[Nacas]

Tiens donc ! Voilà peut être le premier sonnet de Rémi que j'apprécie ! 
Je me suis retrouvé autour de cette table, c'était bien agréable !

Je tique un peu sur les 28cm, Mailhac, j'ai bien de la peine à imaginer le nabot, du coup !


Rémi> Je ne sais pas trop, j'ai commencé en classe et puis je me suis laissé emporter par Igor, j'ai aimé ça, j'ai continué.

[Meilhac]

J'aime bien la manière dont le prénom Igor revient dans le texte 

[Rémi]

encore une manche ?

[Nacas]

Petite interlude ? Mon Odieux Connard favori a publié une petite galette de plaisir qui a tant ravi mes papilles qu'il y en a encore pour vous.
> https://unodieuxconnard.com/2016/10/14/paris-a-tout-prix/

[Meilhac]

allez ouais, encore une petite manche !

[Rémi]

Chouette texte sur ce blog (je connaissais pas), et l'invitation à la fin est marrante (pasque le reste est effectivement réaliste et noir)

Vos numéros ?

[Nacas]

Ce cher Odieux ne verse pas dans ce genre de texte à son habitude pourtant !
L'ayant rencontré en vrai, je peux jurer qu'il est parfait !

113 !

[Rémi]

Bon, je fais quelques permutations pour avoir trois numéros, j'espère que t'es encore là Meilhac


113 : Betterave
131 : Boulonner ( !!! )
311 : Déserter

[Nocte]

Oui des betteraaaaaaaaaaaves ! 

[Nacas]

En sortant du lit il a l’habitude de faire jouer ses articulations. Pas trop vite, non, pas trop fort, oh non, il risquerait de les brusquer. Il agite seulement un petite peu ses petits petons, ensuite l’astragale frémit, et puis c’est tout naturellement que la malléole entame sa première rotation de la journée, encore emmitouflée sous les draps trop chauds qui le font tant suer. Mais il aime bien cela, suer, ça lui rappelle ses livres, sur sa table de chevet, suer, c’est un petit peu comme s’il saignait, mais tout en redécouvrant comme chaque matin intacte toute sa peau, et puis ses pieds.
Et puis un mouvement en déverrouillant un autre ses bras se redressent, doucement, sous la couverture moite, la désertent petit à petit un petit peu, sans à-coup, palpent et laissent là les morceaux de tissu plus froids ; atteignent et dépassent ses épaules pour s’exposer à l’air trop frais qui agrippe comme il le peut toutes ces petites gouttelettes qui suintent de sa peau toute humectée. Cette fraîcheur baigne ses yeux aussi, parce que sa fenêtre n’a pas de volets, et que la lumière de l’astre est trop forte pour ne pas s’immiscer au travers de son bonnet.
Il dort avec un bonnet, boulonné sur ses yeux comme une causse de pois. Il dort avec un bonnet parce que quand ses bras découvrent enfin l’oreiller ils effleurent le coton filé, et que cette sensation, qui gribouille le long de ses petits boulons, il croit qu’il aime bien ça.
Et ce matin encore, ses mains s’apposent à peine contre le mur brun, du plat de leur revers, qu’elle revient, lui déplacer toutes ses idées à l’envers…
Cette odeur de betteraves, dont il ne sait d’où elle provient, dont il ne sait d’où elle lui parvient, qui s’empare de ses naseaux engourdis, qui endormit dans son manteau sa faim, sans même un tout petit bruit ; peut-être bien que c’est précisément pour cela, pour cela qu’il vrombit…

[Rémi]

J'ai fait nimp' ....

Le colosse s’engagea dans l’allée sombre sans trop se presser, pourtant, il avait aux trousses les deux truands les plus craints de Bar-Le-Duc. On ne rit pas s’il vous plait ! Certaines petites villes de province au nom mélangeant féodalité et gastronomie halieutique peuvent être aussi dangereuses que les quatiers mal famés des grandes cités où sous chaque barre (on y revient) se cachent les barons de la drogue et les pires mafieux. Donc, notre brute épaisse marchait d’un pas rapide mais elle avait choisi de ne pas courir. La Betterrave ne courrait jamais et évitait toujours de trop remuer sa graisse, de façon générale, et de brûler trop de sucre par des efforts inconsidérés et inutiles que son diabète ne lui aurait de toute façon pas permis.

À ses trousses, Dédé l’Anguille et Bébert le Scalpel auraient bien voulu tenter une prise en tenaille, mais dans ce parc les chemins étaient trop nombreux pour qu’on puisse imaginer le chemin que prendrait la Betterave.

_ On va le planter, il mérite rien d’autre, annonça le Scalpel.
_ Ouais, on va le boulonner, repris l’Anguille.
_ Le déboulonner, abruti, rectifia le Scalpel.
_ Tu sais toujours tout mieux que tout le monde toi, hein ?
_ En tout cas, quand il s’agit de causer la France, t’es pas le premier.

Ils étaient tellement occupés à se prendre le chou que la Betterave eut tout le temps de déserter le parc, de se trouver un troquer peinard pour s’enfiler quelques bières. Quand le poisson visqueux et le chirurgien d’opérette passèrent devant la vitrine du bar des sports, la Betterave leva son verre, les invitant à trinquer. Les compères, sidérés, se calèrent face à lui et proposèrent de régler ça à la loyale, dans la ruelle derrière, mais quand la Betterave proposa une tournée avant, ils ne purent refuser. Après quatorze bibines, les mecs étaient un peu dans le coltard, ils décidèrent d’en rester là pour ce soir et Bar-le-Duc s’endormit paisiblement. Seuls quelques grands ducs hululaient, tristes de n’avoir rien à se mettre sous le bec que des chansons paillardes vociférées sans grâce.

[Meilhac]

Faute de grives, on mange des merles. C’est un adage, que j’ai dû entendre, à une époque. Un adage que je connais, en tout cas. Il a un petit côté désuet, dans sa formulation. Moi, je le traduirais à peu près comme suit, Dans la vie faut se démerder comme on peut avec ce qu’on a. Alors quand ma grand-tante, chez qui je passais quinze jours de vacances, m’a dit, écoute il n’y a plus de boulons, donc tu vas boulonner la statue de ton grand-père avec des betteraves, je n’ai pas trop tiqué. J’ai haussé les épaules, je me suis dit, après tout pourquoi pas, on va bien voir. J’étais un peu naïf. Un peu ignorant aussi des choses de la campagne. Car une betterave, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Je veux dire par là que, en ville, on croise rarement des betteraves. J’avais oublié que c’est rouge, plein, et mou. Pas facile de boulonner avec ça.
La statue de grand-pa me résistait sacrément. Je me consolais en me disant que si jamais quelqu’un, moi par exemple, avais envie de le faire choir de son piédestal et de déboulonner sa statue, ça serait relativement facile. Peut-être même superflu, vu la difficulté à boulonner. Je peux l’avouer maintenant : j’ai pensé déserter. J’ai pensé partir sans rien dire, ma grand-tante aurait dit, mais où c’est y qu'c'est qu'c'est donc (elle a le parler légèrement paysan) qu’il a filé ce bougre de gredin, elle aurait fini par prévenir les gendarmes, puis par se résigner, m’oublier peut-être, et la statue de grand-pa serait restée couchée dans le jardin. Mais j’ai résisté courageusement à la tentation, j’ai insisté, insisté, insisté, jusqu'à ce que, finalement, prenant mon courage à deux mains, ravalant ma fierté, m’asseyant sur mon orgueil, je finisse par dire à ma grand-tante, « dis-donc, tante Nellie, t’es vraiment sûr que t’as pas un boulon ? »

[Meilhac]

Ah t'as refait fuser le féodalisme Rémi 

lol nacas, le coup du bonnet boulonné m'a fait rire 

[Rémi]

Nacas, j'aime bien ton texte, le "vrombit" à la fin est assez mystérieux, mais l'ambiance avant est super chouette.

Meilhac, t'es bien parti en vrille sur ce coup-là ! J'aime bien, c'est marrant.

Bon, je file les potos, merci pour la chouette soirée !

Tchuuuuuuuuuusssssssssssssssssssssssssssssssssssssss !

[Meilhac]

Meilhac, t'es bien parti en vrille sur ce coup-là ! J'aime bien, c'est marrant.

ouais ouais moi aussi j'ai fait un peu n'imp'

tu as un truc avec bar-le-duc, rémi?

bonne nuit !!

nacas, j'irai faire un tour sur ton blog !!