Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...
Le soleil se levait et emplissait la ville de Quatre de ses rayons colorés. En ce jour de marché, la cité se réveillait doucement au bruit des carrioles qui roulaient dans les rues. Un petit aux pieds non chaussé tirait son âne chargé de sacs aux bricoles elfiques. Il arriva à la place centrale et s’installa à l’emplacement que les gardes lui montrèrent. Il disposait soigneusement les babioles sur la couverture brune. Une magnifique statue en or fin de Galadriel composait la pièce maitresse de son étalage.
Soudain, un cri perça le brouhaha des marchands. Le petit homme se retourna et courut dans la direction du gémissement qui suivit. Il pénétra dans une maison et trouva une dame en pleurs agenouillée à l’entrée de la cuisine. De l’index, elle pointa l’énorme chaudron renversé au centre de la salle. Le nain s’en approcha et découvrit une vieille femme. Le crâne fracassé, son corps baignait dans de la soupe aux légumes. Une immense fourchette dans la main droite. D’autres badauds pénétrèrent à leur tour dans la pièce. L’un d’eux ressortit directement. Il revint accompagné de gardes.
Ils rassurèrent la jeune fille éplorée et peu après un villageois entra à son tour, vêtu d’un étrange tissu fin de couleur beige. Il observait minutieusement le cadavre, puis réalisa des va et viens. L'individu interrompit sa marche à plusieurs reprises, lors de ces moments de grande réflexion, il posa ses doigts sur son front. Puis, il étudiait consciencieusement l’entièreté de la pièce. Le petit homme curieux le suivait et l’observait minutieusement. Puis, le cocasse tapa son poing dans la paume de sa main gauche. Un garde s’approcha et s’enquit.
— Vous avez trouvé, Lieutenant ?
— Presque, ma femme me dit toujours de tourner la soupe avec une cuillère.
— Et alors,
— La fourchette s’est surement prise dans l’anse du récipient en fonte.
— Le chaudron s’est renversé et a fracturé le crâne de l’habitante.
— Voilà, mais il y a un détail qui m’échappe.
— Lequel ?
— Le chandelier à la base taché de sang qui a roulé sous le meuble.
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Après une nuit passée à l’hôtel, le petit homme chargeait son âne pour se rendre à Vivegarde. À la sortie de la ville, il rencontra un groupe dirigé par l’individu habillé bizarrement et qui cette fois portait un basset dans ses bras et ne parvint pas à s’empêcher de demander.
— Pourquoi tenez-vous ce chien?
— Pour qu’il fasse de l’exercice pendant notre ronde. Mais comme il est fainéant alors je l’aide.
— Vous allez à Vivegarde.
— Jusqu’à la moitié du chemin, vous voulez nous accompagner ?
— Oui, bien sûr.
Le petit groupe partit. Pendant un long moment, il traversait des champs de maïs. Puis, d'étranges sons sortaient des cultures. Tous se placèrent en position défensive. Deux démons volaient en leur direction. Quelques flèches les frôlèrent. Les deux créatures prirent chacun un garde et les emmenèrent loin dans les cieux, d’où ils les lâchèrent. Les anges mortels revinrent à la charge accompagnée d’une multitude de leurs congénères venus de nulle part.
Le nain sortit de sa poche un objet brillant finement gravé. Il le tendit aussi haut que sa taille le lui permit et cria.
— Je possède l'anneau unique qui les contrôle tous.
Les démons s’arrêtèrent pétrifiés et l’homme reprit.
— Fuyez avant que Sauron ne vous mange.
Ils s’enfuirent sans demander leur reste. Le chien aboya de contentement. Son propriétaire le félicita et dit.
— Bien sûr, je sais qui a tué la dame.
****
Deux adultes assis dans un divan écoutaient une fillette. Elle continua son histoire.
— C’est le Colonel Moutarde à l’aide d’un chandelier dans la cuisine.
— Bravo, ma chérie. Il est temps d’aller dormir, s’exclama sa maman.
L’enfant embrassa ses parents et sortit du salon.
— Elle a beaucoup d’imagination, conclut son père.
— Tu peux le dire mon amour. Elle a un esprit de synthèse fantastique.
— Que veux-tu dire ?
— Hier, la télé diffusait une émission sur la Première Guerre mondiale, suivie d'un film de cowboys.
— Et ?
— Dans les tranchées, les poilus se battaient avec des arcs et des flèches.