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Auteur Sujet: Les lisières (Olivier Adam)  (Lu 1270 fois)

Anlor

  • Invité
Les lisières (Olivier Adam)
« le: 04 août 2014 à 22:07:39 »
Les lisières, Olivier Adam



Alors, j'avais encore jamais lu de livre de cet auteur. J'avais vu le film adapté de Je vais bien ne t'en fais pas, je me souviens avoir bien aimé sans plus ; on m'a dit "lit son dernier, c'est cool", du coup j'ai lu, et voilà.
Donc, Les lisières, c'est un roman qui est sorti chez Flammarion en 2012 et qui cause, en gros d'un romancier-scénariste qui vient de divorcer, dont la mère et malade, qui doit retourner dans sa ville d'enfance en banlieue parisienne et qui le vit mal (ça c'était pour le résumé à très gros traits). Les thèmes principaux, c'est la mémoire, et cette incapacité du personnage principal à se sentir appartenir à un quelconque lieu/groupe, à une quelconque famille. On se trouve face à un narrateur toujours "sur le fil", qui se débat avec la "Maladie" ou plutôt, cet état dépressif qui l'a poussé à l'anorexie étant jeune, à l'alcoolisme et aux tendances suicidaires. Vu qu'on parle d'un auteur, il y a aussi tout une partie sur le rapport entre le narrateur, Paul Steiner, et ses lecteurs, les journalistes et les cercles d'écrivains parisiens auxquels il se sent toujours étranger.

En gros, Les lisières, c'est l'histoire d'un personnage toujours en périphérie, et qui se demande comment exister.

Mon avis :
C'est la deuxième histoire "familiale" que je lis dans le mois, avec un père brutasse et des parents qui n'arrivent pas à exprimer leur amour parce qu'ils ont grandi à une époque où les mœurs n'étaient pas les mêmes et bla et bla et bla, peut-être que ça faisait beaucoup. Toujours est-il que, j'arrive pas à savoir si j'ai aimé ou pas ce livre. Il y a des thèmes et des façons de parler de l'état du narrateur qui me parlent, j'ai trouvé l'écriture assez fluide (bien que pas exceptionnelle ; enfin, j'ai pas trouvé le style particulièrement intéressant), et, bref, ça se lit bien. Pour autant, au bout d'un moment, j'ai vraiment eu le sentiment que ça s'étalait, que ça finissait par devenir répétitif et que les quelques "évènements à suspens" étaient à la fois tellement attendus et tellement remâchés ensuite que c'était un peu tout le roman qui s'empâtait. Au final, on a l'impression d'un narrateur/auteur qui s'écoute parler pendant 500 pages, et c'est dommage.
Enfin bref, j'ai pas pas aimé, je peux pas dire non plus que j'ai bien aimé, on va dire que je reste à la lisière du livre, et j'me dit, p't'être que comme ça, l'auteur a réussi son coup.

Extrait :
Nos voisins les plus proches n'étaient jamais là. C'étaient des Parisiens qui ne venaient qu'aux vacances, des gens qui vous saluaient à peine d'un léger coup de menton. J'ai sauté par-dessus la cloison, traversé le jardin planté de palmiers incongrus sous ces latitudes, me suis planqué derrière le muret. Les fenêtres s'allumaient sur des pièces aux murs colorés de vert, de framboise, de prune. Les volets avaient été repeints en lilas. Cette maison, pour modeste qu'elle fût, était la première où nous nous étions vraiment sentis chez nous. Nous avions tout refait à notre goût, tout y était gai, pimpant, toutes les lumières y étaient douces, chaleureuses, chaque objet choisi, rassurant, délicat. Tout y avait été conçu pour chasser la tristesse, la mélancolie poisseuse qui m'avait si longtemps fait escorte. Tout y était tourné vers la vie, la lumière, le vent, le ciel intense, la mer acide, qui s'agitaient au bout de la rue. Ici j'avais pensé pouvoir enfin gagner la guerre. Cesser la lutte. Déposer les armes. Il faut croire que trop de forces avaient déjà été laissées dans la bataille. J'ai d'abord aperçu Sarah. Puis ce furent Manon et Clément. Le petit était vêtu d'un pyjama, les cheveux mouillés et peignés. Ils rangeaient la cuisine après le repas. À leurs mouvements de tête on devinait de la musique, à leurs sourires les bavardages incessants de Clément qui nous ravissaient depuis sa naissance, ses manière de clown, ses numéros d'acteur. Ce gamin ne s'arrêtait jamais de parler. Même en dormant il parlait.

Je ne suis pas resté longtemps à les observer ainsi. À l'évidence, ils s'en sortaient très bien sans moi. Du reste je n'avais pas besoin de les espionner pour le vérifier. Toutes ces années ils s'étaient débrouillés sans moi. La plupart du temps je restais enfermé dans mon bureau ou absorbé par la lecture d'un livre. Quand le soleil pointait nous partions pour de longues promenades où je demeurais silencieux, fondu dans la mer, les yeux et le cerveau mangés par l'horizon. L'été je passais des heures dans mon kayak à longer les falaises, passant d'îlot en îlot, sous le regard hautain des cormorans. "Il ne devraient pas trop souffrir de ton absence, avait dit Sarah le jour où elle m'avait annoncé sa décision. Ils y sont habitués ", m'avait-elle précisé dans un sourire moqueur. Ça ne servait à rien de rester là.

 


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