Hello tout le monde !
Voici un nouveau chapitre de mon roman, c'est le début d'une nouvelle partie et j'ai changé le style d'écriture par rapport aux chapitre précédents, j'aimerais beaucoup savoir ce que vous en pensez ! :D
(Pour comprendre un peu le contexte, l'héroïne subit un viol dans le chapitre précédent et son amie l'a retrouvée et emmenée avec elle pour la suite de son voyage.)
Bonne lecture ♥
Deux vies
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Chapitre 14
Une lumière douce commençait à traverser ses paupières closes. Une lumière rougeâtre, agréable. Elle se demanda un instant si elle était allongée sur un de ces nuages de coton que l’on dessine quand on est enfant. Un nuage chaud et confortable. Elle voulait se rendormir, rester sur ce nuage rassurant. Mais on lui secouait la main. Et elle entendit peu à peu une voix doucereuse répéter son prénom. Laisse moi me rendormir, encore quelques jours… pensa-t-elle.
Mais un bruit du moteur fit peu à peu son apparition, l’empêchant de se replonger confortablement dans son nuage.
- Sophia ? répéta la voix.
Non, c’était fini elle ne pourrait jamais ce rendormir. Adieu joli nuage.
Elle voulu ouvrir les yeux, mais une vague de douleur lui fendit le crâne. Elle grogna et se cacha le visage, essayant de s’habituer peu à peu à la lumière du jour. Tous ses muscles lui faisaient mal, combien de temps avait-elle dormi pour être aussi endolorie ? Elle essaya de se redresser et de s’étirer pour réveiller ses muscles mais son dos lui fit affreusement mal. Alors elle se replia au fond de son siège et, les paupières à peine ouvertes, observa ce qui l’entourait.
Elle était en voiture, recouverte d’une grande couverture aux motifs écossais. Vicky était assise à côté d’elle et conduisait. Elles avançaient à cent kilomètres heure sur une grande route vide, entourée d’une succession de champs multicolores et de prés où dormaient paisiblement vaches et moutons. Quand elle vit qu’elle était réveillée, Vicky lui sourit tendrement.
- On a roulé toute la nuit ? demanda Sophia dans un anglais hésitant.
Sa voix était enrouée et elle dû se racler la gorge plusieurs fois avant que sa question ne soit audible. Vicky hocha la tête. Elle semblait fatiguée.
Le regard de Sophia se dirigea vers l’écran central de la voiture. 06:39. Elles avaient pendant des heures et elle n’avait aucune idée de la direction que Vicky avait pu prendre. Les paysages lui rappelaient ceux de ses vacances avec ses parents, lorsqu’ils partaient dans les Vosges.
- On est où ? demanda-t-elle.
- En Allemagne, on a dépassé Nuremberg.
Sophia se redressa, grimaçant de douleur, et se pencha sur la fenêtre. Les yeux à moitié ouverts, elle fixa les collines d’un vert éclatant défiler autour d’elles. Derrière, la silhouette du soleil faisait son apparition, dessinant sur l’horizon une ligne rouge et floue. L’horizon qui montait, descendait, montait de nouveau au rythme des collines qui s’enroulaient les unes sur les autres en un tourbillon de couleurs éclatantes, de verts et de jaunes qui se mélangeaient à la palette de roses et de rouges du ciel.
Soudain, elle commença à se sentir mal. Elle allait être malade.
- Arrête-toi s’il-te-plait, dit-elle à son amie.
Immédiatement, Vicky se rabattit sur le côté de la route vide et Sophia descendit. Elle tomba à genoux dans l’herbe et vomit. Elle vomit et pleura, pendant un temps qui lui parut infini.
Vicky s’approcha d’elle et la prit dans ses bras. Elle lui mit délicatement les cheveux en arrière et lui tendit un mouchoir.
- Ça va aller maintenant, ne t’en fais pas, murmura-t-elle.
Serrant la main de son amie dans la sienne, Sophia vomit de nouveau. Elle avait tant à vomir, tant de dégoût à faire sortir de son corps qu’elle ne pouvait plus le retenir. Et quand son estomac fut vide et sa gorge brûlée par l’acide, elle pleura. Elle pleura tant qu’elle eut l’impression de se dessécher entièrement. Sa peau se rétractait, durcissait sous les premiers rayons du soleil. Ses veines et ses artères se vidaient de leur contenu par la plaie béante de ses yeux. Par la plaie qu’il avait ouverte la veille. La plaie que Vicky semblait caresser de sa main délicate.
La pauvre Vicky essayait tant qu’elle pouvait d’arrêter l’hémorragie. Enserrant de ses bras fins les épaules de Sophia, la serrant contre elle de toute sa force, lui murmurant sans arrêt “Everything will be OK I promise”. Mais il fallu de longues minutes avant qu’il n’y ait plus rien à pleurer, avant qu’il ne reste que cette boule de rancoeur dans le creux de son ventre et qu’elle n’ait plus aucun moyen de la faire sortir.
A genoux dans l’herbe, elles restèrent longtemps enlacée silencieusement l’une contre l’autre. Puis sans se dire un mot, comprenant qu’il était tant, Sophia sécha ses larmes et Vicky l’aida à se relever.
Dans la voiture, elles ne dirent rien pendant de longues minutes. De douces mélodies que Sophia ne connaissait pas résonnaient dans l’habitacle. Elle tendit la main pour augmenter le volume de la radio. La musique envahit l’habitacle et Vicky se tourna vers elle. Elle souriait. De ce genre de sourire qui voulait dire “Je te comprends, et je suis là.” Alors Sophia lui rendit son sourire. Je sais, et ça va aller.
Vicky se concentra de nouveau sur la route et, doucement, elle se mit à chanter. She hid around corners and she hid under beds. She killed it with kisses and from it she fled. Elle roulait moins les R quand elle chantait. Comme si son accent s’améliorait tout à coup lorsqu’elle n’avait pas à choisir ses mots. Entre chaque phrase, elle jetait à Sophia de nouveaux sourires. Et son regard semblait vouloir dire “Souris, et chante avec moi !” Elle monta encore le son jusqu’à ce qu’il couvre totalement sa voix. Dog days are over ! Dog days are done ! Elle ouvrit les fenêtres et comme prise de folie, hurla les paroles aux collines et aux montagnes qui commençaient à se dessiner au loin. Ses cheveux volaient dans tous les sens autour d’elle. Sophia ne put s’empêcher de rire en la voyant crier ainsi. Puis elle se redressa dans son siège et ses lèvres commencèrent à murmurer les mêmes mots. Elle passa sa tête par la fenêtre. Le vent la surpris tellement qu’elle ne put s’empêcher de rire, de crier et de chanter. Ses cheveux lui fouettaient le visage, elle pouvait à peine ouvrir les yeux. Et elle ne pouvait plus arrêter de rire. Les paroles sortaient toutes seules de sa gorge brûlante et de son coeur.
Leave all your love and your longing behind you ! Can't carry it with you if you want to survive. The dog days are over…