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07 décembre 2024 à 13:25:38
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Auteur Sujet: [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse  (Lu 5538 fois)

Hors ligne Quaedam

  • Calliopéen
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  • Jean-Michel Palaref
[Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« le: 13 décembre 2020 à 21:06:50 »
Ce texte est un peu long. Pour faciliter les commentaires (si vous vous en sentez le courage), ce texte sera découpé en trois.
J'aimerais beaucoup de travailler et le retravailler, alors si vous avez des remarques sur le rythme, des motifs trop lourds, les motivations ou le caractère des personnages, n'hésitez pas.
De même, je suis prête à remanier ce texte si ce qui est avancé ne cadre pas avec Erakis. J'ai au moins 3 textes de retard alors j'ai peut-être empiété sur les oeuvres d'autres participants. Encore une fois, n'hésitez pas  :coeur:

Je pense que c'est seulement ma troisième "nouvelle" et j'espère avoir progressé ^^' Et d'ailleurs si vous avez une meilleure idée de titre... xD

Prince et Princesse

La lumière du soleil ne brillait jamais dans cet archipel marécageux. Depuis les îlots, émanaient de lourdes nappes de brouillards qui se répandaient sur les flots jusqu’à en masquer l’écume. Cet endroit avait la réputation d’avaler les voyageurs, d’engloutir les esquifs avant d’en recracher les équipages aux quatre coins de Calidor. Les Thalassiiens ne s’étaient jamais battus pour conserver sous leur coupe ces miettes de terres mais aucun Empire, aucun Royaume, aucune tribu ne les leur avait jamais disputés.

« Vous voyez quelque chose, Mara ? »

L’éclat de sa propre voix fit sursauter Ulric. Il avait eu l’intention de chuchoter mais au-dessus de ces eaux silencieuses, il paraissait avoir hurlé. La femme à qui il s’adressait broncha à peine, le visage tourné vers une bande de terre à bâbord.

« Rien. Je n’entends rien non plus, répondit-elle.
— Montrez-vous patient, Messire. »

L’homme qui venait de parler tenait la barre d’une main et l’écoute de l’autre. Il répondait au nom de Varec. Ulric l’avait embauché comme capitaine et loué son bateau sur les conseils d’Athos. L’aventurier lui avait assuré que tout autre qu’un pêcheur local aurait tôt fait de se perdre dans ce dédale de hauts-fonds et de récifs ; les yeux et les oreilles des elfes seuls pouvaient l’explorer. Alors pour respecter l’adage, Ulric avait aussi embauchée sa fille comme guide. Mais depuis des jours qu’ils erraient, le chevalier remettait peu à peu en cause la sagacité de son redoutable compagnon. L’absence d’Athos, son insistance à vouloir rester à quai, lui paressaient de plus en plus suspectes.

« Je suis certain que nous sommes déjà passé par ici.
— Mon père vous a dit d’être patient. Soyez-le. »

Ulric se retourna dans la direction de Mara qui venait de lui répondre si effrontément. Il devina à l’allure de sa vaporeuse silhouette qu’elle ne se donnait, une fois de plus, pas la peine de lui faire face. Même ses longues oreilles étaient tendues dans une toute autre direction.

 « Mais enfin ! insista Ulric. Nous n’avons toujours pas le moindre indice de présence ! Êtes-vous sûre d’être capable d’entendre et de voir à travers cette brume ?
— Si votre Dame est ici, Mara finira par la trouver, n’ayez crainte. »

Ulric se rembrunit et se tassa au fond de son armure, tout contre le bastingage. Les longues heures, les interminables journées, les nuits sans fin qu’il passait assis, toujours dans la même position, le rendait aussi fou qu’amer. L’humidité s’était répandue dans ses vêtements comme dans ses pensées, ajoutant à la colère la mélancolie. La confiance qu’il plaçait en Athos n’était pas la seule à s’amenuir : il se demandait chaque minute un peu plus si Mara et Varec n’étaient pas en train de l’égarer impunément. Ils ne répondaient à aucune de ses questions, n’avaient jamais tenté de sympathiser, allant même jusqu’à lui donner des ordres à lui ! Ces manants n’avaient pas le moindre égard pour sa princière personne et se contentaient de manœuvrer mollement une embarcation puante et grinçante, prétextaient écouter ou regarder autour d’eux. Mais Ulric ne les avait jamais vu réagir à quelque signal ; ils limitaient même leurs échanges aux heures de repas. Et si, comme dans les légendes, ils parlaient par la pensée ? Et si, grâce à leur magie tribale, ils comptaient l’abandonner au cœur de cette mangrove sinistre pour réclamer à son père quelque rançon ? Peut-être Ulric aurait-il dû les avertir qu’entre lui et le Bon Roi Regnauld III, l’entente n’était plus au beau fixe…

« J’entends quelque chose ! »

La voix de Mara suffit à arrêter la voile. Au-dessus de la barre, la main de Varec était comme suspendue.

« Quelle direction ? » souffla le père à la fille.

Ulric ne comprit pas sa réponse. Il semblait que les termes nautiques comme les rares jurons que les elfes employaient, étaient tirés de dialectes locaux. Toujours était-il que les deux pêcheurs se tournaient maintenant vers la poupe. Ulric les imita, tendit le cou et se redressa. A ses propres oreilles, résonnait le même silence nauséabond que partout ailleurs.

« Je n’entends rien.
— Taisez-vous ! »

L’outrage décrocha la mâchoire d’Ulric. Il avait encore la bouche grande ouverte quand un bouillonnement lointain lui parvint. Son sang se glaça. Cela tenait d’un râle de noyé ; tout en gargouillements. Le son emplissait l’air et raisonnait dans l’archipel. D’abord lointain et diffus, Ulric finit par estimer que l’écœurant mugissement se faisait de plus en plus clair et de plus en plus proche.

« Ramez ! »

Varec n’avait pas attendu son propre ordre pour empoigner sa pagaie. Mara se pencha vers la sienne mais Ulric la lui arracha des mains. Fouetté par la peur, il était certain d’être bien plus efficace que la donzelle et n’avait pas la moindre intention de se montrer galant ou chevaleresque si sa vie était en balance. Il se mit aussitôt à pousser l’esquif dans la direction opposée au bruit qui devenait assourdissant. Sous son armure de paques, il sentait ses muscles ankylosés par l’inactivité se dérouiller et déployer toute leur puissante. La rame de bois s’enfonçait dans l’eau à un rythme effréné. Il ne ménageait pas ses efforts et bientôt son souffle ronfla comme celui d’une forge. Le sang lui monta au visage tandis que son front se para de sueur. Aveugle dans le brouillard, il se fiait à Varec pour guider le navire tandis qu’il lui donnait la puissance de fendre les flots. Pourtant, malgré toute son énergie, Ulric avait la détestable impression de nullement avancer. Il voyait autour de lui les mêmes récifs, les mêmes ombres d’arbres morts, seule l’eau noire qui encerclait le navire semblait changer. Alors qu’elle avait été d’une sinistre placidité des jours durant, Ulric voyait se dessiner des vagues ; des vagues de plus en plus hautes dont l’écume furieuse lardait les joues des explorateurs.
Quelque chose frappa l’embarcation. Ulric dût lâcher sa pagaie pour se raccrocher au bastingage. Dans un mouvement qui tenait uniquement de l’instinct, il attrapa le poignet de Mara. L’elfe s’effondra sur le prince tandis que là où elle se tenait l’instant précédent, un trou béant avait percé la coque. Varec s’agrippait désespérément à la barre quand un deuxième choc creva le pont en son centre. Le mât, pulvérisé, s’abattit en miettes sur les passagers et carillonna contre l’armure du prince.
             Au milieu du brouillard, les contours d’une tête apparurent. Sa taille était telle que tous les effluves putrides de l’archipel n’auraient su la dissimuler. C’était une chose gigantesque, si unique en sa démesure qu’elle était reconnaissable entre mille et sidéra les passagers à sa simple vue. Aucun d’entre eux ne l’avait jamais rencontré auparavant - pas même Varec et ses canoniques quatre-cent-cinquante-trois ans - mais la créature avait hanté leur jeunesse et nourrissait leurs cauchemars d’adultes. Ils surent ce qu’ils avaient en face d’eux sans avoir besoin d’y réfléchir. L’Amphiptère Azur. 
             Le navire était déjà à demi-submergé quand le dragon attaqua comme pour l’achever. Mara ne réagit pas, l’expression figée par la stupeur, les membres paralysés par la terreur. Elle vit les trois rangées de dents jaunes, grandes comme des hommes se précipiter vers elle sans pouvoir émettre le moindre son. Elle sentit à peine les bras qui lui enserrèrent la taille. Elle bascula dans une eau glaciale. Le froid lui transperça les os mais réanima ses pensées. Lestée du poids du chevalier et de son armure, elle coulait comme une pierre, pas assez vite cependant, pour échapper à la vision de cette gueule monstrueuse qui happait le navire sur lequel elle avait grandi. 

Le courant était trop puissant pour qu’on luttât contre son emprise. Varec se laissa emporter. Dès que sa tête émergeait, il aspirait autant d’air qu’il le pouvait, puis fermait la bouche aussitôt avant d’être de nouveau aspiré par le fond. Toutes ses pensées étaient tournées vers sa survie. Il ne devait ni se débattre, ni réfléchir, ni se demander si le prince avait réussi à sauver sa fille. Au-dessus de lui, parmi les tourbillons et la fureur des flots, l’Amphiptère avait disparu.
             Alors que Varec était totalement immergé, son corps s’écrasa contre une paroi rocheuse. La douleur lui déchira le dos. L’air vida ses poumons. Une vague le propulsa à la surface. Il eut le temps de voir les contours d’une île quand un siphon l’avala. Digéré par les boyaux sous-marins, il perdit tous ses repères, roula sur lui-même, des tâches noires envahirent son champ de vision. Son thorax menaçait d’éclater. Sa bouche s’ouvrit. L’eau s’engouffra. Il voulut tousser. Il se noya. Et puis soudain, l’eau s’apaisa autour de lui. Au-dessus de sa tête, brillait une lueur. Varec rassemblait ses dernières forces et nagea avec l’énergie du désespoir.
« Modifié: 13 décembre 2020 à 21:13:42 par Quaedam »

Hors ligne Quaedam

  • Calliopéen
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  • Jean-Michel Palaref
Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #1 le: 13 décembre 2020 à 21:09:41 »
Mara avait allumé un petit feu avec les débris trouvés dans la caverne et tâchait d’en dénicher d’autres. Son père semblait incapable de bouger, les bras ballant devant le brasier. On avait réussi à lui faire retirer le gros de ses vêtements, pansé comme on avait pu la grosse plaie qui s’étendait dans son dos. Depuis, Varec était comme absent, le regard vide. C’était à peine si son souffle soulevait ses côtés maigres. Pour la première fois, Ulric remarqua à quel point la physionomie des elfes différait de celles des humains. Il n’avait pas eu beaucoup d’occasions de côtoyer cette espèce, encore moins d’en voir des représentants presque nus. Leur tronc était plus allongé, leurs muscles plus fins, leurs épaules plus étroites que celles des hommes. Là où la peau avait bronzé au soleil, elle avait pris une teinte verdâtre plus foncée que sur le reste du corps où la carnation était similaire celle d’un Hadvastien malade. Varec était un pêcheur, un pauvre, un être qui sans doute était moins gras qu’un elfe normal, pourtant il se dégageait de cette silhouette noueuse une certaine grâce, une élégance qu’Ulric n’avait jamais vu chez sa propre espèce. S’il n’était pas envieux, il devait reconnaitre que pour un gaillard aussi âgé, il dégageait un fort sentiment de vigueur.

« Vous ne voulez pas vous séchez, Ulric ? »

La voix de Mara sortit le prince de sa contemplation indiscrète.

« Je ne peux pas retirer mon armure seul. Je comptais demander à Varec de m’aider, mais il me semble encore sonné.
— Je peux m’en occuper. »

Ulric considéra l’elfe avec méfiance. Des femmes l’avaient déjà déshabillé, mais certainement pas en présence de leur père. D’un autre côté, celui de Mara n’était pas en mesure de s’interposer. Et le tissu sous son plastron commençait à le démanger. Il rendit les armes.

« Bon, vous pouvez. Vous savez comme vous y prendre ? »

La jeune femme haussa les épaules. Elle n’avait jamais touché d’armure, mais si un humain était capable de le faire, elle devrait y parvenir.

« Ca ne doit pas être difficile.
— Allez-y. »

Mara s’attaqua d’abord à la spalière gauche. Le prince ne rompit le silence que pour guider les doigts de l’elfe. Les pièces de l’armure tombèrent une à une jusqu’à ce qu’Ulric fut capable de déboucler seul les parties restantes. Il ne garda que ses braies, frissonna dans la froidure de la grotte et s’avança d’avantage du brasier. Mara s’écarta par convenance mais ne parvint pas tout à fait à détourner le regard du torse nu à côté d’elle.

« Vous avez sauvé ma fille. »

Cette dernière sursauta et se tourna vers son père. Sa voix était rauque, comme si le sel lui avait oxydé la gorge. Il ne la regardait pas, pas plus qu’Ulric ; il se contentait de fixer le feu, paraissait s’adresser aux braises.

« Sans vous, l’Amphiptère l’aurait dévoré.
— J’ai fait mon devoir. »

Répondit sobrement le prince. Il n’était pas peu fier et adorait les louanges. Les oreilles aux aguets, il attendit la suite. Il regardait tour à tour Mara et Varec, le sourire aux lèvres, prêt à expliquer à quel point sauver les damoiselles en détresse faisait partie de son éducation. De sa vocation même ! Que certes, Mara n’était ni une princesse ni une noble dame, mais qu’il était tout de même capable de tant d’abnégation chevaleresque, qu’il sacrifiera sa propre royale personne pour une gueuse aussi misérable qu’elle.
         Rien ne vint.
         Ulric était un peu déçu. Son visage se rembrunit et il gratta, bougon, ses joues rongées par sa barbe de trois jours. Puisque personne ne semblait vouloir le congratuler avec l’admiration qu’il méritait, il résolut que cette compagnie ne le méritait décidément pas. Il était temps que se débarrasser de ces ingrats.

« Il faut trouver un moyen de sortir d’ici. »

Résolut Ulric avec force en abattant ses largues mains sur ses genoux. D’un bon, il fut debout, bientôt imité par Mara. Tandis qu’elle aidait son père à enfiler sa tunique encore humide, elle scruta les parois de la caverne. De minuscules cristaux émettaient une lumière bleutée, trop faible pour permettre à un humain de se repérer dans ces lieux sans feu, mais suffisante pour un elfe.

« Nous pourrions y voir sans feu, Père, annonça Mara pour l’encourager.
—  Très bien, marmonna l’elfe en passant l’encolure, visiblement peu convaincu.
— Nous couvrirons plus de terrain si nous nous séparons. Messire, nous allons chercher de ce côté, allez de l’autre. »

Mara lui tendit un épais morceau de bois qui pourrait servir de torche à Ulric et entraina son père.
   La caverne était immense et s’étendait bien au-delà de la plage sur laquelle Ulric et ses compagnons s’étaient échoués. Après avoir enjambé les nombreux débris rejetés par la mer et qui encombraient le sable, le prince déboucha sur un sol rocailleux, ni tout à fait dur, ni tout à fait meuble, dont les grains s’enfonçaient dans la plante de ses pieds. Il pestait, regrettait ses chausses trempées. Il manqua même de tomber d’avoir butter sur une pierre plus grosse que les autres. Mais ce que son gros orteil avait malencontreusement heurté n’était pas un rocher. C’était l’affleurement d’un crâne humain, dont seul l’un des orbites était visible. Incrédule, Ulric leva plus haut sa torche. Dans le maigre allo de clarté, des dizaines, des centaines de corps se révélèrent. Le prince se trouvait à la lisière d’un charnier gigantesque, si vieux que les os des cadavres avaient jauni. Il ne leur restait presque rien pour se vêtir ; ce qui n’avait pas été consumé par le temps était fait de métal. Des casques, des protège-tibias, des boucles de ceinture tombées à l’intérieur des ventres. Ulric ramassa une épée à ses pieds. Quel genre de bataille avait pu se dérouler en des lieux si reculés ? De quelle bestialité avait-elle été pour décimés autant de combattants ?
   Ulric contourna autant qu’il le put les restes de la macabre armée et se faufila jusqu’à toucher l’un des côtés de la caverne qu’il entreprit de longer à la recherche d’un passage, d’une ouverture, ou d’une aspérité qui aurait pu le libérer des lieux. Il consuma trois torches, dont il nourrissait de combustible trouver au hasard, vérifiant seulement que ce qu’il ajutait au flambeau n’avaient pas auparavant été recouvert de chair. Alors qu’il commençait à douter de la présence d’une quelconque issue, il rencontra une nouvelle singularité. Une volée de marches taillées non pas dans la roche de la caverne mais dans un marbre élégant et précieux. Sans hésitation, Ulric les gravit. Il se tint bientôt devant une porte. Elle était faite de cuivre, d’or, de fer et d’acier, d’un alliage merveilleux et inconnu, si haute que la lumière projetée par la torche ne l’éclaira pas entièrement. En son centre, là où les battants se rejoignait, des éraflures, de petites bosses perturbaient les arabesques qui la décoraient. Était-ce là tout le dommage que lui avait causé l’armée ?
   
Malgré l’insistance de Mara, Varec ne pouvait détacher les yeux d’une statue. Elle se dressa intacte, indolente et sereine aux côtés de ses sœurs décapités ou renversées. Solitaire, la géante de pierre tournait son regard vers le pêcheur qui lisait dans son visage l’expression de la mélancolie la plus pure. Varec sentait son cœur vidé de toute volonté, à l’image de ceux qui, des centaines d’années plus tôt aurait dû l’abattre.

« Ulric nous appelle, Père, pressait Mara. Je vous en supplie, vous devez bouger. Nous devons sortir.
— Tu ne comprends pas, Mara. »

La voix de son père venait d’ailleurs, d’un monde de rêverie et de pensées dans lequel il s’abimait sans réserve.

« C’est une elfe. »

Au début, Mara aussi avait été stupéfaite de voir une telle statue, mais l’impact que celle-ci avait eu sur son père l’avait immédiatement ramené à la réalité. Depuis qu’il l’avait vu, le pêcheur s’était comme abymé dans la contemplation et refusait de s’en détâcher. Au loin pourtant, Ulric s’époumonait, il les appelait, les prévenait qu’il avait trouvé une porte. Son ton était pressant, ses mots des ordres. Mais Varec était indifférent, rien ne comptait plus à ses yeux hormis l’elfe de pierres.  Mara se mit à considérer la porte découverte par Ulric comme le seul moyen d’écarter son père de la sculpture. Il fallait qu’elle l’atteigne. Au septième appel du prince, Mara n’y tint plus : elle usa de la légendaire force de son peuple - celle que les humains, les nains et les gnomes négligent si souvent. D’un coup de poignet, elle fit trébucher son père et le traina sans ménagement sur plusieurs pas.

« Tu ne comprends pas, Mara. C’est une elfe ! protesta Varec en se débattant.
— Je sais ! explosa la jeune fille. Vous me l’avez dit mille fois.
— Une statue d’elfe ! Jamais nous n’avons élevé de statues pour nous glorifier.
— Et alors ? Ce sont peut-être l’œuvres d’hommes ou de nains. Quelle importance ? »

Distraite, par un nouveau braillement d’Ulric, son attention se détourna un instant de son père. Celui-ci en profiter pour se dégager et se précipiter sur elle pour la saisit par les épaules. Son regard était enflammé. Il avait l’air d’un dément.

« Tu crois que son peuple de crétins auraient fait une telle merveille ? vociféra Varec en direction des cris d’Ulric. Ils sont à peine capables d’empiler les pierres taillées pour leurs châteaux. 
— Alors quoi ?
— Il s’agit d’une statue elfique. Nous nous trouvons dans une ancienne cité elfique.
— Nous sommes dans une caverne. »

La foudre de la raison frappa Varec. Sur son visage, la folie laissa place à une sorte de déception étonnée. Il lâcha sa fille comme s’il s’était brûlé les mains et regarda autour de lui. Il voulut bredouiller quelque chose, mais Mara lui coupa sèchement la parole.

« Notre peuple n’a jamais édifié de cité. Il n’a jamais construit de statues pour se glorifier. »

Cela laissa Varec interdit. C’était vrai. C’était ce que chantait les bardes et enseignaient les anciens aux jeunes. Le fait de ne pas contrarier la nature en bâtissant des villes était ce qui différenciait les elfes des autres peuples. L’absence d’idoles à leur image était ce qui faisait d’eux des tribus humbles et sages. Mais cette statue… Mara s’empara de nouveau de son poignet et le serra fort, ses jointures blanchirent. Varec se laissa entrainer sans plus de résistance.
   Soudain, Mara perçut un mouvement sur sa droite. Elle s’arrêta, pensant qu’il s’agissait d’Ulric venu à leur rencontre. Elle chercha une trace de flammes mais ne vit rien. Son ventre se contracta. La vue du prince n’était pas assez sensible pour qu’il pût se mouvoir sans. Avec la désagréable impression d’être observée, Mara résolut de reprendre sa route. Mais alors qu’elle allait recommander à Varec de presser le pas, elle l’entendit sursauter. Elle fit volte-face. A un jet de pierre, tout proche des statues brisées, un être était en train de se mettre péniblement debout. A côté de lui, un autre s’agitait sur le sol. Il y eut un grognement rauque dans son dos. Le son du sable qui s’écoule sur sa gauche. Des bruits d’acier qui la cernent. Mara réalisa soudain que les appels d’Ulric avaient changés. Il les mettait en garde.
   Autour d’eux, les morts reprenaient vie. Ils sortaient du sol, de tous les côtés à la fois, empoignaient une arme qui jadis leur avait appartenu et s’approchaient pesamment des elfes. Mara était horrifiée. Elle avait entendu parler de nécromancie, de cadavres ranimés, mais jamais aussi nombreux. Et jamais sans sorcier pour les contrôler. Elle ne put s’empêcher d’hurler. Cela libéra quelque chose en elle, quelque chose qui lui avait manqué face à l’Amphiptère. Une volonté de survivre, de ne pas se laisser dominer par la terreur. Elle n’avait pas d’arme, ce n’était pas une guerrière, mais elle vendrait cher sa peau. Alors, d’un bond elle évita la hache d’un squelette et tira Varec vers elle. Elle se mit à courir, aussi vite qu’elle le pouvait, usant de sa toute force pour ne pas lâcher son père et brisa sur son passage l’épaule d’une créature qui tentait de lui couper le passage.

   Alerté par le hurlement de Mara, Ulric se débarrassa du mort avec lequel il luttait en lui fracassant le crâne contre une colonne effondrée. Il récupéra sa masse d’arme avec reconnaissance. Un bouclier n’aurait pas été de trop, mais il avait besoin de conserver sa torche.
Le prince avait tenté de repousser et d’éloigner les créatures de la porte, mais craignait que les elfes ne l’y rejoignissent jamais s’il ne se portait pas à leur secourt. Bien sûr, il aurait pu franchir la et les laisser, seulement, il ne savait pas comment ouvrir les titanesques battants qu’une armée entière n’était pas parvenue à ébranler. Ulric sauta dans la foule macabre et entreprit de se frayer un chemin jusqu’à Mara et son père.
Les os étaient poreux, ils n’offraient aucune résistance à Ulric qui les brisait à grand coup de moulinet. Cependant leur effectif semblait inépuisable et certains maniaient bien la lance et l’épée. Privé d’armure, Ulric esquivait autant qu’il le pouvait mais savait qu’un assaut continu finirait pas l’épuiser. Une lame passa sa garde et lui mordit le flanc. Il poussa un cri de douleur.
         Depuis le sommet de la ruine où elle et son père s’étaient réfugiés, Mara repéra Ulric. Il avait tracé un sillon dans la masse grouillante des morts. Le rejoindre était impossible, les créatures les encerclaient et tentaient déjà d’escalader leur retraite. Varec semblait avoir retrouvé ses esprits et s’appliquait à rejeter les assaillants les plus proches à coups de pieds et de poings. Si cette vision réconfortait un peu Mara, elle savait que son père, même en pleine possession de ses moyens, ne pourrait pas lutter éternellement. Elle résolut d’appeler Ulric, et espéra que ses mauvaises oreilles humaines l’entendraient par-dessus le tumulte de dents qui claquaient et d’os qui s’entrechoquaient.
Ulric entendit. Il pivota sur lui-même. L’obscurité de la caverne ne lui permit pas de voir l’elfe qui pourtant s’agitait. Il prit le parti de suivre sa voix.
Les dieux étaient avec eux. Ulric finit par atteindre les elfes. Lorsqu’il fut à leur hauteur, Varec et Mara sautèrent et atterrir dans le cercle tracé à coup de masse d’arme dans la masse des ossements. Sans qu’ils aient besoin de se parler, les compagnons rebroussèrent chemin. Leur formation rendait les arrières d’Ulric vulnérables. Il ne pouvait plus s’attaquer aux ennemis dans son dos sans risque de baisser ses alliés. Conscients de cette inconfortable situation, Varec s’empara d’un écu tombé au sol.
         Arrivé au bas des marches, Ulric poussa Mara et Varec dans les escaliers et se retourna pour contenir les morts.

« Ouvrez cette porte ! »

Les pêcheurs comprirent bien vite ce qui avait poussé Ulric à leur venir en aide. Les arabesques qui s’étalaient sur les battants étaient de l’ancien elfique. Différents de l’alphabet moderne, mais similaire dans ses formes. Ulric avait cru reconnaitre la langue des tribus et avait espéré que Mara et Varec pussent trouver quelque indice leur permettant d’entrer. Mais cette langue antique n’était plus parlée par personne. Aucun elfe vivant n’était assez âgé pour la déchiffrer. Le père et la fille étaient impuissants, condamnés à regarder cette porte qui ne s’ouvriraient jamais.
   Varec y trouvait pourtant une certaine consolation. Cette porte était bien la preuve qu’ils se trouvaient dans une Cité elfique. Qu’il avait raison. Qu’il avait bien reconnu l’œuvre de son peuple dans la statue merveilleuse de la caverne. Tandis que Mara hurlait son impuissance à Ulric et que les larmes lui montaient aux yeux, son père poussa un soupir affectueux et fier. Son peuple l’avait oublié, mais jadis, ils avaient été de grands bâtisseurs. Il posa sa main sur l’alliage elfique, il devait au moins le toucher avant de mourir. Il avait retrouvé la mémoire de ses ancêtres et mourrait avec elle. Quel dommage de nous pouvoir la révéler aux jeunes.
   La porte s’ouvrit.
La surprise étrangla Varec. Il ne parvint qu’à gémir quelques sons auxquels ni Mara, ni Ulric ne prêtèrent attention. La frustration et excitation se mélangeaient, l’elfe se mit à trépigner, à agiter les bras sans pour autant que sa gorge ne se libérât. Un courant d’air froid lui chatouillait le visage. Varec se rua au mépris du danger et des morts qui envahissaient les marches pour atteindre sa fille. A peine Mara vit-t-elle l’expression de son père qu’elle leva le regard vers la porte.

« Mon père a ouvert la porte ! A l’intérieur ! »

Elle n’avait pas fini sa phrase qu’Ulric avait abandonné sa lutte désespérée et se précipitait dans l’entrebâillement. Avec l’aide des elfes, il repoussa les battants. La porte poussa un hurlement sourd et claqua. Les armes des morts s’y fracassèrent. Ulric expira bruyamment.
Il avait l’impression d’avoir retenu sa respiration pendant tout le combat.

« Ca va les retenir ? demanda Mara, hors d’haleine.
— Sans aucun doute. Ils n’ont pas pu la faire ciller de leur vivant. »

S’ils n’avaient pas été plongé dans les ténèbres, Ulric aurait sans doute pu voir le regard interrogateur de Varec. Où qu’ils se trouvassent, l’endroit était parfaitement obscur. La douce luminescence de la caverne qui avait permis aux elfes d’y voir avait disparu. La torche d’Ulric avait été abandonnée de l’autre côté de la porte. Aveugles, désorientés, les compagnons prirent le parti de ne pas s’en inquiéter, trop heureux d’avoir échappé à une mort certaine et d’être finalement sortis de la grotte.

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Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #2 le: 13 décembre 2020 à 21:13:05 »
« Quelqu’un est blessé ? »

La question de Mara ranima une douleur vive sur les flancs d’Ulric. Il tâta précautionneusement sa peau et étouffa un grognement. Il n’osa pas explorer la plaie plus avant. Sa tête aussi le faisait souffrir et il sentait du sang couler sur ses sourcils. Ses pieds étaient brûlants d’avoir marché sur les gravillons de la caverne, ses bras étaient endoloris d’avoir tenu la masse d’armes ; de nombreuses coupures et griffures le picotaient. Néanmoins, il tenait debout, il respirait correctement, aucun vertige ne le troublait.

« Non. Répondit-il finalement.
— Je crois que ma cheville s’est tordue lorsque nous avons sauté pour rejoindre Ulric.
— J’ai quelques blessures sur les épaules et le dos. Mais c’est sans gravité je crois. »

Incapables d’êtres certains de leur propre état, et encore moins de celui de leurs compagnons, ils n’en dirent pas plus à ce sujet. 

« Je sens un courant d’air, commença Varec.
— Je le sens aussi, confirma Mara.
— Alors suivons-le. »

Ainsi commença leur longue marche dans le noir. Prudemment, ils placèrent une main contre un mur, l’autre sur le compagnon qui progressait devant eux et Varec prit la tête de la procession. Leur progression était lente, effrayante, oppressante. Surtout pour Ulric. Les elfes parvenaient tant bien que mal à visualiser leur environnement immédiat en écoutant le bruit que faisaient leurs pieds sur le sol et à s’orientait grâce au flux d’air. L’homme, quant à lui, ne pouvait se fier qu’au contact de ses doigts contre une paroi parfaitement lisse et sur l’épaule de Mara qui se soulevait au rythme de la marche. Il avait rarement été dans une situation aussi inconfortable, ne s’était jamais senti aussi vulnérable. Face à l’Amphiptère, il était parvenu à fuir, face aux morts, il avait combattu, lors de siège de Nargaronne, il s’était caché. Mais dans ce couloir, il n’avait aucun choix, aucune possibilité. Ulric se sentait aussi impuissant qu’un enfant. Si les elfes pour quelque raison décidaient de l’assassiner ou de le laisser seul, il périrait.

« Comment avez-vous ouvert la porte, Varec ? »

Ulric posa la question d’avantage pour briser le silence et dégager ses pensées de la gangue pessimiste où elles s’enfermaient que par sincère curiosité.

 « Je n’ai eu qu’à la toucher, s’empressa l’elfe, tout heureux qu’on lui posât la question.
— Vraiment ?
— Oui, je pense qu’elle a été faite pour laisser passer des elfes.
— Pourquoi des elfes en particulier ?
— Pour nous protéger. Nous nous trouvons dans des lieux bâtis par nos Ancêtres. »

Le ton de Varec ne ressemblait plus à celui d’un humble pêcheur, ni même à celui, hystérique, d’un dément. Il était parfaitement calme, sûr de lui et fier.

« Je croyais que les elfes avaient toujours vécu en tribus autour de villages ou en nomades, » répondit Ulric.

La nouvelle lui semblait d’une moindre importance, à peine capable de captiver des érudits.

« Nous aussi. Mais cette porte gravée des mots de nos anciens et qui obéit à un simple contact en est la preuve. Et ce n’est pas tout. Mara et moi avons découvert une statue formidable…
— Père !... tenta de protester la jeune fille.
— Tu dois l’admettre, Mara. »

Elle se tut. Son père avait raison. Son peuple avait autre fois contrarié la nature, avait édifié des statues à sa gloire. Mais cela remettait en question tant de choses, qu’elle se sentait perdue. L’avait-on trompé ? Pourquoi les elfes avaient-ils oubliés ? Pourquoi avaient-ils renoncé à construire et vivre dans des villes ? Est-ce que tout ce qu’elle pensait savoir d’elle et de sa culture était en fait bâti sur des mensonges ?

« Alors ces morts ont été victime de la magie des elfes ? »

La question naïve d’Ulric pétrifia Varec et glaça le cœur de Mara. La compagnie resta s’arrêta sans que le prince n’en comprît la raison. Il attendit cependant que Varec reprit la parole.

« Je l’ignore. »

Mais c’était probable. Varec poursuivit sa route, perturbé. Dans l’esprit de Mara, toujours plus de questions tourbillonnaient et une culpabilité atavique se mit à la ronger. La nécromancie était-elle à l’origine un art elfique ? Et ces morts qui les avaient attaqués, est-ce des humains ou des elfes ? Etait-il possible que son peuple ait sacrifié sa propre armée pour se protéger de ses ennemis ? Non. De leurs vivants, ils auraient pu ouvrir la porte. Mais s’ils avaient été piégés ? La panique l’envahit. Mara se mit à imaginer mille horreurs à propos de ces Ancêtres dont elle ne savait rien.

« Nous sommes devant une porte. »

La compagnie s’immobilisa en haut de ce qui semblait être un escalier.

« Ouvrez-là donc, Varec, ordonna Ulric.
— Je n’y arrive pas. Elle est en bois.
— Il y a peut-être une poignée ? » suggéra Mara.

Ulric entendit une clenche grommeler mais aucun son qui suggérait des gongs.

« C’est verrouillé.
— Laissez-moi faire. »

Le prince laissa sa main glisser sans vergogne le long du bras de Mara pour atteindre Varec. Lorsqu’il entra en contact avec la fameuse porte, Ulric estima rapidement sa taille et son épaisseur en secouant la poignée.

« Reculez-vous. »

Ulric prit un peu l’élan. Aveugle, il n’était pas totalement sûr de ne pas s’écraser sur le mur plutôt que sur le battant. Ou de tomber des marches. Mais c’était un risque qu’il était tout à fait prêt à prendre. L’envie de sortir des ténèbres étaient si pressant, si étouffant qu’Ulric sentait en lui grandir une envie de cogner quelque chose ou quelqu’un. Il valait mieux qu’il usât de sa colère, fût-ce en vain, contre des planches ou des pierres que contre les seuls compagnons dont il disposait. Sans réfléchir plus avant, le prince fonça. Il abattit tout son poids sur la porte. Le choc résonna comme un coup de tonnerre. Entre deux assauts, Ulric se demanda quelle pouvait être la dimension de ce qu’il venait de traverser et prenait jusqu’à lors pour un couloir. Finalement, alors que de grosses ecchymoses apparaissaient sur la hanche et l’épaule du prince, le bois céda. Ulric passa au travers.

« Tout va bien ? s’enquit Mara.
— Il faut toujours aussi noir là-dedans ! » se plaignit le prince.

Avec prudence, car il craignait de trébucher sur le prince, Varec franchit l’embrasure évidée.
    Et la lumière fut.
   Ulric poussa un jappement de douleur quand l’éclat trop vif de millier de cristaux lui brula les yeux. Les elfes levèrent leurs bras pour protéger leurs regards, mais les baissèrent bien vite tant le spectacle valait de souffrir. Malgré les larmes et les papillonnements de leurs cils, ils voulaient voir. Voir sans attendre et admirer les merveilles de cette pièce. La peur irrationnelle que tous les objets et les meubles puissent disparaitre leur étreignait les entrailles. Il fallait qu’ils inscrivent dans leurs mémoires le moindre détail de ce sofa, la moindre trace de pinceaux sur ces tableaux, le moindre carreau sur cette mosaïque.
   Ce fut donc seul et ignoré de tous, qu’Ulric se releva. Il avait des échardes plantées dans la peau et mis du sang un peu partout autour de lui. Ses plaies, souvenirs profonds de son combat, ne s’étaient jamais refermées et avaient souillées ses braies avant de se répandre sur les restes de la porte et sur le très joli tapis elfique où il s’était écrasé. Maintenant qu’il voyait les dégâts faits à son corps par l’armée envoutée, il s’effrayait de ses chances de survie s’il n’était pas bientôt soigné. Pourtant, indifférents à son sort princier, les elfes voltaient d’un coin à l’autre de la pièce hexagonale.

« Avez-vous vu une sortie ? » demanda Ulric.

Il dut répéter deux fois sa question pour qu’enfin Mara daignât lui répondre.

« Non. »

Elle lui avait parlé comme s’il lui avait posé une question légère. Comme si ce simple « non » ne les condamnait pas à mourir emmurés. En fait, son propre sort paraissait à Mara dérisoire par rapport au globe qu’elle étudiait avec fascination. Il était peint finement, enluminé d’or et tournait sur un axe ouvragé. Mais c’était bien les dessins sur cette sphère qui intriguaient l’elfe. Elle ne pouvait pas lire les mots qui les accompagnaient, mais elle reconnaissait tout de même l’étrange représentation de Calidor. Il y avait les montagnes de Nargaronne, les Marches de Tringels et l’énorme fleuve qui passait à Atiome. Plus étonnant encore, quand elle faisait tourner la sphère, d’autres terres apparaissaient. Des îles gigantesques, des continents inconnus. La Thalassi aussi était bizarre. A sa place, un énorme bloc de terre recouvrait la paisible contrée, englobant même l’archipel où elle se trouvait. Où elle avait pêché chaque jour depuis sa naissance. Cent vingt-cinq ans.

« C’est incroyable que tout ces trésors soient intacts ! »

Varec tenait entre les mains une plume d’écriture aux couleurs chamarrées. Il ne savait pas de quel oiseau elle pouvait provenir et ne se le demandait même plus. Il avait accepté le fait d’être dans une Cité elfique, ce qui allait d’ores et déjà à l’encontre de toutes ses croyances et connaissances. Découvrir la trace d’un animal dont il n’avait jamais entendu parler allait presque de soi.
   Les deux elfes subjugués ne reprirent conscience de la présence d’Ulric que lorsque celui-ci entreprit de décrocher une tapisserie et de la tailler à la seule force de ses mains pour s’en faire des bandages. Varec sauta sur les pieds et bondit sur l’humain pour l’arrêter. Mais le prince le repoussa sans peine et poursuivit la besogne destructrice. Mara vint au secourt de son père et entreprit de lui arracher l’ouvrage des mains.

« Lâchez cela ! C’est à nous, » grogna-t-elle.

A la surprise d’Ulric, elle rivalisait en puissance avec lui, mais il tint bon. Sa plaie aux flancs saigna de plus belle.

« J’ai besoin d’un bandage ! »

Le regard de Mara passa sur le torse nu d’Ulric et soudain recula. Il était gravement blessé.

« Mais cette tapisserie… gémit-elle.
— Disposez-vous d’autres choses ?
— Prenez-la. »

Varec prit sa fille par les épaules et l’écarta du triste spectacle. Ils devaient renoncer à cette licorne tissée pour le bien de l’humain. Certes, le sacrifice était couteux, mais il ne pouvait se résoudre à laisser mourir l’homme qui leur avait sauvé la vie pour une tapisserie. Aussi unique fût-ce vestige.

« Croyez-vous qu’on en trouvera d’autres ?
— Cette œuvre était unique, regretta Varec dans un souffle.
— Non, je veux dire d’autres elfes. La cité pourrait être habitée. »

Le père de Mara était pensif. Cet endroit avait inexplicablement permis de conserver des merveilles, mais en y regardant bien, épaisse était la couche de poussière qui avait envahi le sol. Le sortilège qui maintenait les objets et le mobilier dans un état parfait n’avait pas couvert l’intégralité de la pièce. Et il était manifestement si ancien que certains pans du mur montrait des signes de moisissure.

« Nous aurons été accueilli. »

Revenir en arrière pour explorer le passage obscur lui traversa l’esprit mais il l’écarta.

« Et puis cette armée… »

Le sujet était trop ambigu pour qu’il poursuivît sa phrase, aussi il se tut et laissa sa fille aussi malheureuse qu’elle l’avait été en découvrant le sort qu’Ulric réservait aux témoignages de son peuple.

« D’où vient cette eau ? »

Les elfes tournèrent leur tête en direction du prince qui pataugeait dans une petite flaque. D’un même mouvement, leurs yeux tombèrent à leurs pieds. Une autre flaque s’était formée sous eux.

« Vous avez renversé quelque chose en fouillant ? demanda Ulric, décontenancé.
— Mais non ! protesta Mara.
— Alors d’où est-ce que ça vient ? »

Ulric n’avait pas fini sa phrase que le sol trembla. Les compagnons s’entre-regardèrent. Le son très distinct des flots leur parvint. Les flaques enflèrent jusqu’à se confondre. Sans réfléchir, Ulric franchit la porte. Grâce à la lumière qui parvenait de leur pièce, les lieux se révélèrent être en fait un vaste hall au haut duquel ils se trouvait. La mer avait envahi les lieux et se déversait maintenant sur eux. Sans doute les avait-elle silencieusement talonnés durant leur exploration. Insidieusement, elle s’était répandue sur la pente douce du couloir, grignotant pied à pied l’escalier, coupant tout retraite aux compagnons. Ulric poussa un cri de rage et regagna la pièce aux trésors.
   Mara et son père avaient déplacé les meubles et appliquaient leurs mains sur chaque parcelle du mur, à la recherche d’une porte dérobée. Mais cela ne donnait rien. Leurs chevilles avaient disparu sous une boue de papiers et de tapis. Le sol trembla de nouveau. L’eau se déversait plus vite. Varec frappait les murs avec frénésie. Mara était affolée. Ulric était impuissant.
Etait-ce ainsi qu’il allait finir ? Englouti avec les restes d’une cité elfique, après avoir échappé à un dragon, à la malédiction d’un nécromancien, erré dans les ténèbres et sans avoir retrouver Irda ? Hors de question ! Il s’y refusait ! Lui, Ulric, le Prince du Hadvast, l’héritier du Bon Roi Regnauld III ne pouvait mourir ici, en compagnie de deux minables pêcheurs. Loin de sa princesse. Dans un excès de rage, Ulric balaya le buste d’une elfe qui le toisait narquoisement.

« Qu’est-ce c’est ? »

Mara se précipita sur le piédestal vidé. Ses mouvements étaient entravés par l’eau qui lui arrivait à la taille et tout ce qu’elle charriait de bibelots. Le fût de la petite colonne avait presque disparu mais son chapiteau était bien visible : sur le dessus, des inscriptions en ancien elfique brillaient d’une lumière magique. Sans hésiter, Mara y abattit la main. La calligraphie scintillait de plus belle. Varec reprit espoir, Ulric retient son souffle. Rien d’autre ne se produisit.

« Rappuyer dessus, Mara ! » ordonna Ulric.

L’elfe frappa de nouveau la colonne. L’eau gagna la taille du prince. Le piédestal pouvait être recouvert d’une minute à l’autre.

« Ce n’est peut-être qu’un élément décoratif… » supposa à regret la jeune fille.

Cependant, Ulric n’était pas prêt à se satisfaire d’une telle réponse. Il serra les dents et fouilla son cerveau à la recherche du moindre indice, de la moindre possibilité. Son visage s’éclaira. Il hurla, pour couvrir l’eau et parce que la mort par noyade le terrifiait.

« Dites quelques choses en elfique !
— Ils ne parlaient pas la même langue de nous.
— Qu’est-ce que vous en savez ? Parlez ! »

Outré, Varec jeta un regard noir au prince. Comment osait-il se moquer de leur ignorance ? Se croyait-il à présent spécialiste de son peuple pour avoir panser ses plaies avec une œuvre d’artisanat inestimable ? Il desserra à peine les lèvres pour prononcer :

« Ar viltuv Varec.
— Il ne se passe rien, gémit Mara avec angoisse.
— Essayez encore.
— Puisque je vous dis que nous ne parlons pas la même langue que nos Ancêtres ! »

L’entêtement de Varec, son manque de coopération au moment où ils en avaient désespérément besoin eut raison des nerfs d’Ulric. Ce dernier pivota et lança son poing sur le nez de l’elfe. L’arrête se fêla en son milieu. Varec hurla de douleur. Il replia ses bras autour de son visage pour se protéger de la fureur du prince et lâcha un juron. Le piédestal l’illumina.

« Encore ! »

Oubliant l’outrage et la peine, Varec sacra de nouveau. La salle eut un sursaut, l’eau reflua, la porte avait disparu. Le cœur d’Ulric battait si fort que le peu de sang qui lui restait bourdonnait à ses oreilles. Le danger avait diminué mais il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Mara, si.

« Nous bougeons. La salle… salle monte ! » 

Les elfes se mirent alors à bramer toutes les insultes qu’ils connussent. D’abord éberlué, Ulric sentit le soulagement puis enthousiasme le gagner. Les murs défilaient dans un sens ridicule, l’eau s’était volatilisée, la terre tremblait sous leurs pieds. Ulric éclata de rire. Si le sol n’avait pas été aussi instable, il aurait dansé de joie. Ulric se joignit même au cœur des elfes, hurlant des grossièretés sempiternelles dont il ignorait totalement le sens mais qui sonnait comme des mots divins. Ils allaient vers la surface ! Ils étaient saufs !
    Malgré le flot d’injures qui ne faiblissait pas, la salle finit par ralentir. Un véritable puit de lumière apparût au-dessus de leurs têtes. A l’odeur putride qui lui parvenait, Varec était certain qu’ils se préparaient à atteindre la surface de l’archipel. Il était vaguement déçu de ne pas se voir dévoiler davantage de la cité, néanmoins l’elfe goûtait avec reconnaissance toute la saveur des brumes familières et d’un environnement où il ne risquait pas sa vie à chaque instant. La compagnie cessa son raffut au moment même où le sol arrêta de vibrer et les murs de défiler. Ils n’eurent qu’à enjamber un petit escarpement de terre pour enfoncer enfin leurs pieds dans une herbe mousseuse et brune. Ulric n’aurait jamais pensé être si heureux de marcher sous un soleil obscurci. Il n’alla cependant pas loin. Passer la terreur, l’excitation et l’euphorie, ses jambes lâchèrent et il s’écroula dans l’humus. Mara se laissa tomber à ses côtés.

« Comment vous sentez-vous, Messire ? »

Après toute cette aventure, et maintenant qu’il était aussi pâle qu’un linceul, Ulric trouvait ce titre embarrassant venu de quelqu’un qu’il avait sauvé et qui l’avait sauvé en retour. A qui il avait donné des ordres, qui l’avait débarrassé de son armure et au père de qui il avait cassé le nez. Vraiment, il sentait une grande proximité entre eux.

« Vous pouvez m’appeler à mon nom, Mara.
— Vous n’avez pas répondu, Ulric.
— Prince Ulric. »

Corrigea l’homme. Son affection avait ses limites.

« Je me sens assez mal, pour tout vous avouer, admit-il.
— Nous allons construire un radeau et vous ramener au village. Nos sorcières vous soigneront. »

Ulric grimaça mais se raccrocha à cet espoir. La douleur était terrible, et il sentait sa tête lui tourner. Ses bandages, souillés par l’eau de mer et le sang l’élançaient plus qu’ils ne le soulageaient. Il entreprit de se défaire de la tapisserie. La vue de cet objet frappa Mara. Elle en oublia Ulric et ses blessures, bondit et se rua vers l’ouverture d’où elle s’était extraite quelques minutes plus tôt. Elle se jeta à genoux au bord du puits. La pièce avait disparu. Dans leur hâte de sortir ils n’avaient emporté aucun des trésors des anciens ! Tout ce qui leur restait de la cité elfique était l’immonde charpie que le prince décollait de ses chairs. Elle se prit la tête entre les mains et gémit.

« Navire en vue ! »

Varec se tenait debout sur un arbre rabougrit et regardait en direction de l’Ouest. Ulric se redressa sur ses avant-bras, entourné des restes d’une licorne en fils de soie. Le prince dût plisser les yeux et forcer sur sa vue pour déceler un petit point sur la mer, à peine visible sous le brouillard de l’archipel.

*
*   *

Soutenu avec les Varec et Mara, Ulric et atteint le rivage au moment même où le navire toucha terre. C’était un beau bâtiment léger, à deux mâts, idéal pour les batailles navales ou les petites traversées. La flotte du Hadvast en possédait quelques-uns, et bien qu’il ne reconnût pas le nom de ce dernier – le petit larbin – Ulric s’attendait à voir en descendre Athos ou l’un des hommes de son père. Cependant, l’accoutrement de l’homme qui apparut à la proue ne ressemblait en rien à aux armures de son royaume. Il avait l’air d’un civil, et à en juger par un teint olivâtre, probablement un Thalassiien. L’homme sauta sur le rivage sans attendre qu’on tirât la planche pour relier le sable et le bastingage. Sous les regards de plus en plus interrogateurs de la compagnie, le marin prit un instant pour considérer les lieux avant de progresser plus avant.

« Bonjour, Ô naufragés.
— Bonjour, Thalassiien, répondit poliment Varec. Nous sommes forts aises que vous nous ayez trouvé. Notre compagnon est gravement blessé, et notre bateau a été détruit. Pouvez-vous…
— Avez-vous croisé l’Amphiptère ? »

Coupé dans son élan, Varec ne sut que répondre. Il interrogea sa fille du regard, qui lui renvoya le même air stupéfait que lui.

« Certes, Messire. C’est le dragon qui a détruit notre bateau.
— Et qui a blessé l’humain ? »

L’inconnu désigna Ulric d’un geste dédaigneux. Il semblait répugner à regarder les blessures suintantes du jeune homme et le prenait très certainement pour un autre misérable pêcheur, tombé suffisamment bas pour s’accoquiner avec des elfes.

« Non, Messire, c’est une longue histoire, mais…
— Par où est parti l’Amphiptère ? interrompit de nouveau le Thalassiien.
— Je l’ignore. »

L’homme haussa les épaules et se détourna. Sans plus s’inquiéter du sort des trois miséreux, il regagnait d’un pas vif son vaisseau. Saisi d’effroi, Varec se dégagea du poids d’Ulric et courut pour le rattraper.

« Allez-vous nous aider ? Messire ! »

Varec lui agrippa le bras mais l’homme se dégagea avec un mouvement de colère.

« Nous chassons l’Amphiptère, vous nous retarderez.
— Par pitié, emmenez-nous.
— Nous vous enverrons du secours. »

Mais cela sonnait faux. L’indifférence de l’inconnu était comme une lame plongée dans son corps. Après tout ce qu’ils avaient traversé, après tout ce à quoi ils avaient survécu, se voir ainsi abandonné lui brisa le cœur.  Malgré l’émotion et le découragement qui l’étranglait, le pêcheur joua sa dernière carte.

« L’homme qui est blessé, c’est le prince Ulric. Le bon Roi Regnault III vous donnera une immense récompense si vous le sauver.
— Le prince Ulric ? »

Une voix féminine s’éleva au-dessus de l’elfe. La brume, la fatigue, la sueur et le sang qui barbouillaient ses yeux n’empêcha pas Ulric de reconnaitre Irda.

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Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #3 le: 14 décembre 2020 à 19:16:52 »
Salut Quaedam :) Je ne vais commenter que la première partie pour le moment par manque de temps...
Allons-y !

Citer
les yeux et les oreilles des elfes seuls pouvaient l’explorer
Varec est donc un elfe ?

Citer
Au milieu du brouillard, les contours d’une tête apparurent. Sa taille était telle que tous les effluves putrides de l’archipel n’auraient su la dissimuler. C’était une chose gigantesque, si unique en sa démesure qu’elle était reconnaissable entre mille et sidéra les passagers à sa simple vue. Aucun d’entre eux ne l’avait jamais rencontré auparavant - pas même Varec et ses canoniques quatre-cent-cinquante-trois ans - mais la créature avait hanté leur jeunesse et nourrissait leurs cauchemars d’adultes. Ils surent ce qu’ils avaient en face d’eux sans avoir besoin d’y réfléchir. L’Amphiptère Azur. 
Belle introduction de la créature  :D (ce qui précède est aussi bien ficelé)

En fait.... je crois que je n'aurais pas de remarques à faire sur la forme, pour cette première partie en tout cas, car c'est super bien écrit !
Sur le fond alors : l'histoire se déroule donc en Thalassie ? ou bien c'est un lieu nullement précis tant donné qu'il est relié aux "quatre coins de Calidor"
Du coup je n'ai pas tout lu donc c'est peut-être préciser après, mais par rapport aux autres textes, ce seraient des elfes vikings, dorées ou obscurs ? ou bien une quatrième race d'elfes ? (sachant que je crois que les elfes vikings ne vivent que 2x plus que les humains)

Je reviendrai dans les jours qui viennent pour lire la suite et la fin de ce texte prometteur  :mrgreen:
A bientôt !
Mon roman de Fantasy : Les Douze Élus.

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Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #4 le: 14 décembre 2020 à 19:35:33 »
Salut Bapt90, merci beaucoup pour tes compliments ils me vont droit au coeur :)

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Varec est donc un elfe ?
Eh oui. Si c'est difficile à saisir, je peux changer légèrement la formulation.

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Sur le fond alors : l'histoire se déroule donc en Thalassie ? ou bien c'est un lieu nullement précis tant donné qu'il est relié aux "quatre coins de Calidor"
Du coup je n'ai pas tout lu donc c'est peut-être préciser après, mais par rapport aux autres textes, ce seraient des elfes vikings, dorées ou obscurs ? ou bien une quatrième race d'elfes ? (sachant que je crois que les elfes vikings ne vivent que 2x plus que les humains)

C'est bien un lieu proche de la Thalassi, comme c'est sous-entendu dans le fait personne ne lui conteste le territoire. En fait (ce n'est pas précisé clairement) mais ce sont les petites îles au Sud de l'île principale sur la carte de Calidor^^
La sous-espèce d'elfes à laquelle appartiennent Varec et Mara n'est pas précisée. Je laisse libre les autres participants de la nommer s'il le souhaite, une rapide description physique se trouve dans la partie 2. En tout cas, ce ne sont ni des elfes argentés, ni dorés, obscurs (après tout, la Thalassi n'est pas toute proche de leur territoire ^^).

Merci encore pour ta lecture Bapt :)

Hors ligne Bapt90

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Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #5 le: 01 janvier 2021 à 17:35:41 »
J'ai un peu de temps pour lire la partie 2  :)

Citer
Ulric considéra l’elfe avec méfiance. Des femmes l’avaient déjà déshabillé, mais certainement pas en présence de leur père. D’un autre côté, celui de Mara n’était pas en mesure de s’interposer.
:mrgreen:

J'aime bien qu'on nous présente là des Elfes mais qui ne sont pas du tout des guerriers  ^^ (notamment avec la précision comme quoi elle ne sait pas retirer une armure)

Citer
prêt à expliquer à quel point sauver les damoiselles en détresse faisait partie de son éducation. De sa vocation même ! Que certes, Mara n’était ni une princesse ni une noble dame, mais qu’il était tout de même capable de tant d’abnégation chevaleresque, qu’il sacrifiera sa propre royale personne pour une gueuse aussi misérable qu’elle.
C'est peut-être plus le physique qui l'attire que la "richesse" chez des femmes  :-¬?

Citer
Résolut Ulric avec force en abattant ses largues mains sur ses genoux
Larges plutôt, non ?

Citer
Il manqua même de tomber d’avoir butter sur une pierre plus grosse que les autres.
Il y a quelque chose qui me dérange dans la formulation, bien que je comprenne le sens de la phrase :\?

Citer
« C’est une elfe. »
Avis entièrement subjectif : puisque Varec et Mara sont des Elfes, pourquoi ne dirait-il pas "c'est une des nôtres" ?

Citer
plus à ses yeux hormis l’elfe de pierres
j'aurais plutôt mis pierre sans s, mais je crois qu'on peut écrire les deux  ;)

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- celle que les humains, les nains et les gnomes négligent si souvent
intéressant, je note  :bouquine: faudra utiliser les nains et les gnomes dans d'autres textes car c'est la première fois qu'ils sont mentionnés  :P

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Le fait de ne pas contrarier la nature en bâtissant des villes était ce qui différenciait les elfes des autres peuples. L’absence d’idoles à leur image était ce qui faisait d’eux des tribus humbles et sages.
:-\ ça contredit un peu les autres textes, où les tribus d'Elfes (du Rothren en tout cas) ont des villes, et une guerre a déjà eu lieu entre les tribus argentées et la tribu dorée. Bon après on peut toujours admettre que la race d'elfe à laquelle appartiennent Varec et Mara a des coutumes différentes de celles du nord.

Citer
Elle n’avait pas d’arme,
Ca aurait pu être marrant si elle avait un truc de pêcheur, comme un "couteau arrache écailles de poissons" ou un petit harpon

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cercle tracé à coup de masse d’arme dans la masse des ossements
trop de "masse"  ;D faudrait retirer/remplacer le premier


Bon bah voilà. Ce texte (ou plutôt cette partie) est riche en descriptions bien écrites et en rebondissements.
Je trouve qu'Ulric est très cohérent par rapport aux autres textes où il est apparu aussi  ^^

Je reviens assez vite pour la dernière partie  ;)

Bonne année et pluie de mots
Mon roman de Fantasy : Les Douze Élus.

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Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #6 le: 07 janvier 2021 à 22:08:13 »
Salut ! Merci pour cette belle aventure princière, tout autant de questions comme "où Athos a-t-il bien pu aller" et "pourquoi tout le monde cherche l’Amphiptère?" et "nécroman-où ?"
J’ai bien apprécié le scénario et les personnages, j’ai trouvé quelques coquilles (secourts -> secours, gongs -> gonds).

Bien que ça parle de Thalassi (j’ai cru un moment que comme le continent de Mu, le monde Elfique remonterait à la surface et écraserait l’île du bas), y a du lien avec les elfes (les elfes, so hot right now).
Est-ce qu’Ulric se transformait en type décent vers la fin (à nuancer)  ::)
tu fais bien de demander un joli titre pour ton truc parce que je cherchais aussi un titre potable pour le mien. Je m’attendrais plus à ce que tu parles d’Elfes dans le titre, tho.

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Re : [Erakis][Mi-Long] Prince et Princesse
« Réponse #7 le: 17 février 2021 à 21:38:38 »
Saluuuut
Alors, déjà :
PARDOOOOOOOOOOOON
J’ai encore eu une période d’absence incontrôlée >.> Je suis désolée de ne pas avoir pris la peine de vous répondre alors qu’évidemment j’étais venue lire vos commentaires. Je suis un peu un caca T.T

Bapt:
Je passe sur les fautes de français, je les corrigerai directement. Merci beaucoup cela dit  :coeur: J'espère que cela n'a pas trop encombré ta lecture !
Citer
J'aime bien qu'on nous présente là des Elfes mais qui ne sont pas du tout des guerriers   (notamment avec la précision comme quoi elle ne sait pas retirer une armure)
Oui, j’avais un peu envie de repartir sur une vision plus classique des elfes (créatures pacifiques) jusqu’à la pousser à l’extrême (à la limite des chasseurs/cueilleur niveau civilisation).
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C'est peut-être plus le physique qui l'attire que la "richesse" chez des femmes
Hahaha mais c’est juger Ulric bien vite ! Pourquoi pas un simple chevalier aux idéaux galants ? :D Cela dit, le doute est permis !
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Avis entièrement subjectif : puisque Varec et Mara sont des Elfes, pourquoi ne dirait-il pas "c'est une des nôtres" ?
Huuuuum… je ne sais pas. C’est discutable, je pense que c’est plus une volonté de ma part de mettre l’emphase sur la nature d’humanoïde représentée que sur son rapport avec Mara et son père. Cela dit, je pense que les deux se valent.
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j'aurais plutôt mis pierre sans s, mais je crois qu'on peut écrire les deux
Pour le coup, je pense que tu as raison dans ce contexte.
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intéressant, je note   faudra utiliser les nains et les gnomes dans d'autres textes car c'est la première fois qu'ils sont mentionnés
Hahaha j’en rajoute. C’est coule les gnomes.
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ça contredit un peu les autres textes, où les tribus d'Elfes (du Rothren en tout cas) ont des villes, et une guerre a déjà eu lieu entre les tribus argentées et la tribu dorée. Bon après on peut toujours admettre que la race d'elfe à laquelle appartiennent Varec et Mara a des coutumes différentes de celles du nord.
En vrai, je ne sais pas si ça contredit vraiment les textes précédents, dans le sens où on ne sait pas ce que signifie une « ville » pour les elfes. Mais c’est vrai que je pourrais le tourner autrement ou exclure le clan de Mara et Varec. J’aurais aimé trouver à tous les elfes un ancêtre commun ou une civilisation antique.
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Ca aurait pu être marrant si elle avait un truc de pêcheur, comme un "couteau arrache écailles de poissons" ou un petit harpon
Là c’est plus une volonté de ma part de ne pas faire de Mara et son père des guerriers. Ce n’est pas incohérent, au contraire, d’avoir ce type d’outil, mais je pense que c’est assez logique qu’il soit resté dans le bateau lors du naufrage.
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Bon bah voilà. Ce texte (ou plutôt cette partie) est riche en descriptions bien écrites et en rebondissements.
Je trouve qu'Ulric est très cohérent par rapport aux autres textes où il est apparu aussi   

Je reviens assez vite pour la dernière partie   

Bonne année et pluie de mots

Merci beaucoup Bapt & bonne année à toi aussi (avec du retard) :calin:

 Je pense qu’Ulric est devenu mon chouchou sans vraiment de raison (à part peut-être de le rendre un peu plus attachant que ce que j’avais fait de lui dans son premier texte ?).
J’espère que la suite te plaira (même si tu as sans doute décroché depuis le temps haha).

Oper
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Salut ! Merci pour cette belle aventure princière, tout autant de questions comme "où Athos a-t-il bien pu aller" et "pourquoi tout le monde cherche l’Amphiptère?" et "nécroman-où ?"
J’ai bien apprécié le scénario et les personnages, j’ai trouvé quelques coquilles (secourts -> secours, gongs -> gonds).
Haha merci Oper, je sombre dans mes travers comme toujours, où je ne dis à peu près rien de mon Univers. Mais disons chastement que c’est pour laisser plus de marche de manœuvre pour mes compères d’écriture ? Merci pour les coquilles !
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Bien que ça parle de Thalassi (j’ai cru un moment que comme le continent de Mu, le monde Elfique remonterait à la surface et écraserait l’île du bas), y a du lien avec les elfes (les elfes, so hot right now).
J’avoue, je pensais beaucoup à Avalon en écrivant xD

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Est-ce qu’Ulric se transformait en type décent vers la fin (à nuancer)
 
Hahaha mais il est trop mignon ce Ulric, non ?
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tu fais bien de demander un joli titre pour ton truc parce que je cherchais aussi un titre potable pour le mien. Je m’attendrais plus à ce que tu parles d’Elfes dans le titre, tho.
C’est pas facile de trouver un titre, hein ? J’en ai toujours pas trouvé, des mois après xD

 


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