Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

29 mars 2024 à 09:32:55
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » T40-Firmament

Auteur Sujet: T40-Firmament  (Lu 4475 fois)

Hors ligne Chapart

  • Calame Supersonique
  • Messages: 1 648
T40-Firmament
« le: 18 août 2018 à 10:45:45 »
Firmament


Je vous vois mais vous ne me voyez pas.

Vous êtes nombreux, pourtant, à vous attarder derrière la baie vitrée pour contempler les vagues qui s'effritent sur les rochers. Lorsque je ne me souviens pas vous avoir croisé auparavant, ma curiosité me pousse à mieux vous observer ; souvent, vous me donnez l'impression de regarder la mer pour la première fois. D'autres n'y font même plus attention. Vous ne trouvez pas ça curieux ? Comment demeurer insensible aux mouvements en apparence similaires, pourtant sujets à d'infimes variations, de l'épiderme marin ?

Dix fois, vingt fois, cent fois vous passez, sans jamais remarquer ma présence. Parfois, vous prenez place à la table et vous oubliez la mer le temps d'un apéritif, d'un repas ou de quelques rires en famille. Parfois, c'est seul que vous y venez pour prendre le temps, quelques instants, de faire face à l'immensité. J'aime particulièrement vous épier dans ces moments-là. Votre calme, votre silence aussi. La mer qui vous recentre, comme si elle absorbait vos préoccupations, reléguant en arrière-boutique tout ce qu'une vie peut laisser comme agrégats. Je me surprends à me dire que ce décor de latence et de non-dits vous laisse une impression voisine de celle qui m'habite en permanence. J'aime le croire. Même si je me doute que, vous et moi, nous ne fonctionnons pas tout à fait de la même manière.

Il arrive qu'après un flash, vous me dévisagiez furtivement, l'espace d'une seconde trop courte pour vous faire prendre conscience de mon existence et de la torture qu'on m'inflige. Hélas, je ne vivrai pas assez longtemps pour vous voir vieillir ni grandir. Le jour de ma mort sera le seul où vous me remarquerez vraiment. Un éclair, susceptible d'arriver à tout moment, sans aucun signe avant-coureur. Puis, vous n'y penserez plus. Mes semblables et moi sommes si communs. Bien trop anodins, si vite remplacés.

Vous trouvez que je me plains trop ? C'est vrai, c'est bien malvenu de ma part. Certains de mes congénères ont eu moins de chance que moi au moment de leur affectation. Ils logent dans une vieille cuisine où, au fil des jours, les relents gras finissent par éroder la transparence qui les enveloppe, ou dans une cave humide qui, si elle limite leurs heures de supplice, ne leur offre pas beaucoup de distraction ; ou encore, les voilà enguirlandés en pleine rue, en proie aux intempéries, aux maladresses de la foule ! Pour eux, impossible de s'émerveiller des multiples visages de l'océan qui, certes réfractés, s'offrent à moi quotidiennement. Impossible de s'enivrer de ce bleu qui avale les rayons du soleil pour se laisser diluer en un gris à la luminosité féérique, vous savez, un gris comme celui des épis irisés qui percent les nuages après la pluie un jour de déluge. Impuissants, tous se contentent d'espérer une mutation qui ne viendra sans doute jamais.     

Laissez-moi vous en dire un peu plus. On m'a privé d'atmosphère, il y a très longtemps. Je ne respire pas. Je me contente de frémir. Une vibration aussi violente qu'une électrocution, qui m'épuise. Si vous étiez attentifs, ou si vous vous ennuyiez vraiment, peut-être l'entendriez-vous fendre l'air comme une mouche lointaine — les choses ont été bien faites pour que mon calvaire reste silencieux. 

L'été me laisse un peu de répit. Soudainement, c'est comme si ma vie se trouvait prolongée. Le risque d'une rupture qui me serait fatale, diminué. Parfois, le soir, vous allumez une bougie. La lueur clignotante qui ondule doucement sur l'encre d'une nuit d'été, c'est pour moi comme un sursis, mieux, un caramel au beurre salé, plein d'euphorie je déguste ces quelques instants où le temps cesse de me condamner. Je ne crois pas au paradis, ni à l'enfer d'ailleurs. Pourtant, quand je vois cette flamme chatouiller l'air, déformer la nuit, j'ai l'impression que le temps s'arrête, que les secondes disparaissent, que mes articulations s'allègent, s'effacent. Tout le monde se tait souvent à la lueur d'une bougie, c'est alors le son de la mer seul qu'on entend. Lui aussi, toujours un peu différent. Notre esprit pourtant s'avère trop étriqué pour emmagasiner de telles fluctuations, dans notre tête c'est un chablon, un bruit fixe, que l'on associe au remous des vagues et à son écho sur les falaises. L'écouter lorsque les silences des discussions le permettent, c'est comme redécouvrir quelque chose d'oublié.

Quand le soleil se lève, quand cette boule incandescente à travers les deux vitrages m'apparaît, mon corps en quelques secondes se réchauffe. Le reste du temps, je ne peux pas me plaindre d'avoir froid ; il n'y a pas d'air ici. Pas de frissons possibles ! Tout au plus, la nuit, mon corps se raidit-il un peu, le noir petit à petit fait descendre la température de la fine colonne vertébrale qui me constitue. Mais très vite le jour revient. C'est dans cette chaleur, douce, sans danger, que la majorité de mes journées commence. Les soirées, hormis celles où la bougie m'épargne, sont plus pénibles. Je sais que c'est là que je risque le plus. À chaque fois, mes tendons se dessèchent un peu plus. Mais lorsque l'astre me transmet ses rayons, stimulant mes membres engourdis avant de s'élever dans le ciel et disparaître de ma vue, alors je me dis que c'est un jour de plus.

Un jour de plus à observer la mer. Je rêve de la voir se mettre en mouvement. Je rêve de voir un matin la mer s'agiter en contrebas, une colonne d'eau s'enrouler sur elle-même et monter vers le ciel, défiant toutes les lois de la physique, promesse d'une fin du monde qui annihilerait tout en même temps que moi. Ou plutôt, tout sauf moi. Avant moi. Un vent anormalement violent, des vagues qui viendraient s'écraser contre la vitre, un déferlement aquatique d'origine inconnue, qui ferait monter le niveau d'eau, fouettant le verre sans empathie, jusqu'à le rompre et inonder le rez-de-chaussée. J'entendrais ces cris, vos cris, puis plus rien, vous vous seriez tous sauvés sans prendre garde à moi, pourtant je ne vous en voudrais pas, tremblant de joie devant la vie nouvelle que je verrais s'esquisser, s'immiscer, sans plus de doute possible, et qui me rendrait justice. L'humidité s'insinuerait comme une levure dans l'atmosphère, quelques gouttes viendraient troubler ma transparence de quelques cercles concentriques, myriades d'yeux qui refléteraient quelques pigments de la mer devenue émeraude dans sa colère. Une superposition de formes qui renverraient, éventuellement renversée, l'image des vagues et de leur danse macabre, l'image des vagues qui l'une contre l'autre s'écrasent comme des timbales, fragments d'un orchestre marin qui par sa tarentelle enfiévrée viendrait annoncer la fin. Votre fin. 

Car cette fin, pour moi, serait bien différente de celle qui m'attend. Plutôt que de me rompre en émettant un petit cri qui vous aurait fait sursauter, avant que vous ne retourniez à votre mille-feuilles après avoir balancé mon corps sans vie dans un vieux carton et vous être rendus coupables de l'éclatement de mon bouclier, cette charge violente qui au quotidien me brûle et m'use n'aurait plus accès à ma rudimentaire ossature, anéantie à tout jamais alors que le niveau d'eau ne cesserait de monter, jusqu'à venir lécher ma calotte puis l'englober sans toutefois risquer de la fendre. Un bleu des profondeurs s'offrirait alors à ma vue, me projetant aux premières loges pour admirer la vie sous-marine, ce monde de lenteur apparente que je n'aurais jamais soupçonné. Ma transparence peut-être perdrait lentement sa pureté, quelques algues petit à petit éliraient domicile sur le verre qui me protège, me plongeraient doucement dans le noir, laissant les éclats de bleu se faire de plus en plus feutrés. Un jour peut-être, un crabe un peu trop décidé viendrait rompre mon enveloppe ; ce n'est qu'à ce moment, après une vie passée à l'observer, que je découvrirais véritablement l'eau et sa caresse froide, sa douceur lisse qui me ferait cadeau d'un dernier frémissement bien différent de celui que la brûlure autrefois m'imposait quotidiennement. 

Moi, le filament, j'aurais trouvé mon firmament.
     
« Modifié: 22 septembre 2018 à 10:41:39 par Mout »

Hors ligne Chouc

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 746
  • Chourlotte Brontë
Re : T40-Firmament
« Réponse #1 le: 19 août 2018 à 17:20:14 »
Bonjour Mout !

Au fil du texte :

Citer
incertaine - les choses ont été bien faites pour que mon calvaire reste silencieux. 
Ici il faut un tiret semi-cadratin, il me semble (c'est dire s'il n'y a pas grand chose à relever dans ton texte !)

Citer
très vite mon corps se réchauffe. Le reste du temps, je ne peux pas me plaindre d'avoir froid ; il n'y a pas d'air ici, pas de frissons possibles. Tout au plus, la nuit, mon corps se raidit-il un peu, le noir petit a petit fait descendre la température de la fine colonne vertébrale qui me constitue. Mais très vite le jour revient.
C'est pas la pire répétition du monde des répétitions, mais elle me semble évitable  ;).

Citer
A chaque fois,
Il manque l'accent sur le A.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.




J'ai kiffé  :coeur:

Parfois les phrases étaient un peu trop longues et/ou un rien trop alambiquées à mon goût, mais j'ai kiffé quand même. C'est admirablement écrit, ça transpire la poésie, c'est à la fois doux et lancinant... Bref, j'adhère. Très fort.  :coeur:

Merci beaucoup pour le partage et pour ta participation, petit Mout.

A bientôt !
Tel esprit qui croyait se pendre.

Hors ligne Rémi

  • ex RémiDeLille
  • Modo
  • Trou Noir d'Encre
  • Messages: 10 111
Re : T40-Firmament
« Réponse #2 le: 20 août 2018 à 18:23:56 »
Salut Mout :)

Le détail :

Citer
si elle possède la vertu de d'accroître leur espérance de vie,
ptit bug

Citer
le noir petit a petit fait descendre la température de la fine colonne vertébrale
petit à petit

Globalement (^^)

J'ai bien aimé, certains passages sont bien jolis. Parfois un peu trop romantique ou un peu "forcé" à mon goût, mais évidemment, ça, c'est une histoire de lecteur.

A+
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Hors ligne Become

  • Calliopéen
  • Messages: 400
Re : T40-Firmament
« Réponse #3 le: 21 août 2018 à 13:55:04 »
 :coeur: :coeur:

Coucou :) j'ai bien aimé ce texte, c'était chou et mignon.

La chute me plaît, je la trouve adaptée. J'ai beaucoup aimé les 2 derniers paragraphes, les descriptions de la mer, le déchaînement des éléments puis pouf le rythme qui retombe doucement sur la vitre bien calée dans la mer.

C'est intéressant aussi la dénomination des personnages, de la famille dans la maison, le "vous" tout le long du texte. On dirait que le narrateur s'adresse au lecteur et ça rend l'histoire plus accessible, plus facile de s'identifier au narrateur.

Au plaisir :)
Vivons d'humour et de crème fraîche

Hors ligne Chapart

  • Calame Supersonique
  • Messages: 1 648
Re : Re : T40-Firmament
« Réponse #4 le: 21 août 2018 à 15:56:38 »
Salut Chouc, merci beaucoup pour ton retour sur mon texte, ça fait plaisir que tu aies apprécié. J'ai modifié là où tu as relevé des erreurs et supprimé la répétition. 


Citer
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Salut Rémi, merci pour ton passage et ton relevé de coquilles, il en reste toujours  ><. J'ai corrigé.

Globalement (^^)

J'ai bien aimé, certains passages sont bien jolis. Parfois un peu trop romantique ou un peu "forcé" à mon goût, mais évidemment, ça, c'est une histoire de lecteur.

Merci pour ça aussi. Je ne sais pas si j'ai volontairement cherché à faire quelque chose de romantique, comme quoi  :D . Par contre, je ne sais pas trop comment modifier mon texte en fonction de ta dernière remarque, car je ne sais pas exactement ce que tu entends par "forcé" ni à quels passages du texte ça se réfère  :-[ , peut-être qu'un exemple de phrase où tu as ressenti ça m'aiderait à mettre le doigt sur ce qui cloche et réfléchir à éventuellement modifier le texte en conséquence.

Bonjour Become, Merci pour ton commentaire, ça fait plaisir que tu aies apprécié.


Encore merci à tous  :) :)

Hors ligne Rémi

  • ex RémiDeLille
  • Modo
  • Trou Noir d'Encre
  • Messages: 10 111
Re : T40-Firmament
« Réponse #5 le: 21 août 2018 à 17:06:25 »
Salut Mout !

Citer
peut-être qu'un exemple de phrase où tu as ressenti ça m'aiderait à mettre le doigt sur ce qui cloche et réfléchir à éventuellement modifier le texte en conséquence.


Alors, je ne dis pas que ça cloche, j'ai dit "Parfois un peu trop romantique ou un peu "forcé" à mon goût, mais évidemment, ça, c'est une histoire de lecteur."

Ici :
Citer
les vagues qui s'effritent sur les rochers.
le verbe effriter, pour une vague, je trouve ça un peu forcé

Citer
Demeurer insensible aux mouvements en apparence similaires, mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons, de l'épiderme marin.
là, c'est un peu trop riche pour moi, surtout pour une phrase non verbale

Citer
Ils sont contraints de siéger dans une vieille cuisine
le verbe "siéger", pour ton "personnage" ne me semble pas adapté

Citer
ou encore, les voilà enguirlandés en pleine rue, en proie à l'humidité, aux intempéries, aux maladresses de la majorité.
ici, c'est "majorité" qui est étrange pour moi

Citer
Contrairement à moi, ils n'ont pas le loisir de s'émerveiller des multiples visages du territoire marin qui, certes réfractés, s'offrent à moi quotidiennement.
ici, c'est un peu trop complexe à mon goût,
tu as  une répétition de "à moi"
et les "visages du territoire marin", c'est une image trop poussée (pour moi, encore une fois)

Citer
Ils ne pourront jamais s'enivrer de ce bleu qui, régulièrement, se nourrit des rayons du soleil pour se laisser diluer en un gris à la luminosité féérique, vous savez, un gris comme celui des gerbes irisées qui percent les nuages après un déluge.
là aussi, le bleu qui se nourrit des rayons pour se laisser diluer, c'est trop "romantique" pour moi (trop sensible)

Un dernier exemple :
Citer
La lueur clignotante qui ondule doucement sur l'encre d'une nuit d'été,
pour moi, "clignotante" + "doucement" + l'image de l'encre, ça fait trop.
Mais je comprends tout à fait que tu aimes et que certains lecteurs kiffent ^^




Encore une fois, c'est une question de goût. Pour te donner une idée, un des livres que j'ai eu le plus de mal à finir, c'est " les Souffrances du jeune Werther ".

Voilà, tu as le temps d'avoir d'autres avis. Je le redis : j'ai bien aimé.

A+
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Hors ligne Loïc

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 8 795
  • Prout
Re : T40-Firmament
« Réponse #6 le: 26 août 2018 à 23:00:00 »
Salut Mout !

Citer
Là où d'autres n'y font même plus attention.

Le "là où" ne me semble pas vraiment adapté derrière un point, dans ce contexte. (Je crois que je ne trouve pas ça très beau). Je pense que tu peux le supprimer sans perdre le sens et en donnant plus de poids à la phrase.

Citer
Quel dommage ! Demeurer insensible aux mouvements en apparence similaires, mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons, de l'épiderme marin.
La deuxième phrase, sans verbe conjugué, sonne très mal. La solution la plus évidente serait de remplacer "!" par un "de", mais ça ne me satisfait pas non plus. En tout cas, ça peut difficilement rester en l'état à mon sens.

Citer
l'espace d'une fraction de seconde faisant suite à un flash,

"faisant suite" c'est pas très beau. "Après" ?

Citer
Parfois vous y venez seul et prenez le temps,

le "y" ne peut reprendre la baie vitrée, bien trop loin dans le texte.


Sur le global, l'absence d'histoire m'apparait assez problématique. Tout le texte est une contemplation, avec comme but final la révélation de l'identité du narrateur. Du coup sur une telle longueur, c'est assez lassant, surtout qu'il n'y a rien d'autre qui accroche vraiment.
Au niveau de l'écriture, il y a pas mal de répétitions de forme (plus que de mots) je trouve.

Visiblement, d'autres ont aimé, mais ça n'est pas pour moi.
"We think you're dumb and we hate you too"
Alestorm

"Les Grandes Histoires sont celles que l'on a déjà entendues et que l'on n'aspire qu'à réentendre.
Celles dans lesquelles on peut entrer à tout moment et s'installer à son aise."
Arundhati Roy

Hors ligne Chapart

  • Calame Supersonique
  • Messages: 1 648
Re : T40-Firmament
« Réponse #7 le: 27 août 2018 à 11:35:11 »
Bonjour Rémi, merci beaucoup pour tes précisions ! Je vois mieux ce que tu veux dire. Je crois que j'ai envie de garder les vagues qui "s'effritent", et quelques autres phrases que tu as trouvées un peu trop romantiques, par contre j'ai tenu compte de certaines de tes remarques:

Citer
Demeurer insensible aux mouvements en apparence similaires, mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons, de l'épiderme marin.
là, c'est un peu trop riche pour moi, surtout pour une phrase non verbale

remplacé par "Là où d'autres n'y font même plus attention, demeurant insensibles aux mouvements en apparence similaires, mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons, de l'épiderme marin." (j'ai fusionné les deux phrases, et retiré "quel dommage").

Citer
Ils sont contraints de siéger dans une vieille cuisine
le verbe "siéger", pour ton "personnage" ne me semble pas adapté

tout à fait, j'ai remplacé par "Ils croupissent dans une vieille cuisine"

Citer
ou encore, les voilà enguirlandés en pleine rue, en proie à l'humidité, aux intempéries, aux maladresses de la majorité.
ici, c'est "majorité" qui est étrange pour moi

Je suis d'accord, j'ai remplacé "majorité" par foule.

Citer
Contrairement à moi, ils n'ont pas le loisir de s'émerveiller des multiples visages du territoire marin qui, certes réfractés, s'offrent à moi quotidiennement.
ici, c'est un peu trop complexe à mon goût,
tu as  une répétition de "à moi"

J'ai supprimé "Contrairement à moi" en début de phrase.

Merci beaucoup d'avoir le temps d'apporter quelques précisions.

Bonjour Loïc, je suis désolée que tu n'aies pas du tout accroché  :(

Citer
Là où d'autres n'y font même plus attention.

Le "là où" ne me semble pas vraiment adapté derrière un point, dans ce contexte. (Je crois que je ne trouve pas ça très beau). Je pense que tu peux le supprimer sans perdre le sens et en donnant plus de poids à la phrase.

Je n'ai pas vraiment trouvé de remplacement, je trouve que le supprimer casse le rythme. Mais je garde cette remarque en tête.

Citer
Quel dommage ! Demeurer insensible aux mouvements en apparence similaires, mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons, de l'épiderme marin.
La deuxième phrase, sans verbe conjugué, sonne très mal. La solution la plus évidente serait de remplacer "!" par un "de", mais ça ne me satisfait pas non plus. En tout cas, ça peut difficilement rester en l'état à mon sens.

C'est vrai, ça a été modifié (voire la remarque de Rémi plus haut)

Citer
l'espace d'une fraction de seconde faisant suite à un flash,

"faisant suite" c'est pas très beau. "Après" ?

Là aussi, je trouve que mettre 'Après' casse le rythme. Faisant suite n'est pas très beau, mais il y a un jeu dans le texte entre vocabulaire plus soutenu, voire carrément administratif (mutation, affectation, etc.). Comme le texte se veut déjà plutôt poétique j'avais peur d'en faire trop.

Citer
Parfois vous y venez seul et prenez le temps,

le "y" ne peut reprendre la baie vitrée, bien trop loin dans le texte.

C'est vrai ! J'ai modifié en "Parfois vous venez seul".

Sur le global, l'absence d'histoire m'apparait assez problématique. Tout le texte est une contemplation, avec comme but final la révélation de l'identité du narrateur. Du coup sur une telle longueur, c'est assez lassant, surtout qu'il n'y a rien d'autre qui accroche vraiment.
Au niveau de l'écriture, il y a pas mal de répétitions de forme (plus que de mots) je trouve.

Visiblement, d'autres ont aimé, mais ça n'est pas pour moi.[/justify]


Le texte se veut en effet plutôt contemplatif (mais je n'ai pas cherché à y mettre que de la contemplation). Par contre, "absence d'histoire" m'a paru exagéré, il y a une histoire derrière, simplement elle est limitée. Je m'étais plus attaché à la façon de dire les choses, à rechercher un ton, en espérant prendre le lecteur par une dimension plutôt poétique, en l'interpellant, etc., que par l'histoire (je ne sais pas si c'est "problématique" en soit, c'est juste un choix d'écriture, ça plaît à certains et pas à d'autres, comme tout). Du coup, à moins d'écrire un texte complètement différent, je ne vois pas très bien comment je pourrais changer cet aspect-là, on a peut-être juste des attentes différentes sur ce point-là  :) . En revanche, il y a d'autres choses sur lesquelles j'ai l'impression que je pourrais travailler : dans ta remarque globale, tu relèves beaucoup (en fait uniquement  :D) des choses négatives sur le texte, certaines sur la forme, mais je ne sais pas très bien comment en tenir compte, parce que ton commentaire est très court et tu ne donne pas d'exemple. Par exemple

Au niveau de l'écriture, il y a pas mal de répétitions de forme (plus que de mots) je trouve.

là je ne vois pas à quoi tu fais référence, peut-être parce qu'à force de lire le texte je ne vois plus ce qui y est répétitif  :-[ ; si jamais tu repasses et que tu arrives à me donner un exemple où ça intervient dans le texte, je pourrais retravailler cet aspect  :)

Merci beaucoup à tous les deux !

Hors ligne Loïc

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 8 795
  • Prout
Re : T40-Firmament
« Réponse #8 le: 28 août 2018 à 19:07:14 »
Merci de tes réponses ! (Qu'on soit d'accord ou pas).

Citer
Je n'ai pas vraiment trouvé de remplacement, je trouve que le supprimer casse le rythme. Mais je garde cette remarque en tête.

C'est rigolo, je trouve que justement, "là où" donne un rythme complètement bancal à la phrase ^^

Citer
Là aussi, je trouve que mettre 'Après' casse le rythme. Faisant suite n'est pas très beau, mais il y a un jeu dans le texte entre vocabulaire plus soutenu, voire carrément administratif (mutation, affectation, etc.). Comme le texte se veut déjà plutôt poétique j'avais peur d'en faire trop.

Tsss tsss, dans l'administration on n'écrit pas "faisant suite", normalement  ;D

Sur les répétitions de formes, il me semble (je reparcours vite fait pour vérifier) qu'il y a peu de vrais changements de rythmes, de cassures, d'accélérations. Et il y a ce type de constructions :

Citer
Parfois vous prenez place à la table et vous oubliez la mer le temps d'un apéritif, d'un repas, de quelques rires en famille. Parfois vous y venez seul et prenez le temps, quelques instants, de faire face à l'immensité, debout devant la vitre.

qu'on voit vraiment beaucoup dans le texte, avec des petites énumérations. Pas mal de constructions avec "parfois" aussi (cinq occurrences tout de même).

Mais effectivement, je pense que notre principal divergence est que je n'ai pas du tout été pris par la poésie du texte duquel je suis resté totalement extérieur.

En espérant avoir pu t'aider un peu mieux.
"We think you're dumb and we hate you too"
Alestorm

"Les Grandes Histoires sont celles que l'on a déjà entendues et que l'on n'aspire qu'à réentendre.
Celles dans lesquelles on peut entrer à tout moment et s'installer à son aise."
Arundhati Roy

Hors ligne Moutjfjs

  • Tabellion
  • Messages: 50
Re : T40-Firmament
« Réponse #9 le: 03 septembre 2018 à 17:48:34 »
Bonjour,

une nouvelle, une vraie avec une chute (donc pas une histoire). Tout ce que j'aime. Et j'ai cherché et bien cherché mais qui pouvait bien parler.
Et quand je ne trouve pas, ça me plaît.
Bravo pour la trouvaille.

à bientôt



Hors ligne Chapart

  • Calame Supersonique
  • Messages: 1 648
Re : T40-Firmament
« Réponse #10 le: 08 septembre 2018 à 11:34:55 »
Bonjour Loïc, merci pour ton retour plus détaillé  :). J'avais essayé d'accélérer sur la fin avec des phrases plus longues, mais ça n'a peut-être pas marché. Sur "parfois", il y en a un qui m'a paru de trop en effet, dans

"C'est pourquoi, l'écouter lorsque les silences des discussions parfois le permettent"

je l'ai enlevé. Il y a pas mal d'énumérations c'est vrai. Je crois que ça me plaît comme ça et je vais les garder, d'autant que ça ne semble pas avoir choqué les autres lecteurs. On verra s'il y a d'autres personnes que ça gêne d'ici la date limite.

Bonjour Moutjfjs, merci pour ton commentaire.  :) 


Hors ligne Milla

  • Comète Versifiante
  • Messages: 5 166
  • Linotte éparpillée
    • mon site
Re : T40-Firmament
« Réponse #11 le: 12 septembre 2018 à 21:46:06 »
Yop !

au fil de la lecture...

Citer
Je me surprends à me dire que ce décor de latence et de non-dits vous laisse une impression voisine que celle qui, chargée d'énigmes, m'habite en permanence.
de

hop là, tout lu !

Je suis mitigée, je crois. J'ai apprécié ton écriture, le ton, le style, c'était vraiment agréable. Je me suis laissée portée par le mystère de qui est donc ce narrateur, et je trouve que tu as su poser une ambiance, vraiment sur tout ça c'est chouette et réussi à mon sens. :)
Mais, puisqu'il y a un mais, j'étais déçue de la chute. Elle est étonnante et je ne 'lavais pas devinée, donc ça c'est cool, mais du coup le texte change à cette lumière (sans jeu de mot  :D) et ça a du mal à faire sens pour moi. Je passe en spoiler :
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


voili voilou, c'était tout de même une chouette lecture :)

Milla

Nocte

  • Invité
Re : T40-Firmament
« Réponse #12 le: 13 septembre 2018 à 07:47:32 »
Wesh Mout,
Un texte bien écrit, même si c'est parfois trop alambiqué. Je l'ai trouvé par contre un peu longuet, à la fin j'ai pas pu m'empêcher de me dire "tout ça pour ça ?", du coup je rejoins bien Milla.
Merci pour la lecture !

Hors ligne Gwynplaine__

  • Aède
  • Messages: 200
Re : T40-Firmament
« Réponse #13 le: 14 septembre 2018 à 12:24:23 »
Eh meh ! Recyclez vos ampoules, ne les laissez pas finir à la mer !

Ton texte est bien construit mais personnellement je n'ai pas accroché à l'objet qui décrit son histoire. Je suis pas assez à l'écoute de la poésie :/

Malgré tout j'apprécie ton texte pour son coté descriptif. C'est rare aujourd'hui les longue descriptions, voire les scènes uniquement descriptives. De ce point de vue ton texte s'en sort avec brio !

Rockdialement,
gwyn
- On a les histoires policières, la science-fiction, les westerns…
- Est-ce que dans votre monde, les gens veulent toujours un seul parfum à la fois, pour leurs histoires ? Un seul goût en bouche ?

***

Hors ligne barnacle

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 213
Re : T40-Firmament
« Réponse #14 le: 20 septembre 2018 à 17:56:22 »
Coucou Mout !

Tout ce que je dis est bien sûr préfixé de "je trouve personnellement que...", et j'ai tendance à me concenter sur le négatif (désolé).

Ce sont mes impressions au fil de la lecture :

Citer
vous observer avec plus d'attention ; souvent, vous me donnez l'impression de regarder la mer pour la première fois. Là où d'autres n'y font même plus attention
C'est négligeable en le lisant, mais les "attention" sont un peu proches.

Citer
mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons
Peut-être un peu trop grammairien ? Surtout "déclinaisons" qui me semble rabaisser le sens.
(et infinitésimales a beaucoup de syllabes pour une phrase déjà très multi-syllabique)

Citer
Là où d'autres n'y font même plus attention, demeurant insensibles aux mouvements en apparence similaires, mais sujets à d'infinitésimales déclinaisons, de l'épiderme marin.
La longueur, pour une phrase non-verbale, me chipote, ou peut-être le choix de "demeurants" vs "./; Ils demeurent". Je ne sais pas.

Citer
Ils croupissent dans une vieille cuisine où les relents huileux et poisseux finissent par avoir raison de la transparence qui les enveloppe, ou dans une cave lugubre qui, si elle possède la vertu d'accroître leur espérance de vie, ne leur offre toutefois pas la moindre source de distraction ; ou encore, les voilà enguirlandés en pleine rue, en proie à l'humidité, aux intempéries, aux maladresses de la foule.
C'est pas une faute mais pour moi ça sonne faux : les cuisines huileuses, les caves lugubres... Croit-il vraiment qu'il est le seul béni des dieux et que tous les autres vivent nécessairement des vies misérables ? Ça me semble un gros défaut d'imagination de sa part, qui me le rend moins sympathique.
(et au niveau supérieur, ce passage à gros traits donne un sentiment d'exercice littéraire plus que de recherche du juste)

Citer
On m'a privé d'atmosphère, il y a très longtemps. Je ne respire pas. Je me contente de frémir. Une vibration aussi violente qu'une électrocution, qui m'épuise. Si vous étiez attentifs, ou si vous vous ennuyiez vraiment, peut-être l'entendriez-vous fendre l'air comme une mouche lointaine, une mouche effacée, incertaine — les choses ont été bien faites pour que mon calvaire reste silencieux.
Ça me paraît une facette importante, ce "calvaire", pourtant ça n'apparaît que le temps d'un paragraphe et c'est (la dimension physique de la mortalité, et son caractère constamment concret) oublié. Peut-être de l'ordre du trop peu ou pas assez ?

Citer
mieux, un caramel au beurre salé,
J'aime bien.
Entre autres, j'aime bien que l'image survienne un peu de son propre chef.

Citer
Le reste du temps, je ne peux pas me plaindre d'avoir froid
Oui mais il se fait électrocuter en permanence donc bon ^^


Dans l'ensemble, j'apprécie le fait que ça soit plutôt bien écrit, mais je me suis senti trop empêché pour rentrer dedans.
C'est mon goût qui m'exprime, mais je trouve que des phrases plutôt longues dans des paragraphes trop longs étouffent les envolées lyriques qui s'amorcent pourtant. D'autant qu'il y a des variations sur la taille des phrases, mais sous mon oeil l'absence d'interruption forte (du paragraphe) les monotonise.
De même pour une tendance à préférer la tournure la plus longue. Ex : "vous observer avec plus d'attention" => "mieux vous observer" - je ne dis pas que c'est la même chose, ou que c'est mieux, mais que sur les parts "inessentielles", on peut chercher à trouver plus simple pour alléger, et faire mieux ressortir le reste du même coup.
(C'est là vraiment mon goût qui s'exprime.)

Un autre regret : j'ai eu l'impression de devoir attendre le milieu du texte pour avoir une vraie continuité d'un paragraphe à l'autre (le thème mer vs mortalité pour moi) - jusqu'à "On m'a privé d'atmosphère", voir "Quand le soleil se lève," pour que ça se consolide. Avant ça me semble plus tenir de la mise en place, d'une recherche du ton...

Voilà. Je suis terriblement mauvais public, je le sais bien et je crois qu'à certains égard, ton approche n'est pas faite pour moi, ce qui ne préjuge pas du texte en soi.

Bonne continuation :)

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.023 secondes avec 22 requêtes.