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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » [B3] Le monde en héritage

Auteur Sujet: [B3] Le monde en héritage  (Lu 9082 fois)

Hors ligne Milla

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[B3] Le monde en héritage
« le: 17 mai 2016 à 10:55:43 »
Le monde en héritage


Personnages :

LÉNA : 20 ans, sœur de Jérémie.
JÉRÉMIE : 22 ans, frère de Léna.
ADRIEN: 21 ans, petit ami de Margaux.
MARGAUX : 20 ans, petite amie d’Adrien.

Le séjour d’un appartement, une table et des chaises. À gauche la porte d’entrée, en face une porte fermée. À droite, un canapé en face d’une télévision.

Scène 1 : Léna, Jérémie derrière la porte.

Léna est assise à la table, elle jette des coups d’œil réguliers sur la porte fermée et griffonne des dessins sur une feuille avec un crayon à papier.


LÉNA (sans regarder la porte) : Tu comptes rester là-dedans encore longtemps ?
Pas de réponse, bruit du crayon qui griffonne.
LÉNA (fixant la porte) : Réponds au moins !
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Je te l’ai déjà dit. Je ne sortirai pas.
Léna, excédée, pose son crayon qui claque sur le bois de la table.
LÉNA : Ça fait des heures, ça suffit là ! Tu n’as pas soif ? Tu n’as pas d’eau, je suis sûre. Hein, que tu as soif ?
JÉRÉMIE (neutre) : Je n’ai pas soif. Je ne veux pas d’eau. Je ne veux rien.
Léna se lève, s’énerve, va tirer sur la poignée qui résiste et frappe un coup contre la porte.
LÉNA : Ouvre ! Mais ouvre ! Tu es ridicule, Jérémie ! C’est vraiment pas le moment !
JÉRÉMIE (neutre) : Laisse-moi.
Léna retourne s’asseoir, lentement. Elle souffle, longuement.
LÉNA (parlant avec lenteur) : Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
(silence)
LÉNA : Je suis sûre que c’est à cause de ce qu’il a dit. J’ai pas compris. J’étais trop loin. Mais j’ai bien vu qu’il parlait. Dis-moi ce qu’il t’a dit !
JÉRÉMIE (neutre) : Non.
LÉNA : Dis-moi ce que t’as alors ? Tu… regrettes ?
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Léna, crois-moi, je le sais à ta voix, t’es pas prête à entendre ce que je pense.
LÉNA : Y a pas à regretter, Jéré ! C’était un acte de courage. Je l’aurais fait moi aussi, je l’ai fait des dizaines de fois dans mes rêves. Y avait que nous qui pouvions. Toi ou moi. Il le fallait, tu sais bien.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Tais-toi… Laisse-moi.
LÉNA : Allez, Jéré ! Sors de là ! Faut qu’on parte ! (un temps) Ça va changer maintenant ! Nous aussi on va changer… et on sera bien. Un nouveau nom, une nouvelle vie. Le Groupe se passera de nous, il se fera entendre, des idées belles deviendront des choses concrètes… On a renversé la vapeur !
JÉRÉMIE (sèchement) : Arrête. Tu n’as rien compris.

On frappe à la porte d’entrée. Deux coups rapides, un coup, trois coups rapides, un coup. Léna se lève et va ouvrir deux verrous, puis la porte.


Scène 2 : Léna, Adrien portant un sac, Jérémie derrière la porte.

Adrien entre, Léna referme les verrous derrière lui. Ils échangent un regard.
ADRIEN (indiquant du menton la porte fermée) : Toujours pas sorti ?
LÉNA : Non…
ADRIEN : Rien entendu dehors, de mon côté. Mais ça ne va pas tarder. Faut pas traîner.
LÉNA (énervée) : Je sais !
Adrien sort des outils du sac et s’approche de la porte.
ADRIEN : Jéré, ouvre ! Sinon, je démonte la porte. Je ne blague pas.
Adrien fait tiqueter un tournevis sur le métal de la poignée pour appuyer ses dires.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Laissez-moi. Partez.
LÉNA : Écoute, Jéré…
JÉRÉMIE (à travers la porte) : C’est vous qui écoutez. Si vous ouvrez cette porte, je balance Adrien. Je file son nom et son adresse aux flics.
Échange de regards entre Léna et Adrien.
ADRIEN (à Léna) : Il devient fou.
LÉNA (à Adrien) : Oui.
ADRIEN (à Léna) : Il a besoin d’aide.
LÉNA (à Adrien) : Je ne sais pas.
ADRIEN (à Léna) : Il a vraiment besoin d’aide.
LÉNA (s’énervant) : Merde, Adrien ! Tu veux que je fasse quoi ? Que j’appelle les pompiers ?
ADRIEN (à la porte fermée) : Jéré, raisonne-toi. Ça ne sert à rien de t’enfermer dans cette chambre. Ça ne change rien. Et il faut partir d’ici.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Non, vous partez, je reste. J’ai pas envie de continuer. C’est plus simple d’attendre. Ça va venir tout seul.
LÉNA : Mais quoi ? Qu’est-ce qui va venir ?
JÉRÉMIE (à travers la porte) : La fin. La fin des illusions.
ADRIEN (à Léna) : Il lui faudrait un psy.
Léna dévisage Adrien.
LÉNA : Un psy ? J’appelle un psy et je lui dis « bonjour mon frère s’est enfermé à double tour dans une chambre parce qu’il a le contrecoup d’avoir commis un meurtre, vous pouvez lui demander d’ouvrir la porte ? » ? Nan mais t’es sérieux ?
Adrien va s’asseoir.
ADRIEN (énervé) : Ne m’agresse pas, Léna ! J’y suis pour rien !
Léna regarde la porte fermée avec colère, puis désespoir, puis colère, puis elle va s’asseoir.
ADRIEN : Ça lui a fait un choc, c’est pour ça qu’il réagit comme ça.
LÉNA : Je ne sais pas…
ADRIEN : On ne peut pas savoir ce que ça fait avant de le faire. Il croyait être prêt et en fait…
LÉNA (s’énervant) : Non ! Est-ce que je suis enfermée dans une chambre, moi ?
ADRIEN : Léna, tu n’as pas…
LÉNA : C’est tout comme !
ADRIEN : N…
LÉNA : Non, je te dis que ce n’est pas ça ! C’est parce qu’il lui a parlé. J’ai entendu son bredouillement infect à ce salaud ! J’ai vu ses lèvres bouger ! J’étais trop loin pour comprendre, mais je sais que c’est ça. Il attrape les gens avec ses phrases, il les empoisonne.
ADRIEN (faiblement) : Oui.
LÉNA : C’est comme ça que les gens se font avoir, juste avec des mots. C’est comme ça qu’il s’est autant rapproché du pouvoir. Mais maintenant, c’est fini.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Pas encore.
LÉNA : Quoi ?
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Ce n’est pas encore fini.
Silence.
LÉNA (tout bas) : Arrête, Jéré. Arrête, s’il te plaît.
Adrien se lève, s’approche de la télévision, saisit la télécommande pour l’allumer.
LÉNA (précipitamment) : Non ! Je t’en prie, ne l’allume pas !
Adrien fige son mouvement et regarde Léna silencieusement.
LÉNA : Je… C’est un peu tôt. Je ne veux pas entendre pour le moment.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Tu veux une place dans ma salle d’attente, sœurette ?
Léna se précipite vers la porte fermée et y assène un coup de poing furieux.
ADRIEN (en aparté) : C’est bon signe s’il lâche son ton neurasthénique. (toujours la télécommande à la main, s’approchant de la porte fermée) Ouvre, Jéré !
LÉNA : Oui, allez, ouvre !
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Allez au diable ! J’ouvrirai pas.
ADRIEN (désignant la télévision) : Léna, ce serait bien de savoir s’il a été trouvé.
Léna lui arrache la télécommande des mains.
LÉNA : Non, je t’ai dit non !
La sonnerie stridente de l’interphone retentit. Léna et Adrien sursautent puis échangent un regard anxieux.
ADRIEN : Ne réponds pas.
LÉNA : Je n’y comptais pas.
Cela sonne de nouveau, de façon insistante.
ADRIEN : Laisse-moi allumer les infos.
LÉNA : Non.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Tu as déjà compris, Léna.
Léna fulmine et cogne la porte fermée.
LÉNA : Compris quoi ?
Un téléphone sonne. Léna tire son portable de sa poche, le regarde.
LÉNA : C’est Margaux.
ADRIEN : Ne réponds pas.
LÉNA : Je n’y comptais pas.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Pars, Léna.
Silence.
Le téléphone sonne de nouveau, l’interphone aussi.
Léna décroche son portable. Adrien souffle et râle.

LÉNA : Margaux ? … Oui, ça va. … Non, ne dis rien, je t’en prie. C’est toi en bas ? … Tu es seule ? …Vraiment seule ? … Ok, Ok.
ADRIEN : Margaux…  (il jette un œil sur l’écran éteint du téléviseur) Si elle est là, c’est qu’il faut qu’on parte au plus vite de cet appartement. Tu n’aurais pas dû la laisser monter. C’est dangereux pour elle.
LÉNA (débordée) : Je sais plus…
ADRIEN : Allez, on part d’ici.
LÉNA (paniquée) : On ne peut pas laisser Jérémie.


Scène 3 : Léna, Adrien, Margaux, Jérémie derrière la porte.

On frappe vivement à la porte d’entrée. Léna hésite, puis déverrouille et ouvre ; Margaux est seule, elle pénètre dans la pièce. Léna referme les verrous et s’adosse à la porte.

MARGAUX (dès son entrée et s’avançant dans la pièce) : Vous l’avez fait ?! Ne me dites pas que c’est vous qui l’avez fait ?! Vous êtes fous ! (elle se fige, silence) Mais… Adrien ? Qu’est-ce que tu fais là ? (elle regarde Léna avec fureur) Tu ne l’as pas mêlé à ça quand même ?! Et où est Jérémie ?
LÉNA : Adrien n’est pas exposé, il n’a pas été vu ni filmé.
MARGAUX : Mais… Bordel, t’es tarée ou quoi ! Pourquoi tu l’as mêlé à ça ?
ADRIEN : Arrête de crier, Margaux ! J’ai choisi de les aider, ils ne m’ont pas forcé.
Margaux va s’asseoir, souffle.
LÉNA (sourcils froncés) : Je te rappelle que c’est ton idée, Margaux.
MARGAUX : Mon idée ?! Mais j’ai dit ça comme ça, enfin ! J’ai dit qu’il n’était pas prêt de se faire assassiner, qu’à la limite vous étiez les seuls à pouvoir l’approcher sans que ses gardes du corps soient là ! Merde, c’était une heure du matin, et on était tous à moitié saouls ! Vous êtes dingues.
LÉNA : Quand tu as joué à imaginer, j’ai compris que tu avais raison. Que c’était possible. C’est tout.
MARGAUX : Oui je t’ai dit « imagine », je ne t’ai pas dit de le faire !
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Eh bien on l’a fait.
Margaux cherche Jérémie du regard et s’arrête sur la porte fermée.
MARGAUX : Jéré est là-dedans ? Mais… Qu’est-ce qu’il fabrique ??
LÉNA : Il refuse de sortir.
ADRIEN : Il est chamboulé. (un temps) Margaux, ils ont trouvé le corps, c’est ça ?
MARGAUX : Oui, et ils disent avoir des suspects. Vous êtes dans une merde noire. Le Groupe ne vous soutiendra pas, il faut que vous disparaissiez du pays. Allume la télé, ils ne parlent que du meurtre.
LÉNA (sèchement) : Non, la télé reste éteinte.
Adrien et Margaux la regardent en silence.
LÉNA : J’en suis pas à m’enfermer dans une chambre, mais je ne veux pas l’entendre, c’est tout. (un temps) Il faut partir, ils vont finir par trouver notre adresse. On n’aurait jamais dû repasser par ici. On devait juste prendre le sac, merde ! (elle cogne contre la porte fermée) Et on est coincé depuis des heures à cause de toi ! Jéré ! Tu entends ? Il faut partir ! (voix étranglée) Sors de là !
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Non.
MARGAUX (d’une voix un peu timide) : Qu’est-ce qui s’est passé là-bas ? Comment vous avez fait ?
Léna la regarde froidement. Adrien s’approche de Margaux, se place derrière la chaise et l’enlace.
LÉNA : Précisément comme tu avais dit. On a repris contact par mail il y a une semaine, en disant qu’on voulait renouer, qu’on avait évolué, qu’on comprenait mieux ses positions et qu’on commençait à partager ses idées. (un temps) Il ne s’est pas méfié très longtemps. Tu imagines bien, ‘La Famille’, ça devait gêner son image publique de ne pas pouvoir poser sur les photos avec ses enfants bien sages. (silence) On a joué la carte de l’enthousiasme exactement comme dans ton plan imaginaire, « on est en bas de chez toi, il est temps de se retrouver ». Il nous a laissé monter, et Adrien a surveillé que le costaud d’en bas restait à sa place. Apparemment notre père avait suffisamment repris confiance pour ne pas lui demander de nous accompagner, la fouille en bas a suffi. Ensuite ça a été très vite. (silence) On croyait que c’était un coup d’essai. Un repérage. Mais non.  On a vu qu’il n’y avait pas de garde du corps dans l’appartement, et on a été au bout, Margaux. (un temps) On s’est assis au salon, j’ai respiré vite en disant que c’était l’émotion des retrouvailles, et Jéré a dit qu’il allait me chercher un verre d’eau. Au bout d’une minute, Papa s’est levé pour aller l’aider, et il a trouvé Jéré sur son chemin, qui sortait de la cuisine, avec le grand couteau à viande. Et puis quelques minutes plus tard, on est sorti par la grande porte. (rire nerveux) On s’est payé le culot de saluer le garde qui faisait le pied de grue devant la porte.
MARGAUX (à voix basse) : Vous êtes fous…
LÉNA : Il fallait se débarrasser de cette ordure.
MARGAUX : Je ne vais pas le pleurer. Mais ils savent que c’est vous. J’avais dit que ça ne marchait pas ! J’avais dit que ça vous obligeait à changer de vie et à disparaître d’ici. Tu te souviens ?
LÉNA : On est prêt à ça. Enfin on l’était. Jérémie ne l’est plus, manifestement.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : On pensait que pour changer le monde, ça valait le coup de changer de vie. On n’avait rien compris.
LÉNA : Non. C’est toi qui ne comprends plus rien. Jéré, tu as tué un tyran en puissance. Les élections sont dans un mois. Il allait les gagner, réinstaurer la peine de mort. On allait basculer dans une dictature légitimée par des élections truquées. Dans son propre parti les gens le trouvent trop radical, et tous ceux qui l’ont dit se sont fait assassiner, tu sais ça enfin !
JÉRÉMIE (à travers la porte) : On s’est trompés, Léna.
LÉNA : Non. Sans les pots de vins, le Clan ne passera pas. Ça ne reposait que sur lui, une moitié sur le charisme de sa folie, une moitié sur la corruption. Sans lui la bulle éclatera au lieu de prendre corps. Merde, on a déjà parlé de tout ça ! Tu étais d’accord !
MARGAUX : Ils vont vous retrouver vite, il faut partir. (se tournant vers Adrien) Nous aussi. Faut pas qu’on nous trouve ici.
LÉNA : Oui. Partir. Jéré, ouvre, on n’a plus le temps.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : On a échoué, Léna.
LÉNA : Arrête ! Parle ou crève, mais… Bordel ! Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
Silence.
JÉRÉMIE (à travers la porte) : Allume la télé, Léna.
ADRIEN (de plus en plus stressé) : On n’a plus le temps, là, faut partir.
Margaux se lève.
LÉNA (triste) : Oui, restez pas là vous deux. C’est dangereux pour vous.
Léna pousse doucement Margaux et Adrien vers la porte de sortie. Silence. Ils se prennent dans les bras les uns les autres en geste d’adieu.
Bruits de verrou qui s’ouvre, la porte de Jérémie s’ouvre. Tous se tournent vers lui.

JÉRÉMIE (dans l’encadrement de la porte) : Il a dit « tu dis que tu es contre la peine de mort et pourtant tu la donnes ». (un temps) Mais je m’en foutais. J’étais prêt à assumer cette contradiction pour que l’avenir s’écrive sans lui.
Silence. Tous le regardent, figés.
JÉRÉMIE (s’avançant vers le salon) : Alors j’ai planté encore le couteau, mais il avait encore la force de parler. Il a dit que demain, il serait devenu un martyr grâce à nous. Que la corruption ne changeait pas les idées des gens et qu’un jour il aurait perdu, mais que grâce à nous il allait gagner. Que le monde qu’il nous laissait en héritage serait exactement celui dont il avait rêvé.
Jérémie allume la télévision.
PRÉSENTATRICE TÉLÉ : …et les conséquences de la mort tragique du leader du parti politique du Clan ne se font pas attendre. La population est d’autant plus choquée que l’hypothèse du parricide se confirme. Les slogans du leader sont scandés dans la rue en faveur du rétablissement de la peine de mort. Les intentions de votes pour le parti explosent dans les sondages. Nous parlions encore la semaine dernière des nombreuses réserves de l’opinion publique sur la dureté du programme du candidat, mais la situation semble se retourner.
MEMBRE DU CLAN (à la télévision) : Cet évènement tragique n’est jamais qu’une piqûre de rappel au climat d’insécurité dans lequel nous vivons. La violence a été intégrée par les jeunes générations, elle est passée dans la norme et assassine au sein même des Familles. J’ai peur. Nous pouvons tous avoir peur car aucune réponse forte n’existe à ce jour pour contrer cela. Dans le paysage politique, seul le Clan propose des solutions concrètes…
Jérémie éteint la télévision.
JÉRÉMIE : J’ai tué mon père, mais pas que lui.
LÉNA (voix étranglée) : On ne pouvait pas savoir. Pourquoi… Pourquoi les gens réagissent comme ça ?
JÉRÉMIE : Il y a de la peur en eux. La force de ce connard, c’était juste de nourrir leur peur. Et nous, on l’a alimentée comme jamais.
Tous quatre s’asseyent, replient leurs genoux contre leurs torses et posent leur tête dessus.
Silence.


FIN

En ligne Luna Psylle

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #1 le: 17 mai 2016 à 14:50:25 »
J'aime beaucoup le thème abordé, même si ce n'est pas vraiment mon domaine.

Au niveau de la forme, j'ai eu cette impression bizarre d'être à mi-chemin entre des tirades courtes, saccadées et d'autres longues, presque explicatives. Il y a un peu des deux dans cette pièce, certes, mais ça m'a laissé un sentiment étrange.

Pas grand chose à dire de plus.

Juste une question : est-ce que Jérémie et Adrien sont frères ? Si c'est le cas, il serait peut-être bien de le noter, car l'interrogation m'a prise jusqu'au bout ^^
If the day comes that we are reborn once again,
It'd be nice to play with you, so I'll wait for you 'til then

Hors ligne extasy

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #2 le: 17 mai 2016 à 21:37:23 »
Hello,

C'est parmi mes textes préférés. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un coup de cœur, mais ça n'est pas lié à toi : en fait je m'aperçois que j'ai vachement du mal avec le genre théâtral, et je ne suis vraiment rentré dans aucun des textes proposés ici. Les seules exceptions c'est celui-là et un autre, où j'ai ressenti quelque chose de vraiment conséquent. Donc tout ça pour te dire que je suis assez hermétique au théâtre (écrit, pas joué), manque d'habitude peut-être.

Mais ça reste quand même l'un des textes où j'ai pris le plus de plaisir à lire.  La fin est chouette.

Merci !

Hors ligne Loïc

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #3 le: 20 mai 2016 à 19:21:45 »
Kou !

Citer
ADRIEN: 21 ans, petit ami de Margaux.

L'espace après Adrien a sauté :mrgreen:

Citer
Léna retourne s’asseoir, lentement. Elle souffle, longuement.

J'vois bien l'effet que tu veux mettre ; mais bof ?

Citer
LÉNA : Allez, Jéré ! Sors de là ! Faut qu’on parte ! (un temps)

Pas sûr de la typo de la didascalie (majuscules, ponctuation ?)

Citer
JÉRÉMIE (sèchement) : Arrête. Tu n’as rien compris.

Quand on connait la suite, et en conclusion de passage, ça manque de force, je trouve.

Citer
ADRIEN (à Léna) : Il devient fou.
LÉNA (à Adrien) : Oui.
ADRIEN (à Léna) : Il a besoin d’aide.
LÉNA (à Adrien) : Je ne sais pas.
ADRIEN (à Léna) : Il a vraiment besoin d’aide.
LÉNA (s’énervant) : Merde, Adrien ! Tu veux que je fasse quoi ? Que j’appelle les pompiers ?

J'aime beaucoup cet échange.

Citer
Jéré, raisonne-toi.

Raisonne-toi, sérieux ?

Citer
Ça ne sert à rien de t’enfermer dans cette chambre. Ça ne change rien. Et il faut partir d’ici.

Sure de garder les négations ?

Citer
le contrecoup d’avoir commis un meurtre, vous pouvez lui demander d’ouvrir la porte ? » ? Nan mais t’es sérieux ?

Trop de ponctuation !
Contrecoup fait pas très oral je trouve.

Citer
LÉNA : Je ne sais pas…

Point simple plutôt qu'une suspension ?

Citer
C’est bon signe s’il lâche son ton neurasthénique.

Tu disais neurasthénique, à 21 ans ?

Citer
: Vous l’avez fait ?! Ne me dites pas que c’est vous qui l’avez fait ?!

Les double ponctuations c'est à bannir u_u

Citer
, et on était tous à moitié saouls !

bourrés plutôt que saouls ?

à partir de l'arrivée de Margaux, tu n'as plus d'italique pour les didascalies.
Et y a des majuscules à remettre dans le monologue de Léna.

Citer
Bruits de verrou qui s’ouvre, la porte de Jérémie s’ouvre. Tous se tournent vers lui.
JÉRÉMIE (dans l’encadrement de la porte) : Il a dit « tu dis que tu es contre la peine de mort et pourtant tu la donnes ». (un temps) Mais je m’en foutais. J’étais prêt à assumer cette contradiction pour que l’avenir s’écrive sans lui.
Silence. Tous le regardent, figés.

j'ai eu l'impression que Margaux et Adrien partaient. Faut ptet régler.

Pfiou !

Beau texte, avec une belle puissance, vraiment entrainant. Les relations entre les persos sont fortes et du coup ça rend vraiment bien j'ai trouvé.
Merci pour la lecture.
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Alestorm

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Hors ligne Rémi

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #4 le: 22 mai 2016 à 18:40:21 »
Salut Milla,

Citer
Léna regarde la porte fermée avec colère, puis désespoir, puis colère, puis elle va s’asseoir.
ça devrait être en italique

Citer
(elle regarde Léna avec fureur)
idem

Citer
Margaux va s’asseoir, souffle.
pareil

Citer
Merde, c’était une heure du matin,
je préfère "il était une heure..."

Citer
Margaux cherche Jérémie du regard et s’arrête sur la porte fermée.
italique

Citer
Adrien et Margaux la regardent en silence.
again

Citer
Léna la regarde froidement. Adrien s’approche de Margaux, se place derrière la chaise et l’enlace.
itou

Citer
LÉNA : Non. C’est toi qui ne comprends plus rien. Jéré, tu as tué un tyran en puissance. Les élections sont dans un mois. Il allait les gagner, réinstaurer la peine de mort. On allait basculer dans une dictature légitimée par des élections truquées. Dans son propre parti les gens le trouvent trop radical, et tous ceux qui l’ont dit se sont fait assassiner, tu sais ça enfin !
peut-être un peu trop expliqué... tout balancer dans une seule réplique c'est too much je trouve, ça fait pas hyper naturel

Citer
(se tournant vers Adrien)
italique

Citer
Jérémie allume la télévision.
italique

Citer
Les intentions de votes pour le parti explosent dans les sondages.
j'imagine que le meurtre a eu lieu quelques heures avant ; ça me semble trop tôt pour des résultats de sondage
D'une façon générale, je me disais "une interview d'un membre du clan serait plus percutante" et effectivement tu l'as mise après. Du coup, alléger l'analyse de la commentatrice me semblerait intéressant, faut laisser le lecteur/spectateur faire un peu de boulot quand même.

Citer
Jérémie éteint la télévision.
italique


Même si l'intrigue est différente, ça m'a fait penser à "Les justes" de Camus. J'ai beaucoup aimé, même si la fin pourrait être plus percutante/subtile encore, ça manque un poil de naturel je trouve. Sinon, la mise en scène, le rythme des scènes, la problématique posée m'ont bien plus. À part quelques bricoles, les dialogues passent super bien (pitêt moins la fin encore une fois).

Vraiment très chouette, merci pour la lecture :)

Tchuss  ;)
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Hors ligne Milla

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #5 le: 22 mai 2016 à 21:17:25 »
Yo !
merci de vos passages !
@luna : non Jérémie et Adrien ne sont pas frères, seulement Léna et Jérémie. Sinon oui y a sans doute un peu trop d'explicatif, pas simple de faire passer toutes les infos juste par les réplique set didascalie ! Mais du coup c'était vraiment un super exercice cette session théâtre :)
@exta : merci  :-[
@Loïc : merci pour les correcs et conseils ! J'ai appris neurasthénique en lisant 'le pingouin' de Kourkov, je crois que j'avais 19 ans  :D  :mrgreen: Margaux et Adrien sont effectivement sur le point de partir, je rajouterait une didascalie pour dire que ça interrompt leur mouvement !
Citer
Pfiou !
j'ai arraché un pfiou !!! 3615#trop la classe  :coeur:
Contente que ça t'ait globalement plu !
@Rémi : faut vraiment que je refasse la mise en forme des italiques, j'en ai zappé plein ^^ Je te rejoins sur le manque de subtilité dans la façon d'insérer les explications, pas simple comme je disais plus haut ! je vais voir pour virer le passage du sondage effectivement :) Merciii et contente que tu ais aimé !

des bises les gens !

Hors ligne Loïc

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #6 le: 22 mai 2016 à 21:21:11 »
Citer
J'ai appris neurasthénique en lisant 'le pingouin' de Kourkov, je crois que j'avais 19 ans

La question est pas tant de connaître (moi c'était Renan Luce) que de l'utiliser :mrgreen:
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Hors ligne Milla

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Re : Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #7 le: 22 mai 2016 à 21:30:25 »
Citer
J'ai appris neurasthénique en lisant 'le pingouin' de Kourkov, je crois que j'avais 19 ans

La question est pas tant de connaître (moi c'était Renan Luce) que de l'utiliser :mrgreen:
oui j'ai bien compris  :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Hors ligne Kwak'

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #8 le: 22 mai 2016 à 23:47:35 »
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3615#trop la classe
Allo 1903 ? On dit plus "3615" depuis la réforme de 2001. just sayin'. Remplace par "hashtag #trop la classe" ou encore "081212 #Trolaclasse". Mais pas 3615. S'il te plait xD
Bout de poussière d'étoile,
Qu'attends-tu pour briller ?

Hors ligne Milla

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Re : Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #9 le: 23 mai 2016 à 12:10:59 »
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3615#trop la classe
Allo 1903 ? On dit plus "3615" depuis la réforme de 2001. just sayin'. Remplace par "hashtag #trop la classe" ou encore "081212 #Trolaclasse". Mais pas 3615. S'il te plait xD
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c'est pas donné à tout le monde d'être à la fois jeune et vieux  :huhu: Comme ces gens qui sont sur le forum à la fois depuis 4 ans et depuis moins d'un mois...  :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #10 le: 27 mai 2016 à 17:02:54 »
Yop milla

Quelques remarque général d'abord
alors formellement, je pense que tu abuses un peu de la didascalie
ex :
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Scène 1 : Léna, Jérémie derrière la porte.

JÉRÉMIE (à travers la porte) : Je te l’ai déjà dit. Je ne sortirai pas.
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JÉRÉMIE (à travers la porte) : Léna, crois-moi, je le sais à ta voix, t’es pas prête à entendre ce que je pense.
Une fois avoir préciser une fois que jeremie parle à travers la porte, tu as pas besoin de le répéter. On comprends. la situation posé ça suffit; la didascalie ça sert surtout à marquer le changement (ou alors un potentielle comique, ou une indiquation précise dans le cas du théâtre de l'absurde de Beckett et tout ça mais je crois que ce n'est pas ton cas ici)
De même le neutre est une pur indication de jeu, je ne crois pas qu'elle soit nécéssaire; Mais si c'esyt important pourtoi, tu peut ne le mettre qu'une fois.
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Faut qu’on parte ! (un temps)

Manque l'italique à un temps
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ADRIEN (à Léna) : Il devient fou.
LÉNA (à Adrien) : Oui.
ADRIEN (à Léna) : Il a besoin d’aide.
LÉNA (à Adrien) : Je ne sais pas.
ADRIEN (à Léna) : Il a vraiment besoin d’aide.
idem, l'adresse elle se comprends, donc pas besoins de le précisez en didascalie.
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Léna regarde la porte fermée avec colère, puis désespoir, puis colère, puis elle va s’asseoir.
Manque l'italique
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(elle regarde Léna avec fureur)
idem


Bref, a part à mon avis le petit trop de didascalie, j'ai vraiment bien aimé, y a de la tension, et même si on imagine  la chute (enfin je m'attendais à un truc comme ça) j'ai toruver la situation " Une fille qui parle à une porte" hyper intérressante. Les dialogues sonnent assez juste donc c'est chouette;

merci pour ce texte

Hors ligne Milla

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Re : [B3] Le monde en héritage
« Réponse #11 le: 29 mai 2016 à 11:32:29 »
yop baptiste !

alors effectivement je me suis posé pas mal de questions sur les didascalies. Mon idée de base, avant de trouver un scénario, c'était d'avoir un perso enfermé derrière une porte pour tout ce que ça amène d'incongruité, d'effet de surprise qd on capte qu'il y a un perso présent mais qu'on ne voit pas, enfin de multiples possibilités quoi. Du coup, j'avais un peu peur qu'à l'écrit le lecteur zappe que le perso n'est pas avec les autres et qu'on perde l'effet. Faut que j'apprenne à faire confiance au lecteur en fait ^^
Mais du coup c'était une chouette première expérience d'écriture de théâtre et je doserai mieux les didascalies la prochaine fois, je pense. D'ici là, je vais en supprimer un paquet ici  :mrgreen:

Sinon cool que ça t'ait plu :)


 


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