d'Ocubrea. Mon texte est donc naturellement très centré sur les peuples du Rothren.
Au lendemain de l’hommage solennel de l’ancien Sheonyn, le cortège elfsiring quitta enfin leur campement. Isortskov, la ville perdue au milieu de Nekja qui avait servi de repaire pour les survivants de leur peuple pendant des générations, était loin derrière eux.
Naacia était en tête du long peloton, montant un stènhyort, tout comme les dix premières rangées derrière elle. Il s’agissait de cervidés, que les étrangers surnommaient cerfs de pierre en raison de leurs bois à la texture proche de la roche. Ceux-ci étaient d’ailleurs persistants tout au long de la vie de l’individu adulte. Celui utilisé par la nouvelle Sheonyn portait une armure dorée pour protéger sa hampe ainsi que son front. De celle-ci venaient les rênes que tenait Naacia avec ses gants, la protégeant du froid et cachant ses éventuels tremblements. Les autres Rekkhyort avaient une monture protégée par de l’acier. L’or était réservé au chef du clan, et éventuellement à sa famille si elle combattait à ses côtés, mais la jeune elfe n’avait désormais plus de père ni de mère, et aucun frère ou sœur.
Elle n’avait pas choisi au hasard les deux personnes qui se trouvaient juste derrière elle. C’était Kaëll son bras droit et Hervaëll le guerrier le plus honnête. Tous deux, ainsi que les cinq autres représentants des familles originelles menaient un millier d’hommes et de femmes pour reprendre les terres ancestrales des Elfsirings, sous la direction de la nouvelle Sheonyn.
Il y avait donc d’abord les monteurs de stènhyorts, puis les fantassins et les servants et servantes qui transportaient les ressources nécessaires à tous ces guerriers, comme des tonneaux d’huile de trolual, rapportée lors de la dernière grande pêche dans la mer d’Haff. Mais il y avait aussi des soldats dans le ciel, les éclaireurs. Et enfin, celui que l’on voyait et que l’on oubliait, Eider. Il avait préféré marcher dans l’ombre des arbres et des blocs de glace plutôt qu’en rang avec ceux qui n’avaient jamais été de son peuple oublié.
Ces arbres gelés finirent par se retrouver derrière le cortège qui retrouva peu à peu les plaines blanches et paisibles où autrefois ils vivaient confortablement. Il était grand temps pour les elfes dorés de quitter le froid glacial de Nekja, la région de leur exil.
Mais lors de ce dernier, ils avaient appris justement à survivre dans les plus rudes conditions qui soient. A l’époque, les forêts étaient en grande partie peuplées par les meutes d’Ulfsnars qui dominaient quasiment toute la faune : les hyènes, les écureuils blancs, les bévères, les pinsvins... Ce fut donc petit à petit que les ancêtres s'associèrent aux seuls mammifères rivalisant avec les loups de glace : les stènhyorts. Désormais c’était presque en symbiose que les elfes et les cervidés vivaient. Ils chassaient ensemble, partageant leur connaissance du terrain et leur goût pour le combat. Les Elfsirings avaient aussi appris avec le temps à pêcher les troluals, d’abord se contentant des juvéniles jusqu’à de nos jours où même les grandes baleines pouvaient craindre les méthodes rusées de harponnage qu’ils utilisaient.
Les elfes dorés avaient donc su avec les siècles, faire de cet exil leur force, leur avantage sur leurs cousins qui avaient délaissé ce qui avaient fait leur supériorité par le passé.
Des survivants il en restait sept familles originelles, plus la lignée de Naacia désormais presque achevée. Les milliers d’elfes au sein du clan descendaient aussi de familles moindres, issues de mariages entre plusieurs groupes ancestraux.
⁂
Naacia repensait à la veille. Le corps de son père dans son cercueil était désormais enterré et laissé entre les mains des Dröniels. Mais il y avait eu aussi les regards des sept conseillés et représentants des grandes familles. Aujourd’hui, elle allait devoir affirmer qu’elle était digne de son statut. Elle s’était maquillée légèrement et avait retiré ses bijoux pour porter une fine armure aussi dorée que celle de sa monture. Elle ne portait pas de casque, telle était la tradition pour le Sheonyn. Il incarnait le visage du clan, voilà donc pourquoi il était primordial qu’il ne cache pas le sien lors des combats. Mais c’était aussi une manière de prouver sa force pour celui-ci, moins il était protégé, plus il prouvait qu’il sait se battre.
« Cesse donc de te presser. »
« Fie-toi toujours à ton instinct. »
Les paroles les plus importantes que son père lui avait dites raisonnaient encore dans son esprit. C’était tout ce qui lui restait, car elle ne pouvait compter plus que sur elle-même et une petite poignée de soldats lui prêtant une allégeance sans failles. Le reste pouvait s’en prendre à elle sans aucune pitié pour récupérer sa place.
Naacia se reconcentra. Après de longues heures de marche, le cortège arriva à proximité d’un hameau elfkingr, Fovaslos, selon les missions de repérage effectuées par les elfes dorés depuis des années. La jeune elfe resta pour le moment impassible, mais la tension monta au sein de ses troupes. Ce fut alors que des enfants du hameau aperçurent l’armée. Ils restèrent immobiles, comme s’ils avaient vu un fantôme.
— Allons-y ! Massacrons-les ! cria Zventön.
Ce dernier, représentant de la famille Zäx, n’était ni plus ni moins qu’une brute qui avait attendu toute sa vie pour que ce jour arrive. Naacia n’eut pas d’autre choix que de répondre à l’enthousiasme de son conseiller.
— Cela n’en vaudrait pas la peine. Ces gens se plient à la volonté de ceux qui dominent la région.
— Autrement dit nous dans quelque temps, ajouta Kaëll.
Naacia lança un bref regard à Zventön qui fronça les sourcils, comme déçu de ne pas pouvoir se défouler. La jeune Sheonyn se tourna vers les enfants au loin. Leur mère sortit à son tour et fit rentrer ses enfants, craignant que les exilés ne les attaquent. Mais Naacia trouva que ce ne serait qu’une perte de temps d’attaquer un hameau qui ne comptait pas plus de cent habitants.
Elle fit un signe avec sa main pour indiquer de ne pas s’arrêter. Le peloton poursuivit sa route jusqu’à atteindre une succession de collines et passer au milieu de quelques sapins dont les cônes avaient chuté et dormaient sur le tapis de neige.
Naacia sentit que peu à peu l’heure du combat approchait. Elle baissa la tête tout en fermant les yeux et en posant une main sur sa monture pour caresser sa fourrure verte amande. Elle pria pour que le plan de son père et d’elle fût un succès. Une nouvelle fois, la jeune fille fut arrachée de ses pensées.
— Nous allons donc jusqu’à Fellorin, c’est bien cela ? demanda Hervaëll.
— Oui. Une fois Fellorin à nous, il n’y aura plus qu’un vaste champ qui nous séparera de Natyis.
— Et enfin la bataille reprendra.
— Enfin la bataille reprendra, répéta Naacia.
Kaëll avait remarqué que, parfois, Naacia doutait d’elle. Voulant éviter que ses soldats s’en rendirent compte, il leva son épée au ciel tout en s’adressant aux troupes derrière lui.
— Ne traînons pas ! La gloire nous attends ! Suivons notre Sheonyn !
Il regarda alors la jeune elfe qui hocha la tête pour le remercier. Elle ordonna à sa monture d’accélérer puis tout le monde suivit. Eider, qui avait finalement rejoint discrètement le rang, accéléra aussi.
Ce fut un à deux milliers d’elfes dorés qui avançaient à vive allure dans la plaine, avec une sorte d’essaim dans le ciel car, peu à peu, des fantassins préféraient voler que marcher pour gagner en vitesse, mais aussi intimider les éventuels observateurs et faire fuir les groupes d’orfraies.
Pour le moment, Naacia avait su convaincre les sept familles, malgré la petite frustration de Zventön.
⁂
Peu à peu, la neige était plus fine, et des traces de pas assez récentes étaient présentes sur cette dernière. Les Elfsirings arrivaient enfin à proximité de Fellorin.
Après quelques minutes, les premiers fantassins volants furent repérés par des habitants de la ville elfkingr. Personne n’en crut ses yeux.
— Elfsirings ! crièrent-ils après un instant de doute.
Une petite escouade de gardes fut alertée mais en un rien de temps les premiers soldats dorés volants décochèrent des flèches qui éliminèrent la moitié des défenseurs. Leur présence dans les airs leur donnait un net avantage, surtout lors de cette attaque surprise.
Les Rekkhyorts pénètrent enfin dans l’enceinte de la ville et la panique s’empara des premiers habitants présents. Avec leurs cornes, les cervidés retournaient des statues, renversaient des bancs et pourchassaient les quelques courageux qui tentaient de s’opposer. Chaque fois qu’un soldat elfkingr débarquait, deux à cinq flèches se logeaient dans le corps de celui-ci et lui ôtaient la vie.
A leur tour, les soldats sans montures entrèrent aussi et combattirent avec leurs épées ou haches les rares soldats qu’ils croisaient. Sinon, ils s’occupaient d’arrêter des habitants pour faire des prisonniers pouvant être utiles dans la suite de leur conquête.
— Tout commence bien ! s’exclama Kaëll.
— C’est que notre peuple n’a pas rompu ses traditions contrairement à nos ennemis, répondit fièrement Naacia.
Cependant, l’alarme de la ville finit par retentir. Elle consistait en un immense cor placé en haut d’une tour au milieu de la ville. La fanfare fit trembler Naacia, pas parce qu’elle avait peur, mais plutôt parce qu’elle se sentait plus forte. Elle savait que ce son grave n’avait pas retentit depuis bon nombre d’années, et c’était le retour de son peuple qui faisait frémir le clan marchand.
— Aller ! cria-t-elle pour encourager ses troupes.
Naacia mena avec elle Kaëll, Zventön ainsi qu’une dizaine de soldats à pied, deux elfkingrs montant des Ulfsnars apparurent. La Sheonyn remarqua rapidement qu’ils n’avaient pas monté leurs loups depuis longtemps, voire que cela n’était jamais arrivé jusqu’à maintenant. Une simple selle était accrochée au dos des canidés, rien de plus.
Naacia, sur sa monture, esquiva les deux cavaliers qui foncèrent alors sur Zventön. L’elfe doré chuta de son stènhyort et commença à battre des ailes pour s’éloigner de ses ennemis. Mais, pris de vitesse, il se retrouva à encaisser des coups d’épée dans le torse que seule son armure retenait.
Naacia dégaina son arc et décocha une flèche qui se logea dans le flanc d’un des Ulfsnars qui mourut sur le coup. Le second se détourna alors de Zventön et attaqua la Sheonyn qui ordonna à son cervidé de foncer. Le loup de glace et le cerf de pierre se rentrèrent dedans, secouant leurs maîtres respectifs. Le premier tenta de mordre son adversaire, mais il évita les mâchoires pour prendre de l’élan et charger de nouveau en enfonçant ses bois durs comme la roche dans le cou du loup qui s’éteignit à son tour. Naacia sortit une nouvelle flèche et banda son arc dans la direction de l’elfkingr qui était à terre.
— Rends-toi, faible soldat.
Naacia venait de sauver Zventön et de gagner sa confiance. Avant de ne décider de reprendre le combat, le son de plusieurs cloches se fit entendre dans le coin de la rue. Zventön se releva et remonta sur son stènhyort pour rejoindre Naacia et Kaëll ainsi que les fantassins présents qui firent en sorte que les prisonniers ne puissent pas s’échapper. Tous se préparaient à combattre.
Petit à petit, de jeunes filles elfes se dévoilèrent, chacune avec un bâton sur lequel une cloche en bronze était accrochée au sommet. Les elfsirings n’étaient pas certains de ce que cela signifiait, jusqu’à ce qu’un nouvel Ulfsnar apparût, portant sur son dos une vieille elfe presque bicentenaire. Le loup aux poils blancs arborait des marques de peinture rose, tout comme la dame qui portait une robe rose aux motifs blancs.
— Cessons ce combat, déclara-t-elle.
— Qui êtes-vous ? lança Naacia.
— Je suis Riolopée, la matriarche du clan de Fellorin. Je ne veux pas qu’il y ait plus de morts aujourd’hui. Nous voulons cesser cet affrontement.
Naacia se tourna vers ses deux conseillers. Kaëll hocha la tête pour lui signifier d’accepter tandis que Zventön avait plutôt l’air confus, ne comprenant pas que les ennemis puissent vouloir se rendre.
— Qu'offrez-vous donc ? demanda la Sheonyn.
— Des vivres et des mains pour soivner vos blessés.
— Accepté. Kaëll, veux-tu bien ordonner à nos troupes d’arrêter de se battre et de réunir nos prisonniers.
— Comme tu voudras.
Kaëll partit sur sa monture à vive allure pour stopper les combats qui avaient lieu plus loin.
Riolopée invita Naacia et les elfsirings restants à la suivre. Les montures de chacun restaient méfiantes.
— Nous ne voulons pas la guerre. Fellorin a été l’un des premiers clans à rompre avec la violence au profit du commerce avec le reste du monde.
— Vous avez rompu avec vos traditions, répliqua Naacia.
— Vous aussi. Vous montez des stènhyorts. Ces animaux n’ont jamais été dressé par nos ancêtres.
— Nous respectons encore nos anciennes coutumes et des nouvelles sont venues s’ajouter. Monter des stènhyorts a été notre façon de nous adapter aux forêts. Nous n’avons pas délaissé la chasse, le combat et l’armement afin de commercer.
La matriarche, ses servantes et les envahisseurs traversèrent une longue allée au bord d’une rivière sur laquelle stationnaient des barques vides. C’était la première fois que Naacia découvrait l’architecture des Elfkingrs : leurs bâtiments bâtis avec du bois noble, des toits recouverts de neige, tout comme le sol. Les allées étaient rarement droites, elles serpentaient entre les demeures, tels des cours d’eau au milieu d’une forêt. Riolopée interrompit le silence.
— Comment t’appelles-tu ?
— Naacia Callenthiel, fille de Dräthuin. Mes ancêtres ont participé à la guerre qui opposa mon peuple au vôtre.
— Naacia alors. Diriger tout un peuple doit être un poids lourd à porter. Depuis combien de temps...
— Depuis hier. Je suis la nouvelle Sheonyn. Celle qui redonnera la gloire aux Elfsirings.
— On a attendu bien longtemps pour notre revanche, lâcha Zventön que Naacia avait presque oublié.
Ils arrivèrent enfin à la grande place de Fellorin où étaient déjà rassemblés plus de la moitié des habitants, encerclés par de très nombreux soldats. Certains s’étaient même positionnés sur des toits pour surveiller les moindres gestes des elfkingrs.
Naacia aperçut Eider qui ne l’avait jamais quitté jusqu’à maintenant, mais elle l’avait oublié l’espace d’un instant. Il restait dans l’ombre entre deux petites maisons, prêt à agir si quelqu’un venait à s’attaquer à la Sheonyn.
Kaëll et Hervaëll réapparurent eux aussi, chacun sur leur monture.
— C’est bon. Nous avons rassemblé quasiment toute la population. Le reste est en chemin, annonça le bras droit.
— Bien. Nous allons pouvoir discuter devant votre peuple, Riolopée, matriarche de Fellorin.
Le visage de cette dernière s’assombrit. Voir tous ces habitants regroupés et faits prisonniers était loin d’être ce qu’elle imaginait de cette journée.
Naacia, elle, se réjouissait de voir que ses guerriers avaient totalement surpassé les ennemis, et qu’aucune perte n’était à déplorer. La jeune elfe descendit de sa monture, tout comme les personnes qui l’accompagnaient.
— Nous ne ferons rien à votre population, tant que Fellorin nous garantit les ressources dont mon armée a besoin.
— Ce conflit n’amènera rien à nos peuples, Naacia. Renonce, tant qu’il en est encore temps.
— Pour le moment il n’y a pas de conflit.
La Sheonyn se tourna vers ses soldats.
— Si les prochains jours se déroulent comme aujourd’hui, nous reprendrons le Rothren en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire !
Les elfsirings dévoilèrent leur joie et leur enthousiasme. Un millier de cris raisonnèrent, intimidant les pauvres habitants qui étaient impuissants face à cette annexion.
Sous les ordres de Kaëll, quatre soldats enchaînèrent l’Ulfsnar de la matriarche pour qu’il ne puisse pas tenter une attaque au moment propice.
Naacia et les sept représentants des grandes familles se tinrent à la fois devant les elfkingrs et les elfsirings. Les choses sérieuses avaient débuté.
Dans la foule, un jeune elfe viking se redressa discrètement et passa entre plusieurs de ses compatriotes, arc à la main. Une fois bien positionné, il arma une flèche et visa Naacia. Il finit par décocher son projectile qui fonça imperceptiblement entre quelques têtes et quitta la foule. Pour n’importe quel être présent ici, la flèche était trop rapide pour être perçue, mais pas pour un elfscor comme Eider. Elle n’allait pas plus vite qu’un petit papillon à ses yeux. Ayant prêté serment de protéger l’héritière de Dräthuin, il prit appui sur le mur pour s’élancer et ni une ni deux, il sortit sa dague et coupa la flèche juste avant qu’elle n’atteigne sa cible.
— Eider, lâcha Naacia, surprise.
Les autre elfes étaient eux aussi surpris par la présence du protecteur, que ce soit les habitants elfkingr ou les guerriers elfsirings. Le tireur partit en courant, mais l’elfscor ne l’avait pas perdu de vue. Toujours au sol en reprenant son souffle, il pointa du doigt sa direction.
— Il est là-bas ! Il tente de fuir !
— Capturez-le ! ordonna Naacia. Merci de m’avoir protégé.
— Tel est mon devoir.
Une dizaine de soldats volants rattrapèrent l’individu et le plaquèrent au sol. Zventön lui-même alla le chercher. Il ne manqua pas de lui tordre le bras en le relevant, après tout un peu de violence sur un elfkingr qui allait bientôt être exécuté ne posait pas de problème. Il le força ensuite à s’agenouiller devant la Sheonyn et Riolopée, qui demeurait toujours choquée par la présence d’un elfe obscur.
— Un mot à dire, le tireur démasqué ? lança le représentant de la famille Zäx, avec une forte voix grave.
— C’est trop tard. J’ai alerté Natyis de votre retour. D’ici moins d’une heure ils recevront le message et les clans Elfkingrs se rassembleront.
— N’en soit pas si sûr.
— Zventön, s’en est assez, dit Naacia. Je ne veux pas en savoir plus.
La jeune elfe ne devait pas hésiter. Ce genre de moment était important pour prouver une nouvelle fois qu’elle était digne de son rôle récemment obtenu.
La matriarche de Fellorin le savait aussi, car une femme au rang de Sheonyn, autrement dit de chef, n’était pas habituel. Et même pour son peuple, les clans choisissaient presque toujours un homme.
— Eider, c’est à vous que reviens le droit de lui ôter la vie.
L’elfscor posa une main sur son visage, à l’endroit même de son tatouage jaune et rouge. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fait face à tant d’exposition. Lui aussi devait faire ses preuves, prouver son allégeance à Naacia, mais aussi que le peuple de cette dernière pouvait lui faire confiance.
Après un court instant de silence, Eider se releva et sortit sa dague. Il fit deux pas et se retrouva face au captif.
— Ce n’est pas ton combat ! Ton peuple a été décimé lors de la guerre de jadis ! s’exclama l’elfkingr, comme pour implorer Eider.
Eider resta impassible, mais Naacia et les sept conseillers se tournèrent vers lui. Riolopée tenta elle aussi de dissuader le grand elfe à la peau sombre.
— Il a raison. Les Elfscors n’auraient jamais dû être mêlés à nos conflits. C’est la première fois que j’en vois un depuis des années.
Eider se tourna vers la vieille matriarche, tremblotante au moment où leurs regards se croisèrent.
— C’est peut-être la première fois que vous revoyez un elfscor, mais ce n’est sûrement pas la première fois que quelqu’un de mon peuple vous voit.
Sur ses mots, le protecteur de Naacia enfonça son arme dans la poitrine du prisonnier et accompagna son corps jusqu’au sol où il finit par s’endormir à jamais dans le lit de neige.
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
) mais aussi des autres textes traitant de la région du Rothren. Par contre, par rapport à mes précédents textes je n'ai pas fais des références aux autres textes. J'ai préféré donner l'impression que les Elfsirings ont vraiment été coupé du reste du continent.