J'ai attendu avant d'ouvrir ce sujet de lecture, car je sais que les sujets liés à l’alcool peuvent être parfois terriblement douloureux, j'y trouve moi-même de très grandes inquiétudes (non pas relativement à ma propre personne, mais par rapport à ce danger réel que peuvent côtoyer mes proches, ceux que j'aime).
L'Assommoir, c'est le récit de la déchéance d'une famille ouvrière traversée par les méandres de l'alcoolisme. On y retrouve toutes les causes du malheur, la difficulté à s'intégrer dans le marché de l'emploi, les conséquences des accidents du travail, la douleur à ne plus savoir construire une vie familiale stable quand on est miséreux, la terreur à observer une lente descente aux enfers liée à l'alcoolisme.
Difficile à supporter pour qui serait d'une sensibilité très intime sur ces valeurs.
Gervaise tente tant bien que mal de nourrir ses enfants avec l'espoir de se raccrocher à la bonne volonté de Coupeau, mais celui-ci perd son travail de zingueur suite à un accident dû à une mauvaise chute, et sombre alors dans un alcoolisme ravageur. Le travail de blanchisseuse de Gervaise ne lui permet pas de faire l'équilibre entre toutes les contraintes qu'elle rencontre, si bien que sa seule dignité devient le dernier levier qui lui permette de maintenir sa personne face aux ravages de l'instabilité.
Une œuvre de référence pour qui voudrait prendre conscience de la difficulté à concilier dignité et travail au XIXeme.
Un livre très douloureux à découvrir, moi-même j'écris ces lignes avec une conscience profonde pour l'immensité des thématiques que Zola aborde avec une pudeur indescriptible ; si vous souhaitez vous-mêmes apporter des précisions sur le livre face à certaines obscurités que je laisse traîner çà et là, je vous en serai reconnaissant.
Peu savent peindre les enjeux relatifs au travail aussi bien que ne le fait Zola, et c'est donc un livre que je conseille à celles & ceux qui se questionneraient sur ces sujets profondément humains.
