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29 mars 2024 à 09:07:40
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » [Théâtre] EVANESCENCE (Je ne parviens pas à publier les cinq actes d'Evanescence

Auteur Sujet: [Théâtre] EVANESCENCE (Je ne parviens pas à publier les cinq actes d'Evanescence  (Lu 1435 fois)

Hors ligne Guy Lafosse

  • Aède
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                                              Guy Lafosse

                                          ÉVANESCENCE

                                         AVERTISSEMENT
La singularité de cette histoire commande de déroger à l’usage
qui veut que soit dit en quels lieu et temps se tient l’événement

PERSONNAGES

ANAÈDE       épouse de maître Cybère, tante de Janus et amie d’Apogène
ÉGIDE            ancien agioteur, conseiller et médecin de la reine Ganopée
EUGÉNIA      mère de lait de Janus, chambrière de la reine Ganopée
APOGÈNE      député, candidat à la présidence de la République Française
CYBÈRE         élève de Janus, candidat à la présidence de la République Française                                                                               
JANUS           étudiant en étude, fils d’Eugénia et neveu d’Anaède et de Cybère
DONATIEN   ancien scieur de long et homme de peine à demeure
GANOPÉE      Princesse de Ganopie, riche d’un féerique royaume endormi
ALEXIA         fille d’Ernestine Pipelet (rôle et fonction présentement inavouables)
 




ACTE PREMIER
SCÈNE PREMIÈRE

APOGÈNE, EUGÉNIA, DONATIEN[





APOGÈNE
Chère, j’avoue ne pas comprendre,
Votre acharnement à défendre
Celui qui vante les bienfaits de la loi,
En en faisant le plus piètre des emplois.
Sachant que ce dernier cherche à nous déloger,
Pourquoi soutenez-vous son misérable projet ?

EUGÉNIA
Si vous preniez le temps que vous affirmez ne pas avoir
Vous sauriez qu’il existe ce que vous ne pouvez concevoir…
Et si, fors vous, tous ici disent oui à la question posée,
C’est parce que fondée et attrayante est l’offre proposée…

APOGÈNE
Partir, se couper de ses racines seraient désirables,
Si nos conditions de vies n’étaient pas favorables…
Fuir le lieu de votre naissance ou il fait bon de vivre,
Faire l’exact contraire de ce que disent nos livres,
Et bien que l’on se garde de nous en dire la raison,
Souhaitez-vous vraiment quitter notre propre maison ?

EUGÉNIA
Apogène, pourquoi  donc ne parvenez-vous pas à admettre
Que ledit projet est pensé et fait pour notre seul bien-être ?

APOGÈNE
Adhérer à tout ce qu’il fut dit sur la foi d’un simple d’esprit
N’est-ce pas donner corps à la plus infâme des duperies ?

DONATIEN excédé
Dois-je déduire que vous refusez l’idée même d’un voyage,
Persuadé qu’un mieux-être messied aux gens de votre âge ?
Ce disant, si à fuir ce lieu endeuillé vous n’avez pas le goût,
Nous en déduirons que vous avez hâte de vous défaire de nous…

APOGÈNE
Si votre aveuglement indique le degré de votre déliquescence,
Il ne dit pas pourquoi vous répugnez de parler d’Évanescence…
 
DONATIEN
Évanescence, plus qu’un intitulé destiné à faire de d’audience !
Est d’abord et surtout un moyen détourné de parler de la France…
 
APOGÈNE
Sachant qu’à votre désir premier vous ne pourrez accéder
Pourquoi refusez-vous l’aide de celui qui entend vous aider ?
Si à l’instar de Thyphanie, de la vie, vous décidez d’en finir
Vous souciez-vous de ce qui se dira dans les temps à venir ?

DONATIEN
A qui profite la l’omniprésence d’un être physiquement diminué
Qui, martyr aidant, à souffrir sans vivre, ne veut plus continuer ?

APOGÈNE
Donatien, à qui reste une once d’honnêteté ne peut louer
Un corrompu bien payé qui soutient une thèse désavouée ?
Sans preuve établie, sachez que si mon avis diverge du vôtre
C’est parce qu’il n’existe aucune forme de vie autre que la nôtre.
Aussi, si vous ne renoncez pas à l’intention que je vous prête,
Sous peu, vous regretterez la tiédeur de notre quiète retraite.

DONATIEN
Qu’en savez-vous ! Êtes-vous allé là où l’on nous veut transporter ?

APOGÈNE
Donatien, c’est à vous de me dire ce que cela va nous apporter ?
Pourquoi alimenterions-nous une rumeur sans lendemain,
Puisque l’on sait que le bonheur est à porté de mains !…

DONATIEN
Faites-vous à l’idée que d’autres hommes peuplent notre planète…
 
APOGÈNE furieux
Fichtre, comment pouvez-vous croire à pareilles sornettes ?
Si dans les vêts de l’ignorance vous souhaitez vous draper
Je prédis qu’à l’errance totale vous ne pourrez échapper.
 
DONATIEN
Apogène, je ne ferais pas état de ce qui nous oppose
Si je ne pensais pas que partir est la meilleure des choses.
 
APOGÈNE
Quand l’incongru, sans lien, de son socle se détache
Dois-je encore croire sans voir ce qui divise et fâche ?
 
EUGÉNIA
Qui dit vrai ? Est-ce celui qui nous guide et s’érige en juge
Ou qui dit que la vie grouille au pied de notre natal refuge…

APOGÈNE
Suffit-il de dire que la vie existe à moins de cent mètres
Pour croire que l’on peut vivre sans barreaux aux fenêtres ?...

 EUGÉNIA
Apogène, est-ce le bon moment de formuler des avis
Quand venu est l’évènement le plus attendu de notre vie ?...
Aussi, je crains que l’on ne puisse peser l’offre proposée
En n’ayant lu que la portion congrue de ce que dit l’exposé.   
 
APOGÈNE
Nos livres ne disent-ils pas que nous sommes seuls au monde ? 

EUGÉNIA
Sans ne jamais expliquer sur quoi cette hypothèse fonde…
Ami, ne pas s’impliquer dans ce qui est récemment survenu
Est, à coup sûr, aller au devant d’une dramatique déconvenue.

APOGÈNE
Cela étant dit, vaquerons-nous à nos petites affaires
Sans se départir de ce que l’on nous demandera de faire ?
                                                         
EUGÉNIA
Ce que je sais est qu’en ce boudoir transformé en scène de théâtre,
Dans trois paires heures, peut-être même au-delà de quatre.
Égide déclamera en deux puisque qu’Anaède parlant la première,
Aura à cœur et pour mission de vous mettre en pleine lumière.
Aussi, redoutant que dans de noires idées vous ne vous enfermiez,
J’espère vous réplique donner dès la scène deux de l’acte premier…

APOGÈNE
Eugénia, faudrait-il encore que le maître d’œuvre valide votre choix !

EUGÉNIA
Cher ami, lui prêtez-vous l’intention de laisser muette votre voix ?...

APOGÈNE
Non! Redouter qu’à son endroit il puisse manquer de répondant
C’est douter que Janus invite Cybère à croquer la vie à pleine dent.

EUGÉNIA
Cybère pense que si, de partir, Thyphanie n’en avait pas l’envie
Jamais ne serait né en elle cet insensé désir d’en finir de la vie…

APOGÈNE
Il demeure que qui à vu son corps se tordre de douleur
Sait qu’un discours flatteur n’en réduit pas l’ampleur…
Peut-on parler de dessein, aimer sœurs et frères très fort,
Sans faire tord à Aristote et à ses indicibles métaphores ?
Dire que la hache vengeresse du bourreau n’à pas de remords,
N’est-ce pas condamner ce haut fait d’une sentence de mort ?

DONATIEN
Apogène, reprocherais-je les singulières manières de Gybère
Si celui-ci n’envisageait pas de s’imposer l’acte qui libère ?
Cela dit, penser qu’il refuse la littéralité de ce qui va suivre,
C’est ne pas savoir que, féru, il a lu l’ensemble de ses livres…

APOGÈNE à Eugénia
Janus n’a-t-il pas dit que si Cybère veut aller de l’avant,
Il devra exercer ses talents autrement qu’en dormant…
 
EUGÉNIA
Trouvez-vous anormal qu’une jeune pousse désavoue
Une vieille souche qui à sa seule cause se voue ?

APOGÈNE
Si, établi est que Cybère tout délaisse et rien n’applique,
Pourquoi lui demande-t-on de nous donner la réplique ?



ACTE PREMIER
SCÈNE DEUX

ANAÈDE,  ÉGIDE
 
ANAÈDE
Égide, si ce duc qui se disait droit venu d’Ukraine,
N’avait pas pleuré la capture du fuyard de Varennes
Puis parlé de ce Capet comme on parle de gangrène,
Aurait-il obtenu les faveurs de la belle souveraine ?

ÉGIDE
J’étais à mille lieuses de penser que la reine s’engoue,
Et que de ces petits riens du tout elle en avait le goût.
Je ne pouvais pas rêver que de mes mains elle s’entiche
Et que, publiquement, avec moi, cette dernière ne s’affiche
Si l’on m’avait dit ou pareil hourvari pouvait me mener,
J’aurais compris pourquoi le duc ne m’a point malmené.
J’ai, effectivement souhaité qu’élégamment il m’assiste,
Puisque je ne savais pas vraiment en quoi cela consiste.

ANAÈDE
Je sais ce que furent les visées de ce boyard haut perché,
Et où il serait si à vous tuer sur pré il n’avait pas cherché…

ÉGIDE
En rêvant de m’occire via le coup de la botte de Nevers,
Qui de lui ou de moi a vendu son âme au sortir de l’hiver ?
Cela dit, entre celui que je fus et celui que je suis devenu,
Si je n’avais pas étonné la reine, à rien, je ne serais parvenu…

ANAÈDE
Pourquoi avoir pardonné à celui qui tenta de vous embrocher ?
 
ÉGIDE
Amie, vous ai-je déjà dit qu’à la vie je voulais m’accrocher !?

Si, je vous osais dire ce que je pense des premières fois,
Je dirais que le désarroi est conforme à celui d’autrefois...
Si la loi permettait que sur pré ce foldingue ne n’entraîne
Doutez-vous que, tué je serais sans l’aide de la souveraine ?

ANAÈDE
Je sais que la reine croit en vous et au pouvoir de vos mains
Et qu’avec-elles, elle espère construire un monde plus humain.
                                               
ÉGIDE
Est-ce de mon fait si aujourd’hui est la veille de demain,
Et si son Altesse n’a pas poussé plus avant l’examen ?

ANAÈDE
Si vous n’aviez pas dit que soigner est un noble dessein,
La reine aurait-elle fait de vous le premier de ses médecins ?
N’est-il pas qu’allégeance faite vous devîntes hôte de marque
De quatre pitoyables tyrans et de trois pendables monarques ?
Cher ami, vous considérant comme le plus honnête des hommes…
Convaincu que vous ne pouvez appréciez ce type bonhomme,
J’ose penser que vous restez dans la souille de ces âmes infâmes,
Que pour y respirer l’odeur jasminé de la plus belle des femmes.

ÉGIDE
Si vous pensez que normal est de parler de se qu’il n’existe pas,
Pourquoi ne pas dire à la reine l’heure de ses prochains repas.
Tout cela pour dire que si son Altesse m’avait qualifié d’âne bâté
Je n’ose penser ce qu’il lui serait arrivé si je ne l’avais point épaté ?
Enfin, en ne lui prédisant que longue vie sans autre discours
Vaniteux eut été de penser que la reine me voudrait à la cour !...
Anaède, si je n’étais pas devenu une sorte d’avaloir référant
Qui aurait avili le monarchisme de cette bande de tyrans ?

ANAÈDE
Égide, n’a-t-il pas suffi que vous vous montrassiez amical,
Pour que vous ne devinssiez le ponte des maladies tropicales ?
Niez-vous que depuis que la reine à fait de vous son atout
Moins nombreux sont ceux qui à sa noble cause se vouent.

ÉGIDE
Diable, que pèse la défection d’une poignée de courtisans
Comparée à l’affection profonde de millions de partisans ?

ANAÈDE
Est-ce l’un deux qui, hier, sans même un bonjour,
Et sans gêne aucune s’osa vous parler sans détour ?

ÉGIDE
Anaède, si avec ce pochard j’avais refusé de deviser,
Comment aurais-je su la teneur de ses funestes visées ?
Et puis, me serais-je souvenu de ce famélique fêtard
Qui, vingt six ans plus tôt, m’avait traité de bâtard
Vin aidant, délirant, déblatérant plus que de raison
Déniant l’horrifiant fait au temps de ses mornes saisons
Oubliant qu’il avait outragé dame Pipelet d’une vile manière
Cet être exécré se dit étonné de ne plus voir cette dernière.
À cette ultime outrance ce malfaisant m’obligea de répondre
Que veuve offensée dans la foule jetée n’aime guère se fondre.
Peu après, affecté par la fausse mansuétude de ce pisse-froid
Je baffais de madré qui, aux femmes, n’accorde aucun droit.
Seulement, analysant les injuries de cet exécrable bouffon,
J’admis que blâmer la forme ne donne pas raison sur le fond…

ANAÈDE
N’est-il pas des langues de vipères qui souvent exagèrent ?
Cela dit, admettant que l’incriminée ait eut la cuisse légère
Que vous-même, cher ami, soyez fruit d’une conduite adultère,
Puisque que l’on ne peut être sans exister, la manière indiffère
Puisque l’important n’est pas d’être mais d’exister
Pourquoi aux plaisirs de la chair aurait-elle résisté.
Cela étant dit, pourquoi ameuter ciel et terre en faisant pareil foin
Quand on sait que l’humain est de loin le plus logique des témoins.
Enfin, au nom de qui ou de quoi une femme brûlante de désir,
Devrait-elle éteindre sa flamme et bouder son plaisir ?                     
Est-ce indécent de penser que, loin de son défunt conjoint,
De câlins malins, Ernestine Pipelet, avait un urgent besoin…
Cela étant, j’imagine que vous n’êtes pas restez inactif,
Entendu que pour punir les l’excès, vous n’êtes pas captif…

ÉGIDE
En effet, afin de voir si, par de trop, Ernestine ne boissonne
Il fallait que je l’alliasse voir à son mas et qu’à sa porte je sonne.
C’est ainsi qu’olympien dans le sorite de mon propre examen,
Mon fidèle canasson m’emmena aux confins de son fichu chemin.   
Chère, il me reste à vous expliquer comment un homme quiet
Qui, rien ne mande, rien n’espère, rien ne veut, rien ne requiert,
Et ce, sans avoir une seule fois, sur cheval, usage fait de son fouet,
Visita une dévote aimée, qui ne savait plus à quel saint se vouer.

ANAÈDE
Dois-je déduire que la nonagénaire perdait la raison
Et qu’à cet âge avancé, fou eût été d’espérer guérison ?

ÉGIDE
Ce qui est sûr est, qu’après avoir vilipendé les sans religion,
Elle accusa maître Cybère de faire tort à sa chrétienne région.
Surpris, me disant qu’une sans oreille peut devenir sans écoute
Je me souviens avoir longtemps hésité à poursuivre ma route.
Aussi, affichant sa tristesse je me suis dis que pour la réconforter
Je devais vitement lui permettre de réciter quelques pater noster.
Alors, volant à son secours pour le meilleur lui offrir
Refusant de voir, plus avant, son dogme s’appauvrir,
Accédant à son divin désir de revoir ses calotines consœurs,
Je la voiturai afin qu’elle assistât à l’office de onze heures.
Ravie, à peine m’avoua-t-elle m’aimer autant que ses fieux
Que, soudain, au lieu-dit appelé les Ornières-brise-Essieux,
Venu de nulle part, un noir attelage, s’allant droit sur l’obstacle,
Offrit aux deux pris de peur que sommes un bien triste spectacle.

ANAÈDE
Connaissant l’endroit, ce fait n’est autre qu’un défaut de vigilance !
 
ÉGIDE
Va pour l’inattention, mais était-ce besoin d’ajouter l’insolence ?
Car, pendant que l’injurieux voiturier vilipendait chaque dieu,
Moi, silencieux, pour peine apaisée, je faisais de mon mieux…
Sachant qu’aider est le devoir premier d’un médecin frais nommé
Drapé de ma dignité je décidais d’aider le roulier à demi assommé
Alors, faisant mienne l’infortune du râleur prisonnier de ses sangles,
Je coupais les épaisses lanières avant que l’estourbi ne s’étrangle.
Décidé, faisant face au cocher qui n’en croyait pas ses yeux,
Sans outil de levage je rétablissais la portance du moyeu.
Seulement, ce récit serait incomplet si je taisais la venue
D’un élu qui, à l’en croire Cybère, ne serait guère bienvenu.
Aussi, c’est à l’instant même ou dame Pipelet priait saint-Justin
Que parut l’ami Apogène qui, badant le cocher le traita de crétin.
Après avoir coléré puis, chiffré hautement la somme de nos griefs,
Dit, redit, rebattu par huit fois tout le mal que l’on pensait du relief,
Puis, accusé hautement les scandaleux méfaits du coupable sillage,
Je déposai la gracile Ernestine Pipelet au pied de l’église du village.



ACTE PREMIER
SCÈNE III

EUGÉNIA, APOGÈNE


EUGÉNIA
Qui doute de votre amour de la France monsieur le député,
Ignore que des présidentiables vous êtes le plus affûté.
S’il savait que contre l’adversité vous êtes à même de lutter,
Aux critiques, je me demande ce qu’il pourrait ajouter.

APOGÈNE
Eugénia, n’a-t-on pas nié ma notoire honnêteté
Et déplorer ma licence pour ce qui à trait la chasteté ?
                                                                 
EUGÉNIA
Ami, même si la chose était, elle ne serait point discutée
Tant l’on sait pour quelle juste cause vous osâtes lutter.

APOGÈNE
Chère amie, votre amicale défense me rechauffe le cœur.

EUGÉNIA
Il se peut que prenant de l’avance je loue le futur vainqueur.

APOGÈNE
Rien n’est gagné avec un Cybère qui chaque jour me dénigre
Et dont les griffes sont plus acérées que celles d’un tigre
Est-ce médire que de dire que grande est la faim de cet affamé
Et que ce sans vertu n’a de cesse que de me diffamer…
Aussi, si le sort des français est le cadet de ses pensées,
Moi ! Il m’importe de savoir dans quel sens avancé.
EUGÉNIA
Apogène, sachant à quelle hauteur vous placez votre devoir
Je ne puis concevoir que votre équipe puisse me décevoir.

APOGÈNE
Sachez que j’aurais laissé Cybère à sa soif de pouvoir       
Plutôt que de remettre à plus tard le plaisir de vous revoir.

EUGÉNIA
Il se dit que Cybère vous a demandé de devenir son adjoint.

APOGÈNE
Cela prouve que d’appui celui-ci en a le plus grand besoin.

EUGÉNIA
Aussi, je ne vous souhaite pas de perdre cet épique combat.

APOGÈNE
Je sais que pour une cause innommable Gybère se bat…
Pour absoudre ses fautes, suffit-il de faire son mea culpa
Puis, réitérer des promesses qui, évidement, il ne tiendra pas…

EUGÉNIA
Monsieur le député, vous dirais-je le fond de mes pensées
Si je n’appréciais pas le programme présenté aux Français ?
Par ailleurs, si je ne vous savais pas homme discret
Sachez que je ne vous confierais pas mes intimes secrets.
Cela dit, j’ose espérer qu’un accordé clora votre rivalité
Et qu’à votre endroit Cybère, fera montre de cordialité.
Pourtant, celui-ci clame que vaine est votre concurrence…

APOGÈNE
 Aurait-il comprit que vain est celui qui ne pense pas à la France !?

EUGÉNIA
Allez savoir ! Ce qui est sûr est que celui-ci vit mal votre dualité.

APOGÈNE
Ce séide sait que revenir au temps premier n’est pas d’actualité ?
Son avenir politique ne pouvant remplir une écritoire de poche,
S’il refuse d’écrire sur le mien je crains que sa fin ne soit proche…
Victime outrée et contrite des caquettes que cet ingrat me prête
Sans désir d’expliquer, je n’aurais pas quitté ma quiète retraite.
Et puis, me lier à un politique lettré qui, en moi, n’a pas foi
C’est avouer qu’à l’instar d’Homère je sommeille quelquefois…
Si, ce pleurnicheur s’avise à me faire de nouveaux reproches
Sans excuse n’y obédience je crains que sa fin ne soit proche.

EUGÉNIA
Ne peut-il pas emporter la mise en faisant une honnête campagne ?

APOGÈNE
Faudrait-il encore que la confiance du peuple celui-ci ne la gagne !...
Pensez-vous vraiment qu’honnête serait d’alléger le fardeau
D’un sot qui, surin en main, rêve de me le planter dans le dos ?

EUGÉNIA
N’est-il pas que souvent le maître passe sous la coupe de l’élève…

APOGÈNE
Si Cybère devait en pâtir, je l’en libérerai, sa carrière sera brève
Affecté par ses chauds propos qui, tous, tendent à m’attiédirent   
Que ferais-je d’un petit qui, à mes côtés, refuse de grandir.

EUGÉNIA
Cher ami, si vous redoutez que trop grande ne soit son emprise,
J’ai peur qu’il ne vous faille attendre à bien d’autres surprises…
Et si, dans la liste des perdants personne ne vous peut classer
C’est parce que la fierté est noble quand elle est bien placée.
Apogène, vous sachant aimer l’atticisme national,
Je vous sais fort capable de gagner la bataille finale.

APOGÈNE
Ce qui, selon moi, n’est et ne sera jamais contestable
Est que votre belle âme fait de vous une amie délectable…
Au partir, laissant une jeune fille au maintien en sommeil
Au revenir, je découvre une beauté aux attraits sans pareils.

EUGÉNIA
Le flatteur qui est en vous a-t-il oublié qu’elle godiche j’étais ?
 
APOGÈNE
Me souvenant de la froideur dont d’aucuns vous traitaient
Je pense que si ces crétins voyaient ce que vous êtes devenue,
Sûr, qu’ils regretteraient de ne pas vous avoir mieux connu.

EUGÉNIA
N’étant restée que moi-même, à rien je ne suis parvenue…
Et puis, qui trouve de l’attrait à une crécelle sans cervelle,
N’est point aise de la laisser si longtemps sans nouvelles…
Cher ami, pour me faire oublier votre coupable silence
Ne m’oubliez pas, faite vôtre l’appel que je vous lance…
Si vous tenez à ce que de toujours notre amitié ne perdure
Je vous engage à faire montre d’un peu de moins de froidure…
 
APOGÈNE
Subissant la vindicte de Janus, j’ose dire que je suis consterné !

EUGÉNIA
Dam, je n’ai pas à savoir ce à quoi mon fils occupe ses journées…

APOGÈNE
Vous ignorez que Janus ne donne pas cher de mon devenir ?

EUGÉNIA
Je n’ai point à dire qui de Cybère ou de vous il doit soutenir…
                                                       



ACTE PREMIER
SCÈNE IV

CYBÈRE, APOGÈNE,

Cybère à Apogène
Député, si vous ne comprenez pas que grande ouverte est ma porte
Cela voudra dire que mon offre restera à jamais lettre morte…

APOGÈNE
Monsieur, sachant que l’on ne peut être initient et homme de terrain,
Que ferais-je d’un politique qui à mes réformes fera frein ?!
 
CYBÈRE
Député, puisqu’à mon endroit, d’égard, vous ne faites point usage,
Je vous aiderai le jour où vous me présenterez un tout autre visage.
Et si vous niez qu’irresponsable est celui qui se donne en spectacle 
Je crains que vous n’alliez au-devant d’une retentissante débâcle…

APOGÈNE
Professeur, le député que je suis qui, pour le bien tous se dévoue,
Se fiche éperdument de l’avis des filous qui ressemblent à vous !...
CYBÈRE
Bien qu’avec moi, vous ne fissiez point ce que vous dûtes faire
Vous premier, moi président, je ferais tout pour vous plaire
 
APOGÈNE
Vanité ! Qui donc vous peut croire et vous porter estime haute,
Quand même, à vous-même, n’avouez aucune de vos fautes…

CYBÈRE
C’est assez, de grâce, cessez ! Vous dépassez la mesure !
Je ne saurais tolérer plus avant pareilles démesures !
Par échange de plis, croquis et plans de routes fournis…
Conscient de votre bonheur de revoir votre natal nid,
Ne vous ai-je point écrit qu’en suivant cet itinéraire connu,
Même un âne arriverait sans encombre à l’endroit convenu ?

APOGÈNE
Monsieur, vous confessant mon désir de ne vous plus voir,
J’avoue que grand serait mon plaisir de ne vous plus revoir…
Aussi, j’excuserais volontiers vos indigents forfaits
Si en moi s’effaçait le désir de ne vous revoir jamais !

CYBÈRE
Pour qui vous prenez-vous pour me parler de la sorte
Sinon un démagogue véreux qui de fausses nouvelles colporte.
Si, pour l’impudent que vous êtes, la victoire est hors de portée,
C’est parce qu’un sans esprit, au pays, ne peut rien apporter.

ACTE PREMIER
SCÈNE V

ANAÈDE, APOGÈNE, EUGÉNIA, CYBÈRE

ANAÈDE
Apogène, si un accordé venait à apaiser vos rancœurs,
Il se peut que ce soit la nation qui en sorte vainqueur…
Vous qui m’aviez promesse fait de ne me jamais décevoir,
Quel mal ai-je fait pour que vous ne me vinssiez plus voir ?!
Qu’est devenu celui qui, à mes côtés, se voyait bien vieillir ?
Disais que j’étais une fleur que plaisant serait de cueillir.
Comment pourrais-je oublier cet effacé trouvère,
Qui sauva une jeunette captive des rigueurs de l’hiver ?
N’est-ce pas lui qui, voulant qu’une alliance ne se noue
Me présenta à celui qui me donna le baiser de l’époux ?!...
Qui aida  une certaine oiselle dont l’émoi fut précoce,
Et dont le feu disparu au second matin de ses noces ?...
Qui a dit qu’épousailles sans que naisse d’enfants
Était refuser à la femme le plus beau des diamants ?

APOGÈNE
Si vous regrettez de ne pas avoir perpétué cet usage,
Consolez-vous en interrogeant votre délicat visage,
S’il ne se souvient plus des baisers que Cybère y déposa
Il n’a pu oublier que sur lui, son regard, mille fois se posa.
Si j’ai grossi les vertus de celui qui, d’amour, vous aimait,           
C’est parce que je redoutais que vous ne l’aimassiez jamais.

ANAÈDE
Apogène, sachez qu’il n’importe de vous bien recevoir,
Et que fière je suis qu’à ma table vous daigniez vous asseoir.

EUGÉNIA
Mes amis, si à la réalité je parviens à vous ramener,   
Je ne saurais trop vous conseiller de venir vite déjeuner.

CYBÈRE
L’occasion est trop belle, essayons de la saisir,
Faire au mieux ne veut pas dire bouder son plaisir !
Cependant, si vous envisagez encore de vous opposer
Tôt ou tard, avec ou sans moi, vous devrez composer.

APOGÈNE
Il n’est de plus grand mensonge que celui que l’on fait à soi-même !

CYBÈRE
Peut-être, mais je ne suis pas celui qui fuit les problèmes !

APOGÈNE
Monsieur, qui n’a mis les pieds dans un lieu de souffrance,
Ne peut comprendre mon désir de «redresser» la France…

CYBÈRE
Vu que le pays peut se tenir seul, puisque bien éparti
Je fuis les politiques qui débitent semblables inepties.
Alors, copiant vos pairs, sans même forcer le trait,
Vous aussi, venez de brosser votre propre portrait.
Ceci dit, au lieu de fomenter votre misérable vengeance.
Fréquentez-moi, vous saurez ce qu’est l’intelligence !                   

APOGÈNE
Pour une fois, essayez de raisonner avec pertinence !
Seriez-vous le seul à méjuger l’état de nos finances,
À ignorer que notre grand argentier, droit sorti de Science Po,
Passe plus de temps à s’empiffrer qu’à faire rentrer l’impôt ?

ANAÈDE à APOGÈNE
Oserez-vous rejoindre votre clan sans accord satisfait ?

APOGÈNE
Dam oui! L’électeur doit savoir ce qu’est un Cybère défait …
Ne pouvant laisser notre pays en de si mauvaises mains,
Autant dire que qui vaincra devra le bien servir demain.

Fin du premier des cinq actes.
« Modifié: 30 novembre 2020 à 16:40:18 par Claudius »
Traverser  le temps en oubliant ses futiles besoins,
C’est vivre beaucoup mieux avec beaucoup moins.

 


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