[Safrande]

mais vous lisez des romans qui sortent en librairie ? vraie question hein, et pas uniquement les têtes de gondoles, vous fouillez un peu ? à part l'autoédition et les grosses maisons d'édition, vous pouvez en citer des maisons qui proposent de la littérature ?

Et non même pas ! C'est vrai que j'suis au début de ma vie de lecteur, j'ai commencé à mes 22 ans (et j'ai une lecture terriblement lente), et pour l'instant je me cantonne à des auteurs reconnus, à des livres évidents sur lesquels on a assez de recul pour dire qu'ils sont cools, des livres avec lesquels je vais être à peu près sûr de vivre une expérience forte - c'est sans doute lié à ma peur de perdre du temps, lire me coûte tellement que je veux aller à l'essentiel. Ca changera avec le temps j'en suis sûr, mais pour l'instant je fonctionne comme ça - et je découvre parfois de très bonnes choses ici sur le forum 

[Aléa]

Bon bah alors pardon mais : comment tu peux prétendre qu'il n'y a pas de littérature actuellement et que y'a rien de nouveau si tu lis pas ce qui se fait actuellement ??? Si on veut faire des grands constats sur la littérature de notre époque, il faut la lire, c'est tout, se contenter de quelques articles de grands médias qui parlent des livres les plus connus non ca suffit pas et ça me semble lunaire de devoir le dire

[Safrande]

Oups mais j'suis couillon moi, je t'ai répondu Aléa, mais j'suis même pas sûr que ton com s'adressait à moi 

[Samarcande]

Ben, je viens de découvrir Bernardo Atxaga (avec Le fils de l'accordéoniste). C'était chouette ! Y'a une vraie élaboration du vécu, une construction du récit et des personnages, une reflexion sur la langue et tout et tout.  (Bon j'arrive un peu après la bataille, il écrit depuis un bout de temps, mais c'est quand même un contemporain ).

Bref je pense que parmi les 600 livres de la rentrée littéraire chaque année (en France, parce qu'il y en a autant en Italie et ailleurs), il y a forcément des pépites.

Si on ajoute ceux qui sont pas publiés ou connus, ceux qui expérimentent dans le coin mais qui renouvellent la langue aussi (et y'en qui sont ou sont passés sur ce forum), c'est difficile d'affirmer que la littérature est morte.

[Arsinor]

Tiens justement, je serais curieux de connaître le nombre de livres qui paraissent chaque année en France, en Italie et dans d'autres pays... tous...

[Dot Quote]

yooo... je partage l'avis selon lequel on manque de recul, c'est un peu comme plein de trucs, ce n'est qu'après coup, quand ça a assez décanté, qu'on peut discerner les choses... mais c'est presque à l'opposé d'un mouvement assez actuel de vouloir du ponctuel, du résultat vite-vite, immédiat, qui peut donner l'impression qu'on n'a pas besoin d'attendre le recul... est-ce que ce serait possible ? jsp... je manquais d'assurance pour essayer d'intervenir ici, mais bon, allez, je me lance qmm ; dsl pour la fragilité intellectuelle de mon truc

de quelle période exacte parle-t-on ? je sais pas trop, personnellement, identifier un moment charnière ; pis j'peux pas m'empêcher de me dire que plutôt que dans l'histoire on retient des mouvements majoritaires, notre époque est ptetr celle d'une pluralité bien plus exacerbée, un peu comme une explosion multidirectionnelle, bien plus diversifiée que les courants et leurs sous-courants ; donc ptetr que ce trait est à inclure dans la réflexion du courant général ? genre... pluralisme ? éclectisme ? syncrétisme ?

ce dernier terme me renvoie à ma petite intuition qui m'amène ici : n'y aurait-il pas une fascination pour la contradiction, le paradoxe, l'incompatibilité, et donc ne serait-on pas à l'époque où l'incohérence tente de trouver repère, alliance, communion ? de se dépasser elle-même, de s'expliquer ? ses ennemis seraient leurs opposés, les radicalismes, le manque de tolérance, de compréhension, les divergences hermétiques... deux points fragiles de mon intuition : déjà c'est un peu une projection personnelle de mes intérêts propres, j'aime aller m'emmerder à vriller de trucs qui se montent les uns contre les autres, j'suis schizo c'est normal de me remarquer incohérent ou contradictoire ; et puis c'ptetr au delà du littéraire, j'ai envie d'y mettre au plan culturel général... j'ai l'impression on peut vite palpiter du coeur avec des slogans ou des devises ou des titres qui jouent sur la confrontation de notions opposées... j'vais pas aller chercher mille exemples, alors le premier auquel je pense fera l'affaire : "demain j'étais folle" de Ahnhild Lauveng, avec un évident paradoxe de temps qui fait sourire je crois ; y'a Vérino qui se marre de façon anodine dans une de ses impros : "pourquoi je pose une question à des gens qui sont jamais d'accord ?"... j'ai l'impression c'est une partie forte de notre époque, et j'avoue espérer passer au courant suivant...

sinon cet autre axe me semble effectivement pertinent :

Je trouve que la devise de Basic ("Tout a déjà été raconté, alors recommençons.") résume fort pertinemment le courant littéraire et artistique de ce début de siècle : une recollection de souvenirs.

je le trouve juste, surtout associé à la démocratisation de l'expression ; chacun de cette société a de plus en plus la place pour ouvrir sa gueule, alors il commence à y avoir des doublons...