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chronoverse
erakis
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- Qu'est-ce qui te prend ?
Mardane a murmuré des exclamations, mais c'est seulement la question, qu'entend un Donhy démesurément assourdi par sa propre déflagration. Il a shooté. Le visage de son compère, un peu décrépi voire totalement livide, se dégouline le long de larmes retenues par décence, mais ressenties par empathie.
Le gamin avait pas trois ans.
- Je vais te dire, Mardane. T'as deux choix maintenant : soit tu me suis et on va soulager cette humanité ratatine, soit je te flingue comme ce pauvre néoténique qui sait pas respirer tout seul, que sa pauvre mère étouffée et essouflée par sa propre physionomie n'a pas eu la force d'entretenir. C'est un miracle qu'elle-même ait survécu à l'accouchement, vu comment sa cage thoracique est tendue par l'atrophie du système nerveux de ses canaux respiratoires. A la fin, elle n'était plus qu'une succession d'évanouissements, des malaises, des hallucinations, une perte totale d'énergie vitale, des sens amoindris...
Donhy a un rictus désagréable. Il tient encore l'arme à feu comme si le sang collait à la crosse. Son air dégouté ne l'empêche pas de supporter un discours résolu et déterminé, mais à ce moment là Mardane doute vraiment de ce qu'insinue un compagnon de route un peu fortuit... Il se demande à quelle chasse morbide renvoie la cible des mots de Donhy Moctrufd, l'amer dissident des routes apocalyptiques de l'univers.
Il parait que c'en est bientôt fini de lui, de l'espace et du temps... Et pourtant, ce n'est que la peur peut-être, celle de suffoquer, qui fait songer à des cauchemars de ce type au sein de la divinité Erakis, à de pauvres âmes enfermées dans ces corps ramollis jusqu'à létal état.
Erakis a terminé. La création s'est déroulée jusqu'au bout, et personne ne sait ce qu'adviendra de métaphysique en ce terminus du transport en commun un peu spécifique qui se déplace en nous, l'espace-temps.
Mardane demande.
- Tu me tues...
- Ouais. Parce que sinon tu vas alerter tes potes à roues, et ils vont me dézinguer pendant que j'interviens chirurgicalement sur un monceau de débris humains qui souffrent largement plus qu'ils ne meurent.
Donhy a pété un câble. Oui. Mardane ne sait plus trop quoi faire. Il a un pistolet sur la tempe, qui est en train de l'embarquer dans une histoire qu'il ne cautionne pas. Se pose alors l'inévitable morale : doit-il mourir là, maintenant, pour la situation dilemmique à laquelle il ne peut échapper ? Dans ce bâtiment de béton où ont jonchés les cadavres à l'époque passée des débuts de la ratatine...
Mainenant que tout est pire, il n'y a plus personne. Sinon de pauvres poissons morts aux yeux exhorbités, aux bouches béates, ouvrant des passages étranges dans un organisme en carrence perpétuelle d'oxygénation...
Les blancheurs pâles, les yeux roulants, les langues sèches et les lèvres craquellées. Le quotidien de la fin d'Erakis est une demande express des divinités : il faut se presser.
Donhy et Mardane se regardent.
Ils savent qu'une non-réponse vaut refus, exécution et passage à la suite.
Pour la suite.
Alors Mardane sort le fil d'Argens de l'effiloche de sa poche. Choppant la boucle de son index, il tire dessus, et alors la trappe s'ouvre. Surprise, toujours.
Tandis que l'instant s'évapore, Mardane remarque l'expression incrédule de Donhy. Personne n'est sensé comprendre le pouvoir du Filin du Labyrinthe. Car Mardane est le seul à savoir. De son genou. Le fil organique de l'histoire. Il n'a jamais su pourquoi, pourquoi ce long poil blond qu'il s'est un jour funeste arraché comme lui l'a arraché de sa vie. La trappe du temps s'ouvre alors, il tombe, et quand il atterrit, c'est à l'étage d'en dessous...
- Mard...
Une nouvelle déflagration, sonne au ralenti.
Et puis tout est calme autant que flou.
Alors qu'une balle s'avance lentement vers lui, tout s'assombrit.
Il a le goût de se retourner avant de tomber.
Et derrière lui s'affiche une salle immense avec, au centre des colonnes... Un trône.
Un homme seul semble célébrer un sacre à l'épée.
La couronne scintille de couleurs fondamentales.
Et avant que le temps ne reprenne son cours, Mardane lâche le poil chevelu, un peu bouclé par l'action de tension qui l'a détaché. La boucle se défait de l'index, et entraine le fil au sol. Un sol.
Pendant que Mardane disparait des dernières lueurs de l'univers, Donhy y reste, lui, et il aperçoit le fil tomber de l'évaporation de Mardane. Il le ramasse, l'empoche, et s'en va chasser les bébés néoténiques à respiration mortelle, du dernier siècle avant la parabole de la bullenivers...
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Bonjour Dot Quote,
Un texte plaisant, intriguant et rondement mené, Dohny est-il fou ou éradique-t-il « les bébés néothéniques à respiration mortelle » dans un but précis et raisonné. Autant dire que pour l’instant il semble bel et bien fêlé de la cafetière.
La mort de Mardane est bien mise en valeur par les passages à la ligne, un paragraphe dense aurait assurément été moins efficace. J’ai, moi aussi, bien aimé les petites pointes répétitives en conclusion de certaines phrases.
- Qu'est-ce qui te prend ?
Mardane a murmuré des exclamations, mais c'est seulement la question, qu'entend un Donhy démesurément assourdi par sa propre déflagration.
Des exclamations qui seraient seulement la question, assez perturbant comme entrée en matière. :coeur:
La seconde virgule induit un renvoi vers le début de la phrase et les exclamations, du coup j’avoue avoir ramé un bref instant avec la compréhension de cette phrase. Tu devrais, à mon avis (bien entendu), enlever la virgule, ou inverser la fin :
« …mais c'est seulement la question, démesurément assourdi par sa propre déflagration, qu’entend un Donhy. »
J’aurais utilisé un passé simple pour entendre, à prendre avec des pincettes, je ne suis pas une référence en matière de choix de conjugaison.
« un Donhy » devient « Donhy » dans le reste du texte. Donhy est son nom et/ou une fonction, une espèce ? Je reste perplexe…
Sinon, vu qu’il y a des mots non entendus qui précède le dial, trois petits points à l’entrée de « Qu’est-ce qui te prends » reste une possibilité qui selon moi permettrait une compréhension plus rapide de la phrase qui suit. Reste à voir si tu préfères produire un possible léger trouble chez ton lecteur.
A la fin, elle n'était plus qu'une succession d'évanouissements, des malaises, des hallucinations, une perte totale d'énergie vitale, des sens amoindris...
Je me sens pas très fan du passage d’un « d’ » à « des », « de » m’aurait semblé une succession plus logique.
Erakis a terminé. La création s'est déroulée jusqu'au bout, et personne ne sait ce qu'adviendra de métaphysique en ce terminus du transport en commun un peu spécifique qui se déplace en nous, l'espace-temps.
Ce passage mériterait, selon moi, un développement un poil plus conséquent, avec éventuellement quelques explications.
Mainenant que tout est pire, il n'y a plus personne.
J’ai remarqué ton amour des néologismes, mais là je pencherais pour la faute de frappe.
A ce propos, j’ai failli oublier un « dilemmique » qui m’a surpris, vu qu’il existe déjà l’adjectif « dilemmatique ».
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
« le poil chevelu » un poil possédant des cheveux. Etrange… :)
Au plaisir.