Poésie à destination des enfants à la base, pour apprendre à aimer courir après tous les mystères.
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La lettre
Un matin,je reçois une lettre.
D'où vient-elle ? Du Ciel peut-être ?
C'est mon grand-père qui m'écrit :
« Avant de partir, mon cher petit,
J'ai quelque chose à te dire :
Il est un voyage dont il ne faut revenir
Que si l'on a trouvé
ce que l'on est venu chercher.
Ce voyage aujourd'hui tu dois l'entreprendre
Car on n'a qu'aujourd'hui pour apprendre !
Pars, et remue ciel et terre
Mais trouve la clef de ce mystère ! »
Alors un matin où tout était gris
Je suis parti.
Je suis allé dans les grandes villes
et j'ai visité toutes les îles
J'ai aimé les gratte-ciels, un peu moins la fumée
Adoré la plage à l'ombre des cocotiers.
Mais je n'ai pas trouvé
Ce que j'étais venu chercher.
J'ai escaladé les plus hautes montagnes
Me suis perdu aussi dans la campagne
J'ai aimé le parfum des épis
La neige et les plaines riantes et jolies.
Mais je n'ai pas trouvé
Ce que j'étais venu chercher.
J'ai décidé d'ouvrir les livres
Et j'étais comme un bateau ivre
Ballotté par les rimes et les contes
Les romans et l'Histoire qu'on raconte.
Mais je n'ai pas trouvé
Ce que j'étais venu chercher.
Alors je suis allé rencontrer les gens,
Les danseurs, les livreurs et les artisans
Les professeurs et les réparateurs,
Les rois et les inventeurs
Je leur ai demandé
Ce que j'étais venu chercher.
Mais aucun n'a pu me dire
Ce qu'au fond mon cœur désire.
Pourtant cela doit être précieux
Puisque Papy était un homme heureux !
Comme j'avais déjà longtemps cherché sur la terre
J'ai décidé de partir dans les airs.
J'ai pris un avion et j'ai sauté en parachute
Mais cela me m'a pris que deux ou trois minutes
Pour me retrouver de nouveau sur la terre
Aussi ignorant du mystère.
Alors j'ai pris une montgolfière
Et le vent qui souffle fort à l'arrière
M'a entraîné dans sa danse
Avec toute sa puissance.
J'ai fait le tour du globe terrestre,
Parcouru le ciel gigantesque.
J'ai compris depuis là-haut,
Combien le monde est beau.
Et qu'il est grand aussi
Aussi grand que l'infini !
Tellement que je ne peux l'embrasser
Je suis donc redescendu, un peu embarrassé...
Ai-je trouvé
Ce que j'étais venu chercher ?
Je suis rentré chez moi
Et là, tout près de moi,
J'ai entendu une petite voix :
« Cherche encore, dit-elle, et tu trouveras ! »
Je me suis donc assis
Calmement sur mon lit.
J'ai fermé la porte soigneusement
Et je n'ai rien dit, j'ai attendu patiemment.
C'est en prenant une grande inspiration
Que je me suis retrouvé soudain tout au fond.
Au fond de mon cœur
Dans l'épaisseur du silence
J'ai trouvé le bonheur
La paix et la confiance !
J'ai découvert un monde vraiment enchanté
Valait-il plus ou moins que le monde entier ?
Cette question je ne l'ai pas posée
Le voyage ne fait que commencer !
Car quand j'ai enfin compris
Que ce monde est aussi infini
J'ai en même temps saisi
Qu'il n'a pas de prix !
Ainsi pour partir il faut parfois rentrer
S'envelopper de silence jusqu'à écouter.
Et l'on découvre alors
Tant et tant de trésors !
Quand l'on veut repartir
C'est pour les partager
Échanger dans un rire
Chansons et baisers
Avec tous ces gens tantôt rencontrés :
Les gentils, les pédants,
Les drôles, les méchants,
Les grands cœurs, et ceux un peu ratatinés !
Tout au fond de mon cœur,
Caché dans ce mystère
J'ai vu, perdu dans l'infini
Le visage de mon grand-père.
J'ai vu qu'il m'a souri.
Un matin, j'ai reçu une lettre.
D'où venait-elle ? Du Ciel peut-être ?...
