[Joachès]

Depuis environ deux semaines je réfléchis beaucoup sur ma façon d’écrire et sur les histoires que j’écris. Ce soir tout à mes réflexions je me suis posé la question sur l’inspiration des membres de ce forum.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

[Robert-Henri D]

Bonjour,

Ce qui m'inspire ?

Personnellement, j'ai pris pour habitude de privilégier l'observation naturelle plutôt que de m'inspirer d'autres auteurs pour créer. Certes, autrefois je lisais énormément, mais parallèlement, j'ai eu la chance, dès mon plus jeune âge, d'avoir accès à d'autres connaissances que celles courantes. C'est donc peut-être en raison de cela que mon être a su percevoir très tôt des détails non informatisés auxquels d'autres gens ne prêtent que peu d'attention.

Et pourtant c'est avant tout en y réfléchissant profondément que je su déverrouiller ces notions innées.

En un sens, il me convient de reconnaitre de la nature profonde qui s'obtient d'une méditation niveau trois qu'elle ouvre des " passages " vers des sources d’intelligence et de créativité qui peuvent permettre de mieux appréhender le pourquoi de l'existence.

Ah, j'allais oublier : attendu le fait que je ne sois en rien adepte du Smartphone, j'ai toujours sur moi un carnet-spirale assorti de son crayon !

[L.F.]

Bonjour !

Question vaste et difficile !

Pour "inspirer" au sens de peupler l'imaginaire en général, je pense qu'il faut à la fois être attentif et sensible au monde dans sa vie quotidienne, et se nourrir de la vision d'écrivains mais, plus généralement, d'artistes.

Pour "inspirer" au sens de fournir un point d'appui à l'écriture d'une scène, d'une description, etc., dans mon cas cela dépendra beaucoup.
Pour décrire un lieu je peux partir d'une photo trouvée sur internet, ou d'un souvenir.
Autre exemple, cette fois pour un personnage : je vais créer une liste des musiques qu'écoute mon personnage, et pour rentrer dans sa peau je l'écouterai.

[Joachès]

Je sais que ce n'est pas une question facile mais en pleine réflexion sur mon écriture je me suis posé cette question personnellement je m'inspire souvent d’œuvres qui m'ont plu et dont j'ai voulu reprendre le style. J'ai ainsi voulu donner une suite au "Vicomte de Bragelonne", faire un récit à la manière du "Seigneur des anneaux", un polar inspiré à la fois des San Antonio et des univers de Michel Audiard et Roger Borniche, reprendre à ma manière le personnage d'Aliénor d'Aquitaine que j'avais adoré dans "Le lit d'Aliénor" de Mireille Calmel, ... . Comme je reconnais avoir écrits des textes qui se voulaient coquins. A l'heure de cette grande réflexion que je mène je me demande s'il est bon de procéder ainsi, s'il n'est pas préférable de trouver mon inspiration propre, dégagée de toute envie de copier ou d'écrire des textes bas. 

[Robert-Henri D]

je m'inspire souvent d’œuvres qui m'ont plu et dont j'ai voulu reprendre le style. A l'heure de cette grande réflexion que je mène je me demande s'il est bon de procéder ainsi, s'il n'est pas préférable de trouver mon inspiration propre, dégagée de toute envie de copier ou d'écrire des textes bas.

D'abord, je crois pouvoir penser que ce type de choix est tributaire d'autres désirs dont notamment celui qui consiste à être commercialisé.

Sinon, et ça n'engage que moi, je dirais que ça peut se révéler en tant que travail pédagogique intéressant. Sauf que ledit travail de fond se voit trop souvent contourné (notamment en poésie dite " libérée " ) par l'usage plus ou moins complémentaire de logiciels de traitement/remaniement de textes qui sont conçus pour ça...

Ainsi, je me suis dit qu'en matière de créativité il faut choisir entre lire et écrire. Ou du moins alterner les périodes dévolues à l'art en les séparant par d'autres études quelque peu différentes ; en un mot : éviter de pratiquer les deux à la fois. Ne serait-ce que pour se départir des autres auteurs(es) en proposant un style d'écriture plus personnel que standardisé.

[Joachès]

Merci pour ta réponse Robert-Henri D.

Du coup une seconde question se fait jour dans mon esprit, qu’est-ce qui vous motive ? Pourquoi avez-vous envie d’écrire ?

[Luna Psylle]

Salut !

La question m'a un peu travaillée, je l'avoue. Comme bien souvent, avec de telles questions, la réponse est toute à la fois simple, compliquée, courte et longue. Et d'ailleurs, au moins pour ce qui inspire, je trouve que la meilleure réponse vient en partie des lecteurs.

Pour l'exemple, Aponiwa a un peu répondu à ce qui m'inspire. Je vais remettre un peu de contexte : lors du Blind Texte, elle m'a dit qu'elle ne retrouvait mes thèmes dans aucun texte, et sur un de mes Tic-Tacs, on a discuté de ces thèmes. Et oui : parler du silence au sein d'une famille, de ces silences qui nous détruisent tous à petit feu, qu'on soit enfant, adulte, fils, fille, papa, maman, vivant ou mort, est un thème qui m'inspire et me motive (je préfère l'image de plane sur) bon nombre de mes écrits, parce que ça fait partie de ma construction d'enfant à adulte et que j'ai besoin de l'exprimer pour mieux la comprendre, mieux me comprendre en un sens ; une sorte de thérapie, j'imagine.

J'aime (kiff et adore !) aussi les paradoxes : la gamine de douze ans, 1m40, toute fine, qui porte d'une seule main sa grosse épée à deux mains qui fait deux (trois) fois sa taille, ou celle qui se fait enlever par des extra-terrestres et hausse les épaules au lieu de hurler. Et du coup, ces personnages me motivent à leur trouver des univers à la hauteur de leur personnalité. Ce qui peut parfois être assez perturbant autant à écrire qu'à lire.

Il y a aussi Lui... Lui, c'est un concept assez particulier. Il est omniprésent dans mes écrits, Il est l'ombre de mes narratrices, Il plane sur mes écrits. Si tu ne Le vois pas dans un texte, dis-toi qu'Il est quelque part derrière. J'ai quelques textes centrés sur des Lui, sur le forum, dans les limbes du forum et en dehors. Lui, Il m'inspire bien des univers, et Il motive bien des histoires... comme un vieux démon, que j'aime de toute mon âme mais que j'ai besoin d'exorciser. Il a le plus souvent un rôle précis, mais comme Il peut en changer, je préfère ne pas Le nommer.

Parfois aussi, il y a des musiques qui m'inspirent, mais elles inspirent plus l'ambiance et le rythme du texte que l'histoire.

Mais en même temps, tous mes écrits ne cochent pas forcément toutes les cases, donc...

Ce qui m'inspire ? Une fulgurance, une journée, une rencontre, un personnage, un rêve, un sentiment à mettre à plat, Lui...
Ce qui me motive ? Passer du temps à quelque chose qui m'est propre, qui n'appartient qu'à moi dans mon cercle proche, que je n'ai pas à partager plus que de raison. Ecrire, c'est ma bulle, mon temps pour moi. Et par extension, ça me motive car ça m'aide à mettre à plat mes pensées, mes tourments, mes imaginaires, mes messages à Lui (oui, encore Lui), pour le principal.

Une bonne journée à tous !

[Robert-Henri D]

Merci pour ta réponse Robert-Henri D.

Du coup une seconde question se fait jour dans mon esprit, qu’est-ce qui vous motive ? Pourquoi avez-vous envie d’écrire ?

Selon un certain Michel Audiard : " C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule ! " (1974) .

Maintenant, on ne naît pas forcément orateur ou oratrice de talent... Or quant à le devenir, c'est pas gagné non plus ! Et puis j'avoue écrire aussi pour objectiver ce que je n'ai pas su exprimer au bon moment.

J'ai commencé par étudier tous les types de poésie tant anciennes que contemporaines afin d'en user au mieux comme support. Et puis après avoir appris à condenser mes pensées, voire même à parfois les abstraire, j'ai voulu au contraire les clarifier. Probablement dans l'espoir de mieux définir certaines réalités qui nous sont parfois autant hostiles que foncièrement altruistes ?  Toujours fût-il que c’est plus certainement l’interaction entre deux formes d'écriture, la poésie et la prose, qui m'a permis d'évoluer dans la pratique des deux genres.

[Joachès]

Ah ce cher Audiard avait le sens de la formule !

Je reconnais que ma première motivation lorsque j’ai commencé à écrire était d’être publié. Je voulais devenir un auteur connu, reconnu, admiré même, puis à défaut d’être reconnu et admiré faire lire mes histoires que je trouvais géniale. Aujourd’hui le melon a bien dégonflé et serait même assez aplati. Faute d’être talentueux et d’avoir des idées réellement originales je ne trouve plus la motivation d’écrire. C’est pourquoi je posais la question sur vos motivations.

[Robert-Henri D]

Faute d’être talentueux et d’avoir des idées réellement originales je ne trouve plus la motivation d’écrire.

Faut pas !

Certes, un comité de lecture juge l'auteur(e) sur la qualité et l'originalité des textes (d'où, pour ce qui concerne le second point, y'a intérêt de ne pas susciter le " déjà lu " !) Et puis sachant que les maisons d'éditions croulent sous les propositions, il est légitime de penser que l'on ne sera jamais choisi parmi les milliers de manuscrits qui se reçoivent chaque année.

Pourtant il n'empêche !

Et puis pour moi écrire, c'est un peu comme jardiner : que la saison s'annonce bonne ou mauvaise, il convient néanmoins de continuer à travailler sa terre si on souhaite l'améliorer. Ne serait-ce que pour en obtenir, outre un certain équilibre de vie, au moins de l'autosatisfaction.

[VertCarmin]

Joachès, j'ai ressenti une pointe d'amertume dans tes propos. Peut-être devrais-tu en faire un texte ? Je pense qu'intérieurement, nous avons tous cherché, à un moment ou à un autre, la reconnaissance des autres. C'est tout à fait normal, rien ne nous interdit de rêver grand. Cependant, l'ambition en art peut être dangereuse. Elle peut très vite t'enfermer dans un style ou dans un autre. C'est quelque chose que j'ai connu en peinture. Plus j'enrichissais mes connaissances, moins j'arrivais à créer... Pour moi, c'était un comble. En réalité, je n'arrivais plus à me détacher de l'existant et finalement, on peut être un excellent technicien sans être créatif pour autant.

Par frustration, j'ai arrêté de peindre pendant dix ans, me coupant au maximum du monde de l'art, ne visitant que quatre ou cinq expositions par an. Récemment, j'ai enfin pu recommencer à peindre, libéré de nombreuses contraintes que je m'imposais auparavant. Finalement, je ne deviendrai probablement jamais célèbre, mais ce n'est plus ma motivation. Mes créations me correspondent mieux, libérées de ce poids pesant. J'ai touché quelque chose d'essentiel pour moi : je ne dois pas créer pour être célèbre, je dois créer pour me libérer.

Pour l'écriture, j'utilise la même démarche. Lorsque je lis un livre très vite, je n'arrive plus à écrire car je suis enfermé dans l'univers d'un autre. Bien sûr, cela me peine toujours lorsque je reçois une critique acerbe sur une création, mais je passe vite à autre chose.

Quant à l'inspiration, j'ai un fichier vrac sur mon téléphone. Souvent, des mots me viennent à l'esprit et je les retranscris dans ce fichier. Certains moments, j'ouvre ce fichier et j'assemble les mots, me laissant porter par certaines expressions ou métaphores pour voir où cela me conduit. J'ai vite remarqué que mon esprit prenait souvent les mêmes chemins et que certains sujets étaient récurrents. Cela m'interroge sur moi-même et sur cet inconscient qui guide ma création.

[Glaçon]

Deux choses de manière générale : ce qui fut longtemps caché avant d'être révélé, et ce qui en impose éminemment dans le grand ou dans le bas. Bref, là où il y a du mystère, de la ferveur ou du malheur. Je crois que la littérature doit à la fois révéler et juger l'homme, un peu à la manière d'une religion.
Faire découvrir ce que l'on a vu, suggérer ce que l'on n'a pas vu, découvrir les splendeurs et misères des uns des autres (ça peut être très matériel comme très spirituel).

J'aime particulièrement l'idée d'extraire la générale loi humaine d'une affaire particulière, la gestion de l'ordinaire et de l'extraordinaire dans un même tableau.

[Joachès]

Merci pour vos réponses.

C'est vrai Vert Carmin que je suis amer,. Quand je me dis que j'ai travaillé pendant 20 ans pour un résultat aussi médiocre cela me désespère et me rend amer. Ton idée d'en faire un texte n'est pas mauvaise. Je vais y réfléchir.
Peut-être qu'il faudrait que je me coupe aussi des livres provisoirement. C'est bête avec la cinquantaine de livres qui m'attendent sur la liseuse .

Je pensais en effet à prendre un cahier ou calepin pour à noter mes idées.

[Robert-Henri D]

Je crois que la littérature doit à la fois révéler et juger l'homme, un peu à la manière d'une religion.
Faire découvrir ce que l'on a vu, suggérer ce que l'on n'a pas vu, découvrir les splendeurs et misères des uns des autres (ça peut être très matériel comme très spirituel).

J'aime particulièrement l'idée d'extraire la générale loi humaine d'une affaire particulière, la gestion de l'ordinaire et de l'extraordinaire dans un même tableau.

Je le pense aussi, mais à ceci près qu'il convient peut-être alors d'user d'arguments qui s'avèrent plus philosophiques que dogmatiques.

[Glaçon]

Je crois que la littérature doit à la fois révéler et juger l'homme, un peu à la manière d'une religion.
Faire découvrir ce que l'on a vu, suggérer ce que l'on n'a pas vu, découvrir les splendeurs et misères des uns des autres (ça peut être très matériel comme très spirituel).

J'aime particulièrement l'idée d'extraire la générale loi humaine d'une affaire particulière, la gestion de l'ordinaire et de l'extraordinaire dans un même tableau.

Je le pense aussi, mais à ceci près qu'il convient peut-être alors d'user d'arguments qui s'avèrent plus philosophiques que dogmatiques.

A mon humble avis la philosophie est un leurre autrement plus grossier que n'importe quel précepte issu des religions (qui est reflet d'une certaine sagesse d'un âge d'homme, issu d'une somme d'expériences). La lecture des plus grands (type Spinoza, Kant) représente un défi intellectuel, c'est assurément stimulant, mais la conclusion ne vaut jamais grand chose, et n'apprend carrément rien sur l'homme en comparaison du moindre mythe fondateur (ne serait-ce que le Paradis perdu).

D'ailleurs c'est amusant mais, ces derniers temps, j'ai coutume de parler de "frivolité" pour désigner toute création qui ne soit pas pure littérature tendant à l'édification d'un mythe fondateur. La philosophie est pour moi la frivolité par excellence, et le roman et la tragédie les genres supérieurs.
Quatre-cent pages de l'Ethique pour concevoir que nous vivrions dans un monde où un dépendrait de tout à travers une chaîne causale, mais que nous serions libres malgré cela...