilise des tournures de phrases parfois un peu désuètes.
[...]
Je pense que je vais modifier pour "nombres de club", ça sonnera quand même mieux. Et j'ai repéré encore deux trois améliorations pour faire rester Matthew dans ce registre de langue.
oui je l'ai senti, je trouve donc que c'est déjà assez satisfaisant à la petite exception du moult, mais si tu as encore de quoi peaufiner c'est sûrement important d'élever encore le niveau, au moins pour les critères autocritiques qui te sont perceptibles ; mais pour moi ça fonctionne déjà assez, bravo donc

Je suis contente que tu ais parfaitement cerné Camille juste avec cet extrait! Et tu as tout à fait compris le personnage de Matthew qui va en effet être la figure de la confiance en soi tout au long de l'évolution de Camille.
cool, bravo donc à toi si j'ai bien su lire, c'est que c'est écrit clairement pour moi ! à propos de la confiance, mot important, j'ai laissé absent dans mon commentaire, cet autre 'allié' ; il me semble qu'un type de code scénaristique pose comme intéressant d'avoir des personnages qui vont aider le protagoniste dans sa quête, et ainsi lui fournir une 'pluvalue' d'expérience qui va le faire progresser ; et donc je me répète, mais ce mr tweed me semble intéressant dans ce rôle là

J'ai eu la révélation en lisant Christelle Dabos: la simplicité sans que ça soit naïf ( ça je commence à avoir) et la puissance du mot choisi qui va créer une image percutante avec trois fois rien ( et ça, j'en suis très loin!)
coole manière d'aborder la bonne mesure d'un impératif commun, celui du 'mot juste' ; je te souhaite une belle aventure positive et révélatrice, et me garde de conseils qui seraient inapropriés

Merci Dot Quote! C'est super d'avoir ton retour tout en sachant que tu écris quelque chose de complètement différent.
merci à toi d'avoir réussi à m'attraper dans ces filets, c'est enrichissant !



voilou =)
bien à toi
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